ctobas' "La valeur aiout6e du genotypage" La m6decine personnalis6e De I'utopie a la r6alite Entretien avec Jean-Pol Detiffe [DNAVision)

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1 O6cembre 2fi97 10, ctobas' REcHERcHE I DrAGNosnc I NouvEAurEs I tnnovattons La m6decine personnalis6e De I'utopie a la r6alite "La valeur aiout6e du genotypage" Entretien avec Jean-Pol Detiffe [DNAVision)

2 6decine personn see Partenaire exclusif de. Roche Diagnostics pour une dtude sur une puce d ADI], la soci6t6 DNAVision de Charleroi maitrise la technologie Affymetrix et se situe d la pointe en matidre de tests pharmacogdndtiques et pharmacogdnomiques. I,{ous nous sommes entretenus avec ]eqn-pol Detiffe, son directeur. Cr66e en mai 2OO4 et implant6e au ceur de I'A6rop6le de Charleroi, DNAVision est une spinoff dont l'actionnariat, mixte, regroupe I'Universit6 libre de Bruxelles et l'lnstitut de Pathologie g6n6- tique. Quels en sont le profil et les objectifs? Notre soci6t6 est centr6e sur la recherch et Ie d6veloppement en biologie mol6culaire, plus sp6citrlement dans le domaine des analyses g6n6tiques destin6es aux secteurs de la sant6, de l'agroalimentaire et des biotechnologies. DNAVision ambitionne de devenir Ie leader europ6en des analyses g6n6tiques de routine requdrant un haut degr6 de qualitd. Dds 2005, nous proposions sur le marchd nos premiers tests pharmacog6n6tiques et pharmaco96nomiques. Aujourd'hui, nous en mettons plus de cinquante, tous accr6ditds ISO 17025, ) la disposition de f industrre pharmaceutique. La plupart ont trait i la sphdre DME (Drug Metabolism Enzyme) et concernent donc des cytochromes ainsi que d'autres enzymes intervenant dans le rndtabolisme, telles les enzymes de conjr-rgarson. Nous ne souhaitons pas tre inf6od6s ti une seule technologie, donc nous utilisons tant des puces i ADN que des sdquenceurs ou ia Real-tin-re PCR. En effet, notre souci est de toujours proposef ii nos clients le test offrant le meilleur rapport qualitd prix. En 2006, DNAVision a r6alisd un chiffre d'aflnires d'un miilion d'euros, dont 90olo en dehors des frontiires belges. Peut-on consid6rer que le d6veloppement de la m6decine personnalis6est la cl6 de vo0te de votre activit6? Assur6ment. Nous vivons une p6riode charnidre, mais I'avenir est en marche. Que lrr Food and Drug Administration vienne d'annoncer que Ia notice - en I'occurrence, accompagnant un anticoagulant Ia Warfarine - devra d6sormais recommander d'effectuer un g6notypage pour le cytochrome 2C9 est un signe fort, m me si ce test ne constitue pas

3 encore Ltne obligation. Les patients sont demandeurs d'une m6decine personntrlisde, et les m6decins aussi, car ainsi ils ne seront plus contraints ) des prescriptions par essais et erreurs. En fonction du prolil du patient, ils pourront ddterminer les bonnes mol6cules i prescrire et les dosages ad6quats. Ladhdsion de la s6curit6 soci:rle devririt tre obtenue assez ais6ment pour les tests de g6notypage mettant en jeu des mddicaments aux effets secondaires potentiellement critiques. Pour les autres moldcules, I'6l6ment primordial sera le coirt et, partant, les rdsultats d'6tudes pharmzrco-6conontiq ues. Cela 6tant, oi se situe le principal frein au v6ritable d6marrage de la m6decine personnalis6e? Temporairement, sans doute, au niveau de i'industrie pharmaceutique: elle pergoit encore le g6notypage comme un possible obstacle d Ia commercialisation de certains de ses produits. Les firmes pharmaceutiques font n6anmoins appel d vos services. Oui, mais leurs demar.rdes cor.rsistent essentiellement en dr"r gdnotypage?i fagon. Autrement dit, ia pharmacogdr-rdtiqr.re n'est pas encore un pilier officiel de 1a recherche pharmaceutique, dans la mesure oir I'industrie ne fournit pas ndcessairement de donn6es g6n6tiques lorsqu'elle soumet un dossier aux autorit6s rdglementaires. Les donn6es sur Iesquelles nous travailions sont donc confidentielles, car le but des tests qui nous sont confi6s par les firmes est prioritairernent une meilleure comprdhension de la variabiiit6 des r6ponses d Ia mol6cule 6tudi6e ou une rneilleure standardisation des essais clinioues. Selon vous, ces barriires sont-elles appel6es i tomber dans un proche avenir? A moyen terme, probablement. Plusieurs 6l6ments sont d prendre en consid6ration. D'abord, le g6no-

