Distribution. Violences (un diptyque) «Corps et Tentations» suivi de «Ames et Demeures» de Didier-Georges Gabily

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2 Distribution Violences (un diptyque) «Corps et Tentations» suivi de «Ames et Demeures» de Didier-Georges Gabily mise en scène Sarah Amrous / Yann Lefeivre Direction D acteurs Sarah Amrous Scénographie Yann Lefeivre Collaborateur Artistique Tristan Rothut avec La Ravie, Irne Sarah Amrous Tom, 1 er Fiancé Nathan Bernat Le Narrant, 2 ème fiancé Romain Brosseau La Décharne, 3 ème Fiancé Yann Lefeivre L auteur, Macke Ophélie Maxo Reine Mère, Olgue Marie Thomas

3 Présentation Un diptyque Violences se présente comme un puzzle auquel il manquerait des pièces. Gabily semble ne rien imposer mais planter ses écheveaux et en jeter les fils emmêlés aux acteurs, confiant dans le travail du plateau pour continuer l'écriture. Dans le 1er volet «Corps et Tentations» : «Campagne et gendarmerie, France profonde.» Dans le 2 ème volet «Ame et Demeure» : «ville et corps urbain, modernité en veux-tu en voilà.» L'action se passe entre la Normandie et New York, surveillé par les yeux de n'importe quel scénariste de sit-com. Violences en appelle à une mise à nu des consciences, à leur examen par les personnages comme par les spectateurs, à la lumière de ce tourment jeté quotidiennement à tous, baptisé:«fait-divers». Une manière de nouer et dénouer le crime contemporain avec l'antique, de s'interroger sur son exemplarité, sur sa permanence et sur l'effroi.

4 Synopsis «Corps et Tentations» raconte le carnage fondateur dans un monde clos et oppressant, le domaine de l'ombre. «Âmes et Demeures» est en quelque sorte l'illumination de la première pièce. La fable «Corps et Tentations» Deux temps qui s'entrecroisent: -L'histoire d'une famille dans une maison isolée en Normandie: Une mère toute puissante (Reine-Mère) a chassé ses trois filles de la maison familiale (Irne, Olgue et Macke, trois fées ou sorcières innocentes) après qu'elles aient échappé à sa surveillance et aient été successivement séduites par un étranger (Daniel Jackson). Elle est restée avec ses deux fils, l aîné Thom, son préféré et la Décharne qu'elle méprise. Ils ont tué Daniel Jackson en suivant les règles de leur loi Vendettale. Le cadavre de ce dernier est gardé dans la maison, accroché au-dessus du lit de la mère. Cadavre momifié à qui l'on fabrique des masques mortuaires; débris des rituels antiques... Une jeune fille de la région (la Ravie) s'est approchée trop prêt de cette famille «d'enfer», a été kidnappée par la Décharne sous les ordres de la mère. Elle s'occupe d'un bébé qui serait l'enfant d'une des trois sœurs bannies. Maintenue prisonnière dans la maison comme femme à tout faire, elle est le témoin des dégénérescences familiales. La famille finit par s entre-tuer sous les yeux de la Ravie seule rescapée de cette folie meurtrière. -Un inspecteur (le Narrant) obsédé par cette affaire tente de reconstituer l'histoire.

5 «Âmes et Demeures» Rencontre avec les trois sœurs exclues du déroulement du premier tableau à cause de la haine maternelle. Qui porta réellement le fruit de la faute commune? La réponse ne viendra sûrement pas. Restera alors le souvenir obsédant du séducteur, de leur famille perdue; tout cela en lambeaux. «Trois jeunes filles coupées de leurs racines (quelles?), à Paris, de nos jours, à rêver à haute voix d'un idéal de la dispersion des corps qui serait devenu- à force de publicités mensongères- le rêve d'un établissement de l'autre côté de l'océan: New York.» Comme un hommage aux sœurs tchékoviennes. Dans cette 2 ème partie, il est aussi question d une guerre qui se profile, avec l apparition de nouvelles figures qui gravitent autour des trois sœurs.

6 Dispositif Violences est assurément une aventure de théâtre pour les acteurs mais aussi pour le public. La construction des deux pièces, à la fois complémentaires et indépendantes, invite à plusieurs lectures, plusieurs traversées possibles. Rien ne semble, en fait, pouvoir résumer Violences. Ni les jeux de la mort et du désir, dans le désir d'en finir ou de fuir, ni l'embrouillamini de «figures»à identités multiples, acteurs et victimes d'enchantements sans fin et c'est sans doute parce que l'enjeu principal ne se trouve pas là mais dans la possibilité des résonnances et des sillons qu'elles ouvrent. Didier-Georges Gabily s attache à aller puiser dans les confins de l Histoire, dans les signes de ses débordements et dans la boue qu'elle laisse en refluant. Comme si il s'acharnait d'autant plus à la raconter qu'il la considérait irracontable, en cela nous nous reconnaissons en lui: s'attacher aux déchirures où de minuscules effets témoigneraient de grandes causes. «Âmes et Demeures» parle de l'imminence de la guerre (Gabily a écrit cette pièce pendant les préparatifs de la guerre du Golfe), aussi, le sujet semble être encore bel et bien d'actualité.

