BedZED. Un quartier écologique au sud de Londres GE12. Clément Vasseur Geoffroy Poulet Cédric Gingreau Franck Louçano

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1 GE12 Clément Vasseur Geoffroy Poulet Cédric Gingreau Franck Louçano BedZED Un quartier écologique au sud de Londres Clément Vasseur Geoffroy Poulet Cédric Gingreau Franck Louçano 1

2 Sommaire I. Historique et origines du projet - Un modèle écologique à la fin des années 1990 : le quartier Vauban - Historique du projet BedZED - Fondateurs du projet - Le choix important du site : Sutton - Le déroulement des événements : créer le BedZED II. Objectifs, insertion et enjeux sociaux du BedZED - Objectifs généraux - Biodiversité et paysage - Aspects économiques - Transports - Urbanisme - Intégration et mixité sociale III. Moyens de réalisations technique - L'électricité dans le BedZED - L'eau et les déchets dans le BedZED - Le chauffage dans les habitations - Les matériaux utilisés - Aspect environnemental IV. Impacts et résultats - Avantages et description du projet au niveau social - Un projet satisfaisant ses habitants - Les limites au niveau social - Les conséquences économiques du projet BedZED - Impact en matière d'écologie - L'apport technologique du projet Bibliographie 35 2

3 I. Historique et origines du projet Un modèle écologique à la fin des années 1990 : le quartier Vauban Les problèmes de pollution ou d'effet de serre sont des enjeux mondiaux auxquels l'allemagne en particulier attache beaucoup d'importance. Inscrite dans une démarche écologique, elle encourage les initiatives positives de ses communes, dont la plus engagée est Fribourg-en-Brisgau. Cette ville remporte le prix de «capitale de l'environnement d'allemagne» en 1992 et développe son économie autour du développement durable. Depuis des années, elle développe les modes de transports favorisant le développement durable et les énergies solaires. C'est dans ce contexte particulier que naît un projet : le quartier Vauban. Celui-ci a pour particularité de développer des principes écologiques (vie sans voiture, énergies renouvelables, transports électriques) et de les joindre à des concepts sociaux spécifiques comme la mixité sociale. Ce quartier écologique, au sud du centre ville, est un des plus vieux d'europe. C'est un projet un peu fou, de 500 millions d'euros, qui est né en 1996, quand la mairie a lancé un plan de réaménagement d'un secteur anciennement militaire. La seule optique était un modèle de développement durable pour s'inscrire dans la continuité de la politique de la ville et du pays. Les premiers travaux commencent donc en 1996, ainsi que la venue des tout premiers habitants du quartier écologique. Les dernières opérations de constructions cessèrent au début des années Aujourd'hui, il est un des quartiers «durables» les plus aboutis puisqu'il compte 5500 habitants sur près de 40 hectares de terrain. Malgré quelques échecs sur le plan social notamment, c'est le quartier Vauban de Fribourg qui amorça bel et bien les idées de tous les autres projets écologiques à l'échelle de villes ou de quartiers dans le reste du monde. La ville de Fribourg, mondialement connue pour son caractère «développement durable» ou «écologique» initia donc ce mouvement, qui inspira une multitude d'autres villes et de pays. C'est le cas de l'angleterre avec Sutton, en banlieue de Londres. L'ancienne caserne de Fribourg Le quartier Vauban et son tramway Source des images : 3

4 Historique du projet BedZED Le Royaume-Uni est confronté très tôt à l extension urbaine et aux problèmes physiques et sociaux des quartiers périphériques en déclin. Il met donc en place - dès les années 1950 avec la «green belt» et dans les années 1970 avec la politique de Urban Regeneration - des politiques de rénovation urbaine visant à répondre à ces problèmes. Les friches deviennent des opportunités de développement urbain, et encore plus aujourd hui face à la forte demande de logements : on prévoit d avoir à loger 3,8 millions d habitants supplémentaires d ici 2021 dont dans la capitale d ici Cela implique que chaque commune de l agglomération londonienne doit créer logements par an. Si ces nouveaux logements étaient construits avec les densités moyennes utilisées dans le développement urbain, la surface occupée serait plus grande que la Grande Ville de Londres. Par ailleurs, l enjeu est dès lors de gérer cette croissance et de faire d une ville dense un modèle durable. De plus, la volonté de créer un quartier générant zéro émission polluante s inscrit dans la lignée des engagements pris par le Royaume-Uni sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment dans le cadre des accords du protocole Kyoto depuis Le plan de BedZED a été dessiné et conçu dans l intention de créer un quartier sans consommation d énergie fossile, d'où son nom : Beddington Zero Energy (fossil) Development. L énergie requise pour couvrir les besoins de BedZED provenant exclusivement de sources renouvelables, il donc s agit bien d un quartier «neutre en carbone» puisqu il ne rejette aucune émission de dioxyde de carbone (CO 2) dans l atmosphère. Comme l organisme, la ville est le siège d un renouvellement permanent des éléments qui la constituent. Toutes les villes rejettent dans l environnement les déchets de leur métabolisme - Joël de Rosnay in Le Macroscope, 1977 C est à partir d un tel constat, simple mais trop souvent oublié, que s est développé le projet BedZED. Il emprunta à la nature son approche écosystémique : murs, matériaux, flux d énergie et d eau, habitants, transports... Considérer les interdépendances entre ces domaines segmentés dans les approches classiques et naturelle, permis de mettre sur pied un projet urbain pour le moins différent, et désirable. Sources : Agence de développement et d'urbanisme de Lille métropole 4

