Cet ouvrage parle d innovation et d esprit d entreprise et

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Raymond Leboeuf
il y a 8 ans
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1 Avertissement Cet ouvrage parle d innovation et d esprit d entreprise et explique comment un petit pays comme Israël est parvenu à incarner ces deux dimensions. Il n y est pas question de technique, même si de nombreuses entreprises de haute technologie y figurent. La technologie et son impact sur le monde nous fascinent, mais nous avons préféré mettre l accent sur l écosystème qui a permis de générer des idées d entreprises radicalement nouvelles. En partie exploratoire, en partie argumentatif et en partie narratif, le lecteur aurait pu s attendre à ce que ce livre soit organisé par ordre chronologique, par entreprise ou en fonction des différents éléments que nous avons identifiés comme constitutifs du modèle innovant israélien. Nous avons été tentés d utiliser ces schémas d organisation, mais nous les avons finalement laissés de côté au profit d une approche plus «impressionniste». Nous nous sommes concentrés sur l histoire et la culture et nous avons pris l exemple de quelques entreprises pour tenter de comprendre d où vient toute cette énergie créatrice et comment elle s exprime. Si nous avons interrogé des économistes et étudié leurs points de vue, nous avons plutôt abordé notre sujet comme des étudiants en histoire, en commerce et en géopolitique, ce que nos parcours respectifs peuvent expliquer. Nous avons tous deux connu le service public, Dan a ensuite travaillé dans le commerce tandis que Saul a fait du journalisme. Dan réside désormais à

La technologie et son impact sur le monde nous fascinent, mais nous avons préféré mettre l accent sur l écosystème qui a permis de générer des idées d entreprises radicalement nouvelles.

2 10 ISRAËL, LA NATION START-UP New-York mais il a fait ses études en Israël avant de vivre, de travailler et de voyager dans le monde arabe tandis que Saul a grandi aux États-Unis et vit désormais à Jérusalem. Dan a investi dans des entreprises israéliennes. Aucune de ces entreprises n est présentée dans cet ouvrage mais certaines personnes avec lesquelles Dan a investi le sont. Nous l indiquons à chaque fois qu il y a lieu. Si nous avons voulu écrire cet ouvrage en témoignage de notre admiration pour l histoire méconnue de la réussite économique d Israël, nous n en abordons pas moins les domaines dans lesquels ce pays a pris du retard. Nous parlons également des menaces potentielles qui planent sur sa réussite. Celles-ci risquent de surprendre le lecteur car elles ne correspondent pas à ce qui fait habituellement les choux gras de la presse internationale. Nous abordons brièvement deux autres domaines : la raison pour laquelle, contrairement à ce qui s est passé pour Israël, les Américains n ont pas tiré davantage profit des talents d entrepreneur de leurs compatriotes ayant fait carrière dans l armée et la raison pour laquelle le monde arabe éprouve des difficultés à encourager l esprit d entreprise. Ces sujets mériteraient évidemment d être traités bien plus en profondeur que nous ne le faisons, chacun d entre eux pouvant faire à lui seul l objet d un ouvrage entier. Enfin, s il est une histoire à côté de laquelle les médias sont passés bien qu ils braquent constamment leurs projecteurs sur Israël, c est que les principaux indicateurs économiques montrent que ce pays accueille la plus grande concentration d innovation et d esprit d entreprise dans le monde aujourd hui. Cet ouvrage est notre tentative d expliquer ce phénomène.

Nous l indiquons à chaque fois qu il y a lieu.

3 LIBAN SYRIE BEE RS HEBA JORDANIE OhERT OU N ~ GU E V EGYPTE PENISUlE DU SINAI o 1 o 40 km mi /' Israël Koret Communications Ltd. Reproduit avec autorisation.

4 Israël Koret Communications Ltd. Reproduit avec autorisation.

5 Introduction Beau discours, mais qu allez-vous faire? Shimon Peres à Shai Agassi Les deux hommes qui attendaient, assis dans une suite élégante de l hôtel Sheraton Seehof, perché dans les Alpes suisses, formaient un couple étrange. Le temps leur manquait pour évoquer la pluie ou le beau temps et faire baisser la pression, et ils ne faisaient que se lancer des regards nerveux. Le plus âgé, qui avait plus du double de l âge du plus jeune et l air de quelqu un qui ne se laisse pas décourager facilement, était le plus calme des deux. Du plus jeune émanait le genre d assurance qui vient de la conviction d être la personne la plus intelligente de la pièce mais plusieurs refus avaient commencé à semer le doute dans son esprit : serait-il réellement capable de réinventer trois méga-industries? Il était impatient que commence leur ultime rendez-vous. La raison pour laquelle le plus âgé se soumettait à ce genre d épreuves, au risque d essuyer un camouflet, n était pas claire. Comptant parmi les Israéliens vivants les plus célèbres, prix Nobel de la paix, cet intellectuel avait été deux fois Premier ministre. À 83 ans, Shimon Peres n avait certainement plus rien à prouver. Pourtant, ne serait-ce qu organiser cette série de rendez-vous avait été ardu. Shimon Peres était un habitué du Forum écono-

