Transcription du chat Handichat l émission «Créer son entreprise»

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1 Transcription du chat Handichat l émission «Créer son entreprise» Vendredi 22 novembre 2013 Delphine Rami : Conseillère en prestations à la Délégation régionale de l Agefiph d Illeet-Vilaine (35). Edwige Loiseaux : Directrice de boutique de gestion (BGE). Roselyne Nobilet : Créatrice de l entreprise «Une aide chez soi». Journaliste : Bonjour à tous. Bienvenue sur Handichat. Créer son entreprise, quelle est la marche à suivre? Quels sont les accompagnements pour les personnes en situation de handicap? Quel est le rôle de l Agefiph par rapport à la dynamique de création d entreprise? Delphine Rami : L Agefiph intervient en soutien sur deux axes : en finançant une prestation d accompagnement et éventuellement de suivi pour les créateurs et les personnes qui ont créé leur entreprise. On intervient également par le biais d une aide qui permet de faciliter le financement du démarrage de l activité. C est une aide forfaitaire d un montant de euros pour financer l investissement. Et il peut y avoir un soutien financier pour les deux premières années de l entreprise. Journaliste : Avec nous Edwige, directrice de la BGE 35, c est ce qu on appelait boutique de gestion avant. Quelle est votre activité au quotidien? Edwige Loiseaux : Au quotidien notre métier c est d accompagner, de former les personnes qui veulent entreprendre. L important pour nous, c est lorsqu une personne vient nous voir, c est travailler avec elle sur le projet, savoir si elle est prête pour entreprendre, faire une étude de marché, lui permettre de décider si le projet sur lequel elle se positionne va lui permettre de gagner sa vie. Journaliste : C est un accompagnement qui n est pas dédié seulement aux travailleurs handicapés. Edwige Loiseaux : Par rapport aux prestations pour les personnes handicapées, on les reçoit toutes, il s agit de faire un travail d accompagnement et d expertiser le projet. En plus de l appui pour monter le dossier, c est de vérifier si le projet va pouvoir déboucher sur un projet qui va leur permettre de vivre, c est les appuyer dans leurs demandes d aides de financement, c est d apporter un avis à l Agefiph et avoir un suivi sur trois ans. Journaliste : Et puis avec nous, une créatrice d entreprise qui va pouvoir nous parler de son parcours, Roselyne. Quelle est votre entreprise? Roselyne Nobilet : C est une entreprise de service à la personne. L idée était toute faite, car je suis une ancienne professionnelle de service, dans une association. J ai même été formatrice

2 auprès des aides à domicile. De ce fait, j ai créé mon entreprise, car j ai été licenciée pour inaptitude à 52 ans, et à cet âge-là, vous savez que c est difficile de retrouver du travail. J ai été accompagnée notamment par Cap emploi. On m a dit que je ne retrouverais pas de travail à mon âge. Donc je suis allée aux rencontres régionales de la création d entreprise, en 2010, et ma société, je l ai ouverte en J ai été accompagnée par la boutique de gestion et par l Agefiph, j ai eu euros à l époque. Journaliste : Merci pour cette présentation. Nous allons nous tourner vers Laetitia pour l actualité de l emploi des personnes handicapées. Laetitia : On vous propose un forum sur l alternance à Mulhouse, aujourd hui, toute la matinée. Un Handichat sur le thème «créer son entreprise» qui se déroule sur le département des Hautes Pyrénées, jusqu à midi. Un rendez-vous qui concerne uniquement les jeunes handicapés, c est le salon de l étudiant qui se tient à Paris jusqu à dimanche, porte de Versailles, et il y a un pôle dédié à l insertion professionnelle des jeunes handicapés. Et puis un forum qui aura lieu lundi prochain, le 25, à Paris, si vous êtes intéressé par l emploi public, pour des rencontres entre employeur public et travailleurs handicapés. Journaliste : Pour retrouver le programme précis de cette journée, notamment de vendredi, vous pouvez le faire bien sûr sur le site dédié de l Agefiph : Merci. Une première question. ideal : Comment peut-on être suivi pour sa création d entreprise? On peut s adresser directement à une boutique de gestion ou il faut passer d abord par l Agefiph? Delphine Rami : Pour ce qui concerne la prestation d accompagnement qui est délivrée par un expert ou un prestataire, qui évalue la viabilité économique, mais également la viabilité de manière plus large, il faut que cette