5 Fondateurs du projet A l'origine du projet, il y a évidement la municipalité de Sutton qui lança un appel d'offre pour une telle entreprise. Le conseil municipal de Sutton étant fortement engagé dans une démarche d Agenda 21 local. Mais il y a aussi les partenaires principaux engagés qui ont mis ce projet sur pied. Beddington Zero Emissions Development (BedZED) est en fait une initiative conjointe de la société de logement Peabody trust, de l ONG environnementaliste BioRegional Development Group et Bill Dunster Architects (BDA). BioRegional Development Group Association environnementaliste de développement local créée en 1994 à Londres. Peabody Trust Société de logement, la plus importante et plus ancienne de Londres, soutient des initiatives sociales et communautaires et des programmes innovant dans la construction. C'est une société caritative. Bill Dunster Architects (BDA) Cabinet d architectes engagé pour la réduction de la consommation des ressources naturelles. Assure la conception, la planification, la gestion des risques du projet ainsi qu une mission de R&D pour des innovations technologiques environnementales. Ce sont des spécialistes de la construction zéro émission. Zedteam Consultants de l équipe de BedZED en charge de la diffusion du programme ZED, Zero Energy (fossil) Development. 5

6 Le choix important du site : Sutton La ville résidentielle de Sutton est située à 40 minutes en train au sud-ouest de Londres et fait partie des 32 municipalités constituant le Grand Londres. C est une ville de taille moyenne, d une population estimée à habitants en 2010, qui a été fondée en 1965 (fusion de plusieurs municipalités, notamment Sutton et Beddington), et où la classe moyenne prédomine. La ville s est par ailleurs déjà engagée dans une politique verte (espace verts et recyclage des déchets, mesure du bien-être...) et dans un système de vente directe avec les agriculteurs locaux. «Penser globalement, agir localement». Voici aussi un point de départ de la démarche holistique de la municipalité de Sutton, visant à réduire au maximum son empreinte écologique. Le choix de la localisation de BedZED s est fait d une part en fonction des besoins de la ville de Londres, dont le centre est saturé et non accessible à des personnes de revenu moyen, et d autre part de manière à préserver l espace vierge péri-urbain londonien. Le site de BedZED présente par ailleurs plusieurs avantages stratégiques: - Il est situé dans une des banlieues de Londres les plus actives en matière de développement durable comme avec l'agenda 21 local de Sutton. - Il dispose un des plus grands espaces verts du sud de Londres. De plus, le site de BedZED est une grande friche de 1,7 hectares. - Il est relié à un réseau de transports publics (proximité de la gare de Hackbridge, arrêt sur la nouvelle ligne de tramway), permettant de réduire l utilisation des voitures particulières et donc favoriser les transports en communs peu polluants. Proche d un axe majeure où il y a aussi deux lignes de bus qui desservent les centres de Sutton et des villes voisines ainsi que les stations d Hackbridge et de Mitcham pour la capitale anglaise, Sutton avait tout d'une réelle prétendante à ce titre hébergeur de cet énorme projet. BedZED L'incertion du BedZED dans la municipalité de Sutton et ses infrastructures Image satellite de Google Earth Source : retour d'expérience quartier BedZED, p2 6

7 Le déroulement des événements : créer le BedZED BedZED est le premier quartier de cette taille et de ce niveau d efficacité énergétique à avoir été construit au Royaume-Uni selon des principes d habitat écologique, visant des alternatives à l automobile, la diminution des pollutions et des émissions de CO2 tout en poursuivant un objectif social. Ce quartier a été conçu en repensant l architecture et l urbanisme sur la base de l efficacité, de la simplicité et des usages des habitants (transports, achats, tri des déchets, consommation d eau et d électricité ) - WWF & BioRégional Development, BedZED : un exemple d urbanisme durable, 2004 Déroulement des événements 1992 Bill Dunster construit le modèle de la maison solaire passive et en parallèle la ville de Sutton s engage dans une politique verte (espaces verts ou recyclage) et signe aussi des accords pour acheter les produits des agriculteurs locaux. Depuis 1995 Bill Dunster Architectes et ses partenaires mettent au point le concept d écoquartier (le ZED) et Bioregional Development en assure la promotion et recherche des sites d implantation potentiels. Début 1998 La ville de Sutton lance un appel d offre : «une demande de quartier durable jusqu à 305 pièces habitables, un complexe sportif, un clubhouse et une contribution au parc de logements sociaux». Peabody et Bioregional répondent à l appel d offre et la ville de Sutton est donc d accord de céder le terrain moins chère que sa valeur marchande réelle à condition que les bénéfices engendrés dépassent le capital investi. Mai 1998 BioRegional s implante à Beddington, sur un terrain acquis par le promoteur Peabody Trust, une organisation qui financera la construction de BedZED. L équipe porteuse du projet se met en place : Bioregional Development Group, Bill Dunster Architects et Peabody Trust commencent à installer le projet sur place. 7

8 Septembre 1998 D autre part, elle engage un bureau d économistes de l environnement (Aspinwall & Co) pour placer une valeur financière indépendante issue des bénéfices dégagés par les économies d énergie. La valeur la plus intéressante est l économie que représente la réduction des émissions de CO 2 sur une vingtaine d'années qui est entre à euros Sutton Borough, la collectivité d accueil du projet, approuve la planification détaillée du projet. La ville requiert un plan de transport intégré et un cahier de charges environnemental afin de garantir les résultats prévus Les constructions démarrent. Et en même temps, le projet BedZED, qui est aussi devenu lauréat du Prix de l'irca (Institut Royal des Bâtisseurs et des Architectes) sert de modèle pour le programme de logement eco- homes initié par le gouvernement anglais Les premier logements sont occupés et l'expérience BedZED peut être lancée. La construction du BedZED (2001) Source de l'image : Source : retour d'expérience quartier BedZED, p1 8

