Les stratégies d enseignement et d apprentissage en français langue seconde

Transcription

1 6 Les stratégies d enseignement et d apprentissage en français langue seconde Une élève de 2 e secondaire de l'école Iguarsivik à Puvirnituq aide des élèves de 4 e année lors d'une activité pour l'halloween (année scolaire ). Commission scolaire Kativik Collection Peter Murdoch, IND PMUR 0289 Institut culturel Avataq La façon dont on apprend est plus formatrice que ce que l on apprend. Britt-Mari Barth, pédagogue et chercheure

2

3 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.1 La table des matières du chapitre 6 version juin 2006 Chapitre 6 : Les stratégies d enseignement et d apprentissage en français langue seconde 1. La redéfinition des rôles de l élève et de l enseignant L apprentissage d une langue seconde Un enseignement stratégique Les stratégies d enseignement et d apprentissage en compréhension orale 6.7 Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement des stratégies d écoute 6.7 Des exemples d activités de sensibilisation 6.8 Les trois étapes d une activité d écoute 6.12 L enseignement explicite des stratégies d écoute 6.16 Un exemple d activité d écoute se situant dans un enseignement explicite Les stratégies d enseignement et d apprentissage en compréhension écrite 6.21 Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement des stratégies de lecture 6.21 Des exemples d activités de sensibilisation 6.22 Les trois étapes d une activité de lecture 6.24 L enseignement explicite des stratégies de lecture 6.29 Un premier exemple d activité de lecture se situant dans un enseignement explicite 6.30 Un deuxième exemple d activité de lecture se situant dans un enseignement explicite Les stratégies d enseignement et d apprentissage en production orale 6.36 Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement des stratégies de production orale 6.36 Des exemples d activités de sensibilisation 6.37 Les trois étapes d une activité de production orale 6.41 L enseignement explicite des stratégies de production orale 6.47 Un exemple d activité de production orale se situant dans un enseignement explicite Les stratégies d enseignement et d apprentissage en production écrite 6.54 Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement des stratégies de production écrite 6.54 Des exemples d activités de sensibilisation 6.55 Les trois étapes d une activité de production écrite 6.60 L enseignement explicite des stratégies de production écrite 6.67 Un exemple d activité de révision de texte se situant dans un enseignement explicite Le portfolio Des habiletés indispensables à développer 6.71 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

4 6.2 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 1. La redéfinition des rôles de l élève et de l enseignant Le renouveau pédagogique est une réponse à des besoins importants L élève doit apprendre et l enseignant doit l aider à apprendre Le renouveau pédagogique s appuie sur des bases solides pour justifier ses orientations. En effet, les recherches les plus récentes en éducation, les résultats et les témoignages ont démontré que l enseignement traditionnel, où l apprentissage ne constituait qu à acquérir et mémoriser des connaissances, n est plus efficace. Il semble que les élèves arrivent difficilement à faire le transfert de leurs «acquis». On note également que plusieurs semblent être démotivés relativement à leurs apprentissages. Ainsi, ce qui a été mémorisé il y a quelques mois, voire quelques semaines, est vite oublié. En outre, la présence d une quantité de plus en plus grande de sources d informations ainsi que les changements de plus en plus rapides des nouvelles technologies impliquent que les éducateurs doivent amener les élèves à développer des compétences leur permettant d apprendre de façon continue. Favoriser le développement des compétences langagières dans un tel contexte suppose que l on aborde l enseignement différemment. Bien que le Nord soit un environnement particulier, on trouve des similitudes entre les élèves inuits et ceux du Sud : démotivation, haut taux d absentéisme, troubles d apprentissage, etc. Une différence est toutefois notable, se situant au niveau de la distance culturelle existante entre cette somme de connaissances provenant du Sud et les référents culturels traditionnels. Cela peut créer une certaine ambiguïté dans leur compréhension et la gestion de cette nouvelle information. L école a donc un mandat encore plus important : préparer les élèves inuits à s approprier ces nouvelles connaissances en développant des habiletés leur permettant un apprentissage continu, mais également à poser un regard critique sur le monde qui les entoure. Pour ce faire, il est impératif de redonner à l élève son rôle qui est celui d apprendre, et à l enseignant, celui de l aider à apprendre. L élève devra être plus actif et développer des méthodes de travail efficaces. Il devra développer des stratégies d apprentissage, qu il utilisera autant dans le contexte scolaire que non scolaire. Le chapitre qui suit propose des stratégies d enseignement et d apprentissage en français langue seconde pour favoriser le développement des compétences langagières ainsi que des pistes d intervention pour amener les élèves à devenir des apprenants plus actifs. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

5 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde L apprentissage d une langue seconde L enseignement en français langue seconde est plus qu une réalité, c est une approche Les conditions pour apprendre une langue seconde L apprentissage d une langue seconde ne se fait pas de la même façon que la langue maternelle. L apprentissage de la langue maternelle comporte une bonne part d intuition. C est dans une intention de communiquer et d interagir avec son environnement que l enfant développera son langage, ce qui lui donnera accès à une foule de connaissances. Sur le plan cognitif, de nouveaux réseaux seront établis, et ce, sans qu il en soit conscient. Le développement de nouvelles habiletés qui permettront l apprentissage de la lecture et de l écriture prendra appui sur des schèmes cognitifs déjà présents. La langue seconde, de son côté, est un apprentissage beaucoup plus complexe. L élève ne peut prendre appui sur une connaissance intuitive de la langue et il est en position constante d apprentissage. Il devra comprendre la logistique et la mécanique de cette langue pour développer de nouvelles habiletés langagières. Par exemple, sa lecture sera beaucoup plus lente et la reconnaissance globale de mots, qui se fait normalement automatiquement en langue maternelle, demandera un plus grand effort d attention. L enseignant doit tenir compte de cette réalité et faire en sorte d aborder l enseignement de manière à faciliter l appropriation de cette nouvelle langue. Au Nunavik, la réalité du français sort du cadre traditionnel du français langue seconde, mais ceci n altère en rien le fait que le français est une langue seconde, en opposition à l inuktitut qui est la langue maternelle. L enseignant doit donc opter pour une approche d enseignement en langue seconde s il veut favoriser le développement des compétences langagières des élèves. Lorsqu'il arrive au secondaire, l élève inuit a déjà un certain niveau de compétences langagières en français langue seconde. Il n utilise toutefois que cette langue dans le contexte scolaire. Pour optimiser le développement des compétences langagières en langue seconde, il est important que plusieurs conditions soient présentes. L enseignant doit d abord prendre conscience de certains obstacles pouvant nuire aux apprentissages des élèves tels que la différence de culture avec l enseignant et l insécurité en langue seconde qui ajoute à cette crainte de prendre des risques et de faire des erreurs. L élève peut éprouver certaines difficultés à communiquer, tant pour exprimer ses besoins, ses émotions, pour gérer des conflits, pour poser des questions ou pour exprimer son insécurité. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

