Classement et identification des grandes Écoles de pensée
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- Virginie Chagnon
- il y a 8 ans
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1 Classement et identification des grandes Écoles de pensée De 1900 à nos jours, de nombreuses écoles de pensée se sont succédées avec des périodes de recouvrement. Si les écoles de pensée sont bien identifiées, leur classification peut prendre des formes différentes. Comme nous l avons évoqué dans la présentation de ce livre, le choix d un exposé chronologique a été préféré pour des raisons pédagogiques. CHAPITRE 1 Nous nous proposons, dans ce chapitre, d une part, d exploiter le graphique de W. Richard Scott qui présente un classement des quatre phases essentielles de l évolution des organisations et, d autre part, d identifier à partir de ces quatre grandes phases l ensemble des écoles de pensée qui seront traitées. 1 Classement des grandes écoles de pensée selon l approche du schéma de Scott (1978) Le schéma de la page suivante présente, de 1900 à nos jours, un parcours à travers le temps de la théorie des organisations. Il a le mérite, par sa clarté, de distinguer schématiquement, selon deux axes, les quatre phases essentielles de l évolution des organisations.
2 G20 L ESSENTIEL DE LA THÉORIE DES ORGANISATIONS Approche rationnelle Organiser pour produire efficacement Adapter la structure École classique École de la contingence Système fermé Système ouvert Motiver l individu Mobiliser et faire participer École des relations humaines École sociologique Approche sociale
3 CHAPITRE 1 Classement et identification des grandes Écoles de pensée Présentation des axes a) L axe horizontal : du système «fermé» au système «ouvert» Il représente une approche «systémique» : le système «fermé» : il correspond à une organisation dont le modèle «universel» forme un tout centré sur la gestion des paramètres «internes» à l entreprise ; le système «ouvert» : il date des années 1960 et considère que l organisation de l entreprise est dépendante de son environnement qu il soit économique, politique, culturel, social, etc. L organisation nécessite un effort permanent d adaptation. b) L axe vertical : de l approche «rationnelle» à l approche «sociale» L approche «rationnelle» : elle conduit à la rationalisation du travail et correspond à une recherche d efficacité technique et économique de l entreprise. Cette recherche est rendue possible par la mise en œuvre d une démarche d organisation du travail rigoureuse, logique et formelle (mécanique), fondée sur la raison. L approche «sociale» : elle est fondée sur le consensus et la motivation des individus. Elle correspond à une recherche de l efficacité technique et économique de l entreprise par la prise en compte de facteurs humains. Cette démarche s inscrit dans une «logique des sentiments». Présentation des quatre phases a) La première phase (1900 à 1930) : organiser pour produire efficacement C est l école classique, l école des ingénieurs et des praticiens qui utiliseront les sciences de l ingénieur pour organiser et produire efficacement. Elle connaîtra deux phases, l une fondée sur la division technique du travail, l autre sur la division administrative du travail. Cette école s inscrit dans une approche rationnelle et fonctionne dans un système «fermé». b) La seconde phase (1930 à 1960) : motiver l individu C est l école des relations humaines ou comportementaliste. Des sciences de l ingénieur, nous passons aux sciences humaines. En quittant le postulat mécaniste et en mettant au centre du fonctionnement de l entreprise la dimension humaine, un pas fondamental est franchi dans l évolution de l organisation de l entreprise. Les études des chercheurs démontrent que la motivation de l individu et la compréhension de ses besoins sont favorables à l atteinte des objectifs de l entreprise et à son développement. Cette école s inscrit dans une approche sociale et fonctionne dans un système «fermé». G21
4 G22 L ESSENTIEL DE LA THÉORIE DES ORGANISATIONS Remarque : pendant des décennies, l école classique et l école des relations humaines, qui ont des points communs, ont constitué le noyau dur de la théorie des organisations. c) La troisième phase ( ) : adapter la structure C est l école de la contingence, diamétralement opposée à l école des relations humaines. D une approche «sociale», nous passons à une approche «rationnelle», et d un système «fermé», nous passons à un système «ouvert». La structure dite «idéale» et universelle, considérée comme indépendante du contexte est abandonnée au profit d une structure dépendante et liée aux contraintes externes, à son environnement, à des facteurs dits contingents. C est le «système ouvert». La meilleure structure sera recherchée par une approche rationnelle permettant d analyser et de mesurer les paramètres influents de l environnement. d) La quatrième et dernière phase (1980 à nos jours) : mobiliser et faire participer C est une approche sociologique de l organisation qui doit proposer de nouveaux principes (management participatif, projet d entreprise...) donnant, de nouveau, à l homme considéré comme un acteur social avec ses forces et ses faiblesses, une place déterminante dans un système «ouvert» qui s inscrit dans un environnement technique et économique complexe. 2 Identification des grandes écoles de pensée À partir des quatre grandes phases, analysées dans le paragraphe précédent, nous pouvons maintenant identifier et caractériser l ensemble des grandes écoles de pensée qui seront développées chronologiquement dans la suite des prochains chapitres.
