Étude de cas : l enjeu énergétique en Martinique (2h30 à 3h00)

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1 L enjeu énergétique Durée totale : 7 à 8 h00 Introduction : l énergie est une condition essentielle de l essor des sociétés industrialisées mais également de celui des pays émergents et ses modes de gestion sont au cœur des enjeux actuels de développement.. Dans l histoire, la maîtrise de procédés techniques et énergétiques(vapeur, moteur à explosion et hydrocarbures) a permis aux grandes puissances de franchir les étapes de développement industriel. Aujourd hui, les pays émergents bâtissent leur croissance accélérée sur une très forte consommation énergétique. Mais comment poursuivre un tel mouvement en s appuyant sur des ressources limitées, alors que, par ailleurs, la consommation d énergies fossiles est responsable de l émission de gaz à effet de serre dangereux pour l équilibre du climat, ainsi que de rejets et de risques de pollution majeurs? Problématique : quelles sont les principales sources d énergie, où sont localisées les ressources et comment sont elles gérées? Quelles tensions politiques entraînent la volonté de contrôle des ressources? Quels sont les impacts environnementaux de la consommation d énergie et quelles sont les solutions en matière de développement durable. Étude de cas : l enjeu énergétique en Martinique (2h30 à 3h00) 1) Une demande croissante Doc 1 : la consommation d énergie primaire en Martinique (source : ADEME) Définition : Energie primaire : il s agit de l énergie totale utilisée en Martinique, avant transformation, notamment en électricité L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 1

2 Document 2 : la croissance de la consommation d électricité en martinique (Source : EDF) Méthode : a) Présenter le document b) Caractériser l évolution de la consommation (coefficient multiplicateur global et taux de croissance annuelle en %, sans utiliser de calculatrice) Doc 3 : l autoroute vue depuis le rond point de la Galleria, entre Le Lamentin et Fort de France L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 2

3 Eléments explicatifs pour cette publicité : le taux de couverture de l électricité des résidences principales en Martinique, en % Source : Y Pelis, «Les nouveaux défis de l énergie à la Martinique», 2005 Document 4 : publicité (Maisons créoles magazine, sept/oct 2010) Question 1 : Quels D après la définition de l énergie primaire, quelles sont selon vous les énergies secondaires (c'està-dire après transformation) utilisées par les consommateurs en Martinique? (doc1) Les transports et certaines industries consomment des produits pétroliers raffinés (carburants, fioul..). L habitat, les services et les industries consomment essentiellement de l électricité : ce sont des énergies secondaires. Question 2 : Comment a évolué la consommation d électricité en Martinique depuis 1995? (doc 2) La consommation d électricité n a cessé de croître depuis 1995, de manière régulière. On est passé d une consommation de 936 GWh en 1995 à 1530GWh en La consommation a donc été multipliée par plus de 1.5 ou 50%. Ce qui représente une croissance de près de 4% par an Question 3 : Quels sont les secteurs d activité qui consomment le plus d énergie en Martinique? ( doc 1 ) En quoi l évolution du mode de vie des Martiniquais permet-elle d expliquer cette répartition et cette croissance de la consommation d énergie (doc 3 et 4)? Le transport est largement prépondérant dans les secteurs d activité consommateurs en raison de : L importance du transport aérien, phénomène propre à la Martinique, Une offre encore marginale de transport en commun de passagers (à part quelques bus et autocars sur l agglomération foyalaise), la dispersion de l habitat, deux facteurs qui favorisent l automobile Le recours quasi-exclusif au transport routier pour le transport de marchandises. La consommation importante pour l habitat et les services peut s expliquer en partie par l usage de la climatisation (hôtels, bureaux, maisons individuelles...) en particulier depuis l arrivée de climatiseurs bons marchés et fortement énergivores L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 3

4 La faiblesse de la consommation d énergie par l industrie montre que ce secteur est peu développé en Martinique (la part la plus importante est consommée pour la production d électricité) 2) L impact de la production énergétique en Martinique Document 5 : la production d électricité en Martinique (source : ADUAM EDF) Explications : TAC : (Turbine à Combustion ) Une source de chaleur (combustion de pétrole) sert à produire la vapeur d eau, qui entraîne une turbine de production d électricité) UIOM : Usine d Incinération d Ordures Ménagères. La combustion des déchets sert de source de chaleur. Diesel : un moteur diésel fait tourner un électrogénérateur Autoproducteurs : usines dotées d une production autonome d électricité (SARA, St James, Galion) L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 4

