DOSSIER PÉDAGOGIQUE ENSEIGNANT

Transcription

1 DOSSIER PÉDAGOGIQUE ENSEIGNANT

2 Ce dossier pédagogique a été réalisé par Claudia CORVI MORA, Alicia HERNANDEZ-DISPAUX & Delphine LALOYAUX, étudiantes de l agrégation en Histoire de l Art UCL sous la supervision de Cécile HEUREUX et Marie-Emilie RICKER

3 TABLE DES MATIÈRES PRÉAMBULE / MODE D EMPLOI... INTRO À LA TURQUIE... GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE DE LA TURQUIE... DES DIEUX ET DES HOMMES... LA NATURE... QUAND L ÉCRITURE DEVIENT ART... PROPOSITION D UNE ACTIVITÉ CRÉATIVE : À VOS PLUMES... ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES

4 Anatolia Ce module, destiné aux élèves de l enseignement secondaire supérieur, sert d introduction à l exposition Anatolia qui se tient au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (BOZAR) ( au ). Ce module propose 4 outils qui permettent aux enseignants d organiser une leçon de 50 minutes en classe en utilisant à leur meilleure convenance : * Le dossier enseignant : le «fil rouge» de la leçon que l enseignant peut adapter en fonction de ses intérêts, des particularités de ses élèves et du temps dont il dispose. Le fil conducteur de la leçon est indiqué sous forme de «questions/réponses» que l enseignant peut aisément adapter à ses besoins. Il propose également quelques pistes et compléments d informations pour présenter la Turquie aux élèves. * Le PowerPoint de la leçon : prévu pour être projeté en classe, parallèlement à l utilisation de la fiche élève, il soutient le discours de l enseignant et présente les œuvres en couleurs. * La fiche élève : 7 pages à distribuer aux élèves pour qu ils puissent réaliser les exercices proposés durant la leçon (à imprimer en noir et blanc). * La fiche élève corrigée : précise les réponses attendues. Ce module pédagogique présente 3 thèmes de l exposition : «Des dieux et des hommes», «La nature» et «Quand l écriture devient art». Certaines œuvres montrées dans l exposition sont présentes dans le dossier, mais l objectif principal est d introduire à la visite de l exposition en présentant globalement la Turquie, en valorisant son histoire et sa culture et en établissant des liens avec la Belgique et le présent des élèves. 4

5 Introduction à la Turquie DIA n 2 Le musée Sainte-Sophie d Istanbul (basilique/mosquée) > But: Introduire EUROPALIA TURKEY en général Proposition de questions: Q: L un d entre vous est-il déjà allé à Istanbul? (Re)connaissez-vous ce bâtiment? R: Sainte-Sophie (musée? basilique? mosquée?...) Q: À quelle religion est attaché cet édifice? Quelle est l histoire de cet édifice? R: Le christianisme - L islam (vrai et faux apport d informations sur le bâtiment, voir ci- dessous). Q: Quels sont les éléments qui évoquent l islam dans ce bâtiment? R: Les minarets. Informations complémentaires : * Le musée Sainte-Sophie est le symbole de la Turquie en général et d Istanbul en particulier. * Dans les fondations, les archéologues ont retrouvé les traces d un temple païen (dédié à Apollon). La basilique chrétienne que nous connaissons fut construite sous l impulsion de l empereur Justinien au 6 e siècle après J.-C. * En 1453, après la chute de Constantinople, la basilique fut transformée en mosquée. Les symboles chrétiens sont camouflés et remplacés par des éléments musulmans. * En 1934, sous l impulsion de Mustafa Kemal Atatürk, le lieu de culte devient un musée. * Le musée Sainte-Sophie est donc une image parfaite pour introduire EUROPALIA car, à lui seul, il regroupe une grande partie de l histoire de la Turquie. Géographie et histoire de la Turquie DIAS n 4 et n 5 : Carte de l Europe et de la Turquie + Fiche élève > But: Localiser la Turquie et la situer par rapport à la Belgique. Proposition de questions: Q: Pouvez-vous situer sur la carte, la Turquie et la Belgique? R: Oui (faire montrer sur la carte pour vérifier la réponse). > Faire hachurer les deux pays sur la carte de la fiche élève. Q: Quel élément vous marque le plus en observant les deux pays sur la carte? R: La différence de superficie. Informations complémentaires : La Turquie (environ 75 millions d habitants) est 25 fois plus grande que la Belgique (environ 11 millions d habitants). Cependant, la densité de population est quasiment 4 fois plus importante 5

6 en Belgique qu en Turquie. DIA n 6 : Carte de l Europe et de l Asie > But: Aborder la Turquie comme trait d union entre l Europe et l Asie. Proposition de questions: Q: Observez la localisation de l Afrique, de l Asie et de l Europe. Que pouvez-vous observer à propos de la position de la Turquie? R: Elle a une position centrale entre l Asie et L Europe. Q: Quelle est la conséquence de cette position? R: Elle a subi des influences aussi bien de l Asie que de l Europe. Informations complémentaires : Il est intéressant de proposer aux élèves d observer la carte en leur demandant de situer l Europe et l Asie. Après avoir localisé les deux continents, les élèves peuvent remarquer la position centrale de la Turquie et se douter de l influence qu elle a subie des deux «cultures». En effet, depuis la préhistoire, l Anatolie est une terre de mélanges et d influences. DIA n 7 : Photo d Istanbul + Fiche élève > But: Aborder les trois noms d Istanbul : Byzance, Constantinople, Istanbul. Proposition de questions (> Faire lire l encadré Le savais-tu?) : Q: Quelles autres villes ayant eu une aussi longue histoire et qui existent toujours, connaissezvous? R: Paris, Rome, Athènes. Q: Quelle autre ville, fondée par des colons grecs vers la même période qu Istanbul, existe toujours? R: Marseille. Informations complémentaires : La ville de Byzance a été fondée par des colons grecs au 6 e siècle avant J.-C. En 330 après J.- C., la ville prend le nom de l empereur romain Constantin et devient alors Constantinople. Le nom d Istanbul est attesté depuis le 10 e siècle. On le retrouve sur des monnaies du 18 e siècle pour finalement être officialisé au début du 20 e siècle lors de la création de la République de Turquie. DIA n 8 : Les 12 périodes de l histoire de la Turquie + Fiche élève > But: Aborder l histoire de la Turquie. 6

