Analyse des contraintes technicoéconomiques de la production biologique en horticulture ornementale au Québec

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1 Analyse des contraintes technicoéconomiques de la production biologique en horticulture ornementale au Québec Rapport final Étude réalisée pour le compte du ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation du Québec (MAPAQ) 23 décembre 2010

2 REMERCIEMENTS Cette étude a été réalisée grâce à une aide financière du ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation du Québec. L IQDHO a été heureux de participer à ce projet et nous tenons à remercier les personnes et organismes des filières biologique et de l horticulture ornementale qui ont tous répondu favorablement à nos demandes de rencontres et de collectes d informations. Nous tenions à remercier particulièrement M. Alain Rioux de la Filière Biologique du Québec, Mme Julie Bergeron de Québec Vrai, M. Nicolas Turgeon du MAPAQ, Mme Nathalie Deschênes de la Table filière de l'horticulture ornementale du Québec, Mme Marie-Françoise Petitjean de MPS France et Mme Bettina Billmann du FiBL Suisse pour leur contribution particulière à ce projet. La liste complète des participants à l étude se trouve à la fin du présent document. Équipe de projet de l IQDHO Yohan Girault, Chargé de projet Marie-Claude Limoges, directrice générale Michel Delorme, Conseiller en serriculture Caroline Martineau, Conseillère en agro environnement Mario Comtois, Conseiller en pépinière Brigitte Mongeau, Conseillère en jardinerie Jocelyne Lessard, Conseillère en serriculture Sylvie Rivest, Secrétariat et Soutien informatique

3 Table des matières Liste des tableaux... ii Liste des schémas... iii Introduction... 1 Chapitre 1 État actuel de l agriculture et de la production ornementale dans le monde L agriculture biologique dans le monde en quelques chiffres La production ornementale biologique dans le monde L agriculture biologique au Québec Portrait de la production ornementale au Québec... 9 Chapitre 2 La production La production biologique : les principes de base Les contraintes liées à l encadrement légal Les autres certifications environnementales La transition en agriculture biologique Les intrants disponibles au Québec La production en serre La production en pépinières La production de gazon en plaques La jardinerie Chapitre 3 Analyse économique Revue de littérature Estimation des coûts de production en culture ornementale biologique au Québec Chapitre 4 Le marché des plantes ornementales biologiques Chapitre 5 La production biologique et l environnement Conclusion Annexes Annexe Annexe Annexe Bibliographie Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page i

4 Liste des tableaux Tableau 1 : Répartition des fermes biologiques au Québec... 8 Tableau 2 : Principales certifications de bonnes pratiques environnementales et/ou sociales Tableau 3 : Réponses des producteurs de l industrie «verte» sur les pratiques de production durables actuelles et futures Tableau 4 : Composition des substrats biologiques des Tourbières Berger Tableau 5 : Composition de plusieurs algues disponibles sur le marché Tableau 6 : Exemples de fertilisants liquides pour les transplants Tableau 7 : Régulateurs de croissance autorisés en culture biologique Tableau 8 : Principaux ravageurs et produits suggérés en pépinière Tableau 9 : Sondage sur la principale raison estimée par les producteurs des surcoûts de la production bio ornementale par rapport à la conventionnelle Tableau 10 : Alternatives aux produits chimiques pour le contrôle des adventices en production en conteneurs Tableau 11 : Critères techniques Tableau 12 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts d une production d annuelles au Québec en conventionnel et biologique Tableau 13 : Calendrier de production Tableau 14 : Critères techniques Tableau 15 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts d une production d arbustes en pot au Québec en conventionnel et biologique Tableau 16 : Critères techniques Tableau 17 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts d une production de cèdres en champs au Québec en conventionnel et biologique Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page ii

5 Liste des schémas Schéma 1 : Organismes de l'agriculture biologique au Québec... 7 Schéma 2 : Répartition régionale des superficies en floriculture, pépinière et gazonnière... 9 Schéma 3 : Répartition des recettes de l horticulture ornementale, Québec, Schéma 4 : Répartition des cultures sous serres en horticulture ornementale, Québec, Schéma 5 : Répartition des cultures en conteneurs, Québec, Schéma 6 : Répartition des cultures en champ en horticulture ornementale, Québec, Schéma 7 : Adhérents MPS français par production principale Schéma 8 : Articulation des certifications MPS du producteur au consommateur Schéma 9 : Nombre d acres, tiges et pots cumulés certifiés Veriflora Schéma 10 : Étapes de la certification «Sans résidus de pesticides» Schéma 11 : Les contraintes à la transition en production ornementale biologique Schéma 12 : Choix des semences, plants et autre matériel végétal pour la production bio Schéma 13 : Choix de la matière organique selon les normes biologiques du Québec Schéma 14 : Tagetes fertilisés Schéma 15 : Géraniums fertilisés Schéma 16 : Poinsettias fertilisés Schéma 17 : Logigramme destiné aux détaillants pour la revente d aliments certifiés bio Schéma 18 : Impact économique théorique de la transition en agriculture bio sur 5 ans Schéma 19 : Évolution du coût de la lutte phytosanitaire selon le nombre d interventions Schéma 20 : Les valeurs des jeunes consommateurs Schéma 21 : Consommation de Lantana New Gold produits de façon bio et conventionnelle. 124 Schéma 22 : Critère jugé le plus important lors de l achat de produits ou de services Schéma 23 : Pourcentage des gens enclins à payer plus cher pour un produit écologique Schéma 24 : Impact environnemental de l agriculture bio et de l agriculture conventionnelle Schéma 25 : Émissions de CO2 de cultures sous serres de fleurs coupées et en pot Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page iii

6 Introduction La production de plantes d ornement constitue un secteur important de l économie québécoise. En 2009, plus de mille entreprises généraient des retombées économiques globales de plus de 3 milliards $. Ce marché au Canada est nettement en croissance. Depuis 10 ans, l Ontario et la Colombie-Britannique ont doublé leur superficie en serre. Cependant la capacité de production au Québec est demeurée stable. Le développement de nouveaux créneaux ici et la conservation de nos parts de marché seraient donc souhaitables. Nous observons que les tendances du marché sont de plus en plus initiées par les grandes surfaces (Home Depot, Wal-Mart), d abord aux États- Unis, puis au Canada. La demande pour des produits ornementaux plus écologiques est en croissance aux États-Unis. En 2007, Wal-Mart annoncait son virage «vert» et lançait officiellement un appel aux producteurs horticoles pour se préparer à la demande grandissante de plantes ornementales écologiques ou biologiques. Des plantes ornementales biologiques? Voila une expression qui suscite l interrogation, voire la curiosité mais qui ne sonne pas vraiment juste au premier abord. Comment cette certification qui concerne avant tout les aliments peut-elle s accorder avec des plantes d ornement auprès des consommateurs? En fait, dans notre contexte de crise écologique planétaire, l engouement de ces dernières années pour les aliments biologiques est tel que la demande pour le bio s étend aujourd hui à d autres types de produits aussi peu comestibles que le textile et la lessive. Alors disons, pourquoi pas des plantes ornementales biologiques? En fait, malgré qu il ne représente encore que quelques pourcents de l agriculture, le bio est partout dans les médias et tout le monde veut du bio. À commencer par les gouvernements de tous les pays industrialisés qui affichent aujourd hui sans complexe des objectifs très ambitieux pour le développement de cette production. Le gouvernement Charest vient ainsi d annoncer qu il souhaite augmenter de 50 % le nombre d entreprises biologiques dans les quatre prochaines années. Dans ce contexte, la législation qui encadre cette production est en pleine restructuration dans les différents pays avec des programmes d harmonisation lancés rapidement pour favoriser le commerce international d un secteur en pleine explosion et le Québec n y échappe pas. Pour l instant, peu de producteurs québécois seraient en mesure de répondre à une demande en plantes ornementales biologiques. Si les produits ornementaux qui répondent aux exigences de Wal-Mart se retrouvent sur les tablettes du Québec, ce sera donc nécessairement des produits d importation! Dans cette optique, nous proposons de dresser le portrait des contraintes technico-économiques auxquelles font face les producteurs qui veulent adopter une production biologique de plantes d ornement. L objectif général de ce rapport est de déterminer les aspects de la production biologique qui représentent des obstacles à la mise en place et à l application de la production biologique pour les producteurs de plantes d ornement du Québec, principalement en serre et en pépinière, mais également pour la production de gazon en plaques et en jardinerie. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 1

7 Au niveau de la méthodologie utilisée pour atteindre cet objectif, nous nous sommes basés sur une revue de littérature mondiale, de nombreuses communications et rencontres avec des experts, des producteurs et les principaux intervenants de la filière biologique québécoise ainsi que sur l expertise personnelle de l ensemble de nos conseillers. Le document s adresse à un panel assez large de personnes en commençant par les instances gouvernementales, mais également les intervenants du secteur interessés au développement commercial ainsi que les producteurs et les conseillers techniques qui souhaiteraient en connaître davantage sur ce type de production. Le document présentera en premier lieu l état de la situation des plantes ornementales biologiques dans le monde ainsi qu une présentation du secteur biologique et du secteur ornemental au Québec. Une partie sera consacrée à la description des autres certifications environnementales existantes. Ensuite, nous traiterons des différentes contraintes au niveau idéologique, législatif et technique pour les différentes productions ornementales pré-citées. Une analyse économique suivra avec notamment l établissement de trois budgets prévisionnels d exploitation. Finalement, nous aborderons brièvement les thèmes de la commercialisation et de l environnement par rapport aux produits biologiques en sachant que les limites de cette étude se situent aux contraintes technico-économiques. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 2

8 Chapitre 1 État actuel de l agriculture et de la production ornementale dans le monde 1.1 L agriculture biologique dans le monde en quelques chiffres «L agriculture biologique est un secteur très dynamique avec un taux de croissance de l ordre de 15 % par année, alors que le secteur de l alimentation en général stagne depuis plusieurs années avec un taux de croissance inférieur à 2 %. Sur le plan mondial, les ventes au détail ont atteint 38 milliards de dollars en 2006, ce qui représente environ 2 % du commerce de détail. Il est estimé que ces ventes représenteront 70 milliards de dollars en Au Canada, les ventes de produits biologiques représentent également 2 % du commerce de détail» (Brault, 2009). En Europe en 2006, selon la FAO, environ 4 % de la surface agricole utilisée était consacrée à l agriculture biologique avec une très grande variation selon les pays tandis qu elle était de 2 % dans le monde, 0,9 % pour le Canada et 0,5 % pour les USA. Cela représente 1,6 % des exploitations agricoles européennes, 1,5 % des canadiennes et moins de 1 % des fermes américaines. Cependant les chiffres varient beaucoup d une année à l autre étant donné la croissance dynamique des ventes depuis une dizaine d années et des incitatifs importants de certains gouvernements pour aider les fermes à se convertir au bio. 1.2 La production ornementale biologique dans le monde À l heure actuelle, la culture ornementale constitue une toute petite partie de la production biologique mais se développe dans quelques régions. Dans les pays où l horticulture ornementale biologique est la plus développée comme en Suisse et en Allemagne, on compte en 2008 environ 1 % des producteurs du secteur ornemental cultivant sous le mode biologique. (Billmann, 2008) Ainsi la surface de production allemande est passée de 115 ha à 175 ha de 2004 à 2006 (soit une hausse de 52 %) (Billmann, 2008) et la production aux USA a connu une augmentation de 83 % dans le même temps en totalisant 1350 ha en 2005 (Burnett et Stack, 2009). Cela représente en 2005, 0,08 % de la surface agricole biologique US et 0,02 % de cette surface en Allemagne. Dans l ensemble ces entreprises sont de petite taille et produisent également des plants de légumes et de fines herbes. Leur commercialisation se fait via la vente directe, les marchés locaux et les magasins spécialisés. Plus récemment, des productions à grande échelle ont vu le jour, notamment dans le secteur de la fleur coupée en proposant des bouquets biologiques dans les supermarchés et via Internet. Les cosmétiques et les produits médicinaux constituent également un gros débouché pour les fleurs cultivées sous le mode biologique. Les producteurs actuels de plantes ornementales biologiques sont encore des précurseurs et ont très majoritairement adopté ce mode de production par conviction personnelle. Les avancées techniques dans le domaine viennent souvent d ailleurs de leurs essais-erreurs sur leur propre ferme (Billmann, 2008). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 3

