C était une immense prairie, comme il n en n existe nulle part. Elle bordait une magnifique forêt où se côtoyaient tous les animaux possibles et

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3 C était une immense prairie, comme il n en n existe nulle part. Elle bordait une magnifique forêt où se côtoyaient tous les animaux possibles et inimaginables. Elle s étendait à perte de vue, avec ses coquelicots, ses marguerites, ses boutons d or et toutes ses herbes folles toutes plus hautes les unes que les autres. On entendait le clapotis d un ruisseau qui la traversait de part en part. Cette prairie était verdoyante et très fleurie. On pouvait y voir des mouches, des abeilles, des moustiques, des papillons et bien d autres insectes encore. Tout le monde y trouvait sa place, les fleurs, les herbes et les animaux. 2 3

4 Un jour de grand vent, un joli papillon jaune tacheté de bleu, se retrouva propulsé dans cette prairie. Il était en train de faire une partie de cache cache très animée, dans son champ préféré, avec ses incomparables complices, Sacha le machaon, le plus grand et le plus beau des papillons qu il n ait jamais connu, Betsy l abeille qui se rebellait tout le temps, mais qu il adorait, et Cachou, avec qui il faisait des courses au nectar de fleurs endiablées. Il faut bien le dire, ils ne manquaient jamais une occasion de faire des pitreries et même pire quelquefois. Donc tout se passait pour le mieux, par ce bel après-midi ensoleillé, quand soudain une énorme rafale de vent l avait emporté. Il avait eu beau se débattre, lutter, rien n y avait fait. Cela avait duré un 24

5 temps interminable avant que le vent veuille bien faiblir. Et quand enfin tout était redevenu calme, il s aperçut qu il était dans une prairie qui lui était totalement inconnue. Il était un peu étourdi, car le vent l avait tellement secoué, et il s était tant débattu. Quand il reprit ses esprits enfin, il regarda tout autour de lui, et ne reconnut rien. Il ne savait pas où cette bourrasque l avait emmené. Certes cet endroit était beau, verdoyant, coloré, mais ça n était pas chez lui. Il en était sur. Il se sentait perdu car il avait l habitude de butiner de fleurs en fleurs et de jouer avec ses amis dans un champ qu il connaissait bien. Mais qu allait-il faire et surtout qu allait-il devenir? Il ne connaissait pas l endroit où il se trouvait. Comment allait-il faire pour retourner chez lui? Il était désespéré. Et toutes ces questions qui trottaient dans sa tête sans trouver de réponses. Il pensait à ses amis, à sa famille qui devaient le chercher partout, et qui n auraient jamais l idée de venir le chercher jusqu ici car ils ne connaissaient pas cet endroit. Il était posé sur une brindille et pleurait toutes les larmes de son corps. Quand enfin il cessa ses pleurs, 2 5

6 il entendit comme si quelqu un l appelait. Mais il croyait rêver, puisque personne ne le connaissait ici. Il tendit l oreille et se rendit compte que c était bien à lui que s adressaient ces appels. Il se tourna et chercha d où cela pouvait venir. Il s approcha d une énorme touffe d herbes pensant que le bruit venait de par là, puis se rendît compte que non. Puis il alla un peu plus loin vers un joli coquelicot, même constatation ; les appels venaient d ailleurs. Et après quelques minutes, il vit que c était une magnifique fleur avec une colonie de pétales, disposés comme une couronne autour d un cœur tout jaune qui lui parlait. Il s approcha avec prudence, un peu apeuré, et écouta ce qu elle lui disait. Ne pleure pas petit papillon! Dis moi ce qu il t arrive, je peux peut-être t aider? Filou, car c est ainsi que s appelait le papillon, ne bougeait pas. Il se méfiait. Il se demandait ce que pouvait bien lui vouloir cette fleur qui lui était inconnue. Ses parents lui avaient toujours dit et 26