prestation soit délivrée sur orientation par le Pôle Emploi, Cap Emploi ou Mission locale. C est eux qui dirigent vers l Agefiph. C est une obligation d avoir une prescription dans ce cadre-là. Journaliste : Donc vous recevez les candidats qui sont dirigés par le Cap emploi ou le Pôle emploi du côté de l Agefiph... Delphine Rami : Pôle Emploi ou Cap Emploi oriente vers le prestataire. Le prestataire fait la démarche d accompagnement. Et ensuite, s il y a lieu, il transmet un dossier vers l Agefiph. Journaliste : Donc ça peut passer directement de Cap emploi à la BGE sans passer par l Agefiph? Delphine Rami : Oui, c est ensuite uniquement que le dossier est transmis à l Agefiph. Journaliste : Et cette aide, comment fonctionne-t-elle? Delphine Rami : C est une aide qui est sollicitée à travers un dossier de demande d intervention. C est donc l avis de l expert après avoir réalisé la prestation d accompagnement. C est une aide forfaitaire qui finance le plan de départ. Les personnes handicapées ont possibilité d accéder, de solliciter cette aide de euros mais qui est conditionnée d un apport

3 de euros par le créateur. Le dossier est transmis par le prestataire avec l avis mais également avec différentes pièces qui nous permettent de prendre une décision ensuite. Journaliste : Il y a des critères particuliers à part l apport minimal? Delphine Rami : Il ne faut pas avoir déjà bénéficié de cette aide, elle n est pas renouvelable. Après, on prend en compte la viabilité, mais surtout, cette aide n intervient jamais de manière rétroactive, l entreprise ne doit pas être déjà créée. Je tiens à passer ce message, c est une aide mobilisable également dans le cadre d une reprise, donc l accompagnement doit avoir lieu en amont, l Agefiph n intervient jamais rétroactivement. Journaliste : Roselyne, comment s est passé votre parcours? Quels ont été vos interlocuteurs et dans quel ordre? Roselyne Nobilet : J ai commencé par la CCI de Rennes, pour commencer à monter le dossier. Après, comme il fallait que j aie une aide de l Agefiph, on m a dirigé vers Cap emploi qui m a dirigé vers BGE. J ai refait l étude de marché et autres, et puis après les démarches ont continué et j ai eu mon financement. Journaliste : Et c est BGE qui a pu ouvrir le financement. Roselyne Nobilet : Tout à fait. Je suis toujours suivie par la boutique de gestion, pour faire des mises au point. C est indispensable d être suivie par des personnes compétentes, car vous avez des moments de doutes. Il faut un bon comptable. Il y a aussi le soutien familial, le soutien du conjoint, quand même aussi, car ce n est pas facile. Être bien entourée d amis, parce que ce n est pas facile tous les jours. Delphine Rami : C est vraiment un coup de pouce supplémentaire pour creuser encore plus et s assurer de la viabilité du projet et sa viabilité personnelle. On veut sécuriser les parcours à travers cette aide. Créer son entreprise, ça engage un certain nombre de choses, des changements de statuts, de régime social. On a vraiment à cœur que le projet soit vraiment bien bâti et s assurer que les gens prennent les bonnes décisions, d où la prestation de suivi qui est possible. Libre au créateur de l accepter ou non, mais c est 15 h de soutien dans les trois premières années. L idée c est vraiment de sécuriser. On sait qu un créateur ou repreneur qui est accompagné a plus de chance de confirmer son activité. KANA91 : Y a-t-il des formations à la création d entreprise? Edwige Loiseaux : Il y a des formations à la création d entreprise. Une personne handicapée bénéficie de tous les dispositifs de droit commun. L Agefiph, c est une chance supplémentaire pour réussir dans son projet. Les dispositifs de création, il y a le dispositif de droit commun avec Pôle Emploi, il existe des formations à la méthodologie de la création d entreprise. Être accompagné augmente les chances de réussite. Être à son compte, c est changer de métier. On sait que les seuls critères de réussite, c est de ne pas être tout seul, c est l effet miroir. L important est de faire un parcours sur mesure, il y a une personne qui se positionne sur un projet et qui se dit : ça peut constituer pour moi une reconversion professionnelle. L Agefiph, c est un vrai plus en termes d accompagnement, de soutien et d aide financière. Souvent le financement, ça cristallise des choses. Après, il faut défendre son projet, il faut être motivé, handicapé ou pas, mais il faut le creuser ou pas.

