Intérieur. Visiteprivée. Unjardinenhiver. Rencontre avecpatriciaurquiola. Saunachezsoi Leslumièresdedemain

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1 Intérieur Visiteprivée chezeltonjohn Ce supplément ne peut être vendu séparément Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Unjardinenhiver Rencontre avecpatriciaurquiola Saunachezsoi Leslumièresdedemain

2 2 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 ÉDITO Une superstar du design, Patricia Urquiola, me confiait lors d une interview être sensibleàlarichessedesobjets bien faits, même s ils n ont pasdepèreoudemère(lire p. 10). Comment penser la place de ces objets anonymes dans notre quotidien? Et d abord, qui sont-ils? C est le vaillant éplucheur que l on trouveenouvrantletiroirde lacuisine.lestylobic(toujourslemême)quel onpioche parmi tant d autres sur son bureau. Les post-it sur lesquels on griffonne la liste descoursesouunmotdoux laissésurlefrigo.unverre sans qualités particulières, mais qui nous donne, plus que tout autre, le sentiment d être chez soi. Cesontdesobjetsquel on possèdesanslesvoiretqu on utilise sans y penser. Certains DAVIDWAGNIÈRES Grammairede l effacement Par Valérie Fromont d entreeuxn ontpasdesignature, parce qu ils ont été conçusàuneépoqueoùle métier de designer n était pas une profession reconnue et valorisée comme aujourd hui. Pour d autres, l anonymat découle plutôt de l effacement volontaire de leur créateur derrière des objets parfaitement adaptés à leur fonction, sans qu il ait estimé nécessaire de les rendre spectaculaires. S ils ont encore une place aujourd hui dans notre quotidien, c est qu il semble difficile de surpasser leur forme et leur valeur utilitaire. Cesonteuxleshérossecrets, célébrés par plusieurs expositions internationales ces dernières années, comme cet été surlesitedevitraàweil-am- Rhein. Un tire-bouchon, un tromboneetunepinceàlinge au musée? Marcel Duchamp n est pas loin. L intérêt que suscitent aujourd hui ces objets si modestes contrastent avec la surenchère d une recherche purement formelle, où les designers s évertuent à créerdesobjetslesplusremarquables possibles. L idée quel onsefaitdudesignse limite parfois aux vertus décoratives d une grande chose àpoisvertsoud unfauteuil dispendieux aperçu dans une vitrine. Si le design est aussi cela(et heureusement!), c est égalementtoutcequel ona chezsoietquel onaimeutiliser sans se poser de questions. Comme Monsieur Jourdain faisaitdelaprosesansle savoir, nous goûtons souvent audesignsansnousen apercevoir. Les beautés dissimulées ne sont pas qu une affaire domestique. C est tout notre environnement qui en regorge. Tout comme les designers de l invisible, certains jardiniers trouvent dans l hiver et ses rudoiements une occasion de s effacer un peu et d abandonner le geste millénaire et universel de couper les têtes des fleurs fanées(lire notre sujet en p. 4). L éclat des jardins sous le givre, la splendeur sans apprêt des végétaux en déclin, des plantes séchées, des écorces et des graminées ne s offrent pas toujours au premier regard. C est une beauté froide, mais pas intimidante; tout comme celle des objets sans pedigree, elle ne nous tient pas à distance. La discrétion du monde matériel est une politesse: elle laisse place à la viequil animeetleregarde. SOMMAIRE KEYSTONE/GARDENPICTURELIBRARY/HOWARDRICE Végétaux4à7 THOMASWANHOFF DR Sauna 8 PatriciaUrquiola10et11 Architecture16à18 Luminaires 22 et 23 THOMASJANTSCHER MILOKELLER 4 à7 Unjardinenhiver C est le plus cultivé des jardins, un jardin de silhouettes etdecouleursencamaïeu,plantépourcequ ilseraunefois la haute saison des fleurs et du feuillage passée. Ses points forts: les plantes séchées sur pied, les écorces et les silhouettes d arbres, belles dans la lumière basse del automneetlegivredel hiver. Par Valérie Hoffmeyer 8 Construire son sauna C est un des travaux de bricolage parmi les plus prisés par les particuliers: la fabrication de sa cabane de sudation. A tel point que, dans les magasins spécialisés, les meilleures ventes de l automne-hiver concernent les matériaux pour la construire. Comment s y prendre? Combien ça coûte? Conseils. Par Catherine Cochard 10 et 11 Rencontre avec Patricia Urquiola Elle a marqué cette décennie de ses formes élégantes et sensuelles. La designer espagnole Patricia Urquiola cultive la confusion, les paradoxes, l éclectisme, pour nourrir sa fantaisie débordante, mais qui semble toujours parfaitement maîtrisée. Rencontre avec une intrépide. Par Valérie Fromont 12 à 14 Dans l appartement d Elton John Sir Elton John et son partenaire David Furnish ont déniché un nid hollywoodien où se retrouver lorsque l artiste se produit aux Etats-Unis. Le décorateur et architecte Martyn Lawrence-Bullard fait le tour du propriétaire. Par Antonio Nieto 16 à 18 Maison d architectes Sur les hauts de Lausanne, un chemin débouchant en corniche faceaulacconduitàunbâtimentsurplusieursniveauxavec à son sommet une construction blindée d une carapace: c est la maison du couple d architectes Claude Matter et Olivier Galletti. Par Géraldine Schönenberg. Photographies: Thomas Jantscher 20 Objet du désir Pleins feux sur une des dernières créations du styliste Alexander McQueen: un tapis, créé pour The Rug Company, sur lequel s ébattent des oiseaux multicolores. Par Valérie Fromont 22 et23 Leslumièresdedemain Si les premières versions des LED n offraient qu une ambiance blafarde, les dernières diodes arrivées sur le marché redonnent de la chaleur aux intérieurs. Par Catherine Cochard Unevuedelachambrede l appartement hollywoodien que Sir Elton John partage avec son partenaire David Furnish. Aumur,unesérie de photographies de serpents signées Guido Mocafico. Suruntapisenpeaudevache blanche(edelmann Leather), une chaise«ruban» de Pierre Paulin et un cabinet«skyscraper» de Paul Evans. Adécouvrirenpages12à14. Photos Editeur Le Temps SA Place Cornavin 3 CH 1201Genève Président du conseil d administration Stéphane Garelli Directrice générale Valérie Boagno Rédacteur en chef Pierre Veya Rédactrice en chef déléguée aux hors-série Isabelle Cerboneschi Rédactrice responsable du hors-série Intérieur Valérie Fromont Rédacteurs Catherine Cochard Valérie Hoffmeyer Antonio Nieto Géraldine Schönenberg Assistante de production Géraldine Schönenberg Photographies Thomas Jantscher Réalisation, graphisme Christine Immelé Photolitho Patrick Thoos Correction Samira Payot Responsable production Nicolas Gressot Internet Catherine Frammery Courrier Case postale 2570 CH 1211Genève2 Tél Fax Publicité Le Temps Media Case postale 2564 CH 1211Genève2 Tél Fax Directrice: Marianna di Rocco Impression Zollikofer AG, Saint-Gall Larédactiondécline touteresponsabilitéenvers lesmanuscritsetlesphotosnon commandésounonsollicités. Touslesdroitssontréservés. Touteréimpression, toutecopie detexteoud annonceainsique touteutilisationsurdessupports optiquesouélectroniquesest soumiseàl approbationpréalable delarédaction. L exploitation intégraleoupartielle desannoncespardestiers nonautorisés, notamment surdesservicesenligne, estexpressémentinterdite. ISSN:

3 Charlize Theron

4 4 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 POÉSIEVÉGÉTALE Comme unjardin enhiver C est le plus cultivé des jardins, un jardin de silhouettes et de couleurs en camaïeu, planté pour ce qu il sera une fois la haute saison des fleurs et du feuillage passée. Ses points forts: les plantes séchées sur pied, les écorces et les silhouettes d arbres, belles dans la lumière basse de l automne et le givre de l hiver. Par Valérie Hoffmeyer KEYSTONE/GARDEN PICTURE LIBRARY GPL/JAMES GUILLIAM Posée dans un écrin givré, une graine de clématite. KEYSTONE/GARDEN PICTURE LIBRARY/J S SIRA «Une plante ne vaut la peine d être cultivée que si elle est belle quand elle est morte.» La formule est de Piet Oudolf, paysagiste néerlandais contemporain et promoteur en chef des jardins d automne et d hiver. C est lui qui, avec ses images de plantes sèches et givrées, silhouettes noires ou argentées prises dans la lumière oblique des saisons froides, a fait connaître cette manière originale d envisager le jardin. Non pas seulement pour ce qu il est au sommet de ses floraisons ou de ses feuillages (du printemps à la fin de l été), mais aussi surtout pour ce qu il sera lorsqu il déclinera, d octobre à février, jusqu à ce que les premières éclosions printanières prennent le relais. Devant les plumeaux de l herbe de la pampa (à gauche), une collection de graminées, panic et phalaris. sacré un livre, amplement illustré, Jardins d automne et d hiver. Paru en 2006 en français aux Editions du Rouergue, il reste une bible unique en son genre pour les amateurs de plantes vivaces et de graminées, héroïnes de ces paysages «hors saison». Il y montre les formes les plus variées de capsules et des plantes qui les portent, dans une approche aussi esthétique que botanique. Les graines et leur enveloppe indiquent en effet une stratégie de reproduction propre à chaque espèce. Il y a celles qui placent en priorité l esprit collectif (faire survivre l espèce en produisant un maximum de petites graines facilement disséminées par le vent), ou celles qui privilégient Une invention américaine l individu (engendrer peu de Si Piet Oudolf est à l origine de cet graines mais de bien grosses, engouement désormais très po- pleines de réserves pour les aider pulaire dans les pays anglo- à germer tout près du pied mère). saxons, tant dans les jardins pri- Toute une philosophie de la vés que dans les parcs publics, il (sur)vie qu il est bon de connaîn en est pas l inventeur. Les véri- tre lorsqu on hésite à garder une tables initiateurs de cette école ombellifère très prolifère ou un de l observation et de la sélection iris et ses étranges capsules presque cubiques. Jardin voyageur ou jardin «Une plante ne vaut la peine d être cultivée que si elle est belle statique? Car c est bien là que réside le secret de ces quand elle est morte» jardins: que garder, sont à chercher du côté de la côte que couper? Cette chose mollisest des Etats-Unis, de ses grandes sante en septembre sera-t-elle plaines et de ses longs hivers. Le vraiment une splendeur irisée paysagiste américain James van dans quelques semaines? Plus Sweden, notamment, invente profondément, il s agit d abanvers 1975 une nouvelle manière donner un geste millénaire et de planter, en mettant en scène universel, celui de couper les têtes non pas la succession des florai- des fleurs fanées. Si ce geste trasons et les harmonies de couleurs verse l histoire mondiale de l art comme on le faisait déjà depuis des jardins, c est que, d une part, il longtemps en Angleterre ou en favorise souvent une deuxième Allemagne, mais en misant sur la floraison, et que, d autre part, il beauté des capsules de graines participe au désir d ordre et de des plantes défleuries. Car ce sont maîtrise de la nature, essence elles qui tiennent le spectacle du même du jardin. Résister au sécajardin dans cet entre-deux sai- teur n a donc rien d anodin! sonnier: sans la diversité infinie des formes et des couleurs des Les graminées, capsules, sélectionnées avec le plus que des figurantes plus grand soin, l entreprise raffi- Outre cette retenue à la taille, il née du jardin en hiver ressemble- s agit aussi de connaître les planrait tout au plus à un champ sec. tes les plus aptes à monter en Un autre paysagiste, Noël Kingsbury, leur a d ailleurs con- Suite en page 6