9 II. Objectifs, insertion et enjeux sociaux du BedZED L îlot BedZED est un écoquartier né de l initiative conjointe de la société Peabody trust et de l ONG environnementaliste BioRegional Developement Group. Leur but a été de créer un quartier mixte, alliant architecture écologique, modes de transport doux et promotion du développement économique local. L objectif clairement défini de ce projet étant de permettre aux habitants de mener un mode de vie durable sans sacrifier la modernité, l urbanité et la mobilité. Une de ses qualités principales réside dans son approche globale et dans la prise en compte des principes de la durabilité. Objectifs généraux Le projet BedZED a été pensé dans un mode de développement durable et pour réduire l impact sur l environnement. Il s est donc fixé comme objectifs premiers de : - Concilier une haute densité d habitat et l amélioration de la qualité de vie - Préserver la ceinture verte et les terres agricoles de l extension urbaine - Réduire l impact environnemental de la régénération urbaine - Soutenir l économie et les communautés locales - S approvisionner en énergie et matériaux de la région Dans le but de générer «zéro émissions», les créateurs ont visé à limiter les déplacements des riverains et donc de concentrer les activités, l habitation et les services au sein du quartier, et de miser sur des modes de transport écologiques. Un autre point d orgue du projet a été d offrir aux résidents des espaces publics, des logements et des bureaux de qualité. La construction a ainsi été pensée selon ces objectifs. Des matériaux recyclés et des bois éco-certifiés ont été utilisés. Et l isolation, le fonctionnement et l exposition des habitations ont été étudiés pour maitriser la dépense énergétique de celles-ci. Sur le plan technique, les objectifs ont été définis et classifiés selon 3 domaines : Enfin, le projet vise à accueillir des résidents de différentes classes sociales en proportions équitables, dans le but de ne pas réserver l innovation à une élite et se démarquer des industries innovantes. Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p 1, 9, 11 p1,4,5 9

10 Biodiversité et paysage Bien que doté d une importante densité urbaine, le projet a réussi à concilier espaces construits et paysage naturel. Le quartier a en effet été agrémenté de nombreux espaces verts, chaque immeuble résidentiel ou d affaires, chaque maison, possédant son propre jardin. Toutes les routes d accès au quartier, ainsi que le grand axe piéton allant de la Place Centrale au Parc Naturel, ont été agrémentées d arbres et une place ouverte ornée de plantes aromatiques, telles que de la lavande et du romarin, a de plus été agencée au cœur du quartier. L accent est mis sur la préservation de la biodiversité au sein et à la périphérie du quartier ; le projet est bordé par une plantation indigène, visant à encourager une variété d écosystèmes de faune et de flore et chaque habitant a la possibilité d acquérir une parcelle de terre sur le site du BedZED et se voit offrir une formation et de l équipement de jardinage à son arrivée dans le quartier, pour cultiver sa propre nourriture. Source de l'image : http :// ssier_destination_architecture/europe_berceau_des_ecoquartiers.html Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p 8 10

11 Aspects économiques Le créateurs du BedZED ont voulu favoriser l économie locale, d une part en s approvisionnant en matériaux chez des fournisseurs locaux, situés à moins de 56 km du projet, en matériaux de construction, d autre part en favorisant l achat de ressources alimentaires chez les producteurs de la région. Ceci permet de réduire les dépenses énergétiques dues aux déplacements et à la culture sous serre, d améliorer la qualité des ressources alimentaires et, à plus long terme, de redynamiser l agriculture locale. Un système de livraison en gros a également été mis en place par des épiceries et des fermes locales. Sur le plan comptable le coût total de développement du projet s estime à 17 Millions d euros, ces dépenses ont été réparties de la manière suivante : - 14 millions pour les coûts de construction - 2,5 millions pour les taxes professionnelles - 0,5 million pour les coûts de planification et le contrôle de la construction. Le caractère innovant et inédit du projet a cependant un impact sur le prix des logements dans le quartier, en moyenne le prix d un logement sera de 20% plus élevé que dans les autres quartiers de la banlieue Sud de Londres. Cette variation de prix s explique aussi par une baisse des charges d exploitation et une amélioration des services locaux. Malgré cela, la vente et la location de logement ne suffisent pas à couvrir les coûts de construction, ce qui a amené à un apport financier de la part de différents acteurs publics, tels que la ville de Sutton et la commission européenne. Source de l'image : Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p 8, p

12 Transports Le projet intègre un «Green Travel Plan», un plan de transports intégrés visant à réduire les déplacements automobiles au sein du quartier. La réduction des déplacements est assurée par la combinaison du logement, du travail et des loisirs dans le quartier, et par l aménagement des espaces publics privilégiant les piétons, les cyclistes et les transports en commun. Un service internet pour les courses a été mis en place avec un supermarché local, permettant ainsi de gérer et coordonner les livraisons, et donc de réduire les déplacements individuels. De plus, des taxes de parking ont été mises en place afin de financer une association de location de voitures, cette association se base sur le principe du «car sharing», qui consiste à partager la location entre plusieurs personnes effectuant des trajets similaires, on parlera plus généralement de covoiturage. La circulation des cyclistes a donc été favorisée (aménagement de pistes cyclables et de parkings à vélos) La sécurité et la circulation des piétons ont aussi été privilégiées (chemins éclairés, ralentisseurs, accès pour personnes handicapées). Seules une cinquantaine de places de parking ont été mises en place au sein du projet, et sont louables à l année, es autres parkings se situent à l extérieur du quartier, laissant ainsi le centre du quartier libre de voitures. Ces mesures n ont malheureusement pas dissuadé les personnes travaillant ou résidant dans le quartier d utiliser leur voiture, déplaçant le problème du parking dans les quartiers voisins et instaurant une compétition pour les places de parking dans ceux-ci. Des transports publics ont ainsi été mis en place, parmi eux : deux lignes de bus, deux trajets directs pour la gare de Victoria, une liaison pour le nord de Londres, une ligne tramway allant jusqu à Wimbledon. La création de 40 véhicules électriques, alimentés à l aide des toits photovoltaïques des immeubles, était en projet mais n a pas encore vu le jour. Une réduction de près de 1,3 tonne de CO 2 par résident du BedZED par an, grâce au Green Transport Plan Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p 6, 13 p 6 12

