Inventaire-évaluation du site patrimonial déclaré de La Prairie

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1 Mongrain & Allard Consultants en histoire et patrimoine Inventaire-évaluation du site patrimonial déclaré de La Prairie Rapport final Décembre 2013

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3 17, rue Academy Sherbrooke (Qc) J1M 2A6 Inventaire-évaluation Site patrimonial déclaré de La Prairie Rapport final Photographie de la page couverture : Denis Tremblay, juin 2013

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5 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Équipe de travail Rédaction du rapport : Guy Mongrain, avec la collaboration de Julie Allard Textes historiques des immeubles : Julie Saint-Onge et Guy Mongrain Datation des immeubles : Guy Mongrain, Julie Allard et Arnaud Bessière Banque de données PIMIQ: Julie Allard, Guy Mongrain et Arnaud Bessière Évaluation de l authenticité des immeubles : Guy Mongrain, avec la collaboration de Julie Allard Évaluation patrimoniale des immeubles : Guy Mongrain Cartographie : Guy Mongrain Évaluation patrimoniale de l église paroissiale: Agathe Chiasson-Leblanc Photographies : Denis Tremblay, Guy Mongrain et Arnaud Bessière

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7 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Table des matières Introduction 1 Historique 3 État des connaissances sur le cadre bâti 4 Les valeurs patrimoniales 5 Recherche documentaire 9 Méthodologie 9 Cueillette des données sur le terrain 10 Versement des données dans le système PIMIQ 10 Évaluation de l état d authenticité des immeubles d avant-guerre 12 Évaluation de l intérêt patrimonial des bâtiments 15 Les caractéristiques physiques des immeubles 19 Le paysage bâti du site patrimonial 22 Les immeubles patrimoniaux 27 Les influences architecturales 28 Héritiers du régime français et adaptations de la première moitié du XIXe siècle 30 Les maisons traditionnelles québécoises 32 La maison mansardée 34 Les influences anglo-américaines 39 L architecture institutionnelle 41 Les styles marginaux 45 Les dépendances 47 L état de conservation et d authenticité 48 Valeur patrimoniale des immeubles 50 Des maisons historiques 53 Maison François-Barbeau , rue Saint-Ignace 54 Maison Hébert 55 Édifice de l Ancien-Cabinet-de-Asa-Taylor-Alexander 55 Auberge Pierre-Denault 56 Auberge Roy-Portelance 56 Maison Jean-Baptiste-Varin 57 Maison Joseph-Normandin 57 Maison Monique-Sénécal 58 Maison Magloire-Lanctôt 58 Maison Cheesman 59 Maison Alloir-dit-Roy 59 II

8 Mongrain & Allard Maison Angélique-Bouthillier 59 Maison Toussaint-Lefebvre I 60 Maison Toussaint-Lefebvre II 60 Maison Alexis-Sauvageau 61 Maison Patenaude 61 Édifice du Vieux-Marché 62 Magasin général Martin 62 Chapelle des Soeurs-de-la-Providence 63 Maison Léon-Benoît-Alfred-Charlebois 63 Bureau de poste de La Prairie 64 Couvent des Soeurs-de-la- 64 Providence 64 Couvent de la Congrégation-de-Notre-Dame 65 Presbytère de La-Nativité-de-la-Sainte-Vierge 65 Édifice de l Hôtel-de-Ville 66 Liste des sources consultées 67 Fonds d archives, centres de documentation et sites Internet 67 Études 68 III

9 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Liste des tableaux Tableau 1 : Grille d interprétation des données PIMIQ 11 Tableau 2 : Grille d évaluation de l état d authenticité des immeubles 13 Tableau 3 : Échelle de notation pour l état d authenticité 14 Tableau 4 : Critères et sous-critères pour l évaluation patrimoniale 16 Tableau 5 : Exemple d évaluation d un bien immobilier 17 Tableau 6 : Notation chiffrée et correspondance en lettre 17 Liste des cartes Carte 1 : Le vieux village et le site patrimonial de La Prairie 2 Carte 2 : L âge des bâtiments 21 Carte 3 : La forme des toits des bâtiments 22 Carte 4 : Les parements des bâtiments 24 Carte 5 : Les toitures traditionnelles des bâtiments 25 Carte 6 : Les influences architecturales 29 Carte 7 : L état d authenticité des bâtiments 49 Carte 8 : Valeur patrimoniale des bâtiments 51 Liste des abréviations MCC : Ministère de la Culture et des Communications PIMIQ : Patrimoine immobilier, mobilier et immatériel du Québec IV

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11 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie ngrain & Allard Introduction Consultants en histoire et patrimoine La réalisation de cet inventaire-évaluation s inscrit dans le cadre du partenariat entre la Ville de La Prairie et le ministère de la Culture et des Communications (MCC) pour la conservation et la mise en valeur du site patrimonial déclaré de La Prairie. Il découle d un constat : celui du besoin de disposer d un outil de connaissance exhaustif et actualisé en matière de patrimoine bâti. L inventaire-évaluation constitue en fait un complément nécessaire aux outils de planification, de règlementation et de gestion déjà développés par les divers intervenants pour assurer la conservation et la mise en valeur du site patrimonial de La Prairie. Il s incrit dans la continuité des outils et des orientations développés au fil des ans. Parmi les orientations, le MCC préconise une approche de gestion par les valeurs patrimoniales celles du site de La Prairie étant identifiées depuis quelques années qui vise à la fois la préservation de la matérialité de l objet patrimonial et la transmission des valeurs patrimoniales qu il incarne aux générations futures. Le plan de conservation du site patrimonial de La Prairie du MCC (en cours de révision) énonce quant à lui les orientations et les critères du MCC devant guider les interventions sur les biens qui y sont situés. À l échelle municipale, le site patrimonial de La Prairie est également assujetti aux règlements d urbanisme contenus dans le schéma d aménagement et de développement de la MRC de Roussillon (adopté le 26 mars 1987, révisé le 22 mars 2006) et dans les plans d implantation et d intégration architecturale (PIIA) de la Ville de La Prairie adoptés en mai L application de cette réglementation dans le site patrimonial se heurte à l état lacunaire des connaissances sur le cadre bâti. En effet, depuis la déclaration du site en 1975, le patrimoine bâti n a fait l objet que d études sommaires ou partielles. Le dossier de déclaration dressait une première liste d immeubles patrimoniaux. Revue et augmentée en 1991 par Jacques Robert, cette liste a donné lieu à une évaluation sommaire du cadre bâti et à une hiérarchisation des bâtiments selon leur intérêt patrimonial. Depuis, deux inventaires photographiques on été réalisés (en 1998 et 2004). À cela, il faut ajouter le court chapitre que consacre Guy Pinard à La Prairie dans ses chroniques architecturales des années 1980, les nombreuses contributions (plaques, articles, etc.) de la Société d histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine et quelques études plus spécifiques sur les édifices institutionnels, dont l église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge. La production d un inventaire-évaluation vise donc à augmenter les connaissances sur le site. Le présent inventaire-évaluation se concentre sur la partie la plus ancienne du site, soit le secteur compris entre les rues Saint-Henri, du Boulevard, Saint-Ignace et Saint-Laurent. Il s agit du vieux village de La Prairie tel qu on le dénomme communément. Il compte quelques 330 bâtiments, dont 120 bâtiments patrimoniaux, 65 bâtiments contemporains et 145 dépendances (carte 1). 1

