CONTINUITE GS / CP. «Dis maîtresse, j arrive juste au CP! Va pas trop vite s il te plaît! C est quoi un mot?»

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1 CONTINUITE GS / CP 1 «Dis maîtresse, j arrive juste au CP! Va pas trop vite s il te plaît! C est quoi un mot?» «Ne t inquiète pas on va d abord vérifier ce que tu sais déjà!»

2 CONTINUITE GS/ CP Prendre appui sur les acquis de la grande section pour démarrer un CP Préambule Les productions des élèves aux évaluations GS et l analyse de ces exercices montrent que les cinq compétences requises (cf livret CP 1 et 2) pour démarrer sans souci l apprentissage de la lecture en tout début de cours préparatoire sont très inégalement atteintes.(je vous livrerai l analyse générale de la circonscription) Ainsi que demandé dans le protocole, et conformément à ce qui vous avait été annoncé lors de la réunion de présentation, le présent document vous indique des pistes de travail pour REACTIVER les savoirs, pour ajuster les représentations des élèves sur ce que signifie «apprendre à lire et à écrire».et pour démarrer l enseignement de la lecture /écriture sur des fondements installés chez la très grande majorité des enfants, ceux qui en tous cas ne présentent pas de troubles d apprentissages particuliers. les disparités de potentialités, les différences culturelles, l inégalité des connaissances préalables à l entrée dans le fonctionnement de l écrit et les différences d acquis nécessaires à la maîtrise de ce double apprentissage constituent l image ordinaire d une classe de CP. Il parait donc légitime de considérer que l homogénéité n est pas la règle et que TOUS les enfants, d un seul élan, ne sont pas capables d entrer dès les premiers jours de classe dans LA METHODE DE LECTURE. Cela signifie qu on ne peut NIVELER ni par le haut, ni par le bas, ni rechercher une homogénéité supposée vers un niveau médian. Certains enfants découvrent les réalités du langage écrit dans ses diverses formes et commencent à réaliser qu il faut faire de gros efforts de mémoire et d attention pour s en emparer, sans garantie de succès immédiat! D autres ont déjà une vague idée de «comment ça marche», sans forcément voir «à quoi ça sert», où l inverse, mais en tous cas, ils ne sont guère demandeurs de découvrir ce mystère qui leur semble hors de portée! Certains autres n ont pas beaucoup d acquis antérieurs mais ils découvrent en avançant sans difficultés majeures et construisent pas à pas cette nouvelle conquête! Et, les plus avancés ont construit antérieurement des connaissances sur l objet et sur son fonctionnement, leur moteur étant qu ils ont le projet de réussir cet apprentissage qui va les hisser dans le monde des connaissances et des «grands» ils sont pressés et vont souvent «plus vite que la musique»! On ne peut pas ignorer cet éventail de profils, il faut donc réduire les écarts (si on ne veut pas se condamner à toujours fonctionner en groupes dissociés) et profiter de la période du début d année deux à trois semaines en septembre pour «préparer le terreau à ensemencer»