9 Allemagne et Suisse En 2008, environ 160 entreprises en Allemagne et 50 en Suisse produisaient sous mode biologique. La plupart de ces entreprises ont été fondées dans les vingt dernières années et dès 1996, les producteurs suisses se sont organisés sous l association «Schweizer Biogärtnereien» (Pépinières biologiques suisses) (Billmann, 2008). En 2006, un regroupement de producteurs allemands associés à des centres d expertise et des fournisseurs s est constitué pour faire des essais de production et de commercialisation de plantes ornementales biologiques (Kempkens K., Billmann B., 2009). Tous les types de productions sont représentées : annuelles, vivaces et plantes ligneuses. Malgré tout, Mme Billmann, conseillère en horticulture ornementale biologique au FIBL en Suisse, considère que le développement du secteur est assez lent, qu il n y a encore que peu de conseils et de recherches dans ce domaine, et qu il est encore très difficile de lancer véritablement la spirale de l offre et de la demande. Pour ces raisons, les productions ont souvent un problème de rentabilité en étant confrontées à des surcoûts de production et à l absence de valeur ajoutée à la vente (Billmann et al., 2003). Pays-Bas En 1999, Florganic a été fondé pour organiser la vente de bulbes et de fleurs coupées biologiques à la grande distribution, aux fleuristes, aux grossistes et aux magasins d aliments naturels. En 2004, le projet Bioflora naquit pour promouvoir la vente des plantes ornementales biologiques. Dans le même temps, le grossiste Florient Express commença à vendre des bouquets bio via Internet dont un des plus gros acheteurs est la compagnie pétrolière Shell qui revend les bouquets dans ses stations essences. Les bulbes biologiques vendus aux Pays-Bas sont produits par l association Biobol constituée de 15 producteurs allemands (Billmann, 2008). États-Unis En 2008, le sondage sur la production biologique aux États-Unis comptait 674 producteurs de fleurs et plantes annuelles (incluant les plants de légumes et aromatiques) et 300 producteurs de pépinière (USDA, 2008). Jusqu à présent la production biologique de fleurs et d aromatiques s est surtout écoulée via des marchés locaux, spécialisés, Internet et les paniers ASC (Agriculture Soutenue par la Communauté) (Burnett et Stack, 2009). En 2001, l entreprise californienne Organic Bouquet a été fondée pour développer le marché de la fleur coupée biologique distribuée via Internet, la grande distribution et les magasins spécialisés. En 2004, l entreprise a étendu la gamme avec des fleurs certifiées VeriFlora en provenance de l Équateur et de la Colombie. En 2007, l entreprise prévoyait la vente de plus de 25 millions de tiges comparativement aux 6 millions de tiges écoulées en 2005 et anticipait des ventes de plus de 100 millions de dollars pour les fleurs produites écologiquement (incluant le bio) sur le territoire américain en 2012 (Billmann, 2008). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 4

10 Québec «Au Québec, le marché des plantes ornementales certifiées biologiques est presque inexistant avec une poignée d entreprise seulement inscrites au Répertoire des produits biologiques certifiés du Québec» (Delorme, 2007). Parmi ces producteurs, deux entreprises produisent uniquement des semences de légumes et de fleurs (La société des plantes à Kamouraska et Les jardins de L Écoumène à St-Damien). En Montérégie, un organisme de réinsertion sociale (Les jardins de la terre) produit sous un tunnel des plantes ornementales, des fines herbes et des légumes. La plante ornementale biologique est vendue par le producteur comme un «produit écologique». Les marchés choisis par cette ferme sont la vente directe, les éco-marchés, les magasins d aliments naturels et les marchés publics. La vente via Internet est également prévue dès En Outaouais, une petite ferme agrotouristique (Belle Terre Botanic Garden & Arboretum) produit une grande diversité de plantes ornementales et médicinales, de légumes et de fines herbes biologiques essentiellement pour la vente directe. Enfin en Estrie, M. Charrest propriétaire de l entreprise Éco-l eau mission, produit une petite surface de plantes de pépinière en contenants certifiés biologiques depuis une dizaine d années. L entreprise a également une mission d éducation et de recherche principalement en écologie appliquée et produit des bleuets biologiques. Les plants de pépinières sont des espèces indigènes d arbres, arbustes et vivaces diversifiées et destinées à revitaliser les bords de cours d eau en milieu naturel (la liste est disponible sur le site L écoulement de la marchandise se fait exclusivement par la vente directe à la ferme. 1.3 L agriculture biologique au Québec Encadrement réglementaire au Québec «Le Québec peut s enorgueillir d être la seule province au Canada à avoir une loi qui protège l appellation biologique. Cette loi a été adoptée en 1996 après plusieurs années de travail avec les autorités du ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation (MAPAQ). L appellation biologique a été réservée dans le cadre de cette loi le 1er février L usage du terme «biologique», au même titre que les termes «organique, écologique, biodynamique», tout comme leurs diminutifs apparentés (éco, bio), est désormais régi par des règles strictes au chapitre de la certification des produits, de leur emballage et de leur étiquetage. Tout produit récolté ou transformé au Québec en vue d être vendu comme biologique et étiqueté comme tel doit être certifié par un organisme de certification accrédité par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV). Cet organisme est mandaté par le ministre de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation pour contrôler et surveiller l utilisation de l appellation biologique au Québec. Dans le cadre de son mandat, le CARTV accrédite les organismes de certification œuvrant au Québec. Actuellement, six organismes de certification sont accrédités par le CARTV et certifient les entreprises sur le territoire québécois. En outre, le CARTV accomplit plusieurs autres fonctions comme gérer les normes biologiques de référence du Québec, s assurer que les produits importés commercialisés au Québec sont compatibles avec le système de certification en place au Québec, surveiller l utilisation de l appellation biologique par des inspections et la gestion des Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 5

11 plaintes, faire reconnaître notre système de certification par les autres pays. Le CARTV a également participé aux travaux visant à mettre en place une réglementation biologique canadienne ( )» (Brault, 2009) Les organismes du secteur biologique au Québec Les différents organismes qui encadrent le secteur biologique et leur rôle respectif sont présentés dans la carte conceptuelle suivante. Le document de Danielle Brault (2009) «Entrez dans le monde bio!» donne également un très bon aperçu du secteur. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 6

12 Schéma 1 : Organismes de l'agriculture biologique au Québec Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 7

13 État de la situation «Le nombre d entreprises certifiées au Québec augmente à chaque année, et ce, dans les mêmes proportions sauf la production laitière qui a connu une forte hausse entre 2005 et 2008». Tableau 1 : Répartition des fermes biologiques au Québec Acériculture 40 % 35 % Légumes, petits fruits, serres et plantes médicinales 27 % 28 % Grandes cultures 16 % 17 % Lait 8 % 11 % Viande 9 % 9 % Selon Danielle Brault (2009), l agriculture biologique a de belles opportunités mais également plusieurs défis à relever dont les plus importants se situent au niveau de la mise en marché, du développement de la transformation des aliments, des besoins en recherche et en servicesconseils adaptés. Selon l auteur : «Le secteur biologique semble aujourd hui à la croisée des chemins : la demande globale est croissante et les perspectives sont toutes aussi positives, mais l offre québécoise de produits biologiques doit se développer pour permettre d y répondre. Afin que le secteur biologique québécois puisse saisir tout le potentiel de développement qui s offre à lui, il est essentiel que des nouvelles organisations adhèrent au secteur pour contribuer à sa progression. Un nouveau souffle doit être donné à l agriculture biologique québécoise et les entreprises comptent sur des professionnels comme les agronomes pour les accompagner dans la nouvelle phase d une aventure fort inspirante». Pour répondre à cet appel, des aides gouvernementales ont été décidées à travers le «Plan d action pour le secteur biologique» en Ce plan s articule autour de trois grandes orientations : Créer un environnement d affaires favorable à la croissance du secteur biologique; Appuyer le développement des secteurs de la production et de la transformation de produits biologiques; Appuyer la commercialisation des produits biologiques au Québec et à l extérieur de la province» (MAPAQ, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 8

14 1.4 Portrait de la production ornementale au Québec Quelques chiffres clés L horticulture ornementale au Québec regroupe quatre principaux secteurs, soit la floriculture, la pépinière, les gazonnières et les arbres de Noël réparties dans la province selon le graphique suivant (Collin, 2006) : Schéma 2 : Répartition régionale des superficies déclarées en floriculture, pépinière et gazonnière Le profil sectoriel de l industrie horticole au Québec (2009) produit conjointement par le ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation du Québec et l Institut de la statistique du Québec donne un portrait du secteur à travers les quatre graphiques suivants : Schéma 3 : Répartition des recettes en provenance de l horticulture ornementale, Québec, 2008 Schéma 4 : Répartition des cultures sous serres en horticulture ornementale, Québec, 2008 Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 9

15 Schéma 5 : Répartition des cultures en conteneurs en horticulture ornementale, Québec, 2008 Schéma 6 : Répartition des cultures en champ en horticulture ornementale, Québec, 2008 «Entre 2002 et 2007, les 515 pépinières québécoises ont atteint un taux de croissance de + 11,4 % et généré des recettes monétaires de 82 millions $. Durant la même période, les 87 gazonnières québécoises ont connu un taux de croissance de + 7,2 % et des recettes monétaires de 27 millions $. Concernant les 760 entreprises de production en serre de plantes ornementales, en 2007, elles affichaient des recettes monétaires de l ordre de 155 millions $. De plus, si l on ajoute à ces chiffres les 353 producteurs d arbres de Noël québécois, on estime à le nombre d exploitations œuvrant dans la production horticole ornementale au Québec. Ainsi, les entreprises québécoises de production en horticulture ornementale couvrent une superficie évaluée à ha ( acres)». «L horticulture ornementale au Québec génère des retombées économiques directes de 1,5 milliard $ et de emplois. Les retombées économiques globales (directes et indirectes) sont de 3,09 milliards $ et de emplois». «Entre 2002 et 2006, la rentabilité des entreprises horticoles du Québec était l une des plus élevées au Canada. Elle était en moyenne de 10,7 %, alors que la moyenne canadienne était de 9,5 %. Toutefois, en 2006, les producteurs québécois ont vu leur rentabilité baisser pour s établir à 7,8 %, alors que la moyenne canadienne s établissait à 9,62 %. Une hausse des coûts des intrants, conjuguée à une difficulté de répercuter ses coûts sur le prix de vente, serait à l origine de cette baisse. Consciente de cette problématique, la FIHOQ travaille actuellement en association avec le ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation du Québec (MAPAQ), la Table filière de l horticulture ornementale et d autres partenaires à valoriser la production horticole ornementale québécoise» (FIHOQ, 2009). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 10

16 «Près de 90 % de la production nationale est issue de l Ontario, de la Colombie-Britannique et du Québec. L abondance facilement observable des produits importés sur le marché québécois tend à confirmer le statut d importateur net de la province. Alors que les exportations de la Colombie- Britannique et de l Ontario ont augmenté en flèche dans les 15 dernières années, celles du Québec restent timides. Alors que la consommation est en croissance constante, les capacités de production du Québec sont stables depuis plus de 10 ans. Pour la même période, l Ontario et la Colombie-Britannique ont doublé leur superficie en serre» (IQDHO, 2007). De plus, selon HortiCompétences (Lamothe, 2010), «le secteur horticole fait face à de nombreux enjeux et défis au niveau de la main d œuvre, notamment : Le manque d étudiants dans les formations de base; Le manque de formation continue pour les travailleurs et dans les entreprises; La faible attractivité du secteur et des emplois; La difficulté à fidéliser les employés et à renouveler la main-d œuvre; Le manque de pratiques de gestion des ressources humaines dans les entreprises; et Le portrait environnemental de la production ornementale au Québec». «Mis à part le respect du Code de gestion des pesticides, de certains règlements municipaux et de certains autres règlements du ministère de l Environnement, les producteurs du secteur de l horticulture ornementale (autant les serriculteurs que les pépiniéristes) ont plusieurs obligations légales en ce qui concerne l environnement». «Depuis l arrivée du Règlement sur les explications agricoles (REA) en 2002, les producteurs agricoles, y compris des pépiniéristes produisant au champ et les gazonnières de 15 hectares et plus, doivent présenter au MDDEP, un Plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF) et un bilan phosphore. Ces entreprises ont donc entrepris le suivi des champs nécessaires à l exécution de ces documents, suivis ayant pour but d accroître leur performance environnementale (analyses de sol, registre d épandage des engrais, plan de culture, etc.) Cependant, cette tâche peut parfois se compliquer du fait que la réglementation, les formulaires et les documents n ont pas été conçus pour la production de végétaux d ornement» (Martineau, 2007). Quelques producteurs vont de l avant en matière de protection de l environnement en instaurant un programme de lutte intégrée en serres. Depuis quelques années, les conseillers de l IQDHO travaillent dur à développer une expertise dans ce domaine et transfèrent leurs connaissances à un nombre d entreprises de plus en plus grandissant. Le Club agroenvironnemental de l IQDHO regroupe depuis 2008 un regroupement de producteurs en lutte intégrée et biologique qui s échangent des informations en rapport à ce mode de production notamment au niveau phytosanitaire. Des essais de lutte intégrée en cultures extérieures contre les tétranyques en pépinière ont également été réalisés avec succès en , ce qui permet d étendre cette pratique dès cette année chez plusieurs producteurs. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 11

