La baume des Anges. Un Joki à 53m dans le S4 les 14 et 15 juin Par Xavier Méniscus aidé de John Volanthen

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1 La baume des Anges Un Joki à 53m dans le S4 les 14 et 15 juin 2008 Par Xavier Méniscus aidé de John Volanthen Depuis quelques semaines, les conditions météo défavorables nous poussent au chômage technique. Tout est en crue! Mais justement, une cavité en particulier a besoin que les niveaux soient hauts, pour éviter un lourd portage entre les siphons : La Baume des Anges. Depuis notre dernière explo l année dernière, après avoir franchi le S3 avec les anglais Rick Stanton aidé de John Volanthen, nous étions convenu de revenir plonger le S4, avec des niveaux hauts cette fois. Etant à coté, je devais les informer dès que l eau du siphon monterait à plus de 3 à 4m par rapport à l étiage. Je surveillais régulièrement aux moindres précipitations et la situation hydrologique du Toulourenc sur un des sites du ministère de l écologie : Données hydrologiques bassin Rhône Méditerannée Entre temps, début avril avec des plongeurs de la CNPS, nous étions venu faire une très belle vidéo de la cavité jusqu'à -58m en remontant après le point bas La semaine dernière, je contactais John pour le prévenir que les conditions à la Baume des Anges semblaient bonnes pour poursuivre l exploration de la cavité. Le mercredi, après être descendu vérifier de visu et prendre quelques photos pour lui envoyer. Je lui confirmais que l eau arrivait à 1m avant de déborder dans la galerie d accès, soit 4m de plus que nos précédentes plongées. Le rendez vous est pris samedi 14 juin à 14h, pour le portage de notre matériel de plongée devant le S1. Entre temps, j appelle le proprio, qui m avertit qu une nouvelle fois, le cadenas de la barrière d accès venait d être facturé, et cela entre jeudi et vendredi, car le mercredi il était en place.

2 Les niveaux de la rivière ont baissé. John souhaite la traverser en 4x4 pour acheminer notre matériel devant le chemin d accès à la grotte. Mais surprise, la plage habituelle de galet en rive gauche, là où nous déchargeons notre matos a disparu. La veille un tractopelle est venu faire du terrassement. Cela va nous obliger à nous garer en rive droite et traverser le Toulourenc avec nos charges. En 5 à 6 voyages, John V aidé de John Maneely et moi par ma femme Hélène installons bouteilles, recycleurs, propulseurs et petit matériel pour notre plongée du lendemain. Le niveau dans la grotte a baissé de 50cm depuis mercredi, j espère que ce n est pas trop??? A 16h30, tout est prêt! John M ira reconnaître la cavité jusqu à 40m et installer quelques relais pour John V, pendant qu Hélène et moi rentrons sur Pierrelatte. Le lendemain nous nous retrouvons avec Patrick Serret sur site à 8h. Séance d habillage sur le parking, pendant que Patrick remonte la rivière avec son Land Rover pour s installer sur la plage en rive droite.

3 A 9h15, équipés de tout notre barda (voir config), nous nous immergeons pour franchir les 630m du S1. Le point bas est à 98m, la remontée se fait dans une eau beaucoup plus claire que d habitude. Il y a beaucoup moins de particules qui se décollent du plafond. Le dernier palier à 6m se fera en voyant la surface. Tout semble indiquer que le niveau est assez haut pour passer dans le S2 en nageant. A 10h20 John remonte le 1 er et au cri qu il pousse dans son embout, il me fait comprendre que c est le cas. J exulte de joie en le voyant disparaître aussitôt dans le S2. A 10h25, nous attaquons la traversée des 270m du S2 par 44m, pour ressortir à 10h40. Nous avons dû faire quelques minutes de paliers inhabituels avant de refaire surface en raison de l enchaînement rapide des 2 plongées. Mais ô surprise, le niveau et le courant dans l exondé ne nous permettent pas de le franchir dans l eau. Il nous manquerait 20 à 30 cm pour être tranquilles. Nous quittons nos relais, recycleurs et propulseur, pour les traîner dans l eau sur 5m en 3 voyages, sans décapeler notre dorsal. A 11h09, nous attaquons la traversée des 900m du S3 par 72m. A la sortie, de 30m à la surface, les derniers paliers se feront dans une visibilité complètement nulle. Nos instruments sont presque illisibles à cause des sédiments que nous soulevons par notre passage et les bulles de nos recycleurs à la remontée. L eau est ici à 12 C, 1 C plus chaude dans cette partie non active du siphon et ça se sent : pas besoin de chauffage. Nous refaisons surface à 12h35. Soit 3h20 après être partis du S1. Un record dû aux conditions favorables. Immédiatement, nous nous déséquipons et préparons notre matos pour l acheminer devant le S4. Soit un Joki et une bouteille sécu chacun dans un gros kit plus une bouteille Oxy, et petit matériel dans un 2 ème petit kit. Après une légère collation, nous attaquons la montée du toboggan. John installe une corde pour assurer la pente puis tirer ses 2 kits en haut. Moi, j ai tout pris sur le dos, ainsi que mes 8kg de plombs. Au 1/3 de la montée, malgré la corde qui m assure, je glisse pour retomber dans la vasque du S3, avec, au passage, quelques éraflures aux mains. Le 2 ème essai sera le bon. Une fois en haut, après l effort, nous avons un peu de mal à reprendre notre souffle. L air est un peu gazé, et il fait chaud. Nous décidons qu il est préférable de n envoyer qu un seul plongeur dans le S4. John, en grand seigneur, décide que ce sera moi. Thank you sir! Nous répartissons mes charges dans le kit de John, pour ne garder avec moi que mon baudrier et le kit 45L avec la 7,5L d air et mon Joki. Le début de la galerie fossile de 200m que Rick Stanton fut le