3 QUOI ET COMMENT FAIRE? I ) DEDRAMATISER LA RENTREE ET METTRE LES ENFANTS EN PROJET DE LECTEURS A ) Faire mettre en mots : Les attentes, les inquiétudes, les représentations.l enseignant(e) peut évoquer aussi en forçant un peu le trait, sa propre rentrée au CP. Relever tous les dires, les collecter sur affiches (les premiers écrits de la classe) pour les confronter en cours d années aux avancées.(utiliser des phrases lanceurs : Ce matin moi, ou hier avant de dormir ) B) Faire dessiner (beaucoup) ce qu on voit dans la classe (avec légendes bien sûr), soi même entrant en classe, la maîtresse, les copains qu on retrouve, les histoires qu on vient d entendre (qui porteront bien sûr sur la peur et sur la joie de devenir grand ) insister beaucoup pour que ces dessins soient très travaillés, très fouillés, qu on y trouve des détails qui «donnent à voir» à l observateur et qui sont les premiers repères de la compréhension que l on fabrique soi même pour d autres! C ) Laisser manipuler tous les livres de la bibliothèque de classe ou d école et demander aux enfants d en faire quelque chose..pendant ce temps, l enseignant se rend disponible, à l écoute, il n est pas FACE aux élèves mais à côté, tout près, à l affût des moindres observations pour apporter les éclairages nécessaires et fixer les connaissances qui manquent, faire bouger les idées fausses ou «imaginaires» Dessiner ce qu on voit dans les livres, lire un album tout seul et le raconter aux autres à partir des images Prendre quelques livres pour soi et les visiter avec la maîtresse ou un copain, en parler, faire des comparaisons.. Avoir à trier, et classifier. En changeant de critères,(pour voir ainsi que les mêmes livres peuvent changer de catégorie selon comment on les examine) D) Mettre les élèves en projet (d apprendre à lire en en montrant les enjeux et la faiblesse des risques, mais sans minimiser la hauteur de la conquête ) Rendre la tâche plus joyeuse que laborieuse en guidant par sa voix de lecteur accompli et expressif les enfants dans leur première exploration de tout ce qui est à leur portée (les écrits familiers et les écrits culturels ) La classe de CP doit ressembler ces premiers jours à un grand «SOUK des écrits»! Faire pressentir la nature du travail complexe que les élèves vont apprendre à faire toute l année et même la suivante,afin que les enfants ne se fassent pas de fausses conceptions.

4 ils ont souvent des connaissances dissociées et fragmentaires de l acte de lire = c est deviner,ou c est seulement attacher des lettres, ou retenir des mots tous seuls, ou regarder une illustration, ou retrouver des mots connus dans un titre ou un texte Leur expliquer et montrer que ça mobilise tout à la fois, utiliser des mots très concrets pour expliciter la concomitance des opérations mentales. Quand cette phase de dédramatisation, présentation est bien engagée (deux ou trois jours) annoncer aux élèves qu on va travailler avec les outils de GS pour se les remettre en tête II ) PRENDRE EN COMPTE LES ACQUIS ANTERIEURS: A) S appuyer sur des données (à peu près ) objectives : 1.Analyser les résultats des évaluations GS et observer les productions (au moins de ceux qui ont montré des difficultés) occasion de conserver le contact avec la (les ) collègues de GS. 2.Relever les acquis et les manques de chacun (à l instant T de la passation ) et planifier les activités prioritaires à conduire et avec qui? B ) Prendre en considération les outils mis à disposition des enfants en GS 1.Collecter : Le corpus de mots, tous les textes de la classe de GS, tout l écrit qui était familier et bien repéré. Les titres et les copies de couvertures (et pourquoi pas les copies de textes, ou les originaux si on les possède en propre ) des albums bien connus qui peuvent faire l objet de reprises fréquentes (certains textes sont connus par cœur) Les divers outils (leurs duplicatas) pour lire / écrire. 2.S informer de la manière dont c était employé. Les élèves qui auront à expliciter comment on s en servait participeront ainsi à la consolidation des représentations 3. Mettre ce bagage à portée immédiate des élèves le jour de la rentrée, l afficher en un lieu qui sera la mémoire de la classe et l espace réservé aux référents, lesquels seront progressivement remplacés par ceux de l année en cours. Ce sera une manière de re-donner à ce capital, de la valeur et un vrai statut, cela fera de lui un objet de transition qui viendra marque tangible de la continuité. 4. Le revisiter (pas trop rapidement) s apposer symboliquement comme la Dire et faire dire son sens,sa valeur,son fonctionnement, son usage. Catégoriser, trier en fonction de la typologie et des enjeux.