7 Les élèves doivent replacer les périodes sur une ligne du temps, allant de la plus ancienne à la plus récente. Pour la correction, le PowerPoint est pourvu de la même ligne du temps où s affichent, au fur et à mesure, les périodes. Sur la fiche des élèves, certaines périodes sont déjà indiquées sur la ligne pour faciliter l exercice. Faire l exercice avec les élèves, en les aidant ou non. Informations complémentaires : Dans le PowerPoint, il y a un code couleur pour «classer» plus facilement les périodes. Celles écrites en rouge concernent la préhistoire, celles en bleu concernent l histoire, la période en jaune appartient à l époque contemporaine. Si les élèves bloquent pour classer les périodes, on peut leur dire que certaines périodes sont préhistoriques, d autres historiques (en rappelant la différence liée à l écriture) et qu une est contemporaine. DIAS n 9 à n 21 : La ligne du temps > But: Aborder les différentes périodes de l histoire turque. Le principal n étant pas de connaître les dates mais plutôt de situer l ordre des périodes. Montrer également aux élèves que la Turquie a subi de nombreuses influences, non seulement par sa position géographique, mais également par son histoire. Informations complémentaires : Cette partie peut être envisagée de manière plus synthétique, pour mettre en évidence la longue histoire turque et le creuset de nombreuses influences et civilisations diverses av. J.-C. > Paléolithique Le Paléolithique est l âge de la pierre taillée. Les hommes chasseurs-cueilleurs ne produisent pas leur nourriture. Ils vivent en petits groupes nomades, poussés par le climat et l environnement à chercher de nouvelles sources de nourriture ou à suivre des troupeaux. Les hommes vivent sous des abris construits ou naturels. Le Paléolithique est divisé en trois périodes : inférieur, moyen et supérieur. La seule grotte qui représente toutes ces périodes en Anatolie se situe à Karain (à 30 km d Antalya) av. J.-C. > Néolithique Le Néolithique est l âge de la pierre polie. L homme se sédentarise et améliore ses outils. Il arrive à dompter la nature et devient un éleveur-cultivateur. Le site le plus connu en Anatolie se situe à Catal Höyük. Au niveau artistique, le Néolithique est la période des statuettes de déesses-mères et des premiers récipients en terre-cuite. 7

8 av. J.-C. > Chalcolithique Le Chalcolithique ou âge du cuivre est la période où l homme commence à utiliser le cuivre en plus de la pierre. Au niveau artistique, le Chalcolithique est caractérisé également par des statuettes de déesses-mères et de la céramique polychrome (à plusieurs couleurs) av. J.-C. > Bronze ancien L âge du bronze apparaît quand l homme associe l étain et le cuivre pour obtenir du bronze. Cet alliage sera utilisé pour fabriquer des armes, des récipients, des bijoux ou des objets décoratifs. À l époque, l Anatolie n est pas un état centralisé mais plutôt un ensemble de villes gérant les terres aux alentours av. J.-C. > Empire Hittite Entre le Bronze ancien et la période hittite, l Anatolie a reçu l influence de marchands assyriens. Ceux-ci apportèrent de nouvelles marchandises et techniques de fabrication. Mais leur plus grand apport fut l écriture. Grâce à eux, l Anatolie pénétra dans l histoire. L empire hittite fut le premier état à administration centrale d Anatolie. Il s étendait jusqu en Syrie, ce qui le mit en rivalité avec d autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l Égypte, le Mitanni et l Assyrie. L empire se détériora et s affaiblit au fur et à mesure. Plusieurs menaces extérieures accélérèrent sa chute av. J.-C. > Différentes civilisations : phrygienne, lydienne, ourartéenne, carienne/ lycienne, ionienne, perse Vers sa fin, l empire hittite se dissout au fur et à mesure. Plusieurs petites civilisations vont émerger. Certaines subiront l influence des régions et puissances voisines (par exemple : les îles ioniennes, l Empire perse) av. J. -C. > Époque hellénistique Suite aux conquêtes d Alexandre le Grand, l Anatolie subit les influences de la culture grecque. Après la mort du conquérant, son empire est divisé entre ses généraux, donnant naissance à plusieurs royaumes. 30 av ap. J.- C. -> Empire romain L Empire romain commence officiellement après la bataille d Actium avec Auguste comme premier empereur. Chaque province de l empire garde sa culture mais subit une forte influence de Rome qui apporte notamment la paix et une structure administrative importante. Au 4 e siècle, l empire est divisé en deux : l Empire romain d occident avec Rome comme capitale et l Empire romain d orient avec Constantinople comme capitale ap. J.-C. -> Epoques paléochrétienne et byzantine L Empire byzantin fut un empire chrétien, et plus précisément, orthodoxe à partir du schisme de l Église romaine en À son paroxysme, il s étendait sur trois continents. Il a longtemps été considéré comme une référence et un gardien de la culture à travers le monde. Pendant de nombreux siècles, l économie byzantine était parmi les plus avancées en Europe et en 8

9 Méditerranée. Jusque tardivement dans le Moyen Âge, l occident est loin derrière la prospérité byzantine ap. J.-C. > Période Seldjoukide C est vers cette période que le terme «turc» fait son apparition. À la base, les Turcs sont un peuple nomade issu d Asie qui émigre au fur et à mesure vers l ouest. Les Seldjoukides sont des Turcs Oghouz, qui vont fonder un empire qui s étend de l Anatolie jusqu aux plaines d Asie centrale. Les invasions mongoles de Gengis Khan détruisent cet empire, déjà mis à mal par ses luttes internes et par les Croisades ap. J. -C. > Empire ottoman En 1299, la ville byzantine de Mocadène est prise par le Sultan Osman 1 er. Cet événement est considéré comme le début de l Empire ottoman. Dès lors, l Empire ne va cesser d accroître son territoire et il atteint son apogée au 16 e siècle sous le règne de Soliman le Magnifique. L empire s est étendu sur trois continents (Asie, Afrique et Europe) ap. J. -C. > République de Turquie Suite à sa défaite lors de la première guerre mondiale, l Empire ottoman est contraint de se dissoudre. Le traité de Sèvres partage l Empire ottoman : il prévoit un Kurdistan et une Arménie indépendants, attribue la Thrace orientale et la région de la mer Égée à la Grèce et met les territoires arabes sous contrôle de la France et de la Grande-Bretagne. Entre 1920 et 1923, Mustafa Kemal Atatürk mène la guerre républicaine destinée à récupérer une grande partie des territoires perdus par le traité de Sèvres. Finalement, le 24 juillet 1923, le traité de Lausanne annule le traité de Sèvres en attribuant toute l Anatolie et la Thrace orientale à la Turquie. Mustafa Kemal Atatürk devient alors le premier président de la République de Turquie. DIAS n 22 à n 24 : Les relations entre la Belgique et la Turquie > But: Aborder les relations entre la Belgique et la Turquie. Organiser un brainstorming et faire émerger les représentations des élèves : que connaissentils de la Turquie? Leur montrer ensuite d autres éléments de la culture turque. Proposition de questions: Q: Questionner les élèves à propos de l immigration et leur expliquer les 50 ans de relations entre la Turquie et la Belgique (2014) - Dia 22. Et vous, que connaissez-vous de la Turquie? Qu est-ce que ce pays vous évoque? R: Les vacances, la nourriture, le café Q: Effectivement, les premières choses qui nous viennent en tête sont les desserts, les dürüms, les beaux hôtels, les vacances all-inclusive (montrer la dia n 23). 9

