Séance 2 : La sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. Amandine SULTANA L.P. A. Maillol PERPIGNAN
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- Émilien Labrie
- il y a 8 ans
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1 Séance 2 : La sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne Amandine SULTANA L.P. A. Maillol PERPIGNAN
2 Doc. 1 : Et si l augmentation des prix était une chance pour l Afrique? L Afrique est aujourd hui importateur net de denrées alimentaires. Or sa population devrait doubler dans les quarante prochaines années, passant d environ 800 millions aujourd hui à 1,8 milliard d habitants en La population des villes africaines, la plus vulnérable à la hausse actuelle des prix, devrait quant à elle tripler en seulement deux décennies. Pour se préserver de crises alimentaires endémiques, l Afrique devra donc compter sur son propre potentiel agricole. Elle devra transformer le formidable défi de la hausse des prix en une chance pour son développement économique. L agriculture africaine a en effet gravement souffert par le passé de la baisse continue des prix des denrées agricoles sur les marchés mondiaux. Avec les produits importés de plus en plus chers, les prix des produits africains vont redevenir attractifs. Les villes du continent noir devront davantage s approvisionner sur les marchés locaux, nationaux et régionaux. Les campagnes seront-elles capables de répondre rapidement à cette demande croissante? C est tout l enjeu de nos politiques d accompagnement et la véritable solution aux difficultés actuelles. L agriculture africaine possède un fort potentiel de développement. Malgré d importantes disparités géographiques, et contrairement à une idée répandue, le continent dispose, en effet, de ressources hydriques abondantes mais insuffisamment exploitées. Il bénéficie également d importantes réserves de terres et de maind œuvre. En outre, l agriculture africaine est très faiblement mécanisée, peu utilisatrice d engrais et très insuffisamment accompagnée par la recherche agronomique, ses marges de productivité sont considérables. Mais le nécessaire accroissement de la production africaine ne se fera qu au prix d ajustements sérieux. Il est du devoir et de l intérêt de la communauté internationale d accompagner ces efforts. Jacques Diouf Directeur général de la FAO Jean-Michel Severino Directeur général de l Agence française de développement Source : Le Monde, Dossiers et Documents, n 379, octobre 2008
3 Document 1 La question de fond qui sous-tend ce texte est la suivante : l Afrique subsaharienne est-elle en mesure de satisfaire les besoins alimentaires de sa population, de plus en plus nombreuse? Les auteurs réaffirment la nécessité pour l Afrique de compter d abord sur elle-même pour résoudre la question de l insécurité alimentaire. En effet, ils montrent qu elle ne manque pas d atouts pour y arriver. Certes, il faudra que la communauté internationale l aide dans cette entreprise, mais l insécurité alimentaire qui la caractérise depuis longtemps est loin d être une fatalité ; en mettant à profit ses potentialités, en intensifiant un peu plus ses systèmes de production, elle peut relever le défi de la sécurité alimentaire. Ce défi est d autant plus important que l accroissement démographique se poursuit encore à un rythme soutenu.
4 Doc. 2 : La sous-alimentation en Afrique subsaharienne
5 Document 2 Cette carte montre, d une part, l importance de la sousalimentation en Afrique et, d autre part, souligne la différenciation spatiale qui existe. En effet, les proportions de personnes sous-alimentées varient aussi bien au niveau des ensembles régionaux que des pays. Il y a une différence nette entre l Afrique de l Ouest et l Afrique Orientale ou encore entre le Mali et le Kenya ; ici moins d un tiers de la population est confronté à des problèmes de sous-alimentation, là plus d un tiers est concerné. Si la question de la sous-alimentation est permanente en Afrique subsaharienne, son analyse, en revanche, invite à mettre en exergue les disparités spatiales.