5 CHAPITRE 1 Classement et identification des grandes Écoles de pensée G23 Les grandes étapes chronologique de la théorie des organisations 1 re Révolution industrielle (1780) Coton, charbon, machine à vapeur 2 e Révolution industrielle (1880) Sidérurgie, électricité, chimie, transport ferroviaire École classique 1900 Maximisation du système technique Pensée empirique 3 e Révolution industrielle (1980) Nouvelle technologie de l'information et de la communication École des relations humaines 1930 Maximisation du système social Pensée qualitative École de la prise de décision 1940 Pensée fonctionnaliste École néo-classique 1945 Pensée pragmatique École sociologique 1980 Pensée sociale École de la contingence 1960 Organisation dans son milieu Pensée systémique École socio-technique 1950 Tavistock Institutes de Londres Pensée globale
6 G24 L ESSENTIEL DE LA THÉORIE DES ORGANISATIONS École classique (1900) L école classique a été fondée essentiellement par des ingénieurs dont les premières réflexions, en matière d organisation industrielle, les ont conduits à proposer un modèle d organisation analytique, empirique et normatif. École des relations humaines (1930) En réaction au modèle de l école classique, quantitatif, où la machine impose ses cadences de travail à l homme, il faut un nouveau modèle. Proposée par des psychologues, l école des relations humaines, développera une approche qualitative de l organisation et elle mettra l homme au centre de sa réflexion. École de la prise de décision (1940) L école de la prise de décision, centrée sur le modèle économique de l organisation, tente de faire une synthèse entre les excès de l école classique et les insuffisances de l école des relations humaines. Elle se propose d étudier le contexte organisationnel des dirigeants qui, pour résoudre un problème, ne recherchent pas obligatoirement la solution optimale mais s arrêtent souvent à la première solution qu ils jugent satisfaisante. École néo-classique (1945) Après la seconde guerre mondiale, l école néo-classique ou empirique inspirée par l école classique se développe en utilisant les acquis des écoles postérieures à l école classique dont l école des relations humaines. Caractérisée par son empirisme et son pragmatisme, elle est à la recherche de principes universels. Elle est fondée sur la maximisation des profits, la décentralisation des responsabilités la réduction des coûts et des délais et la démarche de la Qualité Totale. École socio-technique (1950) L école socio-technique appréhende l organisation de l entreprise dans sa totalité, comme un système ouvert constitué par l interaction et l interdépendance de deux sous systèmes : social et technique. Cette approche engendre une double rupture : vis-à-vis de l école des relations humaines et vis-à-vis de l école classique. L approche de l organisation de l entreprise est désormais globale et conduira au développement de petits groupes de travail disposant d une large autonomie et capables de tenir compte des besoins des individus et des exigences de la production.
7 CHAPITRE 1 Classement et identification des grandes Écoles de pensée École systémique ou de la contingence (1960) L école de la contingence ou systémique s inscrit dans le prolongement des travaux de l école sociotechnique. Elle abandonne définitivement le préalable, longtemps dominant, du «the one best way» des écoles : classique et des relations humaines. Il n existe pas une et une seule bonne façon de faire les choses. Le bon modèle en soi, la «bonne» structure «universaliste» valable pour toutes les organisations, n existe pas. Pour les théoriciens de cette école, la structure est reliée à des facteurs dits contingents. Ainsi libérée du postulat de l école classique prônant un modèle unique d organisation, l école de la contingence montre qu il peut exister, pour des situations différentes, des modes d organisation différents. École sociologique (1980) Pour l école sociologique, l organisation n est pas un phénomène naturel qui s impose de l extérieur aux hommes. L individu est un «acteur social complexe» qui structure le champ dans lequel il évolue. L école sociologique tente de démontrer qu il n y a pas de relation univoque entre le type de structure d organisation choisi et la performance obtenue. En effet, si des organisations très formalisées obtiennent des résultats supérieurs à des organisations peu formalisées, dans d autres cas, elles connaîtront des blocages importants limitant leur évolution. Les théories existantes ne permettent pas toujours d expliquer le succès et les différences de structures. Ce sera un des objectifs de l approche sociologique de déterminer les causes de ces différences. G25
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