5 GENESIS DESIGN BY RADO r 5.5 AUTOMATIC / HIGH-TECH CERAMICS / Ad_R55_Genesis_290x440.indd :18

6 6 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 POÉSIEVÉGÉTALE Suite de la page 4 tance. Si les graminées occupent la gamme des or, argent, pourpre et beige et jouent l effet d une masse souple ondulant sous le vent, celle des vivaces décline les marron (échinacées, monardes), les presque noirs (la sanguisorbe), les violet argenté (Eryngium ou chardons), les plumetis blancs (Asclepias). Elles viennent plutôt en ponctuations plus rigides, avec des formes très variables. On dénombre les gousses, les épis ou encore les globes, ces derniers étant dignement représentés par les aulx d ornement. Les ombelles des orpins (Sedum spectabile), très courants dans les jardins, offrent aussi de belles parenthèses couleur chocolat, ainsi que les hampes denses des agastaches et les pompons brillants de certains asters, fleurs d automne occupant toute la gamme des bleus et des mauves, virant au marron chaud peu après leur floraison. graines et à résister aux intempéries. Les graminées réunissent ces caractéristiques et composent presque toujours la trame de base de ce type de plantation. Et comme il suffit de les tailler à ras en fin d hiver pour qu elles repartent de plus belle au printemps, leur succès est assuré. Un faible entretien et une durabilité qui ont fait la réputation du roseau de Chine et de ses nombreuses variétés (Miscanthus sinensis), de l herbe aux écouvillons (Pennisetum alopecuroides) et des cheveux d ange (Stipa tenuissima), pour ne citer qu eux. Ils habillent, du printemps à la fin de l hiver, nombre de jardins urbains, giratoires compris, partout en Europe avec une prédilection pour l Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse Les vivaces, actrices essentielles La touche de raffinement provient des plantes vivaces, ces végétaux aux cycles multiples dont certains disparaissent sous terre pour l hiver, tandis que d autres subsisil s agit d abandonner un geste tent, secs sur pied. Il millénaire et universel, celui de ne s agit donc pas couper les têtes des fleurs fanées de plantes persistantes, à la manière des conifères, qui resteraient verts toute l année. Ceux-ci sont depuis toujours utilisés dans les jardins pour la constance de leur tenue hivernale. Les vivaces, elles, sont sélectionnées pour leurs changements de couleurs et de formes, ainsi que pour leur résis- Les autres éléments du décor D entreprises ou de châteaux, les beaux jardins de l hiver KEYSTONE/GARDEN PICTURE LIBRARY/RICHARD BLOOM Utiliser les végétaux en déclin pour agrémenter l automne et l hiver est une attitude qui prend timidement ses marques dans les aménagements récents, qu il s agisse de jardins d entreprises ou urbains. Elle va souvent de pair avec l utilisation, croissante, des graminées. La Suisse romande compte quelques jardins sur ce thème: le champ de graminées qui entoure l entreprise pharmaceutique Ferring à Saint-Prex (Atelier du paysage, Lausanne); les plantations de vivaces sur le M2, entre la gare et Ouchy à Lausanne (Hüsler & Associés, Lausanne); les hautes herbes de la toiture de l UEFA à Nyon (Patrick Neau et Gilles Clément, France); le jardin d herbes et d acier de l Amandolier à la rue éponyme à Chêne-Bourg (Agence TER, France) La morte-saison est aussi celle qui montre le mieux le squelette d un jardin: les grands parcs à la française, au pied des châteaux, se révèlent merveilleusement sous la neige. L hiver sied bien à Versailles ou au grand parc du Château de Courances, près de Paris. V. H. L étrangeté de l ophiopogon noir dans la froide rosée du matin. A cette palette de plantes herbacées s ajoutent certains arbres et leurs fruits étonnants comme les très longues gousses du catalpa ou de l arbre de Judée. On pourrait encore faire la liste des écorces colorées, bien visibles lorsque les feuilles ont quitté les arbres (celles rouge sang ou jaunes, du cornouiller, celles blanches comme neige de certaines ronces d ornement, les violacé strié des cerisiers, les orangées des pins ) et des formes remarquables des arbustes en plateaux (Cornus kousa, Parrotia persica). Ou celle de ces quelques raretés qui occupent la niche peu convoitée du plein hiver pour fleurir: certains hellébores en fleur en décembre, les perce-neige dès février Mais ce serait quitter le cycle des capsules et des graines, de la beauté romantique du jardin en déclin pour rejoindre déjà celui du printemps et de la renaissance. Et là, c est vraiment une tout autre histoire. Liens internet: piet-oudolf/photographers KEYSTONE/GARDEN PICTURE LIBRARY/HOWARD RICE Comment réaliser un jardin d hiver Des iris, des asters, des phlomis et des armoises, autant de vivaces assez solides pour se maintenir l hiver. Encore moins qu un autre, le jardin sec ne se décrète du jour au lendemain. Il dépend plutôt de la prise en compte, à tout moment de l année, du devenir de chacune des plantes qu on installe. Il découle aussi d une observation du modèle naturel et c est pile la saison pour le faire. Ainsi Noël Kingsbury recommande-t-il de se promener dans les champs, près des lisières, là où les plantes n ont pas été fauchées, en automne et en hiver. D observer les graines et leurs capsules, mais aussi la tenue des plantes et la manière qu elles ont de vivre ensemble. Le jardin d automne et d hiver doit beaucoup aux associations des différentes espèces: comprendre qui va avec qui en termes esthétiques mais aussi de situation (soleil, ombre, sol humide, sec, etc.) aide à recomposer des associations correctes. Composer des bouquets secs est aussi un premier pas vers un jardin à plus grande échelle. A noter qu il est possible d obtenir ce type de micro-paysage sur une terrasse, un balcon ou un bord de fenêtre, puisque les graminées mais aussi certaines plantes vivaces tiennent très bien en pot. V. H.

7 Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Intérieur 7 POÉSIEVÉGÉTALE KEYSTONE/GARDEN PICTURE LIBRARY/HOWARD RICE Les fruits du fusain d Europe apparaissent en automne. Ils restent rose et orange quelque temps.