5 Document 6 : La dépendance énergétique de la Martinique Comme les autres départements d outre-mer, la Martinique affiche un fort déséquilibre des échanges de biens. Le montant des exportations martiniquaises est huit fois moins élevé que celui des importations. ( ) En 2009, le déficit commercial représente 1,8 milliard d euros, en diminution de 26 % par rapport à Cette amélioration du solde commercial résulte du repli de l activité qui s est accompagné d une baisse des importations. Le déficit des échanges s est réduit avec notamment la baisse des importations de pétrole. ( ) Les importations martiniquaises en énergie sont composées essentiellement de produits pétroliers dont la moitié sous forme d huile brute de pétrole. En 2009, la plus grande partie des achats de pétrole ne provient pas du Royaume Uni comme les années précédentes : les États-Unis (huile de pétrole, fiouls, gazole) et la Norvège (huile brute de pétrole) ont fourni l essentiel des ressources. Le second fournisseur de la Martinique est l Union européenne hors France qui procure 13 % du montant total des importations. Les achats de proximité sont modérés. L espace Caraïbe représente 4,4 % des produits importés, dont la moitié est constituée de pétrole ( ) en provenance d Aruba et du Venezuela [alors que ce pays représentait 75% des importations en 2002]. Document 7 : la raffinerie de la SARA au Lamentin. Juin 2010 «Commerce extérieur», Antiane n 73, Juin 2010, INSEE Martinique Cette usine transforme le pétrole brut en Butane (gaz), carburants routiers (essence, gazole), aériens (kérosène) et industriels (fiouls). Elle est approvisionnée 10 fois par an par des pétroliers : le pétrole brut est alors stocké sur place. Le navire au 1 er plan est un des trois caboteurs assurant l exportation de produits raffinés vers la Guadeloupe et la Guyane (le transbordement se fait par des tuyaux sous marins). Il s agit d un site industriel potentiellement dangereux pour les riverains (SEVESO). L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 5

6 Document 8 : l indice de la qualité de l air en Martinique (panneau d information à Fort-de-France) Question 4 : Quelle est la principale source d énergie utilisée pour produire de l électricité? Quelle organisation de la production d électricité apparaît?(doc 5) Le pétrole est la principale source d énergie utilisée en Martinique (97%), alors qu elle n en produit pas. Les usines de production d électricité sont concentrées autour de l agglomération foyalaise (espace qui concentre la demande) et situées sur les littoraux (approvisionnement en carburants depuis la SARA par bateaux). En France 13% de l électricité est produite par des énergies renouvelables, à la Réunion, 36% Question 5 : Quelles sont les conséquences économiques et politiques de ce choix d énergie (doc 6 et 7)? La Martinique a un déficit commercial important (1,8 milliard en 2009), en partie lié au fait qu elle importe plus de produits énergétiques qu elle n en exporte (la raffinerie de la Sara produit du carburant pour la Guadeloupe et la Guyane). La valeur de ce déficit dépend du cours du pétrole, très variable selon la conjoncture économique et politique. L origine de l approvisionnement varie également, en fonction des disponibilités, des tarifs, et parfois de la situation politique régionale. (Il existe un projet de gazoduc reliant Tobago à la Martinique, mené par le Groupe Monplaisir et le Conseil Régional, qui pourrait permettre de réduire la facture énergétique pour la production d électricité) L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 6

7 Question 6 : Quelles sont les conséquences environnementales de l utilisation de pétrole comme principale source d énergie? (doc 7 et 8) L utilisation de pétrole entraîne une pollution atmosphérique (CO², Ozone, Souffre,..) responsable de maladies respiratoires. Il peut également exister des pollutions marines lors des transbordements. Enfin ces sites de production créent des risques technologiques qui supposeraient qu ils soient isolés de toute habitation. 3) Un potentiel de développement durable Document 9 : Prizeko Cette prise coupe automatiquement l alimentation en électricité des appareils lorsque ceux-ci sont en veille. EDF subventionne l achat de ce matériel en Martinique. Document explicatif Grâce à de nombreuses campagnes et aides pour la maîtrise de l énergie programmées par EDF, la consommation des ménages s est stabilisée. En 10 ans cela correspond à une économie comparable à la consommation annuelle d une ville de habitants (source : ADUAM EDF) (Source : maisons créoles, sept oct 2010) L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 7

8 Document 10 : la production d électricité à partir d énergies renouvelables (EnR) Source : EDF Définition Energie renouvelable : énergie en principe inépuisable dont le bilan environnemental est plutôt favorable en matière de rejet de CO². Elles sont d une grande diversité (éolienne, hydraulique, marées, houle, photovoltaïque, biomasse, géothermie) Document 11 : L opposition des agriculteurs face à l implantation de fermes solaires. Comme la semaine dernière au Conseil régional, les organisations syndicales agricoles sont venues hier au Conseil général pour demander aux élus leur soutien à la suspension des fermes photovoltaïques sur les terres agricoles. Une intervention de plus de deux heures qui mit face à face syndicats et maires des communes où des fermes sont en cours d'implantation. ( ) Guy Ovide-Étienne, secrétaire général de la FDSEA *syndicats d exploitants agricoles+, avait beau expliquer qu'il s'agissait avant tout de préserver le foncier suffisant pour maintenir une activité agricole conséquente, le dialogue n'allait pas beaucoup avancer. Le vote unanime de la motion était sérieusement compromis. Il allait l'être encore plus, après l'intervention de Sainte-Rose Cakin, conseiller général du canton Macouba/Grand-Rivière et maire de Macouba. «Mon canton est toujours trop loin ou trop petit lorsqu'il s'agit d'instaurer un schéma ou un plan d'aménagement. Nous avons très peu d'activité agricole puisque chaque initiative, prise pour tenter de la relever, a été systématiquement contrecarrée. Je ne participerai pas au vote.» ( ) L'essentiel était néanmoins acquis : obtenir un engagement du Conseil général pour que l'énergie renouvelable ne soit pas opposée à l'agriculture durable. G. Gallion, France-Antilles Martinique, L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 8

