Transferts des migrants, capital humain et croissance économique
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- Virginie St-Amand
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1 Transferts des migrants, capital humain et croissance économique Sami Ben Mim ERUDITE Université Paris-Est Créteil sbenmim@yahoo.fr Fatma Mabrouk 1 GREThA Université Montesquieu-Bordeaux IV fatma.mabrouk@u-bordeaux4.fr Résumé : Cet article étudie l impact des transferts des migrants sur le développement du capital humain dans leurs pays d origine. Une étude empirique portant sur 19 pays et utilisant la méthode SGMM, montre que les transferts accélèrent l accumulation du capital humain et parviennent à stimuler la croissance dans les pays en question. L impact des transferts sur le capital humain et sur la croissance est plus important dans les pays où le niveau des dépenses publiques d éducation est élevé, ce qui suggère que les transferts agissent en complémentarité avec les politiques visant à développer le capital humain. Les résultats révèlent également que l impact des transferts est plus important dans les pays où le revenu par tête est faible. Les transferts constituent donc une source de financement alternative des dépenses de scolarisation chez les ménages à faibles revenus. Mots clés : émigration, transferts de fonds, croissance économique, capital humain, données de panel. Abstract: This article examines the effect of remittances on human capital development. Using the SGMM method, estimates based on data from 19 developing countries show that remittances speed up the accumulation of human capital and stimulate economic growth. The results are more important in countries where the level of public expenditure on education is high and more significant in countries where per capita income is low. The results show that remittances act along with policies aiming to develop human capital. They also suggest that remittances may contribute to finance education expenditures among low-income households. Keywords: Emigration, remittances, economic growth, human capital, panel data. Classification JEL : C33, F22, F24, F43, O16, O40 1 Auteur correspondant 1
2 Introduction La théorie du capital humain doit son essor aux travaux pionniers de Schultz (1961), Mincer (1958, 1974) et Becker (1964, 1975). Ces auteurs ont analysé le rôle du capital humain dans le processus de croissance et plus précisément dans la formation et la distribution des rémunérations. Cette théorie suppose que les individus peuvent améliorer leur productivité par l investissement dans l éducation ou la santé, ou même encore par la migration. En effet, des données récentes montrent que la migration internationale joue un rôle important dans la réduction de la pauvreté et l'amélioration du niveau de vie des pauvres dans les pays en développement. En particulier, les transferts de fonds des migrants représentent une partie importante des flux de devises pour de nombreux pays et contribuent à accroitre la consommation des ménages et les investissements domestiques. Le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) suggère que les envois de fonds constituent une source de financement des besoins immédiats des familles dans les pays d'origine, et notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé. Les transferts de fonds peuvent également jouer un rôle important dans la réduction de la pauvreté et la stimulation de la croissance dans les pays en développement (FIDA, 2007). Plusieurs études transversales mettent en évidence l'impact positif des transferts sur l'éducation et la santé dans les pays en développement, favorisant ainsi le développement économique (Adams et Page, 2005, Adams, 2005). En revanche, certains chercheurs soutiennent que la migration a peu d'impact sur le bien-être des ménages, et que les transferts ne sont que des revenus complémentaires de faible ampleur qui ne conduisent à aucune accélération du développement économique. L'argument le plus couramment utilisé contre la migration internationale est qu'elle prive les pays pauvres d une partie de leurs ressources humaines. C est ainsi que les théoriciens structuralistes et ceux de la théorie de la dépendance des ressources ont souligné que la migration internationale, et surtout celle des qualifiés, peut miner plutôt que stimuler le développement dans les pays d'origine, et renforcer plutôt qu atténuer les inégalités mondiales. Durant ces dernières années, ces hypothèses sur la migration internationale en général et la migration des qualifiés en particulier ont été fortement remises en question, conduisant ainsi à une nouvelle image beaucoup plus nuancée. En effet, selon les conditions sociales, économiques et politiques des pays d'origine, le départ des travailleurs qualifiés et/ou non qualifiés peut avoir des effets bénéfiques sous forme d'un contre-courant de transferts de fonds, d investissements, de relations commerciales, de circulation des compétences ou encore d un approfondissement des informations et des connaissances. Les migrants jouent un rôle important, innovant et transnational d exploitation. Ils sont des entrepreneurs et des investisseurs dans des pays comme l'inde, la Chine, la République de Corée et Taiwan. Leur contribution au développement n'est pas subordonnée à leur retour : de nombreux migrants restent transnationaux, combinant les activités des pays d'origine et des pays de destination. Ceci corrobore la durabilité potentielle des transferts de fonds et réfute les points de vue pessimistes qui assimilent l intégration des migrants à une 2
