Secrets d Archives n 1

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1 1 Secrets d Archives n 1 A propos de l école des filles Pour inaugurer ce dossier voici deux documents adaptés à cette période de rentrée scolaire. Doc. 1) 1868 autorisation d agrandissement de l école des filles de La Celle Saint-Cloud accordée par l Empereur NAPOLEON III Lettre envoyée le 4 août 1868 depuis la station thermale de Plombières (Vosges) où l empereur prenait les eaux sans oublier les affaires de la France. La preuve! «Vu les délibérations du conseil municipal de la commune de la Celle St Cloud (Seine et Oise) en date des 17 février, 22 mai et 30 août 1867 Avons décrété et décrétons ce qui suit : article 1 er Est déclaré d utilité publique l agrandissement de la maison d école des filles de la Celle» En conséquence il autorise l achat de terrain (article 1) et l emprunt par la commune de 3552 francs à un taux n excédant pas 4 % (article 2) qui sera remboursé par une taxe prélevée sur les contribuables cellois pendant 6 ans à partir de 1869 (article 3).

2 2 A propos de cette école La Celle a bénéficié très tôt d une école grâce à la générosité du vicomte MOREL de VINDE châtelain et maire qui, en 1829, fit donation au village d un bâtiment destiné à accueillir la mairie, l école des garçons, l école des filles et une maison pour le médecin (fig. 1). Une rente perpétuelle couvrait les traitements de l instituteur (un civil) et des deux religieuses (une enseignante et une infirmière). La rente permettait aussi de payer les frais scolaires des enfants indigents de la commune. Les deux sœurs appartenaient à la congrégation versaillaise de la Sainte Enfance. Figure 1: ancienne mairie et écoles, Le Bourg, rue Yves Levallois C est en 1869 qu arriva une jeune religieuse Sœur Marie Stanislas pour inaugurer le nouveau bâtiment scolaire. Nous allons la retrouver 37 ans après dans le registre des délibérations du conseil municipal conservé aux archives de la mairie. Doc 2) 1905 : Session extraordinaire du conseil municipal dimanche 17 septembre 1905, 10h. du matin. Grande émotion à La Celle : la sœur est chassée de son école! Les Républicains radicaux ont laïcisé l enseignement ; à la rentrée d octobre, une institutrice civile va prendre sa place. Les parents d élèves sont consternés, les notables (plus proches de la droite cléricale que des radicaux) sont indignés. Le maire, Edmond BLANC, ancien député des Hautes Pyrénées, va trouver le temps d assister à une séance extraordinaire du conseil, un dimanche, lui qui est pourtant si occupé par ses activités hippiques. En effet, les élus vont statuer sur la proposition du 1 er adjoint le Figure 2: registre page 80 séance extraordinaire du conseil 17 septembre 1905 patron pépiniériste Jules THUILLEAUX. La famille Thuilleaux est une des plus anciennes et des plus influentes du village où ils sont pépiniéristes de père en fils depuis Louis XIV le plus illustre de leurs clients.

3 3 Le discours de Thuilleaux qu on imagine écouté «religieusement» par ses collègues est un vibrant hommage à la religieuse qui a vécu avec eux des moments tragiques et a instruit deux générations de Celloises ; voici quelques extraits d un texte magnifique consultable aux archives municipales (3W90 11) écrit dans une langue éblouissante (qui fait honneur aux enseignants de l époque) et pénétré de l esprit patriotique de la Belle Epoque, ce qui ne rend pas moins émouvant ses paroles. (fig. 3) Figure 3: registre p. 81 états de service de Sœur Marie Stanislas

4 4 Jules Thuilleaux qui avait 11 ans en 1870 rappelle d abord que l école fut transformée en ambulance (c'est à dire en hôpital militaire) et que la toute jeune Sœur Marie assistait le Dr Lemaire pour soigner les blessés tant Français qu Allemands qui émergeaient des bois de la Jonchère lors des combats de la Malmaison (21 octobre 1870) et de Buzenval (19 janvier 1871). «Son rôle s étendit encore plus loin, car, si à l ambulance, elle soignait les blessures du corps, dans le village elle soignait celles du cœur et de l âme.» Et de citer le témoignage de l instituteur des garçons, Jean Baptiste LHUILLIER collègue de la sœur pendant une vingtaine d années. «Ainsi cette sœur qui n avait pu encore se faire apprécier comme Institutrice, montrait ce qu elle pouvait faire comme citoyenne et comme Française». La religieuse ne fut pas moins méritante dans sa vie professionnelle : «Ses succès au certificat d études étaient légendaires et fréquemment le n 1 du canton de Marly- le- Roi était de l école communale des filles de la Celle Saint-Cloud» ce qui lui valut en 1880 une mention Honorable décernée par Jules Ferry en personne et «une médaille du conseil municipal pour ses 20 années de bons services». En page 82, Thuilleaux déplore que «la loi qui prive sœur Marie du port de son habit de religieuse et qui l oblige à s appeler de son nom de famille Mademoiselle Coppé, ne donne pas aux Instituteurs Congréganistes la moindre pension de retraite». C est pourquoi il demande au conseil de voter une subvention de 300 Francs (l équivalent de son traitement) tout en se défendant de faire œuvre de charité ce qui, à l époque, pouvait paraitre déshonorant. «Une récompense publique, un témoignage officiel de satisfaction n est pas la charité et, si recevoir d un particulier abaisse celui qui reçoit, recevoir une donation comme récompense des services rendus, c est s élever au-dessus de ses concitoyens, c est être mis au rang des bons serviteurs de son pays et de sa patrie». La donation est votée à la quasi-unanimité (neuf voix pour, une voix contre). Mais il fallait en référer à la préfecture. Et celle-ci annula la décision des élus de la Celle considérant que c était une façon déguisée de reconstituer une école privée : «l indemnité votée est une subvention permettant à M lle Coppé qui a ouvert une école privée à La Celle Saint-Cloud d assurer le bon fonctionnement de cette école». Une certaine mauvaise foi semble-t-il!

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