4 *Nous ne voulons pas Otre inf typage peut aider il prescrire Ia dose addquate d'un m6dicament i un patient d6termin6. Il ne signifie donc pas forc6ment que la moldcule concernde doive dtre dliminde chez une certaine catdgorie de malades. Au contraire, ir des doses appropri6es, son efficacit6 pourrait tre renforc6e, tandis que ses effets secondaireseraient diminu6s. D'oi le maintien de sa prescription. Ensuite - et c'est d6jd le cas aujourd'hui -, Ies firmes pharmaceutiques s'efforcent de d6velopper des mddicaments qui soient influenc6s le moins possible par le m6tabolisme du foie, donc par les cytochromes. fabandon prdcoce de certaines mol6cules r6duit les cotts de recherche. Par ailleurs, si les principes de la pharmacog6n6tiquet de la pharmacog6nomique avaient 6td davantage pris en compte avant le lancement de certains m6dicaments, leur retrait du marchd aurait sans doute pu tre 6vit6, dpargnant ainsi ir leur fabricant un impact ddsastreux en termes d'image de marque. DNAVision est un des rares laboratoires europ6ens i maitriser la technologie Affymetrix qui permet par la voie des microdamiers, I'anafyse de I'ADN et de IARN. Votre soci6t6 est le partenaire exclusif de Roche Diagnostics pour une 6tude pharmaco- 6conomique belge relative i l'utilisation de la puce a ADN AmpliGhipo CYP45O. Quels en sont les tenants et aboutissants? "Le g6notypage, une plus-value pour la s6curit6 sociale et pour le patient" tive et vise ir ddmontrer I'int6rdt pharmaco-dconomique d'un g6notypage par le test AmpliChipo CYP450 dans le cadre de la prescription de cinq mol6cules qui repr6sentent une charge particulidrement lourde pour I'INAMI: I'omeprazole (antiulc6reux), la venlafaxine et la paroxetine (antiddpresseurs),le tramadol (analgdsique) et la risperidone (antipsychotique). Le gdnotypage que nous effectuons permet de distinguer les "metaboliseurs" normaux, lents et rapides. Avec l'aide des g6n6ralistes, nous s6lectionnons cent patients par produit. Ils ont en commun d'avoir mal r6pondu au m6dicament ou d'en avoir subi des effets secondaires. Tous les facteurs de cotrts sont pris en considdration (hospitalisation, passage i un autre m6dicament, incapacit6 de travail, etc.), puis mis en rapport avec le profil g6n6tique de I'individu et, partant, le type de (m6taboliseurs> auquel il appartient. Deux pharmaco-6conomistes de I'INAMI compareront alors, sur le plan financier, le mode actuel de prescription des m6dicaments et celui qui consisterait d I'associer d un test AmpliChipo CYP450. En filigrane, que faut-il lire comme message? D'une part, que le g6notypag est possible et, d'autre part, qu'il offre une plus-value tant pour la s6curit6 sociale que pour le patient. En effet, un gain de temps apprdciable sera obtenu non seulement dans le choix du m6dicament le plus appropri6, mais aussi dans LAmpliChip@ CYP450 est le premier test pharmacogdndtique bas6 sur la technologie des microdamiers i avoir 6t6 approuvd pour un usage diagnostique par Ies autorit6s tant am6ricaines - Ia FDA - qu'europ6ennes - label CE. La puce i ADN concern6 est capable de mettre en 6vidence 51 variations susceptibles d'affecter les gdnes codants pour les cytochromes 2D6 et 2C19, lesquels jouent un r6le majeur dans le metabolisme d'environ 25o/o des m6dicaments. Financde par la R6gion wallonne, Roche et DNAVision, l'6tude que nous menons est r6trospec- I'optimisation de la dose ir prescrire. Cette m6decine personnalis6e balise la voie de th6rapies meilleures et vraisemblablement moins cofiteuses. Dds aujourd'hui, DNAVision est appel6e i r6aliser de nombreux tests pharmacog6netiques et pharmacog6nomiques, principalement pour les Etats-Unis, pays oi la m6decine personnalisde est d6jd beaucoup plus pr6sente qu'en Europe, Mais votre action ne s'arr6te pas lir...? Non, nous fournissons 6galement une interpr6tation