6 6.4 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Le temps d exposition à la langue seconde Diverses études concluent que cela prend de cinq à sept ans à un élève pour maîtriser les différents aspects de la langue seconde alors que deux à trois ans suffisent souvent pour maîtriser l habileté à converser. Concrètement, ces études disent qu un élève qui apprend progressivement à parler, à lire, à prendre des notes, à discuter en groupe, à exprimer son opinion ou à écrire un texte aura besoin de plusieurs années de pratique constante pour en arriver à pouvoir exécuter ces types de tâches. Une connaissance limitée de la langue seconde suffit pour mener une conversation dans des situations familières, alors qu il faut une connaissance plus approfondie de la langue pour comprendre ou produire un message dans un contexte académique. Au début, les progrès semblent rapides aussi bien à l oral qu à l écrit, mais souvent les apprenants stagnent, car dès qu ils ont acquis une base, les enseignants ne mettent plus autant d énergie à travailler avec les élèves à la consolidation de leurs acquis langagiers, au développement de nouvelles habiletés langagières et à l enrichissement de nouvelles connaissances langagières. De même, l élève risque de ne pas vouloir se dépasser puisqu il est fonctionnel dans sa communication de tous les jours. Il est donc essentiel que les activités proposées aux élèves en langue seconde soient stimulantes et leur permettent de renforcer leurs apprentissages et d utiliser la langue de façon significative aussi bien à l oral qu à l écrit, du début de leur scolarisation en langue seconde jusqu à la fin du secondaire. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

7 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Un enseignement stratégique Permettre à l élève de gérer ses apprentissages Qu est-ce que l enseignement stratégique? Le rôle d un enseignant dans un enseignement stratégique Le bagage de connaissances à enrichir est de plus en plus vaste, ce qui fait que l enseignant doit amener l élève à développer des habiletés lui permettant d avoir accès à ces savoirs et à les utiliser dans des contextes différents pour une tâche précise. Les recherches récentes sur le fonctionnement cognitif ont démontré que le cerveau apprend à traiter l information, à la décoder et à la recoder à sa façon pour l assimiler à différents modèles de la société. Ainsi, l apprentissage est un processus actif et dynamique devant être géré par l individu. La fonction de l enseignement est, de ce fait, de favoriser l établissement de connexions afin d amener l apprenant à mieux gérer ses apprentissages. Le virage stratégique est bien amorcé dans le monde scolaire d aujourd hui et les enseignants sont bien conscients qu ils doivent tenir compte des stratégies d apprentissage dans leur enseignement. L enseignement stratégique est une approche qui vise à mener des actions pédagogiques qui favorisent les apprentissages des élèves et leur transfert. Brièvement, un enseignant stratégique est un penseur, c est-à-dire qu il propose des contenus adéquats et pertinents à ses élèves. Ces contenus tiennent compte de divers éléments tels les connaissances antérieures des élèves, leurs besoins, leur profil cognitif, les intentions d un programme, l exigence de la tâche, etc. De plus, un enseignant stratégique prend des décisions éclairées face aux activités proposées dans le matériel didactique qu il utilise. Il choisit des activités pertinentes, en écarte d autres, modifie l ordre de présentation, décide d un autre mode de fonctionnement, etc. Il est un motivateur et pour nourrir la motivation de ses élèves, il sait faire les liens entre les activités choisies et le monde extérieur où l élève aura à réutiliser ce qu il a appris en salle de classe. 1 Il veut aussi rendre l élève responsable de ses apprentissages et il l amène à développer une certaine autonomie. Il sait aussi que l erreur fait partie du processus d apprentissage et il en tient compte lors de la rétroaction à l élève. Il est aussi un modèle, ce qui signifie qu il va offrir à ses élèves un modèle explicite de l exécution des tâches demandées et d application des stratégies employées à cette fin. Il favorise la coopération entre ses élèves et l observation par les pairs. Son but est de favoriser l autonomie de l élève et de développer sa capacité d apprendre. 1 La planification de situations d apprentissage et d évaluation dont il est question au chapitre 5 de ce guide est un moyen de rendre les apprentissages significatifs pour les élèves. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

8 6.6 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Un survol des stratégies d apprentissage Celles-ci sont divisées en trois grandes catégories : 1. les stratégies métacognitives, qui consistent à réfléchir sur le processus d apprentissage, à prendre conscience de ses performances, à s autoévaluer, à s autocorriger et à prendre en main son apprentissage ; 2. les stratégies cognitives, qui impliquent une interaction entre l élève et la matière scolaire et une application de diverses techniques en vue de réaliser une tâche très précise (sélectionner, résumer, etc.) ; 3. les stratégies socio-affectives, qui impliquent une interaction avec les autres (enseignant, élèves) ainsi que la gestion des émotions accompagnant l apprentissage. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