5 Dégager les critères de classement qui font apparaître la forme et le fond. Compétence visée :COMPRENDRE / l élève connaît il le vocabulaire technique de la lecture.) C est l occasion de faire apprendre, très concrètement en mettant des actes et des mots dessus, ce qu est l écrit, à quoi ça sert et comment il fonctionne, compétence visée : COMPRENDRE :L élève a-t-il une représentation de l acte de lire, connaît il les usages de quelques supports d écrits? Ce travail est à prolonger en BCD ou avec la bibliothèque de la classe pour faire fonctionner les critères de classement et mettre les enfants en situation de LIRE pour de vrai!(avant d avoir appris) 7. Réutiliser ce bagage en complexifiant les activités: a )Reprendre les récits familiers (albums, contes, saynètes, films, diapos,.avec une préférence pour les récits littéraires qui sont les plus riches du point de vue de la langue ) Les relire, les redire, et pourquoi pas en apprendre des fragments, et apprendre à les CONTER.. b)les étudier : Revenir sur les éléments constitutifs de ces récits, les extraire, les classer en tableaux pour faire apparaître les invariants et les éléments changeants.(qui, de qui, où, quand, pourquoi, à cause de quoi,et donc ) Compétence travaillée : COMPRENDRE :l élève est-il capable de manifester qu il comprend une histoire en répondant à des questions simples.) c )Se fabriquer un jeu de cartes avec ces invariants( lieux, personnages, aides, obstacles ) pour les combiner ensembles et produire : des histoires qui seront dictées à l adulte d abord. Remarque : C est l occasion de faire re-travailler l oral d évocation et d entretenir la pensée sur l élaboration d énoncés complexes, en relançant la réflexion sur la production avec des questions qui amènent des expansions de groupes de mots. exemple : «la petite fille va à l école» s il s agit d une légende de dessin, amener l élève à étendre son propos sur cette petite fille,en interrogeant le «à quel endroit», le «quand», le «pourquoi», le «avec qui», et «pour quoi faire»etc ), L élève laissé seul face à la tâche va penser à l économie, les enfants n ont pas assez L habitude de l écrit pour oser étoffer leur production, ils pensent qu on attend seulement d eux qu ils produisent quelque chose de conforme!

6 Puis produire très rapidement des histoires écrites à partir d outils disponibles qui se constituent dès l arrivée au CP et viennent grossir le corpus de la GS. Compétence travaillée : dire, redire, raconter. d ) Faire émerger les thèmes (peur, jalousie, altérité, tolérance, colère, affirmation de soi, révolte, générosité etc..) et les messages. (De quoi ça parle? que nous montre l auteur?, «après tout quand ce loup se comporte ainsi n a-t il pas un peu raison? on trouve dans les ouvrages matière à débats interprétatifs et réflexion sur le monde.) Cela permet de travailler la compréhension fine des divers niveaux de sens et d amener les élèves au repérage de l explicite qui une fois traité permet d atteindre l implicite. (ce traitement doit être accompagné par les médiations du maître qui fait mettre en liens les informations) Ainsi les élèves deviennent capables d anticiper, d inférer et de dépasser les éléments de surface pour entrer en littérature! e ) Recopier des fragments de textes sur de très grandes affiches et conduire des observations (faire voir, nommer, expliquer le pourquoi, aider à trouver des repères ) Sur la typographie (organisation en paragraphes, phrases, groupes de mots = groupes de sens, (les surligner ou entourer ) Sur les marques grammaticales (liées au sens bien entendu), Retrouver les anaphores ( comment désigne t-on successivement, un même personnage, un même lieu ) Se constituer une banque de données ou référentiel (qui servira pour la production écrite : Des noms, d es adjectifs, des verbes, des lanceurs, des connecteurs, des débuts de phrases, des fins de textes III ) CONSOLIDER LES COMPETENCES NECESSAIRES A L ENTREE DANS L APPRRENTISSAGE DE LA LECTURE / ECRITURE En fonction des données de l évaluation, concevoir des activités de révision et pendant au moins une semaine, pratiquer de façon intensive mais diversifiée selon les besoins des élèves, des activités qui installent ou exercent les compétences suivantes (page 15 du livret CP 1) Comprendre Une histoire (et montrer qu on l a comprise diversement) Ce qu est l acte de lire (qu en disent- ils?,) les usages de l écrit.(le montrer) Les consignes et le vocabulaire de la lecture ( savoir faire et en parler à bon escient) Etablir les correspondances entre l oral et l écrit Situer les mots d une phrase écrite par lecture de l adulte. Mettre des mots en relation, trouver des similitudes. Reconnaître des mots familiers. Identifier les composantes sonores du langage Manipuler des syllabes ( segmenter, dénombrer, permuter, substituer) Manifester une sensibilité phonologique (rimes, assonances, intrus parmi une liste de mots ayant un son commun)