4 Journaliste : Je vous propose de faire une petite pause pour retrouver un avant-goût du programme de cette dernière journée, un extrait de l émission de Grégory, les cuisines, qui reçoit aujourd hui Jérôme Adam. Retour sur le plateau, à notre émission consacrée à la création d entreprise, avec deux spécialistes du sujet et une créatrice d entreprise. JeanLouis83 : Il y a des secteurs plus porteurs que d autres en ce moment pour créer son entreprise? Edwige Loiseaux : Effectivement, on voit certaines activités qui se sont plus créées à un certain moment. En ce moment, on voit beaucoup d activités de coaching ou de bien-être. S il y avait des secteurs porteurs, tout le monde irait et ils ne seraient plus porteurs. Quand on est créateur d entreprise, on s implante dans un lieu, il faut regarder quels sont les besoins dans ce lieu. Il faut être curieux, ça part d une motivation, d un savoir-faire, d une compétence. Après, il faut être curieux, c est difficile de répondre à une question pareille. Journaliste : Par exemple, le secteur de l aide à la personne est un secteur en demande en ce moment? Edwige Loiseaux : On en a vu beaucoup à un certain moment, il y a eu des effets d opportunité. Après, il y a beaucoup de concurrence, les moins solides tombent d eux-mêmes. Journaliste : Comment avez-vous fait le choix de cette activité? Roselyne Nobilet : Parce que j étais professionnelle de l aide à domicile, j avais de l expérience et des compétences. Et j ai des valeurs : le respect de l autre, de l usager, et du salarié. Tout tourne autour de mes valeurs. Le respect de l usager dans son environnement, de ses besoins, de ses attentes. Nous-mêmes une société de proximité, nous avons cinq salariés, on vient d embaucher notre sixième, dont une qui est travailleur handicapé. C est un très bon élément. On a adapté son poste. Mon poste est adapté aussi, je fais un peu de prestation, mais aussi beaucoup d administratif. La personne qu on a recrutée, quand la prestation n est plus possible pour elle, on la retire, je ne veux pas la casser. Moi-même j ai été touchée par la difficulté de trouver du travail, et cette personne là aussi, reconnue handicapée... Journaliste : Vous avez eu envie de renvoyer l ascenseur. jeanphi48 : On peut aussi être aidé si on a monté une auto-entreprise? Delphine Rami : C est possible de mobiliser l aide à la création d activité dans le cadre d une auto-entreprise. Jusqu à fin 2011, l aide Agefiph n était pas mobilisable, effectivement. Aujourd hui, c est possible. On le voit à travers le flux de dossiers, on a une recrudescence des dossiers dans le cadre de ce dispositif d auto-entrepreneur. Journaliste : C est toujours en amont? Delphine Rami : Oui, bien sûr. Il faut quand même étudier son projet, attention, pour moi c est très important, le projet doit tout de même être étudié pour s assurer de sa viabilité.