9 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Les stratégies d enseignement et d apprentissage en compréhension orale La compréhension orale dans un enseignement stratégique? Il faut savoir que l écoute n a pas toujours eu la place importante qu on lui connaît aujourd hui, mais elle est considérée maintenant comme une composante importante dans l apprentissage d une langue seconde. On peut définir la compréhension orale comme un processus d interprétation interactif au cours duquel l élève fait appel à la fois à ses acquis et à ses connaissances linguistiques pour comprendre ce qu il entend. Une telle définition illustre bien que c est beaucoup plus que de l amener à répondre à des questions afin de démontrer sa compréhension. Ainsi, la compréhension orale, une habileté des plus fondamentales dans l apprentissage, mérite que l on s y attarde et que l on favorise un enseignement explicite des stratégies d écoute aux élèves du Nunavik afin de faire de lui un bon élève auditeur. Qu est-ce qu un auditeur stratégique? Ce dernier pourrait se définir comme quelqu un qui sait adapter son fonctionnement cognitif à la tâche à faire, tout en détectant ses propres difficultés et en y apportant des solutions grâce à la mise en œuvre de stratégies telles que : l utilisation de ses connaissances antérieures ; l utilisation de l inférence ; l utilisation du contexte ; l utilisation de la prédiction ou de l anticipation ; l utilisation de l analyse et du jugement critique ; la confiance en soi ; savoir coopérer avec les autres ; l utilisation de l objectivation (contrôle de l activité par le sujet). Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement des stratégies d écoute Développer des stratégies métacognitives en compréhension orale Dans le cas des stratégies métacognitives, ceci peut se faire par des activités de sensibilisation au processus d apprentissage. Par exemple, on peut utiliser des grilles, des listes, des questionnaires, des fiches pour amener l élève à comprendre clairement ce qu on attend de lui et qu il sache où il se situe dans son apprentissage. Pour ce genre d activités, l élève doit être mis dans un climat de confiance. Il n est pas question de bonne ou de mauvaise réponse de sa part, mais il s agit plutôt de l amener à réfléchir sur ses comportements d apprenant. L enseignant donne une rétroaction personnelle à chaque élève à la suite de telles activités. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

10 6.8 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Guider l élève dans ses apprentissages Ces activités pour apprendre à apprendre ont tout avantage à se situer en début de trimestre, de mois, de semaine ou d année scolaire afin que l élève ait une idée de ses forces et de ses faiblesses et qu ainsi il sache mieux ce qu on attend de lui dans une certaine limite de temps. Chaque élève conserve dans son portfolio sa liste, son questionnaire, etc. et ainsi il est plus facile pour lui et l enseignant de s y référer en cours d année scolaire. Les élèves peuvent également se référer à ces fiches pour se donner des défis à relever. Des exemples d activités de sensibilisation Une liste Indiquez ce que vous voulez améliorer. a. Ma compréhension des chiffres, des dates, b. Ma compréhension des mots c. Ma compréhension de conversations d. Ma compréhension d histoires e. Ma compréhension de discours f. Mes connaissances en phonétique (rythme, débit, intonation) g. Mes connaissances en syntaxe h. Mes connaissances en grammaire i. Ma mémoire j. Ma motivation k. L habitude de réutiliser ce que j entends, ce que j ai appris en classe l. Ma persévérance à écouter et réécouter même si je ne comprends pas ou peu m. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

11 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.9 Un questionnaire Répondez aux questions suivantes en cochant les affirmations qui vous décrivent le mieux. 1. Quand on apprend le français, on ne comprend pas toujours ce qu une autre personne nous dit. Quand cela vous arrive, qu est-ce que vous faites? a. Vous demandez à la personne de répéter, de parler plus lentement. b. Vous essayez de comprendre tous les mots entendus. c. Vous essayez de deviner ce que la personne dit en tenant compte du contexte de la situation. d. Vous demandez à quelqu un de vous aider à comprendre. e. Vous essayez de penser à ce que vous connaissez sur le sujet de la conversation. 2. Pour améliorer votre compréhension orale en français, qu est-ce que vous faites? a. Vous écoutez la radio, la télévision en français. b. Vous répondez dans votre tête aux questions du professeur même s il ne s adresse pas à vous. c. Vous notez les mots nouveaux que vous avez entendus et appris et vous essayez de les utiliser dans une conversation. d. Vous écoutez attentivement quand quelqu un parle en français. e. Vous écoutez attentivement votre prononciation en français et vous essayez de l améliorer. f. Vous parlez toujours en français durant les cours de français. g. Vous traduisez dans votre langue les mots que vous entendez en français. h. Pendant qu une personne parle, vous lisez le texte qu elle est en train de dire à voix haute pour mieux comprendre. i. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

12 6.10 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde À l étape de l après écoute, lors d une activité de compréhension orale, si vous voulez connaître les stratégies qu ont utilisées vos élèves, ou qu ils n ont pas utilisées, vous leur posez des questions afin de les aider à mieux cerner cet aspect de leur processus d apprentissage et à en prendre conscience. Des questions a. Quels éléments vous ont aidé à faire la tâche demandée? b. Qu est-ce qui était facile pour vous? c. Les gens qui parlaient étaient-ils faciles à comprendre? Pourquoi? d. Quelles difficultés avez-vous rencontrées? e. Comment avez-vous fait pour les surmonter? f. Pensez-vous qu il y avait d autres façons de faire? g. Ou d autres types de questions suite à l écoute d un document sonore telles : Des questions a. As-tu porté attention aux mots clés, aux mots importants? b. As-tu été attentif à tout ce que tu entendais? c. Les gens qui parlaient étaient-ils faciles, difficiles à comprendre? Pourquoi? d. As-tu essayé de comprendre le sujet en général? e. As-tu porté attention au ton de la voix? Pourquoi? f. As-tu? g. Suite aux réponses des élèves, identifiez une ou des stratégies que les élèves maîtrisent peu ou pas du tout et planifiez éventuellement un enseignement explicite de ces dernières. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

