Quels modèles de performance environnementale pour vos entreprises, bureaux, usines?

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1 Quels modèles de performance environnementale pour vos entreprises, bureaux, usines? Mercredi 4 avril 2012, de 9h30 à 11h00 Intervenants : AXA GROUP : Dominica ADAM, Environmental Project Manager / Group Corporate Responsibility QUANTIS : Sébastien HUMBERT, Directeur scientifique ERNST&YOUNG : Philippe AUBAIN, Directeur au sein du département Environnement et Développement durable 1. Intervention de Dominica Adam En 2006, le groupe AXA s'est fixé des objectifs de réduction pour la période , et utilise un outil de reporting pour mesurer les évolutions relatives aux performances environnementales. Cet outil de mesure est fondamental, car sans mesure il est impossible de savoir si l'on avance comme il faut. En 2009 a été réalisé un travail en interne ayant pour objectif de savoir quels étaient les principaux axes à suivre pour réduire notre impact environnemental. Nos objectifs de réductions sont de 20% pour la consommation d'énergie et la production de CO2, 15% pour la consommation d'eau, 80% de papier recyclé ou issu d'une gestion durable des forêts. Ces objectifs sont suivis année après année, et nous sommes actuellement en train de nous poser des questions sur les nouveaux objectifs à horizon Notre stratégie s'appuie sur des indicateurs de performance, qui permettent de suivre dans le temps l'atteinte de nos objectifs, et de rendre compréhensible à nos managers et à nos entités dans le monde nos différents objectifs relatifs à l'environnement. Axa a commencé son reporting environnemental en 2002, conjointement aux autres entreprises cotées en France et soumises à la législation NRE. Il est alors devenu nécessaire de communiquer ses données environnementales, et nous avons dû nous poser les bonnes questions sur les indicateurs à choisir, et comment communiquer sur ces indicateurs. Aujourd'hui, nous sommes présents dans plus de 40 pays et sur cinq continents. Notre reporting est exhaustif et notre politique en la matière est de nous focaliser sur la qualité des données. Ces données sont validées par les CFO des différentes entités locales. Tel : (+33) Fax : (+33) /7

2 Nous avons 81 indicateurs, portant sur la consommation d'énergie, de papier, des données RH, des certifications environnementales, hygiène, sécurité... Tous nos sites assurent un bon reporting sur l'ensemble de ces indicateurs. La seule partie de notre processus assimilable à de l'industriel concerne nos data center, qui ont des consommations énergétiques très importantes. Autrement, il nous a fallu trouver les personnes adéquates pour étudier et vérifier ces données dans le secteur de l'assurance et de la finance, c'est-à-dire créer et entretenir un réseau d'interlocuteurs spécialisés sur ces sujets. Dans les différents pays où nous réalisons nos reporting, nous comptabilisons 260 interlocuteurs de la sorte. Les interlocuteurs vont collecter toutes les données environnementales, puis vont mener un travail de fond avec d'autres départements (RH, achats...) afin de collecter des informations transversales pertinentes. Nous avons élaboré un outil de collecte des données en interne, IRIS, utilisé depuis Tout est alors centralisé en interne. Toute variation de plus ou moins 15% doit être expliquée, il existe une véritable traçabilité de l'information. Cela nous permet de garantir la qualité de nos informations. Cette année, nous avons rajouté un niveau de contrôle des données non financières (environnementales par exemple). Si nous veillons à la conformité réglementaire depuis longtemps, nous avons commencé à faire vérifier nos données pour avoir un avis d'assurance en 2007, et à partir de 2008 nous avons intégré la vérification de tout notre processus de collecte et de calcul de données, afin d'y apposer un audit. Un auditeur va ainsi réaliser une étude dans nos filiales, et cette année cela a été étendu à l'asie et aux Amériques. L'auditeur va sur place et rencontre les collaborateurs, vérifie les chiffres, source les informations afin d'y apporter de la valeur ajoutée, et ce dans une relation d'échange et de partage, afin de renforcer nos équipes en interne. Ces études permettent également de visualiser quels sont les points faibles et les axes d'amélioration possibles. Comment se fixer des objectifs et les mesurer robustement tous les ans? Comment intégrer les chiffres reportés dans la stratégie responsable de l'entreprise? Il existe plusieurs façons de faire pression et de faire comprendre l'importance du processus de collecte des données. Axa a une approche incluant ses parties prenantes (actionnaires, employés, société civile, clients, fournisseurs, environnement...). Les collaborateurs doivent être derrière la stratégie et toutes les actions du groupe doivent aller dans le même sens. La thématique environnementale touche directement nos collaborateurs, ne serait-ce que par les éco-gestes. Il faut donc communiquer auprès d'eux afin de pouvoir les inclure dans la stratégie globale de l'entreprise et décliner les différentes actions selon les entités. Nous nous appuyons sur un questionnaire d'auto-évaluation, où chaque entité va répondre à des questions, sur une échelle de 1 à 5, qui va être ensuite vérifié en interne. Finalement, l'entité obtient une note sur 100, qui va déterminer le KPI de l'entité. Dans cette évaluation figure tout une dimension environnementale dans laquelle se pose la question de l'évolution de la performance de l'entité, sa progression ces dernières années, l'évaluation de son KPI par rapport à la moyenne du groupe, etc. Tel : (+33) Fax : (+33) /7