5 collectif 65 : Paie-t-on des charges en tant qu auto-entrepreneur même si on ne travaille pas? Edwige Loiseaux : Le principe du régime auto-entrepreneur, c était de faciliter l installation et aussi de se dire que les cotisations sociales sont payées qu à partir du moment où on réalise du chiffre d affaires. Si on ne facture pas, on ne paie pas de cotisations sociales. Mais si on n a pas ça, on ne cotise pas pour sa retraite. Delphine Rami : On a une étude de l INSEE qui nous dit que 90 % des auto-entrepreneurs ne dégagent pas un SMIC. C est tout de même à manier avec précaution et il faut avoir creuser le projet. Edwige Loiseaux : Il y a aussi une limitation de chiffre d affaires, ça ne peut pas être pour une grosse entreprise. Journaliste : C est une auto-entreprise, donc qui ne concerne que soi-même. Edwige Loiseaux : On peut embaucher, sauf qu on dépassera les plafonds. On peut démarrer en auto-entrepreneur et changer les statuts après. Par principe, on reçoit tout le monde, et ensuite on travaille avec les personnes, on voit si on démarre sous statut d auto-entrepreneur ou non. France : J ai déjà un emploi, je peux le garder et créer mon entreprise en même temps? Je peux quand même avoir des aides si je ne suis pas au chômage? Delphine Rami : Malheureusement, l aide n est mobilisable que dans le projet d une création à temps plein, où la personne est demandeur d emploi. La personne doit être disponible à 100 %, pas de cumul avec une activité salariée. L objectif c est que dans le contexte économique actuel, c est de ne pas favoriser la désinsertion professionnelle. Le contexte économique actuel, avec un chômage important, et particulièrement chez les personnes handicapées, incite à créer son activité. Les gens mettent beaucoup d espoir derrière la création d activité, c est la raison pour laquelle l aide n est mobilisable qu une seule fois. Journaliste : Donc être conscient des risques que ça implique. Edwige Loiseaux : Légalement, on peut avoir une double activité, c est tout à fait légal, c est-àdire qu on peut cumuler un temps partiel salarié et l autre temps en auto-entrepreneur, on paiera les cotisations sociales deux fois. On peut solliciter des prêts, mais c est beaucoup plus réduit. Admettons que je gagne 400 euros et je cumule pour avoir un smic, il faut être certain que l autre activité dégage bien le complément. L auto-entrepreneur peut être un tremplin pour se lancer à son compte.

6 Journaliste : Et après s y consacrer totalement. On va voir un exemple, avec la création d un restaurant. Je vous propose de découvrir ce reportage. Retour sur le plateau de Handichat l émission, en direct ce matin pour parler de création d entreprise. On a pu découvrir ce parcours pour créer un restaurant. Roselyne, vous êtes-vous retrouvée dans ce parcours? Roselyne Nobilet : Tout à fait. Quand elle dit «recroire en soi», c est tout à fait ça. Car on n est plus dans le circuit, on n est plus reconnu, on est demandeur d emploi. Puis il faut être courageux, il faut en vouloir. Elle parlait de s entourer des bonnes personnes, c est vrai. Journaliste : S accrocher, avoir une motivation à toutes épreuves. Roselyne Nobilet : Oui, voilà, il faut en vouloir. On laisse un peu toute notre vie sociale et familiale, car on veut réussir, on a un challenge important. J ai eu un financement du Pôle emploi, j ai eu l ARE, l allocation retour à l emploi, j avais mes indemnités chômage pendant 15 mois, ce qui m a permis de faire aussi une trésorerie, car je suis partie de zéro. Journaliste : Combien de temps a duré ce processus de création d entreprise? Roselyne Nobilet : Au bout de 15 mois... Je me suis octroyée un salaire. Journaliste : S il y avait des leçons à tirer de ce parcours? Delphine Rami : C est un très beau parcours, on sent effectivement que cette femme a repris confiance en elle-même, et c est tout notre souhait à travers les prestations qu on propose, c est permettre cet accompagnement renforcé. On sait que les personnes en situation de handicap peuvent se sentir isolées, d où l intérêt de cette prestation et du lien avec l expert qui les accompagne pour orienter vers les bons partenaires, la mise en réseau vers les partenaires bancaires, etc. Et puis ça permet d accéder aux aides de droit commun qui sont mobilisables. Vraiment, c est un joli parcours. Journaliste : Et l importance d un accompagnement pratique, mais aussi un accompagnement humain. Delphine Rami : C est un accompagnement humain avec la fragilité de la personne mais aussi ses forces. Pour nous, c est bien évidemment très agréable de voir des réussites comme cellelà. Gab : Comment savoir si mon projet est viable économiquement? Edwige Loiseaux : On lui posera un certain nombre de questions, un projet viable ça veut dire que l estimation que j ai des ventes que je vais faire va me permettre de couvrir mes charges mais aussi de me dégager un revenu. Donc il faut être motivé, il ne faut pas être seul, on fait une étude de marché, on regarde si nos produits trouvent leur clientèle, c est regarder comment l entreprise va se préparer face à la concurrence, comment se mobiliser et comment je vais le financer. Comment on va s assurer la progression du chiffre d affaires. Si monter une entreprise c était monter un dossier, ce serait uniquement du boulot administratif et je ferai autre chose. Mais on est là pour apporter des conseils, on se penche sur les aspects techniques et on met en contact avec d autres partenaires.