7 Ecrire Ecrire alphabétiquement un mot simple connu ( de façon plausible) en empruntant des éléments à d autres mots Ecrire correctement en cursive, une ligne de texte imprimé (tenue de l outil, sens du tracé, feuille bien placée) Dire, redire, raconter Décrire (image, objet, rapporter un événement Raconter brièvement l histoire de quelques personnages de fiction rencontrés dans les années antérieures Un travail intensif mais très ciblé auprès de tous les enfants de la classe, doit permettre à l issue de cette période probatoire d avancer dans la méthode de lecture quelle qu elle soit, sans écarter d emblée et avec des conséquences forcément dommageables, les élèves les plus culturellement démunis. Non seulement, cette phase réduit les écarts, mais offre en partage aux élèves un bien commun qui est celui des outils de la classe, bien repérés et bien compris. Les différences sont toujours difficiles à gommer, mais les élèves rapides doivent trouver chaque jour de quoi satisfaire leur appétence, ils vont rapidement s écarter de la méthode, laissez les l explorer dans tous les sens et surtout mettez à leur disposition tous les écrits de la classe, et faites les produire des écrits de plus en plus complexes chaque jour. Remarque :Cela veut immanquablement dire qu il faut rompre avec une représentation du tout homogène, par peur que les enfants ne fassent pas tous la même chose en même temps, une bonne classe de CP doit ressembler à une ruche où chacun s affaire, pas forcément sur les mêmes choses, mais où tout le monde apprend ou exerce ses capacités.) Ceci suppose l élaboration d outils multiples, évolutifs et attractifs qui se concevront au fil de l année les activités de révision sont des activités d apprentissage où on fait avec l enfant, en mettant des mots sur les choses et en observant ses difficultés ou réussites, ça ne saurait être des exercices papier crayon d évaluation (c est trop tôt! ) IV) INFORMER LES FAMILLES Les parents ont des attentes légitimes et multiples sur l entrée de leur enfant au cours préparatoire, ils projettent leurs peurs et leurs espoirs et ce poids est souvent lourd pour les enfants. Pour ne pas être en butte aux remarques sur la date tardive de démarrage de la méthode, je vous propose ci dessous un courrier à leur communiquer via le cahier de liaison qui vous dédouanera de l initiative de la décision. Conclusion Je souhaite que ce document vous aide à mettre en œuvre la disposition arrêtée dans le protocole de l action «continuité GS/CP/CE1» à savoir, différer l entrée dans la méthode de lecture, pour laisser à votre groupe classe, le temps d asseoir les fondamentaux nécessaires à un apprentissage dédramatisé de la lecture et de l écriture. Merci de coopérer activement à cette action de circonscription à laquelle j attache beaucoup de prix F laurent : IEN MAROMME

8 L Inspectrice de la circonscription de Maromme Madame LAURENT A Mesdames et messieurs les parents des élèves de CP Depuis trois ans, je conduis au sein de ma circonscription des actions très volontaristes auprès des enseignants de GS et de CP concernant l apprentissage de la lecture. Cette année, après avoir fait passer en mai- juin à tous les enfants de GS des évaluations communes sur l état de leurs connaissances en lecture et écriture, j ai demandé aux enseignants de CP de ne pas démarrer dès les premiers jours de la rentrée, leur méthode habituelle d enseignement de la lecture. J ai insisté pour qu ils utilisent les deux, voire les trois premières semaines pour consolider les acquis des enfants, et ainsi mettre tout le monde en capacité de comprendre comment fonctionne ce difficile apprentissage. Je vous remercie d accueillir avec confiance ce choix tardif d entrée dans la méthode. Les enfants ont besoin de se préparer, ceci afin d éviter de creuser trop vite des écarts. IL a été demandé de ne pas faire attendre les élèves les plus rapides, mais de leur donner au contraire de quoi nourrir leur envie de savoir. Mon objectif est au travers de cette disposition de faire en sorte que les premiers apprentissages de la lecture /écriture soient le plus aisés possible pour la grande majorité des enfants des classes de CP. Je souhaiterais donc obtenir de vous soutien et compréhension, et vous en remercie. F.LAURENT