8 8 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 BIEN-ÊTRE Unsaunaàsoi C est un des travaux de bricolage parmi les plus prisés par les particuliers: la fabrication de sa cabane desudation.atelpoint que, dans les magasins spécialisés, les meilleures ventes de l automne-hiver concernent les matériaux pour la construire. Comment s y prendre? Combien ça coûte? Conseils. Par Catherine Cochard Un dicton finlandais recommande: «D abord, construis ton sauna, ensuite ta maison.» Ce qui n empêche pas de faire l inverse, comme le prouvent tous les amateurs de bien-être qui, chaque année, sacrifient quelques mètres carrés de leur habitation pour s en fabriquer un. «Et ils sont toujours plus nombreux, ajoute Pierre-Philippe Moureau, responsable du rayon bois chez Hornbach à Etoy. Les achats de matériaux pour la création d une cabine constituent la part la plus importante de nos ventes d automne et d hiver.» Démodé un temps par la vague des spas, le «panier-vapeur» d origine finnoise connaît un regain d intérêt marqué. Un retour en grâce qui n est d ailleurs pas étranger à la multiplication des bains à bulles. Pour varier les plaisirs et étoffer le bien-être à domicile, rien de mieux que de disposer de l un et de l autre. Un jour, on se fait masser par les remous, un autre, on se purifie dans la moiteur d un cabanon à l ambiance sylvestre. «L envie de construire un sauna a été motivée par diverses raisons», indique le Morgien Roland Pansera qui possédait déjà un spa dans son jardin et a profité de ses premiers mois de retraite pour se construire une installation à chaleur sèche. «J avais eu l occasion de tester le dispositif chez des amis et d en apprécier les bienfaits, tant sur le plan psychologique (la détente) que physiologique. Je cherchais également un moyen de me réchauffer après une activité sportive extérieure de plusieurs heures en hiver. Je ne suis pas déçu!» Après un peu plus d un an d utilisation à raison d une ou deux fois par semaine de novembre à mai, puis de manière plus espacée durant l été, le sexagénaire fait l heureux constat des autres avantages offerts par le sauna comme l élimination des toxines, la résistance aux refroidissements, l atténuation des maux induits par les rhumatismes ou encore le nettoyage de la peau. «Et si on ajoute à cela un éclairage polychrome (ndlr: une séquence de LED de couleurs s allumant aléatoirement) et une musique agréable, ces séances deviennent des moments de détente privilégiés et toujours plus précieux!» Do it yourself Se fabriquer un sauna à domicile sonne comme un défi à relever pour la plupart des personnes qui se lancent dans l aventure. A l instar de Roland Pansera: «Le challenge consistait pour l essentiel à concevoir un sauna compatible avec le volume disponible et facilement démontable, d en dessiner les plans de construction en optimisant toutes les autres contraintes d installation (notamment en matière de budget) et enfin de maîtriser les difficultés techniques inhérentes à cette construction y compris en matière d équipement électronique.» Des efforts largement récompensés ensuite par le plaisir des séances, mais qui se chiffrent en heures, argent et sueur! «Je n ai pas fait de calculs précis car j ai plutôt considéré l ouvrage comme un agréable passe-temps, mais l ordre de grandeur devrait être d environ RAMONA ROSALES/CORBIS Saunas homemade: du kit préfabriqué à la cabine aux sol et murs recouverts de mosaïque, tout est possible. soixante à quatre-vingts heures.» Du temps qui comprend la recherche documentaire, matérielle et les investigations dans plusieurs magasins. «Le coût final uniquement en termes de matériaux avoisine les 4000francs. Je suis très satisfait de ce résultat: une installation sur mesure me serait revenue à plus du double!» Celui qui veut fabriquer son propre sauna doit commencer par réfléchir à son emplacement. «Il faut prévoir une pièce ou une partie de pièce brute, avec des murs et un sol en béton ou carrelage, sans finitions telles que moquette ou papier peint, explique Pierre-Philippe Moureau. Il est aussi très important d avoir à proximité une fenêtre pour ventiler la vapeur dégagée par le sauna ainsi qu un raccordement électrique pour brancher le four. Qu on fabrique soi-même de A à Z son sauna ou qu on opte pour une solution en kit, il faut compter un minimum de 2 m 2 de surface au sol pour une cabine d au moins 8 m 3.» Constitué impérativement de bois non traité pour que la chaleur ne rediffuse pas les solvants toxiques des laques et peintures dans l atmosphère, le sauna peut même être installé dans un abri antiatomique puisqu il est entièrement amovible. De manière générale, la cabine de sudation permet de valoriser un volume de l habitation qui n avait pas encore trouvé son utilité. Indépendant, le four ou le poêle du sauna est le seul élément qu on ne peut pas créer soi-même. Il en existe de toutes sortes, plus ou moins puissants, à bois ou électriques, pour les petits ou grands volumes. THOMAS WANHOFF La cabine de sudation permet de valoriser un volume de l habitation qui n avait pas encore trouvé son utilité Guide du parfait bricoleur Le bricoleur aspirant curiste a le choix entre la facilité du kit ou les contraintes d une fabrication 100% maison. La seconde offrant en supplément la satisfaction de pouvoir clamer haut et fort: «C est moi qui l ai fait!» Un menu plaisir à ajouter à la longue liste de ceux prodigués par l installation finnoise» Le kit consiste en quatre panneaux, un toit et quelques banquettes de bois à assembler selon une notice de montage, comme un meuble Ikea, continue Pierre-Philippe Moureau. C est vraiment pas sorcier. Pour des raisons de sécurité, on recommande de faire appel à un électricien agréé pour ce qui concerne le raccordement du four, qu il s agisse d un kit ou d une construction réalisée seul.» Pour une étuve dont on est l architecte, il faut compter en moyenne entre 1000 et 1500 francs de bois auxquels s ajoutent si on le souhaite les frais d une porte en partie ou totalement vitrée, plus le prix du réchaud, entre 500 et 2000 francs en fonction de ses options et Le rituel EnFinlande,lepaysdusauna,latradition veut qu on réserve un jour hebdomadaire(souvent le samedi) à cette activité. Pour en tirer un maximum de bénéfices et écarter tout risque pour la santé, la séance dure en moyenne 90minutes. Pour des raisons d hygiène, on commence impérativement par une douche chaude suivie d un séchage minutieux. Le premier passage ne devrait pas excéder une quinzaine de minutes.ensortant,onserinceàl eau tièdeetaprèsdixàquinzeminutesde repos, on peut à nouveau pénétrer dans la fournaise pour une deuxième séance quinedurepasplusdequinzeminutes également. Ensuite, douche plus fraîche et repos plus long avant une troisième séancedechaleursionalesentiment d avoir récupéré des précédentes. Enfin, la dernière douche doit être froide pour faire baisser la température du corps à son niveau ordinaire(elle grimpe en généralde1ou2degrés).anoterencore pour la pratique qu une personne perd environ1litredesueurparséance trois foisplusquecequ ontranspireenune journée, ce qui permet de détoxiquer l organisme etprèsde700calories.en raison de la chaleur qui atteint environ 80 degrés, le sauna est déconseillé aux enfantsenbasâgeetauxpersonnes sujettes à des maladies cardiaques, aiguës, fébriles ou infectieuses. A éviter également durant le premier trimestre d une grossesse ou après avoir consommé de l alcool ainsi qu en cas d hypertension artérielle. C. Cd possibilités. Quant aux kits, la gamme varie en fonction de la taille du sauna et du nombre de personnes qui pourront y prendre place assises ou allongées. Compter entre 500 francs pour le plus petit et 5000 pour le plus grand, qui permet de recevoir quatre à six utilisateurs. Les bois à sauna les plus populaires sont le pin, l épicéa et le mélèze, qui diffuse une bonne odeur de résine. «Le choix dépend surtout de la couleur que l on souhaite donner à sa cabine. Blanc pour le pin, un peu plus jaune pour l épicéa et rouge-rosé pour le mélèze.» Au fil du temps, l essence dont sont constitués tous les éléments du sauna parois, banquettes, appuie-tête peut changer un peu de couleur, travailler, mais ne s altère pas. «Il est très important de garder un sol minéral pour pouvoir le nettoyer facilement. En effet, dans un sauna toute l humidité et la sueur retombent par terre.» Pour l entretien, il suffit de nettoyer le sol après chaque séance avec un produit de ménage ordinaire. Si on préfère la sensation du bois sous les pieds, on choisira de disposer des caillebotis qu on enlève lorsqu on passe la serpillière. «Certaines personnes nettoient leur cabine avec des huiles essentielles, ce qui offre en supplément une bonne odeur.» Eucalyptus, thé vert, romarin, il n y a que l embarras du choix. «On peut également en mettre quelques gouttes sur les pierres de lave du four pour diffuser la fragrance durant la séance.» A ce stade d expertise de la sudation en chambre, la prochaine étape c est la Finlande. Un pèlerinage que tout habitué se doit d effectuer pour tenter d obtenir l «Ordre du sauna», un titre décerné à l étranger qui a passé avec succès l ultime épreuve d une séance à 115 degrés, suivie soit d une immersion dans l eau glacée, soit d une friction du corps avec de la neige.

9 bulthaup CLAUS A. FROH Choisir bulthaup pour sa cuisine et son espace de vie, c est évoluer dans un univers personnel savamment pensé. Si vous voulez savoir comment équiper des pièces entièrement à votre idée et selon vos besoins, si vous êtes conquis par l esthétique de formes fonctionnelles et par la sensualité de matériaux superbes, rendez visite dès maintenant aux spécialistes de la nouvelle architecture de la cuisine de bulthaup. Partout où vous voyez ce nom. Cuisine+Table SA 1, av. du Théâtre, 1005 Lausanne téléphone Reichel Cuisines SA av. du Mail 19, 1205 Genève téléphone Bulthaup Suisse SA Seestrasse 39, 8700 Küsnacht téléphone