10 Mais la culture turque est beaucoup plus riche : connaissez-vous ces éléments (montrer la dia n 24)? Que (re)connaissez-vous dans ces photographies? R: Du café (on peut également aborder le thé), des danseurs (évoquer les derviches tourneurs), des instruments de musique (aborder la musique traditionnelle turque et évoquer les concerts qui auront lieu lors d EUROPALIA), des marionnettes (aborder le Karagöz, le théâtre d ombres), les pantalons turcs Informations complémentaires : En 2014, nous avons fêté les 50 ans de l immigration turque en Belgique. En 1961, la population de nationalité turque résidant en Belgique atteignait à peine le nombre de 320 personnes. Depuis le milieu des années 2000, plus de personnes de nationalité turque ou nées avec la nationalité turque résident en Belgique. Après la deuxième guerre mondiale, la Belgique a besoin de relancer son secteur industriel et son économie. L Etat belge va alors organiser le recrutement de travailleurs étrangers par l intermédiaire d accords signés avec d autres pays. Une convention bilatérale est d abord signée avec l Italie, mais durant les années 1960, l origine géographique du recrutement d étrangers se diversifie et les Turcs arrivent en Belgique. Dans les années septante, une politique de regroupement familial augmenta l immigration de la population turque. Des dieux et des hommes DIA n 26 : Introduction - Le cheval de Troie (extrait du film «Troie», 2004) DIA n 27 : Carte indiquant la localisation de la ville de Troie (Turquie) > But: Introduire les relations entre les hommes et les dieux. Proposition de questions: Q: Avez-vous une idée du lieu où se situe cette scène? R: À Troie (localiser Troie sur la carte) Q: Que s est-il passé dans cette ville? R: Une guerre. Q: En observant les personnages et les bâtiments de cette image, vers quelle époque sommesnous? R: Vers l époque grecque ou hittite. (On estime que la légende de la guerre de Troie se base sur un conflit ayant eu lieu au 12 e siècle av. J.-C. durant l empire hittite). Q: Que célèbrent les gens sur cette image? R: La fin de la guerre et le cheval. 10

11 Informations complémentaires : Le site de Troie se situe en Turquie (Dia n 27) et est toujours visitable. Lors de la guerre de Troie, les dieux interviennent régulièrement dans la vie des hommes à travers différents éléments (Iliade d Homère) : * la présence des demi-dieux issus de l union d un ou d une mortel(le) et d un dieu ou d une déesse, * la présence des dieux sur le champ de bataille se battant pour l une ou l autre armée, * les origines même de la guerre avec le choix de Pâris. L activité : Associer un texte avec une illustration. DIA n 28 à 37 + Fiche élèves > But: Découvrir les relations entre les hommes et les dieux aux différentes époques. Avant d analyser plus en profondeur les relations entre les dieux et les hommes, les élèves doivent effectuer l activité et associer l image au texte correspondant. Réponses de l activité : A = 4 Lors des cérémonies, notre roi porte souvent l habit du dieu-soleil. D ailleurs, notre roi est régulièrement désigné dans nos textes par l épithète «Mon Soleil». On le représente en compagnie d un soleil ailé. Le soleil ailé se retrouve également au centre de son cachet. B = 1 Moi, Alexandre, j ai conquis avant mes 30 ans le plus grand empire au monde. Jamais personne n avait réalisé la même chose avant moi. Ma mère me l a toujours dit, maintenant, je le crois, je suis le fils de Zeus-Ammon. D ailleurs, on représente ses cornes sur mon casque à tête de lion. Honorez-moi. 11

12 C = 2 Je sers Rome et son Empire mais avant tout, je gère le culte en l honneur de l empereur. D = 3 Nous sommes représentés comme des Saints auprès de Marie, la protectrice de Constantinople. Tous deux, nous sommes des empereurs. Moi, Constantin, je tiens une maquette de ma ville. Et moi, Justinien, une maquette de l église que j ai fait bâtir : Sainte-Sophie. L époque hittite DIA n 28 : La lettre du roi hittite au roi d Ougarit Détail du Sceau royal : le soleil ailé DIA n 29 : Bas-relief de la chambre A de Yazılıkaya > But: Comprendre les relations entre les hommes et les dieux dans l empire hittite. Œuvres présentées : * Lettre du roi hittite au roi d Ougarit, Tablette en terre cuite, vers Av. J.-C., Ras- Shamra, Syrie, 10,10 x 7,8 x 4,50 cm, Musée du Louvre, Paris. * Bas-relief de la chambre A de Yazılıkaya représentant Tudhaliya IV vêtu avec l habit du Dieu-Soleil et portant le bâton recourbé des rois hittites, à côté du disque solaire ailé surmontant son nom et sa titulature en hiéroglyphes. Proposition de questions: Q: À quel texte correspond cette illustration? R: Au quatrième. Q: Grâce à quels éléments avez-vous pu répondre? 12