12 Mongrain & Allard Carte 1 : Le vieux village et le site patrimonial de La Prairie 1 : mètres Rue Saint-Henri Rue Saint-Ignace 132/Autoroute 15 Rue Saint-Georges Rue Sainte-Marie Rue Émilie-Gamelin Rue Saint-Philippe Rue Saint-Laurent Rue Sainte-Marie Rue Saint-Jacques Chemin de Saint-Jean Rue du Boulevard Rue Saint-Laurent Limite du site patrimonial Site patrimonial de La Prairie Rivière Plus spécifiquement, le mandat vise à : caractériser les 185 bâtiments principaux et recenser les bâtiments accessoires présents dans le secteur visé colliger et compléter l information recueillie pour chaque bien inventorié sur le terrain (localisation, caractéristiques physiques, historique, valeur patrimoniale, etc.) dans une fiche du système de gestion et de diffusion du patrimoine du MCC (PIMIQ) évaluer la valeur patrimoniale des bâtiments principaux antérieurs à la Seconde Guerre mondiale définir la nature de l intérêt patrimonial global du site en faisant ressortir les grands constats qui se dégagent de l évaluation. 2

13 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Le présent rapport compte cinq parties. La première aborde la méthodologie adoptée pour réaliser l inventaire-évaluation. Elle présente entre autres les méthodologies de collecte des données, faisant appel tant à l analyse visuelle qu aux sources primaires, d évaluation de l état d authenticité et d évaluation patrimoniale. La seconde partie fait l analyse globale des données recueillies dans PIMIQ. Cette partie, qui traite de l ensemble des bâtiments principaux, établit d abord, sauf exception, les dates de construction de tous les immeubles principaux. Les principales caractéristiques des bâtiments principaux sont ensuite abordées, notamment l âge des immeubles, les volumes et les matériaux. La troisième section présente plus spécifiquement les bâtiments d avant-guerre. Les grands types d architecture y sont décrits, puis sont abordés l état d authenticité des immeubles ainsi que leurs évaluations patrimoniales. La quatrième et dernière partie présente de courtes synthèses historiques de bâtiments à forte valeur patrimoniale pour lesquels nous disposons de sources assez solides. Historique 1 Le territoire de l actuel arrondissement historique de La Prairie demeure pendant longtemps la tête de pont d un important couloir de communication entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu. Ce territoire est fréquenté par les Amérindiens depuis la préhistoire. C est pour eux un lieu de passage et de campement saisonnier avant de pénétrer à l intérieur des terres. En 1647, la seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine est concédée aux Jésuites. C est l une des premières concessions sur la rive sud de Montréal. Vingt ans plus tard, les Jésuites fondent la mission Saint François-Xavier-des-Prés pour sédentariser les Amérindiens et les convertir au christianisme. Parallèlement, les premières censives sont concédées. En 1673, on compte plus de 200 Amérindiens évangélisés vivant près des colons, mais la mission est déménagée trois ans plus tard ; elle sera finalement établie à Kahnawake en Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le noyau villageois prend forme. Un premier moulin à farine est construit en 1676 et une première église de bois, en Les deux principales artères, dont le tracé est déterminé par la rive du fleuve et une palissade érigée en 1689, sont alors établies. Les bâtiments sont implantés sur des lots étroits en bordure de la rue ou avec une faible marge de recul. À cette époque, La Prairie joue un rôle stratégique dans la défense de Montréal. En 1691, le fort résiste à l assaut d un contingent anglo-iroquois provenant de New York. La Prairie sert à la défense avancée de Montréal contre l envahisseur américain jusqu en La Prairie s impose aussi dans le réseau des échanges commerciaux comme plaque tournante dans le trafic des produits vers les États-Unis. Pendant le Régime français, l endroit est lié au commerce et à la contrebande de fourrures. Après la Conquête (1760), des commerçants britanniques s y installent et prennent en main l économie. La Prairie s imposera comme le chef-lieu de sa région. Son développement est accéléré par la construction en 1836 du premier chemin de fer au Canada, constitué de rails de bois, qui relie La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu. Les voya- 1 Le texte qui suit est tiré en grande partie du Plan de conservation du site patrimonial de La Prairie, en cours de révision par le MCC, dont nous sommes en partie les auteurs. 3