10 10 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 INTERVIEW PatriciaUrquiola, lebeauetlechaos Elle a marqué cette décennie de ses formes élégantes et sensuelles, éditées par les plus grandes maisons de design italien. La créatrice espagnole Patricia Urquiola cultive la confusion, les paradoxes, l éclectisme pour nourrir sa fantaisie débordante, mais qui semble toujours parfaitement maîtrisée. Rencontre avec une intrépide. Par Valérie Fromont Ci-dessus: Lampe caboche Ambre, Foscarini. Ci-contre: Sac Tosei, Ferragamo. Elle parvient à synthétiser son extrême exubérance dans un trait toujours lisible On la dit si pressée, toujours au bord du chaos, assaillie par les mots, les idées, les envies: c est absolument vrai et pourtant, Patricia Urquiola ne rêve que d une chose: d étreinte. Espagnole d origine et Italienne d adoption, elle parle d «abbraccio», et ce mot dit à lui seul la tendresse, les bras grands ouverts, le temps suspendu, son désir de créer du lien bien plus que des objets. Cette ouverture, cette générosité, c est avant tout celle de la multiplicité des références, de l éclectisme, de l inventivité, des rencontres, des surprises dont témoigne son travail. Equilibriste, entre la mode et la décoration, l artisanat et la technologie, le brut et le raffinement, elle parvient à synthétiser son extrême exubérance dans un trait toujours lisible, sans bavardage. «Je pense avec mes mains, je suis ma propre cliente», explique-t-elle. Formée à l architecture à l Université de Madrid, elle rejoint ensuite l Ecole polytechnique de Milan, où elle obtient sa thèse sous la direction d Achille Castiglioni. C est avec lui qu elle apprend à être attentive aux petites choses, elle qui voyait plutôt le monde «à l échelle plus vaste de l architecture». Depuis, elle cultive la légèreté, l ironie, le sens du détail. D autres figures majeures de l industrie et du design italien l épaulent tout au long de sa carrière: Maddalena De Padova, Vico Magistretti, Piero Lissoni et surtout Patrizia Moroso, qui la fera réellement connaître sur la scène internationale. Ce n est qu en 2001, alors qu elle n y avait jamais réellement songé, qu elle ouvre sa propre agence. Depuis, les prix viennent régulièrement récompenser son travail: Designer de l année Elle Déco en 2003, trophée Wallpaper en 2006, Designer de la décennie par les revues Häuser et Home. Nous avons rencontré cette superstar du design à Art Basel en juin 2010, où elle a dévoilé deux installations, Macrosterias et Algae Bench présentées par Ruinart. Pour la plus ancienne des maisons de Champagne, elle a également créé un objet unique, «Le fil d or», un bouchon de fils torsadés qui chapeaute les bouteilles de la Collection Prestige. Patricia Urquiola, connue pour sa capacité à revisiter le métal tressé, habille ainsi d une robe de fête le Ruinart Blanc de Blancs. Effervescente, joyeuse, touffue, digressive, la conversation de Patricia Urquiola semble elle-même jaillie d une bouteille de champagne: «Lorsque l on est confus, c est là que l on commence à parler, non?» Entretien. ALESSANDRO PADERINI La designer espagnole Patricia Urquiola:«Je pense avec mes mains, je suis ma propre cliente.» Fauteuil Silver Lake, Moroso. Le Temps: Etes-vous une grande buveuse de champagne et, globalement, aimez-vous jouir des bonnes choses? Patricia Urquiola: En tout cas, ce n est pas ce qui m a décidée à travailler pour Ruinart. Il m arrive souvent d être approchée par de grandes entreprises pour réaliser des choses parfois assez éloignées de mon travail. Je dis souvent non, mais lorsque les gens ont des arguments et savent m intéresser à leur projet, cela peut me faire changer d avis. Les personnes et les rapports humains, il n y a que cela qui m importe. Je me souviens qu Achille Castiglioni avait conçu une petite PHOTOS: DR cuillère pour Nutella qui permettait d aller chercher jusqu au dernier centimètre carré de cette gourmandise. Je trouvais la bouteille de Ruinart très belle, et je voulais concevoir un bouchon à la fois élégant et pratique. Nous en avons fait C est peut-être l objet industriel que j ai conçu qui est produit en plus grand nombre! C est un objet bien fait, qui ne se déforme pas, pas un gadget artisanal. Je suis une personne au cœur de la société, qui regarde et qui pense, j essaie toujours de garder mon ouverture d esprit. Je n aurais, par exemple, jamais pensé dans ma vie faire des hôtels. Un beau jour, une Espagnole est venue me voir, une folle fantastique. Elle me proposait de grands projets complexes, mais avec la liberté des boutiques-hôtels. Je croyais qu elle plaisantait, que ce genre de choses était impossible. On a fini par faire de très beaux lieux, où je me suis sentie libre et intègre, avec quelques compromis mais très relatifs. Vous présentez aujourd hui votre travail dans le cadre d Art Basel. Il y a quelques années, beaucoup de gens spéculaient sur le design. Comment ce marché a-t-il évolué depuis la crise? Le changement le plus notoire, selon moi, est plutôt à chercher du pement durable n est plus seulement une déclaration de bonnes intentions, une mode, il est devenu véritablement tangible. En tant que consommatrice, quelles sont les questions que vous vous posez? Je recherche la qualité dans les matériaux, la technique, le langage. Quand la qualité est là, elle rentre aussi dans une certaine fonctionnalité émotive. Ce sont des objets desquels on se sent proche, et lorsqu ils terminent un cycle de vie avec nous, ils sont récupérés par d autres parce qu ils restent désirables. La capacité à être transmis, ça c est une qualité de développement durable. Certains de mes amis me disent: «J aime bien le design, mais la plupart des objets qui m entourent sont anciens.» Pour moi, c est absolument du design. D ailleurs, si l on a peu d argent, c est le premier réflexe que l on doit avoir. Il ne faut pas négliger la richesse des objets qui sont bien faits mais ne sont pas signés. Achille Castiglioni les adorait. Dans ma maison, c est ainsi, j ai beaucoup d objets anonymes. Il faut être à l affût de la créaticôté du développement durable. Les entreprises sont beaucoup plus préoccupées par le fait de gaspiller moins d énergie et d argent dans leur processus de travail. Cet état d esprit a imprégné toutes les couches de la société. Cela ne concerne plus seulement un petit groupe d architectes qui travaillent dans une perspective écologique. De manière individuelle, les gens pensent aujourd hui à éteindre la lumière lorsqu ils quittent une pièce Autant de réflexes que la génération de nos parents avait naturellement, que nous avons retrouvés, et que nous trouvons important de léguer à nos enfants. Dans le design, chaque projet doit être concerné par l écologie, même si l on ne peut pas tout résoudre à chaque fois. Avant, les entreprises refusaient parfois aux designers de travailler dans la perspective du développement durable sous prétexte que cela ne plairait pas aux clients. Or, cela est possible aujourd hui car le marché est désormais très sensible à cet argument. Cela nous aide à faire passer nos idées. Il y a une valorisation des objets qui ne repose plus seulement sur des critères de nouveauté et d innovation, mais sur le recyclage des matériaux, la manière qu a l entreprise de gérer son fonctionnement. Le dévelopvité, sans attendre forcément qu elle soit reconnue par tous. Onvoussentouverteàdenombreuses influences. Comment parvenez-vous à les synthétiser? Je suis attentive à tout, aux choses anciennes, à l art, à l architecture, à la mode, à la musique, au graphisme, à la nature, à tout ce qui constitue la culture du monde où j habite. Je me nourris de tout, c est comme un grand melting-pot. Dans la création, je tente de trouver un certain équilibre entre émotivité et rigueur. Je n y parviens pas systématiquement, Je ne suis pas toujours contente de ce que je fais. Parfois, lorsque certaines de mes créations sortent, je les trouve déjà alourdies. Et c est moi la responsable. Mais j essaie de ne pas trop en souffrir. Ce qui compte, au regard de l histoire du design, c est ma trajectoire globale, sa cohérence, qui est faite de moments plus ou moins intéressants. L essentiel est de ne pas trop regarder en arrière Ci-dessus: Le fil d or, Ruinart.

11 Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Intérieur 11 INTERVIEW Tapis Mangas collection, Gandia Blasco. utilisation surprenante de mes créations: c est mon côté designer. Les architectes sont plus rigides et protocolaires. Moi, je suis dans le contrôle durant la création mais après, je sais que mes objets vont se retrouver sur le marché et que les gens vont les interpréter d une manière très différente de moi. Dans ce sens, le design est une école de vie. Il force l humilité Vous êtes doublement Méditerranéenne. Espagnole de naissance et Italienne d adoption. Quelle place tiennent ces deux cultures dans votre vie? Mon père est Basque et ma mère Asturienne. Je me sens plutôt tenir de l Atlantique. Dans ce côté revêche, critique, ironique. Chez moi, on ne te laisse rien passer, même si on le fait avec tendresse. J aime ça, et j ai la peau dure. A Milan, l histoire du design est très présente. Quel est votre rapport aux grands maîtres? C est une chance formidable pour moi d avoir pu évoluer aux côtés d Achille Castiglioni, de Maddalena De Padova, Vico Magistretti, Piero Lissoni, Patrizia Moroso. J ai été très gâtée dans mon rapport avec les Italiens, notamment avec certaines entreprises. Le problème des créatifs, c est que soit tu n es rien, soit tu as un minimum de crédibilité. Le moment vraiment important, c est ce passage-là. Au regard de cela, le succès n est pas grand-chose. Mais lorsque tout à coup, tu as une voix Tu viens avec un objet et on t écoute. A ce titre, Patrizia Moroso m a beaucoup aidée, elle m a mise en piste. Mais tout le monde n a pas cette chance. Le grand drame des créatifs, c est cela! Il existe plein de jeunes formidables, mais ils doivent encore trouver la clé de communication avec les autres. Certains ont une merveilleuse énergie mais ne savent pas comment la canaliser et se démoralisent. C est ainsi que l on perd beaucoup de nouveaux talents, notamment des femmes. C est très important de soutenir la nouvelle génération, de distribuer des prix. La société doit être très attentive aux jeunes, c est un travail collectif. Vos pièces dégagent souvent une forme de sensualité, qu elle soit une affaire de confort ou d esthétique. Que représentet-elle pour vous? Oui, c est une notion très importante. Pour moi, c est une question de patience, une manière de communiquer ses sentiments. S étreindre, c est le commencement de tout. Le baiser est une chose magnifique. La sensualité est le sentiment un peu vague que l on peut avoir d une chose lorsqu elle se termine. Lorsqu on ne peut pas la décrire. Et pour la création, je trouve que le paradoxe, la confusion sont des états porteurs: c est là que tout commence. PHOTOS: DR Sofa Rift collection, Moroso. Installation«Macrosterias et Algae Bench», composée de 30 différentes sortes de marbre et d onyx, présentées par Ruinart à Art Basel Chaise Klara, Moroso. et de continuer à avancer. On a souvent besoin de connaître l échec pour se rendre compte de ses limites. J avais lu une interview du réalisateur Alejandro Amenábar qui m avait beaucoup touchée: il disait que les créatifs avaient, selon lui, besoin de connaître une faille, une blessure assez jeune. Si tu vois que tu survis, tu acceptes l échec et tu avances. Moi aussi j ai eu des failles, elles m ont permis de me remettre en question. Votre mère confiait au journal «Libération» qu elle avait essayé de cadrer l éducation de ses enfants mais qu avec vous çan avaitpasétépossiblecarvous aviez trop de fantaisie. Est-ce que cela constitue le socle de votre métier? Cela a été un long travail de me sentir personnelle dans ma créativité et de la maîtriser. J ai ouvert mon propre bureau assez tard, à 39 ans. Avant, je travaillais pour les autres. Comme beaucoup de femmes, je pensais que me lancer en indépendante n était pas quelque chose pour moi. Que cela m enlèverait même une part de liberté. Travailler en groupe laisse l espace pour beaucoup de choses, comme se consacrer un peu plus à ses enfants. C est un drôle de calcul pour les femmes C est pour cela qu on en trouve peu en première ligne, notamment dans des domaines complexes comme le design et l architecture. PUBLICITÉ SUITA Fauteuil Crinoline collection, B&BItaliaOutdoor. Rêvez-vous de voir comment les gens vivent avec vos objets? Ah oui, c est une chose qui me rend très curieuse! Rentrer chez les gens et voir comment ils font coexister ma petite table avec leur environnement, cela me fascine, je trouve que c est la plus belle chose. Je ne m offusquerai jamais d une Sofa Suita, réalisé par Vitra Suisse, Design: Antonio Citterio v Baignoire Vieques, Agape. Disponible chez les revendeurs suivants: Baar Teo Jakob Bern Form & Raum Hofer AG, Intraform, Teo Jakob Biel-Nidau Brechbühl Interieur Chur Abitare M. Hürlimann AG Denges OL objets et lumières SA Frauenfeld wohnbedarf breu & bechtiger gmbh Fribourg forme+confort Genève Structure 17, Teo Jakob Tagliabue SA Hitzkirch Wohn-Center Räber AG Kriens Möbel Amrein AG Lausanne Gavillet SA Locarno Knecht Arredamenti Luzern Waldis Büro und Wohnen AG Muttenz Hersberger AG Pontresina Rezzoli Designer Furniture Rapperswil Ambiente Einrichtungskonzepte AG Schaffhausen Betz Wohn- und Bürodesign AG Sion L intemporel SA Solothurn Teo Jakob St. Gallen Domus Leuchten und Möbel AG, wohnart Späti Egli AG Uster Feurer Design Möbel Wil Brenner & Co. Inneneinrichtungen Winterthur Kaspar Diener Inneneinrichtungen GmbH Zofingen Ueli Frauchiger Design AG Zug Bruno Wickart AG Zürich Bord GmbH, Neumarkt 17 AG, Rüegg-Naegeli AG, Teo Jakob Sofa Suita, photographié à la VitraHaus, Vitra Campus 2010