3 inévitable «perte» pour les pays en développement. Au contraire, les migrants semblent avoir une capacité accrue de contribuer au développement de leur pays d origine. Cependant, la mesure dans laquelle ils le font dépend de manière cruciale des conditions générales économiques et politiques dans ces pays. L objectif de ce travail est d étudier l impact des transferts des migrants sur la scolarisation des enfants dans les pays d origine, et de vérifier si l accumulation du capital humain qui en découle contribue à promouvoir la croissance économique. Dans la littérature, la majorité des travaux qui se sont intéressés à la relation entre les transferts de fonds et le capital humain sont d ordre microéconomique. La portée de ces études reste donc limitée et leurs résultats demeurent difficiles à généraliser. De plus, elles ne permettent ni d apprécier l impact des transferts sur la croissance, ni d étudier le rôle du capital humain en tant que canal de transmission. Ce travail se distingue de la littérature en adoptant une approche macroéconomique, par le biais d une étude empirique portant sur un panel de 19 pays soigneusement choisis, observés au cours de la période allant de 1999 à Sur le plan économétrique, nous utilisons la méthode des Moments Généralisés en Système, suivant la démarche d Arellano et Bover (1995), afin de remédier au problème d endogénéité et de renforcer la robustesse des résultats. Par ailleurs, les travaux démontrant l impact des transferts sur le capital humain ne proposent aucune explication de l intensité de cet effet ni des canaux à travers lesquels les transferts réussissent à stimuler le capital humain. Ils négligent également l étude de l interaction entre les transferts et les autres facteurs pouvant stimuler l accumulation du capital humain. Nous essayons de compléter ces carences en démontrant le rôle des transferts en tant que source de financement des dépenses de scolarisation. Nous étudions également l interaction des transferts avec les politiques publiques visant à développer le capital humain, mesurées par les dépenses publiques d éducation. La suite de ce travail se décompose en quatre paragraphes. Nous proposons d abord une synthèse des principaux travaux théoriques et empiriques concernant la relation entre les transferts des migrants, le capital humain et la croissance économique. Ces travaux sont loin d être exhaustifs, mais relèvent les principaux fondements de cette relation. Le deuxième paragraphe est consacré à la description de l échantillon, la spécification des modèles et la présentation des techniques d estimation. Les résultats des estimations sont présentés et analysés dans le troisième paragraphe. Enfin, nous récapitulons les principales conclusions qui ressortent de ce travail. 3
4 I. Transferts des migrants, capital humain et croissance économique : une revue de la littérature La première partie de la revue de littérature porte sur l impact des transferts sur la croissance économique. La deuxième se focalise sur l impact des transferts de fonds sur le capital humain, une des principales variables motrices de la croissance économique. 1. Transferts de fonds et croissance économique L impact des transferts sur la croissance a fait l objet d une littérature abondante. Plusieurs travaux de recherche ont mis l accent sur l effet positif des transferts dans la construction et le rétablissement de l habitat, l amélioration de l éducation [Docquier et al (2011)], le renforcement de la santé [Adams (2004)], l investissement financier [Stark et Lucas (1988) Lucas (2005)], la réduction de la volatilité des revenus, le développement de la productivité du travail [Leon-Ledesma et Piracha (2004) ; Chami et al (2009)] ou du secteur financier [Giuliano et Ruiz-Arranz (2009)]. Il s agit de la thèse «développementaliste» qui met en avant les effets bénéfiques des transferts de fonds. Cependant, d autres études concluent que les transferts des migrants affaiblissent la compétitivité du pays receveur, alourdissent le déficit extérieur et déséquilibrent la balance des payements [Kireyev (2006), Luth et Ruiz-Arranz (2007)], ou encore qu ils ont un effet global négatif sur la croissance économique, car ils réduisent l offre de travail [Chami et al (2005)]. Les travaux mettant l accent sur les conséquences négatives des transferts forment la thèse dite «détériorâtes» ou le «syndrome de l émigration». Enfin, une troisième catégorie d études stipule que les transferts sont de simples revenus compensatoires, qui servent souvent à financer des dépenses de consommation, et qui n exercent aucun effet significatif sur l activité économique dans les pays d origine des migrants [Paricha el al (2006), Chami et al (2005, 2009), FMI (2005)]. La troisième thèse est donc celle de la «neutralité» des transferts. Les résultats concernant l impact des transferts sur la croissance sont donc assez variés, complexes et encore bien méconnus surtout à long terme [Kapur (2004)]. La thèse développementaliste distingue toutefois le capital humain comme l un des principaux canaux de transmission de cette relation. 2. Transferts de fonds et capital humain 2.1 Quelques aspects théoriques Sur le plan théorique, la relation entre les transferts des migrants et le capital humain dans le pays d origine est insuffisamment développée. Les travaux qui se sont penchés sur cette relation ont souvent cherché servis de point de départ pour l analyse des effets potentiels des transferts sur la croissance. Rares sont les travaux qui ont étudié le rôle des transferts dans le financement des dépenses d éducation, et dans la plupart des cas ces travaux aboutissent à des conclusions contradictoires. 4