14 Mongrain & Allard geurs et les marchandises transportés par les navires et le train et qui transitent par La Prairie font entrer le village dans un véritable âge d or. Les rues Saint-Georges, Sainte-Marie, Saint-Jacques et du Boulevard sont alors tracées. L église actuelle est construite en 1840 par l architecte Pierre-Louis Morin ( ); la façade et le décor intérieur seront rénovés en 1856 par l architecte Victor Bourgeau ( ). L ouverture du canal de Chambly en 1843 et le prolongement du chemin de fer jusqu à Saint-Lambert en 1851 ralentissent la croissance de La Prairie. Cette période est aussi marquée par une catastrophe : le village brûle presque entièrement lors d un incendie en La reconstruction s effectue pourtant rapidement dans les années qui suivent. Le nouveau bourg, qui demeure un chef-lieu important, s étend ensuite progressivement hors de la zone palissadée, dans le quartier du Fort-Neuf, via entre autres le chemin de Saint-Jean qui s y poursuit. Vers 1890, l établissement de briqueteries donne un nouvel essor à l économie, qui ne progresse toutefois pas au même rythme que par le passé. De nombreux immeubles en brique font leur apparition dans le bourg, en bordure duquel un mur de digue est construit pour protéger le village des crues du fleuve. En 1909, La Prairie obtient le statut de ville. La construction du boulevard Taschereau en 1932, l inauguration de la voie maritime en 1959 ainsi que l aménagement de la route 132/A-15 en 1964 isolent cependant le Vieux-La Prairie de ses anciens axes de développement. En 1975, l arrondissement historique de La Prairie est décrété. Depuis, les efforts se multiplient pour revitaliser l arrondissement, témoin du passé de la ville et de sa place déterminante dans l histoire du Québec et du Canada au XVIIIe et dans la première moitié du XIXe siècle. État des connaissances sur le cadre bâti Jusqu à présent, les recherches historiques ont surtout porté sur la période d occupation datant du Régime français. La formation et l évolution du territoire villageois aux XVIIe et XVIIIe siècles de même que l histoire sociale de ses habitants, saisie dans le contexte plus large de l établissement et du développement de la seigneurie de La Prairie, sont les thèmes qui ont principalement retenu l attention des historiens et des archéologues. Les transformations survenues dans l arrondissement historique au XIXe siècle et au début du XXe siècle, alors que le village de La Prairie traverse un âge d or et qu il est bouleversé par deux importantes conflagrations, restent quant à elles à étudier. Cet inventaire s inscrit néanmoins dans le cadre d une série de travaux amorcées depuis la création du site patrimonial dans les années Le site a en effet suscité de nombreuses recherches, études et inventaires, résultat de l intervention gouvernementale en lien avec le milieu. Le patrimoine archéologique a été au coeur des recherches menées dans l arrondissement depuis sa création, tandis que le cadre bâti de l ancien village, qui présente pourtant un riche patrimoine architectural témoignant surtout de la reconstruction qui suit l incendie de 1846, a pour sa part reçu une attention beaucoup moins soutenue et demeure largement méconnu. Deux études sommaires recensent les bâtiments dits patrimoniaux. En 1975, le dossier de déclaration de l arrondissement dresse une première liste d immeubles patrimoniaux, basée sur un relevé photographique et descriptif des bâtiments effectué un an auparavant. Revue et augmentée en 1991 par Jacques Robert, cette liste donne lieu a une évaluation sommaire du cadre bâti de 4

15 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie l arrondissement et propose une hiérarchisation de tous les bâtiments selon leur intérêt patrimonial. Depuis, deux inventaires photographiques ont été réalisés (en 1998 et 2004) qui permettent de suivre l évolution de l extérieur des bâtiments. À ces travaux, il faut ajouter le court chapitre que consacre Guy Pinard à La Prairie dans le regroupement de ses chroniques architecturales des années Seuls quelques édifices institutionnels, entre autres l église de la Nativité-dela-Sainte-Vierge et le bâtiment de l ancien bureau de poste, ont fait l objet de recherches plus approfondies. Jusqu à tout récemment, la connaissance du bâti patrimonial de l arrondissement demeurait donc somme toute partielle puisqu on ne disposait pas d un réel inventaire du cadre bâti, un outil indispensable pour la conservation et la mise en valeur. Le présent inventaire constitue, à cet égard, une contribution car il documente, souvent pour la première fois, bon nombre de bâtiments. Le présent rapport présente le bilan de cet inventaire. À celui-ci s ajoute la masse d informations contenue dans la banque de données PIMIQ que l on peut questionner et bonifier de nouveau sous divers angles. La portée de cet inventaire repose en grande partie dans la création de cet outil. Les valeurs patrimoniales Valeur historique La valeur patrimoniale de l arrondissement de La Prairie repose sur son intérêt historique. Longtemps, ce territoire est la tête de pont d un couloir de liaison majeur entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu. Fréquenté par les Amérindiens depuis la préhistoire, il est concédé en seigneurie aux Jésuites en 1647 et une mission est fondée vingt ans plus tard. La Prairie joue un rôle stratégique pour la défense de Montréal avec l érection d une palissade en pieux en 1687, dont l alignement se voit encore dans le tracé de la ville. Le bourg s impose aussi dans le réseau des échanges commerciaux. La paroisse, créée en 1692, est l une des plus anciennes de la région de Montréal et l une des plus populeuses jusqu à son démembrement en Après la Conquête (1760), des commerçants britanniques s installent à La Prairie et prennent en main l économie. Son expansion est accélérée par la mise en place du premier chemin de fer canadien en C est l âge d or du bourg. L incendie de 1846 le détruit presque entièrement et la construction de nouvelles infrastructures de transport entraîne son déclin. Vers 1890, l ouverture de briqueteries donne un nouvel essor à son économie. De nos jours, l arrondissement témoigne du passé de La Prairie et de son importance dans l histoire du Québec. Valeur archéologique La valeur patrimoniale de l arrondissement repose aussi sur son intérêt archéologique. Les sites recensés permettent de reconstituer les campements amérindiens préhistoriques, la mission jésuite, le fort français, le cadre bâti durant le régime seigneurial ainsi que les briqueteries du XIXe siècle. Les archéologues ont notamment mis au jour les vestiges d une habitation semi-souterraine du XVIIe siècle de tradition médiévale peut-être unique au Québec. Les composantes archéologiques illustrent le système défensif en Nouvelle-France, documentent les échanges sociaux et économiques entre les Amérindiens et les colons ou encore évoquent la vie domestique et les pratiques religieuses. Elles témoignent de l importance géographique du lieu et de l ancienneté de son occupation. 5