6 Doc. 3 : Crises en Afrique
7 Document 3 Cette carte met en relief les principales crises dont le continent noir a été ou est le théâtre depuis au moins trois décennies. Celles qui touchent aux problèmes alimentaires en général n en sont pas les moindres. Toutefois, pour les comprendre, il faut non seulement prendre en compte les calamités climatiques (point sur lequel la carte est muette), mais aussi les tensions et les conflits armés. En effet, ils minent le développement agricole et plongent des millions de personnes dans des situations d insécurité alimentaire, parfois chroniques. Même si les situations sont différentes suivant les pays, il n en demeure pas moins que la question alimentaire en Afrique subsaharienne n est pas indépendante de celle de la récurrence des conflits.
8 Proportion de la population sous-alimentée en (Kenya, AO, AS) Doc. 4 a 40 En % Kenya Afrique Orientale Afrique subsaharienne Proportion de la population sous-alimentée en (Mali, AO et AS) Doc. 4 b En % Mali Afrique Occidentale Afrique subsaharienne
9 Documents 4 a et b Ces deux graphiques permettent d analyser la situation alimentaire, non seulement à l échelle des pays (ici Mali et Kenya) mais aussi de comparer le niveau de sousalimentation au niveau régional (Afrique de l ouest, Afrique de l est). Le Mali a une proportion de populations sous-alimentées plus faible que celle de l Afrique occidentale, et encore beaucoup moins que celle de l Afrique subsaharienne (11% contre 30%). En revanche, la situation du Kenya est très préoccupante, à l image de toute l Afrique orientale (la proportion y est 2,5 fois plus élevée qu en Afrique de l ouest) où une personne sur trois est confrontée à la sous-alimentation.
10 Doc. 5 : Bilan-2008 : Le riz vaut mieux que l'or au Mali "Au Mali, nous avons des mines, nous sommes le 3e pays producteur d'or au monde, mais je suis convaincu d'une chose : ce n'est pas l'or, ni l'uranium qui feront le bonheur du Mali, ce sera l'agriculture", a déclaré récemment le chef de l'etat malien, Amadou Toumani Touré. "ATT", nom prêté affectueusement par les Maliens à leur président, prend des fois le bâton du pèlerin dans le pays profond, jusqu'aux champs, pour mesurer le chemin à parcourir avant d'atteindre une croissance économique de 7% à 8% par an, à l'horizon Pour réaliser cet objectif devant propulser le Mali à l'orbite des pays émergents, le président Touré compte essentiellement sur l'agriculture et en particulier sur le riz, aliment de base des Maliens. C'est ainsi que le gouvernement malien a lancé l'"initiative riz " qui vise une production de 10 millions de tonnes en "Le but est d'apporter une réponse structurelle à la crise céréalière généralisée, en mettant nos populations à l'abri des incertitudes du marché international", a souligné ATT. L'atteinte de cette cible n'est pas utopique. Le Mali possède d'immenses terres cultivées et cultivables. Le delta central du fleuve Niger de Djenné, qui s'étendu sur km2, est réputé "Grenier de l'afrique" par ses potentialités. Le pays projette d'y aménager hectares à l'orée de 2012, parallèlement à une mécanisation agricole d'envergure. Ce pays au climat sec dispose également de 2,2 millions d'hectares inondables et cultivables, dont un million localisé dans la zone d'office du fleuve Niger. "Cette vaste campagne agricole vise à vaincre la faim et d'assurer durablement la sécurité alimentaire au niveau des ménages à l'échelle nationale à l'horizon 2015", a affirmé le président, confiant. Aujourd'hui, 85% du riz produit dans le monde vient d'asie. L'Afrique en produit entre 5 à 6%. L'offre est loin de répondre à la demande. Il en est de même pour le Mali. Ce pays sahélien attend chaque année tonnes de céréales pour nourrir ses 13,9 millions d'habitants. Les autorités maliennes ambitionnent de produire un million de tonnes de riz marchand et un excédent commercialisable de tonnes grâce à l'"initiative riz", dont la mise en oeuvre repose notamment sur une intensification de la production au niveau des superficies exploitables par le biais de la disponibilité et l'accessibilité aux engrais, aux semences et à l'eau, sans oublier la sensibilisation des producteurs et le suivi de l'opération. Chen Shun, 8 décembre 2008 (Xinhua) - Source : Site Internet Jeuneafrique.fr
11 Document 5 Ce document montre toute l importance que le Mali accorde à son agriculture en général, à sa sécurité alimentaire en particulier. En effet, il ne s agit pas simplement de faire des déclarations d intention, mais bien de se donner les moyens d augmenter la production vivrière. «L initiative riz» en est la preuve. Elle témoigne que des dynamiques sont en cours pour faire face à l insécurité alimentaire. Cela passe, entre autres, par une nécessaire intensification, c est-à-dire une augmentation de la productivité des surfaces. En effet, jusqu ici au Mali comme dans la quasi-totalité des pays de l Afrique subsaharienne, l augmentation de la production n a reposé que sur l extensification. Fortement consommateur d espaces, un tel système de production pose, en particulier, la question de la gestion des ressources en sols et en forêts et celle de la durabilité de l agriculture subsaharienne en général.