13 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.11 Vous pouvez aussi leur faire remplir une fiche d autoévaluation pour les guider dans leur processus d apprentissage. L autoévaluation aide les élèves à devenir plus actifs dans leurs apprentissages et à prendre du recul sur leur façon d apprendre. Ce type de fiche est utilisé à la fin d une activité. Il ne s agit pas de le faire pour chaque activité, cela deviendrait beaucoup trop lourd, mais de le faire de façon ponctuelle, c est-àdire lorsque cela vous semble pertinent. Une fiche d autoévaluation Répondez aux questions suivantes après avoir fait votre activité. a. De façon générale, êtes-vous content-e de votre travail? Oui / Non b. Qu est-ce qui était facile pour vous dans cette activité? la situation de communication ; les gens qui parlaient étaient faciles à comprendre ; le vocabulaire ; la grammaire ; la syntaxe ; la tâche demandée ; c. Qu est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans cette activité? la situation de communication ; les gens qui parlaient étaient difficiles à comprendre ; le niveau de langue ; le vocabulaire ; la grammaire ; la syntaxe ; la tâche demandée ; d. Avez-vous des commentaires à ajouter? e. Aimez-vous faire ce type d activité? Pourquoi? f. Sur une échelle de 1 (très faible) à 5 (excellent), où situez-vous votre performance pour cette activité. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

14 6.12 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Amener les élèves à réfléchir sur leurs savoirs Ainsi, nous savons bien que la métacognition, reconnue comme une composante essentielle dans le processus d apprentissage, nous permet d amener l élève à réfléchir sur son processus d apprentissage, à comprendre les conditions qui le favorisent, à organiser ou à planifier ses activités en vue de faire des apprentissages, à s autoévaluer et à s autocorriger. Développer des stratégies cognitives en compréhension orale Les stratégies cognitives, quant à elles, impliquent une interaction entre l apprenant et la discipline (dans ce cas-ci la compréhension orale du français), une manipulation mentale et physique de cette matière et l application de techniques spécifiques en vue de résoudre un problème ou d exécuter une tâche d apprentissage. Nous parlons donc ici d activité d écoute pour lesquelles il y a une tâche précise à faire. Il faut d abord dire qu une activité d écoute se divise en trois étapes : préécoute, écoute et après l écoute. Les trois étapes d une activité d écoute L étape de préécoute Elle est le premier pas vers la compréhension du message. Pour l élève, il est important de mettre en œuvre les connaissances qu il possède dans le domaine en lien avec le contenu du discours oral, d organiser ces connaissances, de l aider à sélectionner certains schèmes pour qu il formule des hypothèses sur le contenu du discours qu il se prépare à écouter. Il y a aussi le vocabulaire, la phonétique, les formes linguistiques, qui doivent retenir l attention de l enseignant, bref tout ce qui est pertinent pour réussir la tâche à venir. Les connaissances antérieures des élèves Celles-ci jouent un rôle prépondérant dans l étape de préparation d où l importance d établir un pont entre les connaissances des élèves et le contenu du discours à entendre. 2 L enseignant se doit donc de stimuler leurs connaissances sur des concepts essentiels du discours et favoriser chez eux l organisation de ces connaissances. En procédant de cette manière, les élèves sont engagés activement durant cette étape ce qui est important pour favoriser l apprentissage. L étape de préparation (préécoute) est un moment propice pour stimuler les connaissances antérieures des élèves et les organiser. L élève réalise, par le fait même, qu il possède déjà certaines connaissances sur le sujet, ce qui n est pas à dédaigner. 2 Les moyens proposés pour étudier les divers types de textes au chapitre 7 favorisent également l établissement de ce pont. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

15 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.13 L étape d écoute Dans cette étape, on se centre sur une tâche bien précise comme par exemple : écouter pour détecter un accent différent des autres locuteurs ; écouter pour identifier la personne qui n est pas d accord avec les autres ; écouter pour identifier le lieu où sont les personnes qui parlent ; écouter pour comparer diverses opinions entendues ; écouter pour repérer les éléments entendus ; écouter pour identifier les liaisons entendues ; écouter pour confirmer ou infirmer ses hypothèses ; écouter pour anticiper. Un exemple de tâche de repérage 1. Écoutez les conversations qui suivent et cochez les énoncés que vous entendez. La conversation pourrait être quelque chose du genre : Toi, tu as couché à la belle étoile, la nuit dernière. As-tu entendu des bruits bizarres? Qu est-ce que tu as entendu comme bruit? Des bruits étranges, j avais l impression qu il y avait beaucoup de monde qui parlait. As-tu eu peur? Un peu, je pense. As-tu vu quelque chose? J avais les yeux à demi-fermés Toi, tu as fait comme moi? Les énoncés proposés pourraient être : a. J avais les yeux pas fermés. b. J avais les yeux peu fermés. c. J avais les yeux à peine fermés. d. J avais les yeux à demi-fermés. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