13 R: On voit le soleil ailé au centre d un cercle qui ressemble à un cachet. Q: Regardez cette illustration (Dia n 29), quel élément retrouvez-vous par rapport au cachet? R: Le soleil ailé (effectivement, le relief représente le roi hittite escorté par le dieu; le disque solaire surmonte le nom du roi). Informations complémentaires : Le roi hittite est l être humain le plus proche des dieux. À sa mort, il est divinisé. Il assure le lien entre eux et le reste des humains. Ce sont les dieux qui l ont placé à cette fonction, et il se doit de s en montrer digne, au risque de se faire destituer par un homme qui serait jugé plus apte à régner par les dieux. Le peuple appelle le roi «mon Soleil», signe du caractère sacré de sa fonction. À ses côtés, la reine joue également un grand rôle dans la religion hittite. Les deux souverains président souvent des cérémonies religieuses. L époque hellénistique DIA n 30 : Tétradrachme d Alexandre le Grand avec les cornes du dieu Ammon et sur l envers la représentation de Zeus. DIA n 31 : Tétradrachme de Ptolémée 1 er Sôter représentant Alexandre le Grand avec le casque en forme de tête d éléphant et sur l envers, la représentation d Athéna et l aigle de Zeus. DIA n 32 : Les deux tétradrachmes représentant le visage d Alexandre et une pièce de 2 avec la tête du Roi Philippe de Belgique. DIA n 33 : Les deux envers des tétradrachmes avec l inscription en grec «ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ» (Alexandrou) et une pièce de 2 de Willem Alexander des Pays-Bas. > But: Comprendre les relations entre les hommes et les dieux lors des conquêtes d Alexandre le Grand et dans les royaumes hellénistiques. Œuvres présentées : * Tétradrachme d Alexandre le Grand, argent, IV e siècle av. J.-C., Musée de la Banque nationale, Bruxelles. (Tétradrachme : Monnaie d argent du monde antique grec et hellénistique, qui valait quatre drachmes et servait à la plupart des échanges internationaux). * Tétradrachme de Ptolémée 1 er Sôter représentant Alexandre le Grand, trouvé en Egypte av. J.-C., collection privée. * Pièce de 2 de Belgique, * Pièce de 2 des Pays-Bas, Proposition de questions: Q: À quel texte correspond cette illustration? R: Au premier. Q: Grâce à quels éléments avez-vous pu répondre? R: On voit les cornes sur le casque à tête de lion. 13

14 Q: Regardez le revers de cette pièce, que représente-il? R: Un homme assis qui tient un aigle. Q: Reconnaissez-vous cet homme? (évoqué dans le texte) R: C est Zeus. Q: Pourquoi le mettre sur la pièce? R: Pour montrer qu Alexandre est son fils. Q: Regardez cette seconde pièce d Alexandre, qui est représenté sur le revers? R: Une femme armée, Athéna. Q: Et quel élément rappelle Zeus sur cette pièce? R: L aigle. Q: À votre avis, pourquoi met-on le visage du roi sur une pièce? R: Pour le faire connaitre (effectivement, avant l ère moderne, il y avait peu de moyens pour le peuple de connaître le visage de son souverain. Puisque les pièces étaient diffusées dans tout l empire et au-delà, c était un excellent moyen de diffusion des images). Informations complémentaires : Alexandre le Grand, dans son enfance, était considéré comme un dieu par sa mère. Elle le disait fils de Zeus. Après la conquête de l Egypte, les prêtres du sanctuaire de Siwa le désignèrent comme fils de Zeus-Ammon (divinité gréco-égyptienne). Il fut alors considéré par certains comme un dieu. On le représenta avec des attributs divins sur lui ou à proximité de lui. Dans le premier tétradrachme, Alexandre est représenté avec les cornes du dieu Ammon. Sur l autre face est représenté Zeus trônant avec un aigle. Le conquérant est souvent représenté avec un casque à tête de lion en référence à son ancêtre mythique, Hercule. L autre tétradrachme représente Alexandre avec un casque en forme de tête d éléphant en référence à ses conquêtes en Inde. Le revers montre Athéna, la déesse de la guerre et de la sagesse et toujours, l aigle de Zeus (N.B. Pour une monnaie, on parle d «avers» = face principale, et de «revers» = envers). L époque romaine DIA n 34 : Buste d un haut prêtre du culte impérial et statue d un prêtre du culte impérial. DIA n 35 : Scène de sacrifice en l honneur de l empereur Vespasien et reconstitution du temple de Mars Vultor de Rome. > But: Comprendre les relations entre les hommes et les dieux dans l Empire romain. Œuvres présentées : * Buste d un haut prêtre du culte impérial, marbre, 127 x 152 cm, Pompeiopolis, Adana Museum (Turquie). * Prêtre du culte impérial, sculpture en marbre, 2 e siècle ap. J.-C., Musée archéologique 14

15 d Izmir. * Scène de sacrifice au culte impérial, bas-relief en marbre du temple de Vespasien à Pompéi. * Reconstitution du temple de Mars Vultor de Rome. Proposition de questions: Q: À quel texte correspond cette illustration? R: Au deuxième. Q: Grâce à quels éléments avez-vous pu répondre? R: C est par déduction par rapport aux autres textes. Q: Comment sont habillés ces prêtres? R: Ils ont une toge et un chapeau. Q: Pourquoi, selon vous, rendait-on un culte à l empereur? R: C était l homme le plus important de l empire. Q: Regardez ce relief, quelle scène se déroule devant nos yeux? R: On va sacrifier un bœuf. (De là, on peut expliquer que, comme pour les dieux du panthéon romain, on réalisait des sacrifices en l honneur des empereurs.) Q: Qui pouvait rentrer dans les temples? (montrer la dia n 35). R: Les prêtres et l empereur (effectivement seuls les prêtres pouvaient rentrer dans les temples). Le peuple restait toujours à l extérieur. L empereur, lui, pouvait pénétrer dans le temple car il avait le titre de pontifex maximus le nommant chef de la religion. Informations complémentaires : Dès le début de l empire romain, l empereur est divinisé. Des cultes lui sont rendus dans chaque province car il est le garant de la sécurité, de la paix et de la prospérité de celle-ci. Des sacrifices en l honneur de l empereur étaient offerts lors de ces cultes. Seuls les prêtres et l empereur pouvaient pénétrer dans les temples. Le peuple restait toujours à l extérieur. Les prêtres portaient toujours une toge blanche. Lors des cérémonies, leur tête était couverte soit par un chapeau (comme pour les flamines) soit par une capuche. L époque byzantine DIA n 36 : Mosaïque représentant Marie entourée de Justinien et Constantin. DIA n 37 : Détail : Constantin. > But: Comprendre les relations entre les hommes et Dieu à l époque byzantine. Œuvre présentée : * Marie entourée des empereurs Justinien et Constantin, Mosaïque du tympan de l entrée Sud-ouest de l ancienne Basilique Sainte-Sophie, 944, Istanbul. 15

