BFM BUSINESS BFM BUSINESS FABIEN FOURNIER

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1 Intervention de Fabrice Pesin, secrétaire général adjoint de l Autorité de contrôle prudentiel lors de l émission «Paris est à vous» du 29 mai 2013 sur BFM Business BFM TV «Le crowdfunding : de nouvelles règles pour le financement participatif» a été la «tendance du moment» de «Paris est à vous» le 29 mai 2013, présenté par Karine Vergniol et Aurélie Blonde sur BFM Business. Avec Fabrice Pesin, secrétaire général adjoint de l ACP Autorité de contrôle prudentiel, Benoît Bazzocchi, président fondateur de la plateforme Smartangels.fr, et Fabien Fournier, créateur de Noob. BFM BUSINESS Tendances, rendez-vous, business, spectacles, expos, restos, tout ce qui fait vibrer la capitale est dans «Paris est à vous». Et ce qui anime le Web, mais pas seulement, ce sont les chiffres du financement participatif. Record battu en France pour la série Web Noob (qu on a regardée ) : ce matin sur le site Ulule sur lequel elle est inscrite, elle avait engrangé exactement, soit presque dix fois plus que son objectif de départ. Du coup le «crowdfunding» alimente tous les espoirs, mais aussi, évidemment, quelques inquiétudes. Il est temps de faire le point sur ce nouveau mode de financement. C est ce que nous allons faire avec nos invités : Benoît Bazzocchi, bonjour, vous êtes le président fondateur de la plateforme Smartangels.fr ; Fabrice Pesin, bonjour, vous êtes secrétaire général adjoint de l ACP, l Autorité de contrôle prudentiel, auteur d un rapport avec l AMF, l Autorité des marchés financiers, rappelant justement les règles du financement participatif, évidemment on va y revenir ; Fabien Fournier, bonjour, vous êtes réalisateur, scénariste, dialoguiste, monteur et post-producteur justement de Noob, la première «websérie» française, avec plus de 45 millions de vues BFM BUSINESS Fabien Fournier, vous vous êtes donc inscrit sur Ulule le 3 mai, pour demander qu on vous aide, votre objectif étant de récolter en 70 jours. Vous avez explosé le compteur. Pourquoi vous êtes-vous inscrit sur le site, au départ? Pourquoi avez-vous fait appel au financement participatif? FABIEN FOURNIER Tout simplement parce que les autres formes de financement traditionnel nous étaient absolument inaccessibles, on a alors opté pour un mode de financement plus démocratique. C est-à-dire que, comme on est très proche de notre communauté, on a justement eu cette volonté, et on avait annoncé le film depuis très longtemps, mais avant on voulait terminer les 5 premières saisons. Et donc, ensuite, c est naturellement qu on s est dirigé vers le crowdfunding puisque ça a le vent en poupe en ce moment. Comme on est très proche de notre communauté, l alchimie était parfaite.

2 BFM BUSINESS Noob a été lancé en 2008, il y a déjà 5 saisons, ça raconte les aventures d adeptes d un jeu de rôles. Pour ceux qui connaissent, c est vrai que c est assez décalé, mais vous avez pourtant des millions de fans, alors comment expliquez-vous ce succès phénoménal? FABIEN FOURNIER En fait, je pense qu on est un complément à ce qui est proposé à la télévision. C est-à-dire que, à la télévision, en France, on sait très bien faire les reconstitutions historiques, les comédies, les films terre à terre, mais on a un peu délaissé le monde de l imaginaire, notamment la science-fiction, les «fantasies», etc., là où, en Angleterre, on voit des Misfits ou des Doctor Who qui explosent la baraque. On n a pas ça en France. Sur Internet on propose BFM BUSINESS C est une chose, de regarder, c est autre chose que d investir dans vos projets. Vous attendiez-vous à ce succès phénoménal? FABIEN FOURNIER On pensait bien que ça allait à peu près marcher. On connaît un peu notre communauté, on savait qu on avait nos chances pour un financement à , c est la somme qu on a demandée au départ. Il ne faut pas oublier que nos acteurs ne sont pas professionnels, je ne suis pas professionnel, on est tous autodidactes. C est parti d une passion entre potes qui a juste bien tourné, et notre saison 1, c était de financement. La dernière saison, on a réussi à monter à d autofinancement. Donc on s est dit qu on allait faire quelque chose d un peu plus court, donc un film, mais avec un peu plus de budget. Sauf que les , on les a obtenus en 24 heures, et ça, c était vraiment imprévisible. BFM BUSINESS Alors on reviendra sur ce que vous allez faire de cet argent, Fabien Fournier Benoît Bazzocchi, vous êtes le président fondateur de la plateforme Smartangels. Vous