16 6.14 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Un exemple de tâche d identification 1. Écoutez des courtes phrases avec des enchaînements consonantiques (liaisons) et indiquez ces enchaînements sur votre feuille. Les phrases entendues pourraient ressembler à ceci : Ce petit enfant court très vite. Qu il est bizarre ce chat, il est encore en train d écouter la télévision. Vous allez écouter un poème de Gilles Vigneault maintenant. Ils sont allés magasiner et ensuite ils ont mangé au restaurant. Une épaisse brume a enveloppé les habitants de cette île. Tous ses amis étaient là pour célébrer son anniversaire. Ce fut toute une surprise! Il suffit pour l élève de noter les liaisons. Un exemple de tâche de prédiction, d anticipation pour confirmer ou infirmer des hypothèses Préécoute : Donner des phrases que chaque élève doit mettre en ordre, selon son ordre logique. Il note son choix dans un tableau, il écrit la lettre correspondant au déroulement de la conversation. Dans un premier temps, l élève les classe selon ce qu il pense logique. Ensuite, il compare ses choix tout en les justifiant avec ceux d un autre élève. Suite à cette discussion, il peut faire des changements et il les note toujours dans son tableau. Les phrases pourraient ressembler à ceci : A. Cela a fait une joyeuse pagaille. B. Certains ont même réussi à s introduire dans la salle réservée aux voyageurs munis d un billet d avion. C. Il a fallu consoler grand-mère Sylvia qui pleurait tout le temps. D. Le père d Alicia avait trouvé du travail au Mexique. E. Pendant ce temps, les jeunes cousins couraient partout dans le hall autour des voyageurs. F. Toute la famille les a donc accompagnés à l aéroport. G. Un douanier rouge de colère les a donc ramenés à l oncle Albert. H. Elle et toute sa famille s en allaient donc là-bas. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

17 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Avant l écoute Mon choix Notre choix Après l écoute Mon choix Écoute : Ensuite, il écoute le document audio dans lequel est raconté l événement pour vérifier ses prédictions. Il peut faire plus d une écoute si cela s impose. Après l écoute : Il apporte des corrections, si nécessaire. Il discute des différences entre ses prédictions et ce qu il a entendu. Cette discussion se fait en grand groupe et elle permet de revenir sur les critères qui avaient guidé ses choix et aussi des raisons qui nous ont fait changer d idée. Suite à cette histoire, on peut demander aux élèves d en imaginer la fin. Ce peut facilement être une activité de coopération. Un exemple de tâche d anticipation 1. Vous faites écouter des énoncés non complets aux élèves et vous leur demandez de les compléter. Ils doivent justifier leur choix. Les énoncés pourraient ressembler è ceci : a. D après ses résultats, ma sœur a bien réussi, mais je b. Ton père a dit qu il allait le faire, pourtant c. Tu as choisi ce texte quand d. Nous sommes réunis ici malgré e. Elle a écrit cette lettre parce que f. D un point de vue sécuritaire, c est impossible, car g. C est ce que j aime le plus, alors Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

18 6.16 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde L étape après l écoute Comme son nom l indique, il faut revenir sur ce qui a été fait lors de la tâche. C est le moment de corriger, de questionner pour bien cerner ce que les élèves ont trouvé facile ou difficile. C est le temps aussi de revenir sur les stratégies utilisées pour faire la tâche. Bref, c est un retour qui permet à l élève de réfléchir sur son travail et comment il l a fait et c est aussi un moment qui donne à l enseignant un portrait de sa classe, de ses élèves. Cela lui permet de faire une évaluation informelle de ses élèves et ainsi l aider à mieux planifier la suite de son enseignement. Les différents exemples précédents peuvent s inspirer d activités extraites d un matériel didactique; il suffit de les adapter et de changer la tâche, ou alors elles sont le fruit de votre propre créativité. Il ne faut pas oublier qu il est aussi important de se préoccuper que les élèves comprennent bien les formes sonores de la langue. L enseignement explicite des stratégies d écoute L enseignant stratégique choisit des activités qui sont pertinentes et qui favorisent la participation des élèves, des activités qui vont les faire réagir. Il sait aussi qu il faut, avant tout, leur enseigner comment écouter sans la pression de tout comprendre parfaitement afin qu ils apprennent à utiliser des stratégies d écoute efficaces. Pour l aider dans cet aspect du comment écouter, nous faisons référence ici à l enseignement explicite. Les recherches ont démontré qu un enseignement explicite des stratégies a un effet positif sur l apprentissage. Mais que faut-il entendre par ce type d enseignement? L enseignement explicite est approprié lorsque l on veut enseigner une stratégie spécifique, par exemple celle de repérer des informations importantes dans un discours, d inférer, etc. Ce modèle d enseignement propose des étapes où au début c est l enseignant qui a la prise en charge de la responsabilité et graduellement il amène l élève à se responsabiliser et à devenir plus autonome. Les étapes sont les suivantes : 1. définir la stratégie et préciser son utilité ; 2. rendre le processus transparent ; 3. interagir avec les élèves et les guider vers la maîtrise de la stratégie ; 4. favoriser l autonomie dans l utilisation de la stratégie ; 5. assurer l application de la stratégie. L enseignant verbalise son raisonnement devant la tâche à exécuter. Il fait la démonstration de l utilisation d une stratégie d écoute efficace pour savoir comment apprendre à bien écouter. Il utilise la technique de la réflexion à haute voix pour expliciter ce qu il fait. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

19 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.17 Un exemple d activité d écoute se situant dans un enseignement explicite 1. Définir la stratégie et préciser son utilité Enseigner à sélectionner les informations importantes. L enseignant choisit un discours approprié à entendre aux élèves. Quoi? Dire aux élèves qu ils vont apprendre à sélectionner des informations importantes en lien avec la tâche à faire. Pourquoi? Justifier l apprentissage de cette stratégie par le fait qu elle permet de mieux comprendre ce qu on entend, qu elle facilite la rétention de l information en réduisant la quantité d informations à retenir. Quand? Dire aux élèves que cette stratégie est appropriée lorsque l on veut retenir ou mémoriser des informations importantes à partir de ce que l on entend. 2. Rendre le processus transparent Comment? Présenter quelques phrases ou un court texte vous permettant de rendre votre raisonnement explicite : a. identifier les informations essentielles en lien avec la tâche à faire : identifier les mots clés et les mémoriser. Tout dépendant de la longueur du texte et de la tâche à faire, ceci peut se faire de façon segmentée. Il faut s assurer que ces mots clés sont compris ; b. écouter le texte et repérer les mots clés en lien avec la tâche ; c. écouter le texte à nouveau pour bien repérer les mots clés ; d. réécouter le texte en le segmentant, si nécessaire, pour avoir le contexte de chaque mot clé. Penser à ses mots clés et sélectionner les mots qui sont importants dans la phrase entendue et rejeter ceux qui ne le sont pas. Il s agit ici de comprendre le sens de ce qui est entendu et de le comparer à ses mots clés ; e. récapituler les informations retenues et cocher à l endroit voulu sur le tableau ; f. reprendre les étapes d et e pour chaque mot clé. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