16 Proposition de questions: Q: À quel texte correspond cette illustration? R: Au troisième. Q: Grâce à quels éléments avez-vous pu répondre? R: On voit la vierge Marie au centre et deux hommes avec des maquettes en main. Q: Comment reconnait-on qu ils sont représentés comme des saints? R: Ils ont une auréole comme Marie. Q: Et en quoi reconnaissez-vous que ce sont des empereurs? R: Ils ont tous les deux une couronne. Q: Regardez Justinien, quel élément vous permet de reconnaitre l ancienne Basilique Sainte- Sophie (actuellement musée Sainte-Sophie)? R: La coupole. Q: Comment la ville de Constantinople est-elle représentée? R: En maquette de château. Q: Regardez le gros plan. Pouvez-vous identifier la technique employée pour représenter la scène? R: La mosaïque. Informations complémentaires : La plupart des mosaïques de Sainte-Sophie furent réalisées entre le 9 e et le 13 e siècle. Dans cette mosaïque, les empereurs sont représentés avec une auréole comme les saints. La mosaïque est un assemblage de petits cubes de marbres ou de verres colorés ; les cubes sont juxtaposés de façon à former un dessin et enfoncés dans une couche de ciment qui les maintient solidement. La Nature DIA n 39 : Carte indiquant l Anatolie par rapport à la Turquie. > But: Faire découvrir l Anatolie. Faire lire l encadré Le savais-tu? DIA n 40 et 41 : Rochers habités par une divinité, monument rupestre dit «de Midas», taillé dans la roche, 8e -7e S. avant J.-C. (Époque Phrygienne), 16 m de haut, Yazilikaya, Anatolie. > But: Faire découvrir les éléments divinisés de la nature. Informations à transmettre aux élèves : Ce monument rupestre est directement taillé dans la roche, sa fonction était cultuelle : la niche devait abriter une statue, peut-être de Cybèle. Chez les Hittites, Cybèle était la personnification de la nature féconde, elle siégeait sur les montagnes, ses sanctuaires sont donc rupestres. 16

17 Ce monument n est pas dédié à Midas comme on l a longtemps cru à cause d une mauvaise traduction de l inscription qu on lit sur le monument «Mata» qui est un autre nom pour indiquer Cybèle. La relation de la montagne avec certaines grandes divinités est attestée : pour les Hittites, la montagne est liée au dieu de l Orage car elle lui sert de demeure. DIA n 42 : Méandre d Ephèse (élément de fontaine), Turquie, 2 e S. après J.-C., marbre blanc. + Fiche élève Poser la question et écrire les réponses sur la fiche. Q : Les cours d eau étaient également divinisés chez les Hittites. Quelle était l importance des fleuves pour les peuples d Anatolie? R : 1. Economie : agriculture et transport, 2. Communication : navigation, 3. Vie quotidienne : eau potable, se laver, religion (source sacrée, source de vie). Informations supplémentaires : Lire avec les élèves l encadré Le savais-tu? sur le terme «méandre». DIA n 43 à 46 + Fiche élève * Méandre d Ephèse (élément de fontaine), 2 e S., marbre blanc. * LE BERNIN, Fontaine des Quatre Fleuves, fin 17 e S., pierre, Rome, Piazza Navona. * Les fleuves et cours d eau de France (La Loire), fin 17 e S., bronze, Versailles, parterre d eau. Faire comparer ces trois personnifications de cours d eau. Points communs : 1. Les fleuves sont représentés comme des hommes nus et musclés. 2. Tous les trois sont barbus avec les cheveux longs. 3. Ils ont la même pose : à moitié allongés et appuyés sur un coude. Différences : 1. Les formes des corps : ép. romaine = musclé, équilibre et proportions ; Le Bernin = musculature plus puissante, mouvement de torsion ; Versailles : pose élégante, corps plus mince et muscles moins marqués). 2. Deux sculptures associent une corne d abondance (pas Le Bernin) qui évoque l apport de fertilité. 3. La sculpture d époque romaine est la seule qui a une fonction de fontaine (l eau sortait par 17

18 l amphore) et la seule qui porte un drapé qui couvre le personnage à partir de la taille, les deux autres sont nus. DIA n 47 : Maquette de la fontaine d Ahmet III (Istanbul, 1728), bois, perles, ivoire, nacre et autres matériaux, époque ottomane. Présenter l objet aux élèves et les questionner sur son rôle. Q : Quelle était la fonction de cette maquette? R : Probablement un don, un cadeau. Nous n avons pas de renseignements plus précis à ce sujet. DIA n 48 à 50 + Fiche élèves Informations à transmettre aux élèves : La fontaine se trouve à Istanbul, elle a été construite à l emplacement d une fontaine byzantine, sous le règne d Ahmet III. Elle est d un style rococo turc. Cette fontaine se trouve au centre de la place Hagia Sophia (Sainte-Sophie) sur le côté du Palais de Topkapı. Sa structure comporte un grand bloc carré couronné de cinq petits dômes. Chaque façade comporte une niche en forme de mihrab, au centre se trouve un réservoir qui contient l eau. Sur chaque angle, derrière une grille, un employé d état distribuait aux citoyens de l eau pure, de l eau sucrée ou des jus de fruits. Ce type de fontaine agrémentée d un kiosque à boissons s appelait un sebil. Ces cadeaux étaient perçus comme un don du sultan, un symbole de son importance. Q. : Cette fontaine servait à fournir l eau potable aux habitants d Istanbul. Quelles étaient les autres fonctions des fontaines publiques dans l empire islamique? R : Permettre aux fidèles de faire leurs ablutions : se purifier avant de prier. Faire lire l encadré Le savais-tu? Informations supplémentaires sur les fontaines et les ablutions: Pour la religion islamique, les ablutions sont un moment important et nécessaire du rituel de la prière. À travers les ablutions, le fidèle doit se purifier avant de prier. D abord, le fidèle exprime intérieurement son intention de se purifier, pour être pur avant de prier. Ensuite, les ablutions sont codifiées : le fidèle se lave les mains 3 fois avec l eau jusqu au poignet, il rince sa bouche 3 fois, lave ses narines en introduisant de l eau 3 fois. Il lave son visage 3 fois, du front au menton et d une oreille à l autre, se lave les mains jusqu aux coudes 3 fois (d abord la droite ensuite la gauche), il frôle son visage jusqu au cou 1 fois avec les mains humides, il lave ses oreilles à l intérieur et derrière, frôle son cou avec les mains humides et lave 3 fois ses pieds jusqu aux chevilles. Dans l empire ottoman, on peut diviser en deux grands groupes les fontaines qui couvraient les 18