17 De plus, l IQDHO organise depuis trois ans des journées d information sur les méthodes de production biologique pour les producteurs de plantes ornementales qui sont passées de 30 à plus de 100 participants de 2006 à Des projets de recherche appliquée sont également effectués par l organisme depuis plusieurs années dans ce domaine concernant la lutte intégrée, les pots biodégradables, la réduction de consommation d énergie et la fertilisation organique. Un projet de développement de Trousse de démarrage en lutte intégrée a également été réalisé par l IQDHO de durant lequel six entreprises serricoles ont été suivies et accompagnées lors de leur première expérience en lutte intégrée. Les acteurs de la filière sont de plus en plus concernés par les enjeux environnementaux et l on voit apparaître de plus en plus d intrants écologiques de la part des fournisseurs comme des substrats biologiques de Fafard et frères Ltée. À titre d exemple, l entreprise Fernand Corbeil a pris les devants en matière de recyclage en lançant en 2009 le programme Solution Enviro-Pots de récupération des pots horticoles en plastique dans les jardineries et auprès des producteurs. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 12

18 Chapitre 2 La production 2.1 La production biologique : les principes de base Quelques définitions «L agriculture biologique québécoise hérite à la fois de la tradition française et états-unienne. Par ses liens étroits avec ces deux pays, elle récupère aussi bien leurs idéologies de base que leurs apports agronomiques. L agriculture biologique pratiquée en France, Suisse Romande et au Québec, régions francophones, est inspirée par les principes mis au point par le médecin microbiologiste Rush. Les techniques de base peuvent se résumer dans le principe de «nourrir le sol pour nourrir la plante». Ceci implique au niveau de la fertilisation de valoriser le fumier animal (compostage ou épandage du lisier), de même qu éviter les engrais directement solubles et se minéralisant trop vite. On se sert de la flore et de la faune du sol pour contribuer aux cycles minéraux. Des amendements organiques tels que composts du commerce, des déchets d abattoir, algues, guanos, fumure minérale sont couramment employés. Le choix des cultures se réalise en fonction de rotation de 5 à 11 ans, utilisant comme tête de rotation une prairie temporaire à flore variée de manière à encourager la régénération des sols. Une extrême importance est accordée au travail du sol, ce qui se traduit par des labours légers, la limitation du passage avec machinerie lourde; dans les fermes céréalières on sème des engrais verts constitués par des légumineuses, des crucifères et des graminées. La lutte contre les parasites est avant tout préventive; l instauration des conditions optimales pour les plantes contribuant en grande partie à assurer leur bonne santé; la même logique est appliquée à la garde des animaux. On privilégie la lutte biologique, on conseille les substances ne portant pas atteinte à la santé humaine et à faible rémanence. Les substances produites par des procédés de synthèse chimique sont interdites. Des préparations à base de plantes, des fongicides à base de soufre et de cuivre sont souvent utilisés. La lutte contre les adventices est pratiquée par la prévention, soit par le biais des rotations, de faux semis ou du désherbage mécanique et thermique» (Serpa-Duran, 1991). Selon la FAO (2010): «L agriculture biologique est un système de gestion holistique de la production qui favorise la santé de l écosystème, y compris la biodiversité, les cycles biologiques et l activité biologique des sols. Les systèmes de production biologique reposent sur des normes spécifiques et précises de production dont l objectif est de réaliser les agrosystèmes les meilleurs possibles, qui demeureront durables sur le plan social, écologique et économique». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 13

19 L IFOAM (International Federation of Organic Agricultural Movements) distingue 4 grands principes (IFOAM, 2010): Le principe de santé: «L agriculture biologique devrait soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes, des animaux, des hommes et de la planète, comme étant une et indivisible». Le principe d écologie : «L agriculture biologique devrait être basée sur les cycles et les systèmes écologiques vivants, s accorder avec eux, les imiter et les aider à se maintenir». «Les intrants devraient être réduits par leur réutilisation, recyclage et une gestion efficiente des matériaux et de l énergie de façon à maintenir et à améliorer la qualité environnementale et préserver les ressources. L agriculture biologique devrait atteindre l équilibre écologique au travers de la conception des systèmes de cultures, de la mise en place des habitats et de la diversité génétique et agricole». Le principe d équité : «L agriculture biologique devrait se construire sur des relations qui assurent l équité par rapport à l environnement commun et aux opportunités de la vie. L équité est caractérisée par l intégrité, le respect mutuel, la justice et la bonne gestion d un monde partagé, aussi bien entre les personnes que dans leur relation avec les autres êtres vivants». Le principe de précaution : «L agriculture biologique devrait être conduite de manière prudente et responsable afin de protéger la santé et le bien-être des générations actuelles et futures ainsi que l environnement». Les principes des normes biologiques de référence nationale et provinciale Systèmes de production biologique : Principes généraux et normes de gestion - Office des normes générales du Canada (Gouvernement du Canada, 2006) : «II Principes généraux de la production biologique La production biologique est basée sur des pratiques qui prônent des saines pratiques de production. Ces principes ont pour but d accroître la qualité et la durabilité de l environnement par le biais de méthodes spécifiques de gestion et de production. Elles permettent également d assurer le traitement sans cruauté des animaux. Les principes généraux de production biologique sont les suivants : 1. Protéger l environnement, minimiser la dégradation et l érosion du sol, réduire la pollution, optimiser la productivité biologique et promouvoir un bon état de santé; 2. Maintenir la fertilité du sol à long terme en favorisant les conditions propices à son activité biologique; 3. Maintenir la diversité biologique à l intérieur de l écosystème; 4. Recycler les matériaux et les ressources le plus possible à l intérieur de l exploitation; 5. Soigner adéquatement les animaux d élevage de façon à promouvoir leur santé et à répondre à leurs besoins comportementaux; Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 14

20 6. Préparer les produits biologiques, en étant notamment attentif aux méthodes de transformation et de manipulation, afin de maintenir l intégrité biologique et les qualités essentielles du produit à tous les stades de la production; et 7. S appuyer sur des ressources renouvelables dans des systèmes agricoles organisés localement». Normes biologiques de référence du Québec Section 3 : Cahiers des charges relatifs à la production et à la préparation biologiques (CARTV, 2010) «1. Principes relatifs à la mise en place de systèmes de production biologique 1.1 La méthode d agriculture biologique Les produits dits «biologiques» ou désignés par des termes assimilables sont les produits de la «culture biologique». Celle-ci est une méthode d'agriculture fondée sur des pratiques d'aménagement et de gestion agricole visant à créer des écosystèmes propres à assurer une productivité soutenue, le contrôle des plantes adventices et des parasites grâce à une diversité de formes de vie interdépendantes, au recyclage des résidus végétaux et animaux, à la sélection et à la rotation des cultures, à la gestion des eaux. Selon cette méthode, la fertilité du sol est maintenue et améliorée par un système qui porte au maximum l'activité du sol, aussi bien pour procurer aux plantes et aux animaux les éléments nutritifs essentiels pour conserver les ressources du sol. On parvient à contrôler les insectes et les maladies en favorisant l'équilibre dans la relation hôte-prédateur et l'augmentation des populations d'insectes bénéfiques, et en effectuant des contrôles biologiques et de culture ainsi que l'élimination mécanique des organismes nuisibles ou des parties de plantes endommagées. La mise en place d un système de production biologique repose sur l application de normes spécifiques et précises de production, dont l'objectif est de réaliser les agrosystèmes les meilleurs possibles, qui demeureront durables sur le plan social, écologique et économique. Ce système de la gestion de production est conçu pour favoriser la santé de l'agrosystème, y compris la biodiversité, les cycles biologiques et l'activité biologique des sols. C est pourquoi l'entreprise agricole gère ses ressources de façon cyclique de façon à maintenir la fertilité des sols à long terme et à accroître l'activité biologique en augmentant le taux de matière organique dans le sol. Elle vise donc à restreindre les apports de l'extérieur, et à éviter l emploi d engrais et les pesticides chimiques». «4.1 Plan de production végétale biologique L'agriculture biologique sous-entend beaucoup plus qu'un concept de production avec une liste d'intrants acceptables et de matériaux proscrits : il s agit en réalité d un système de gestion, d une démarche qui s'appuie sur un équilibre naturel à long terme des ressources d'une entreprise agricole. L'augmentation de la teneur en matière organique et l'amélioration de sa qualité sont des gages de fertilité et d'équilibre qui se refléteront dans l'état de santé général de l'entreprise. Le plan de production agricole devrait normalement tendre vers une diminution d'intrants agricoles, même ceux qui sont considérés comme étant acceptables en production biologique». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 15

21 Synthèse pour la production végétale biologique L agriculture biologique est un système de gestion durable au niveau écologique, social et économique qui s'appuie sur un équilibre naturel à long terme des ressources d'une entreprise agricole. Les objectifs sont : Maintenir voire augmenter la fertilité des sols; Tendre vers une diminution des intrants agricoles; Protéger l environnement; Favoriser la santé des générations actuelles et futures; et Optimiser la productivité agricole. Les moyens sont : Augmenter la teneur en matière organique du sol; Recycler les matériaux et les ressources le plus possible; Composter les déchets organiques; Favoriser la diversité biologique; Favoriser les méthodes de lutte préventives : sélection, diversité et rotation des cultures; Effectuer un contrôle biologique ou mécanique des insectes et maladies; Éviter l emploi de pesticides et engrais chimiques; S appuyer sur des ressources renouvelables; et Effectuer une gestion efficiente et responsable de l eau. Problèmes soulevés La place de la production en pot Comme nous venons de le voir, l agriculture biologique considère la gestion de la fertilité du sol à la base de cette philosophie. Le dicton «nourrir le sol pour nourrir la plante» est d ailleurs souvent utilisé pour définir ce mode de production. La fertilité du sol doit être garantie par l activité biologique du sol grâce à la décomposition microbienne de la matière organique et non par l introduction de fertilisants solubles directement apportés aux racines des plantes. C est pourquoi les fertilisants trop solubles comme le nitrate du Chili et la pratique de l hydroponie sont interdits dans la plupart des normes biologiques dans le monde (sauf USA). Dans le cas de la production en pot, les théories concernant la construction d une structure du sol et d une vie biologique à long terme ne tiennent plus. D autre part, les pratiques caractéristiques du maintien de l équilibre de l agrosystème en mode biologique telles que la rotation des cultures et la culture d engrais verts sont également impossibles pour une culture hors-sol. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 16

22 Pour l instant la production biologique de légumes hors-sol est interdite au Québec car elle est considérée comme incompatible avec sa philosophie. Cependant le CARTV est en train d y réfléchir étant donné que celle-ci est autorisée dans les nouvelles normes du Canada et que cela pénaliserait finalement les producteurs québécois au niveau de leur compétitivité (Morin, 2010). Le comité des normes biologiques du Québec travaille actuellement sur ce dossier pour mieux encadrer la culture hors-sol maraîchère et émettre des restrictions particulières à ce mode de production. Pour ce qui est des plantes annuelles et vivaces ornementales, leur culture obligatoire en contenant ne semble donc pas vraiment coïncider avec les principes de base du bio et pourrait poser un problème d acceptation face aux puristes du secteur. La spécificité de certaines espèces La philosophie de l agriculture biologique se base sur le principe que les plantes poussent toutes dans la terre. Mais qu en est t-il des espèces épiphytes comme les orchidées et les broméliacées ou les aquatiques comme les nénuphars? Ces plantes se nourrissent dans leur milieu naturel à partir des minéraux présents dans l humidité de l air ou dans l eau. Au niveau de la production conventionnelle, les épiphytes sont cultivées sur un substrat léger à base d écorces qui leur sert essentiellement de support et sont arrosées d une solution fertilisante directement assimilable. Ce type de culture peut alors être facilement apparentée à de l hydroponie et ne pas être compatible avec la philosophie et les normes biologiques en vigueur actuellement. La difficulté de diminuer les intrants Dans une production en pot, le sol est exporté pour être vendu avec la plante entière. De plus, comme nous le verrons dans la partie sur la fertilisation, il est difficile de garantir une fertilité suffisante seulement avec du compost et sans ajout d engrais liquides au cours de la culture. Ceci est encore plus vrai pour les cultures vivaces. Dans ces circonstances, la culture biologique en contenant s apparente beaucoup à une production conventionnelle dont on a simplement remplacé les engrais chimiques par des produits organiques. Cette réalité se confronte au postulat selon lequel la production biologique se doit de tendre vers une diminution des intrants. Solutions envisagées Gagner la confiance des puristes en étant transparent et en montrant ce que le secteur peut apporter en termes de visibilité et d innovations environnementales. Proposer des dispositions spéciales à inclure dans les normes pour satisfaire aux réalités de l horticulture ornementale et de certaines espèces (voir partie sur la fertilisation). La production en contenant doit être clairement autorisée pour les plantes d ornement. Proposer d aller de l avant au niveau des recommandations à inscrire dans les normes pour des pratiques plus respectueuses de l environnement. Exemple : pots biodégradables, diminution de la consommation d énergie, etc. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 17