5 Généralement les ménages à faibles revenus subissent des contraintes financières et sont donc dans l incapacité d emprunter pour financer la scolarisation de leurs enfants. Si les transferts des migrants permettent de relaxer ces contraintes de liquidité, les ménages en question disposeront des ressources nécessaires pour scolariser leurs descendants. De plus, si les revenus des ménages augmentent grâce aux transferts des migrants, les familles ont tendance à minimiser la charge de travail imposée à leurs enfants, ce qui accroît le temps disponible pour les études. La scolarisation des enfants peut également être motivée par un pur intérêt personnel de la part des parents. Les enfants scolarisés bénéficient généralement de revenus plus élevés et seront donc en mesure de fournir un soutien financier plus important à leurs parents en âge avancé. Dans cette optique, les transferts constituent un arrangement financier qui rend possible la matérialisation des effets positifs de la migration et des perspectives migratoires. Les migrants s apparentent donc à des prêteurs ou des donateurs. À l échelle macroéconomique, la migration favorise la formation du capital humain à condition que seulement une partie des personnes qualifiées émigrent hors du pays [Docquier et al (2011)]. Cependant, les transferts de fonds peuvent créer des incitations négatives à la scolarisation des enfants, car l absence parentale (migration de l un des parents, généralement le père) peut perturber la vie de la famille en général, et avoir un impact négatif sur les performances scolaires des enfants en particulier. De plus, les individus peuvent être découragés à investir dans l'éducation si la possibilité de migrer n est pas conditionnée par un niveau élevé des études. Ceci est le cas par exemple pour l Espagne ou le Mexique, ou les structures migratoires sont prédominées par des migrations peu qualifiées et souvent illégales. Ce constat est corroboré par des enquêtes menées auprès des ménages mexicains indiquant que les migrations internationales ont un effet négatif sur la scolarité des enfants [McKenzie (2006)]. Cette idée est également cohérente avec les résultats d autres enquêtes qui suggèrent que la scolarisation ne génère aucune incitation à la migration internationale dans les zones rurales du Mexique, tandis qu elle a des effets positifs sur l incitation à la migration interne. Par ailleurs, la probabilité que les transferts de fonds soient investis dans la scolarisation est plus faible pour les ménages vivant dans les petites villes et dans les zones rurales, où le nombre d enfants non scolarisés est plus important, les enfants quittant souvent l école pour travailler dans les activités agricoles [Taylor et Mora, (2006); Özden et Schiff, (2006)]. La décision d affecter les transferts à la scolarisation des enfants dépend également des caractéristiques des familles : elle est peu probable pour les ménages de grande taille par exemple. Aucune conclusion ne peut donc être tirée quant à l impact des transferts des migrants sur le capital humain, les arguments en faveur d un effet négatif étant aussi nombreux que ceux suggérant un effet positif. Les travaux empiriques peuvent donc apporter davantage d éclaircissements quant au sens et à l intensité de cette relation. 2.2 Synthèse des travaux empiriques Plusieurs études empiriques récentes soulignent l'effet positif des transferts de fonds des migrants sur le capital humain dans le pays d origine. Dans leurs conclusions elles 5
6 aboutissent généralement au fait que les transferts réduisent la déscolarisation des enfants et promeuvent la persévérance scolaire [Lopez-Cordova (2005), Hanson et Woodruff (2003), Painduri et Thangavelu (2011), Cox et Ureta, (2003)]. La plupart de ces études sont en coupe transversale, s intéressant au cas d un pays particulier à l exemple du Mexique, du Népal ou encore du Salvador. Rares sont les études ayant analysé un groupe de pays ou une région spécifique. À partir d un échantillon de 2400 municipalités mexicaines observées au cours de l année 2000, Lopez-Cordova (2005) montre que les transferts des migrants contribuent à améliorer le bien-être des receveurs et à diminuer la pauvreté dans les municipalités les plus défavorisées. Une augmentation du nombre de ménages bénéficiant des transferts au sein d'une municipalité est associée à une diminution de 5 % de la mortalité infantile, une augmentation de 4 % de la fréquentation scolaire et une importante diminution de 40 % de l'analphabétisme. Cette étude est particulièrement originale, car elle met en avant l'impact des transferts non seulement sur les ménages bénéficiaires, mais aussi sur les ménages non bénéficiaires dans la même municipalité. Pour parvenir à la même conclusion, Hanson et Woodruff (2003) ont étudié un échantillon de 2000 personnes afin d évaluer l effet des transferts des migrants sur la scolarisation des enfants âgés entre 10 et 15 ans au Mexique. Les résultats montrent que les transferts contribuent à augmenter le nombre d années de scolarisation de l enfant de 0,7 à 1,6 année. Ils permettent par ailleurs d accroître la scolarisation des filles et des enfants âgés entre 13 et 15 ans (la catégorie des enfants ayant plus de tendances à arrêter les études à un âge précoce). Les auteurs constatent également que l impact des transferts sur la scolarisation dépend du sexe de l enfant. Cependant, ils soulignent que les ménages étudiés sont souvent caractérisés par l absence d un parent, et que cette absence peut