7 Journaliste : Et ce suivi, justement, comment s organise-t-il? Ce sont des rendez-vous réguliers? Edwige Loiseaux : On peut proposer des ateliers pour acquérir des connaissances, des rencontres avec des dirigeants ou des futurs créateurs. On fait un plan d action pour le prochain rendez-vous, des choses à faire pour que petit à petit le plan se mature et se construise. Journaliste : Donc des rencontres quand même régulières... Edwige Loiseaux : Chaque histoire est différente, ça prend entre 6 et 12 h, ce sont des parcours classiques qui peuvent être complétés avec des formations, des ateliers collectifs. Il y a le temps du dossier, le temps de rencontre avec les partenaires du financement, je sais que le moment le plus crucial c est quand le dossier est monté et qu on le prend sous le bras et qu on frappe aux portes des banques, etc. Notre soutien est important parce que c est là qu on se prend les premiers refus ou les premières acceptations. L important, c est sécuriser le parcours professionnel, mais aussi les plans de financement. Si l entreprise échoue, il ne faut pas que le créateur soit dans une situation financière pire qu avant le démarrage. Journaliste : Roselyne, comment s est passée votre rencontre avec votre banquier? Roselyne Nobilet : Il n y a jamais eu de souci avec le banquier, il m a dit oui tout de suite. On a toujours l angoisse aussi de retomber dans la précarité, quelque part. Vous vous donnez à fond, et j ai toujours dans la tête, avec mon associé, on se dit toujours qu on doit y arriver. J ai toujours peur de retomber. Heureusement, je m entoure de personnes compétentes, mon banquier, ma collègue... Il y a des dossiers qui se terminent qui reviennent, mais c est vrai qu on a toujours peur, j ai toujours cette appréhension. On a toujours des moments de doute. ERIC : Est-il possible d avoir un accompagnement par exemple pour aller rencontrer son banquier? Edwige Loiseaux : On ne va pas physiquement chez le banquier, mais on accompagne évidemment. Souvent des projets ne trouvent pas financement, pas parce que le projet est mal construit, mais parce que la personne n a pas su convaincre. On peut dire que ce sont les banquiers qui ne prêtent pas, ça peut être vrai, mais apprenons au créateur à défendre, argumenter leur projet pour convaincre. Souvent, lorsqu il y a un premier échec, on retravaille avec les porteurs de projet pour préparer l entretien chez le banquier. Journaliste : Il s agit de faire des simulations d entretien? Edwige Loiseaux : Avant de vendre les produits des services de l entreprise, vous serez amené à vendre. Si votre projet est conditionné au financement extérieur, vous allez avoir des gens qui ne vous connaissent pas et qui vont mettre de l argent dans votre entreprise. Il faut croire en vous, et laissez paraître ça. C est un investissement, il y a le cœur et la raison. Journaliste : C est un investissement à 100 %, comme disait Roselyne Nobilet. Edwige Loiseaux : Il faut suffisamment d arguments pour convaincre quelqu un qui ne vous connaît pas pour qu on arrive à une bonne complémentarité.