23 2.2 Les contraintes liées à l encadrement légal État de la situation L encadrement de l horticulture ornementale au Québec et au Canada L encadrement réglementaire de l agriculture biologique au Québec est présenté dans la partie Encadrement réglementaire au Québec. Les normes du Québec et du Canada sont très semblables au niveau de l encadrement des productions végétales. Les dispositions qui touchent la production ornementale concernent surtout celle sur les terreaux de croissance et sur la culture en serre dont plusieurs spécifications concernent les revêtements, le chauffage, l éclairage, les pratiques autorisées, la gestion des contenants et les méthodes de lutte phytosanitaire. Tous les points techniques des normes de référence du Québec en particulier la fertilisation, le contrôle des adventices et la lutte phytosanitaire seront analysés dans les parties techniques du rapport. Au fédéral, c est un règlement qui encadre le bio et non une loi. Ce règlement s applique à tous les produits agricoles y compris les plantes ornementales même si celles-ci ne sont jamais mentionnées spécifiquement. Cela signifie qu un producteur québécois désirant exporter ses plantes ornementales dans une autre province ou à l étranger devra obligatoirement être certifié selon les normes de références biologiques du Québec ou du Canada. L horticulture ornementale n est pas couverte par la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants du Québec car celle-ci concerne uniquement les produits alimentaires. Au Québec, il y a donc une faille dans la loi qui permettrait à quiconque de vendre une plante ornementale avec l appellation biologique sans être soumis aux Normes biologiques de référence du Québec, y compris un producteur situé à l extérieur de la province. Cependant, s il le désire, un producteur de plantes ornementales pourrait quand même être contrôlé et certifié par un organisme de certification accrédité par le CARTV pour autant qu il respecte le cahier des charges en vigueur. Processus d harmonisation en cours Les normes de références encadrant les méthodes de production biologique sont en cours d harmonisation entre le Québec et le Canada et devraient normalement aboutir sur une norme conjointe en juin Cependant, il faut comprendre que cette harmonisation ne prend pas en compte la nature des produits couverts par les lois et règlements, ce qui ne changera rien à la faille actuelle concernant les produits issus de l horticulture ornementale au Québec. Les négociations entre le Québec et le Canada en 2009 font en sorte que d ici juin 2011 les produits certifiés au Québec sont reconnus conformes à la réglementation fédérale. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 18

24 «Ces produits pourront ainsi être commercialisés sur le marché canadien et sur les marchés d exportation avec les mêmes avantages que les produits certifiés selon la norme canadienne. De plus, ils pourront porter le logo canadien» (FBQ, 2009). Pour ce qui est des États-Unis, une harmonisation des normes biologiques est déjà en vigueur avec le Canada depuis juin Un accord a été conclu comprenant deux exceptions concernant les productions végétales. Ainsi, les plantes ornementales certifiées biologiques aux U.S.A. peuvent être vendues actuellement partout au Canada à condition qu elles n aient pas été produites avec du nitrate du Chili (ou nitrate de sodium) et en hydroponie ou en aéroponie. Une harmonisation des normes est également prévue prochainement avec celles de l Europe qui sont entrées en vigueur en janvier En effet, celles-ci ont également connu une harmonisation entre les différents pays de l Union. L encadrement de la production ornementale dans les autres pays États-Unis : Le cahier des charges de l agriculture biologique du NOP (National Organic Program) est encadré par l acte de loi sur la production des denrées alimentaires biologiques de 1990 (Organic Foods Production Act). Cette situation s apparente donc à la situation du Québec où les productions non alimentaires ne seraient pas concernées par la réglementation. Cependant l article , définit ce qui doit être certifié comme «toute opération de production ou d exploitation, ou une partie spécifiquement mentionnée d une production ou d une exploitation, qui produit ou exploite des cultures, du bétail et des volailles, des produits de bétail et volailles, ou d autres denrées agricoles». D après Don Franczyk (2007) qui dirige l organisme de certification Baystate Organic Certifiers au Nord-est des États-Unis, cette définition comprend toutes les cultures et suffit à justifier l encadrement de toute production agricole y compris les plantes ornementales qui vise l appellation biologique. Europe : La réglementation établie en 2009 n encadre pas très clairement la production ornementale. Ainsi nous pouvons lire au niveau du champ d application des normes (Annexe 1): «La certification de végétaux non transformés non destinés à l alimentation humaine ou animale est possible : fleurs, sapin de Noël, arbres bruts, coton brut, chanvre textile,».. Cependant, selon l article 4 «Cas des plantes cultivées en sacs ou en pots (à l exception des plantes aromatiques et fines herbes) : plantes passant toute leur vie dans un substrat hors-sol: leurs techniques et substrats de culture ne sont pas définis dans les règlements et donc non certifiables à ce jour». Cela exclurait donc les plantes vertes, les potées fleuries et autre plante restant dans leur pot après la vente. Pourtant certaines réglementations nationales comme les certifications Bioland et Naturland en Allemagne incluent et encadrent la production ornementale de façon claire et détaillée (en annexe 1). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 19

25 Ces certifications donnent notamment des spécifications concernant les doses maximales de fertilisation en production en champs, l étanchéisation des surfaces, l approvisionnement en semis et plants, la revente de plants conventionnels, les sols et substrats ainsi que les contenants à utiliser. Suisse : La réglementation Suisse encadre également bien la production ornementale en l incluant dans les «cultures spéciales» avec les plantes aromatiques en pots (en annexe 1). Des spécifications techniques sont données concernant les sols et substrats, les techniques de cultures autorisées, l approvisionnement en plants conventionnels et la fertilisation. Problèmes soulevés Le problème majeur qui se pose au niveau de la législation est l absence d encadrement de la production ornementale par la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants du Québec. Cette faille donne la possibilité à n importe qui de vendre au Québec des plantes ornementales sous le terme «biologique» ou «écologique» sans certification et en toute légalité. Cela ne donnerait évidemment que peu d avantages à ceux qui souhaiteraient passer par le processus de la certification et mettrait en jeu la crédibilité de l appellation dans tous les secteurs confondus. Une difficulté du problème est qu il s agit d une loi, ce qui est plus compliqué à changer qu une simple norme. Solutions envisagées La création d une marque privée La production de textile biologique a été confrontée au même problème il y a quelques années et les organismes de certification ont choisi de créer leur marque privée telle que «Textile biologique certifié par Québec Vrai» ou «Global Organic Textile Standards» utilisé par Écocert Canada. Ces référentiels ont été mis en place par l organisme de certification qui s assure lui-même de garantir «indépendance, compétence et impartialité». Le CARTV ne s occupe donc pas de cette certification dans ses activités de contrôle de l appellation biologique. En fait, le contenu du référentiel est toujours beaucoup discuté par les producteurs intéressés avant d être établi, ce qui demande en général du temps et un consensus pas toujours facile de tous les participants. Ceux-ci doivent se mettre d accord sur des normes adaptées à leurs besoins puis les proposer à un organisme de certification qui se réserve le droit d accepter ou non. Les organismes sont intéressés à développer de tels référentiels mais se doivent de conserver leur réputation. Ainsi, selon un organisme de certification contacté, la grande majorité des cahiers des charges proposés sont refusés par manque de crédibilité. Un label doit absolument être audacieux et garanti avec un contrôle rigoureux (incluant des sanctions) pour pouvoir être reconnu des consommateurs et pouvoir se différencier dans la durée. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 20

26 L avantage de faire un tel référentiel est sa portée précise sur le secteur ce qui permet d adapter les normes à la réalité des productions ornementales ainsi que de promouvoir un logo particulier aux consommateurs à travers la province. L utilisation d une marque privée permettrait aussi d avoir un peu plus de latitude par rapport aux restrictions des normes biologiques en vigueur à condition de vendre uniquement dans la province. En effet, un élément à considérer dans le cas des plantes ornementales est la prise en compte de cette production dans la norme nationale canadienne ainsi que la plupart des autres législations occidentales. Si un producteur québécois souhaitait exporter ses plantes avec une certification privée, il faudrait qu elle soit alors reconnue conforme à la législation canadienne. Cela impliquerait au référentiel établi de respecter les normes nationales et de négocier ensuite une conformité avec les instances fédérales. Cette démarche paraît assez compliquée au regard des négociations similaires effectuées par le Québec en De plus, cela permettrait de protéger l utilisation de l appellation de la marque privée comme «plants biologiques du Québec» mais ne pourrait empêcher l utilisation de termes génériques et non protégeables comme «biologique» ou «écologique» par quiconque. Une telle certification permettrait de mieux encadrer et définir des règles adaptées à la production ornementale mais n apporterait pas beaucoup plus que la certification biologique actuelle au niveau de la possibilité d utilisation de l appellation «biologique». En définitive, cela ne pourrait pas vraiment combler le vide juridique actuel et le risque qu il comporte. Changer la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants L autre possibilité pour encadrer la production biologique ornementale est de faire une demande aux instances gouvernementales pour changer la loi afin d y inclure les produits non alimentaires ou du moins la production ornementale. D après le MAPAQ (Nicolas Turgeon, communication personnelle, 2010), cette démarche nécessiterait une volonté forte du secteur et la constitution d un groupe composé de différents acteurs du milieu pour établir les dispositions spéciales correspondant à la réalité des cultures ornementales et montrer les besoins du secteur pour combler le vide juridique actuel. Cette demande pourrait ensuite être apportée au CARTV et débattue à l assemblée nationale. Pour être acceptées, les dispositions devront donc se fondre le mieux possible dans les normes biologiques de référence du Québec, ce qui ne leur donnerait pas beaucoup de latitude pour diminuer les restrictions actuelles à moins de prouver une réelle impossibilité technique. Selon le MAPAQ (Nicolas Turgeon, communication personnelle, 2010), l utilisation du nitrate du Chili, de l hydroponie et des OGM seront à écarter d emblée. Le fait de changer la loi permettrait de faire partie du secteur de l agriculture biologique avec tous les avantages que cela comporte au niveau de la commercialisation (logo unique), de la crédibilité, de l accès aux programmes d aides gouvernementaux et de l appui de toutes les instances affiliées à ce mode de production. Lors de notre rencontre, la Filière Biologique du Québec s est montrée d ailleurs intéressée à appuyer davantage les productions biologiques non alimentaires telles que les textiles et cosmétiques qui connaissent actuellement des ventes en forte croissance. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 21

27 2.3 Les autres certifications environnementales Dans le domaine des certifications environnementales, la certification biologique est de loin la plus ancienne bien que cela ait pris des années avant que les pays occidentaux mettent véritablement en place leurs normes et leur système de contrôle. Comme nous l avons vu précédemment, il s agit d un processus évolutif qui tend vers une augmentation des pays normalisés et une harmonisation internationale des référentiels dans le but de faciliter notre commerce mondialisé. Depuis quelques années, la conscience environnementale des consommateurs est plus présente et généralisée et un certain nombre de certifications environnementales est apparu sur nos produits. Ainsi selon Delorme (2008), «les programmes de certification sont un excellent moyen de rassurer la population sur le sérieux avec lequel une entreprise s'engage dans l'utilisation de pratiques écologiquement durables». Plusieurs d entre eux ont été développés pour toutes sortes de productions tandis que d autres sont concentrés sur un secteur d activité précis comme l horticulture ornementale. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 22

28 Voici un tableau qui en dresse la liste (Petitjean, 2008) : Tableau 2 : Principales certifications de bonnes pratiques environnementales et/ou sociales Certification Environne Social Traçabilité Commerce Cible Cible marché -ment qualité équitable fournisseurs M.P.S. ABC. X International International Flair Flowers Fair Plants X X International International (F.F.P.) Florimark "Production et X X X International International commerce" Flower Label Program (F.L.P.) X X Pays en développement Allemagne/Aut riche British Ornamental Plant X X X Royaume-Uni Royaume-Uni Producers (B.O.P.P.) Das Grüne Zertificat (le certificat vert) Milieukeur X X X Allemagne/Paysbas Allemagne/Pa ys-bas (marque environnement) VERIFLORA X X X International International Kenya Flower Council (K.F.C.) X X X Kenya International FLORVERDE X X X Colombie International Florecuador X X Équateur International EUREGAP /M.P.S.-GAP* X X X International International Business Social Compliance X Importateurs Royaume-Uni Initiative (B.S.C.I.) U.E. Organisation internationale de X International International travail (O.I.T.) International Code of Conduct (I.C.C) Max Havelaar X X X Pays en International développement Ethical Trade Initiative (E.T.I.) X Pays en Royaume-Uni développement Farre (Forum de l agriculture X X International International raisonnée respectueuse de l environnement) Iso X X International International Iso X International International France (A.B.) et International Agriculture biologique (A.B.) X Union européenne (écolabel européen) S.A (SOCIAL X International International ACCOUNTABILITY ) *Schéma EURAGAP appliqué par M.P.S. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 23