16 Mongrain & Allard Valeur urbanistique La valeur patrimoniale de l arrondissement repose également sur l intégrité de sa trame villageoise. Le réseau actuel du vieux bourg est formé d anciennes rues étroites et irrégulières qui rappellent le tracé trapézoïdal de l ancien fort. Les deux principales artères sont tracées au XVIIe siècle. Les bâtiments occupent des lots étroits et profonds, mais sont implantés en bordure de la rue ou avec une faible marge de recul de la voie publique. Le chemin de Saint-Jean mène de la mission jésuite et de la maison seigneuriale à la rivière Richelieu. L intersection de la rue Sainte-Marie et du chemin de Saint-Jean évoque l ancienne église paroissiale et la première place du marché. Les rues Saint-Georges et Sainte-Marie sont tracées au XVIIIe siècle. Enfin, le mur d une digue érigée en bordure du fleuve à la fin du XIXe siècle retrace l emplacement initial du rivage, aujourd hui très éloigné en raison du remblayage occasionné par la construction de la voie maritime du Saint-Laurent et d une autoroute. La trame de l arrondissement témoigne donc de près de quatre siècles d histoire. Valeur architecturale La valeur patrimoniale de l arrondissement repose enfin sur sa concentration de bâtiments anciens. Environ 50 pour cent de ceux-ci ont plus de cent ans et certaines habitations remonteraient au Régime français. Les résidences en bois du XIXe siècle dominent le paysage. L église, conçue en 1840 par Pierre-Louis Morin ( ), est l un des éléments architecturaux les plus intéressants du secteur. Sa façade et son décor intérieur, rénovés en 1856, sont l oeuvre de l architecte Victor Bourgeau ( ). L édifice en brique rouge du Vieux-Marché (milieu du XIXe siècle) et l ancien bureau de poste en pierre (1892) comptent aussi parmi les édifices remarquables de La Prairie. 6

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19 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie ngrain & Allard Consultants en histoire et patrimoine Méthodologie Le mandat reposait d abord sur la caractérisation physique de chacun des 185 bâtiments principaux au moyen des rubriques comprises dans la banque de données PIMIQ. Pour effectuer le travail de manière adéquate, la séquence des travaux suivante a été adoptée : Recherche documentaire Cueillette des données de caractérisation physique et prise de photographies sur le terrain Versement des données dans le système PIMIQ Évaluation de l état d authenticité des bâtiments d avant-guerre Caractérisation typologique des bâtiments d avant-guerre Évaluation patrimoniale des bâtiments d avant-guerre En complément à ce travail, le mandat comportait aussi la recension et la prise de photographies des dépendances situées dans les limites du secteur étudié. Recherche documentaire Une première étape consistait à documenter les 185 bâtiments principaux qui composent cet inventaire, notamment pour les dater correctement et suivre leur évolution à travers le temps. Une partie de cette recherche s est effectuée préalablement à la cueillette des données sur le terrain (plans anciens, photographies aériennes, iconographies anciennes, dossiers au MCC). Ce sont des sources incontournables qui ont servi entre autres à établir les balises de la datation. La seconde étape de recherche s est déroulée parallèlement à la saisie des données. Elle servait à préciser l analyse et faisait appel aux sources sérielles (recensements, rôles d évaluation et permis de construction) et aux actes notariés du registre foncier du Québec. Le tableau 1 indique les multiples champs d information PIMIQ pour lesquels la recherche documentaire a apporté des réponses plus précises. Par exemple, les plans anciens et d assurance-incendie ont permis de déterminer entre autres le plan d origine, la présence d anciennes annexes ou les matériaux structuraux d origine. Le but de l exercice était aussi de dater le plus précisément possible les bâtiments, ce qui a permis de juger plus adéquatement, par exemple, l état d authenticité et la valeur patrimoniale. 9

20 Mongrain & Allard Axe de recherche Les recherches historiques sur le site patrimonial se sont surtout concentrées sur la période du régime français. Or, le patrimoine bâti du site comporte peu de ces bâtiments, en raison de l incendie qui détruit presque totalement le village en En terme de patrimoine bâti, c est le village qui se reconstruit aussitôt après la conflagration qui constitue sans doute le legs fondamental du site de La Prairie. Ce patrimoine n avait pourtant pas reçu toute l attention nécessaire. Le présent inventaire a tenté de palier modestement à ce problème en effectuant un nécessaire retour aux sources primaires. Une recherche plus approfondie a également été menée pour fournir les bases documentaires nécessaires à la rédaction des textes de synthèse historique qui accompagnent les fiches détaillées des biens immobiliers avec une forte valeur patrimoniale. Cette démarche a permis entre autres de nommer, pour la première fois, une trentaine d immeubles qui n avaient d identification que leur adresse. En outre, elle a aussi permis de valider ou d invalider les noms d immeubles établis jusqu ici. Cueillette des données sur le terrain La partie inventaire du mandat a débuté par une campagne de terrain réalisée à la fin du mois de mai 2013 par deux équipes de deux personnes. Toutes les façades accessibles visuellement de l emprise publique ont été photographiées et, dans certains cas, des détails architecturaux d intérêt. En tout, de deux à cinq photos ont été prises pour chaque bien. De nombreuses informations descriptives ont aussi été relevées puis versées dans les fiches PIMIQ (caractéristiques architecturales extérieures du bien). Le travail sur le terrain visait à documenter les champs PIMIQ suivants (voir aussi tableau 1) : Les coordonnées physiques (adresse, coordonnées GPS) ; Caractéristiques architecturales (plan d origine, volume, annexes, saillies, forme des ouvertures et du toit, ornementation) ; L état des matériaux (parement, ouvertures, toit); L aspect visuel des bâtiments. Versement des données dans le système PIMIQ Une fiche PIMIQ a été complétée pour chaque bien inventorié. Outre les données administratives (nom, adresse, coordonnées GPS, statut juridique, etc.) et photographiques, chaque fiche contient les éléments descriptifs indiqués au tableau 1, de même que des informations historiques (date de construction, personnages associés, fonction d origine) que les recherches documentaires d appoint ont permis d inclure. Il y a plusieurs façons de saisir les données descriptives dans le système PIMIQ. L une consiste à décrire l immeuble sans faire de distinction entre les caractéristiques patrimoniales et les éléments contemporains. Une autre tend plutôt à distinguer les caractéristiques à valeur patrimo- 10