3 Aujourd'hui, la plupart des entités ont un score compris entre 53 et 69 sur 100. La plupart de ces entités ont intégré la thématique de la responsabilité environnementale dans leur façon de faire leur business. Nous nous sommes fixés comme objectif global que quasiment toutes les entités soient à un niveau stratégique d'ici à Les entités vont jouer un rôle majeur, en mesurant chaque année leurs résultats, et en définissant des objectifs personnels pour l'année suivante. Il est fondamental de se rapprocher avec les CFO et de fidéliser notre réseau interne, d'avoir un outil interne pour bien monitorer les chiffres, et de faire le lien avec la stratégie globale du groupe. Questions : Jean-Michel Rossignol, Legrand Vous contentez-vous de collecter les données relatives aux progrès effectués ou menez-vous également des actions concrètes pour diminuer vos indicateurs? Sur les questions énergétiques, il existe trois leviers : une partie IT (l'équipement électrique est performant), les data centers, et une partie bureaux avec les ordinateurs, les imprimantes, et les comportements des collaborateurs. Dans l'accompagnement des entités, nous fournissons des outils pour prendre de meilleures décisions et intégrer les bons facteurs au bon moment. Nous mettons le cadre et ensuite nous aidons à l'accompagnement. Marine Glon, I Care Environnement Avez-vous fait des évaluations des gains financiers afin de justifier les éventuels développements budgétaires correspondants? Nous nous sommes focalisés sur la consommation énergétique en eau et papier, et ces problématiques sont d'emblée liées à l'efficacité de l'entreprise. La partie sur les bâtiments, au niveau des achats groupes, a fait l'objet de communication sur les retours sur investissement. La question des coûts renvoie à un défi qui n'est pas évident. 2. Intervention de Sébastien Humbert La notion d'empreinte eau gagne en notoriété depuis 2-3 ans, en parallèle d'autres notions comme la consommation d'énergie ou l'empreinte carbone. Cela peut concerner l'entreprise au niveau des sites, souffrant d'un manque d'eau ou polluant une source d'eau. Cela peut avoir des conséquences sur l'opinion publique ou par rapport à la législation. L'entreprise peut également en être affectée financièrement, par des boycotts ou des amendes. Tel : (+33) Fax : (+33) /7

4 La plupart des entreprises s'intéresse à la consommation d'eau au niveau des sites. Il faut en fait aller plus loin et s'intéresser à la quantité d'eau consommée, à la quantité d'eau polluée, à la quantité d'eau évaporée, à la quantité d'eau emmenée dans un autre bassin versant... Certaines entreprises peuvent aller plus loin et regarder indirectement la quantité d'eau nécessaire à la production d'énergie ou l'eau associée aux intrants. Il faut avoir une vision au sens large de l'acv pour éviter de prendre en compte l'eau uniquement sous l'angle fournisseur. Il faut analyser les quantités d'eau entrant et sortant dans les processus, les pollutions en aval de l'usine afin d'identifier les risques, il faut évaluer la rareté de la ressource eau dans la région, etc. Ces calculs permettent d'évaluer les impacts sur la santé humaine ou sur la biodiversité de ses activités. L'eau a depuis longtemps fait partie des indicateurs environnementaux, mais a vraiment pris de l'importance entre 2006 et 2009, période durant laquelle de nombreuses initiatives ont vu le jour, afin de quantifier et communiquer les mesures relatives à la gestion de l'eau. Les stratégies eau des entreprises passent par sa quantification, car celle-ci est la base légitime de tout établissement de projets. Un facteur très limitant pour l'entreprise est la disponibilité des données. Il n'est pas forcément facile d'accéder à ces informations, et cela peut coûter cher. Différentes entreprises ont reconnu le manque de données qu'elles avaient en la matière et se sont associées pour collecter les données sur différents processus : papier, électricité... afin par exemple de calculer l'impact associé au traitement d'un mètre cube d'eau, ou pour voir rationnellement l'empreinte eau des produits en commençant par les sites. Si l'entreprise possède différents fournisseurs, et si l'on veut identifier rapidement où se trouvent les problèmes afin de savoir où investir temps et argent pour réduire les impacts, il faut utiliser les données calculées via un logiciel pour connaître les quantités d'eau consommée et polluée aux différents endroits dans le monde associés à un site ou à un fournisseur. Cela permet d'avoir une information sur quelles sont les solutions permettant de réduire l'empreinte eau efficacement. Nous avons travaillé avec Intel sur la consommation d'eau et son entrée en compétition avec d'autres utilisateurs potentiels. Cela reflète le stress hydrique de la région considérée. L'intérêt est de pouvoir identifier les sites prioritaires en termes d'impacts réels et pas seulement en quantité d'eau utilisée. On regarde alors si ce stress local a des impacts sur la santé humaine ou sur les écosystèmes. Cela donne des indications aux entreprises sur quel genre de mesures mettre en place pour réduire les impacts associés à l'activité d'un site. Switcher, PME suisse produisant des T-shirts, travaille sur l'empreinte carbone depuis 2008, et communique sur la problématique d'accès à l'eau. L'utilisateur n'est pas intéressé par l'empreinte eau en tant que tel, mais on peut communiquer sur les efforts faits dans les systèmes de traitement de l'eau et par exemple mettre en avant les réductions de pollution dans les usines de production : nombre de litres d'eau polluée pour produire un T-shirt réduit de tant de litres. Cela peut permettre de valoriser des investissements financiers et rester compétitif. Questions Tel : (+33) Fax : (+33) /7