29 Mises à part les opportunités d affaires, cette tendance correspond également à un souhait des producteurs de se sentir plus en phase avec leurs valeurs personnelles. Le tableau suivant donne un aperçu des pratiques durables mises en place et souhaitées par les producteurs de l industrie de l horticulture ornementale aux États-Unis (H. Dennis et al., 2010). Tableau 3 : Réponses des producteurs de l industrie «verte» sur les pratiques de production durables actuelles et futures en pourcentage Pratiques durables En place z (%) Souhaitées y (%) Vent comme source d énergie alternative/supplémentaire 0,8 9,6 Soleil comme source d énergie alternative/supplémentaire 10,6 9,6 Géothermie comme source d énergie 5,6 6,4 alternative/supplémentaire Contrôle biologique des ravageurs 44,0 7,2 Pots biodégradables 14,4 12,0 Réservoir de protection aux produits chimiques (runoff 25,6 3,2 retention ponds, remediation) Compostage des déchets de plantes 64,0 5,6 Conservation/efficacité énergétique 55,2 8,0 Utilisation de rideaux énergétique 12,0 3,2 Utilisation de lampes alternatives pour l éclairage 23,2 6,4 Utilisation d engrais à libération lente 66,4 7,2 Utilisation d engrais biologique 41,6 3,2 Utilisation de substrats certifiés biologiques 15,2 4,8 Utilisation de produits de déchets pour les substrats (écorces 22,4 3,2 de riz, etc. Plastique de recouvrement des serres recyclé 30,4 8,0 Recyclage de l eau 25,6 4,0 Mesures de conservation de l eau pour l irrigation (cycles et 44,0 12,0 sub-irrigation) Culture froide ou finition froide (poinsettia) 24,8 2,4 z Les producteurs devaient indiquer toutes les pratiques durables en place y Les producteurs devaient indiquer toutes les pratiques durables qu ils voulaient mettre en place d ici 1 à 3 ans Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 24

30 Nous présenterons ici les certifications suivantes : MPS, Veriflora, ISO 14001, Sans Pesticides et Green certification qui semblent mieux adaptées à notre marché MPS Le programme de certification M.P.S. (Milieu Programma Sierteelt traduit par Programme environnemental pour l horticulture) est spécifique à l horticulture ornementale et le plus répandu dans le secteur au niveau international. MPS est une fondation sans but lucratif créée par des organisations professionnelles néerlandaises en Son indépendance est garantie par différents organes de gestion : le Comité Consultatif International, qui statue sur la stratégie de certification de MPS et le Comité des Experts qui statue sur les questions techniques afin de garantir le sérieux de la certification et ne pas introduire de distorsions de concurrence entre les différents pays participant au programme MPS. Au sein de l'organisation, ECAS est l'organisme certificateur officiel: il bénéficie de l'accréditation des Pouvoirs Publics Néerlandais (Raad voor Accreditatie) (MPS, 2009). La fondation compte environ 4000 producteurs adhérents dont plus de 3000 en Europe ce qui représente un total de ha de cultures. En 2009, seulement 9 entreprises étaient présentes au Canada et 8 aux États-Unis mais le nombre d adhérents ne cesse de croître. Ainsi, «selon un bulletin émis par la revue Greenhouse Grower, Ball Horticultural Company a choisi le label MPS pour ses installations de production de semences et de boutures». «Ball a joué un rôle important dans le passé pour l'adoption du label Veriflora aux États-Unis. Il semble que la compagnie favorise maintenant MPS. Selon Frances Kwong de Ball : «le processus de certification est simple et les résultats du classement sont faciles à interpréter. En utilisant la même entreprise de certification externe pour l'ensemble de nos sites, nous avons une base commune pour comparer nos expériences. C'est un outil important pour nous aider à fixer des objectifs de production durable réalistes et atteignables par l'adoption de méthodes de production plus efficaces». «Il y a quelques temps, DS Coles obtenait la première certification MPS pour un producteur en serre en sol américain. Selon Frances Kwong, il faut s'attendre à voir le nombre de producteurs certifiés MPS augmenter significativement dans le futur» (Service de veille de l IQDHO, 2009). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 25

31 En France, la centaine de producteurs adhérents sont répartis comme suit par type de production (MPS, 2009): Schéma 7 : Adhérents MPS français par production principale La fondation MPS propose différentes certifications selon le schéma suivant (MPS, 2009): Schéma 8 : Articulation des certifications MPS du producteur au consommateur La certification la plus commune et qui nous intéresse plus particulièrement est la certification environnementale MPS-ABC. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 26

32 MPS (2009), «mesure l'impact environnemental de l'activité de production en comparant les consommations d'intrants de l'entreprise à des standards par culture. Les entreprises sont évaluées et qualifiées en fonction de cette performance environnementale. MPS-ABC est donc un outil de pilotage des consommations et une certification de résultat. Il repose sur les principes suivants : Des enregistrements continus et rigoureux : les producteurs enregistrent chaque mois leurs consommations d'intrants et leurs surfaces par groupes de cultures. Les enregistrements couvrent les engrais, les agents de protection des cultures et l'énergie, ainsi que le mode de traitement des déchets». L estimation tient compte de la sensibilité environnementale de l exploitation, du caractère polluant des pesticides et des efforts mis en œuvre pour limiter les risques de pollution (recyclage, zones de captation, etc.). MPS encourage également l utilisation d énergie renouvelable par un bonus. Les critères fondamentaux sont donc la préservation et la performance environnementale (Lien horticole, 2010). «Une évaluation basée sur des standards éprouvés (voir annexe 2): les quantités consommées pour chaque poste sont comparées à des standards de consommation par groupe de cultures présentant la même sensibilité aux maladies et les mêmes besoins de chauffage. Le niveau de consommation de l'entreprise par rapport à ces standards détermine son nombre de points (de 0 à 100). La qualification: selon le total des points obtenus, l'entreprise est qualifiée MPS-A avec 70 points ou plus, MPS-B (55 à 69,9 points), MPS-C (10 à 54,9 points) ou MPS-D (entreprise enregistrant depuis moins de un an ou réalisant moins de 9,9 points). Les entreprises qualifiées MPS-A ont les meilleures pratiques environnementales» (MPS, 2009). En 2008, le directeur de la fondation a également annoncé le développement d un «indicateur de CO 2» qui rentrera dans le calcul des données et permettra de répondre aux inquiétudes plus récentes de la population envers les changements climatiques (Kamminga, 2008). Un gros avantage de ce système est qu il crée une démarche dynamique de progrès entre les producteurs adhérents. «Lorsque le producteur reçoit son rapport trimestriel, il peut donc se comparer à des entreprises semblables à la sienne, visualiser ses progrès et mieux cibler ses lacunes. En fait, une étude des résultats après 10 ans d opération a démontré que les 790 entreprises membres MPS depuis le début ont enregistré, en moyenne, une diminution de 23 % d usage de pesticides et de 25 % des coûts d énergie ainsi qu une augmentation de 33 % de la production» (Delorme, 2008). De plus, la certification peut être mise en œuvre immédiatement et l entreprise peut se classer dès la deuxième année dans les trois premiers niveaux sans bouleversement ni investissements majeurs. La simplicité se situe également au niveau de l enregistrement des données qui ne demanderait que très peu de temps au producteur (une demiheure par mois, selon MPS). Dans chaque pays ou zone, un coordonnateur assiste les producteurs et assure la promotion du label. En Amérique du Nord, une personne est responsable de la partie Est des États-Unis et du Canada. Pour que cette certification puisse bien fonctionner au Québec, il faudrait idéalement un groupe de producteurs intéressés de façon à créer un référentiel de données adaptées au climat du Québec. Actuellement, les données d un producteur québécois seraient certainement comparées à celles des producteurs américains les plus proches. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 27

33 Un autre élément à considérer pour cette certification est qu elle ne permet généralement pas aux adhérents d obtenir un meilleur prix pour leurs produits. En Europe, il s agit plutôt d un passeport permettant de se différencier et d accéder au marché des grands distributeurs comme Tesco (Royaume-Uni), Migros (Suisse), Botanic (France) et Ikea qui achètent en priorité des produits labellisés MPS. Certains critiquent également le fait que cette certification est internationale et ne permette pas à une production nationale de se différencier. Une autre critique à l encontre de cette certification est son coût annuel qui est en France d environ 1500 euros par an pour une entreprise qui mesure jusqu à 3 ha de serres ou 12 ha de pépinières auxquels s ajoute une contribution au programme d'animation et de communication décidé chaque année par les producteurs français (500 euros en 2008). Le coût de certification couvre la mise à disposition de l ensemble des outils de saisie, l appui technique, le traitement des données, les qualifications trimestrielles et les contrôles. Selon la fondation, les frais sont largement compensés par les économies de traitement réalisées, qui peuvent représenter chez certains adhérents 4 fois le coût de l adhésion. Le programme des actions de communication propres à la France est discuté chaque année par les adhérents euxmêmes (MPS, 2009) Veriflora «En horticulture ornementale, Veriflora est le plus important écolabel en Amérique du Nord. Il s adresse aux producteurs de fleurs coupées et de plantes en pots. Les premières entreprises ont été certifiées en 2004 et, actuellement, on en compte une vingtaine en Amérique du Nord et une trentaine en Amérique latine (Équateur et Colombie), surtout dans le domaine de la fleur coupée» (Delorme, 2008). Schéma 9 : Nombre d acres, tiges et pots cumulés certifiés Veriflora (Yanik, 2010) Tiges Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 28

34 Veriflora semble avoir été créé pour répondre à la conscientisation des consommateurs américains face à l utilisation de pesticides et les conditions sociales difficiles des travailleurs d Amérique Latine dont plusieurs pays sont de gros exportateurs de fleurs coupées. «L organisme de certification est le Scientific Certification Systems (SCS), une entreprise indépendante spécialisée dans l application de normes écologiques en foresterie, en pêcherie et en agriculture. Les normes américaines d écoagriculture devraient entrer en vigueur en 2010 et Veriflora répond déjà à ces normes. Les producteurs doivent répondre à divers critères dans trois catégories différentes. Environnementale : Diminuer l utilisation de pesticides et d engrais chimiques, et ce, jusqu à se convertir à la lutte biologique contre les insectes et à la fertilisation biologique; Conserver les ressources; Augmenter son efficacité énergétique; Protéger les écosystèmes; et Avoir une gestion intégrée des déchets. Sociale et économique : Salaires et conditions de travail décents pour les employés; Implication positive dans la communauté. Qualité et innocuité de la production : Traçabilité; Assurance de qualité et de sécurité; et Manutention adéquate de la ferme aux consommateurs» (Delorme, 2008). La certification Veriflora, à la différence de MPS, ressemble beaucoup plus à la certification biologique en dressant une série de restrictions obligatoires sur les méthodes de production à respecter pour obtenir le label. Le référentiel est assez audacieux en comprenant des normes environnementales qui visent les normes biologiques américaines auxquelles s ajoutent d autres recommandations (séquestration du carbone, conservation des sols, etc.) et qui comprend également des normes au niveau de la gestion des employés et de la qualité des produits. Cette certification veut donc aller plus loin que le biologique et s adresse d ailleurs aux producteurs qui sont déjà certifiés bio ou en voie de l être. Pour ces derniers, aucun délai ne leur est cependant exigé pour être certifié biologique. Pour le prix d adhésion, cela dépend de la taille de l entreprise, des ventes et de la complexité de la production. Pour un petit producteur, il en coûterait environ 1800 $US par année. Cependant, des négociations sont possibles avec Veriflora en rassemblant plusieurs producteurs pour réaliser les séances d information et de formation préalables. Il est à noter que les producteurs n ont rien à débourser durant la période de transition contrairement à la certification biologique. Cette période peut durer de deux à trois mois selon comment le producteur est prêt à livrer la liste des informations nécessaires. Après que l organisme de certification ait analysé ces données, une Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 29