4 1 er à découvrir l année dernière est assez haute pour progresser debout. Mais plus nous avançons, plus il faut se courber, puis marcher à 4 pattes, puis ramper en tirant nos kits par terre. Mais un Joki c est du solide! A mi chemin, il faut même ramper et se faufiler entre des concrétions pour avancer. Après ce magnifique passage et de nombreuses pauses pour récupérer, la galerie s agrandira de plus en plus pour se retrouver debout avant d arriver sur le toboggan qui descend dans le S4. Sur la dernière plate forme, 3m avant le siphon, je m équipe de mon dorsal (kit avec une 7,5 litres d air + Joki), un relais 2 litres Oxy avec vanne Kiss, et une 1 litre d Héliox 23/77 comme diluant pour la remontée en cas de perte de la 7,5 l. A la descente, je glisse une nouvelle fois, pour me retrouver les 4 fers en l air dans le S4, malgré la corde qui m assure. Au passage mon dorsal frappe violemment le sol. Cela n endommagera que la chaussette néoprène de protection du canister. Une fois stabilisé, je me nettoie de toute la glaise accumulée sur mon étanche pendant l exondé. La vasque devient chocolat. A 14h19, j attaque la plongée dans le S4, dévidoir à la main. La visi ne s améliore qu à 10m, cote 25m. Mes 3 puissantes lampes extreme TEK LED 5W éclairent comme en plein jour. Sur la gauche, un petit passage d un diamètre de 50cm où l actif part. Le même 30m plus loin, vers 13m. Le siphon est de forme semblable au S3, belle galerie ronde de 3 à 4m de large. La profondeur oscille 2 fois entre 13 et 6m, pour descendre en pente raide jusqu à 40m, devant un puits vertical ovale de 2m x 6. Je m arrête après, avoir déroulé 190m de fil, sur une pente de graviers, par 53m de profondeur, diluant air oblige, pour amarrer mon fil sur un gros caillou. La suite se rétrécit devant une bute de graviers au delà de 60m, et ça descend encore A 14h41, je refais surface sans palier, les derniers mètres sans lâcher le fil. John me lance la corde dont l autre extrémité est amarrée à sa taille. A peine suis-je sorti de l eau, que rebelote, nouvelle glissade ; me revoilà reparti dans l autre sens tout équipé. 2 ème essai, la corde est trop fine pour bien la tenir dans la main, mais je parviens qu en même à rejoindre John. Je le remercie une nouvelle fois de m avoir permis de poursuivre l explo, par une franche poignée de main. Répartition des charges comme à l aller, un petit coup de climatisation dans la combi (et oui, vous comprenez maintenant à quoi peu servir aussi la 1 litre d Heliox.) et nous voilà repartis dans l autre sens. J avance moins vite que John, étant plus lourdement chargé. De ce fait, il aura le temps d installer les 2 cordes (15m + 20m) sur des amarrages naturels pour la grande descente dans le S3. Cette fois-ci pas de chute, en 2 voyages chacun, tout est redescendu. Avant de se rééquiper, nouvelle collation : gels et boissons énergétiques au menu. Nous laissons en place les 2 cordes et le gros kit de John. Notre petite escapade nous aura pris 3h30. Maintenant le plus facile nous attend, le retour dans les 3 verrous liquides qui nous séparent de la sortie. A 16h26 nous entamons notre plongée dans le S3. Visibilité nulle jusqu à 35m, jusqu à l arrivée de l actif. Impossible d utiliser nos scooters avant. A 17h29, nous refaisons surface, après une petite séance de palier, un peu plus longue pour moi, bien sûr. J ai froid, malgré mon chauffage embarqué branché. Nos combi sont toutes trempées à l intérieur, de transpiration. Arrivé en surface, John est déjà passé dans le S2 et m attend. Cette fois, il a franchi l exondé tout équipé à 4 pattes, le courant dans le dos nous le permettant. Je fais de même, pour enchaîner à 17h 31 le départ dans le S2. Nouvelle séance de palier inhabituel de 8min avant de sortir le siphon à 17h50. Dans la foulée, à 17h53, départ dans le S1 et ses 98m pour finir cette journée. Je récupère au passage à 6m, mon UV-18 DV laissé en sécu et une 4 litres de Trimix. John a pris de l avance. Ce n est que vers 18m au palier que je le rejoindrai, après avoir récupéré un pack chauffage à 50m déposé dans la matinée par Patrick. Je paye ma plongée dans le S4 de 30min de paliers supplémentaires que mon binôme, et une programmation de la PpO2 sur mon VR3 Pyle Stop assez conservatrice par rapport aux PpO2 respirées, n arrange pas les choses. Les dernières dizaines de minutes paraîtront bien longues, tout seul et grelottant de froid, malgré le pack chauffage 24Ah branché. Mon recycleur Oxy Michelin à côté de moi, qui bulle et qui prend l eau.. Un défaut sur la soupape.