12 12 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Intérieur 13 INTIME INTIME Entrelesmursd EltonJohn KEYSTONE/AP/SAMTAYLOR-WOOD Sir Elton John et son partenaire David Furnish ont déniché un nid hollywoodien où se retrouver lorsque l artiste se produit aux Etats-Unis. Un appartement des années 70, parfait écrin pour leur collection d art contemporain, qui surplombe la colline d Hollywood. Le décorateur et architecte Martyn Lawrence-Bullard fait le tour du propriétaire. Par Antonio Nieto David Furnish et Sir Elton John. Cet appartement est comme une habitation en plein ciel, qui offre une vue sur tout Hollywood Sir Elton John et son partenaire David Furnish cherchaient un espace où ils pourraient retrouver l essence du Los Angeles des années 70. Au lieu de s installer sur la colline traditionnelle d Hollywood, ils ont choisi un spectaculaire appartement qui la surplombe. Avec l aide de leur ami architecte d intérieur Martyn Lawrence-Bullard, ils ont créé un véritable havre hollywoodien. «Elton est l une des célébrités les plus reconnaissables, il était donc nécessaire que sa maison soit un endroit où il pourrait se détendre et recevoir en toute discrétion. L esthétismeetlafaçondevivredu couple ont guidé mon inspiration, ainsi que leur fabuleuse collection d œuvres d art contemporain aux couleurs énergisantes!» confie le décorateur. Cet appartement contemporain est comme une habitation en pleinciel,quioffreunevueinsensée sur tout Hollywood. C est comme une explosion de lumière à la fois douce et violente. «Elton et David ont choisi cet immeuble précisément pour son esthétique milieu du XXe siècle. Ils adorent cette période architecturale que l on peut trouver à L.A., souligne Martyn Lawrence-Bullard. Nous avons pensé que ce serait un écrin parfait pour mettre en valeur leur magnifique collection d œuvres d art des années 70 comprenant des pièces de Keith Haring, Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Willem de Kooning, juxtaposées avec les travaux photographiques en couleurs de William Eggleston et William Claxton.» «Elton se produit beaucoup àlasvegas,maisilaime retrouversonlitetsesbeaux objets le soir venu» TorsegrecenmarbreduIIesiècle. vivre plus simple et beaucoup plus détendue.» Le couloir desservant les autres pièces de l appartement sert de cimaise pour exposer une impressionnante collection d œuvres de Willem de Kooning. Le bureau d un artiste Dans le bureau, un grand meuble scellé dans le mur et des placards opposent bois d ébène de Macassar et couleur feutrée d un beige clair sur les murs. Un buste romain du IIe siècle et une photographie de Miles Davis de William Claxton jouxtent un ordinateur hyperdesign. Dans lapièceassezpetite,onne peut ignorer la présence d un fauteuil de bureau de Jules Seltzer. Un vase à anse d un camaïeu de verts plus sombres que le fauteuil signé Zietta Clara est négligemment posé surunepiledelivres. Dans les salles d eau, les murs sont recouverts d un papier peint de perles de verre de Murano de Maya Romanoff. La touche de Martyn Lawrence-Bullard s exprime dans l opposition créée entre la collection de vasesvintagedetassoet Barovier et le portrait d Amanda Lepore par David LaChapelle(à la manière d Andy Warhol pour le portrait d Elizabeth Taylor). Dans la salle de bains desireltonjohnrègneunsensuel paradigme du luxe où des appliques de Sergusso de 1970 diffusent une lumière ouatée sur un carrelage blanc et or de Bisazza T. Une console de bois laqué blanc, encore conçue par Martyn Lawrence-Bullard, parfait l ensemble. Dans la chambre, des rideaux en maille d argent de Whiting& Davis. Suiteenpage14 Dans les toilettes destinées aux invités, un revêtement mural en perles de verre de Murano de Maya Romanoff, une photo d Amanda Lepore par David LaChapelle et des vases vintage de Tasso et Barovier. Plusieurs salons dansunseulsalon Le décorateur a choisi de faire éclater dans ce qui pourrait s appeler le «living-room» des couleurscommelevertetlerougeen créantsurchaquepandemurun décor différent. Il a conçu des «sous-espaces» sur le principe des poupées russes. Un des premiers chocs esthétiques, c est la grande baie vitrée qui domine la ville, à la droite de laquelle un premier mur offre au regard une peinture néo-révolutionnaire chinoise de Wang Guangyi. «Le couple aime cette vue imprenable et ininterrompue sur tout Berverly Hills s étendant jusqu à Malibu: l océan et Catalina Island d un côté, et tout le centredel.a.del autreavec,plus loin, l Observatoire Griffith et même, encore plus au sud, les sommets enneigés. C est vraiment un endroit spectaculaire qui est, poureltonjohn,àlafoisrelaxant et une source d inspiration.» Ici, un canapé de couleur grège avec des coussins zébrés, œuvre du décorateur lui-même, fait l angle entre cette baie vitrée et un pan de mur vert. Face à cette composition détonante, séparée par une table basse de Willy PHOTOS: Dans le salon, un tableau monumental de l artiste chinois Wang Guangyi est mis en valeur par la teinte des murs verts«kelly», selon l appellation du décorateur. Un grand canapé grège en forme de L, des coussins zébrés (créationsdemartynlawrence-bullardetmotiftrèscheràsireltonjohn)côtoientdesfauteuilsencuircouleurchocolatdeb&bitalia.aumilieu,unetablebassedewillyrizzo. Combiner des espaces multiples au sein d une même pièce, permettant plusieurs vies Rizzo, deux fauteuils en cuir chocolat de la firme italienne B & B referment ce premier champ de vision. Vu sous un autre angle, ce living offre une atmosphère différente, plus intime par sa conception, quoique toujours largement ouvert sur les lumières de la ville. Le principe de Martyn Lawrence-Bullard, en quelque sorte sa signature, est de combiner des espaces multiples au sein d une même pièce, permettant plusieurs vies. «Leur exigence première était de créer un appartement élégant et confortable dans lequel ils pourraient recevoir mais aussi vivre au quotidien à deux dans un cadre suffisamment intimiste», relève le décorateur. Biensûr,lesfauteuilsetlelitde repos ultra-célèbres de Mies van der Rohe ne passent pas inaperçus,maisnefontaucuneombreà une table basse en chrome et onyx signée par Martyn Lawrence-Bullard lui-même, sur laquelle sont posées des sculptures de Dale Chihuly et de Damien Hirst. C est un pan de mur vert «Kelly», selon l appellation du décorateur comme un écho au sac Hermèsdelamêmeteinte,qui,tel un paravent, jalonne le parcours decelieuouvertetferméàlafois, sur lequel sont accrochés un tableau vermillon et jaune, ironiquement irrévérencieux, de Keith Haring, ainsi que des photographies de William Eggleston. Une cuisine pas comme les autres Point d orgue de cet ensemble, nichée derrière les fauteuils de Mies van der Rohe, la cuisine vert et blanc, où un lustre de Venini provenantdugrandhôteletdemilan fait étinceler des poignées en verre de Murano, une photographie de Peggy Moffit par William Claxton et une collection de vases signés Seguso. «Contrairement aux autres demeures d Elton, seulement deux employés s occupent de celle-ci: un chef cuisinier et une femme de chambre. Elton n emploie pas moins de dix personnes dans ses autres maisons alors qu ici l intendance de l appartement de L.A. induit une façon de Danslachambre,leplafondesttraitéàlafeuilledeplatineetlesmurspatinéssontcouleurchocolat. SurunlitdeB&BItaliarecouvertdepython,unnéondel artisteanglaisetraceyemin.surlemur,unseul tableau, celui de Gary Hume. Comme lampes de chevet, deux imposantes créations de Curtis Jere(1965).