21 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie niale des éléments contemporains. Nous préconisons une approche hybride qui oscille entre la description des formes et matériaux et la recension des seules composantes patrimoniales pour les saillies, annexes et ornements. Une terrasse récente n a donc pas été indiquée, puisqu elle ne présente pas de valeur patrimoniale. Pour les matériaux, leur description suffit pour distinguer une composante patrimoniale. Par exemple, l indication d un parement contemporain indique de facto une composante non patrimoniale. Le tableau 1 fournit les clés d interprétation pour que les intervenants puissent lire correctement l information recensée. Il indique aussi les cas où l on a noté l état de conservation par appréciation visuelle, où le retour aux sources primaires a été souhaitable et où des méthodologies particulières ont été utilisées. Les fiches PIMIQ deviennent ainsi de véritables outils de connaissance et de gestion pour les intervenants. Tableau 1 : Grille d interprétation des données PIMIQ Champ Description visuelle Appréciation visuelle de l état de conservation Utilisation de sources primaires souhaitable Méthodologie particulière État physique (état de conservation) X État d authenticité X Plan au sol d origine X X Nombre d étages X Groupement X Matériaux structuraux X Annexes P X Saillies P X Fondations (matériau) X Façades (matériau) O X Toit (forme) X Toit (matériau) O X X Porte principale (type et matériau) O X Fenêtres (forme) X Fenêtres (matériau) O X Lucarnes (forme) X Lucarnes (matériau) X X Ornementation P Typologie formelle X Catégorie fonctionnelle X Date de construction X Évaluation patrimoniale X X P O Seuls les éléments patrimoniaux sont notés La recension de matériaux comtemporains indique le caractère non patrimonial de ces derniers 11

22 Mongrain & Allard Évaluation de l état d authenticité des immeubles d avant-guerre L évaluation de l état d authenticité se résume souvent à une simple inspection visuelle. L expérience nous apprend pourtant qu une bonne connaissance des archétypes d antan ne suffit pas. En fait, le retour aux sources primaires disponibles et aux autres documents, tels les sources iconographiques, est souhaitable la plupart du temps. Selon nous, l évaluation de l état d authenticité ne peut faire l économie d une date de construction réaliste (voir encadré), car celle-ci constitue la pierre d assise de notre évaluation. Comment, en effet, juger de la même façon une maison québécoise des années 1830 et un bâtiment cubique des années 1910 sans tenir compte de leur ancienneté? En vérité, plus les immeubles sont récents, plus ils sont susceptibles de présenter des caractéristiques d origine. En toute logique, nous avons donc varié donc le poids de nos critères d évaluation selon l âge des bâtiments (tableau 2). Pour l évaluation de l état d authenticité d un immeuble, quatre composantes architecturales ont été examinées en fonction d une échelle de datation (plan et volume, matériaux de revêtement, ouvertures et ornements). La note globale est obtenue par la somme des notes pour chacune des composantes (100%). Le pourcentage obtenu est converti en note qualitative (tableau 3). Le plan et le volume L évaluation reposait sur la lisibilité du plan et du volume. Son importance était prépondérante lorsqu il s agissait d immeubles anciens. Le critère de plan et volume perdait de son importance au fil des ans, mais il comptait toujours pour au moins le tiers de la note finale. Les matériaux de revêtement L évaluation reposait sur le maintien des matériaux d origine ou la présence d un matériau de remplacement similaire. Ont aussi été considérés les matériaux de remplacement anciens qui témoignaient de l histoire du bâtiment. Les matériaux évalués se limitaient aux parements des façades et au revêtement des toits (sauf les toit plats). Le critère des matériaux gagnait en importance au fil du temps. Les ouvertures L évaluation reposait sur le maintien du type, de la dimension et de l ordonnancement des ouvertures d origine. Elles devaient sembler correspondre aux ouvertures d origine. Les ouvertures évaluées se limitaient à la porte principale, aux fenêtres et aux lucarnes. Le critère des ouvertures gagnait en importance au fil du temps. Les ornements L évaluation reposait sur la présence des ornements d origine. Ils devaient sembler correspondre à l ornementation d origine. La présence d un nombre significatif d ornements était nécessaire. Des planches cornières, par exemple, ne suffisaient pas pour obtenir une note. Dans ce cas, l ornementation n a pas été notée et l évaluation de l état d authenticité ne portait que sur les trois composantes précédentes. Le critère des ornements comptait toujours pour 10% de la note finale, sauf pour les cas particuliers. 12

23 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Tableau 2 : Grille d évaluation de l état d authenticité des immeubles Période 1850 et moins Plan et volume Excellent Bon Passable Mauvais Matériaux Excellent Bon Passable Mauvais Ouvertures Excellent Bon Passable Mauvais Ornements* Excellent Bon 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 7,5 Passable Mauvais Note Totale * Lorsqu il y avait absence d ornements, la note était établie sur 90, note que l on a convertie ensuite en pourcentage. 13

24 Mongrain & Allard Tableau 3 Échelle de notation pour l état d authenticité Note Correspondance Valeur patrimoniale 91 à 100 A Exceptionnelle 81 à 90 B Bonne 71 à 80 C Moyenne 70 et moins D Faible Dater convenablement des immeubles La date ou l époque de construction est une information capitale en raison de son incidence sur l évaluation de l état d authenticité et du niveau d intérêt patrimonial d un bien. Pour mener à bien le travail d évaluation à La Prairie, les dates de construction, plus souvent présumées que vérifiées, ont été réévaluées à l aide des sources disponibles, plus faciles d accès que jamais. Dans de très nombreux cas, nous avons eu recours au registre foncier du Québec. Une datation erronée affaiblit grandement l évaluation patrimoniale en raison notamment du poids qu occupe l ancienneté dans l évaluation des immeubles patrimoniaux. Par ricochet, l authenticité se trouve alors évaluée à la lumière d une fausse prémisse, basée souvent uniquement sur une perception visuelle. Deux exemples permettent de juger des écarts qui peuvent poser de graves problèmes d interprétation. On a longtemps présumé que le 102, rue Saint- Georges, aurait été construit au début du XIXe siècle. Or, de courtes recherches ont permis d établir qu il a plutôt été construit au début des années Photographie : Denis Tremblay, Une maison du chemin de Saint-Jean à La Prairie construite... en 1998! Photographie: Arnaud Bessière,

