Impact des itinéraires techniques méridionaux sur la teneur en résidus dans les vins
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- Arsène Cartier
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1 Impact des itinéraires techniques méridionaux sur la teneur en résidus dans les vins 80 Magali GRINBAUM Philippe COTTEREAU Institut Français de la Vigne et du Vin IFV Orange inter-rhone.com IFV Rodilhan vignevin.com Patrick VUCHOT Inter Rhône résumé Certains itinéraires de vinification, notamment ceux qui utilisent le chauffage, peuvent entraîner une dégradation des molécules phytosanitaires et la formation de métabolites qui peuvent être plus ou moins toxiques que la molécule mère. L étude mise en place en 2003 par l IFV a pour objectif d évaluer l impact du chauffage sur la dégradation de quelques molécules fongicides dans les vins. Les techniques de vinification étudiées sont très utilisées dans les régions méridionales comme la MPC (Macération Préfermentaire à Chaud), la thermovinification ou encore la flash-détente. Les trois premières années d étude montrent que la température et la durée de chauffage n ont aucune influence sur la transformation du folpel en phtalimide ou de la procymidone en 3,5 dichloroaniline. En revanche, une dégradation plus importante du mancozèbe en son métabolite l ethylène thiourée (ETU) est observée. L enquête réalisée en 2006, dans des caves coopératives qui utilisent ces techniques, confirme ces résultats en situation pratique. Toutefois, les teneurs en ETU retrouvées dans les vins sont le plus souvent négligeables et très éloignées des teneurs constatées en conditions expérimentales. Mots clés résidu, métabolite, ETU, chauffage abstract Certain routes of winemaking and notably those using heating can lead to deteriorate phytosanitary products and forming metabolites putatively more or less toxic than the initial molecule. The goal of this work performed in 2003 by IFV was to assess the impact of heat on the destruction of some fungicidal molecules in wines. The winemaking studied here, are currently used in the southern regions, such as pre-fermentation maceration under heat, thermovinification or flash-release. Results of the three former years showed that the temperature as well as the heating period did not influence neither the transformation of folpel in phtalimide nor procymidone in 3.5 dichloroaniline. On the other hand, a more important degradation of mancozèbe in corresponding metabolite ethylene thiourée (ETU) is noticed. Cooperative cellars using such winemaking were interviewed in 2006 and they validated this study led in experimental conditions. However, the contents of ETU found in wines were usually much lower than the contents noted in experimental conditions. Keywords residue, metabolite, heating, ETU Magali GRINBAUM
2 qualité et environnement Impact of southern routes of winemakings on the residue contents in wines 81 La recherche de résidus de produits phytosanitaires dans les vins a fait l objet de nombreuses enquêtes et études qui ont permis de cerner les molécules qui peuvent se retrouver dans les vins. En revanche, l étude des produits de dégradation de ces molécules fait l objet de peu de recherches. Aussi, peu de données sont actuellement disponibles sur ce sujet. L objectif de cette étude est de connaître l impact des techniques de vinification utilisant le chauffage, sur le devenir de quelques molécules fongicides et la formation de leurs métabolites. Les techniques comme la MPC (Macération Préfermentaire à Chaud), la thermovinification ou encore la flashdétente, sont très utilisées, notamment dans les régions méridionales, Matériel et méthodes Le choix des molécules Le choix des matières actives (tabl.1) s est fait à partir des résultats de la synthèse bibliographique réalisée avant le début de l étude: le folpel est présent sur raisin, puis disparaît très vite pendant la vinification dite classique pour s hydrolyser en phtalimide (Bertrand, Darriet et al, 1997 ; Cabras, Angioni et al., 1997 ; Viviani-Nauer, Hoffmann-Boller et al., 1997). les dithiocarbamates (mancozèbe) peuvent se retrouver dans les raisins et les vins et se transforment après chauffage en éthylène thiourée (ETU), produit classé cancérigène et plus toxique que la molécule de départ (Duffour, 1991).
