Les classes de quatrième et de troisième dans l enseignement agricole en question CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
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- Adèle Bellefleur
- il y a 5 ans
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1 Les classes de quatrième et de troisième dans l enseignement agricole en question III- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 83
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3 Les classes de quatrième et de troisième dans l enseignement agricole en question Conclusion L enseignement agricole accueille, dans ses classes de 4e et de 3e, des élèves dont la plupart ont été stigmatisés, démotivés par un parcours scolaire difficile, à qui il est nécessaire de faire prendre conscience de leurs possibilités et par là même de remotiver. En outre, du fait de leur origine le plus souvent modeste, leur «capital culturel», au sens de Bourdieu et Passeron 63, est relativement faible. Il revient à l enseignement agricole, par des pédagogies appropriées, de prendre en charge les handicaps de ces populations. Le rapport de l ONEA montre que l enseignement agricole, dans la diversité de ses composantes, apporte des réponses communes ou spécifiques en termes de fonctionnement, de pédagogie, de ressources humaines et d environnement professionnel. En premier lieu, le cadre scolaire général est celui d un lycée professionnel ou d un établissement de formation professionnelle : un enseignement qui prépare aux «métiers du vivant» avec une forte connotation rurale. Dans ce contexte, les jeunes en difficulté scolaire découvrent un nouveau rapport au «vivant» et une utilité des métiers préparés, qui peuvent suffire à re-motiver des élèves qui auparavant s ennuyaient dans un collège perçu comme trop généraliste. Le type de gouvernance et le mode de gestion des établissements sont des facteurs importants dans la réussite ou l échec des élèves comme le montrent les données PISA 64, et tout particulièrement leur degré d autonomie. La place importante du projet d établissement et l autonomie des établissements sont des données fortes de l enseignement agricole. Cette autonomie se traduit notamment par une certaine souplesse dans l organisation des classes et l appropriation et la mise en œuvre des référentiels de formation. L environnement d enseignement se caractérise par un engagement important des enseignants à l égard de ces classes qui se traduit par un soutien apporté aux élèves en difficulté au travers d actions pédagogiques innovantes. La fonction de la classe de 4e, «consolider et réactualiser les savoirs de base» est soulignée comme essentielle par l ensemble des composantes : il s agit en effet d élèves présentant des lacunes accumulées au fil des années qu il est important lors de cette première année dans l enseignement agricole de combler. 63 «L ensemble des savoirs et dispositions hérités du milieu favorisé». 64 Programme for International Student Assessment. 85
4 Observatoire national de l enseignement agricole L environnement d apprentissage est celui de la pédagogie de projet et de l alternance sous statut scolaire. Les itinéraires de découverte des métiers ne sont pas suffisants pour ces élèves en difficulté : la classe de 3e agricole met ces élèves dans un processus de construction active de projet, et notamment d un accompagnement dans une phase d orientation pré-professionnelle choisie. Enfin, dans cet environnement d apprentissage, il ne faut pas oublier le rôle essentiel que joue l internat en termes de re-socialisation ou de prévention du décrochage scolaire au travers notamment des actions culturelles et de loisir et du soutien scolaire. Le rapport de l ONEA montre que les caractéristiques des élèves lors de leur entrée dans l enseignement agricole, notamment leur retard scolaire, leurs origines sociales, les motifs de leur orientation sont des facteurs explicatifs de la persévérance et de la performance dans un système éducatif ultérieur quel qu il soit. De fait, le bilan des parcours scolaires et des résultats des élèves de 4e et de 3e de l enseignement agricole ne peut se soustraire de la prise en compte des caractéristiques scolaires et sociales des jeunes. Compte tenu de ces caractéristiques, on peut sans aucun doute affirmer la pertinence et l efficience de l enseignement agricole comme système alternatif de traitement de la difficulté scolaire aux côtés du collège de l éducation nationale. En tout premier lieu, l enseignement agricole, compte tenu de ses spécificités déclinées précédemment, apporte une prise en charge qui répond aux besoins particuliers des populations accueillies. Les élèves et les parents trouvent au sein de cet enseignement des réponses à leurs préoccupations qu elles soient d ordre scolaire, comportemental, social ou liées à un pré-projet professionnel. La satisfaction exprimée a posteriori par les jeunes et leurs parents en est une preuve éloquente, tout comme les changements d attitude observés chez les jeunes dans leur rapport à l école, dans l estime de soi, dans le rapport aux autres et s agissant de leurs projets scolaires et professionnels. Les résultats obtenus par le système, en des termes strictement scolaires, sont satisfaisants au vu des caractéristiques scolaires et sociales des élèves. Alors que le risque était fort de voir ces derniers connaître une déscolarisation très précoce, entre 80% et 90% d entre eux sont encore en formation deux ans après la classe de 3e, préparant a minima un diplôme de niveau V. Et une part non négligeable d entre eux s engagent dans une formation de niveau IV pour parvenir à un baccalauréat ou équivalent. A titre de comparaison, selon la DEPP 65, un tiers des élèves entrés en sixième avec au moins deux ans de retard et près d'un quart des élèves entrés avec un an de retard sortiront du système scolaire sans qualification, pour seulement 3% des élèves entrés à l'heure ou précocement. Il n en reste pas moins que les déperditions d élèves en cours de cycle de 4e et 3e de l enseignement agricole ne sont pas nulles. Ces déperditions font appel à la responsabilité de tous les acteurs de la communauté éducative. 65 Source : Ministère de l'éducation nationale, Direction de l évaluation, de la prospective et de la performance, Devenir en d un panel d'élèves entrés en sixième en 1995, Repères et références statistiques,