9 Document 12 : le Centre de Valorisation Organique de la Pointe Jean-Claude, au Robert. Le Centre de Valorisation Organique (CVO) est une usine dans laquelle sont traités les biodéchets (déchets alimentaires issus des ménages) et les déchets verts (branches et herbes). Ils sont valorisés de deux manières : par compostage pour les déchets verts, ou par méthanisation pour les bio-déchets. A terme, lorsque le volume des biodéchets sera plus important, et donc qu une filière de collecte sélective sera efficace, le CVO produira de l électricité issue du processus de méthanisation. Pour l heure, le CVO ne produit que du compost. Capacités de traitement : T de biodéchets (méthanisation) et T de déchets verts (compost) Volumes traités en 2009 : T de déchets verts et 80T de biodéchets Question 7 : Quelles sont les solutions envisagées pour tenter de faire diminuer la consommation d énergie? (documents 4, 8 et 9) Les pouvoirs publics tentent de développer les transports en communs et le covoiturage pour limiter la pollution de l air et les embouteillages. (document complémentaire : le TCSP). EDF encourage l achat de climatiseurs de qualité et récents consommant moins d énergie (A++) par des primes, et encourage les ménages à consommer moins d énergie. Question 8 : Quelle est la principale source de production d électricité à partir d énergie «renouvelable» en Martinique? Quelle est celle qui a le plus augmenté? Le terme «renouvelable» est il ici totalement approprié? (document 10) L UIOM de Fort de France est le premier producteur d électricité, à partir de la combustion des déchets, en l occurrence, avec 30GWh par an. Arrive derrière la production photovoltaïque (environ 10GWh) et l éolien (1,5 GWh). C est le solaire qui a connu la plus forte croissance : entre 2005 et 2008 la puissance a été multipliée par 5. L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 9

10 Dans le cas des déchets, il ne s agit pas d une ressource à proprement parler «renouvelable», car la ressource n est pas inépuisable et dépend de notre consommation et production de déchets. De plus la combustion des déchets produit des Gaz à Effet de Serre. Il vaut mieux ici parler d énergie non fossile, en opposition au pétrole. Question 9 : Quelles sont les possibilités de développement de la production d électricité photovoltaïque? Quels sont alors les problèmes soulevés? Qui sont les acteurs de ce type de projets?(documents 10, 11 et 12) Le photovoltaïque se développe en Martinique selon 2 modalités : la couverture des toits des bâtiments industriels, publics ou même ceux des particuliers. L implantation de fermes solaires directement au sol. Ce sont ces derniers qui posent problème, car la production d électricité solaire est accusée d occuper des terrains agricoles. Mais ses partisans rétorquent que ces terrains sont inutilisés pour l instant (pollution au chlordécone, déclin de l agriculture). On remarque que ce sont les collectivités territoriales qui autorisent ou s opposent à ces projets (Conseils Régional et Général), initiés par les collectivités ou des particuliers, mis en œuvre par EDF pour la collecte de l énergie produite. Question 10 : Pour quelle raison le CVO ne fonctionne-t-il pas encore à plein régime? A la base, sur quoi repose la réussite ou l échec de ce projet? (doc 12) Le CVO n arrive pas pour l instant à collecter suffisamment de bio-déchets pour produire de l électricité par méthanisation. Pour que cette situation s améliore il faut que cette collecte soit organisée de manière plus efficace, et que les ménages martiniquais fassent l effort de trier leurs déchets (poubelles spécifiques). Question bilan : observez la carte de synthèse page suivante. Quelle logique respecte les figurés? Comment a été organisée la légende? Proposez un autre classement qui montre la dépendance de l ile vis-à-vis du pétrole, le développement récent des EnR (énergies renouvelables), et le potentiel à exploiter. Rédigez cette nouvelle légende avec des titres et des intitulés plus explicites. 1) La dépendance de l île vis-à-vis du pétrole Importation de pétrole Raffinerie Usine de production électrique 2) Une diversification récente des sources d énergie UIOM (Unité d incinération d ordures ménagères) Zone de forte couverture photovoltaïque Eolienne Usine de production de biogaz 3) Un potentiel encore largement inexploité Ferme solaire en projet Eolienne en projet Zone de potentiel d éolien offshore Zone de potentiel géothermique Zone de potentiel d énergie thermique marine Zone de potentiel d énergie houlomotrice L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 10

11 L énergie en Martinique Erwann Jadé Page 11