35 visite d une journée a lieu dans la production par un certificateur pour préciser les non conformités aux standards de Veriflora. Si le producteur est capable de se conformer rapidement, la certification peut ensuite être délivrée en l espace de trois semaines (Nova Sayers, communication personnelle, 2010). Toutes les opérations effectuées doivent donc toujours être soigneusement enregistrées par le producteur pour être contrôlées chaque année par le certificateur. Bien que nous n ayons pas de données précises au niveau des coûts supplémentaires et du temps qui y sont alloués, cette tâche administrative doit certainement être assez contraignante pour le producteur. La simplicité pour enregistrer les données semble d ailleurs être une des raisons majeures pour Ball Horticultural de se tourner vers MPS après Veriflora. Comme MPS, la certification Veriflora ne semble pas apporter un meilleur prix pour les produits mais permet d accéder à certains marchés. Ainsi d après M. DeVries président de The Sun Valley Group en Californie et certifié depuis 2005 «nous n avons vu aucun bénéfice financier à faire partie de ce programme, pour l instant du moins, et je ne suis pas sûr que nous en aurons, du moins dans un futur prévisible» en expliquant qu il n y a aucune différence de prix payée par l acheteur que la tige soit certifiée ou non et d ajouter «le réel but là-dedans est de ne pas le faire nécessairement dans un but lucratif» (Bauer, 2010). Cependant, aucun sondage n a été effectué auprès de tous les participants au programme pour confirmer ce point de vue AGRISO La norme AGRISO, a été mise en place en 2002 par le MAPAQ, l UPA et le MDDEP entre autres, dans le but d adapter la norme ISO aux caractéristiques de l agriculture et de diminuer les coûts engendrés par son implantation. AGRISO promettait l accès à un système d accréditation environnementale crédible pour l ensemble des producteurs agricoles. Le processus proposé dans AGRISO a été approuvé par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ), lui-même accrédité par le Conseil canadien des normes (CCN). La norme, composée de trois niveaux, permettait en fin de compte d accéder à ISO (Chicoine, 2008). Niveau 1. Conformité réglementaire Niveau 2. Prévention de la pollution Niveau 3. Certification ISO et amélioration continue Aujourd hui, la certification AGRISO n existe plus et aucune ferme n est actuellement certifiée ISO au Québec. «Selon Michel Beauchamp, président-directeur général et vérificateur principal de la Société d expertise Envirotest ltée, «la valeur ajoutée (reconnaissance des parties intéressées, augmentation de la performance interne) n est pas supérieure aux frais associés à la certification». En effet, la responsabilité implicite à la gestion environnementale donne une valeur ajoutée à un produit, mais celle-ci n a pas été reconnue par les autres acteurs de la chaîne, à Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 30

36 savoir les transformateurs et les distributeurs. La rentabilité est alors difficilement perçue, étant donné que la somme à investir pour atteindre le niveau 3 d AGRISO était évaluée à l époque à environ $. Actuellement, il y a absence de soutien et d incitations de l État visant à encourager le processus de certification ISO Selon les dires de plusieurs acteurs engagés dans l initiative AGRISO (UPA, producteurs, consultants, etc.), les coûts annuels associés aux vérifications annuleraient les gains de productivité et les bénéfices à court terme» (Varin- Lachapelle, 2010). Un autre problème qui est apparu dans ce projet a été l entente entre les parties sur la mise en conformité des fermes par rapport à la réglementation environnementale en vigueur. Selon le MDDEP, il s agissait de démontrer une conformité réglementaire totale au niveau 1 du programme AGRISO alors que cela semblait trop difficile à réaliser de la part des producteurs. De façon générale, on considère que l échec de ce projet est dû à un manque de réflexion approfondie et de consensus préalable sur les avantages à tirer pour les parties intéressées avant de lancer le programme. Cependant, aux dires de M. Beauchamp (Communication personnelle, 2010) les quelques fermes qui ont mis en place et conservé ce système de gestion environnementale dans leur entreprise ont réalisé des gains substantiels grâce à la structuration de leur gestion et une remise à plat raffinée de toutes les opérations de l entreprise. Elles ont ainsi pu réduire leurs coûts de production et leur impact environnemental. Le même système adopté par la France connaît d ailleurs un bon succès actuellement dans le secteur agricole Sans Pesticides Grâce au programme gouvernemental d appui aux initiatives collectives de diversification régionale et de différenciation, le club Savoir-Serre lance cette année un projet de 4 ans pour mettre en place une certification «Sans Pesticides» pour les producteurs maraîchers en serre. «Un cahier des charges, un système de certification et une marque de commerce seront conçus et mis au point afin de bien caractériser et mettre en valeur les produits certifiés». Le contexte donné par le projet est le suivant : «Les entreprises familiales du Club Savoir-Serre ont adopté depuis plusieurs années les techniques de lutte intégrée qui excluent l emploi de pesticides de synthèse. Le mode de commercialisation privilégié par ces entreprises a longtemps reposé sur la qualité et la fraîcheur des produits et sur un service très personnalisé, ce que les circuits courts rendent possible. La concentration des achats dans les grandes chaînes et la concurrence nordaméricaine ont grandement détérioré cette relation d affaires particulière nouée avec les consommateurs. Aussi les entreprises veulent-elles rétablir cette relation en consolidant leur savoir-faire et en obtenant la reconnaissance de leur clientèle. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 31

37 Exception faite des cultures «bio», les producteurs du Club Savoir-Serre seront les seuls en Amérique du Nord à se munir d une certification pour garantir que leurs fruits et légumes de serre sont cultivés sans aucun pesticide de synthèse». Les promoteurs du projet prévoient certifier de 40 à 50 fermes et obtenir une plus-value de la valeur marchande des produits de 7 à 10%. Ce type de certification correspond à un modèle «allégé» du référentiel biologique en dressant une liste de pesticides de synthèse qui seront interdits tout en autorisant les autres types de produits comme les engrais et les agents mouillants de synthèse. Le processus de transition serait également moins contraignant que le bio avec seulement une année au lieu de trois à attendre en respectant le référentiel sans pouvoir être certifié. «Sans résidus de pesticides» est un autre type de certification qui existe aux USA et encadrée par l organisme Scientific Certification Systems (SCS). Réservée aux produits alimentaires, elle garantit par des analyses d échantillons en laboratoires, l absence de résidus de pesticides de synthèse dans les produits ( Contrairement à la certification québécoise, elle est basée sur les résultats plutôt que sur les moyens de production. Les producteurs doivent cependant fournir tous les registres qui démontrent l absence d utilisation de produits phytosanitaires de synthèse. Cette certification s adresse seulement à un lot d une culture donnée et coûte de 750 à 1000$ pour chaque lot analysé. Schéma 10 : Étapes de la certification «Sans résidus de pesticides» Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 32

38 2.3.5 Green certification Annoncée en août 2010 par l association des producteurs de gazon de l Ontario (Nursery Sod Growers Association of Ontario ou NSGA), ce programme s adresse à tous les membres de la NSGA. Sur le site Internet on peut lire les explications suivantes : «Le but du programme est de répondre aux espérances des consommateurs pour protéger les ressources naturelles, pour augmenter la conservation par de meilleures pratiques de gestion, pour fournir un environnement du lieu de travail sûr, pour favoriser le recyclage et pour augmenter les relations avec la communauté. Ce programme strictement volontaire fournit des assurances que les membres de NSGA répondent ou dépassent les normes pour la conservation de l'eau, la protection de source d'eau, la conservation du sol, et l'application autorisée de fertilisants. En outre, le programme favorise l environnement du lieu de travail, le recyclage et les relations avec la communauté. Le programme est conçu pour certifier les cultures de gazon qui répondent aux normes de NSGA. Afin de recevoir la certification, tous les emplacements possédés ou loués par un cultivateur doivent participer à un audit sur place conduit par Validus, la société d'audit indépendante approuvée par NSGA. Pour obtenir la certification, chaque opération doit soumettre un rapport annuel et conduire un audit sur place de vérification au minimum une fois tous les trois ans. Les producteurs certifiés recevront leur certificat de certification "Green" de NSGA et seront énumérés sur la liste du site Web de producteurs certifiés par NSGA de fournisseurs "Green" approuvés». 2.4 La transition en agriculture biologique La certification Les procédures de la certification Dans le document Guide de transition à l agriculture biologique de la FABQ (2003), nous pouvons lire les informations suivantes : Quelles sont les étapes de la procédure de certification biologique? «La procédure de certification s avère être une phase très importante en agriculture biologique. Elle comporte plusieurs étapes : Vous faites le choix d un organisme de certification en fonction du marché visé et des exigences de vos clients, de la qualité et de la rapidité des services et du coût de revient total du service; Vous demandez l information et la documentation requise à votre organisme de certification (cahier de normes, formulaire d inscription, tarifs, etc.); Vous retournez la demande d inscription avec le paiement des frais, tous les formulaires dûment remplis ainsi que les documents requis (ex. : plans de ferme) en respectant les dates de tombée; L inspecteur vous fixe un rendez-vous lorsque votre dossier est complet; L inspecteur exécute son inspection et vous signez les affidavits d inspection et d exécution; L inspecteur rédige son rapport et le présente à l organisme de certification; Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 33

39 Le comité de certification de l organisme de certification étudie votre dossier et prend une décision; et L organisme de certification vous signifie par écrit les commentaires, les recommandations à respecter et les conditions à satisfaire. Il vous transmet une copie du rapport d inspection et, s il y a lieu, le certificat. Notez que le certificat est valide pour la production d une année complète seulement. Le maintien de la certification nécessite une mise à jour annuelle des documents et une visite d inspection par an. Enfin, des inspections non annoncées peuvent être faites, à la discrétion de l organisme de certification. Quels sont les éléments que doit comporter un dossier de certification? La procédure de certification exige l élaboration d un dossier complet des étapes de production concernant votre entreprise. Les informations suivantes doivent être consignées dans un cahier prévu à cet effet. Registre des productions végétales : Plans de ferme; Évaluation des risques de contamination associés au voisinage; Déclaration des voisins (si nécessaire); Registre de nettoyage (travaux à forfait); Analyse de l eau (si nécessaire), des sols, etc.; Historique (parcelles, plans de rotation, travaux de sol, semis, épandages, récoltes, etc.) Plan de fertilisation; Planification de la transition précisant les méthodes et les échéances envisagées pour toutes les parties de la ferme; Mesures visant l amélioration des sols, ainsi que la protection de l environnement et de la biodiversité; Gestion documentaire des intrants (semences, fumiers, composts, fertilisants, biopesticides, preuves de non utilisation d OGM); Registre des récoltes, des entrepôts et des activités de conditionnement et de transformation à la ferme; Registre des transports et des nettoyages; Registre des ventes, numéros de lot; et Système de traçabilité. À première vue, la procédure de certification biologique peut paraître complexe. L important est de choisir une agence de certification qui répondra bien à vos attentes et de cheminer en respectant les étapes». La durée de transition La durée de transition durant laquelle le producteur se doit de respecter les normes biologiques est normalement de 3 ans (36 mois) dont la dernière année est une année de pré-certification. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 34

40 Pendant l année de pré-certification, le producteur est contrôlé par un organisme de certification et dispose de toute l année pour se conformer en cas de non respect du cahier des charges. Il ne peut cependant pas vendre ses produits avec l appellation «biologique». C est une année d ajustement pendant laquelle le producteur est appuyé par son certificateur pour s enligner correctement dans ce nouveau mode de production. Selon la FABQ (2003), «la démarche de transition en agriculture biologique est très différente selon le type de production impliqué. Cela signifie, par exemple, que le processus de transition pour une production maraîchère est unique et ne peut s appliquer pour une production laitière». Étant donné la quasi-absence de production horticole ornementale biologique au Québec, il existe certainement un manque de connaissances de la réalité de ce secteur de la part des organismes de certification. Il s agit d ailleurs d un point soulevé par les producteurs allemands de plantes ornementales biologiques comme étant problématique dans leur pays (Billmann et al., 2003). Pour les terrains laissés en friche depuis plus de trois ans où aucune application de pesticides n a eu lieu, le producteur est exempté des deux premières années et n a qu une seule année de précertification à attendre pour être certifié. C est également le cas de la production d annuelles en pot dont le substrat ne contient aucun produit interdit dans les normes. Il s agit donc d un bon avantage pour les producteurs d annuelles; l attente de 3 ans étant généralement considérée comme un obstacle assez important à la transition en agriculture biologique. Au niveau de la culture des plantes vivaces, le cahier des charges prévoit que si elles ont été cultivées en conventionnel, «la récolte ne pourra être vendues sous la mention biologique que lorsqu il se sera écoulé deux ans de culture en accord avec les présentes normes. Cette période est réduite à une année dans le cas des fraisiers et des plants de fines herbes». Cela signifie qu un producteur de plantes vivaces ou ligneuses devra attendre une année supplémentaire à l année de pré-certification pour pouvoir certifier sa production, ce qui ferait un total de deux ans à attendre en culture en pot et quatre ans pour une production en pleine terre. Il s agirait donc pour cette dernière d une contrainte importante à la conversion. Les productions parallèles ou mixtes En général, lorsqu un producteur agricole conventionnel se converti au mode biologique, il délimite une surface particulière de sa production qu il choisit de certifier pour une certaine période avant d étendre progressivement la certification à toute l entreprise. Cette stratégie est d ailleurs fortement conseillée par les experts et les certificateurs bio pour laisser le temps au producteur de se familiariser correctement avec ces nouvelles techniques. Cela permet de diminuer la prise de risque grâce à l acquisition de connaissances sur le terrain et à l organisation progressive de la mise en marché. Selon les normes du Québec au chapitre 3.6 Gestion des productions végétales mixtes : «les produits provenant d'unités de production biologique et ceux provenant d'unités de production non biologiques doivent : pouvoir être différenciés et reconnaissables les uns des autres (aspect général, couleur, variété, types, etc.); Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 35