5 Les classes de quatrième et de troisième dans l enseignement agricole en question Les apports de l enseignement agricole, la valeur ajouté tant scolaire que sociale de la scolarisation des jeunes dans ces classes de 4e et de 3e, ne sont pas suffisamment mesurés et valorisés. Ils participent pourtant à lutte contre l échec scolaire au sein du système éducatif national et répondent aux missions fixées à l enseignement agricole, notamment la formation initiale et l insertion scolaire et sociale, voire professionnelle. En ce sens, l absence de politiques nationales et régionales explicites à l égard des classes de 4e et 3e, le fait que ces classes constituent souvent une variable d ajustement dans un contexte de contraintes budgétaires fortes sont préjudiciables au système éducatif dans son ensemble, même si la part des élèves en difficulté accueillis par l enseignement agricole demeure limitée à l échelle nationale. Il est aussi à noter que la pluralité de l enseignement agricole, la diversité des réponses apportées par ses composantes sont un facteur déterminant de la réussite des classes de 4e et 3e face à l hétérogénéité des attentes des familles. L offre de formation en 4e et 3e de l enseignement agricole actuellement déséquilibrée, tant en termes de composantes que d un point de vue géographique, limite par conséquent la contribution de ces classes au système éducatif national et la portée de leur pluralité. Reste que la rupture éducative que constitue le passage du collège à l établissement technologique et professionnel agricole, le changement de statut scolaire qu elle engendre, couplés aux bénéfices déjà exposés de la synergie entre les différentes filières présentes sur les sites de formation, favorisent très largement l émergence d un nouvel horizon scolaire, social et professionnel pour des élèves parfois désespérés. L ensemble de ces éléments devraient encourager la communauté éducative de l enseignement agricole à soutenir les efforts déployés et à parfaire encore, en particulier à l égard de la minorité de jeunes demeurant non qualifiés, les résultats obtenus. Ils appellent aussi à une politique des classes de 4e et de 3e de l enseignement agricole à la hauteur des enjeux qu elles constituent pour le système éducatif national, notamment en termes de prévention du décrochage scolaire des élèves avant la fin du cursus de collège. 87
6 Observatoire national de l enseignement agricole Les recommandations de l ONEA Les classes de 4e et de 3e dans l enseignement agricole : leur rôle dans le système éducatif français 1- Affirmer de manière plus ferme la pertinence et l utilité des classes de 4e et de 3e dans l enseignement agricole dans le cadre des politiques générales de lutte contre l échec scolaire. 2- Affirmer la contribution des classes de 4e et de 3e à l identité de l enseignement agricole et s appuyer sur leur pertinence pour développer des coopérations contractuelles (orientation, pédagogie, offre) avec les établissements de l éducation nationale. Les missions des classes de 4e et de 3e dans l enseignement agricole 3- Affirmer le caractère général des classes de 4e et de 3e de l enseignement agricole au sein du cursus de collège, tout en reconnaissant et assumant leur spécificité agricole. 4- Conforter la 4e comme classe de mise à niveau et la 3e comme moment d orientation active, dans leur double fonction de remotivation scolaire et de construction progressive du projet individuel de formation, afin de lutter contre le décrochage scolaire. 5- Afficher l importance de ces classes à l égal des autres filières au sein des différents projets (national, régional, d établissement) et les mettre en synergie avec les formations générales, technologiques et professionnelles de niveaux V à III. 88
7 Les classes de quatrième et de troisième dans l enseignement agricole en question L évaluation et le suivi 6- Mettre en place, dans le cadre du schéma prévisionnel national, des indicateurs de fonctionnement et de résultats des classes de 4e et de 3e. A cet effet, développer et pérenniser au niveau national un système de suivi des élèves de 4e et de 3e qui prenne en compte à la fois leur «état d arrivée» et leur parcours de formation dans un temps long. Ce dispositif doit permettre de suivre les élèves au sein de la formation scolaire agricole, mais aussi dans les autres voies de formation de l enseignement agricole et au sein d établissements d autres ministères de tutelle. Il doit prendre en compte tous les élèves quel que soit leur âge. 7- Intégrer dans l évaluation des 4e et 3e la valeur ajoutée que constitue en termes éducatif, comportemental, social, la scolarisation des élèves dans ces classes. 8- Développer des procédures d autocontrôle, d évaluation et d inspection des classes de 4e et 3e. Les structures et les moyens 9- Soutenir les équipes pédagogiques en valorisant leur travail, en développant des outils de mutualisation, en proposant des modules de formation spécifiques tant en formation initiale qu en formation continue et en leur permettant de les suivre effectivement. 10- Développer l offre de formation en classes de 4e et de 3e, tant dans les établissements publics, que dans les territoires où l offre des différentes composantes de l enseignement agricole est insuffisante. 89
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