NOTE DE CADRAGE FACILITE D INNOVATION SECTORIELLE POUR LES ONG «ALIMENTATION DES VILLES : TRANSFORMATION ET COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES»
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- Mathieu Émond
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1 Personnes en charge du dossier : Jean-Claude GALANDRIN, Division Développement rural galandrinjc@afd.fr Quiterie PINCENT, Division partenariat avec les ONG pincentq@afd.fr NOTE DE CADRAGE FACILITE D INNOVATION SECTORIELLE POUR LES ONG «ALIMENTATION DES VILLES : TRANSFORMATION ET COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES» Contexte Les récentes évolutions démographiques, sociales, économiques et institutionnelles ont rendu plus complexes les modalités d'approvisionnement et de distribution alimentaires des villes africaines dont les populations auront doublé dans moins de vingt ans. L agro-alimentaire doit répondre désormais aux attentes d un consommateur, le plus souvent urbain, qui portent autant sur le niveau de prix, sur la diversification des aliments proposés et leur adaptation au changement de mode de vie, sur la qualité sanitaire, gustative et nutritionnelle que sur la traçabilité. A titre d illustration de cette évolution, on peut noter l émergence d une classe «moyenne» de consommateurs urbains plus exigeants en matière de qualité, d hygiène, d emballage, et disposant d un pouvoir d achat qui leur permet de payer plus cher pour ces produits qu ils se procurent dans des petits magasins «modernes». L existence de cette classe moyenne peut constituer un levier tirant vers le haut l amélioration des qualités organoleptiques, sanitaires et de conditionnement des produits transformés, et contribuer à terme à rendre accessible au plus grand nombre de la population des produits agroalimentaires locaux au sein des villes. Face à la demande urbaine croissante, et souvent en pleine mutation, les filières agroalimentaires locales restent mal organisées, très souvent calquées sur les processus et pratiques traditionnels (que ce soit au niveau de la distribution, de la transformation ou de la conservation) avec des risques sanitaires non négligeables. L enjeu est d autant plus important qu en milieu urbain, mais aussi de plus en plus en milieu rural, ces filières se trouvent confrontées à la concurrence de produits importés, qu ils s inscrivent dans les filières de commerce locale, ou qu ils soient diffusés dans des systèmes de distribution plus modernes comme les supermarchés. Or, leur rôle est essentiel dans la sécurité alimentaire, la création de valeur ajoutée, de revenus et d emplois. Sachant que l Afrique sub-saharienne assimile avec difficulté l arrivée de 17 millions de nouveaux chercheurs d emploi chaque année et que ce chiffre devrait grimper à 27 millions annuels en 2030, il apparait clairement que ces opportunités d emplois ne peuvent être négligées en milieu urbain et rural. Une des caractéristiques de ce secteur est la prédominance du secteur informel, aussi bien dans ses composantes rurales qu urbaines. Ce type d organisation, qui permet une souplesse face aux difficultés d'approvisionnement et de distribution alimentaires, est considéré souvent à tort comme un frein à l évolution du secteur : dispersion et multiplicité des acteurs, faiblesse des organisations professionnelles et de leur représentativité, accès au capital productifs et aux modes de financements limités A côté de cette nébuleuse de petites unités de production et de commercialisation émergent des filières plus structurées, plus modernes, intégrant la contractualisation, la production industrielle, les modes de transformation respectant les normes de qualité occidentales. Outre que ces structures ne concernent encore qu une part du marché et s approvisionnent pour partie directement sur le marché international, les passerelles entre les deux «mondes» paraissent peu
2 développées. Le risque de voir marginalisé le secteur pourvoyeur d emplois et de liens avec les productions locales est donc fort s il ne parvient pas à s inscrire dans une dynamique innovante. L ensemble de ces constats souligne la nécessité d accompagner l évolution nécessaire des filières agroalimentaires, que ce soit à travers l appui au secteur informel ou le développement d articulations entre ce secteur et le secteur formel à toutes les étapes (production, transformation, commercialisation). Il est impératif de renforcer l efficacité des filières d approvisionnement. Le secteur informel constitue pour cela une base dynamique, avec de nombreux acteurs et une variété de compétences. Il nécessite des accompagnements adaptés sur le plan