12 Doc. 6 : Les écarts de rendements pour le maïs en Afrique subsaharienne Source : L état de l insécurité alimentaire dans le monde, FAO, 2008
13 Document 6 Il montre tout le parti que les pays peuvent tirer d une intensification de la production. Les rendements sont nettement plus élevés dans les parcelles exploitées en intensif que dans les autres. Ils sont multipliés par 2 au Mali, par 5 en Ethiopie ou au Malawi. Toutefois la question est de savoir si de tels systèmes qui favorisent l accroissement de la production peuvent être généralisés, compte tenu des moyens qu ils nécessitent. Là également la question de la durabilité de ces systèmes ne peut être éludée. Autrement dit comment mettre en place des systèmes suffisamment productifs (pour répondre aux besoins alimentaires d une population de plus en plus nombreuse) mais aussi durables?
14 Doc. 7 : Le Malawi, un modèle agricole pour l Afrique L exemple du Malawi pourrait amener les pays pauvres à remettre en question le bien-fondé des politiques imposées par les bailleurs de fonds. En effet, les principaux partenaires financiers du pays se bousculent aujourd hui pour soutenir le programme de subventions agricoles du pays, alors que, trois ans plus tôt, ils s étaient retirés parce que le gouvernement malawite avait fait fi de leurs conseils. Jeff Luhanga, responsable des services de développement agricole, nous a expliqué que l Etat, un des plus pauvres d Afrique, avait à l époque pris une décision inhabituelle et déclaré aux donateurs qu ils se trompaient au sujet des subventions agricoles. Un an après le début de l octroi des subventions, le pays avait doublé sa production de maïs, ce qui n a pas suffi à impressionner les bailleurs de fonds. «Ils nous ont dit que le programme n était pas viable ( )». Quand la décision de mettre en place les subventions a été prise, en 2005, le Malawi était en proie à la pire sécheresse qu il ait jamais connue, les récoltes étaient les plus mauvaises jamais enregistrées, et le pays s est vu contraint d importer tonnes de maïs. Le Président de la République décida que rien n était plus important que d accorder aux agriculteurs le soutien nécessaire pour qu ils puissent produire leurs propres cultures vivrières. ( ) Le programme coûta à l État quelque 53 millions d euros et la production atteignit 3,6 millions de tonnes de maïs, soit plus du double du 1,6 million de tonnes dont le pays a besoin. ( ) Grâce au succès de son programme de subventions agricoles, le Malawi se retrouve sous les feux des projecteurs internationaux. Le Kenya, l Ouganda, la Tanzanie et le Swaziland y ont envoyé des délégations au cours des trois derniers mois afin d étudier la mise en œuvre de ce programme, dans l idée d en faire autant. Catherine Riungu / Courrier International, n 939 / du 30 octobre au 6 novembre 2008
15 Document 7 L exemple du Malawi montre bien que la question de la sécurité alimentaire en Afrique n est pas une fatalité, que des résultats probants peuvent être atteints si des politiques volontaristes sont mises en œuvre.
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