3 Impact des itinéraires techniques méridionaux sur la teneur en résidus dans les vins 82 Molécules phytosanitaires analysées Année d étude Molécules Métabolites tableau 1 tableau 2 Folpel Phtalimide Mancozèbe ETU Procymidone 3,5 DCA Mancozèbe ETU Procymidone 3,5 DCA Mancozèbe ETU la procymidone est souvent présente dans les raisins et les vins et se transforme en 3,5 dichloroaniline (3,5 DCA) pendant la fermentation (Pirisi, 1986). L étude en laboratoire Cette étude permet de vérifier l effet de la température sur les molécules étudiées. Elle est réalisée sur moût synthétique dans lequel sont ajoutées les molécules à deux niveaux de concentrations : D1 (dose faible) et D2 (dose forte). D1 Concentrations de molécules phytosanitaires ajoutées dans le moût synthétique Années Doses d ajout en mg/kg Folpel 0,3 3,0 tableau 3 représente les teneurs pouvant être rencontrées dans les raisins à la récolte, D2 correspond à la valeur de la LMR raisins en vigueur au moment de l étude (tabl.2). Deux plans de chauffe encadrant les extrêmes sont ainsi mis en place en 2003 et 2004: Programme de traitement appliqué sur les parcelles traitées des essais d Orange et de Rodilhan Années Anti-mildiou 3 applications du début floraison à la fermeture de la grappe (4 en 2003) Anti-botrytis Une application au stade C (début véraison) D1 D2 D1 D2 Procymidone 0,5 5,0 Mancozèbe* (exprimé en sulfure de carbone CS2) ETU : éthylène thiourée Mikal à 4,0 kg/ha (25 % de folpel, 50 % de fosétyl-al) Rhodax à 4,0 kg/ha (25 % de mancozèbe, 50 % de fosétyl-al) DCA : dichloroaniline 0,5 2,0 0,5 2,0 * Le mancozèbe appartient à la famille des dithiocarbamates. Le chauffage des dithiocarbamates avec une solution de chlorure stanneux et d acide chlorhydrique produit du sulfure de carbone ou CS2. Les limites maximales en résidus sont établies pour l ensemble des composés de ce groupe et se réfèrent au CS2. Pour le raisin la LMR du mancozèbe est de 2,0 mg/kg de CS2. Rhodax à 4,0 kg/ha (25 % de mancozèbe, 50 % de fosétyl-al) Kimono à 1,5 L /ha (500 g procymidone) ETU Rhodax à 4,0 kg/ha (25 % de mancozèbe, 50 % de fosétyl-al) Kimono à 1,5 L /ha (500 g procymidone) 60 C pendant 20 h et 30 min 90 C pendant 1 h et 5 min. Des prélèvements de moût synthétique avant et après ajout, ainsi qu avant et après chauffage, sont réalisés pour analyser les résidus. L étude en plein champ et en cave expérimentale Cette étude conduite en cave expérimentale, avec des applications de plein champ, permet de comparer dans les conditions de la pratique la vinification classique avec la thermovinification, la MPC ou la flash-détente vis-à-vis de leur effet sur les niveaux de résidus. Deux régions sont étudiées de manière à tester deux itinéraires techniques différents très utilisés dans chacune d elles. Des prélèvements à différents stades sont effectués permettant de suivre l évolution de la molécule mère et de son métabolite, tout au long du process de transformation. Région PACA Lieu : Lycée Vitivinicole d Orange Cépage : grenache En 2003 et 2004, deux parcelles de 6000 m² (témoin et traité) sont mises en place afin de récolter environ 700 kg de vendange pour la flash-détente et 60 kg pour la mini-vinification classique. En 2005, deux parcelles (témoin et traité) de 1 ha (environ 1500 kg de vendange chacune) sont mises en place, afin de récolter environ 700 kg de vendange pour la flash-détente et la thermovinification et 80 kg pour la MPC et la mini-vinification classique. Région Languedoc-Roussillon Lieu : Lycée Agricole de Rodilhan Cépage : merlot En 2003 et 2004, deux parcelles (témoin et traité) d environ 120 kg de vendange chacune pour les mini-vinifications classique (60 kg) et MPC (60 kg) sont mises en place. En 2005, deux parcelles (témoin et traité) d environ 240 kg de vendange chacune pour les minivinifications classique (80 kg), thermovinification (80 kg) et MPC (80kg) sont mises en place. Le même programme et la même stratégie de traitement sont appliqués sur les parcelles traitées des essais d Orange et de Rodilhan (tableau 3).