institutionnel, technologique, financier et organisationnel. Au niveau macroéconomique, les résultats de ces accompagnements peuvent également se traduire par une meilleure perception de sa contribution à l économie nationale, voire de son intégration en tant qu agent économique à part entière. Cependant, la typologie de ces activités doit conduire à prendre plus en compte les facteurs d économie sociale (création d emplois et de revenu minimum, cohésion économique de l unité familiale) que les critères classiques de profitabilité économique. A la suite de la crise alimentaire de 2008 et de celle amorcée courant 2010, de nombreux acteurs affichent leur volonté de réinvestir dans l appui aux filières alimentaires. L approche filière et/ou des appuis aux activités de commercialisation (stockage, crédit) sont développés avec l appui de programmes conséquents mais peu d actions prennent en considération l ensemble des contraintes rencontrées par le secteur agro-alimentaire, entre autres en termes de capacités productives, compétence, formation. Positionnement de l AFD Le groupe de l AFD finance ou a financé le développement d entreprises agro-industrielles, dans les aspects industriels ou de production de matière première, en régie ou par contrat avec des producteurs, pour des produits alimentaires (palme, fruits, sucre, arachide) ou non (coton, hévéa, fleurs) pour le marché domestique régional (palme, arachide) ou l exportation. Ces entreprises intègrent en général les fonctions amont (intrants chimiques, semences, engrais, vulgarisation) et aval (transformation, commercialisation). L AFD appuie par ailleurs le développement des PME à travers la mise en place de dispositifs d appui à la gestion et à la structuration professionnelle de filières agroalimentaires et en refinancement des banques commerciales qui accompagnent le développement des PME agro-alimentaires. A ce titre, l AFD mène plusieurs projets d appui aux PME visant à leur permettre d accéder à de nouveaux marchés (Europe, ), à améliorer la qualité de leur production (PRCC, programmes de mise à niveau Madagascar, Tunisie, Sénégal, Mali, Maroc ), et à faciliter leur accès au financement (Programmes de mise à niveau, Facilité Mésofinance). Il est à noter qu une part de ces PME (meunerie, boulangerie, biscuiterie, savonnerie, laiterie, boissons sucrées, brasseries, provenderies) s approvisionne en matières premières agricoles sur les marchés internationaux pour des raisons de prix, de qualité, de sécurisation et régularité des approvisionnements et de disponibilité. Absente du secteur des micros, très petites et petites entreprises, si ce n est à travers le refinancement des réseaux de micro-financement, l AFD souhaite s y intéresser à travers : - La promotion de l innovation (qu elle porte sur le produit, le procédé, l organisation professionnelle ou les mécanismes de sécurisation des approvisionnements). Dans les micros, TPE et PE, elle se réalise généralement sans service de «recherche et développement» et repose de ce fait souvent sur de petits changements incrémentaux. - L appui à l entrepreneuriat d une part via le développement de services conseils (avec des outils adaptés d accompagnement) et d autres part à travers la valorisation de la démarche au sein de la société. - L appui à la création et au développement d entreprises qui relève en premier lieu d un environnement des affaires porteur (démarches administratives simplifiées, impositions adaptée ). - Le développement de formations prenant en compte (i) la diversité des besoins des micros, TPE et PE (formation technique mais aussi au développement de l entreprise), (ii) l évolution des besoins en lien avec leur cheminement, (iii) mais aussi le parcours professionnel des individus (apprentissage, formation continue, ).
3 - La concertation et la coordination des acteurs impliqués, entre autres en prenant en compte la dimension territoriale des structures ; - La promotion de l économie sociale visant à concilier l économique et le social. L enjeu, pour le secteur agroalimentaire en Afrique sub-saharienne, est bien de réunir les éléments ci-dessus et de les rendre effectif dans un milieu : - dominé essentiellement par le secteur informel (majoritairement de l auto-emploi et de très petites entreprises) mais aussi caractérisé par l émergence en parallèle d un secteur dit moderne ; - éclaté entre plusieurs territoires (zones rurales, milieu urbain) ; - peu pris en considération par la formation professionnelle qui vise généralement plus le secteur formel ; - peu organisé et ayant donc des difficultés à rassembler, formaliser et faire connaitre ses besoins et revendications.