influencer négativement la scolarisation des enfants. L impact final des transferts sur le capital humain est donc non clair à priori. Painduri et Thangavelu (2011) ont examiné l'effet des transferts des migrants sur la scolarisation des enfants des ménages en Indonésie, en exploitant les données d une enquête sur la vie de la famille indonésienne. L'étude contrôle les caractéristiques familiales, et distingue entre le migrant qui est un simple membre de la famille et le migrant qui est un chef de ménage. Les auteurs utilisent la technique des variables instrumentales pour résoudre le problème d endogénéité et obtenir des résultats plus robustes. Les résultats des estimations indiquent que les enfants dont le chef de ménage est un travailleur migrant sont presque tous scolarisés, et que les transferts de fonds augmentent de 23 % la probabilité de continuer les études. Pour le Népal, et à partir d un échantillon composé de 3373 ménages et 4629 enfants, Bansak et Chezum (2009) ont analysé l impact des transferts de fonds sur les décisions des ménages d investir dans la scolarisation de leurs enfants. Les transferts des migrants représentent environ 15 % du PIB dans ce pays. Les auteurs estiment l'effet des transferts sur la probabilité qu un enfant soit scolarisé, en distinguant quatre groupes d enfants : les jeunes filles, les jeunes garçons, les filles plus âgées et les garçons plus âgés. Les résultats indiquent que les 6
7 transferts ont un impact positif sur la scolarisation des enfants, même s ils en profitent d avantage aux garçons qu aux filles. À partir d un panel de ménages Philippins, Yang (2008) montre également que les transferts de fonds exercent un impact positif sur l'investissement éducatif, en finançant la scolarisation des membres de la famille qui sont restés dans le pays d origine. L ampleur de cet effet s explique notamment par une élasticité-revenu relativement élevée de l'éducation. Certaines études ont tenté de comparer l impact des transferts sur la scolarisation des enfants dans les zones urbaines et rurales. Dans ce sens, Cox et Ureta (2003) ont évalué l'impact des transferts sur les résultats scolaires des enfants bénéficiaires, et en particulier sur le taux de scolarisation au Salvador. Ils montrent que les transferts contribuent d une façon significative à baisser le risque d un départ prématuré de l'école. Cet effet semble être plus important dans les zones urbaines, mais les résultats montrent que le fait de recevoir des fonds (indépendamment du montant) produit également des effets significatifs dans les zones rurales. Enfin, certaines études mettent en évidence l impact négatif des transferts des migrants sur la scolarisation, en termes de manque d encadrement et de supervision des enfants lorsqu un membre clé de la famille est absent du foyer [Hanson et Woodruff, (2003); López de Córdova, (2005); McKenzie et Rapoport, (2010)]. Pour Painduri et Thangavelu (2011), bien que les transferts de fonds augmentent la fréquentation scolaire, ils n accroissent pas pour autant la qualité de la scolarisation des enfants. Le fait que l un des parents quitte le foyer afin de travailler à l'étranger tend à avoir un impact négatif sur l'accumulation du capital humain chez les enfants. II. Échantillon, modèles et méthodologie Notre étude empirique vise à cerner l impact des transferts sur la dynamique du capital humain d un côté et à mettre en avant le rôle capital humain en tant que canal de transmission de l impact des transferts sur la croissance de l autre. Pour atteindre cet objectif, nous retenons un échantillon composé de 19 pays appartenant à six régions : l Asie de l Est et le pacifique, l Europe et l Asie centrale, l Amérique latine et les Caraïbes, le Moyen-Orient et l Afrique du Nord, l Asie du Sud et l Afrique subsaharienne. Le choix des pays a été effectué en fonction des flux migratoires et du volume des transferts dont ils bénéficient. La taille restreinte de l échantillon est due au fait que certains pays bénéficiant de transferts élevés n ont pu être retenus faute de données concernant les variables en relation avec le capital humain. En définitive, notre échantillon est composé des pays suivants : Bangladesh, Brésil, Colombie, Équateur, Égypte, Inde, Indonésie, Kenya, Malaisie, Maroc, Mexique, Pakistan, Pérou, Philippines, Pologne, Russie, Roumanie, Tunisie, Turquie. Toutes les données sont issues de la base de données de la banque mondiale ( World Development Indicators, WDI 2010) 2. Il s agit de données annuelles couvrant la période allant de 1999 à Toutefois, et afin d éliminer l effet des cycles macroéconomiques, nos 2 Certaines observations manquantes ont été complétées par des valeurs déduites par interpolation linéaire. 7
8 estimations seront basées sur des données en moyennes triennales. La période sera donc décomposée en 5 sous-périodes de 3 ans. Pour répondre aux problématiques précédemment énoncées, nous estimons deux modèles différents. Le premier vise à cerner l impact des transferts des migrants sur le capital humain : CHumain = a + a T ransferts + a X + m + e ' it 0 1 it 2 i it 1 Où CHumain désigne le stock de capital humain, mesuré par le pourcentage d inscription à l enseignement secondaire, µ i un effet fixe spécifique au pays i 3 et e it un terme d erreur. La matrice X est composée des variables explicatives du capital humain : Le PIB par tête : il constitue la principale source de financement des dépenses de scolarisation et devrait donc exercer un effet positif sur le capital humain. Les dépenses gouvernementales d éducation rapportées au PIB : elles