20 6.18 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Le texte sur cassette est le suivant: Découvrez mon pays! Le Cameroun est un petit pays situé en Afrique Centrale d environ 15 millions d habitants. Le Cameroun a près de 240 langues locales, correspondant à 240 ethnies. Comme grande cérémonie au Cameroun, nous avons l intronisation des chefs traditionnels et les funérailles. Les funérailles sont différentes dans chaque région du Cameroun. Le ngondo est une cérémonie des Sawa (Douala). Les variétés au Cameroun sont nombreuses : par exemple au nord du Cameroun, il y a le parc de Waza qui y renferme beaucoup d animaux. À Kribi (littoral), il y a une plage et aussi un parc. Le climat varie selon la région au sud (25 C), au nord (32 C) et dans les zones de montagnes à l ouest, la température varie selon l altitude et devient plus fraîche. Au Cameroun, on distingue quatre ensemble de reliefs : plaines et montagnes isolées du nord, l arc des hautes terres du centre et de l ouest, le plateau sud camerounais et les plaines côtières. La tâche à faire est de cocher dans un tableau : Dites si les affirmations suivantes sont vraies, fausses ou qu il est impossible de le dire. AFFIRMATIONS VRAI FAUX IMPOSSIBLE À DIRE 1. Le Cameroun n est pas un petit pays. 2. Il y a 240 ethnies au Cameroun 3. Il y a beaucoup de grands chefs traditionnels dans ce pays 4. Chaque région du Cameroun a des funérailles différentes. 5. Il y a beaucoup d animaux dans le parc de Waza. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

21 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.19 Voici un exemple de raisonnement: a. Quelle est la tâche que je dois faire? : il y a 5 affirmations dans le tableau, je vais les lire et souligner les mots clés dans chaque affirmation. La 1 re phrase est : Le Cameroun n est pas un petit pays. Cameroun n est pas un mot clé puisque d après le titre du texte, je sais bien que l on parle du Cameroun lequel est un pays. Les autres mots sont n est pas petit pays. Je sais bien que le Cameroun est un pays, donc le mot pays ce n est pas une information essentielle; il reste donc les mots n est pas et petit. Je pense que les mots clés sont : n est pas petit. Je vais souligner ces trois mots dans mon tableau. La 2 e phrase est : Il y a 240 ethnies au Cameroun. Je sais bien que le mot Cameroun n est pas un mot clé, il reste les mots 240 ethnies. Ce sont les deux mots clés de cette phrase, je vais donc souligner 240 ethnies. La 3 e phrase est : Il y a beaucoup de grands chefs traditionnels dans ce pays. Je sais que le mot pays n est pas un mot clé. Les mots beaucoup, grands chefs traditionnels sont-ils tous importants? Je pense qu un chef est toujours grand, donc le mot grand n est pas important je pense. Un chef est toujours quelqu un qui s occupe de la tradition, il veut que l on respecte les traditions, donc je pense que le mot traditionnels n est pas important. Donc, il reste les deux mots clés qui sont beaucoup et chefs, car peut-être qu il est important de savoir s il y en a beaucoup ou non des chefs. Je vais souligner ces mots. La 4 e phrase est : Chaque région du Cameroun a des funérailles différentes. Je sais bien que le mot Cameroun n est pas un mot clé. Il reste les mots régions funérailles et différentes. Est-ce que ces mots sont importants? Il est certain que le mot funérailles est important puisque c est de cela que l on parle dans la phrase. Est-ce que des funérailles sont toujours pareilles? Je ne pense pas, donc le mot différentes devrait être important. Puisque le Cameroun est un pays, il est peut-être important de savoir ce qui se passe dans les régions, les choses peuvent varier d une région à l autre, donc dans ce cas-là il est important de retenir le mot régions comme mot clé dans cette phrase. Ainsi, dans cette phrase, il y a trois mots clés : régions, funérailles, différentes, je vais souligner ces mots. La 5 e phrase est : Il y a beaucoup d animaux dans le parc de Waza. Ici dans cette phrase on parle d animaux, donc animaux est un mot important. Au Cameroun, il doit sûrement y avoir des animaux dans les parcs, peut-être que le mot le plus important est le nom du parc plutôt que le mot parc? Mais par contre, il y a sûrement plusieurs parcs au Cameroun, peut-être que ce serait important de garder le mot parc avec son nom car il serait plus facile pour moi de le reconnaître puisque je ne connais aucun nom de parc au Cameroun. Donc, je vais garder les mots parcs et Waza. Je me doute bien qu il y a beaucoup d animaux dans les parcs du Cameroun, donc le mot beaucoup n est pas important. Ainsi les trois mots clés dans cette phrase sont : animaux parc Waza, je vais les souligner. Donc je sais bien que l on va parler du Cameroun qui est un pays. Et maintenant je vais mémoriser les mots clés qui sont : n est pas petit, 240 ethnies, beaucoup chefs, régions funérailles différentes, animaux parc Waza. Je peux les répéter à voix haute pour m aider à mieux les mémoriser et les reconnaître. b. J écoute le texte maintenant et j essaie seulement de reconnaître les mots clés que j ai identifiés; même si je ne reconnais pas tous les mots je continue à écouter le texte. Je ne m arrête pas d écouter. c. J écoute à nouveau le texte maintenant ce sera plus facile de reconnaître les mots clés que j ai soulignés dans mon tableau et que j ai mémorisés. Même si je ne les reconnais pas tous, je continue à écouter le texte. Je n essaie pas de comprendre pour le moment. Je reviens toujours à mes mots clés. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