13 14 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 INTIME Suitedelapage13 La chambre de Sir Elton John représente la quintessence de la doctrine du décorateur et de sa conception du luxe, c est-à-dire l éclatement de l iconographie, les mélanges de styles agrémentés de ses propres créations mobilières. «Elton se produit beaucoup à Las Vegas,maisilaimeàretrouverson lit le soir venu. L appartement de L.A. est donc devenu un sanctuaire douillet qu il peut facilement retrouver en avion (quarante-cinq minutes) afin de s endormir dans ses draps, entouré de ses beaux objets.» Cette chambre est comme le morceau ultime d une cantate écrite à la gloire de son illustre client. Le lit, simple en apparence, diffuse une sensualité renforcée par un plafond clinquant recouvert de feuilles de platine, une couverture sombre et des draps blancs. Ce qui frappe le plus, ce sontlesœuvresd artsurlesmurs. L accrochage du décorateur est plus qu audacieux: des néons de Tracey Emin qui surplombent le lit au tableau énigmatique de Gary Hume, sans oublier la série multicolore et insensée de photographies de serpents entrelacés lovés sur eux-mêmes de Guido Mocafico. Pour souligner la sensualité de la pièce, de très longs rideaux de mailles en argent apportent une touche éclatante et glamour. Surlatablebassedusalon,enchromeetonyx,créationdeMartynLauwrence-Bullard,sontposéesdessculpturesdeDaleChihulyetDamienHirst.Ausol,untapisenfourruredechèvre (TheRugCompany).DeuxfauteuilsencuirdeMiesvanderRohefontfaceàuncanapérecouvertdepeaudepoulainnoirdeMinotti. MartynLawrence-Bullard,mixeurdestyles On dit souvent que la décoration d une maison est le reflet de l âme de celui qui l occupe. C est donc une véritable gageure pour un décorateur d intérieur de créer un lieu de vie à l image d une clientèle composée essentiellement de personnalités du spectacle et des affaires. Le talent d un décorateur tient autant à une vaste culture des styles anciens et contemporains qu à un sens évident de la psychologie, nécessaire pour ne pas imposer son propre goût au détriment de celui ou de celle pour qui il travaille. Martyn Lawrence-Bullard aime ouvrir les portes de sa bibliothèque émotionnelle à sa clientèle, qu il s agisse de rock stars, de têtes couronnées, de DR groupes hôteliers, de studios de cinéma, de restaurants luxueux ou de boutiques chics. Par ailleurs, il participe au premier programme immobilier d Amérique répondant à la certification écologique LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Outre son œuvre d architecte d intérieur, Martyn Lawrence-Bullard a créé plusieurs collections pour développer sa marque à travers une ligne de mobilier conçue spécifiquement pour ses clients. S ajoute à cela une collection de papiers peints, des tissus, des fragrances et des bougies. Martyn Lawrence-Bullard a l habitude des superlatifs, encensé par la presse spécialisée, quilouesoninsolenceetsonsens du détail. Le numéro de janvier 2010 d Architectural Digest USA le présentait d ailleurs comme l un des meilleurs décorateurs d intérieur du monde. Que peut-il alors encore souhaiter? Quand on lui pose la question, il répond:«mon but dans la vie est de vivre, aimer et décorer beaucoup!» A. N. Surlesmurs,mosaïquesdeBisazzaToretblanc;uneappliqueenverredeSergusso des années 70 illumine les monogrammes d Elton John et de David Furnish, brodés sur des serviettes de toilette de chez Frette. PHOTOS: UnvaseenverredeDaleChihulycôtoieunesculpture en bronze peint«baby Skeleton» de Marc Quinn. Autourdelatable,éclairéeparunlustredesannées80(autrefoisàlaréceptionduGrandHôteletdeMilan)del artistevenini, destabouretsdebaritaliens.desvasesdeseguso(années60)etunerarephotodepeggymoffitparwilliamclaxton.

14 LORSQU IL S AGIT DE VOUS CONSEILLER SUR NOS GRANDS CRUS, GEORGE CLOONEY LAISSE LE PREMIER RÔLE À THÉRÈSE. Thérèse travaille à la boutique de Thoune. Elle fait partie des quelque 400 Spécialistes Café Nespresso en Suisse. Disponibles à toute heure, sur place, par téléphone et sur Internet, ils répondent à toutes vos questions et vous font bénéficier de précieux conseils sur nos Grands Crus. Nespresso peut ainsi vous offrir à tout moment un café d exception, avec un service qui l est tout autant. Pour en savoir plus, rendez-vous sur

15 16 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 ARCHITECTURE Lamaison tatou Sur les hauts de Lausanne, un chemin abrupt, débouchant en corniche face au lac, conduit à un Lego de plusieurs habitations, sorte d «iceberg» de béton. A son sommet, la maison familiale du couple d architectes Claude Matter et Olivier Galletti, étonnante construction blindée d une carapace de métal, crève le ciel. Visite vertigineuse. Par Géraldine Schönenberg Photographies: Thomas Jantscher C est dans un jardin inachevé, ancien vignoble en terrasses, de la maison des années 30 où ont vécu longtemps les parents de Claude Matter, que le bureau Galetti-Matter a réalisé, en plusieurs étapes, cet ensemble d ouvrages imbriqués les uns dans les autres: un premier bloc d habitations, socle de béton ancré dans la terre et réchauffé de verdure, avec, en point d orgue de cette structure, la maison familiale du couple d architectes visible en hauteur (voir encadré et plan). Caparaçonnée, à la façon d un tatou, d une armure en aluminium éloxé hésitant entre le vert olive et la terre d ombre, la demeure se fond dans la nature par un jeu de lumière et de couleur, mêlant les tons d écorce et de feuille. Claude Matter a dessiné elle-même le motif récurrent de la façade, savant tracé d ouvertures et de plis, sorte d origami mis à plat se répétant pour créer, à la manière d une trame de tissu, un bardage d écailles métalliques. «L éloxage est une pigmentation de la tôle en profondeur, ça ne donne pas un aplat comme le thermolaquage, le rendu est complètement différent, la couleur vibre. On a fait faire des plis par un artisan, un Sous l auvent au motif végétal, un pan de la façade en écailles d aluminium éloxé. Meubles anciens, pagnes africains, âtre à ras du sol et cheminée suspendue: un éclectisme chaleureux. Chambre cosy et vue panoramique. peu à la manière ancienne de faire les ferblanteries en pointe de diamant avec des croix, c est une réinterprétation de ce principe-là», explique Claude Matter. «La façade est ventilée, quand il pleut, ça sèche vite. De plus, on connaît bien les vents ici et on a positionné les écailles en fonction.» Les contraintes Une perspective saisissante avec le lac en contrebas, l impression vertigineuse de dominer un paysage chaotique entre ville et forêt: le tableau coupe le souffle. «Le site est exceptionnel. L important, c est la manière de le mettre en valeur. Même s il y a des choses qui ne vont pas, qui ne nous plaisent pas, on en tient compte, on essaie de les intégrer, de faire avec.» Olivier Galleti et Claude Matter ont dû composer avec plusieurs contraintes, qui ont été autant de sources d inspiration pour le couple d architectes: «La forme du bâtiment résulte d exigences diverses. Nous voulions tirer parti du toit-terrasse existant et conserver les grands pins. De plus le Plan général d affectation de la Ville de Lausanne nous a imposé de ne pas dépasser le carré de 30 m sur 30

16 Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Intérieur 17 ARCHITECTURE Une structure de béton et de métal qui côtoie la maison des années 30 sans rivaliser avec elle. qui contenait déjà la construction en béton, ce qui nous a donné cette implantation. Autre impératif, nous voulions à tout prix conserver trois grands pins qui étaient sur la parcelle, on s est donc glissés entre eux. C est pour ça que la maison a une forme spéciale», explique Claude Matter dans un sourire. L escalier menant à l entrée est abrité d un auvent opaque laissant apparaître en filigrane de grosses feuilles d arbres dans un camaïeu de vert, dessinant un jeu d ombre et de lumière à la façon d un kaléidoscope. L effet est saisissant. «C est une bâche en plastique toute bête sur laquelle a été reproduite en très grand une photo de feuilles de lys séchées», nous apprend Claude Matter. Les marches, «C est en discutant, couleur brique, paraissent enduites en gardant les yeux ouverts d une patine de que les idées viennent» rouille. Il s agit tout simplement du fond de coffrage d un escalier de béton «Un jour, je vais chez l artisan qui nous a préfabriqué nos plans en béton dans la cuisine et la salle de bains pour discuter de certains détails et, tout d un coup, je vois ces coffrages en métal dans son dépôt et je lui dis: «Les coffrages, vous en faites quoi?» il me répond: «Je les jette, ce qui m intéresse c est le produit fini en béton.» Je lui demande s il est possible de lui en acheter et il me répond: «Mais je vous les donne, j en ai dans mon pré, je vais m en débarrasser la semaine prochaine.» Ça nous a coûté le prix du transport! Et en plus ça allait dans notre logique de récupération C est en discutant et en gardant les yeux ouverts que les idées viennent!» s exclame l architecte. L inventivité A l intérieur, les parois vitrées sont distribuées de façon étonnante. «Depuis notre première réalisation, on a évolué: dans la construction initiale, on avait au nord la vue sur la forêt, à l ouest la vue sur le lac, au sud le soleil. On avait un peu trop ouvert. Dans cette maison, on a hiérarchisé les ouvertures.» C est ainsi que les contrecœurs ont été abaissés côté salle à manger pour permettre à chacun d admirer le lac une fois Au salon, une paroi bibliothèque avec la vue cadrée sur la forêt. assis. Côté salon, la bibliothèque monte jusqu aux trois quarts de la paroi, la vue étant cadrée sur le sommet de la ville, ce qui a l avantage de soustraire les habitants aux regards du voisinage. Dans un souci d optimisation énergétique, les architectes ont posé des vitres plus isolantes au nord qu au sud pour «On aime mettre les choses obtenir un gain therà l envers du bon sens» mique passif: «L hiver quand les stores sont levés, il y a la chaleur qui entre. On a mis vingt ans à comprendre ça, parce qu on mettait systématiquement le même verre partout» Quant à l aménagement intérieur, les architectes se sont ingéniés à jouer avec les matières en inversant ou en détournant leurs fonctions, de sorte que le minéral, le fer et le végétal se répondent dans toute la maison en se mêlant sans frontières nettes pour qu il y ait une continuité, une résonance: des empreintes de feuille de platane comme fossilisées dans le béton sur un mur, un escalier de fer (récupéré comme celui de dehors) auquel on a rajouté quelques marches en béton, une terrasse avec du paillasson sur les murs et où le bois du plafond, avec ses lamelles qui tournent comme sur une coque de bateau, redescend sur les parois, etc. «On aime mettre les choses à l envers du bon sens», s amuse Claude Matter. Dans la cuisine, le motif photographique de la bâche à l extérieur est repris dans le coffrage des meubles de cuisine sous un scobalite transparent pour donner de la profondeur: «Je n aime pas les cuisines clés en main, je les personnalise d ailleurs chez tous mes clients», dit l architecte. Une folle inventivité qui n est pas dans le trend de l architecture d aujourd hui, qui ne jure que par l épure. Le plafond de la pièce à vivre, par exemple, est, de l aveu de l architecte, «une absurdité d ingénieur civil»: «On a multiplié les éléments métalliques couchés, au lieu de les placer transversalement pour donner un effet de poutres, ça donne du relief.» La cheminée en métal se déploie en empiétant sur le plafond. Dessous, l âtre est à Suite en page 18