vous adressez plutôt aux entreprises, aux entrepreneurs, vous ne proposez pas de projets culturels ou artistiques sur votre plateforme, mais comment expliquez-vous ce succès? En êtes-vous surpris? Pensez-vous qu on soit, aujourd hui en France, arrivé à un tournant dans le crowdfunding? BENOÎT BAZZOCCHI Oui, effectivement, aujourd hui, on est à un tournant dans le secteur du crowdfunding, non seulement en France, mais aussi au niveau mondial. Le succès de Noob est étonnant, et il y a de plus en plus de projets comme ça, de différentes natures, artistique, culturelle, ou des entreprises qu on finance sur Smartangels, qui vont être financées de cette manière-là, en s adressant directement à la communauté. Alors pour faire un résumé succinct de ce qu est le secteur aujourd hui, il y a trois grands segments dans le crowdfunding : il y a d abord le don et ça, c est la typologie à laquelle a fait appel Noob, c est-à-dire qu on a une communauté, on fait appel à des contributeurs. Il y a le prêt entre particuliers : les gens se prêtent de l argent destiné à des projets, avec l engagement de rembourser derrière. Et puis il y a des investissements en capital. Ça, c est ce que nous faisons sur Smartangels, où on présente des entreprises qui cherchent des financements pour développer leurs activités et qui s adressent à des investisseurs privés. BFM BUSINESS D une manière générale, sur l ensemble du secteur, peut-on dire finalement que le public a du flair, qu il sait reconnaître les projets valables? BENOÎT BAZZOCCHI Alors, fondamentalement, oui. Ce n est pas que le public ait du flair, c est que chacun, en fonction de ses propres affinités, va aller vers le projet qu il a envie de financer, et on peut considérer que tous les projets, à partir du moment où ils sont bien construits, à partir du moment où il y a une volonté, de la part des porteurs de projets, d aller parler à leur communauté,

3 tous les projets pourront être financés. Car on trouvera toujours, et c est ça la force d Internet, on trouvera toujours des contributeurs ou des investisseurs passionnés par les mêmes projets, animés des mêmes volontés que les porteurs de projets qui les proposent. BFM BUSINESS Fabrice Pesin, Benoît Bazzocchi vient de distinguer trois systèmes de financement participatif, et les institutions s intéressent aujourd hui à ce qui se passe : effectivement il faut réglementer un peu tout ça, préciser tout simplement les choses. FABRICE PESIN Oui, tout à fait, il y a sûrement des précisions à apporter. Il n y a tout simplement pas de définition légale du «crowdfunding», on en parle tous autour de cette table mais il n y a pas de définition. BFM BUSINESS Les gens savent-ils vraiment ce que c est? FABRICE PESIN Non, ce n est pas si évident en effet. Il s agit d un mode de financement particulier qui s écarte des modes traditionnels. Il peut en effet avoir vocation à soutenir des projets de nature culturelle, par exemple. Comme Benoît Bazzocchi le signalait, il y a trois grandes catégories : le don, le prêt et la souscription de titres. Et on voit finalement que, chaque fois, sans vraiment s en rendre compte, on va rentrer dans le domaine de la réglementation financière. C est bien à ce titre que j interviens. Même si le crowdfunding est une modalité de financement très nouvelle, très innovante, fondamentalement, quand on parle de prêts, de souscriptions de titres, il s agit finalement d activités financières assez traditionnelles. C est donc un peu compliqué, notamment pour les nouveaux acteurs de crowdfunding qui n ont pas toujours l impression d entrer dans un monde réglementé. Et un monde réglementé, cela signifie certaines contraintes : des agréments, des exigences de capital, des règles de conduite particulières qui peuvent être contrôlées par une autorité comme l Autorité de contrôle prudentiel. BFM BUSINESS Question pratique pour les épargnants : quand on épargne, quand on investit dans un projet, comme par exemple sur Smartangels, comment être assuré que notre argent va bien à ce projet? FABRICE PESIN Je vais répondre «en tant qu autorité de contrôle». Pourquoi une réglementation financière? On peut trouver ça pesant, pas suffisamment bien adapté aux nouvelles activités du crowdfunding. Mais justement, toute cette réglementation financière, in fine, c est pour protéger l épargnant. C est pour protéger celui qui va verser un don, ou un montant pour investir dans tel ou tel projet. C est fondamental, c est toute la beauté du crowdfunding. Mais il y a un autre versant, il