5 Je referai surface une dernière fois à 19h53. John et une bonne partie de son matos sont déjà ressortis. C est Patrick qui m accueille chaleureusement. Il récupère tous mes relais, recycleurs et propulseurs, qu il sort de l eau. Il me reste sur le dos, deux 3l d oxy, le kit de 45 l et la 1 litre, le tout fixé sur mon bi 9, plus mon baudrier de 8 kg sur le dos. La flemme de me déséquiper ou inconscience? Non! Plutôt vérifier que mes procédures de déco sur 7 plongées consécutives fonctionnent bien. Je pars ainsi harnaché dans la galerie pour rentrer doucement jusqu à la voiture. Ensuite, Patrick et John M ressortiront le plus gros de notre matériel, John V et moi les aidant sur 2 à 3 allers-retours avec des charges légères. On met tout dans les deux 4x4, ainsi que mon matos pour le ramener jusqu au parking, où ma super voiture de plongeur souterrain m attend pour tout décharger et tout remettre dans ma BMW. Et oui tout rentre! Tout mon matériel pour une telle explo. (voir config ci dessous) A 22h tout est plié. J invite mes compagnons à Vaison la Romaine, manger au restau, pour les remercier de cette magnifique et extraordinaire aventure humaine qui défie toute les lois de la plongée. Les 2 John reprendront la route le lendemain matin de bonne heures pour rentrer en GB, quand à Belu et moi, nous arriverons chez nous vers 1h du matin, pour tout décharger dans le garage. Je rechargerai les scooters, démonterai les recycleurs, avant d aller me coucher bien tard, avec les images de cette journée plein la tête TPST : 11h TPDE : 6h30min sur un seul Joki Remerciements : - A mes compagnons : John Volanthen, John Maneely, Patrick Serret, ma femme Hélène Cester - La CNPS pour son soutien matériel - Au propriétaire pour l autorisation d accès et son neveu qui nous à ouvert la barrière. Partenaires techniques : - Scooter : Silent Submersion - Recycleur Joki : Airtess - 10W HID + Pack 13Ah chauffage embarqué + pack chauffage 24Ah : Airtess - Eclairage S4 : 3 lampes extreme tek LED 5W de Bubble-daylight - Eclairage exondé : 2 lampes SEALIGHT 6 LEDS de Bubble-daylight

6 Configurations : - John Volanthen - Recycleur dorsal eccr Buddy Inspiration + mccr Joki en relais - 2x 3L oxy embarquées - 4 bouteilles relais de 6 à 10L - 1L O2 pour S4-1 scooter UV-26 - Corde 15m + tamponnoir - Kit 50L - Bouteilles sécu Oxy retour S1 - Pack chauffage retour S1 - Xavier Méniscus - Dorsal bi 9 Tx 14/ mccr Joki. - 3 bouteilles relais 6L Nx 40 gonflage combi 7,5L Air 4L Tx pour S1-3 bouteilles relais Alu O2 : 2 L pour S4 + 2x 3L vannes Kiss et micro. - 1 bouteilles de 1L Hx 23/77 - Scooter UV-18 DV pour S1, UV-26 CNPS pour S2 S3 - Corde 25m - Kit 45L - Pack Accus 24Ah - Recycleur Oxy Michelin - Baudrier 8kg Compte Rendu : Xavier Méniscus Photos : Hélène CESTER, Patrick SERRET, Xavier MENISCUS Relecture et correction : Jean-Pierre Stéfanato et Michel Conte Mise en forme : Michel CONTE