facilitent l accès au système scolaire, améliorent la qualité de l enseignement et réduisent les charges supportées par les familles. Elles devraient donc stimuler l accumulation du capital humain. Les dépenses gouvernementales de santé rapportées au PIB : l accès des enfants au système scolaire et la poursuite de leurs études dépendent de leur état de santé et de celui de leurs parents qui financent leurs études. En améliorant la santé des enfants et des parents, les dépenses gouvernementales contribuent à la fois à augmenter et à préserver le stock de capital humain. Le taux de croissance de la population : le nombre d enfants pouvant intégrer le système scolaire augmente naturellement à mesure que la taille de la population augmente. Par contre, la taille de la population réduit à la fois la capacité de l État et des individus à supporter les charges de scolarisation et d accès aux soins, ce qui se répercute négativement sur le processus d accumulation du capital humain. L impact de cette variable sur le capital humain est donc indéterminé. Le deuxième modèle a pour objectif d étudier l impact des transferts sur la croissance et de mettre en avant le rôle du capital humain en tant que canal de transmission de cet effet. Le modèle est défini par l équation suivante : Croissance = a + a T ransferts + a X + m + e ' 2 it 0 1 it 2 i it où croissance it désigne le taux de croissance du PIB par tête du pays i à la date t ; Transferts les transferts de fonds des migrants rapportés au PIB ; X la matrice des variables de contrôle traditionnelles de la croissance ; µ i un effet fixe spécifique au pays i et e it un terme d erreur. Les variables qui composent la matrice X sont définies dans le tableau suivant. ( ) ( ) 3 Les effets fixes temporels sont exclus du modèle, car les tests statistiques ont révélé leur non-significativité. Cette remarque est également valable pour le modèle (2) 8
9 Variable Définition Sources Le taux mesuré par la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) WDI 2010 d investissement rapportée au PIB Le taux de croissance mesuré par le taux de croissance démographique WDI 2010 de la population Le capital humain mesuré par le taux d inscription à l enseignement WDI 2010 secondaire Le degré d ouverture mesuré par la somme des importations et des WDI 2010 de l économie exportations rapportées au PIB Le développement du mesuré par les crédits accordés au secteur privé WDI 2010 système financier rapportés au PIB Le taux d inflation mesuré par le déflateur du PIB WDI 2010 Les dépenses publiques mesurées par les dépenses de l État rapportées au PIB WDI 2010 Selon la théorie néoclassique, l accumulation des capitaux physique et humain est sensée stimuler la croissance [Solow (1956), Romer (1986)], tandis que la croissance démographique réduit le capital par tête et se répercute négativement sur la croissance. L ouverture de l économie est sensée exercer un effet positif sur la croissance. De même, de nombreuses études empiriques révèlent que le développement financier favorise la croissance [Levine (1997)]. L inflation accroit l incertitude, retarde les décisions d investissement et devrait donc se répercuter négativement sur la croissance. Enfin, l impact des dépenses publiques sur la croissance est ambigu : il peut être négatif ou positif selon que l on adopte une vision classique ou keynésienne du fonctionnement de l économie. Les deux modèles ont été estimés à l aide de la méthode SGMM suivant la démarche d Arellano et Bover (1995). Cette méthode résout le problème d endogénéité, causé par les erreurs de mesure et la simultanéité de certains régresseurs. Les erreurs de mesures concernent notamment les transferts des migrants. Les chiffres officiels sous-estiment cette catégorie de flux, car de nombreux transferts transitent par des canaux informels et sont donc difficiles à recenser. Le pourcentage d inscrits à l enseignement secondaire et les crédits accordés au secteur privé sont également des mesures imparfaites du capital humain et du développement financier. Ces deux variables sont assez complexes et comportent des dimensions qualitatives et subjectives difficiles à quantifier. Plusieurs variables sont concernées par le problème de simultanéité. S agissant du modèle (1), la théorie de la croissance endogène démontre que le PIB par tête d un pays dépend de son stock de capital humain. De même, les dépenses publiques d éducation augmentent à mesure que le nombre de personnes intégrant le système scolaire s accroit. Le nombre d inscrits à l enseignement secondaire constitue donc une variable explicative potentielle des dépenses publiques d éducation et du PIB par tête. Quant au modèle (2), le problème de simultanéité concerne des variables comme les transferts, le développement financier et le taux d investissement. Chami et al. (2005) considère que les transferts sont des revenus compensatoires qui augmentent en cas de mauvaise conjoncture et baissent durant la phase ascendante du cycle. Les transferts seraient 9