faut faire très attention : il pourrait y avoir de la fraude. Il pourrait y avoir des acteurs qui s installent, qui montent un site, qui mettent quelques photos de stars en disant «voilà, on va financer le film», et puis qui disparaissent avec la caisse dans la nature. Donc toute la réglementation financière, justement, c est pour protéger l épargnant. Alors il y a des contraintes mais évidemment le bon versant, c est que c est censé protéger l épargnant. Et pour ce type d activité de crowdfunding, de «financement par la foule», avec de petits montants, est-ce que les anciennes règles financières, dites traditionnelles, sont bien adaptées à des modalités de financement innovantes et, évidemment, non traditionnelles? BENOÎT BAZZOCCHI Bien sûr, je partage votre point de vue. Effectivement, il y a une réglementation financière qui, aujourd hui, n est pas adaptée, parce que cette réglementation

4 financière ne pouvait pas anticiper, plusieurs années à l avance, l arrivée d Internet comme possibilité de financement de projets, quelle qu en soit la nature. Et puis il y a un deuxième sujet. Je crois que le régulateur est parfaitement dans son rôle quand il rappelle les règles qui doivent s appliquer. Alors on rappelle les règles telles qu elles sont aujourd hui. C est important. Le régulateur l a fait le 14 mai dernier et c était légitime, et c était utile aussi pour les plateformes. Nous avons besoin de crédibiliser notre démarche. Maintenant, il va falloir passer à une deuxième étape, qui est l adaptation de ces règles, qui ne sont, je le répète, pas faites pour le crowdfunding, l adaptation à l activité de nos plateformes. BFM BUSINESS Mais le fait de réglementer les choses ne risque-t-il pas de brider un peu le système? BENOÎT BAZZOCCHI Ça peut le protéger. Quand un phénomène prend une telle ampleur, il faut protéger les épargnants, il faut assurer la crédibilité des plateformes. Nous réclamons cette réglementation adaptée. C est vrai qu on trouve qu aujourd hui la réglementation n est pas adaptée, mais on ne dit pas qu il ne faut pas de réglementation. BFM BUSINESS «Réglementation adaptée», ça veut dire quoi? «Favorable au financement participatif», comme le disait François Hollande? Ça peut être quoi? On peut aller dans quel sens? BENOÎT BAZZOCCHI Un groupe de travail a été monté au sein de l association PME-Finance, qui a notamment entrepris la consultation des différents acteurs de la place et qui propose la création d un statut d établissement de financement participatif. Et effectivement ce statut d établissement de financement participatif permet de ne pas révolutionner la réglementation actuelle parce que ce n est pas le sujet. De nombreux métiers sont déjà inclus dans la réglementation financière et on n a pas vocation à venir la déstabiliser. En revanche, la création d un statut spécifique permet de faire rentrer certaines autorisations au regard de certaines obligations aussi de la part des plateformes. Vous parliez de fonds propres minimums, ça semble effectivement être un sujet d obligation pour les plateformes. Donc, on crée ce statut-là, et l on a une activité qui pourra se développer de manière adaptée. BFM BUSINESS Alors que devient la garantie de nos fonds propres, pour les épargnants? Fabien Fournier, vous avez déjà atteint dix fois la somme espérée et ce n est pas terminé. Qu allez-vous faire de cet argent supplémentaire? Vous informez presque au jour le jour sur ce que vous allez faire de cet argent? FABIEN FOURNIER Oui, on est toujours proche de la communauté, j ai déjà tourné presque 2 heures où je réponds à des questions, et il y a encore 2 vidéos qui arrivent. Mais ce n est pas maintenant que les gens nous découvrent. En fait ça fait maintenant 13 ans qu on fait du contenu, et les gens savent aussi que Noob, ce n est pas qu une «websérie», c est aussi du «transmédia», c est-à-dire que je raconte des histoires en «websérie», mais aussi sur d autres supports (BD, romans ), mais ce ne sont pas des adaptations, c est-à-dire que l histoire continue d un support à l autre, l histoire est racontée de manière différente, mais chaque fois, c est inédit, complémentaire et indépendant. Donc c est un univers qui est très riche, 4 romans, c est quelque chose que je n ai pas pu mettre en images, donc, du coup, plus le budget sera grand, plus je pourrai enrichir l univers et mettre en images des choses que je ne pouvais pas jusqu à maintenant. Sachant aussi que j ai mis