17 18 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 ARCHITECTURE Suitedelapage17 «La nuit, on éclaire juste cedontonabesoin,onbalade les lampes» même le sol en béton taloché, commeunfeudecamp,lesbûches seposantsurdescailloux.«jevoulais quelque chose d assez archaïque», dit l architecte qui a exposé sur les murs du salon, encadrant les meubles années 30 hérités de sa grand-mère, des pagnes de tribus africaines. «Chez nous, il y a des strates historiques, des meubles de plusieurs générations, du vieux, du contemporain, du bordel, du rangé», ajoute-t-elle. Les tons minéraux des matériaux sont réchauffés par les coloris chauds et naturels des rideaux de laine qui font office de portes d armoire, en bas comme à l étage des chambres. Les architectes ont voulu accentuer les parties très sombres et les couleurs vives qui se mettent en valeur réciproquement. Quant à leur conception de l éclairage artificiel, elle est proche de l esprit des peintres hollandais du XVIIe: «Pour nous, la nuit c est la nuit, on éclaire juste ce dont on a besoin, pour lire, pour manger, pour voir à peu près où on marche, on balade les lampes. On ne veutpaséclairerlesoircomme si onétaitenpleinjour.ducoup,la nuit on voit davantage, dehors, le paysage qui est éclairé, c est comme un grand tableau.» PHOTOS: THOMASJANTSCHER La maison s encastre entre les grands pins du jardin en terrasses. L histoiredelaconstruction«iceberg» Ci-contre, le plan du bâtiment stratifié, réalisé en plusieurs étapes: sur un terrain en dénivelé, des blocs de béton s emboîtent les uns dans les autres. «La maison où vivaient mes parents a été terminée pendant les années de crise en 1932, les propriétaires n ont pas eu les moyens definirlejardin.levergerquidescendait en pente n avait pas d assise», explique l architecte Claude Matter. Ce jardin sauvage, devenu verger broussailleux, est à l origine du projet mené par le père de Claude Matter, maître de l ouvrage: construire plusieurs habitations sur cette parcelle, en la densifiant par des remblayages permettant de bâtir à flanc de colline. Trois constructions se sont succédé depuis 1997, emboîtées les unes dans les autres, avec des entrées séparées,etabritant chacunchezsoi lesmembresdelafamillematter la famille de l architecte, ses frères, son père et le bureau d architecture.«monmarietmoiavonsfaitla première intervention en 1992, à la findenosétudesavecluigisnozzi (architecte tessinois à renommée internationale, ndlr). On sent l influence du maître! avoue humblement Claude Matter. C est drôle parce que lorsqu on a fait un des murs de soutènement, en creusant onesttombéssurunancienmurde vigne, cela nous a confortés dans notre volonté de travailler en terrasses, c était dans l esprit du lieu.» Chronologie Dans le premier bâtiment, qui épouse les reliefs du terrain, dont les parois sont en béton pour contenir la terre, se trouve aujourd hui le bureau d architectes. Le père de Claude Matter, au décèsdesafemmeen2007,asouhaité quitter la demeure début de siècle, restée sur le site, trop grande pour lui. Pour changer d air, il a mandaté sa fille et son gendre pour concevoir un second bâtiment, parallélépipédique, à moitié immergé dans le sol, qui s est adjoint à la réalisation première. Le défi, pour Claude Matter, était de reproduire pour son père le même type de proportions que dans la maison années 30 où il avait vécu toute sa vie. «Dans l ancienne maison, les pièces font 50 m2etont3,70mdeplafond.ona donc créé des espaces, des hauteurs plus grandes que la norme, une recherche de perspectives, étudié la manière de mettre les portes pour que ça paraisse plus grand, etc. Et mon père a été content, j ai réussi!» s exclame Claude Matter. «Ce qui est drôle c est que l ancienne maison des années 30 est aussi tout en béton mais avec d autres manières de penser les ouvertures: quand on voulait aller voirlelac,ilfallaitseleveretallerà la fenêtre, on ratait le coucher de soleil si on ne faisait pas attention Maintenant mon père a une baie vitrée et il «subit» le coucher de soleil!» ajoute-t-elle dans un éclat de rire. Dans un troisième temps, pour construire leur maison à eux, dernière pierre de l édifice, Olivier Galletti et Claude Matter se sont greffés sur le bloc en béton existant.«ici, c était un peu un fouillis, le jardin n était pas exploité. On s est enfilés entre les arbres en essayant d être à l échelle par rapport à la maison années 30, pour ne pas rivaliser avec elle, en jouant le dialogue.» Et si on lui demande ce que pensesonpèredesamaisonàelle, ellerépondavecunsourire:«ildit comme tout le monde: ça vous va bien, mais je n y habiterais pas» G.S. Ci-dessus: Une terrasse recouverte de lamelles de bois qui tournent commesurunecoquedebateau. Ci-contre: le plafond en poutres métalliques, une«absurdité d ingénieur civil», de l aveu de l architecte. Mais un effet étonnant.

18 «J aime l eau parce qu elle est comme elle est.» Melanie Winiger Y&R GRUPPE L eau est incomparable. Fraîche et douce, elle est aussi une force de la nature. Mieux encore, elle incarne la propreté naturelle. Avec Geberit AquaClean, découvrez l eau comme principe de la nature. ou (appel gratuit)

19 20 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 OBJETDUDÉSIR THERUGCOMPANY L envol Quelques mois avant de se donner la mort, Alexander McQueen avait mis la dernière main à une opulente collection conçue pour The Rug Compagny, composée de quatre larges tapis et de trois coussins coordonnés. Trois années auront été nécessaires à l élaboration de ces joyaux de soie et de cachemire, entièrement tissés à la main. A la manière de véritables tableaux, ils reprennent des motifs chers au couturier britannique comme lesplumesoulescrânesetbiensûrlesoiseaux,saisis en plein vol dans un ciel d ébène. Valérie Fromont Tapis Hummingbird,

20 <wm>%7say+jsn%mg%cayn%we+dbzh2%rq%h70.w%kp+0uicm%wr%blu.k%qy+'xh8hvz%tq%1fhrga/v%x6%"=r4w-u=4fg-0x6fa-yxwq'vpf'%0r%ngii%ap%xnj=dy%uop0t-mo0fn-3ril/-29t5u=xfu.pec%jw%txsnl7%uf%f7uxql8rsur%zl0qy.851%ck%tmckceuqrlq%m9%nampzfixsg7u%jcetrm.il%uz%ovuxqlwnikr4%qo%eoifxr%4l/5p+6ui+0b+sp%y5wr%o=g/+cwrs+g6wa%5u%jxclrp%0t</wm> <wm>%metv+bo/%ya%ztsn%ir%ufcbm-2fbnv-zirck-tomlynsny%zj%=lay%ks</wm> noiseag.ch