10 donc très étroitement liés au taux de croissance. Par ailleurs, la taille de l économie est l un des principaux déterminants du développement financier. Cette variable est donc dépendante du taux de croissance. Enfin, selon la théorie de l accélérateur, une forte croissance serait à l origine d une relance des investissements. Les tableaux 1, 2 et 3 décrivent respectivement les statistiques descriptives des variables et les matrices de corrélation des modèles 1 et 2. On constate que les transferts représentent en moyenne 3,42 % du PIB et atteignent un seuil maximal de 13,26 %. Ces flux sont toutefois très volatiles, avec un écart-type quasi-équivalent à leur moyenne. Tableau 1 : Statistiques descriptives des variables Moyenne Médiane Maximum Minimum Ecart Type Observations LOGPCGROWTH 0,027 0,029 0,067-0,013 0, LOG(FBCF) 3,029 3,005 3,488 2,660 0, LOG(C Humain) 4,228 4,355 4,664 3,213 0, LOG(TC Population) 0,011 0,012 0,023-0,009 0, Deg Ouverture 0,648 0,574 2,150 0,225 0, Crédits 0,364 0,284 1,378 0,080 0, Inflation 0,086 0,059 0,521-0,013 0, Dep Publiques 0,130 0,121 0,208 0,046 0, Transferts 0,035 0,027 0,133 0,002 0, L examen de la matrice de corrélation du modèle (1) (Tableau 2) montre que l indicateur du capital humain et positivement et significativement corrélé au PIB par tête et aux dépenses de santé, mais négativement corrélé aux transferts des migrants et aux de croissance de la population. La deuxième matrice (Tableau 3) ne révèle aucune corrélation significative entre les transferts et le taux de croissance du PIB par tête. Le taux de croissance est par contre positivement corrélé au taux d investissement (0,453) et négativement corrélé aux taux de croissance de la population (-0,486). On note par ailleurs une corrélation positive significative très élevée entre les crédits accordés au secteur privé et le degré d ouverture de l économie (0,81), qui peut être à l origine d un problème de multicolinéarité. La régression de l ensemble des variables explicatives sur le degré d ouverture confirme ce risque, avec un seuil de tolérance de 0,19 et un Facteur d Inflation de la Variance (FIV) 4 de 5,26. Pour remédier à ce problème, l une des deux variables sera exclue de la matrice des variables de contrôle à chaque fois qu un problème de multicolinéarité est détecté 5. 4 Le FIV constitue un indicateur fiable pour résoudre le problème de multicolinéarité. Il indique, dans quelle mesure, chaque variable indépendante du modèle est expliquée par l ensemble des autres variables explicatives. Il se calcule comme suit : FIV= (1/1-pouvoir explicatif des autres variables indépendantes). 5 En plus de l échantillon global, le modèle (2) sera estimé pour plusieurs sous-échantillons. Nous retiendrons la spécification qui conduit aux résultats les plus robustes, à chaque fois que le problème de multicolinéarité est détecté. 10
11 Tableau 2 : Matrice de corrélation du modèle (1) C HUMAIN PIB/tête ÉDUCATION SANTE TC POPULATION TRANSFERTS C HUMAIN PIB/tête 0.647*** ÉDUCATION *** SANTÉ 0.717*** 0.593*** 0.205* TC POPULATION *** *** *** TRANSFERTS *** *** *** 0.322*** *** significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %. Tableau 3 : Matrice de corrélation du modèle (2) LOG(TC PIB/tête) LOG(FBCF) LOG(C HUMAIN) LOG(TC POPULATION) DEG. OUVERTURE CRÉDIT INFL ATION DEP PUBLIQUE LOG(TC PIB/tête) LOG(FBCF) 0.453*** LOG(C HUMAIN) LOG(TC POPULATION) *** ** *** DEG OUVERTURE * CRÉDIT *** ** 0.810*** INFLATION ** *** *** DEP PUBLIQUE *** ** TRANSFERTS *** 0.307*** *** * *** significatif au seuil de 1 % ; ** significatif au seuil de 5 % ; * significatif au seuil de 10 %. TRANSFERTS 11
12 III. Résultats et interprétations Nous estimons le modèle (1) afin de vérifier si les transferts des migrants permettent d accélérer l accumulation du capital humain dans les pays de l échantillon. Les résultats sont présentés dans le Tableau 4. On constate d abord que les transferts exercent un effet positif et significatif sur le pourcentage d inscrit à l enseignement secondaire. Conformément aux attentes, une augmentation des dépenses d éducation et du revenu par tête contribue à accroître le stock de capital humain. Enfin, le taux de croissance de la population exerce un effet nettement négatif sur le capital humain. Nous estimons le modèle (2) pour vérifier si l effet positif des transferts sur le capital humain contribue à accélérer la croissance dans les pays en question. Les résultats sont présentés dans la première colonne du Tableau 5. À l exception des crédits accordés au secteur privé, les déterminants traditionnels de la croissance agissent conformément à la littérature : l investissement stimule la croissance, tandis que le taux de croissance de la population et l inflation la détériore. Le coefficient associé à l indicateur de capital humain est positif, mais non-significatif. Enfin, les transferts exercent un effet positif et significatif sur la croissance. Pour vérifier le rôle du capital humain en tant que canal de transmission de l impact des transferts sur la croissance, nous estimons le modèle (2) en écartant les transferts des variables explicatives. Si le capital humain canalise l effet des transferts vers la croissance, son coefficient devrait enregistrer une augmentation significative. Les résultats de cette version du modèle sont rapportés dans la colonne 2 du tableau 5. On constate que non seulement le coefficient du capital humain augmente (il est passé de 0,018 à 0,029), mais qu il devient significatif alors qu il ne l était pas dans la version initiale du modèle. Ce résultat démontre le rôle que joue le capital humain en tant que canal de transmission de l impact des transferts sur la croissance. Pour confirmer cette conclusion, nous introduisons dans le modèle un terme d interaction «transferts capital humain». Un effet positif de cette variable implique que le capital humain et les transferts évoluent dans le même sens, ce qui témoigne de leur complémentarité. Ceci suggère qu une augmentation des transferts stimule le capital humain et se répercute positivement la croissance. Les résultats de cette version du modèle sont rapportés dans la troisième colonne du tableau 5. On