5 ffiffiffi# w ffiffiryfffrffi*= des r6sultats. En effet, ) quoi servirait-il d'apprendre ir un m6decin que son patient est un faible "m6tabo- Iiseur", par exemple, si ce constat n'6tait pas accompagn6 de recommandations quant i la possibilit6 d'utiliser tel m6dicament ou ir la ndcessit6 de I'abandonner, aux dosages i appliquer ou aux interactions mddicamenteuses? DNAVision travaille beaucoup sur cet aspect de suivi et s'int6resse donc aussi bien au g6notype qu'au ph6notype. Centr6e sur IADN, la pharmacogdn6tique fournit une information valable d vie sur la manidre dont le patient mdtabolise tel ou tel mddicament. La pharmacog6nomique, elle, se focalise sur I'ARN messager et apporte une information dynamique, temporaire? Oui, la pharmacog6nomique dresse une carte d'identit6 de la maladie, carte qui se modifie au fil du temps en fonction de l'6volution de l'6tat pathologique du patient. Elle permet, par exemple, d'op6rer la distinction entre deux cancers qui semblent identiques sur le plan histologique mais qui, en v6rit6, different par leur agressivit6, Ieur propension ) donner des m tastases ou encore la r6ponse aux traitements. Sous peu, DNAVision va entreprendre avec la soci6t6 franqaise Ipsogen des tests pharmacog6nomiques pour caract6riser pharmacog6ndtiquement des cancers du sein. En clair, il s'agit, sur la base d'une signature ARN, de d6terminer le traitement ) prescrire. Autre exemple: en collaboration avec I'Institut d'immunologie m6dicale de I'ULB, nous travaillons sur une signature ARN indicatrice de f int6r t de continuer ou non un traitement par interf6rons dans la scl6ros en plaques. Ce type d'applications est appel6 )r se multiplier. Et, chaque jour, les demandes qui nous sont adress6es, tant pour des tests ADN que pour des tests ARN, t6moignent de la place grandissante que va se forger la mddecine personnalis6e. { Texte Philippe Lambert Photos Klis De Bruyne Qui est Jean-Pol Detiffe? ) Licenci6 en pharnracie de I'Universit6 catholique de Louvain (UCL) en I995 )Ag16gation de I'enseignement supdrieur (UCL- 1996) ) Masters of Business Administration (UCL ) ) Dipl6me de pharnracien d'industrie (enseignenrenl dispens6 en conrmun par I'Universit de Lidge, I'Universit6 libre de Bruxelles et I'Universit catholique de Louvain ) )De 1997 A 2004, adjoint au pharmacien directeur chez Quality Assistance et charge du d6veloppement de nouvelles lignes de tests pour le controle de la qualitd des m6- dicaments (biological business development) )Mai 2004: fait partie de l'6quipe des fondateurs de DNAVision )Depuis mai 2004: administrateur d6l69u6 de DNAVision

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