13 Urbanisme Les logements au sein du quartier sont de plusieurs types : appartements, maisonnettes, maisons de villes et comprennent une à trois chambres. La répartition en logements était initialement la suivante : Type de logements Quantité Propriété 34 Copropriété 23 Location 10 Logements sociaux 15 Et en terme de statistiques et d installations : - Une surface de 1,7 ha - 82 logements résidents - Une densité de population de 148 habitants/ha m² d espaces vert, majoritairement des équipements sportifs publics - 71 jardins privatifs sur 82 logements, de 8 à 25 m², en rez-de-chaussée ou terrasses m² d espaces commerciaux et services, intégrés au bloc BedZED, dans le but de maximiser l éclairage et le chauffage solaire passif, comprenant espace collectif, salle de spectacles, un centre médico-social, une crèche, un café, un restaurant... La demande envisagée pour les postes de travail n ayant pas été atteinte, la majorité des bâtiments orientés Nord, ont été transformés en immeubles résidentiels mais ne possèdent pas le même rendement énergétique que ceux orientés Sud. L agencement des logements, la présence de grands complexes et l architecture du quartier doivent cependant faire face à certaines critiques et remises en question. En effet, la position accessoire de la cuisine et le faible éclairage de la mezzanine au sein des logements participent à affaiblir la qualité spatiale du projet. De plus la surface allouée aux infrastructures sportives, scolaires et à la vie culturelle semble trop importante comparé au nombre d habitants dans le quartier, empêchant une dynamique de naître de celui-ci. Enfin, le succès de ce quartier en a fait un site touristique, si bien qu entre 2002 et 2007, étrangers venus de France, de Chine ou d'afrique du Sud s y sont rendus, ce qui a contribué à rendre de nombreux résidents susceptibles envers les visiteurs, estimant que ceux-ci les regardent vivre leur vie, derrière les grandes baies vitrées de leurs habitations. Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p

14 Intégration et mixité sociale Le site inclut un plan de logement social, comprenant 12% de logements sociaux, des prêts éthiques auprès des caisses de solidarité et la création d équipements sportifs, de santé et de garde d enfants. De plus, 2/3 des logements sont dits abordables, le projet n a donc pas été créé dans le but d être réservé à une population aisée, mais dans le but d assurer une mixité sociale. Les ménages étaient initialement répartis de équitablement entre les différentes classes sociales et de la manière suivante : Classes Professions Type de logement (nombre) Aisée Cadres supérieurs, professions libérales Propriété (34 logements) Intermédiaire Infirmières, professeurs, pompiers, policiers, Copropriété (23 logements) Personnes à faibles revenus Habitation à loyer modéré (25 logements) Nonobstant le projet a une nouvelle fois été victime de son propre succès, le coût de l immobilier ayant connu une hausse notable, certains propriétaire ont préféré vendre leur logement à des familles plus aisées et à un prix plus élevé qu initialement, effectuant par là même un bénéfice. Ce phénomène a donc participé à renforcer le nombre de ménages à hauts revenus sein du quartier au détriment de ceux aux revenus intermédiaires et, à plus grande échelle, à déséquilibrer la répartition des logements. Le plan de logement social a donc bel et bien été mis en place, mais s est vu compromis à mesure que le coût immobilier a augmenté dans le quartier Vue en coupe d une unité de logement de type maisonnette Sources : retour d'expérience quartier BedZED, p 9, 13 p 6 14

15 Moyens de réalisation technique III. L'électricité dans le BedZED Le BedZED possédait sa propre centrale électrique, une centrale de type cogénération. Mais celle-ci est tombée en panne trois ans après son début de fonctionnement et n as pas été réparée puisque la société l ayant fabriquée a fait faillite. Maintenant le BedZED achète son électricité au réseau, mais on peut quand même dire en quoi consistait la centrale de cogénération. Définition La cogénération (ou production combinée chaleur-force) consiste à produire et à utiliser de manière simultanée de l énergie thermique et de l énergie mécanique, alors qu une centrale «classique» ne s intéresse qu à l énergie mécanique. Dans les deux cas l énergie mécanique est transformée en énergie électrique. La cogénération n est pas un concept nouveau.des années 50 aux années 80, la cogénération était utilisée pour produire de l électricité, principalement dans les grandes industries fortement consommatrices d énergie thermique (sucreries, papeteries ) et équipées de grosses chaudières délivrant de la vapeur à haute pression nécessaire dans leur procédé. Les avantages de la cogénération Cette production simultanée permet d optimiser le rendement global d une installation en minimisant la consommation d énergies primaires par rapport à des productions distinctes. En effet, quel que soit le type de la propulsion, le rendement électrique dépasse rarement 35 % : pour les turbines, ce rendement varie fortement avec la charge si l on compare le rendement d une centrale de cogénération avec le rendement d un ensemble classique (centrale électrique + chaufferie), le gain est de 30 à 35 % pour la cogénération. - Avec une cogénération, 100 kw de combustible produisent : 35 kw d électricité, 55 kw de chaleur, soit un rendement de 90 % 15