constate que le coefficient affecté au terme d interaction est positif et significatif (0,494), ce qui confirme que le capital humain canalise les effets des transferts vers la croissance. Il semble donc que le capital humain soit un canal de transmission privilégié à travers lequel les transferts agissent sur la croissance. Il convient alors d étudier les déterminants de l efficacité de ce canal. Ainsi, il est important de savoir si les transferts agissent indépendamment ou en complémentarité avec les politiques publiques visant à développer le capital humain. De même, il convient de vérifier dans quelle mesure les transferts constituent des revenus complémentaires qui servent à financer les dépenses de scolarisation. Pour répondre à ces questions, nous répartissons les 19 pays en deux sous-échantillons, en fonction du niveau des dépenses publiques d éducation. Neuf pays affichent un niveau moyen 12
13 de dépenses supérieur à la moyenne de l échantillon. On se référera à ce groupe comme celui des Pays à Dépenses d Éducation élevées (PDEE). D une façon analogue, nous appellerons les dix pays restants groupe des Pays à Faibles Dépenses d Éducation (PFDE) 6. Tableau 4 : Modèle (1), variable dépendante Capital humain PIB par tête ** [ ] Dépenses publiques en éducation * [ ] Dépenses publiques en santé [ ] Population *** [ ] Transferts de fonds Observations Nombre de pays Stat. de Sargan Prob. Stat. de Sargan AR (1) *** [ ] AR (2) *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les écarts-types sont mentionnés entre crochets. 6 Voir le tableau en annexe pour le classement des pays en fonction des moyennes des dépenses publiques d éducation. 13
14 Tableau 5 : Modèle (2), variable dépendante taux de croissance du PIB par tête (1) (2) (3) Log Investissement *** 0,05372*** *** [ ] [0,01521] [ ] Log Population Log Capital humain Développement financier Inflation Dépenses publiques Transferts de fonds -3,40525*** -3,60883*** *** [0,92420] [0,97184] [ ] 0, ,02902* [0,01678] [0,01687] [ ] -0,04610** -0,03913* ** [ ] [0,02007] [ ] -0,07316*** -0,06431** *** [0,02504] [0,02566] [ ] -0, , [0,11810] [0,12167] [ ] 0,25955** [0,09848] - [ ] Transferts *Log capital humain Observations Nombre de pays Stat. de Sargan Prob. Stat. de Surgan AR (1) * - - [ ] AR (2) *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les écarts-types sont mentionnés entre crochets. Les résultats des estimations du modèle (1) pour les deux groupes de pays sont rapportés dans les colonnes 1 et 2 du Tableau 6. On constate que l impact des transferts sur le capital humain est nettement plus important dans les pays qui ont des dépenses d éducation élevées. Ce résultat implique que les transferts agissent en complémentarité avec les dépenses publiques d éducation. En général, les transferts aident les ménages à financer les dépenses de scolarisation de leurs enfants, tandis que l État se charge de préparer l infrastructure d accueil, de former et recruter le personnel enseignant compétent. Les transferts complèteraient ainsi l action des pouvoirs publics dans le domaine de l éducation. On constate d ailleurs que seul le groupe des pays à dépenses d éducation élevées bénéficie d un effet 14
15 positif de ces dépenses sur le capital humain. Ceci signifie que les politiques publiques doivent atteindre un certain seuil pour produire des effets significatifs sur l accumulation du capital humain. Tableau 6 : Modèle (1), variable dépendante Capital humain PFDE PDEE PFR PRE PIB par tête Dépenses publiques en éducation Dépenses publiques en santé Population * *** [ ] [ ] [ [ ] * *** * [ ] [ ] [ ] [ ] *** *** ** [ ] [ ] [ ] [ ] ** *** * [ ] [ ] [ ] [ ] Transferts de fonds ** *** * [ ] [ ] [ ] [ ] Observations Nombre de pays Stat. de Sargan Prob. Stat. de Sargan AR (1) AR (2) *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les écarts-types sont entre les crochets. Les deux premières colonnes du tableau 7 présentent les résultats de l estimation du modèle (2) pour les deux sous-échantillons. On constate que l effet des transferts sur la croissance est plus élevé dans les pays où les dépenses publiques d éducation sont élevées. Ce résultat s explique en partie par le fait que les transferts favorisent d avantage l accumulation du capital humain dans ce groupe de pays, comme le démontrent les résultats du tableau 6. Les résultats du modèle (2) renforcent donc les conclusions tirées à partir du modèle (1) quant à la complémentarité des transferts et des dépenses publiques d éducation. Afin de confirmer ces conclusions et vérifier que les transferts constituent une source de financement alternative des dépenses de scolarisation, nous divisons l échantillon en fonction du revenu par tête. Nous distinguons ainsi un premier groupe composé de sept pays dotés d un revenu par tête moyen supérieur à revenu moyen de l ensemble de l échantillon. Nous qualifions ces pays de Groupe de Pays à Revenu Elevé (PRE) 7. Les douze pays restants formeront le groupe des Pays à Faible Revenu (PFR). 7 Voir le tableau en annexe pour le classement des pays en fonction du revenu moyen par tête. 15
