Méleck JEAN BAPTISTE. Lumière d encre

Transcription

1 Lumière d encre 2

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3 Plume de vie La vie bouge autour d une plume Qui existentialise l humanité Aux idées incertaines et confuses L écriture tue en nous le désespoir En vérité sans une plume La vie coucherait à l ombre de la mort Les plumes ont des étincelles d or Qui s envolent sagement la nuit Traversant le vacarme des vagues Pour dire un adieu aux bêtises des hommes Vive la plume! Vive la vie! Vive la vie! Vive la plume! 2 3

4 Brin d espoir Sur chaque pas La vie sourit au trépas Je ne ressemble plus aux êtres Je n habite pas cet univers clos Où les rêves se sont tus Je ne traine pas sur cette planète Je suis un touriste en plein jour Voyageant au delà de Mars Rêve de poète Rêve d écrivain Rêve de fou dans un monde affolé Broyer quotidiennement la folie Maladie juvénile dans un monde aphrodisiaque Et d un temps maladroitement cassé Le calme des esprits chassés Joue au cache-cache d une conscience fébrile Le plaisir des sens disparait la lune Des étoiles grignotées en plein jour Le soleil sclérosé brille sur l ile déserte Et la vie refuse à la vie son affection Tel un désert assoiffé de larmes Je la vois à travers un autre souffle Dans un monde cajolant l agonie Je me déchire sans déchirer le moi Pour voir l invisible au gré du visible. 24

5 Emoi Le cœur ne sent plus la conscience Qui déloge l espérance des jours fébriles On meurt au quotidien aux assauts répétés Comme des chiens abandonnés sur la rive pour périr La lune trésaille en nous chaque jour Au poids des ans handicapés A l échelle d un temps hautement sclérosé Où l aurore se divorce de la nuit On se nourrit des rayons du soleil noir Sans voir l éclat du monde en question Le monde est un spectacle misérable Qui nous donne froid aux yeux Le frisson des jours en compagnie des humains Tue l inspiration du poète Je suis le poète désinspiré du monde. 2 5

6 Ecrit Les mots fuient leur existence Pour ne pas ressembler au temps Ils ont la rage et la vie dure D un temps ténébreusement asphyxié Où les discours se perdent Comme une volée d oiseaux emportée par le vent Et chantant des cris de détresse Les signes et signaux adorent cet exil Dans un pays lointain et anaphone Où les sourds jouent des concerts ambivalents Dans une cacophonie de sons intoxicants Fuite passive de mots et exil massif d hommes Excès de langage et écarts de mots Prises de paroles et mort subite de mots Les funérailles des mots sont pour demain. 26

7 Page inutile Malheur à ceux qui me lisent Car ils seront mes complices Mes écrits sont brisés Comme un verre fragile aux moindres secousses Les signes sont insignifiants Dans un monde infiniment infini Mes mots me trahissent En provoquant la peur des hommes Mes lecteurs sont aveugles et trop hypocrites Fermez cette page et ne l ouvrez pas Une page est une totalité d elle-même Jeter une page c est jeter une totalité L homme est une totalité tournée L homme est une page inutile 2 7

8 Silence Ne me dis rien D abord je suis un être fait d être J absorbe le tremplin de la divinité Pour arrêter ce monde sans arrêt Les hommes de la terre fuient les mots Le plaisir du monde est de mourir tranquillement Il faut indigner tranquillement Pour changer le monde tranquillement La révolution est tranquille La tranquillité est révolutionnaire La révolution est silencieuse Le silence est révolutionnaire Je suis le réveil d une âme tranquille. 28

9 La musique de ton corps Le diapason de tes pas me livre un concert gratuit La lumière de tes yeux rayonne sur mon chemin Tu charmes le poète qui te charme La splendeur de ton être enfonce le décor La passion de l amour enfle tes lèvres Comme un sempiternel sortilège Ton sourire me rend amnésique J ai oublié d aimer l amour 2 9

10 Mythe Des idées vertes me réveillent en plein jour Les mots vaguement riches D une beauté bleuie par le temps Le temps du poète est intemporel Un temps de chien! Un chien de temps! Décodage du temps! Le temps du décodage! Le temps n existe pas Nous l avons malheureusement tué 210