25 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Évaluation de l intérêt patrimonial des bâtiments L inventaire-évaluation que nous proposons est, par le statut juridique rattaché au site, d une portée nationale. C est donc dire que tous les bâtiments du site patrimonial ont été analysés à travers une grille qui en tient compte. C est dans cette optique que notre méthodologie s appuie sur les critères et sous-critères d évaluation patrimoniale développés par le MCC et contenus dans le système PIMIQ. La sélection, la définition et la pondération des critères et sous-critères étant laissées au consultant, nous exposons ici nos choix. Pour le cas du site patrimonial de La Prairie, trois critères principaux ont été considérés : l intérêt historique, l intérêt artistique et architectural et la valeur d usage 1. Trois sous-critères ont été retenus pour le critère d intérêt historique, deux sous-critères pour l intérêt architectural et un souscritère pour la valeur d usage (tableau 4). Chaque sous-critère a été noté au moyen d un choix de réponses. En général, cinq choix de réponses étaient proposés, le premier valant quatre points, le deuxième trois points, etc. (tableau 4). Pondération Chaque sous-critère était noté au moyen d un choix de réponses. En général, cinq choix de réponses étaient proposés, le premier valant quatre points, le deuxième trois points, etc. (tableau 4). Pour chaque critère, une seule note a été retenue: la plus élevée parmi les sous-critères (tableau 5). Puisque trois critères ont été considérés, trois notes étaient obtenues, mais la valeur de celles-ci a été pondérée. L intérêt historique ainsi que l intérêt artistique et architectural comptaient respectivement pour 40 % de la note finale et la valeur d usage pour 20%. Considérant le poids relatif de chaque critère dans l évaluation, on a obtenu la note finale sur 100 par la formule suivante : ((Note Ihis*5)+(Note Iaa*3)+(Note Ivu*2))*2,5 Ihis : intérêt historique; Iaa : intérêt artistique et architectural ; Ivu : valeur d usage Les notes ont ensuite été transformées sous la forme d une notation en lettre de A à D pour assurer une certaine uniformité avec les autres inventaires produits en collaboration avec le MCC. Le tableau 3 indique les barèmes qui s appliquaient pour la transformation vers la notation chiffrée. 1 Précisons que nous avons écarté l intérêt archéologique et l intérêt paysager pour des raisons qui nous semblent logiques. Dans le premier cas, il faut rappeler que le site patrimonial possède un très fort patrimoine et potentiel archéologiques. Il a cependant surtout été révélé sur des terrains vacants ou sur des terrains de résidences ou institutions. Or, le mandat ne concerne que les biens immobiliers. Dans ce contexte, il serait hasardeux et techniquement difficile de spéculer sur de possibles découvertes en lieu et place d un bâtiment existant. Quant à l intérêt paysager, tous les immeubles inventoriés sont situés dans un paysage culturel remarquable : le bourg de La Prairie, tel qu identifié dans le plan de conservation de Évaluer leur valeur patrimoniale selon ce critère équivaudrait à donner une même note à chaque immeuble. 15

26 Mongrain & Allard Intérêt historique Ancienneté Immeuble pré Immeuble Immeuble Immeuble Immeuble Association à un personnage ou à un groupe Participant à des événements nationaux (Troubles de , vie politique nationale, etc.) 4 Contribuant grandement à un domaine particulier (scientifique, etc.) 3 Participant à des événements régionaux (développement des fronts pionniers, etc.) 2 Participant à des événements locaux (affaires municipales, etc.) 1 Aucun personnage ou groupe associé au bien immobilier 0 Importance dans l'histoire locale, régionale ou nationale Lieu lié à une dimension importante de l histoire nationale (histoire seigneuriale, vie politique nationale, etc.) 4 Lieu lié à une dimension importante de l histoire régionale (municipalité de paroisse, etc.) 3 Lieu lié à une dimension importante de l histoire locale (vie villageoise, vie ouvrière, etc.) 2 Intérêt artistique et architectural Authenticité Immeuble qui a conservé ses caractérisques architecturales d origine 4 Immeuble qui a conservé la plupart de ses caractérisques architecturales d origine 3 Immeuble dont on ne distingue plus plusieurs caractéristiques architecturales d origine 2 Immeuble dont on ne distingue plus les caractéristiques architecturales d origine, mais dont on perçoit encore quelques traits d'origine, notamment le volume Immeuble dont on ne distingue plus les caractéristiques architecturales d'origine 0 Situation dans la production courante Tableau 4 : Critères et sous-critères pour l évaluation patrimoniale Immeuble dont la représentativité est excellente 4 Immeuble dont la représentativité est bonne 3 Immeuble dont la représentativité est moyenne 2 Immeuble dont la représentativité est faible 1 Immeuble sans aucune représentativité 0 Valeur d usage Pérennité de l'usage L immeuble a conservé sa fonction d'origine 4 L immeuble a perdu en partie sa fonction d'origine, mais l'architecture témoigne encore de la fonction d origine L immeuble a perdu sa fonction d'origine, mais l'archictecture témoigne encore de la fonction d origine 2 L immeuble a changé de fonction : lecture difficile des anciennes fonctions (perte d intégrité) 1 L immeuble a changé de fonction ; l'architecture a été complètement transformée 0 Intérêt paysager Association à un paysage culturel ou représentatif d un paysage culturel L immeuble est un témoin contribuant de manière exceptionnelle à un paysage culturel 4 L immeuble est un témoin contribuant de manière importante à un paysage culturel 3 L immeuble est un témoin contribuant moyennement à un paysage culturel 2 L immeuble est un témoin contribuant faiblement à un paysage culturel 1 L immeuble est un témoin contribuant de manière exceptionnelle à un paysage culturel 0 Note 1 3 Critère Sous-critère 16