22 6.20 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde c. d. f. J écoute maintenant le texte de façon segmentée. J écoute la première phrase, je pense à mes mots (n est pas petit) et la phrase dit un petit, alors je peux cocher dans la colonne FAUX dans le tableau, car l affirmation dit le contraire du texte. J écoute maintenant la 2 e phrase et on dit qu il y a 240 langues correspondant à 240 ethnies. Je pense à mes mots clés : 240 ethnies. Je comprends qu il y a vraiment 240 ethnies, alors, je coche VRAI dans mon tableau puisque mes mots clés disent la même chose que la phrase. J écoute la 3 e phrase et on ne parle pas de beaucoup de chefs. J écoute la 4 e phrase et là aussi on n en parle pas. Donc, je pense qu on ne peut pas dire qu il y a beaucoup de chefs. Ainsi je vais cocher IMPOSSIBLE À DIRE car on ne le dit pas dans le texte, je ne peux donc pas dire que cette affirmation est vraie ou fausse, c est impossible de le dire. J écoute la 4 e phrase à nouveau car on y parle de funérailles et je pense à mes mots clés : régions funérailles différentes. J entends que les funérailles sont différentes dans chaque région. C est la même chose que mes mots clés, donc je peux répondre pour cette affirmation que c est vrai et je coche dans la bonne colonne. J écoute maintenant la 5 e phrase. On y parle du parc de Waza, je pense à mes mots clés : animaux parc Waza. On dit que le parc de Waza renferme beaucoup d animaux. Je pense que ça veut dire qu il y a des animaux dans ce parc. Alors, je coche VRAI dans mon tableau. J écoute les autres phrases mais je n ai pas besoin de comprendre ce qu on y dit puisque je n ai pas d autres affirmations dans mon tableau. Je pense que j avais bien identifié les mots clés car j ai été capable de faire la tâche demandée Interagir avec les élèves, favoriser leur autonomie et s assurer de l application de la stratégie Après avoir verbalisé à voix haute le raisonnement que l on fait, il faut amener les élèves à le faire avec nous, il faut les guider dans le raisonnement à faire. Il suffirait d ajouter une autre affirmation ou deux en lien avec le texte du Cameroun ou alors prendre un autre texte mais dont la tâche à faire est exactement la même. Il faut tout de suite impliquer les élèves, interagir avec eux pour finalement les amener vers une certaine autonomie. À refaire tout au long de l année Ce type d activité où l enseignant décrit verbalement ce qui se passe dans sa tête quand il est devant une tâche à faire devrait être répété plusieurs fois durant l année scolaire surtout si les élèves sont peu familiers avec la notion de stratégies. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

23 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Les stratégies d enseignement et d apprentissage en compréhension écrite La compréhension écrite dans un enseignement stratégique? Les stratégies métacognitives, cognitives et l aspect socio-affectif La notion de compréhension en lecture a beaucoup évolué au cours des dernières années et le processus de lecture est beaucoup mieux connu des enseignants. Ainsi, l on sait bien que l enseignement de la compréhension en lecture doit aller plus loin que le simple fait de poser des questions ou de faire répéter, au fil des semaines, les mêmes tâches de lecture par les élèves. En effet, l acte de lire se définit comme une habileté à reconstruire le sens d une phrase ou d un texte en fonction d une intention de lecture très précise. Cette reconstruction implique que le lecteur joue un rôle actif durant la lecture; lecteur, texte et situation de communication sont trois variables indissociables dans une activité de lecture. L enseignant qui connaît bien le processus de lecture peut choisir et élaborer ses propres stratégies d enseignement afin de favoriser la compréhension chez ses élèves. Les stratégies d apprentissage, métacognitives et cognitives, identifiées en compréhension orale 3 sont toujours celles qui devraient être utilisées en salle de classe. Bien sûr, l aspect socio-affectif ne doit jamais être mis de côté, l enseignant doit constamment en tenir compte dans son enseignement. Les moyens didactiques à privilégier afin de favoriser le développement de stratégies de lecture Développer des stratégies métacognitives En métacognition, le questionnaire est toujours une bonne façon d amener l élève à prendre conscience de ce qu il est en tant que lecteur et de se prendre en main pour s améliorer. L enseignant peut aussi y aller de liste contenant des éléments à améliorer; il doit aussi poser des questions, suite à une activité de lecture, afin d aider les élèves à cerner ce qui est facile ou difficile pour eux. Les fiches d autoévaluation sont toujours aussi à privilégier. En voici quelques exemples qui sont bien sûr à adapter à votre enseignement et à vos élèves. 3 Voir à la p. 6.6 Un survol des stratégies d apprentissage. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

24 6.22 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Une liste Des exemples d activités de sensibilisation Indiquez ce que vous voulez améliorer. a. Ma compréhension des petits mots importants (tels ainsi, ) b. Ma compréhension des mots abstraits c. Ma compréhension de mots rares d. Ma compréhension de textes de sciences e. Ma compréhension de textes sur l environnement f. Ma compréhension de romans g. Mes connaissances en syntaxe h. Mes connaissances en grammaire i. Ma vitesse de lecture j. Ma mémoire k. Ma motivation l. L habitude de lire des textes en français m. Ma persévérance à continuer à lire un texte même si je ne comprends pas beaucoup ce qui est écrit n. Lire des textes différents o. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