19 besoins en eau de la population : 1. Les fontaines alimentées par les sources découvertes ou construites par des personnes privées (l eau de fondation, l eau de propriété privée) ; 2. Les fontaines de qualité ou de Miri, alimentées par les réseaux appartenant à l Etat. Quelques types de fontaines : * Fontaines se trouvant sur les places : construites comme des édifices indépendants sur les places importantes et sur celles où étaient organisées des cérémonies. * Fontaines construites avec des sebil : édifices de distribution d eau, de boissons sucrées et de jus de fruits. * Fontaines murales : les cuves de ces fontaines se trouvent sur la façade du mur. * Fontaines de coin : ces fontaines se trouvent aux coins des édifices ou des rues. * Fontaines consacrées à la prière : construites, en général, dans les lieux de repos situés entre les villes où les caravanes faisaient escale, prévues pour faire les ablutions, pour boire de l eau ou pour donner à boire aux animaux. * Fontaines d intérieur : les fontaines d intérieur, alimentées par les eaux de l état. DIA n 51 à 53 + Fiche élève Informations à transmettre aux élèves : Chaque façade de la fontaine comporte une niche évoquant un mihrab, au centre se trouve un réservoir. Mihrab : niche qui indique la qibla, c est-à-dire la direction de la Ka ba à La Mecque vers où se tournent tous les musulmans pendant la prière. Compare la niche de la fontaine et le mihrab (Dia 52) pour en trouver les caractéristiques communes : 1. Matériaux riches (marbre, mosaïque) et colorés. 2. Arc encadré par deux colonnes (ou pilastres) et compris dans un cadre rectangulaire. 3. Arc décoré par des bandeaux alternant les couleurs. DIA n 54 : Arbre de vie, Plaquette de revêtement phrygienne, ivoire. + Fiche élève Avant de tourner la page de la fiche élève, poser la question qui mènera à découvrir le titre de la prochaine partie. Lire la question : «Les anciens peuples de l Anatolie accordaient beaucoup d importance au 19

20 cycle de la nature. Ils ont choisi, comme symbole du cycle de la nature, un élément qui peut, soit se régénérer au fil des saisons, soit rester vert toute l année. De quel élément s agit-il?». R : L arbre. Informations à transmettre aux élèves : L Arbre de Vie est un motif que l on retrouve dans de nombreuses civilisations. Il symbolise la force de la vie et ses origines, l importance des racines et le développement de la vie. L Arbre de Vie est souvent associé à des personnages ou à des animaux, comme sur l œuvre observée à la dia 54. L Arbre de Vie est ici entouré de manière symétrique par deux animaux, ce sont des bouquetins (chèvres de montagne). DIA n 55 : Céramique, époque Seldjoukide, 13 e siècle après J.-C., carreau de faïence provenant du palais d été du sultan de Konya. La DIA n 56 permet de comprendre comment la céramique de la dia n 55 était organisée dans une composition plus large (emboitements d «étoiles» et de «croix»). DIA n 57 : Arbre de Vie, décor mural, céramique, fin 16 e -17 e S., Iznik (Turquie). DIA n 58 : Comparaison des deux céramiques (Dia n 55 et 57) + Fiche élève > But: Faire observer les deux décors et, oralement, questionner les élèves sur les points communs (thème, technique de la céramique, relative symétrie). Comparer les deux décors en céramique pour y déceler des différences. Noter les réponses : 1. Décor : à gauche, chaque carreau compose un dessin indépendant organisé de manière symétrique ; à droite, le panneau est créé par un assemblage de 6 carreaux différents, résultat final symétrique. 2. Couleurs : noire et turquoise bleu, rouge, vert (3 zones : fond blanc, fond bleu, fond rouge). 3. Éléments représentés : gauche avec oiseaux, arbre sans fleur, formes schématisées sans animaux, arbre à fleurs, nombreux motifs floraux variés. Informations supplémentaires: Le matériau est de la faïence = céramique (terre cuite) recouverte d un enduit imperméable et opaque (un émail). Lire l encadré Le savais-tu? sur Iznik et ses céramiques. DIA n 59 : Arbre de Vie, décor mural en céramique d Iznik, 16 e siècle, Palais de Topkapı, Istanbul. DIA n 60 : Arbre de Vie, 16 e S., Palais de Topkapi, vitraux du pavillon double, Istanbul. DIA n 61 : Décor mural, céramique, 17 e S., Palais de Topkapı, Istanbul. 20

21 > But : présenter des décors du palais de Topkapı intégrant le motif de l Arbre de Vie (murs et vitraux). Faire observer et apprécier la beauté de ces décors floraux, la richesse et la variété des couleurs et des motifs utilisés. DIA n 62 : Décor mural, céramique, 17 e S., Palais de Topkapı - tissu Liberty, Londres, 20 e S. + Fiche élèves > But : établir des liens entre l art turc et le monde occidental, y compris avec le quotidien de l élève : comparaison de motifs. Q : À gauche, tu observes un décor turc en céramique. À droite, tu peux voir un motif similaire qui n est ni turc, ni en céramique. Où peux-tu rencontrer ce genre de motifs, aujourd hui, dans ton quotidien? Faire noter la réponse. R : Sur des vêtements, des sacs, des bracelets, des carnets (exemple Dia n 63). Q : Quels sont les points communs entre les deux motifs? R : 1. Même type de fleur (roses). 2. Même composition pour la disposition dispersée et dissymétrique des fleurs. 3. Même équilibre de couleurs : fond constitué de différents tons de bleus, pétales blancs et cœurs rouges. DIA n 64 : Céramique d Iznik, fin du 16 e S., Turquie. Caftan cérémoniel, Turquie. + Fiche élèves But : faire découvrir un motif fondamental et omniprésent dans l art turc : la tulipe. Q : Voici un caftan cérémoniel (tunique longue) et un carreau de céramique, provenant tous deux de Turquie: qu ont-ils en commun? R : Représentation d une fleur (tulipe) rouge, stylisée (synthétisée et répétée dans un but décoratif). Informations supplémentaires (Faire lire Le savais-tu?) : L origine du mot tulipe vient du mot persan «dulband» ou du mot turc «tülbend» = turban. Cela est dû au fait que la fleur ressemble à un turban. D ailleurs, les hommes ottomans avaient pour habitude d insérer une tulipe dans les plis de leurs turbans. La tulipe est originaire d Asie Centrale et de Perse, territoire dominé par l Empire ottoman au 15 e siècle. On utilisait la tulipe pour le décor des jardins des palais (exemple : motif décoratif sur les murs du palais de Topkapı). Soliman le magnifique (16 e siècle) se spécialise dans la culture de la tulipe et va même créer de nouvelles espèces. Certaines espèces très rares vont faire monter les enchères et obliger le sultan à légiférer pour qu un contrôle sur la spéculation soit appliqué. Des marchands hollandais se lancent dans le commerce des oignons de tulipe dès le 16 e siècle, 21