4 terroir qualité et environnement Méthode d élaboration des vins Les trois premières années les mini vinifications suivantes sont réalisées par région, sur les deux lots de vendanges témoin et traité (tableau 4) : - Flash détente : chauffage à 90 C pendant 10 minutes, détente permettant de faire le vide et de refroidir la vendange à 25 C, pressurage direct puis levurage à 10 g/hl. - Thermovinification : chauffage pendant 30 minutes à 70 C (sans détente donc la vendange sort chaude) puis pressurage direct après refroidissement à 40 C. - MPC : chauffage et macération pendant 7 h à 70 C (région PACA) et 12h à 70 C (région LR) puis levurage et pressurage après refroidissement à 25 C. - Vinification traditionnelle : vendange éraflée, foulée puis sulfitée entre 3 et 7 g/hl, selon son état sanitaire. Les raisins sont levurés puis mis à macérer 7 jours avec un remontage quotidien. Après assemblage des jus de goutte et jus de presse, les vins sont soutirés puis mis en bouteilles. Remarque : en région PACA un pilote est mis à disposition par les Etablissements Fabbri pour la flash-détente et la thermovinification. Débit : 1,5 T/h de vendange éraflée non égouttée. En 2006, pour la dernière année d étude, l action a lieu sur site dans des caves coopératives de PACA et Languedoc Roussillon. Les caves sont choisies en fonction des deux critères suivants : - utilisation de techniques de vinification par chauffage (flash détente, thermovinification) comparées à une vinification traditionnelle sans chauffage de la vendange. - utilisation par les adhérents des caves de dithiocarbamates (mancozèbe, métirame de zinc, manèbe, propinèbe) en proportion significative. Après enquête, 7 caves ont été sélectionnées (dont 3 en Languedoc Roussillon et 4 en Vallée du Rhône). Le choix a porté préférentiellement sur celles pour lesquelles l utilisation des dithiocarbamates était avérée dans les calendriers de traitement. Les pourcentages de coopérateurs utilisant des dithiocarbamates varient de 20 à 85 % selon les caves étudiées. DJA : un outil pour évaluer le risque pour le consommateur Rappelons que la DJA est la Dose Journalière Acceptable qui correspond à la Dose sans Effet (dose à laquelle on n observe aucun effet chez l animal de laboratoire le plus sensible soumis au test le plus sévère) divisée au minimum par 100. La DJA d une substance active correspond à la quantité de résidus pouvant être ingérée par une personne d un poids donné, chaque jour de sa vie, sans risque pour sa santé. Les DJA sont fixées soit par la Commission Européenne, soit par des instances communautaires. L apport journalier maximum théorique ou AJMT doit être inférieur à 100 % de la DJA. La DJA de l ETU étant de 0,002 mg/kg de poids corporel/jour, un homme de 60 kg peut donc consommer jusqu à 0,12 mg d ETU par jour à travers son alimentation. Si l on tient compte de la consommation en vin au percentile 97,5 (0,423 L/personne/ jour) et des autres sources potentielles d apport d ETU dans l alimentation (épinard, tomate, pomme, haricot ), il ne faudrait pas dépasser une valeur de l ordre de 0,1 mg/l d ETU dans les vins soit 35 % de la DJA. A titre d exemple, pour une consommation de 0,423 L /jour d un vin (soit environ 4 verres de vin) contenant la valeur maximale d ETU retrouvée sur site dans cette étude cela correspond à un apport journalier de 0,0237 mg d ETU soit 20 % de la DJA. ETU: éthylène thiourée Méthode de détermination des résidus Des analyses de résidus des molécules mères et de leurs métabolites respectifs sont réalisées sur les moûts synthétiques, les raisins, les moûts avant chauffage, les moûts après chauffage et les vins. Elles sont effectuées par chromatographie Types de mini-vinifications réalisées en PACA et en Languedoc-Roussillon (LR) Région PACA LR PACA LR PACA LR Vinification traditionnelle l l l l l l Flash-détente l l l thermovinification l l MPC l l l l tableau 5 Méthodes de détermination des résidus Matière active et métabolite Méthode de détermination Limite de Quantification (LQ) en mg/l ou mg/kg tableau 4 Folpel (FO) CPG / capture d électrons 0,040 Raisins et moûts 0,004 Vins et moûts synthétiques Phtalimide (PI) CPG / détecteur thermoïonique 0,050 Raisins et moûts 0,050 Vins et moûts synthétiques Procymidone (PR) CPG/ capture d électrons 0,020 Raisins et moûts 0,020 Vins et moûts synthétiques 3,5 DCA (3D) CPG/ capture d électrons 0,020 Raisins et moûts 0,010 Vins et moûts synthétiques Mancozèbe*(MZ) (exprimé en CS2) Ethylène Thiourée (ETU) Spectrophotométrie visible HPLC/ barrettes de diodes 0,200 Raisins et moûts 0,100 Vins et moûts synthétiques 0,020 Raisins et moûts 0,020 Vins et moûts synthétiques 0,004 en 2006 *Les LQ du mancozèbe sont exprimées en CS2, sachant que 1 mg de CS2 correspond à 1,776 mg de mancozèbe.