25 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.23 Un questionnaire Lisez les affirmations suivantes et encerclez celles qui correspondent vraiment à ce que vous faites lorsque vous lisez un texte. 1. Avant de lire un texte en français, je lis le titre et je pense à ce que je connais sur le sujet. 2. Avant de lire un texte en français, je regarde comment il est présenté et je m intéresse aux illustrations. 3. Avant de commencer à lire un texte en français dans la classe, je regarde d abord les questions de compréhension qui vont avec ce texte. 4. Avant de lire un texte en français, je cherche les mots que je connais dans ce texte. 5. Lorsque je lis un texte en français, je cherche dans le dictionnaire, la signification des mots que je ne comprends pas. 6. Lorsque je lis un texte en français, je regarde attentivement les illustrations durant ma lecture. 7. Lorsque je lis un texte en français et que je ne comprends pas bien le texte, j arrête de lire et je regarde surtout les illustrations. 8. Lorsque je lis un texte en français et que je ne comprends pas certains mots, je continue à lire et j essaie de deviner la signification de ces mots. 9. Quand je lis un texte en français, j essaie de trouver l idée générale de ce texte. 10. Lorsque je lis un texte en français, je le lis d abord rapidement, puis je reviens au début et je le lis attentivement. 11. Quand je lis un texte en français et qu il y a des mots difficiles ou des mots que je ne connais pas, je relis la phrase ou le paragraphe qui contient ces mots. L enseignant donne une rétroaction personnelle à chaque élève suite à un tel questionnaire et il l amène à réfléchir à ses comportements de lecteur. Ainsi, il responsabilise l élève dans son apprentissage tout en l accompagnant dans cette démarche. Suite à une activité de compréhension écrite, si vous voulez connaître les stratégies qu ont utilisées vos élèves, ou qu ils n ont pas utilisées, vous leur posez des questions afin de les aider à mieux cerner cet aspect de leur processus d apprentissage. Par exemple : Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006

26 6.24 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde Des questions a. Comment avez-vous lu ce texte (rapidement, plusieurs lectures,? Pourquoi? b. Y avait-il beaucoup de mots que vous connaissiez? c. Vous êtes-vous fait des images dans votre tête pendant que vous lisiez? d. Qu est-ce qui était facile pour vous dans ce texte? e. Qu est-ce qui était difficile pour vous dans ce texte? f. Comment avez-vous fait pour faire la tâche demandée? g. Pensez-vous qu il y avait d autres façons de faire? Suite aux réponses des élèves, identifiez une ou des stratégies que les élèves maîtrisent peu ou pas du tout et planifiez éventuellement un enseignement explicite de ces dernières. Développer des stratégies cognitives en compréhension écrite Les stratégies cognitives impliquent une interaction entre l apprenant et la matière scolaire, dans ce cas-ci un texte en français. Il y a donc un travail qui se fait en vue d exécuter une tâche. Il y a les stratégies cognitives que l on connaît (utiliser ses connaissances antérieures, utiliser le contexte, prédire, etc.) mais il existe aussi les stratégies relatives au traitement du texte qui doivent être enseignées tout en respectant le niveau de difficulté de ces dernières (repérer, associer, etc.). Une activité de lecture se divise en trois étapes: avant la lecture, pendant la lecture, après la lecture Les trois étapes d une activité de lecture L étape de prélecture Durant cette étape, nous savons qu il est important de stimuler les connaissances antérieures des élèves et de les aider à les organiser. De plus, il faut établir un pont entre les connaissances des élèves et le texte à lire. Pour ce faire, voici des façons différentes de stimuler les connaissances des élèves et de les organiser. Car durant cette étape, il est bon qu un enseignant varie ses techniques de stimulation des connaissances. juin 2006 Commission scolaire Kativik, Services éducatifs

27 Les stratégies d apprentissage et d enseignement en français langue seconde 6.25 Quelques exemples de techniques de stimulation des connaissances antérieures A. Prendre un ou des concepts du texte à lire et demander aux élèves à quoi cela leur fait penser. Il est important de prendre les concepts qui vont favoriser la compréhension du texte seulement. Lorsque cela est réalisé en grand groupe, la stimulation de connaissances s accompagne souvent de nouvelles acquisitions. Ensuite, il faut mettre de l ordre dans les réponses des élèves, les organiser pour ensuite les relier au texte. B. La technique du scénario, dans le cas de textes narratifs plus difficiles. Après avoir stimulé les connaissances des élèves, l enseignant présente un synopsis de l histoire à lire, c est-à-dire le personnage principal, la situation initiale et les grandes lignes de l intrigue sans divulguer la fin cependant. Ensuite, l enseignant pose des questions aux élèves afin de les aider à prédire la fin de l histoire. C. La technique de l autre version, dans le cas de textes narratifs. L enseignant extrait les mots clés du texte et les présente aux élèves. Ensuite, il leur demande de composer une histoire à partir de cette liste de mots clés, donc il leur faut les relier logiquement entre eux. D. Les associations, dans le cas de textes informatifs. À partir de concepts clés présents dans le texte qui sera à lire, l enseignant invite les élèves à faire des associations entre ces concepts. Les associations peuvent être faites sous forme : de concepts génériques, de définitions, d analogies ; d exemples, d attributs, de caractéristiques fonctionnelles ; d associations lexicales (racines, préfixes, suffixes), de ressemblances auditives, d expériences plus ou moins appropriées. Ensuite, l enseignant demande aux élèves de revenir sur leurs associations : Qu est-ce qui t a fait penser à ça? Cette étape permet souvent aux élèves d affiner leurs associations. Après, l enseignant encourage les élèves à dire les nouvelles idées qu ils ont eues lors de la discussion. Ici c est le temps d organiser les nouvelles connaissances. Une telle activité de stimulation des connaissances permet à l enseignant de déterminer le type d intervention pédagogique à privilégier avec le texte. E. Les prédictions. L enseignant pose des questions aux élèves afin que ceux-ci émettent des hypothèses sur le contenu du texte qu ils s apprêtent à lire. F. Les mots clés. L enseignant donne une liste de mots clés tirés du texte aux élèves. Ces derniers doivent les regrouper selon ce qui leur semble plausible. Commission scolaire Kativik, Services éducatifs juin 2006