4 Propositions pour la FISONG Géographie : Une priorité est donnée, sans exclusive, aux 14 pays prioritaires du CICID 2009 (Bénin, Burkina Faso, Comores, Ghana, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, République Démocratique du Congo, République Centrafricaine, Sénégal, Tchad, Togo), et notamment à ceux de l Afrique sub-saharienne (ASS). Secteur : Toutes activités aval des filières agroalimentaires, les produits locaux ayant vocation à être exportés ne sont pas exclus sous réserve qu ils participent directement à l objectif de sécurité alimentaire. Segment : Le segment retenu pour le présent cadrage est celui allant des micros entreprises, très petites entreprises (TPE) et petites entreprises (PE), si l on retient comme qualification des entreprises la suivante : - micro entreprise : effectif < 4 employés CA < 10 millions FCFA - TPE : effectif : 4 à 9 employés CA : 10 à 50 millions FCFA ; - PE : effectif : 10 à 19 employés CA : 50 à 500 millions de FCFA ; - ME : effectif : 20 à 50 employés CA > 500 millions de FCFA. Les seuils sont donnés en FCFA à titre d exemple mais n excluent pas les propositions d intervention dans des pays d ASS hors zone FCFA. Nota bene : Sont exclus du champ les grosses sociétés et les grosses PME agroalimentaires. Le lancement de cette FISONG ne s inscrit pas dans le cadre de la réflexion sur le lancement d un plan de modernisation de l agriculture en Afrique, car les acteurs visés par des outils différent : les très petites entreprises sont visées par cette FISONG, les entreprises agro industrielles sont appuyées par d autres produits financiers de l AFD. Acteurs : Tous les acteurs, quels que soient leurs statuts sont dans le champ du projet, y compris les organisations de producteurs agricoles, à condition qu elles effectuent au moins une première transformation des produits. Les projets présentés devront prendre obligatoirement en compte la question du genre. Les projets seront appréciés et évalués au regard de la prise en compte innovante du genre dans la conception et le suivi des projets. Les ONG sont invitées à se rapprocher des réseaux existants via Coordination Sud pour préparer ce volet (présentation de la prise en compte du «genre» dans les projets et d indicateurs sexo-spécifiques). Domaines d innovation : Sans vouloir être exhaustif, les domaines d innovations pourraient être les suivants : - Collecte, transport et stockage ; - Transformation et conditionnement ; - Marketing et commercialisation ; - Dispositif d appui, de conseil et de gestion aux entreprises - Dispositif d appui aux organisations professionnelles et structuration des filières ; - Dispositif de financement. - Accroissement de la responsabilité sociale et environnementale ; réduction de l empreinte carbone - Formation professionnelle sous réserve qu elle s inscrive dans le cadre des priorités énoncées cidessus. - Production de niche en lien avec le développement d une politique volontariste des pouvoirs publics en faveur des produits locaux.
5 Nota bene : - Le financement d un fonds de roulement est envisageable, à condition que celui-ci s inscrive dans le cadre d une approche innovante visant par exemple à une duplication à plus grande échelle. - La durée des projets pouvant être cofinancés dans le cadre de cette FISONG est, en moyenne, de 3 ans. Cette limite temporelle doit être prise en considération en termes de mesure des résultats. Principaux critères d innovation: - Conserver ou rétablir le caractère équitable de la répartition de la richesse créée au sein d une filière agro-alimentaire - Valorisation des productions agricoles nationales ; - Activité créatrice d emplois durables dans les domaines agricole et agroalimentaire ; - Adaptation des produits agroalimentaires au pouvoir d achat, aux habitudes alimentaires et aux modes de vie nationale ; - Valeur et qualité nutritionnelles des produits ; - Augmentation des ressources relationnelles et cognitives des entités bénéficiant d un appui ; - Intégration des exploitations familiales agricoles au marché ; - Diversification de l économie locale ; - Canaux de redistribution de la croissance et des revenus générés ; - Substitution des produits importés par des produits agroalimentaires nationaux ; - Renforcement de l économie sociale où l économique et le social ne sont pas opposés mais au contraire intimement liés, et qui suppose de reconsidérer le secteur agroalimentaire informel comme une ressource à valoriser. ***
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