5 Impact des itinéraires techniques méridionaux sur la teneur en résidus dans les vins 84 1,5 D1 folpel D1 D1 Phtalimide D1 D2 folpel D2 D2 Phtalimide D2 1,2 0,9 0,6 0,3 0,0 figure 1 avant chauffage 5 mn 1 heure 30 mn 20 heures Dégradation du folpel en phtalimide (mg/l) - moût synthétique Dégradation du mancozèbe en ETU (mg/l) - moût synthétique figure 2 1, en phase gazeuse (CPG) et liquide (HPLC) ou par spectrophotométrie UV, selon des méthodes spécifiques et validées en interne (tableau 5). Résultats et discussion Etude en laboratoire En 2003, on constate que le folpel se dégrade très vite en phtalimide, dès son ajout au moût synthétique, avant même les premiers chauffages et quelle que soit la dose (fig.1). Aucun résidu de folpel n est plus détecté à la Limite de Quantification (LQ), dans les modalités chauffées, quelles que soient la température et la durée du chauffage du moût. Enfin, on n observe pas de différence significative entre les teneurs en phtalimide re- mancozèbe D1 ETU D1 mancozèbe D2 ETU D2 trouvées dans les différentes modalités chauffées (0,120 mg/l de moyenne pour D1 et 1,2 mg/l de moyenne pour D2). La durée et la température du chauffage ne semblent donc avoir aucune influence sur la transformation du folpel en phtalimide. En 2003 et 2004, le mancozèbe se dégrade également en ETU dès son ajout au moût synthétique, avant même les premiers chauffages et ceci pour les deux doses D1 et D2 (fig.2). Pour le rajout à la dose D1, le mancozèbe n est plus détecté à la LQ dans le moût chauffé, à l exception de la modalité chauffée 30 min à 60 C, pour laquelle il reste encore 0,125 mg/l en 2003 et 0,155 mg/l en Par contre, pour les rajouts à la dose D2, le mancozèbe est décelé lors des deux années d étude, dans toutes les modalités chauffées, à l exception de la modalité 60 C pendant 20 h. En 2003 et 2004, toutes les modalités chauffées contiennent des résidus d ETU. Ils se retrouvent en quantité plus importante dans les modalités 90 C pendant 1 h et 60 C pendant 20 h, et ceci pour les deux doses D1 et D2. Le chauffage entraîne donc une nette diminution des résidus de mancozèbe dans les moûts et une apparition d ETU d autant plus importante que le chauffage est intense et sa durée longue. En 2004, des résidus de procymidone sont détectés dans toutes les modalités, chauffées ou non et quelles que soient la température et la durée du chauffage du moût (figure 3). Les teneurs en procymidone retrouvées dans les différentes modalités ne présentent pas de différence significative (0,44 mg/l de moyenne pour D1 et 4,0 mg/l de moyenne pour D2). La procymidone ne semble pas se dégrader, car on ne détecte aucun résidu de 3,5 DCA dans les ajouts avant et après chauffage et ceci pour les deux doses. 1,2 0,9 0,6 0,3 0,0 avant chauff. 5 mn 1 h 30 mn 20 h avant chauff. 5 mn 1 h 30 mn 20 h Etude en plein champ Les résultats des analyses de résidus des trois premières années d étude menée en conditions expérimentales montrent que des résidus de folpel, procymidone et mancozèbe sont retrouvés dans les raisins traités des deux essais. Toutefois, aucun dépassement de LMR (Limite Maximale de Résidu) n est constaté (fig. 4). On note également la présence de phtalimide. Ceci montre que le folpel est déjà métabolisé en partie dans le raisin en phtalimide. En 2003, aucun résidu de folpel n est détecté, dans aucune des modalités de vin. En revanche, des résidus de phtalimide sont dé