21 22 Intérieur Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 ON/OFF Larévolutiondeslumières Les LED remplaceront d ici à 2012 toutes les ampoules à incandescence. Si les premières versions n offraient qu une ambiance blafarde, les dernières diodes arrivées surlemarchésont recouvertes d une couche de phosphore jaunequiredonnedela chaleur aux intérieurs. Petits, malléables, fins et infiniment plus précis que la génération précédente, les LED et leurs dérivés offrent d innombrables possibilités aux designers. Par Catherine Cochard «UnefoishabituésauxLED,on ne leur trouvera plus les défauts qu on leur prête aujourd hui» PHOTOS: COURTESY OF CARPENTERS WORKSHOP GALLERY «Fragile Future Concrete Chandelier», un objet créé par Ralph Nauta et Lonneke Gordijn de Drift Design avec des LED et des pissenlits. Cette installation a été présentée en juin à DesignMiami/Basel. Il y a un an encore, malgré sa plus-value écologique, la LED était attendue comme l Antéchrist. A la lueur blafarde de ces ampoules certes «vertes» mais à lumière bleue, le monde allait se montrer sous son vrai jour: morne et cafardeux. Pour les plus pessimistes, ce changement prenait des airs d apocalypse. Les couleurs d Alice au pays des merveilles vs le bleu froid et intersidéral de Matrix. Les ingénieurs ne pouvaient faire subir une telle ambiance anxiogène aux consommateurs de bonne volonté, prêts à se plier à l inéluctable grisaille pour le bien de l environnement Les fabricants ont donc enfin mis au point des LED (pour Light Emitting Diode) jaunes et chaleureux. «Ce sont simplement des LED bleus recouverts d une couche de phosphore jaune, nous apprend Christophe Lombardo, architecte d intérieur et directeur du bureau Linea Lombardo SA à Montreux. Imaginons que je fasse entrer quiconque dans une pièce éclairée avec des LED mais sans le préciser, personne ne fera la différence, on pense qu il s agit d ampoules classiques. Et plus aucun architecte à ma connaissance n utilise encore des bleues pour composer l éclairage d un logement. Ces diodes ne sont plus utilisées que pour des laboratoires médicaux ou des musées qui ont besoin d une lumière blanche, semblable à celle du jour pour éclairer leurs analyses ou leurs œuvres.» De plus, pour Christophe Lombardo, cette idée que l éclairage LED de première génération crée une ambiance lumineuse glauque est discutable. «C est avant tout notre cerveau, notre culture et notre vécu qui nous disent que la lumière jaune est plus chaleureuse que la bleue. Je préfère penser que ce passage aux ampoules fluorescentes est semblable à celui que vécurent nos ancêtres lorsqu ils passèrent de la lueur douce des bougies et des lampes à gaz à celle intense de l éclairage électrique. Une fois habitués aux LED, on ne leur trouvera plus les défauts qu on leur prête aujourd hui.» Bientôt des prix compétitifs Quoi qu il en soit, les préoccupations d ordre esthétique ne peuvent remettre en question ni les atouts écologiques des lampes LED ni la fin prochaine des ampoules à incandescence. Le 1erseptembre dernier, la Suisse adoptait l interdiction en vigueur dans l Union européenne concernant les bulbes à filament gourmands en énergie. Dans les faits, les anciennes ampoules ne feront que progressivement place aux nouvelles. Ce seront d abord les opaques et celles à 100 watts qui disparaîtront. Puis, d ici à l horizon 2016, les lampes à incandescence ainsi que la majorité des

22 Le Temps Mercredi 3 novembre 2010 Intérieur 23 ON/OFF MILO KELLER Ci-dessus: Comme un oiseau bleu en origami, la lampe Fold de BIG-GAME. Une diode LED permet à l objet d éclairer tout en gardant sa finesse. «Lorsque tous les fabricants entreront dans la course, les prix chuteront forcément par le jeu de la concurrence» halogènes seront totalement retirés du marché. Les consommateurs peuvent d ores et déjà se tourner vers trois remplaçants énergiquement économiques: les ampoules halogènes de type ECO, les mini-néons à faible consommation et bien sûr les LED. Les principaux atouts de ces dernières étant qu elles consomment 80% moins de courant que leurs aïeules incandescentes, qu elles possèdent une durée de vie de près de vingtcinq ans (pour trois heures d utilisation en moyenne) et un rendement lumineux qui, par exemple pour une LED de 5 watts, équivaut à celui d une ampoule classique de 25 watts (ou 7 watts pour 40 watts à incandescence). Reste le problème du coût des LED. «Mais ça n est plus qu une question de temps pour que ça baisse, assure Christophe Lombardo. Lorsque tous les fabricants entreront dans la course et ils n auront pas d autre choix que de le faire les prix chuteront forcément par le jeu de la concurrence.» Nouveau terrain de jeu des designers On l aura compris, pour l architecte d intérieur montreusien, la LED c est «que du bonheur». «Cela permet de tellement mieux doser les effets d éclairage, de renforcer ou atténuer minutieusement l ambiance, de jouer avec la lumière comme on le fait avec des matériaux. Grâce à leur taille, on peut en mettre dans le cadre d une porte, derrière une vitre, dans n importe quel interstice. Les possibilités sont innombrables.» Un avis partagé par Grégoire Jeanmonod, Elric Petit et Augustin Scott de Martinville, les fondateurs du bureau Big-Game, tous trois également professeurs de design industriel et produit à l ECAL. «Le composant lumineux bougie, mèche, ampoule, tube fluo a toujours dicté la forme de l objet. Les possibilités offertes par la technologie LED donneront un nouveau vocabulaire formel au design. Nous sommes très curieux de découvrir les contours des lampes de demain.» Des atouts que le collectif a pu expérimenter dans plusieurs de ses projets comme, par exemple, pour ses lampes FOLD et WORK. Des objets lumineux dans lesquels une ampoule à bulbe classique n aurait pas pu se loger. «En plus d être économes et compactes, les LED ne chauffent pas. Une autre propriété prometteuse pour l avenir!» Aux côtés de la LED, une technologie proche, la OLED (pour diodes électroluminescentes organiques), va se développer et se démocratiser dans le futur. Déjà utilisée pour l affichage dans le domaine des écrans plats, cette nouveauté consiste en une surface de moins de 2 mm d épaisseur qui émet directement la lumière, sans ampoule. La structure de la diode OLED est simple: il s agit de la superposition de plusieurs couches de semi-conducteurs organiques (à base de molécules de carbone et d hydrogène) par nature électroluminescents. Ce qui laisse espérer des objets de toute forme et épaisseur, souples ou rigides, et surtout intrinsèquement lumineux. «You Fade to Light» de random International, un miroir qui reflète les parts d ombre et de lumière des spectateurs. PHOTOS: RANDOM INTERNATIONAL Détail de«swarm Light» par random International, une installation lumineuse qui réagit aux différents sons ambiants. On peut contrôler les LED de manière extrêmement précise, presque organique Objets de design et d art Pour de nombreux créateurs, la LED devient un médium à part entière. «La démarche du designer Ingo Maurer fut une grande source d inspiration, indique Hannes Koch, directeur de random International, un studio londonien dont les installations mêlent art, design, science et architecture. Il nous a montré de quelle manière inclure la technologie LED dans nos réflexions, de la considérer comme un moyen pour réaliser nos idées et non une contrainte.» C est ainsi que random International a créé des œuvres futuristes et interactives qui transcendent les technologies LED et OLED, les faisant passer d un champ d application domestique à celui de l émotion artistique. Présentée à Bâle en juin 2010 lors de la manifestation Design Miami/Basel, Swarm Light est une de ces installations monumentales. Trois cubes formés d un réseau de câbles en cuivre sur lesquels sont disposées des LED réagissent aux différents sons discussions, bruits de pas, musique en modulant l intensité de leur lumière. L effet est surprenant: le spectateur a l impression de regarder la surface d un champ que le souffle du vent viendrait caresser. Et, instinctivement, le lien se fait entre les données sonores et les variations des toutes petites ampoules. «C est ce qu il y a de très intéressant avec ces technologies, se réjouit Hannes Koch. On peut les contrôler de manière extrêmement précise, presque organique.» Autre exemple également présenté en juin: You Fade to Light, un écran de miroirs carrés en OLED qui renvoie au spectateur son reflet, son image abstraite faite de zones d ombre et de lumière. «Je est un autre», à la fois semblable et différent. Les diodes témoignent de la présence humaine, du passage des visiteurs mais aussi de l absence, en s éteignant. L installation prend ici valeur d œuvre d art, évoquant la fragilité de l être, la vanité de l existence et son inéluctable aboutissement. PUBLICITÉ Meubles Rossetti, Boudry Wohnshop Projecto, Lausanne The Castle Design, Carouge / Genève Structure 17, Genève Domiciles, Genève visu l

23 <wm>%zjx3+sty%p5%dxom%zq+dn6ie%qc%gzf.z%ir+f9hdp%07%nmv.i%p3+xaglgw6%4p%guiquxrw%ew%8t9ty-4gfvv3-z0-p6lxzqswj%=t%m2kz%ws%6mp51b%ey8yi-vaobgh-sb-zjqys/d5c."=w%lx%2vckyu%sq%5usvoyrbcxb%e7gob.ryh%wm%rowt0=swbyw%ij%kti"vqpdc'us%l0=2gi.47s%/2%iz/abn6p3op'%di%c8g9ap%'nqwx+cum+mo+lr%kjiw%8h9q+dfz4+v0fe%jw%txdnp7%uf</wm> <wm>%"0g1+bni%k6%4gh8%7s%tv'v6-lb4g"w-lt-/jhrloy8i%u3%9ndp%sy</wm> Living essentials La vie moderne évolue chaque jour Les systèmes d aménagement USM s adaptent aux changements. Découvrez la nouvelle brochure habitat «living essentials» sur Demandez-nous une documentation détaillée ou visitez nos distributeurs. Hadorn SA, Rue de l Hôtel-de-Ville 13, 2740 Moutier, Tél , hadorn.moutier@bluewin.ch Dally Bureau SA, Le Dally A Vuadens, 1630 Bulle, Tél , info@dally.ch, Forme + Confort SA, Place de la Cathédrale, 1700 Fribourg, Tél , info@formeplusconfort.ch Teo Jakob Tagliabue S.A., 8, Place de l Octroi, 1227Carouge, Tél , geneve@teojakob.ch, Round Office SA, 97, av. de Châtelaine, 1219 Genève, Tél , info@roundoffice.ch, Rossetti S.A., Fb Ph.-Suchard 7, 2017 Boudry, Tél , info@rossetti-mobilier.ch, Fino Diffusion Sàrl, Avenue de Cour 24, 1007 Lausanne, Tél , info@fino.ch, wohnshop projecto sa, Rue Neuve 8, 1003 Lausanne, Tél , info@wohnshop-projecto.ch, L Intemporel, Avenue de Tourbillon 5, 1950 Sion, Tél , info@intemporel.ch, USM U. Schärer Söhne AG, 3110 Münsingen, info@usm.com,