27 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Tableau 5 Exemple d évaluation d un bien immobilier Intérêt historique Notation Ancienneté 4 Association à un personnage ou à un groupe 0 Association à un personnage ou à un groupe 0 Intérêt artistique et architectural Note retenue 4 40 % de l évaluation totale 40 Authenticité 3 Situation dans la production courante 2 Valeur d usage Note retenue 3 40 % de l évaluation totale 30 Pérennité de l usage 4 Note retenue 4 20 % de l évaluation totale 20 Note totale 90 Critère Sous-critère Tableau 6 Notation chiffrée et correspondance en lettre Note Correspondance Valeur patrimoniale 91 à 100 A Exceptionnelle 81 à 90 B Bonne 71 à 80 C Moyenne 70 et moins D Faible 17

28 Mo

29 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie ngrain & Allard Les caractéristiques physiques des immeubles Consultants en histoire et patrimoine L inventaire-évaluation réalisé couvre l ensemble des bâtiments principaux et secondaires de l ancien village de La Prairie, c est-à-dire la portion du site patrimonial contenue dans ce qu on appelle le vieux village. En tout, près de 330 immeubles y sont répertoriés, dont près de 145 dépendances. Seuls les 185 bâtiments principaux, des résidences pour la plupart, ont fait l objet d une caractérisation architecturale. La présente section insiste d abord sur les grandes caractéristiques des bâtiments principaux. Nous y traitons d abord de l âge des bâtiments. Un court bilan des caractéristiques du paysage bâti est ensuite proposé et aborde le volume des immeubles, la forme des toits, les matériaux de structure, de revêtement et de fondation. L analyse s accompagne de représentations cartographiques illustrant la répartition spatiale des diverses thématiques. 19

30 Mongrain & Allard L âge des bâtiments Pour les fins du présent mandat, tous les bâtiments principaux ont fait l objet d une tentative de datation précise. L opération fut certes plus difficile dans certains cas. Dans le cas des immeubles plus anciens, entre autres, l établissement d une chaîne de titres remontant jusqu au propriétaire-constructeur reste une opération difficile à mener dans un délai raisonnable. Le succès de l opération ne fait cependant aucun doute. Ainsi, des quelques 185 bâtiments principaux du site patrimonial, moins d une trentaine restent datés approximativement. Un autre groupe composé d une cinquantaine d immeubles sont datés à l aide d un intervalle d années, bien souvent moins de cinq ans. Enfin, près d une centaine d immeubles sont maintenant datés avec précision. Les bâtiments construits avant 1850 Le cadre bâti du site patrimonial montre un degré d ancienneté assez élevé. D après les recherches, neuf bâtiments auraient survécu à l incendie de Ce nombre ne comprend pas ceux qui contiennent des vestiges les murs en pierre notamment ayant servi aux reconstructions. Quant aux maisons construites dans les années qui suivent l incendie, le présent inventaire recense onze cas où les sources documentaires ont permis d authentifier la date de construction de celles-ci. À ce nombre s ajoutent une dizaine de maisons probablement construites à la même époque, mais pour lesquelles la recherche effectuée jusqu à présent ne permet pas de valider la date de construction présumée à l aide de sources documentaires. En tout, on peut donc estimer qu il subsiste une vingtaine de maisons construites entre 1846 et le début des années Les immeubles de la seconde moitié du XIXe siècle Le corpus compte un peu moins de 25 bâtiments construits entre le début des années 1860 et le tournant du XXe siècle. Ce groupe comporte un certain nombre d édifices institutionnels (vieux Marché, Bureau de poste, etc.), mais il reste, comme pour les autres groupes de bâtiments, un corpus largement résidentiel. Les immeubles du premier quart du XXe siècle Dans tous les villages du Québec, le paysage est très marqué par les immeubles du premier quart du XXe siècle, notamment ceux coiffés d un toit plat. Le village de La Prairie ne fait pas exception. Près d une soixantaine d immeubles de cette époque subsistent dans le site patrimonial. Ils représentent à eux seuls plus de 30 % des immeubles du site patrimonial, un pourcentage qui s élève à plus de 50 % si l on tient compte uniquement de ceux construits avant Ces chiffres sont d autant plus impressionnants lorsqu on constate la baisse spectaculaire des constructions observée entre 1930 et Moins de 10 immeubles de cette période subsistent. De l Après-Guerre jusqu à aujourd hui Le dernier tiers du corpus immobilier du site patrimonial se compose de bâtiments construits dans les 70 dernières années. Une bonne partie de ces 60 immeubles sont construits entre 1945 et 20

31 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Carte 2 : L âge des bâtiments 1 : mètres Rue Saint-Henri Rue Saint-Ignace 132/Autoroute 15 Rue Saint-Georges Rue Sainte-Marie Rue Émilie-Gamelin Rue Saint-Philippe Rue Saint-Laurent Rue Sainte-Marie Rue Saint-Jacques 1800 à à 1890 Chemin de Saint-Jean Rue du Boulevard Limite du site patrimonial 1891 à à 1945 Rue Saint-Laurent 1946 à aujourd'hui 1960, essentiellement des bungalows de première génération. La mise en chantier de nouveaux bungalows ou d immeubles à logements multiples s effectue par la suite à un rythme régulier, ce qui ajoute environ 25 immeubles récents au paysage bâti du site patrimonial. La carte 2 montre la répartition spatiale de bâtiments selon leurs dates de construction. Comme on peut le constater, peu de constructions d Après-Guerre sont érigées dans le cœur de l ancien bourg. Inversement, plusieurs de ces immeubles occupent les marges du village, notamment sur les rues Saint-Laurent et Saint-Philippe, où de nombreux lots sont développés dans les années 1950, ainsi que sur le flanc nord de la rue du Boulevard. La carte démontre que la survivance des immeubles anciens est suffisament importante pour permettre une lecture de l avancée du périmètre villageois. Enfin, malgré les pertes que l on rencontre ici et là, le coeur ancien du village demeure et son cadre bâti témoigne d une période de construction relativement courte comprise, sauf exception, entre 1846 et la Première Guerre mondiale. 21