7 Principes de travail -Tous les acteurs au plateau à vue pendant tout le temps de la représentation pour montrer le processus de fabrication en le rendant visible. Tentative de ne pas être dans l'illusion théâtrale. -Interroger le rapport des acteurs au public. -Le plateau comme atelier, lieu de fabrique. Art et artisanat. -Le texte prit comme matière concrète qui implique un rapport physique de l'acteur à la langue. -Le groupe d'acteurs comme élément fondateur; chaque identité considérée dans sa complexité au sein d'une équipe solidaire. -Un travail qui exige un sens de l'espace et du corps, comme le chorégraphe s'attache à toutes les résonances des mouvements dans l'espace, comment le corps modifie l'espace et comment l'espace dessine les corps. -La scénographie qui n est pas un décor mais un tableau mouvant en lien direct avec la dramaturgie de la pièce. Un espace qui se transforme, se brouille, se salit par la vie qui s'y passe. Corps à un autre réel (images expressives-tableaux surréels).travail sur une narration visuelle. -Une création qui relève d'un engagement total et actif de chacun de ses membres, mais pas une création collective au sens le plus stricte du terme car il y a deux chefs d'orchestre qui décident de la partition et non pas le groupe entier.

8 «Le metteur en scène est celui qui donne un cadre aux acteurs, et les règles qui leur permettent de déployer leur animalité.» Éric Lacascade. Notre expérience : Ce texte nous a permis de convoquer un récit au plateau. Nous nous sommes passionné par cette fable éclatée. Le travail s'est organisé autour de deux gros axes : Un travail pointu sur la langue et le sens du texte de façon collective et individuelle: Travail à la table avec l'ensemble du groupe pour éprouver, découvrir, plonger ensemble dans le matériau textuel. Lecture de textes autour du sujet. Travail individuel sur la langue et sa matière (sons, répétitions, ponctuations, versification, sens.) Des improvisations collectives engageant le corps en rapport avec la pièce. Travail quotidien sur le corps pour qu'il soit un véritable instrument capable de résonner. L'objectif de la direction d'acteurs était de faire naître chez l'autre sans imposer : chercher ensemble, donner, recevoir, guider. Nous nous sommes appuyés sur l'apport de matières proposées par les acteurs. Nous nous sommes nourris de sons, de musiques. On a cherché comment donner corps à cette écriture pour l'inscrire dans l'espace d'une façon ou d'une autre. «... dire ce qui vient d'un certain dedans et qui est- pour ce qu'on peut en rendre compte- l'existence même...» Didier-Georges Gabily «Désordre et liminaire».

9 Note d intention Notre projet est né de la nécessité d'aller interroger les enjeux du plateau en nous frottant à la question de la représentation. Il nous est apparu essentiel de construire notre processus de travail en nous confrontant à une écriture théâtrale contemporaine forte et mystérieuse qu'est celle de Didier-Georges Gabily dans Violences. L'aventure d'un groupe de jeunes acteurs, tous sortis d'une même formation, celle de l'école supérieure du TNB, des acteurs qui se sont choisis pour chercher, travailler, créer ensemble. Un groupe donc, qui préexiste à la pièce à l'instar du groupe Tchang' au moment de la création de Violences. Trouver notre vocabulaire. Après nous être glissés dans les gestes de différents artistes, à présent créer le nôtre. Plasticité- Corps- Voix- Chorégraphie: Frotter les frontières des formes artistiques pour les court-circuiter, nous enrichir et créer notre propre dramaturgie de plateau. L'acteur au centre, le groupe comme fondation, le texte comme poème dramatique. Interroger le processus de fabrication quitte à le rendre visible, le rapport des acteurs au public. EXPERIMENTATION- EXPERIENCE- ART ET VIE- LABORATOIRE- FABRIQUE Après avoir monté la 1ère partie de Violences, nous voulons à présent traiter l œuvre entière. Portés par le désir de cela encore : Violences. Parce que c'est impératif que nous fassions quelque chose avec cela, pour cela, contre cela. Avec l'ambition, l'orgueil et la foi des bâtisseurs de cathédrales, donner corps à ce poème dramatique. S'attaquer à quelque chose d'un peu énorme, une espèce de monstre, une pièce manifeste (pour nous comme pour Gabily). Violences: Entrelacs d'espaces temps, une écriture poétique à prendre comme matériau brut avec des enjeux poétiques et non pas naturalistes. Gabily aimait l'idée que le spectateur puisse emprunter un autre chemin que celui de la compréhension narrative immédiate, il bouscule la chronologie et refuse la forme traditionnelle du dialogue avec réplique immédiate cela nous a particulièrement touché et intéressé.

10 Le texte nous est apparu comme une terre rêvée d'exploration pour ouvrir des chemins car il y a en lui une langue capable de chanter le désordre profond dans lequel nous vivons, notre confusion. Environnement qui convoque une pluralité de possibles, un lieu de confrontation idéal. A la fois démineurs et kamikazes. Affamés de tout. Trouver les clefs- ne pas les trouver. Questionner TOUT: les corps, l'espace, le texte, le dialogue- créer-? Violences est un défit, tant pour les acteurs que pour les programmateurs. Cette pièce est en quelque sorte le non-lieu du formatage «Tout ça très long, hors format. On laisse le format aux programmateurs d édifiant.» écrit Didier-Georges Gabilly. Là où le monde défile trop vite pour nos yeux et alors que la virtualité des images prend le pas sur nos corps, nous voulons nous frotter à un temps de représentation où les corps sont bel et bien là, travaillés par le temps dans la durée. Du temps pour plonger dans un temps éclaté Du temps pour se perdre Du temps pour reconstituer cette parole du dedans Du temps pour redonner corps au corps.

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