5 Pauline Bian-Gazeau, Agrion Quelle est l'importance des impacts sociaux dans ces démarches? Il faut d'abord définir ce qu'est un impact social. Il peut être relatif à la qualité de santé des gens, et il existe de nombreux cas où les impacts en termes de santé et les impacts environnementaux vont de pair. Ces impacts sont assez facilement quantifiables avec les méthodes actuelles. Il existe également des impacts au sens qualitatif ou éthique, comme la distribution équitable d'eau entre les populations locales. Les impacts sociaux sont plus difficiles à quantifier dans l'acv, mais on peut le faire. Jean-Michel Rossignol, Legrand La seule consommation d'eau ne veut pas dire grand chose, il faut aller plus loin dans l'analyse des données. Comment faire ce travail? Il existe plusieurs niveaux en fonction des données que vous avez. Si vous voulez réaliser un exercice rapide, vous pouvez pour commencer par vous assurer d'avoir bien mesuré la différence entre eau pompée et eau consommée. Il faut noter la différence entre eau relâchée en aval et eau évaporée. Ensuite, il faut regarder si la région où l'on intervient est en situation de stress hydrique. Pour cela, il est possible de s'appuyer sur différentes méthodes, comme l'utilisateur de cartes de sensibilité des bassins versants. Cela permet de donner une idée de la fraction d'eau qui posera problème dans l'utilisation, ou des problèmes liés à la pollution des eaux par rapport à la sensibilité des populations locales. 3. Intervention de Philippe Aubain La performance environnementale classique et l'empreinte eau sont deux concepts qui ne sont pas forcément identiques, bien que parfois utilisés comme synonymes. On voit émerger les deux, avec des innovations intéressantes. La performance environnementale est souvent synonyme de mesure de progrès, d'atteinte d'objectifs dans le temps, est centrée sur des opérations. On sent une grande maturité en la matière pour les grandes entreprises, qui ont alors développé de bons outils de gestion. La notion d'empreinte écologique est en fait assez vieille. Elle vise à décrire et mesurer les impacts, et donne toute son importance aux études de données. Il faut prendre en compte un périmètre large, incluant amont et aval des process, qui rejoint la notion d'acv. Il faut voir quels sont les leviers de réduction pertinents. Il faut alors hiérarchiser les différents impacts tout au long du cycle de vie. Le sourcing des matières premières correspond aux principaux impacts en règle générale. Accor a réalisé cet exercice pour redynamiser leur démarche environnementale, et a réalisé que les principaux impacts environnementaux relatifs aux déchets étaient les déchets de Tel : (+33) Fax : (+33) /7

6 chantier de rénovation ou de construction. Les indicateurs relatifs à l'eau ont révélé que les plus grands volumes concernaient l'alimentation, et non les nuitées comme on aurait pu le croire. Remarques Sandra Hounkonnou, Fives Il est en effet nécessaire de bien définir les objectifs et les indicateurs de suivi. On peut alors se rendre compte que les impacts environnementaux ne sont pas forcément là où on le pense. L'approche ACV peut être lourde en termes de collecte de données, mais est une approche très intéressante car permet d'avoir une vision plus large et de ne pas déplacer la responsabilité au niveau des fournisseurs gratuitement. Philippe Aubain Les entreprises lancées dans un ACV sentent bien que si l'on veut généraliser un portefeuille produit important, il faut vraiment hiérarchiser et simplifier ce qui est gérable par l'entreprise. Conclusion Dominica Adam : le défi devant la thématique eau est complexe, il faut savoir le faire avancer simplement et de manière cohérente. C'est un vrai enjeu en interne. Sébastien Humbert : L'approche empreinte eau est nouvelle. Nous observons souvent un décalage entre l'intérêt porté à cette thématique, le calcul effectif de l'empreinte eau et le reporting menant aux solutions. Les entreprises ayant intégré cette approche plurielle sont minoritaires. L'un des challenges de l'acv est de réduire les coûts d'analyse, et nous devons aider les personnes mettant en place des solutions à mieux intégrer ces informations afin d'avoir une mesure objective de ce que font les entreprises. Philippe Aubain : Pour la plupart des entreprises, le calcul de l'empreinte écologique permet de donner un deuxième souffle et de reformuler une politique stratégique environnementale, qui a souvent été formulée bien des années au préalable pour certains groupes. Tel : (+33) Fax : (+33) /7