16 - Pour avoir les mêmes productions avec une centrale classique, il faut pour 35 kw d électricité 100 kw de combustible, pour 55 kw de chaleur 60 kw de combustible, soit un rendement de 90/160 = 56 %. La différence de rendement entre les 2 types de centrales est de 34 % et l économie d énergie primaire est de ( )/160 = 37 %. Enfin les centrales de cogénération fonctionnant au gaz naturel préservent l environnement, car lors de sa combustion le gaz libère moins de dioxyde de carbone (CO2) et d oxyde d azote (NOx) que le pétrole ou le charbon. La contrainte majeure de la cogénération est qu il est impératif d avoir un ou plusieurs consommateurs de la chaleur ou de la vapeur produite, à proximité de la centrale de production. C est le cas et même l objectif dans le cas du BedZED Pour être conforme et obtenir la certification «cogénération» (en France) il faut que la valeur minimale du rendement énergétique global annuel : Wélectrique Wthermique fournies =0,65 avec W correspondant à l'énergie Wconsommée Et la valeur minimale du rapport des énergies produites : Wthermique 0,5 avec W correspondant à l'énergie Wélectrique 16

17 Un bruleur (chaudière) est alimenté en combustible (du bois pour le BedZED) ce qui fournit de la chaleur. Cette chaleur est ensuite échangée à travers un échangeur, ce qui permet à l eau de se réchauffer. Une turbine et un alternateur sont couplés. La turbine en étant traversée par la vapeur se comporte comme un moteur L alternateur produit donc de l électricité. L excédant de chaleur est échangé à travers l échangeur, ce qui réchauffe le circuit d eau des habitations. Les occupants du BedZED utilisent en moyenne kwh d électricité par an, ce qui est inférieur à 45% de la moyenne de la ville de Sutton. Comparativement à des habitations classiques en Angleterre, le BedZED a réduit ses besoins en chauffage de 90% et ses besoins en électricité de 33%. Malgré que la centrale de cogénération à la biomasse qui alimentait l ensemble des bâtiments ne soit plus utilisée, les objectifs visés au départ continuent d être largement atteints. La consommation électrique a été réduite d environ 38% alors que la moyenne nationale anglaise était de 5,5 kwh par personne par jour. Selon le BedZED Monitoring Report 2007, la consommation électrique moyenne du projet pour l année 2007 a été de : - 3,4 kwh/personne/jour kwh/logement/an - 34,4 kwh/m2/an La centrale de cogénération dans le BedZED : Elle ne fonctionne plus : Echec du projet La centrale a connu des problèmes techniques et s est arrêtée de produire au bout de trois ans, en même temps que l'entreprise qui l'avait conçue a fait faillite. Désormais, le solaire représente 11% de l'électricité, et le BedZED doit acheter les 89% restants auprès du réseau. Plusieurs projets alternatifs sont à l'étude. 17

18 Énergie solaire dans le BedZED : 777 m² de panneaux solaires produisent 108 MWh d électricité chaque année, soit une économie de 46 tonnes d émissions CO2. Panneaux solaires et les cheminées, signe identitaire fort du quartier Source de l'image : Source : Schneider Electric, La cogénération, in Intersections, mai

19 L'eau et les déchets dans le BedZED Récupération de l eau 18% de la consommation quotidienne du BedZED provient des eaux de pluie. Elles sont collectées grâce aux toitures et sont stockées dans d immenses cuves (1,12m de diamètre) placées sous les fondations après être passé par un filtre. La maison est alimentée en eau à l aide de pompes pour les chasses d eau et pour arroser les jardins. Pour diminuer le ruissellement d eau, il y a eu incorporation de graviers dans le revêtement de la surface des parkings. Les eaux d écoulement des toits, des rues et des trottoirs sont drainées par une rigole spécialement conçue pour une parfaite intégration dans l environnement. Pour parvenir à réduire de 50% par rapport à la moyenne nationale - la consommation d eau par personne du BedZED (72 L/ jour dans le BedZED contre 143L/jour), plusieurs solutions ont été adoptées: Toilettes à basse consommation d eau (pose de chasses d eau à double débit 2 et 4 litres) permettant un gain de litres par an et par habitant( chasses d eau normales utilisent entre 7,5 à 9 litres) Le pré-équipement d appareils à faible consommation (machines à laver de classe énergétique A consommant en moyenne 39 litres d eau par cycle, contre 100 litres pour les appareils traditionnels), permet une économie de 16,700 litres/an. Installation de baignoires à plus faible contenance et utilisation de réducteurs de pression pour les robinets. Ces dernières permettent de réduire la consommation d eau de deux tiers (9,500 litres/an). Traitement de l eau Green Water Treatement Plant (usine traitement de l eau écologique) Le traitement des eaux usées du BedZED devait être réalisé par sa propre station d épuration appelée Living Machine (Green Water Treatement Plant). Le système de traitement biologique (boues activées) consistait à extraire des nutriments pour l amendement des plantes et sols, et à traiter les eaux à un niveau qui permettait de les réutiliser une fois traitées (traitement UV) et colorées avec une teinte végétale verte, pour l alimentation des chasses d eau en complément de l eau de pluie. La station d épuration était bien intégrée dans le paysage, mais a été démantelée pour des raisons économiques. Échec de la station de traitement de l eau 19

20 La gestion des déchets Afin d encourager la population au de tri sélectif, chaque appartement est équipé de bacs à 4 compartiments : verre, plastique, emballages et déchets biodégradables, intégrés sous l évier. Un dispositif de compostage des déchets organiques est également mis en place, pour être utilisé dans les jardins. La gestion des déchets est assez basique et se retrouve aujourd'hui presque dans chaque ville développée. On ne peut pas dire que cet élément du BedZED fut très étoffée. Traitement de l'eau Source de l'image : Source : retour d'expérience quartier BedZED, p5 20