5 des paliers. C est-à-dire que, si l on débloque les c est une référence à un jeu, eh bien on aura la trilogie, c est-à-dire que je ferai 3 films de 1 heure 30 plutôt qu un film de 2 heures et en 2 ans. BFM BUSINESS Donc véritable transparence là sur ce qui fait de l argent. Alors, Benoît Bazzocchi, sur Smartangels, ce sont plutôt des entreprises qui sont demandeuses, qui font appel à vous. Comment ça fonctionne, concrètement, et de quel genre d entreprises s agit-il? BENOÎT BAZZOCCHI Notre fonctionnement est simple. Nous avons un métier, nous sommes agréés, enregistrés auprès de l AMF en tant que conseiller en investissement financier. Nous avons donc déjà un cadre réglementaire que nous respectons et dans lequel nous nous inscrivons complètement. Donc notre métier de conseiller en investissement financier, c est de sélectionner des entreprises, de les analyser, de préparer, d accompagner les opérations avec les porteurs de projets. BFM BUSINESS Y a-t-il des clefs pour trouver des financements? Est-ce que parfois vous leur dites non, de toute façon ça va ne pas prendre? BENOÎT BAZZOCCHI Oui, il y a effectivement des entreprises qui ne sont pas prêtes à aller chercher des fonds auprès du public, pour diverses raisons Chez Smartangels, nous sommes spécialisés en entreprises de croissance. On n a pas de spécialisation sectorielle, mais on cherche des entreprises qui effectivement sont des start-up ou des PME qui ont des projets d innovation, des projets de croissance forte à l internationale, et donc nous finançons des sociétés qui ont vocation à devenir de plus grosses sociétés. BFM BUSINESS Mais ça fonctionne, ça repose sur une forme de confiance, quand on investit dans une start-up, alors qu il n y a pas d historique de comptes? Ces informations, vous ne pouvez pas les fournir aux investisseurs BENOÎT BAZZOCCHI Bien sûr, mais la confiance, c est la nature même du système financier. BFM BUSINESS C est pourquoi c est si compliqué de réglementer les choses FABRICE PESIN Tout à fait. C est surtout pour défendre la belle image du crowdfunding. Je voudrais juste présenter quelques exemples où il faut faire très attention. On voit bien que même pour un projet culturel, il peut y avoir encaissement de fonds, et ces fonds vont rester un moment, le temps de se renforcer petit à petit vers le seuil qui permettra en effet de financer le projet Donc on peut se demander : pendant cette période, que deviennent ces fonds? Si ça dépasse le seuil, c est bon, cela finance le projet. Si ça reste en dessous, ça doit être restitué. Pendant cette période, il y a eu encaissement pour compte de tiers, mais que vont devenir ces sommes? Donc là, on voit le risque de fraude. On peut aborder un autre sujet : l information de l épargnant, notamment dans le cadre de souscription de titres, dans des PME innovantes ou dans de petites start-up. Il faut que l épargnant soit bien informé. Évidemment, c est particulier, il s agit de titres, mais comment vontils être valorisés? Car on a le droit de sortir. Peut-être que, dans quelques années, on voudra sortir. Mais qui va les valoriser? C est du non-coté. Et puis, évidemment, il y a un sujet de liquidité : qui va racheter les parts? On voit bien qu au-delà des sujets de fraude, il y a le sujet de l information de

6 l épargnant, qui se demande comment il va pouvoir sortir d un titre, qui va valoriser et sur quel marché BFM BUSINESS Est-ce que là, il peut y avoir des garanties? Quand on sort, il y a une prise de risque de toute façon FABRICE PESIN Il y a une prise de risque mais, évidemment, il faut le savoir à l entrée. C est là toute la question du crowdfunding. On recherche donc un équilibre délicat, le gouvernement notamment, avec des groupes de travail auxquels nous sommes associés. Pour l épargnant qui souhaiterait pouvoir sortir : à quel prix? La question doit être posée avant la souscription, l épargnant doit être conscient des risques qu il prend, il doit être bien informé. Il y a un problème de liquidité, il y a un problème de valorisation et puis, sur cette petite start-up, de quelle information financière pourra-t-il disposer? Pourra-t-il disposer des comptes? Est-ce qu on impose des obligations, plus ou moins fortes, soit à la plateforme, soit directement au porteur de projet? Faut-il produire un prospectus qui aiderait, informerait et protégerait l épargnant? Mais un prospectus, c est coûteux BFM BUSINESS Abordons la question de la contrepartie pour les épargnants Comme déjà évoqué, il s agit parfois uniquement de dons, dans des projets artistiques ou culturels notamment, où on peut vous dire qu