22 et, progressivement, négocient à prix d or ces beautés venues d Orient. Au cours du 17 e siècle, se développe en Hollande une véritable «tulipomanie» (= engouement pour la tulipe) qui a entrainé de véritables spéculations sur les oignons de tulipes. La tulipe devient le symbole de la ville de Constantinople, et, aujourd hui, d Istanbul. DIA n 67 : Exemples d utilisation de la tulipe sur différents logos de la ville d Istanbul. Quand l écriture devient art DIA n 68 à 73 : Exemples de calligraphies + Fiche élèves > But : L objectif est de donner aux élèves un aperçu de l art de la calligraphie. Il faudra veiller à bien définir le terme calligraphie (Dia n 69) et montrer qu il s agit d une pratique qui se développe dans différentes civilisations partout dans le monde (exercice). L exercice proposé est un exercice d observation. Il faut d abord associer les calligraphies à une civilisation ou culture. Dia n 70 = réponses. Ensuite associer les types de calligraphies aux différents outils (Dia n 71 à 73). Remarque : Si le pinceau à lavis est typique de la calligraphie chinoise, les arabes l ont également utilisé. De même que le calame n est pas seulement utilisé dans la calligraphie arabe, mais aussi dans la calligraphie chinoise. Propositions de questionnement (fiche élève): Q. Pouvez-vous décrire l aspect formel de ces différentes écritures? Quels sont les éléments qui vous permettent d identifier l origine géographique de ces documents? R. 1. Organisation linéaire où dominent les verticales, des blocs séparés, les mêmes lettres reviennent souvent. On reconnait quelques lettres, on suppose du latin, on lit de gauche à droite. 2. Graphisme complexe où se superposent des éléments, les courbes dominent, des petites indications sont ajoutées. On devine de l arabe qui se lit de droite à gauche. 3. Des blocs indépendants, aux formes très variées, qui sont nettement séparés les uns des autres à distances égales verticalement et horizontalement. Cela évoque l écriture chinoise qui utilise des sinogrammes. Q. Avez-vous déjà pu observer ces différents styles d écriture dans votre quotidien? Si oui, précisez où et dans quel contexte. 22

23 L outil influence-t-il le rendu formel de l écriture? Décris-en les caractéristiques. DIA n 74 à 90 : la calligraphie dans le monde islamique > But : L exercice est conçu afin d aborder plusieurs aspects incontournables de la calligraphie arabe. Faire lire l encadré Le savais-tu? afin d aider les élèves à répondre aux questions qui font l objet de ce «Vrai ou faux». Les réponses sont sur les dias. Une série de questions sont proposées. L élève entoure le Vrai ou Faux. Ces deux images sont des portraits : Vrai (Dia n 74 et 75) Proposition de questionnement supplémentaire : Q. La religion catholique et la religion islamique ont-elles le même rapport à l image? Q. Pourquoi les fidèles ont-ils le besoin de créer des images du Prophète ou du Christ? Informations supplémentaires : La question du portrait dans la religion catholique et dans la religion islamique est totalement différente. La religion catholique a rapidement produit des images du Christ. Certaines reliques, comme le «saint suaire de Turin» ou l épisode du voile de Véronique dans le nouveau testament, ont participé à cette tradition qui consiste à représenter le visage du Christ. Cet engouement témoigne du besoin pour les fidèles d avoir un support visuel pour entrer en contact avec leur Dieu et d adopter plus facilement une attitude de prière. Dans la religion islamique, le visage du Prophète est peu représenté. Cela vient du fait que, dès ses débuts, l islam met de côté l image figurative dans le domaine religieux. Le prophète symbolisé par sa sandale (cf. dia n 76) est une autre illustration qui permet d appuyer ces propos et permet également de montrer les alternatives trouvées par les musulmans afin d avoir également des images à vénérer. La lettre est le premier matériau de l artiste arabe : Vrai (cf. dia 77 et 78) Proposition de questionnement supplémentaire : Q. Pourquoi l écriture arabe a-t-elle un caractère sacré? Q. Savez-vous comment le prophète Muhammad a reçu la parole divine et en quelle langue? Informations supplémentaires: Il faut insister sur l importance de l écriture pour les musulmans. L écriture est considérée 23

24 comme sacrée car d après l enseignement de l Islam, le Coran a été transmis au prophète Muhammad en langue arabe par l archange Gabriel, d où son statut de langue divine. Ceci explique pourquoi l écriture arabe a toujours conservé une place importante dans la culture musulmane. En guise de comparaison, notez que, chez les chrétiens le Verbe s est fait homme (le Christ) et que chez les musulmans le Verbe s est fait écriture (le Coran), d où sa grande importance dans la religion islamique. La calligraphie dans la tradition islamique est un art qui se rapporte uniquement à des textes religieux : Faux (cf. dia 79 à 80) Proposition de questionnement supplémentaire : Q. Dans quels genres de manuscrits pouvait-on également rencontrer de la calligraphie arabe? Informations supplémentaires: Les arabes ont développé une culture scientifique incroyable. On rencontre notamment de la calligraphie arabe dans des manuscrits de botanique du 12 e siècle (cf. dia 81), de médecine ou dans des traités d horlogerie du 16 e siècle (cf. dia 82). La figuration est interdite dans tous les manuscrits arabes : Faux (cf. dia 83 à 84). Proposition de questionnement supplémentaire : Q. Avez-vous déjà pu observer des représentations du Prophète aujourd hui? Si oui, dans quel contexte? Informations supplémentaires: La figuration n est pas absente de tous les manuscrits arabes. On retrouve de nombreuses figures dans les manuscrits non religieux (cf. dia 85 et 86). Par ailleurs, la représentation du Prophète est souvent associée à un interdit même s il n est pas explicite dans le Coran. On trouve, dans certaines zones géographiques, des représentations du Prophète tout au long de l histoire de l art islamique. Le visage du Prophète est figuré, notamment dans des manuscrits du 16 e et du 15 e siècle (cf. dia 87 et 88). Progressivement, les représentations de Muhammad se feront plus rares. On mettra un voile devant son visage pour le cacher. Dans notre société actuelle, les représentations du Prophète sont devenues interdites et un sujet encore plus délicat et douloureux depuis les attentats contre Charlie Hebdo à Paris (janvier 2015). S il y a tant d hostilité quant à cette question, cela vient certainement du fait 24