21 Le chauffage dans les habitations Ce type d habitation ne possède pas réellement de chauffage au sens où on peut le connaître, c'est-à-dire des radiateurs. En effet ce type d habitation est qualifié de passive ou de BBC (Bâtiment basse consommation), c'est-à-dire qu elle se chauffe toute seule. En principe ce sont des habitations fortement isolées où le but premier est d éviter les pertes énergétiques. Dans le dimensionnement on tient compte de l activité des personnes comme sources de chaleurs. En général il suffit juste d un chauffage d appoint. Ici on a plusieurs moyens de chauffage. Comme nous l avons vu le BedZED possède sa centrale de cogénération, celle-ci produit de la chaleur. Cette chaleur peut être utilisée pour le chauffage ou pour l eau chaude. Source de l'image : retour d'expérience quartier BedZED, p5 Mais les habitations sont orientées face au sud et de manière à emmagasiner la chaleur du soleil. De grandes surfaces vitrées sont installées et on utilise le phénomène d effet de serre. 21

22 Source de l'image : retour d'expérience quartier BedZED, p3 Utilisation de d autres éléments dans le but d une perte énergétique plus faible - Double ou Triple vitrage - Ventilation passive (ou double flux) Un système de cheminées fonctionne avec l énergie cinétique du vent pour assurer la ventilation des logements et garantir le renouvellement de l air intérieur. L air qui sort chauffe celui qui entre avec un échange de chaleur grâce à un échangeur d un gain de 70%. Une vmc classique évacue l air et toute la chaleur emmagasinée par celle-ci est perdue. Le but de ce type de ventilation est de récupérer la chaleur qui sort. - La masse thermique ou inertie est fournie par des bloques denses, des dalles de béton et des surfaces exposées à la radiation solaire, pour absorber la chaleur. Ce système constructif a une masse thermique élevée et une transmission thermique réduite, qui limitent la déperdition de chaleur en hiver et la surchauffe des locaux en été. Les murs internes ne sont pas isolés pour permettre de dissiper la chaleur provenant du soleil et de l éclairage, de l eau chaude et de la cuisine, ce qui maintient les espaces à une température confortable. Cela se concrétise par des murs épais et une absence de ponts thermiques. Source : retour d'expérience quartier BedZED, p3 et 5 22

23 Les matériaux utilisés Dans la mesure du possible, des matériaux naturels, recyclés, récupérés et réutilisés ont été choisis pour la construction du quartier. L approvisionnement en matériaux et produits doit également s effectuer, autant que faire se peut, dans un rayon maximum de 60 km, afin de réduire la pollution et les impacts liés au transport et de favoriser l économie locale. Une production locale Une forte proportion des matériaux les plus lourds (briques, parpaings, 50% du béton, 80% du bois et toutes les plaques de plâtre) provient de fabrication locale. Pour les vitrages, il n existait pas à l époque de distributeurs locaux qui puissent fournir les volumes nécessaires tout en respectant les spécifications demandées à un prix compétitif. Les vitrages ont été importés du Danemark. Des matériaux favorables à l environnement - Les matériaux naturels : choix des bois provenant de forêts locales, durablement gérées et/ou certifiées Forest Stewardship Council (FSC). Aucun matériau employé ne contient de formaldéhyde, pour éviter les risques d allergie des occupants. -Les matériaux récupérés : portes, menuiseries, poutres en métal, mâts d échafaudage (pour faire rampes et balustrades), bordures de trottoir, dalles. - Les matériaux recyclés utilisés : plastique pour les portes des meubles de cuisine et les plans de travail, granulat concassé pour la sous-couche des routes, sable provenant de verre vert trituré. Un choix des matériaux pour une meilleure isolation Une importante isolation a été mise en place pour réduire au maximum les ponts thermiques et les pertes de chaleur pour obtenir un niveau de confort thermique optimal dans les bâtiments (voir partie sur le chauffage). Parois Brique, blocs de béton et chêne (utilisé pour le bardage des murs extérieurs) Planchers et toitures Béton préfabriqué, béton pre-stressed Fenêtres Double vitrage (argon) ou Triple vitrage (krypton) suivant les expositions. Cadres de fenêtres en bois au lieu de PVC ou d aluminium. Isolation L isolation du bâtiment est particulièrement élevée pour permettre d économiser l énergie. Les murs sont isolés avec de la laine de roche choisie pour ses propriétés thermiques, sa stabilité, sa durabilité et son coût. Pour leur part, les planchers et les plafonds sont isolés avec des panneaux de polystyrène. Source : 23

24 Aspect environnemental L objectif du BedZED était de réduire son impact sur l environnement. Pour se faire tous les aspects énergétiques ont été pris en compte, que ce soit l énergie électrique ou l énergie thermique. D abord si on regarde la consommation électrique du BedZED, elle est inférieure à la moyenne nationale. Par ailleurs la façon de produire cette électricité a été prise en compte avec la mise en place d une centrale de cogénération. Cependant celle-ci est tombée en panne et n a pas été remplacée. De plus les bâtiments construits sont des bâtiments basse consommation. Ce sont des bâtiments qui consomment peu sur différents plans. En effet la très bonne isolation permet une déperdition de chaleur très faible et donc une demande faible en chauffage. Ce chauffage était réalisé par la centrale de cogénération mais est devenu un chauffage par convecteur électrique après la fermeture de la centrale. Ce qui est en quelque sorte un échec puisque maintenant le BedZED n est plus autosuffisant mais doit acheter son électricité malgré la production électrique des 777m² de panneaux photovoltaïques. Par ailleurs de grandes cuves sont disposées sous les toitures afin de récupérer l eau de pluie et de la redistribuer à toute la maison, ce qui réduit la consommation d eau du réseau. De plus l installation d appareil permettant de diminuer le débit d eau permet au BedZED d être plus économe que le reste du pays. Le BedZED possédait sa propre station dépuration, celle-ci était même biologique. Mais ce dispositif assez couteux a été abandonné et l eau est désormais traitée comme le reste de l eau du réseau de Sutton. On pourra retenir que les panneaux photovoltaïques contribuent à un des seuls aspects positifs sur l impact environnemental du BedZED puisque la centrale de cogénération a été un échec comme la station de traitement des eaux usées. Green Water Treatement Plant Source de l'image : retour d'expérience quartier BedZED, p5 24