6 terroir qualité et environnement Présence de résidus dans les raisins et les vins analysés-synthèse année molécule raisins Vins Vins chauffés résultat Etude en plein champ , 2005 folpel DNS phtalimide DNS procymidone 3,5 DCA (2004 et 2005 Orange) (2005 Rodilhan) (2004) (2005) (2004 et 2005 Orange) (2005 Rodilhan) (2004) (2005) DNS DNS 2003, 2004, 2005 Enquête sur site 2006 mancozèbe DNS ETU > ETU PACA (traces) > ETU LR > : présence - : absence DNS : différences non significatives entre modalités (chauffées ou non, entre modes de chauffage, entre régions) > : concentrations supérieures à celles des vins non chauffés tableau 6 celés dans les moûts et les vins traités, mais il n y a pas de différence significative entre les modalités chauffées ou non chauffées, quels que soient le mode de vinification et la région (tabl.6). En 2004, des résidus de procymidone sont décelés dans les moûts et les vins traités, mais on ne constate pas de différence significative entre les modalités chauffées ou non chauffées, les modes de chauffage et les régions. En 2005, pour l essai de Rodilhan, aucun résidu de procymidone n est détecté dans les vins finis quel que soit le type de vinification, avec ou sans chauffage. Pourtant, les raisins contiennent bien de la procymidone mais à des teneurs beaucoup plus faibles (5 à 7 fois moins) que ceux de l essai d Orange ou issus des essais Pour l essai d Orange, des résidus sont décelés dans les vins traités mais on ne constate pas de différence significative entre les modalités chauffées ou non chauffées. En ce qui concerne la 3,5 DCA, en 2004, des teneurs sont décelées dans les vins en fin de fermentation alcoolique, traités et chauffés des 2 régions mais à des niveaux faibles, proches de la LQ. Les différences observées ne sont pas significatives. En 2005, aucun résidu de 3,5 DCA n est décelé dans les vins finis (tabl.6). Pendant les trois années d étude expérimentale, aucun résidu de mancozèbe n est retrouvé dans les vins chauffés ou non des deux régions (tabl.6). Des teneurs en ETU sont par contre décelées dans tous les vins traités de Rodilhan et d Orange procymidone D1 3,5 DCA D1 procymidone D2 3,5 DCA D2 avant chauffage 5 mn 1 heure 30 mn 20 heures (fig. 5). On constate des teneurs plus importantes en ETU dans les vins chauffés que dans les vins non chauffés (environ 3 à 5 fois plus). Les teneurs retrouvées vont de 0,026 à 0,038 mg/l (9 à 13 % de la DJA, Dose Journalière Acceptable) pour les vins traditionnels et de 0,044 à 0159 mg/l (16 à 56 % de la DJA) pour les vins issus de vendange chauffée (cf. encart DJA). Enquête sur site Les résultats des analyses d ETU réalisées lors de l étude sur site en 2006 montrent : figure 3 Dégradation de la procymidone en 3,5 DCA (mg/l) - moût synthétique
7 Impact des itinéraires techniques méridionaux sur la teneur en résidus dans les vins 86 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 figure 4 0,20 0,15 0,10 0,05 0,00 Teneurs en ETU dans les vins en mg/l Cave coopérative Languedoc-Roussillon figure 6 0,025 0,020 0,015 0,010 0,005 0,000 folpel phtalimide procymidone 3,5 DCA mancozèbe ETU Rodhilan moyenne raisins Orange classique MPC flash thermo Orange Rodhilan vin 2003 vin 2004 vin 2005 Teneurs en ETU dans les vins en mg/l Essais Orange et Rodilhan classique thermo flash Orange moyenne raisins Rodhilan Moyenne des résidus retrouvés dans les raisins en mg/kg Rodhilan Orange figure 5 cuvée début vendange cuvée milieu vendange cuvée fin vendange - dans les cuvées prélevées dans les caves en PACA (tabl.6) : l absence de résidus d ETU dans tous les vins issus de vinification traditionnelle ainsi que dans la majorité des vins issus de vendange chauffée. Quelques traces d ETU proches de la LQ (0,004 mg/l) sont toutefois retrouvées dans quelques cuvées flashées ou thermovinifiées. - dans les cuvées prélevées dans les caves en Languedoc-Roussillon (figure 6) : la présence d ETU dans la quasi-totalité des vins qu ils soient issus de vendange chauffée ou pas. De plus, les résidus détectés dans les vins issus de vendange chauffée sont plus élevés que ceux détectés dans les vins issus de vendange classique. Les teneurs retrouvées en PACA (0,004 mg/l à 0,008 mg/l) sont plus basses qu en Languedoc Roussillon (0,004 mg/l à 0,056 mg/l). Cela peut s expliquer par le fait que les