7 recommandé de se méfier des personnes qu il ne connaissait pas. N était-ce pas l une de ces fleurs, dont il avait entendu parler et qu il ne fallait absolument pas rencontrer car elles mangeaient les papillons. Non ça ne pouvait pas être ça, ces plantes ne vivaient pas par ici. Alors, après une très longue réflexion, il s approcha de la fleur, en fit plusieurs fois le tour, la regarda d en haut, de côté, de dessous, de partout. Il l examina et chercha s il ne courrait aucun risque à s approcher d elle. Il ne vit rien de suspect. Il décida qu il pouvait faire confiance à cette fleur. Il prit son courage à deux mains, je veux dire à six pattes, et osa lui répondre. Bonjour Madame, dit-il. Est-ce bien vous qui m avez parlé? La fleur lui répondit : Oui c est bien moi. Que me voulez-vous, lui demanda-t-il? Je voulais savoir si tu avais besoin d aide, tu avais l air tellement malheureux! Je me suis perdu et je voudrais rentrer chez moi. 2 7

8 Comment ça tu t es perdu? Tu n habites pas ici? Non je viens d une autre prairie, et c est le vent qui m a amené ici! Pouvez-vous m aider? La fleur le regardait d un air douteux. Que lui racontait ce joli papillon? Le vent l avait transporté jusqu ici. De toute sa vie elle n avait jamais entendu une chose pareille. Alors elle questionna le papillon afin de vérifier ses dires. Après cet interrogatoire en règle, elle fut convaincue qu il disait la vérité. Alors elle lui répondit : Ah! Comment peut-on faire pour t aider à retrouver ton chemin? C est bien là le problème car je ne sais pas dans quelle direction aller! Écoute, nous allons y réfléchir ensemble et trouver une solution, ne te désespère pas. Elle tourne et retourne le problème dans sa tête à la recherche d une réponse. Rien ne lui vient à l esprit. Mais que faire pour aider ce pauvre papillon? Après quelques minutes de réflexion, Maggie, c est comme ça que s appelait la fleur, dit : 28

9 Ça y est, je crois que j ai trouvé. J ai de mes amies, une sauterelle, qui s appelle Gigi, qui ne tient pas en place et bouge beaucoup. Elle pourrait peut-être nous aider à retrouver ton chemin. Qu en penses-tu? Pourquoi pas, dit-il, de toutes façons je suis perdu! Ne te désespère pas, joli papillon. Nous allons trouver une solution à ton problème. Je vais de ce pas faire prévenir mon amie, si tu es d accord? Filou fit oui de la tête, ne voyant pas trop comment une sauterelle pourrait retrouver son champ préféré. Mais Maggie avait dit que son amie ne tenait pas en place et bougeait beaucoup, alors peut-être avec un peu de chance connaîtrait-elle son champ. De toutes façons il fallait tenter quelque chose. Maggie connaissait beaucoup de monde dans cette prairie. Alors elle demanda à sa copine l abeille de faire passer le message à tout le monde qu il y aurait une réunion extraordinaire ce soir, près du grand arbre, comme à chaque fois que quelque chose se passait et qu on avait besoin de se réunir. 2 9

10 A la nuit tombée il y avait effervescence dans la prairie. Le message était bien passé et une foule impressionnante se pressait autour de Maggie. Chacun y allait de ses interrogations. Il y avait un brouhaha incroyable. Et chacun se disait : «Mais pourquoi Maggie nous a-t-elle demandé de venir? Est-ce que quelqu un sait ce qu il se passe?». C était autant de questions qui attendaient une réponse. Quand enfin Maggie se décida à prendre la parole, elle dut d abord demander le silence car elle ne s entendait même pas parler. Mes amis, dit-elle. Je vous demande un peu de calme s il vous plait. Je vais vous expliquer pourquoi je vous ai tous convoqué. En quelques mots elle résuma ce qui était arrivé à Filou et exposa la solution à laquelle elle avait pensé pour l aider. Les commentaires allaient bon train. Tout le monde regardait Filou et se disait que ce pauvre papillon n avait pas eu de chance d être ainsi éloigné de sa famille. Chacun savait à quel point c était important un foyer et pour rien au monde on devait en être séparé, surtout pas quand on était très jeune. 210