25 IV. Impacts et résultats Avantages et description du projet au niveau social Les avantages : Le projet a respecté certains de ces objectifs en matière de mixité sociale. En effet, on constate la présence de 3 grandes catégories sociales : Un tiers des résidents en à la propriété. Il s agit notamment de personnes en professions libérales, de cadres attirés par la qualité de vie, la clarté et l originalité des logements. les appartements sont plus grands. Une surprime (environ 20%) a permis de financer les autres logements. Un tiers en co-propriété. ll s agit des key workers infirmières, policiers, pompiers, professeurs qui ont pu obtenir une aide au prêt par les collectivités car ce sont des professions clés dont la société a besoin et qui ne peuvent pas forcément acheter directement. Un tiers en logement sociaux. Aucune différence apparente sur le bâti ne permet de distinguer les trois catégories L aménagement du quartier a favorisé un cadre de vie agréable, l émergence d espaces collectifs. Quelques détails : Le site compte aussi 14 studios pour étudiant. Depuis 2002, environs 250 personnes habitent dans le BedZED. Le BedZED est aussi un lieu réservé au travail au sein de la société BioRegional, dans le centre de recherche (ZedFactory) et dans les unités techniques pour leur maintenance (chaufferie à bois, station dépuration). Le BedZED comprend ainsi 10 locaux de bureaux, représentant une surface de m². Au total, 15 personnes travaillent pour BioRegional, dont 5 qui habitent dans le BedZED même, et 10 à Londres. Les Londoniens travaillant dans le BedZED utilisent les transports en commun en contre-sens par rapport aux mouvements pendulaires majoritaires, et utilisent donc des trains qui auraient été vides, réduisant ainsi le gaspillage énergétique. Ce détail témoigne de la motivation des concepteurs du projet a diminué a tout prix les consommations de CO2. D autre part, environ 5 habitants du BedZED pratiquent le télé-travail de chez eux pour des entreprises londoniennes. 25

26 Un projet satisfaisant ses occupants Le BedZED comprend un terrain de sport (95 m x 40 m), une salle de danse, un espace commun permettant des activités diverses, des locaux abritant une crèche parentale, et quelques structures commerciales. BioRegional anime également sur le site un centre d exposition ouvert aux habitants et au public extérieur. Le but est de rendre le quartier auto suffisant en matière de lieu de vie. Le projet prend en compte tout type de personne que ce soit les enfants en bas-âge, les jeunes en général, les actifs ou les retraités. A l échelle de vie quotidienne, les habitants sont satisfaits. BioRegional relève fréquemment la satisfaction des habitants à travers des questionnaires et en analysant l ensemble des démarches volontaires de retours et de critiques. Il en ressort que les habitants sont très satisfaits d un mode de vie offert par le BedZED, et qu ils se sentent de plus en plus concernés par la protection de l environnement. En outre, les habitants ressentent qu ils habitent dans un endroit particulier. En effet, en dehors du fait que les habitants participent à une démarche de développement d un prototype, le visage extérieur des bâtiments du BedZED est très spécifique. On peut ne pas aimer l architecture originale et insolite du BedZED, mais elle a l intérêt de faire naître un sentiment d appartenance à une communauté horsnorme. Ce sentiment de vivre différemment par rapport aux autres londoniens, facilite les échanges intra-communautaires et renforce le tissu social. Lorsqu on compare la qualité des liens de voisinage, on constate qu un habitant du BedZED connaît en moyenne 30 à 40 de ses voisins, au lieu de 5 à 6 dans le cas d un habitat traditionnel. Le projet est parvenu à créer de véritable rapport humain entre les habitants. Les aides et les limitations des déplacements pour ces occupants constitue un avantage non négligeable dans leur bien être quotidien. Quelques chiffres pour illustrer le propos : Il favorise le déplacement à vélo ( espace à vélo couvert par habitation est de 1,42 m2) Il y a la présence de commerce a l intérieur du BedZED Il dispose, à proximité, des plus grands espaces verts du sud de Londres. Il est relié au réseau existant des transports publics (proximité de la gare de Hackbridge, arrêt sur la nouvelle ligne de tramway entre Wimbledon et Craydon), ce qui permet de réduire l utilisation des voitures particulières. Ce sont 0,7 km facilement atteignable a pied. 26

27 Le nombre de bornes de chargement pour les véhicules électriques: 26. Ainsi que le nombre de lignes de bus accessibles à moins de 100 m des limites du quartier, soit 2. La distance à pied pour aller à l hypermarché est seulement de 3km et la distance à pied pour aller chez le médecin ou dans un centre médical le plus proche n'excède pas les 100m. La distance à pied pour aller à l école, au collège et au lycée: (est respectivement) 0,6 km et 2 km Enfin, il y a des possibilité de cultiver un potager à moins de 150 m de sa résidence: Eco-parcs et toits végétal. Ces indicateurs nous montre que le projet a négligé aucun détail pour satisfaire ces occupants et leur facilité la vie quotidienne. En conclusion de cette partie, on peut dire que rien n est laissé au hasard dans l écoquartier pour satisfaire ces occupants et les aider dans la vie quotidienne. En effet, la présence de commerce, la proximité du lieu de certains endroits clé etc favorise le bon déroulement de vie des ces occupant. Le BedZED réunit les caractéristiques d un lieu réservé à la fois aux enfants en bas-âge (crèche), pour les adolescents ( sport et loisir), pour homme /femme d âge mur (le travail ). Les chiffres nous dévoilant le nombre de connaissance en matière de voisinage de chacun des occupants est très satisfaisant, le réseau social dans le BedZED semble s être aisément développé. Cependant, après une dizaine d années de recul, on a pu remarqué que le projet BedZED n est pas un succès total sur le plan social. Photo : Mai 2008, de Tom Chance and BioRegional 27