41 3.6.3 faire l'objet d'un mode de gestion particulier pour prévenir tout mélange et contamination La production parallèle (lorsqu il est impossible de distinguer les produits biologiques des produits non biologiques) est interdite Il est formellement interdit de faire usage d'organismes génétiquement modifiés dans toute activité de production agricole survenant sur l'ensemble de l'unité de production Les appareils de pulvérisation utilisés pour l'épandage de pesticides non autorisés sur les parcelles non reconverties doivent être nettoyés et rincés efficacement à l'eau courante avant d'être utilisés pour des produits autorisés sur les surfaces en transition ou déjà converties. Il est toutefois recommandé de disposer de deux types de pulvérisateurs distincts Les produits provenant de parcelles non converties ou faisant l'objet d'exemptions aux règles du cahier des normes ne doivent pas être commercialisés comme étant de culture biologique L entretien des machines et de l équipement doit être fait de façon à éviter tout mélange des sols lors des travaux agricoles». De plus le plan de préparation biologique doit comprendre : «Une description du système de gestion des risques de contact physique entre les produits biologiques et non biologiques, notamment lors de leur transport et de leur entreposage, en particulier en ce qui a trait aux contenants et aux emballages utilisés». Au niveau des activités de l entreprise, la gestion des deux types de production peut alors s avérer assez complexe à différents niveaux : Administratif Préparation de registres séparés entre le bio et le conventionnel au niveau de l utilisation et achats des intrants, de la comptabilité, de la main d œuvre, etc. Logistique Séparation des intrants bio et non bio, choix de cultures différentes (identifiables à l œil), identification précise des cultures, nettoyage systématique du matériel ou achat de matériel supplémentaire, stockage des plantes dans des endroits séparés et des plants biologiques dans un lieu sans résidus de pesticides. Zones tampon Une zone de huit mètres est à prévoir entre les cultures bio et non bio à moins de la présence d une barrière physique (p. ex. fossé, haie, brise-vent, chemin, bande riveraine) pour prévenir tout risque de contamination. Main-d œuvre D après les intervenants rencontrés, les travailleurs ne doivent idéalement pas toucher un plant bio après avoir travaillé dans une parcelle conventionnelle à moins de se désinfecter préalablement. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 36

42 Transport Les plantes ornementales telles qu elles sont commercialisées seraient considérées comme des «produits sans emballage» par les normes biologiques du Québec. Il faut donc que les plantes ne soient pas transportées ensemble mais séparées idéalement par une barrière physique pour s assurer qu elles ne puissent être mélangées. De plus, le transporteur doit être approuvé par le certificateur et le moyen de transport doit être exempt de tout résidu non biologique. Mise en marché et commercialisation Lors de la vente, les plantes biologiques doivent être clairement séparées des plantes conventionnelles et être facilement identifiables par le certificateur sur les tablettes du magasin. Les plants biologiques ne doivent ensuite subir aucun traitement interdit par les normes. (voir partie jardinerie) Il faut noter qu il n existe pas de délais précis quant à la durée pour certifier complètement une entreprise mais ils doivent être «raisonnables» et être planifiés avec le certificateur. Autrement dit, il n est pas autorisé d avoir à terme des productions conventionnelles et biologiques sur la même entreprise. Cependant, à condition de respecter toutes les précautions énumérées ci-dessus, il est possible pour le producteur de créer une entité juridique distincte pour la production biologique tout en restant sur le même site. Cela permet d avoir un meilleur contrôle des registres administratifs surtout au niveau des comptabilités concernant les intrants et les ventes. La main-d œuvre pourrait être la même pour les deux entités mais il faut prouver que les employés ne contaminent pas le stock bio soit par une désinfection préalable, soit en commençant le travail dans la section biologique en premier (MAPAQ, communication personnelle, 2010). Le contrôle Chaque année, le certificateur effectue une visite de la ferme pendant laquelle il contrôle les installations, les cultures ainsi que les registres cités ci-dessus que le producteur est tenu de mettre à jour régulièrement. Des visites surprises peuvent également avoir lieu ou si le producteur le demande pour un besoin particulier. Lors de la visite, si un écart est constaté par le certificateur par rapport au cahier des charges, le producteur dispose d un délai de 45 jours pour s y conformer. Lors d un non respect des normes après le délai de non-conformité, le CARTV statue sur le retrait ou non de la certification de l entreprise. Cette sanction peut être donnée pour une certaine période (une année par exemple) selon de la gravité de la situation. Des négociations sont toujours envisageables avec le certificateur et le CARTV tant que le producteur montre sa bonne foi à vouloir respecter les normes en vigueur. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 37

43 Le CARTV donne par ailleurs l avertissement suivant ( : «Les entreprises qui utilisent l'appellation «biologique» en contrevenant à un des articles du Chapitre VI de la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants s'exposent à des amendes dont le montant peut aller de $ à plus $ et, en cas de récidive, d'une amende d'au moins $ et d'au plus $». Problèmes soulevés Complexité administrative pour fournir tous les registres nécessaires à la production biologique, ce qui demande du temps et des coûts à prendre en compte. Manque de connaissances des organismes de certification de la réalité des productions horticoles ornementales. Longue durée de transition pour les producteurs de plantes vivaces, surtout en pleine terre. Complexité législative, administrative et technique pour un producteur à gérer des productions biologiques et conventionnelles sur le même site induisant des pertes de temps et d argent. Impression de contourner les normes de façon tendancieuse en créant une deuxième entité juridique sur le même site. Exigences exagérées de plusieurs règles par rapport à la réalité des plantes ornementales non comestibles : contamination par les employés, moyen de transport exempt de produits non biologiques, stockage du bio dans un lieu sans résidu de pesticides. Solutions envisagées Mettre sur pied une formation destinée aux producteurs de plantes ornementales pour le montage des registres nécessaires à la certification biologique. Monter des documents d information ou des formations sur les réalités de la production ornementale pour les organismes de certification. Ajouter une disposition spéciale aux normes pour les plantes vivaces ornementales afin qu elles aient la même durée de transition exigée que les plants de fraisiers et de fines herbes, à savoir une année sous mode biologique. Ajouter aux normes la possibilité claire de pouvoir créer une entité juridique distincte par le même propriétaire, sur le même site avec les mêmes moyens de production pour permettre la production mixte à long terme. Ajouter des exceptions spécifiques aux normes pour les plantes ornementales concernant les moyens de transport et le stockage des denrées biologiques exigés sans résidus de pesticides. Le fait que les plantes ornementales ne sont pas comestibles et qu elles sont toujours vendues sans emballage devraient être considérés pour assouplir ces règlements. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 38

44 2.4.2 La planification de la transition «La transition exige de la patience et de la persévérance. On pourrait définir cette démarche comme une période de sevrage aux produits de synthèse. Plus une ferme est allée loin dans le mode industriel de production, plus cette période de sevrage risque d être longue et difficile. La conversion à l agriculture biologique représente beaucoup plus que le simple arrêt de l utilisation des produits interdits; elle implique des modifications importantes dans la façon de concevoir, de penser et de pratiquer l agriculture. Si vous désirez devenir agriculteur biologique, vous devez donc commencer par bien planifier votre démarche». Changer sa façon de voir l agriculture En agriculture biologique, tout est axé sur les méthodes préventives et l équilibre de l écosystème. Le producteur doit être convaincu par cette philosophie en étant toujours en processus d observation et de correction de ses méthodes de culture avant même que les problèmes apparaissent car les traitements curatifs autorisés sont peu efficaces. Le fait de toujours chercher les causes sous-jacentes des symptômes observés demande un intérêt durable, une curiosité et la volonté de progresser à travers ces expériences. C est pourquoi «la seule motivation des primes offertes pour les produits biologiques est insuffisante pour persister en production biologique» (FABQ, 2003). Ainsi selon Alain Rioux de la Filière Biologique du Québec (Communication personnelle, 2010), la grande majorité des agriculteurs biologiques de la province se sont convertis par conviction personnelle. Étudier, s informer et tester Selon Guet (2003), il est essentiel de s informer auprès d autres producteurs, de consultants techniques et dans la littérature tout en gardant un esprit rationnel et critique face à l image idéologique de l agriculture biologique. Il ne faut pas oublier qu elle s inscrit dans 90 % de bonne agriculture. Il est important de faire des essais sur des petits lots et de bien maîtriser les techniques avant de les étendre. Avoir résolu les contraintes techniques majeures Ce point est essentiel à respecter. En tenant compte de l état des connaissances, le producteur doit être capable de reconnaître ses limites et de ne pas entreprendre la conversion si un problème majeur non résolu persiste (Guet, 2003). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 39

45 Préparer un budget de transition «Dans certains cas, la période de transition peut s avérer difficile sur le plan économique. Avant de débuter le processus de transition, vous devez donc évaluer la rentabilité de vos nouvelles productions (revenus et dépenses) ainsi que votre capacité à supporter les premières années durant lesquelles vous pourriez voir vos rendements diminuer. Vous devez également prévoir des investissements pour acquérir de la machinerie et de l équipement» (FABQ, 2003). Voir la partie Analyse économique. Organiser la mise en marché Selon Guet (2003), l accès à un marché spécifique, organisé et durable est obligatoire dans le système économique actuel pour pouvoir résister à la concurrence des produits agricoles conventionnels qui n intègrent pas les coûts de certification, ni les coûts écologiques et sociaux dans les prix de revient. Denis La France (Communication personnelle, 2010) estime que le plus gros problème en production biologique ne se situe pas au niveau technique mais plutôt au niveau de l écoulement du stock. D après Billmann et al. (2003), les producteurs de plantes ornementales qui ont effectué une transition vers la certification biologique indiquent tout d abord, qu une partie de leur clientèle de base les ont désertées. Ils ont indiqué les raisons supposées du retrait de cette clientèle. Lesquelles sont : - La crainte d une infestation parasitaire dans les marchandises biologiques produites; - La crainte d une plus mauvaise qualité des produits; et - Le déni personnel de la production biologique. Certains clients seraient revenus après un laps de temps de 2 à 3 ans. Il y aurait également eu un gain d une nouvelle clientèle attirée par la production biologique qu a entrainée la transition. Ils ont cependant enregistré des chiffres d affaires plus faibles dans les 2-3 années qui ont suivi la transition. Il faut donc prévoir de créer un nouveau réseau de mise en marché car ce n est pas la même clientèle et cela demande une certaine planification. Il existe des possibilités à conditions de bien cibler la clientèle. Être prêt psychologiquement Selon Guet (2003), il est plus facile de convertir un terrain qu un individu à l agriculture biologique car on sous-estime souvent les facteurs psychologiques et relationnels par rapport aux aspects techniques. Pour la FABQ (2003), l impact social est à prendre en considération : «De nos jours, l agriculture biologique est beaucoup plus reconnue qu il y a 20 ou 30 ans. Quoi qu il en soit, vos voisins et amis risquent de passer certains commentaires. De plus, il se peut que vous ayez à discuter avec votre voisinage de la mise en place de zones tampons. Vous devez avoir «la peau épaisse» et ne pas trop vous laisser distraire par ce que les autres pensent ou disent. Bien réussir en agriculture biologique demeure sans doute la meilleure façon de faire taire les mauvaises langues». En effet, pour M. Longprés, céréaliculteur, le manque d'appui de la communauté agricole et les aspects psychologiques ont constitué une difficulté particulière lors de sa conversion en céréales biologiques car «beaucoup de producteurs conventionnels et intervenants voient le bio comme une dénégation de leurs pratiques ou une trop grande remise en question de celles-ci» (Grenier & Legault, 2006). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 40

46 Schéma 11 : Les contraintes à la transition en production ornementale biologique Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 41