25 que les représentations publiées sont souvent des caricatures qui tournent en dérision une tradition longue et solidement établie. DIA n 89 et 90 + Fiche élève : Un des maîtres de l écriture naskhî. Paris, BnF. * Feuillet d un Coran. Sourate II, , 10 e siècle. * Parchemin, 24,5 x 17,7 cm. Paris, BnF. * Différents styles d écritures cursives. > But : Cet exercice vise à développer la capacité d observation des élèves. Il faut préciser que plusieurs styles de calligraphie vont se développer dès les premiers temps de l Islam. Faire lire les encadrés concernant les deux types de calligraphie. Relier aux images proposées. Proposition de questionnement supplémentaire : Q. Quelles sont les caractéristiques stylistiques de l écriture coufique? Q. Quelles sont les caractéristiques stylistiques de l écriture cursive? Q. Quelles différences avec notre écriture latine? L écriture dans l art moderne belge DIA n 91 à 94 : Christian DOTREMONT, Logogramme «Dans ma chambre», 1977, photogravure, 40 cm x 40 cm, Centre de la gravure, La Louvière. Informations à fournir aux élèves : Christian Dotremont est un artiste belge connu pour ses œuvres explorant l écriture sous une forme originale qu il appelle : «logogrammes». Questionnement : Q : Dia 91 : Cette œuvre d art se rapproche-t-elle plus de la calligraphie arabe ou de l écriture latine (la nôtre)? R : Evoque plus la calligraphie arabe. Dia 92 : En effet, on le croirait mais c est en réalité de la calligraphie latine. Christian Dotremont peint en réalité des poèmes en utilisant l alphabet latin. Le texte est peint en «logogramme» et ensuite le même texte est réécrit en écriture normale (petit texte en dessous). Q : À votre avis, à quelle partie de l œuvre l artiste souhaite-t-il que le spectateur soit surtout sensible? À quoi le voyez-vous? 25

26 Informations supplémentaires à fournir aux élèves : Christian Dotremont est un artiste belge connu pour la création d une écriture considérée comme une œuvre d art à part entière. Cet artiste peintre né à Tervuren en 1922 est co-fondateur du mouvement CoBrA ( ), qui s était formé en réaction à la querelle entre l art abstrait et l art figuratif. Dans cette optique, Dotremont développe ses fameux logogrammes qui sont des «graphismes» tracés à l encre de chine sur une feuille blanche. Il s agit d une écriture très inventive, originale et tout à fait personnelle, qui met en forme de courts textes poétiques dans une démarche qui lie intimement écriture et peinture. Ces graphismes sont presque impossibles à déchiffrer, aussi l artiste réécrit chaque fois, au bas de l œuvre, le texte du poème en écriture aisément «lisible». En comparant la partie «logogramme» (fort voyante) et le texte écrit lisible (fort discret) on arrive à associer le texte au logogramme. Cependant, C. Dotremont souhaite que le spectateur soit surtout sensible à l esthétique du logogramme, aux arabesques inhabituelles dans l écriture latine. Ainsi, le spectateur est invité à observer le logogramme et, ensuite, à lire le texte : l écriture est d abord vue et observée en tant que formes «abstraites», avant d être lue, ce qui est contraire aux habitudes de lecture. L aspect formel des logogrammes a souvent été rattaché à la calligraphie chinoise, certainement par le fait qu il utilise un pinceau à calligraphie, mais on peut également rattacher cette écriture inventive à la calligraphie arabe. En effet, beaucoup d œuvres de Dotremont donnent l illusion à une personne ne connaissant pas les logogrammes qu il s agit là de calligraphie arabe. L art islamique t intéresse? DIA n 95 et 96 : Captures d écran du site du Jameel Prize et A. Amighi (lauréat 2009). Cet encadré, qui peut être lu après la présentation de Christian Dotremont, vise à informer les élèves sur un évènement actuel. Le Jameel Prize est un concours organisé à Londres par le Victoria and Albert Museum. Il récompense les artistes contemporains s inspirant de la culture islamique. Cette initiative est née en juillet 2006 et témoigne de l intérêt du Victoria and Albert Museum pour l art islamique. Ce musée londonien des arts décoratifs possède une grande collection liée à la culture arabe et entend promouvoir l art et le design inspirés de la tradition islamique. Le site du Victoria and Albert Museum présente de manière complète le Jameel Prize à cette adresse : Montrer le site, si le temps le permet et si vous disposez d une connexion en classe. Proposition de questionnement supplémentaire : Q. Connaissez-vous un concours qui a pour but de promouvoir l art contemporain belge? Exemple : Le site de l Art Contest créé en Il s agit d un concours annuel d art contemporain 26

27 de référence pour les jeunes artistes belges ou résidant en Belgique (35 ans maximum), parrainé par Hans Op de Beeck et soutenu par la Fondation Boghossian : Proposition d une activité créative - À vos plumes! DIA n 97 : Signature officielle de Soliman le Magnifique Les élèves sont invités à tester l art de la calligraphie, par eux-mêmes, en s inspirant de la célèbre signature de Soliman le Magnifique, l un des plus illustres sultans de la dynastie ottomane. Les consignes sont simples et présentées sur la fiche pédagogique et la dia n 98. Il faudra veiller à préparer le matériel à l avance en prévoyant : * Des plumes à bout large (ou des bâtons à brochettes biseautés par vos soins), * De l encre de chine, * Du papier (plus ou moins rigide). 27

28 Orientations bibliographiques et webographiques Livres * Guide du musée des civilisations anatoliennes, Ankara. * S.BIORET, La Turquie des enfants, Paris, * H. BOZARSLAN, Histoire de la Turquie : De l Empire à nos jours, Paris, * T.VELMANS, L art byzantin, Paris, Sites Internet : * * * * * * * archeologie%20239%20- %20Xanthos/ * * geneve.ch/fileadmin/user_upload/ariana/documents/publics/dossier_ pedagogique_terre_isl am_ _web.pdf À propos des écritures : * Dossier : L aventure des écritures - Site de la Bibliothèque nationale de France * Dossier : Enluminures en Islam - Site de la Bibliothèque nationale de France * De l information concernant le caractère sacré de l écriture peut être trouvée à cette adresse * Dossier : L art du livre arabe - Site de la Bibliothèque nationale de France * D autres sites intéressants sur Christian Dotremont et son rapport à l écriture arabe peuvent être consultés à ces adresses : ethttp:// html * Film «Dotremont-les-logogrammes» disponible au Fonds Henri Storck à Bruxelles : dotremont-les-logogrammes/ * Le site du Victoria and Albert Museum présente de manière complète le Jameel Prize à cette adresse : 28