32 Mongrain & Allard Le paysage bâti du site patrimonial Le volume des constructions Les maisons d un étage avec comble et toit à deux versants Le site patrimonial se compose largement d immeubles avec une fonction résidentielle. Le cadre bâti du site patrimonial comprend surtout des résidences détachées d une hauteur variant généralement d un étage à deux étages et demi. Les maisons d un étage et demi avec comble aménagé et toit à deux versants présentent pour leur vaste majorité un plan rectangulaire. Les maisons d un étage avec toit à deux versants, pour la plupart des bungalows de l Après-Guerre, poursuivent le volume des anciens bâtiments, mais avec des combles de moindres dimensions et non aménagés. Les maisons du XIXe siècle d un étage et demi avec toit à deux versants, concentrées dans la partie la plus ancienne du vieux bourg, représentent toujours 20 % (40 maisons) du bourg élargi, beaucoup plus si l on exclut les rues périphériques développées après la Seconde Guerre mondiale. En intégrant ces dernières, ce pourcentage atteint près de 40 %. Carte 3 : La forme des toits des bâtiments 1 : mètres Rue Saint-Henri Rue Saint-Ignace 132/Autoroute 15 Rue Saint-Georges Rue Sainte-Marie Rue Émilie-Gamelin Rue Saint-Philippe Rue Saint-Laurent Rue Sainte-Marie Rue Saint-Jacques À deux versants Mansardé Chemin de Saint-Jean Rue du Boulevard Limite du site patrimonial À croupes Rue Saint-Laurent Plat Autre 22

33 Inventaire-évaluation du site patrimonial de La Prairie Les maisons de deux étages avec toit plat Si les maisons de plan rectangulaire à un étage avec comble sont des marqueurs importants de l ancien bourg, les volumes de deux étages à toit plat sont encore plus nombreux. Plus de 80 de ces résidences occupent des lots de l ancien village. En raison de l incendie de 1901 survenu dans le secteur de l église, on observe une concentration de maisons de ce type sur la rue Sainte- Marie (carte 3). Les petites rues offrent donc aux passants un cadre bâti typique des vieux villages québécois où se côtoient les maisons à un étage avec comble et les maisons de deux étages à toit plat. Ces volumes s insèrent cependant dans une trame de rue très ancienne, antérieure à la formation de la plupart des villages québécois. Ce trait caractéristique jumelé aux volumes observés font du site patrimonial de La Prairie un lieu singulier dans le paysage villageois québécois. Autres volumes À travers cette trame générale du paysage villageois, on recense aussi des marqueurs bâtis plus importants. L église paroissiale domine toujours l espace urbanisé et ce, bien au-delà du périmètre villageois. Les immeubles institutionnels que sont les anciens ensembles conventuels agissent également comme des points de repères notables dans le secteur du noyau institutionnel. Une dizaine d immeubles de trois étages, des résidences pour la plupart, s insèrent dans la continuité des volumes du bourg ancien. Les maisons mansardées témoignent notamment de la transition entre les volumes à deux versants et les toits plats qui deviennent la norme au début du XXe siècle. Enfin, on compte des immeubles à logements multiples de trois ou quatre étages aux marges du site. Si les toits à deux versants et plats coiffent les trois quarts des maisons du site patrimonial, restent néanmoins près d une cinquantaine de maisons qui échappent à ces tendances lourdes. Le toit mansardé, si présent ailleurs au Québec, ne recouvre qu une quinzaine de résidences seulement. Ce nombre restreint s explique par le fait que le cadre bâti, reconstruit après l incendie de 1846, est encore relativement jeune lors de l apparition de ce type de toit vers Les toits à croupe sont aussi nombreux, mais on les rencontre essentiellement dans la partie du site développée après la Seconde Guerre mondiale, contrairement aux toits mansardés (carte 3). Les matériaux La structure Sans surprise, le recensement des matériaux de structure, réalisé en bonne partie grâce aux cartes anciennes, révèle que la vaste majorité des maisons du site sont construites en bois, toutes époques confondues. De ce nombre, il subsisterait, selon les relevés du MCC, cinq ou six structure en pièce sur pièce, la technique de construction qui prévalait du XVIIe siècle au milieu du XIX siècle. Il s agit probablement d un minimum. La brique et la pierre sont aussi employées comme matériaux structuraux, mais dans une proportion moindre. Une dizaine de cas ont été répertoriés pour chacun de ces matériaux et ce, pour les bâtiments anciens uniquement. 23

34 Mongrain & Allard Carte 4 : Les parements des bâtiments 1 : mètres Rue Saint-Henri Rue Saint-Ignace 132/Autoroute 15 Rue Saint-Georges Rue Sainte-Marie Rue Émilie-Gamelin Rue Saint-Philippe Rue Saint-Laurent Rue Sainte-Marie Rue Saint-Jacques Bois Chemin Saint-Jean Rue du Boulevard Limite du site patrimonial Brique Pierre Rue Saint-Laurent Contemporain Les parements Comme nous traitons du paysage bâti, les parements extérieurs nous intéressent davantage que les matériaux de structure, par ailleurs rarement apparents, sauf pour la brique et la pierre. Les revêtements des structures dévoilent un paysage contrasté qui témoigne, d une part, de la conservation des matériaux d origine ou des matériaux de remplacement anciens et, d autre part, de l utilisation de matériaux contemporains pour les bâtiments récents ou anciens. Débutons par le revêtement des façades principales. Premier constat: le bois, surtout sous forme de planches à clin, recouvre moins de 40 façades sur rues. Il s agit pour la plupart de parements qu arborent des maisons anciennes du site patrimonial. Dans l histoire de La Prairie, le bois a rapidement laissé place à la brique qui, dès après la conflagration de 1846, est portée à l honneur (carte 4). Une cinquantaine de témoins se parent ainsi de brique, mais la moitié d entre eux datent de l Après-Guerre. Ceci rappelle que la brique demeure encore aujourd hui un parement utilisé pour la façade publique des résidences et des immeubles à logements multiples. La pierre, un matériau qui a un bon potentiel de survivance en raison de sa résistance aux incendies, est aussi présente à La Prairie. On y retrouve notamment des vestiges de murs en pierre antérieurs 24

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