28 Les limites au niveau social Voici les grandes lignes qui définissent aujourd'hui les limites du BedZED quant au niveau social. Il y a donc un réel effort à fournir dans l'avenir dans de tel projets vis-àvis du plan social, qui laisse ici un peu à désirer. La mixité sociale qui n est pas réelle : les habitants des logements sociaux sont regroupés dans un îlot qui leur est réservé et sont physiquement séparés des autres résidents par la voie d'accès au quartier. Ceci engendre une sorte de discrimination à leur égard. En matière de déplacement, seulement deux tiers des occupants bénéficient de la part des concepteurs du projet d une voiture électrique (qui s'avère souvent être une personne à revenu moyen ou élevé). La crèche est aujourd'hui fermée, faute de subvention, ainsi que le bar «qui créait trop de nuisance au quartier». Cela a donc des conséquences sur la manière de vie des occupants. Les parents d enfants en bas-âge sont confrontés à des problèmes domestiques. Par exemple se pose souvent la question : «Qui garde l enfant? Embauche ou non d une nourrice privée?». Et pour le bar, cela a des conséquences sur le rapprochement des habitants entre eux (défavorisant la mixité sociale par exemple), le nombre de déplacement en voiture (il y a des grandes chance de penser que les habitants vont chercher un bar plus loin a l extérieur du BedZED). 28

29 Les conséquences économiques du projet BedZED Les réels coûts du projet Quelques indicateurs de coût : Coût de la construction : résidences 9,9 millions d' Coût de la construction : bureaux et commercial 3 millions d' Moyenne /m2 habitable 1625 Autres dépenses (taxes ) 2,4 millions d' /m2 Bureaux : 1083 / Commercial : 916 Le coût total du projet est de 24,5 millions de livres (construction, études,) dont 14,8 millions de livres pour la construction d environ m². Le coût de construction est donc d environ 1150 /m², auxquels il convient d ajouter une marge commerciale d environ 25%. Le coût final de construction est donc d environ 1450 /m² à comparer à 720 livres/m² pour un projet standard dans le secteur. Le programme aura donc coûté près du double d un programme traditionnel, au lieu des 30% escomptés par les concepteurs. Il y a donc un surcoût net. Hormis le coût de construction de bâtiments bioclimatiques, les principaux postes d investissement technologiques supplémentaires sont : - La cogénération bois: 2,5 millions de livres - L'électricité photovoltaïque: 0,5 million de livres - Le recyclage des eaux usées et des eaux de pluie Les prix pratiqués par Peabody Trust pour la location et la vente des logements tient compte de la valeur ajoutée environnementale, tout en garantissant un accès à la location pour les personnes ayant des revenus faibles: D après la société de logement social, les acheteurs ne sont pas prêts à investir plus pour vivre dans une habitation durable. Le surcoût de construction n est pas totalement couvert par la vente des logements et des bureaux, comme cela avait été prévu par Peabody Trust. Le projet bénéficie cependant d un soutien de la part de la ville, à travers la cession du foncier de 1,7 hectares au dessous du prix du marché. De plus, la commission européenne a accordé une aide de 10% du coût total du projet, soit 2.5 millions de livres. Le reste du surcoût a été totalement pris en charge par la société Peabody Trust, dans le cadre de ses activités caritatives dans le domaine du logement. 29

30 Réflexion sur les prix L exemple du plancher : Le prix du plancher dans les logements sociaux sont de 725 /m 2. Et le prix dans les environs est de 850 /m2 Le prix dans le BedZED : 1450 /m2 correspond à une augmentation de 70%. A première vue, acheter dans le BedZED n est pas un avantage économique. Prix du logement Type habitat Prix de vente moyen Marché local BedZED Différence (%) 1 pièce pièces pièces ,8 4 pièces ,8 moyenne ,75 Données sur les prix des logements dans le BedZED Le tableau si dessus montre que les logements dans le BedZED sont plus chers. En voyant les données on aurait raison de croire que le projet est un échec sur le plan économique. Cependant, les consommations énergétiques (eau, gaz, électricité) nécessaire aux tâches domestiques sont beaucoup de moins cher que dans des logements normaux. Par conséquent, ce surcoût pour les habitants est compensé. Les raisons du surcoût Le système de cogénération de bois (centrale alimentant le BedZED en électricité) est une technologie ayant coûté beaucoup, et qui tombe régulièrement en panne. Conséquence, l agence sociale s occupant du projet doit importer 90 % de l électricité nécessaire aux habitants. Or ceci a un prix non négligeable. Certains des équipements du BedZED ont été sur dimensionnés. Ainsi, les panneaux photovoltaïques destinés à alimenter 40 véhicules, ont nécessité un investissement de (800 m²), et ne sont en fait utilisés que par quelques habitants. Par ailleurs, le BedZED est un prototype et a nécessité, à ce titre, la mise en œuvre d études approfondies et spécifiques, et un travail de test des technologies envisageables. Le temps passé sur l ensemble des études, et donc les coûts liés à leur mise en œuvre, ont été plus importants que ce qui avait été escompté par les concepteurs. Cependant, ces études devraient servir au développement des projets suivants, permettant ainsi de réduire les coûts et des délais de conception. 30