16 Tableau 7 : Modèle (1), variable dépendante le taux de croissance du PIB par tête PFDE PDEE PFR PRE Log Investissement Log Population Log Capital humain Degré d'ouverture Développement financier Inflation Dépenses publiques *** *** *** ** [ ] [ ] [ ] [ ] ** *** ** [ ] [ ] [ ] [ ] * [ ] [ ] [ ] [ ] [ ] - [ ] [ ] *** *** - [ ] [ ] [ ] *** *** [ ] [ ] [ ] [ ] [ ] [ ] [ ] Transferts de fonds Observations Nombre de pays Stat. de Sargan Prob. Stat. de Sargan AR (1) AR (2) *** ** * [ ] [ ] [ ] [ ] *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les écarts-types sont mentionnés entre crochets. Nous estimons de nouveau les modèles (1) et (2) pour ces deux groupes. Les colonnes 3 et 4 du tableau 6 montrent que les transferts exercent un effet positif et significatif sur l indicateur du capital humain seulement dans les pays où le revenu par tête est faible. Ce résultat suggère que les transferts sont utilisés par les ménages à faibles revenus afin de financer la scolarisation de leurs enfants, d où l impact positif sur l indicateur du capital humain. Les résultats du modèle (2), rapportés dans les colonnes 3 et 4 du tableau 7, conduisent à une conclusion similaire : les transferts ne réussissent à stimuler la croissance que dans le groupe de pays à faible revenu. Le fait que les effets significatifs se limitent à ce groupe de pays montre que les transferts servent de revenus de substitution pour les ménages à faible revenu. Cette conclusion conforte l idée selon laquelle les transferts sont utilisés en partie pour financer les dépenses liées à la scolarisation des enfants, lorsque les ménages ne peuvent 16
17 s appuyer sur leurs propres revenus pour couvrir cette catégorie de charge. Ces résultats renforcent également la validité du capital humain en tant que canal de transmission, en montrant que les transferts n exercent d effet significatif sur la croissance que lorsque leur effet sur l indicateur du capital humain l est également. Conclusion Les transferts des migrants représentent une importante manne financière pour de nombreux pays en développement. Ces flux peuvent contribuer à stimuler la croissance à travers de multiples canaux dont le capital humain. L objectif de ce travail est de vérifier la validité de ce canal de transmission, de comprendre ses mécanismes et de cerner les déterminants de son efficacité. Pour ce faire, nous avons mené une étude empirique sur 19 pays fortement concernés par le phénomène des transferts et appartenant à six régions différentes. Plusieurs conclusions ressortent de cette étude empirique. On note d abord que les transferts des migrants permettent d accélérer l accumulation du capital humain dans les pays étudiés. De même, les transferts exercent un effet positif et significatif sur la croissance. Les résultats des estimations révèlent également que le capital humain est un important canal de transmission de l impact des transferts sur la croissance. L une des conclusions centrales de cette étude est que les transferts agissent en complémentarité avec les politiques publiques visant à développer le capital humain. Lorsque les gouvernements mettent en place les infrastructures physiques et humaines nécessaires, les transferts réussissent à stimuler davantage le taux de scolarisation et exercent également un effet plus important sur la croissance. Enfin, l impact des transferts sur le capital humain et sur la croissance concerne seulement les pays où le revenu par tête est faible. Ceci implique que les transferts réussissent à stimuler le capital humain, et donc la croissance, en servant de revenus complémentaires qui permettent de financer les dépenses de scolarisation chez les ménages à faibles revenus. 17
18 Bibliographies Acosta, P. (2006): Labor Supply, School Attendance, and Remittances from International Migration: The Case of El Salvador. World Bank Policy Research Working Paper Series No Acosta, P., Fajnzylber, P. et Lopez, H. (2007): The Impact of Remittances on Poverty and Human Capital: Evidence from Latin American Household Surveys. World Bank Policy Research Working Paper Series No Adams, R. H. et Page, J. (2005): Do International Migration and Remittances Reduce Poverty in Developing Countries? World Development, 33, pp Adams, RH. (2005): Remittances, Household Expenditure and Investment in Guatemala. World Bank Policy Research Working Paper Series No Adams, Richard H. (2004). Remittances, poverty, and investment in Guatemala. Bank Policy Research Working Paper No. 3418, World Arellano, M. et Bover, O. (1995): Another Look at the Instrumental Variable Estimation of Error Components Models. Journal of Econometrics, No 68. Bansak, C. et Chezum, B. (2009): How Do Remittances Affect Human Capital Formationof School-Age Boys and Girls? American Economic Review: Papers & Proceedings 2009, 99:2, Becker, G. S. (1964): Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis with Special Reference to Education. New York: National Bureau of Economic Research. Bollard, A., McKenzie, D., Morten, M. et Rapoport, H. (2010). Remittances and the Brain Drain Revisited: The microdata show that more educated migrants remit more. CReAM Discussion Paper Series No Borraz, F. (2005): Assessing the Impact of Remittances on Schooling: the Mexican Experience. Global Economy Journal, Vol. 5 (1), pp Boucher, S. R., Stark, O. et Taylor, J. (2005): A Gain with a Drain? Evidence from Rural Mexico on the New Economics of the Brain Drain. Working Paper Department of Agricultural and Resource Economics, University of California at Davis. Chami, R., Connel, F. et Samir, J. (2005): Are Immigrant Remittance Flows a Source of Capital for Development. IMF Staff Papers. Vol. 52, No 1. Chami Ralph, Gapen Michael T., Barajas Adolfo, Montiel Peter e Fullenkamp Connel. (2009). "Do Workers' Remittances Promote Economic Growth?," IMF Working Papers 09/153, International Monetary Fund Cox, E. et Ureta, M. (2003): International Migration, Remittances, and Schooling: Evidence from El Salvador. Journal of Development Economics, Vol. 72, pp
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