dithiocarbamates sont beaucoup moins utilisés en PACA (entre 20 et 53 % des viticulteurs) qu en Languedoc Roussillon (75 à 85 % des viticulteurs). On peut constater également que dans l ensemble, les vendanges flashées contiennent des teneurs en ETU plus importantes que les vendanges thermovinifiées, lesquelles contiennent des teneurs en ETU plus élevées que les vendanges vinifiées traditionnellement. Cela confirme les résultats obtenus en conditions expérimentales : la formation d ETU est liée à la température de chauffage de la vendange. Plus celle-ci est élevée, plus les teneurs en ETU sont importantes. Les teneurs retrouvées dans l ensemble des caves restent toutefois faibles et sont très en deçà des teneurs constatées en conditions expérimentales. Les vins issus de vendange chauffée ne représentent plus qu 1 à 20 % de la DJA contre 1 à 8 % pour les vins traditionnels (cf. encart DJA). Ces différences observées en condition de grand volume, semblent montrer un effet dilution, dû au fait qu un certain pourcentage seulement de viticulteurs utilisent les dithiocarbamates. De plus, en conditions expérimentales, le mancozèbe était appliqué 3 fois pendant la campagne à la dose de 1000 g/ha (soit un apport cumulé de 3000 g/ha) alors que sur site, les viticulteurs l utilisent entre une et 6 fois dans la campagne mais avec des doses cumulées variables, souvent inférieures à 3000 g/ha.
8 qualité et environnement 87 Conclusion Les trois premières années d étude menées en conditions expérimentales montrent que la température ou la durée du chauffage n ont aucune influence sur la dégradation du folpel en phtalimide, et très peu sur celle de la procymidone en 3,5 DCA. En effet, les résultats en laboratoire ne laissent pas apparaître de différence entre les modalités chauffées et non chauffées, ce qui est confirmé par l étude plein champ, pour laquelle aucune différence significative n a été constatée entre les techniques de vinification classique, MPC, thermovinification et flash-détente. En revanche, une dégradation plus importante du mancozèbe en son métabolite l éthylène thiourée est constatée dans les vins issus de vendange chauffée. L enquête réalisée en 2006 dans des caves coopératives utilisant les dithiocarbamates et des techniques de vinification par chauffage de la vendange, a permis de confirmer la transformation des résidus de dithiocarbamates (mancozèbe, manèbe, métirame de zinc) en ETU dans les vins, surtout si la vendange a été chauffée. Toutefois, les teneurs d ETU retrouvées dans les vins sont le plus souvent négligeables et très loin des teneurs constatées en situation pilote. Ces résultats sont plutôt rassurants et démontrent qu il ne devrait pas y avoir de problème de résidus d ETU dans les vins obtenus avec des itinéraires techniques utilisant le chauffage en cave coopérative, surtout en année à faible pression phytosanitaire. Remerciements Cette étude a été conduite grâce à la collaboration de la société Fabbri, d Inter- Rhône et des lycées vitivinicole d Orange et de Rodilhan. Bibliographie Bertrand A., Darriet Ph., Dubourdieu D. & Hatzidimitriou E., Hydrolyse du folpel. Incidences sur le déclenchement de la fermentation alcoolique. J. In. Sci. Vigne et Vin 31 (1), Cabras P., Angioni A., Garau V., Melis M., Pirisi F., Farris Giovanni A., Sotgui C. & Minelli E., Persistance and metabolism of Folpel in grapes and wine. J. Agric. Food Chem. 45, Viviani-Nauer A., Hoffmann-Boller P. & Gafner J., In vivo detection of folpet and its metabolite phtalimide in grape must and wine. Am. J. Enol. Vitic. 48 (1). Duffour Grégoire J., Résidus des dithiocarbamates et de l éthylène thiourée. Aspects toxicologiques et analytiques. Thèse présentée pour le doctorat de l Université de Montpellier I. Pirisi F., Degradation of dicarboximidic fongicides. Pestc. Sci. 17,
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