en échange vous aurez la BD en avant-première Y a-t-il une contrepartie chez Ulule sur le projet Noob? FABIEN FOURNIER Oui, il y en a plusieurs, à plusieurs niveaux : DVD, coffret collector avec les 5 saisons, et le film, ou éventuellement les films. Ils ont débloqué des «hauts faits», sortes de paliers : le haut fait blue ray, grâce à quoi il y aura aussi le blue ray du film, et le haut fait ultime, ce serait justement le guide officiel, un gros livre de collection avec toutes les coulisses de l univers, comme ils font pour les films. Donc il y aurait le film et la panoplie de ce que les fans aimeraient avoir autour de ce film BFM BUSINESS J ai vu qu il y a chez Smartangels, de petites entreprises de cosmétiques. Est-ce qu on peut avoir des produits en avant-première? BENOÎT BAZZOCCHI Ce n est pas l objectif, chez Smartangels, c est vraiment l investissement en capital. Les investisseurs investissent en direct au capital des entreprises. Les fonds sont directement versés sur les comptes d augmentation de capital qui sont bloqués dans un établissement financier et qui ensuite sont débloqués pour réaliser l augmentation de capital. Donc sur tous les sujets effectivement, il y a des solutions, ce qui renforce d ailleurs l idée de créer un statut spécifique pour renforcer l information et la sécurisation des fonds des épargnants. BFM BUSINESS Est-ce qu il faut déclarer ce qu on va donner à tel ou tel projet, et à partir de quel montant? BENOÎT BAZZOCCHI Nos obligations, existantes, actuelles, en tant que conseiller en investissement financier sont : analyse, origine des fonds, questionnement sur les investisseurs, et ça, ce sont toutes les normes de contrôle qui sont très classiques dans l industrie financière, que

7 nous respectons. Ensuite, évidemment, tous les fonds sont déclarés, en tout cas ceux qui sont investis dans les sociétés que nous présentons. BFM BUSINESS L investissement moyen est de quel ordre? FABIEN FOURNIER Si on fait la moyenne, on a contributeurs pour à peu près , ce qui fait donc à peu près 50 de moyenne. Et le plus gros don est de BFM BUSINESS Sur l évolution par rapport aux États-Unis, on est quand même assez en retard, est-ce que, en termes de réglementation, les États-Unis ont bien encadré les choses? FABRICE PESIN Les États-Unis ont annoncé les choses, ce qu ils appellent le JOBS Act (Jumpstart Our Business Startups Act) qui n est pas encore finalisé, loin s en faut, mais on voit qu il y a cette réflexion Je crois qu il faut préciser qu au niveau de la réglementation bancaire et financière, les choses dépendent beaucoup des directives européennes. Donc, à mon avis, le sujet du crowdfunding se pose aussi au niveau de l Union européenne dans son ensemble, parce que, derrière, il y a des directives qui s imposent aux États. Il n en demeure pas moins que cela n empêche pas d avoir une réflexion au niveau français, de bouger au niveau des marges qui nous sont laissées par les directives européennes, mais, sans aucun doute, pour revenir à la référence américaine, le débat devra aussi avoir lieu au niveau de la Commission européenne si l on veut donner un statut au crowdfunding. BFM BUSINESS Quand y verrons-nous plus clair, cela semble un peu lent? FABRICE PESIN Pas nécessairement, on voit que ça bouge très vite. Je crois en effet qu il y a une forte pression de la part des entrepreneurs, et c est très bien, ainsi que de la part des différents gouvernements européens. Il s agit d un vrai sujet, d une possibilité de financement de l économie, à relativiser selon les montants qu il concerne. On peut donc imaginer que des gouvernements, européens, français, soient intéressés par de nouvelles modalités de financement de l économie. BFM BUSINESS Les choses pourraient donc bouger plus vite que prévu. BENOÎT BAZZOCCHI Oui, des négociations au niveau européen sont effectivement en cours. On peut s inspirer du modèle américain, mais il y a aussi un modèle à inventer au niveau européen. En France, avec nos plateformes, avec le régulateur et le gouvernement, on peut essayer de construire un modèle qui pourrait servir de base à ce qu il reste à accomplir au niveau européen. BFM BUSINESS Vous reviendrez quand ce modèle sera posé Benoît Bazzocchi, président fondateur de la plateforme Smartangels.fr, Fabrice Pesin, secrétaire général adjoint de l ACP Autorité de contrôle prudentiel, puis Fabien Fournier et encore bravo à vous, réalisateur, scénariste, post-producteur de Noob, la première «websérie» française, merci beaucoup d avoir été avec nous.