Le temps leur manquait pour évoquer la pluie ou le beau temps et faire baisser la pression, et ils ne faisaient que se lancer des regards nerveux.

6 14 ISRAËL, LA NATION START-UP mique mondial de Davos. Observer quel potentat arabe allait lui serrer la main était pour la presse une source de sensationnalisme facile au cours de ce qui n était au fond rien d autre qu une conférence économique huppée. Il faisait partie des hommes politiques que les dirigeants d entreprises voulaient en général rencontrer. Aussi, lorsqu il avait invité les PDG des cinq plus gros constructeurs automobiles mondiaux à le rencontrer, il s attendait à ce qu ils viennent. Mais, au début de l année 2007, la crise financière n avait pas encore montré le bout de son nez, le secteur automobile ne ressentait pas le genre de pression qu il allait subir un an plus tard et les trois grands américains, General Motors, Ford et Chrysler n avaient même pas daigné répondre à son invitation. Le dirigeant d un autre important constructeur automobile était venu mais il avait passé les vingt-cinq minutes qu avait duré l entretien à expliquer que l idée de Peres ne fonctionnerait jamais. Écouter le leader israélien exposer son projet utopique de faire adopter par le monde entier des véhicules tout électriques ne l intéressait absolument pas et même si cela avait été le cas, il n y avait aucune chance pour qu il tente l aventure dans un pays aussi minuscule qu Israël. «Écoutez, j ai lu la présentation de Shai», dit-il en parlant du dossier que Peres lui avait fait parvenir avec l invitation. «Il rêve. Une voiture comme celle-ci, ça n existe pas. Nous avons essayé. On ne peut pas la construire.» Il poursuivit en expliquant que les voitures hybrides étaient la seule solution réaliste. À l époque, Shai Agassi le jeune homme qui accompagnait Peres travaillait chez SAP, le plus grand éditeur de logiciels du monde. Il y avait débuté en 2000, après que le géant allemand eut acheté sa start-up israélienne, TopTier Software, pour 400 millions

Il faisait partie des hommes politiques que les dirigeants d entreprises voulaient en général rencontrer.

7 INTRODUCTION 15 de dollars. Cette vente avait montré que même si la bulle technologique avait éclaté, certaines entreprises israéliennes pouvaient encore atteindre des valeurs d avant le krach. Agassi avait fondé TopTier à 24 ans. Quinze ans plus tard, il dirigeait deux filiales de SAP, il était le plus jeune, et le seul, membre non allemand du Conseil d administration et avait été pressenti pour en devenir le PDG. Même s il n avait finalement pas été choisi, à trente-neuf ans il pouvait être pratiquement sûr qu il le deviendrait un jour. «Que puis-je faire pour vous aider?» Et pourtant, Agassi se trouvait là, en compagnie de l homme qui allait devenir Président d Israël, essayant de convaincre le dirigeant d un constructeur automobile de se rallier à son idée sur l avenir du secteur. Et il commençait à se demander si le projet n était pas complètement absurde, d autant que tout était parti d un raisonnement purement théorique. Lors de ce qu Agassi appelle «Bébé Davos», c est-à-dire le «Forum des jeunes dirigeants d entreprise», deux ans auparavant, il avait relevé le défi qui leur avait été lancé : trouver un moyen d améliorer le monde d ici La plupart des participants avaient proposé des variantes de leurs entreprises mais Agassi avait planché sur une idée tellement ambitieuse que la plupart de ceux auxquels il s en était ouvert l avaient pris pour un naïf. «J avais imaginé que le plus important serait de faire en sorte qu un pays tout entier devienne complètement indépendant du pétrole», nous raconte-t-il.

Quinze ans plus tard, il dirigeait deux filiales de SAP, il était le plus jeune, et le seul, membre non allemand du Conseil d administration et avait été pressenti pour en devenir le PDG.

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