8 Delphine Rami : Le métier de chef d entreprise est complexe, ça demande beaucoup de polyvalence, c est produire, c est vendre, c est commercialiser et savoir gérer son entreprise. C est là tout l intérêt des prestations d accompagnement et puis également des dispositifs de suivi pour prendre confiance dans ces premiers pas de chef d entreprise. Il faut comprendre la notion de trésorerie, par exemple, faire un peu de comptabilité. L idée, c est de s approprier ces notions, savoir ce qu est un seuil de rentabilité, ne pas confondre chiffre d affaires et résultat, ce sont des notions importantes. Il peut y avoir des formations là-dessus. Roselyne Nobilet : Par rapport aux formations, il ne faut pas oublier que quand vous êtes chef d entreprise, la Chambre des métiers organise régulièrement des formations à thème, comment gérer son entreprise?, comment développer son entreprise? C est vrai qu ils ont un catalogue de formations vraiment important. Ils nous l envoient en début d année et c est à nous de voir. Journaliste : Mais c est important de les faire? Roselyne Nobilet : Oui, d ailleurs avant d ouvrir mon entreprise, j ai fait une semaine à la Chambre des métiers, c est obligatoire. On rencontre des comptables, des avocats, des personnes de la Chambre des métiers qui nous expliquent bien ce qu est le métier de chef d entreprise. C est vrai que, après avoir été 30 ans salariée, se retrouver du jour au lendemain chef d entreprise, je n ai pas tout à fait pris l habit encore. C est vrai que 30 ans de salariat, ce n est pas que ça s efface, mais des petites choses nous restent. Edwige Loiseaux : Je voudrais aller contre deux idées reçues, la première c est croire qu être à son compte il y a quelque chose d inné. Ce n est pas génétique, il faut le prendre comme un nouveau métier et que tout s apprend. Il paraît logique que lorsqu on fait une reconversion d un métier à un autre, de se former. La création d entreprise, c est une autre forme d exercice professionnelle. La formation c est de se dire entre l idée que j en ai aujourd hui et la réalité, ce n est pas un jeu de devinettes. Il faut se former, être accompagné. Et ensuite, l idée reçue c est que, quand on est à son compte, tout va rouler. Lorsqu on est tout seul, à la fois son propre employeur et son propre employé. Est-ce que je vais adhérer à des réseaux, est-ce que je vais me former dans le cadre de la chambre des métiers? Est-ce que je vais adhérer à un syndicat, etc.? Le dirigeant d entreprise cotise à des droits de formation et, au même titre que les autres, peut bénéficier de formations. Delphine Rami : L Agefiph peut intervenir en amont à une formation de chef d entreprise. Journaliste : En parlant de formation, est-ce que sur la viabilité économique du projet, vous privilégiez les créateurs d entreprise qui sont déjà dans un secteur qu ils connaissent? Ou non? Edwige Loiseaux : Parce que lorsqu on connaît bien son métier, c est plus facile de réussir. Après, il y a un certain nombre d erreurs à ne pas faire. Il faut rencontrer d autres personnes sur le terrain, des professionnels. Il faut trouver le mode d acquisition d expériences que je n ai pas eu avant, il y a les formations techniques, la rencontre avec d autres dirigeants d entreprise, le net.

9 Melie : Quels sont les secrets pour créer une entreprise qui dure? Merci à vous. Journaliste : Vous en êtes à combien d années? Roselyne Nobilet : Nous venons de terminer notre deuxième exercice. On a commencé en octobre le troisième. Il faut travailler dur et être rigoureuse. Nous sommes bien organisés, ma collègue est responsable des plannings et moi tout ce qui est gestion. Ma collègue me dit souvent, avec humour : tu as un hérisson dans les poches. Je suis très prudente. Le relevé de compte, je le regarde régulièrement, tous les deux ou trois jours. Il faut beaucoup travailler, il n y a pas le choix. On est obligé de laisser des choses de côté. Ce qui est difficile, c est de prendre du recul. On a la tête dans le guidon. C est intéressant d avoir quelqu un de l extérieur. On a une ami responsable financière dans une grosse entreprise du côté de Rennes, et elle vient de temps en temps nous voir pour nous dire : prenez un peu de recul, ça va, il n y a pas de souci à vous faire. On s entoure de personnes compétentes. Journaliste : Merci à toutes les trois. Un dernier mot, un conseil pour les demandeurs d emploi qui veulent créer leur entreprise? Delphine Rami : Il faut se faire accompagner, c est pour moi primordial. La création d activité peut être une très belle réussite pour les demandeurs d emploi mais soyez vigilant. Edwige Loiseaux : Si vous avez une idée, une envie, testez-la, étudiez-la pour ne pas garder ça en vous et si ce n est pas celle-là, ça pourrait être une autre. Mais il ne faut pas y aller coûte que coûte par dépit. Roselyne Nobilet : Moi, c est s entourer de personnes compétentes, d y croire et beaucoup travailler. Journaliste : Merci à toutes les trois d avoir participé à l émission, merci aux internautes, et restez connectés, Handichat continue.