47 2.5 Les intrants disponibles au Québec La recherche des intrants disponibles et homologués représente un vrai travail de recherche qui nécessiterait une remise à jour du Manuel des Intrants Biologiques d Anne Weill et Jean Duval effectué en Dans le cadre de cette étude de faisabilité, une telle recherche ne constituait pas un objectif principal et nous avons donc fait qu effleurer cet aspect en se concentrant seulement sur quelques substrats et fertilisants qui nous semblent davantage pertinents en production ornementale. La référence reste donc le M.I.B. de La législation Produits autorisés Selon les normes biologiques de référence du Québec, les intrants autorisés sont listés à l annexe 2. Pour pouvoir les vendre directement à un producteur biologique, les fournisseurs d intrants doivent faire certifier leurs produits auprès d un organisme de certification. Cette homologation leur coûte environ 225 $/an plus 25 $/an par produit pour un maximum de 600 $/an. Lorsque le produit n est pas certifié, les producteurs doivent demander la liste des ingrédients au fournisseur et la faire parvenir à l organisme de certification qui approuvera ou non son utilisation. Dans le cas où le fournisseur ne veut pas dévoiler les ingrédients, celui-ci devra transmettre une demande d homologation directement au certificateur pour chaque produit. Cette démarche peut être assez longue et fastidieuse, il est alors préférable pour les fournisseurs de faire certifier leurs produits sur une base annuelle à condition que cela en justifie le prix. Matériel de multiplication autorisé Selon les normes du Québec : «Tous les types de semences, de bulbes, de tubercules, de plants, de porte-greffes et tout autre matériel de reproduction végétative doivent provenir de source biologique. Dans le cas où un exploitant pourrait démontrer à l organisme de certification que des semences ou d autre matériel de multiplication végétative satisfaisant aux conditions susmentionnées (biologiques) n étaient pas disponibles, ce dernier peut approuver par dérogation : Dans un premier temps, l utilisation de semences ou de matériel de multiplication végétative non traités; Ensuite, l'utilisation de semences ou de matériel de multiplication traités avec des produits autorisés à la section A1 de l annexe A; Enfin, l'utilisation de semences ou de matériel de multiplication végétative traités avec des substances autres que celles autorisées à la section A1 de l annexe A. Le producteur devra faire la preuve qu il a effectué les démarches pour se procurer des semences ou du matériel de reproduction végétative non traités. Les plants de vivaces sont soumis aux mêmes dispositions et la récolte ne pourra être vendue sous la mention biologique que lorsqu il se sera écoulé deux ans de culture en accord avec les présentes normes. Cette période est réduite à une année dans le cas des fraisiers et des plants de fines herbes». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 42

48 Ces normes sont résumées dans le schéma suivant : Schéma 12 : Choix des semences, plants et autre matériel végétal pour la production biologique ( De plus, étant donné que de nombreuses boutures sont importées des États-Unis par les producteurs d annuelles et de vivaces, celles-ci sont soumises aux lois et règlements fédéraux sur la protection des végétaux ainsi qu aux directives sur les exigences phytosanitaires concernant le matériel végétal et les milieux de culture. Ainsi, afin de réduire au minimum les risques d infestations d organismes nuisibles au Canada, il est demandé aux exportateurs d avoir un certificat phytosanitaire prouvant que les produits en sont exempts. Autrement dit, aucune bouture enracinée ne passe la frontière sans avoir été traitée. Enfin, de nombreuses variétés apparaissant chaque année sur le marché sont protégées par la loi sur les obtentions végétales et ne sont donc pas autorisées à être multipliées végétativement par le producteur. Ces différentes législations rendent difficile l approvisionnement en boutures non traitées et la production de ses propres boutures biologiques par le producteur, du moins pour un grand nombre de variétés. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 43

49 2.5.2 Les substrats Plusieurs terreaux certifiés biologiques et prêts à l emploi sont disponibles à la vente au détail en petits volumes mais il est plus difficile d en trouver à usage professionnel. Pour certains fournisseurs de substrats professionnels, la demande en produits biologique par les producteurs est encore insuffisante et ne justifie pas vraiment les coûts supplémentaires liés à l homologation. De plus, les agents mouillants à base organique comme le jus de Yucca ont une faible durée de vie : 6 mois maximum contre 9 à 12 mois pour les produits de synthèse. Cela pose donc des problèmes de délai d entreposage et de livraison pour les fabricants et les producteurs. Cependant quelques fabricants ont choisi depuis peu de lancer une gamme de produits biologiques pour les professionnels. Leur prix est plus élevé surtout à cause de l économie d échelle réalisée dans le conventionnel. Fafard et frères Ltée propose des mélanges de terreaux prêts à l emploi dont les recettes restent secrètes (Fiches techniques en annexe) : Agromix HR Bio Agromix Bio Mélange Plantation Bio Terreau Écorces DE Bio Ces substrats ne contiennent pas d agents mouillants liquides mais de la fibre de noix de coco à titre de rétenteur d'eau. La durée de conservation de ces terreaux est de un an maximum et il est recommandé après 6 mois d entreposage de faire une autre analyse SSE pour vérifier le niveau des éléments solubilisés avant la mise en culture. Ces substrats contiennent un maximum de 15 % de compost marin Biosol. Certains mélanges en contiennent moins selon l'usage (ex. mélange à semis). Tourbières Berger propose également plusieurs substrats certifiés biologiques pour les producteurs : Tableau 4 : Composition des substrats biologiques des Tourbières Berger Substrats OM1 OM2 OM4 OM6 Tourbe 73 % 100 % 93 % 78 % Perlite 15 % 15 % Vermiculite 5 % Compost de fumier de poule 7 % 7 % 7 % Granules de fumier de poule 2,2 lbs/v.c. 2,2 lbs/v.c. 2,2 lbs/v.c. Tous ces substrats contiennent également un agent mouillant biologique ainsi que de la chaux calcique et dolomitique. Ces mélanges professionnels sont disponibles depuis peu et demanderaient donc à être testés. D autre part, il est possible de faire faire des recettes sur mesure avec les ingrédients autorisés en agriculture biologique par les fabricants de substrats. La tourbe de sphaigne doit être exempte d agent mouillant chimique. Plusieurs producteurs de tourbe sont approuvés par des organismes de certification au Québec. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 44

50 2.5.3 Les matières organiques Les normes biologiques de référence du Québec réglementent l achat de matières organiques selon le schéma suivant : Schéma 13 : Choix de la matière organique selon les normes biologiques du Québec Achat de matières organiques 1 er choix 2 ème choix 3 ème choix Provenant d une ferme biologique Provenant d entreprises en transition ou d élevages extensifs Provenant d élevages hors sol Dernier recours Provenant d élevages dans lesquels les animaux en cage n ont pas la possibilité de se mouvoir à 360 degrés Avoir en main le certificat de conformité biologique Démontrer que le 1 er choix n est pas disponible Démontrer que le 1 er et le 2 ème choix ne sont pas disponibles Dérogation maximale d un an Les engrais biologiques Les engrais solides Plusieurs produits sont disponibles au Québec sous diverses formulations (voir M.I.B. de 2007). Il est important de vérifier l absence de nitrate du Chili (ou nitrate de sodium) pour les engrais en provenance des USA (même approuvés OMRI). Plusieurs engrais sont destinés à la vente au détail et sont disponibles en petit format à un prix assez élevé. Par exemple, le fumier de poule granulé Acti-sol qui est de plus en plus utilisé en agriculture biologique est destiné aux producteurs au coût de 327 $/t alors que les autres formulations de la compagnie Enviro-sol sont vendues à environ 800 $/t. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 45

51 Les engrais liquides Au Québec, les engrais biologiques liquides sont pour la plupart originaires de sous-produits de la mer. Les plus utilisées sont les émulsions de poisson dont le ratio N-P-K peut varier mais est souvent de Les algues sont également disponibles avec des ratios très variables : Tableau 5 : Composition de plusieurs algues disponibles sur le marché À propos des engrais liquides disponibles actuellement au Québec, Weill et Duval (2009) estiment que «les produits disponibles sont présentement trop coûteux et trop peu concentrés en éléments nutritifs pour justifier des apports par le système d irrigation (fertigation). Leur usage peut toutefois être envisagé en serre ou pour des cultures de très hautes valeurs». C est également la conclusion de Gravel (2009) qui a testé la fertilisation biologique sur géranium. D autre part, il est souvent difficile d avoir une information claire et détaillée sur la nature et les propriétés des engrais biologiques Le matériel végétal Les boutures À notre connaissance, aucune bouture biologique ou non traitée n est disponible au Québec actuellement. Les semences Au Québec, trois entreprises produisent des semences de plantes ornementales biologiques dont la plupart sont des plantes aromatiques et médicinales : La société des plantes enr. (Kamouraska-Bas St Laurent) : 57 variétés; Les jardins de l Écoumène (Saint-Damien-Lanaudière) : 22 variétés; et Les jardins du Grand Portage Inc. (Saint Didace-Lanaudière) : 45 variétés. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 46

52 La disponibilité en matériel végétal biologique est donc très limitée ce qui forcerait les producteurs à commander des produits conventionnels (traités) et de demander systématiquement des dérogations à l organisme de certification. Les preuves de non disponibilité seraient assez faciles à fournir dans ces conditions. D une façon générale, «les entreprises d intrants (fertilisants, semences, pesticides, médicaments pour les animaux, etc.) font de la recherche dans le sens du marché, là où la demande est identifiée. Compte tenu du marché limité que leur offre l agriculture biologique, leur intérêt est peu tourné vers ce mode de production où le retour d investissement est plutôt faible. Lorsque des efforts de recherche sont consentis, ils ne vont pas toujours dans le sens des besoins du milieu. Seule la lutte biologique se démarque quelque peu grâce à l appui fourni par les compagnies internationales d élevage d agents de lutte biologique, les universités et les centres de recherche plus spécialement rattachés au secteur de la serriculture» (OAQ, 2001). Problèmes soulevés Pas de mise à jour de la liste des intrants disponibles. Manque de connaissances et d informations sur les substrats et les engrais disponibles. Qualité irrégulière des composts disponibles au Québec. Les engrais liquides disponibles sont peu concentrés, chers et peu adaptés aux cultures commerciales. Pratiquement pas de matériel végétal biologique ou non traité disponible. Processus administratif contraignant pour l achat de matériel végétal et de matières organiques. Solutions envisagées Mettre à jour annuellement la liste des intrants commerciaux autorisés. Mener des essais sur les différents intrants disponibles. Faciliter l analyse régulière des lots de composts. Inciter les compagnies d intrants à développer davantage d engrais biologiques à base de matières organiques facilement disponibles au Québec. Faciliter l achat de matériel végétal non bio au niveau administratif. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 47

53 2.6 La production en serre Les substrats Les normes biologiques de référence du Québec (substrat et fertilisation) Comme nous l avons analysé dans la partie «Principe de base de l agriculture biologique», la culture hors-sol n est pas vraiment en adéquation avec la philosophie du bio et est seulement en voie d être encadrée pour la production maraîchère au Québec. Il n existe donc aucun article encadrant spécifiquement la culture en contenants dans les normes biologiques de références du Québec. Pour le substrat, cela signifie qu il doit se conformer au point 5.7 suivant et contenir uniquement des substances permises telles qu énumérées à l annexe A1 des normes. «5.7 Terreaux de croissance Les terreaux de croissance doivent être conformes aux présentes normes (exempts de produits de synthèse depuis 36 mois). Ces exigences s appliquent également à la terre noire ou à toute autre composante d un terreau provenant de l extérieur de l entreprise». Cependant au niveau de la fertilisation, les normes encadrant la production végétale donnent la restriction suivante : «5.4.5 La fertilisation minérale doit être une fertilisation d'appoint et non pas une substitution au recyclage d'éléments nutritifs». Au niveau de la culture en contenant, cela signifierait que le substrat doit fournir la principale source d éléments nutritifs à la culture et être le lieu d une vie biologique capable de transformer la matière organique en éléments minéraux. Autrement dit, d après ces normes, le substrat ne devrait pas être inerte comme en culture conventionnelle mais devrait contenir une certaine quantité de matière organique décomposée (compost). Cependant, aucun type de matière organique ni de pourcentage minimum n est spécifié pour l instant. Il n existe pas non plus de limite quant à l utilisation d une fertilisation liquide pendant la culture et reste donc à l appréciation du producteur et du certificateur. Les normes allemandes au niveau du substrat limitent l utilisation de la tourbe de sphaigne pour des raisons écologiques mais n obligent pas de teneur minimale en compost (voir paragraphe «La tourbe de sphaigne»). Il est donc possible d utiliser un substrat inerte et d appliquer des engrais liquides malgré que l hydroponie soit complètement interdite (Billmann B., Communication personnelle, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 48

54 Revue de littérature Depuis récemment, quelques terreaux certifiés biologiques sont disponibles pour les producteurs notamment chez Fafard et frères Ltée (voir partie Intrants) mais aucune étude n a été réalisée pour l instant afin de les tester en production commerciale. Aux États-Unis, quelques études ont comparé les substrats conventionnels aux biologiques mais elles ne sont pas d une grande utilité en raison de leur non disponibilité au Québec. De nombreuses recettes ont été également publiées pour la production biologique de transplants de légumes par divers experts du domaine. Cependant il n existe pas d étude, à notre connaissance, permettant de les comparer ni de consensus sur les types de mélange à favoriser selon les espèces produites. Pour Kuepper (2004), «jusqu à récemment, le marché pour les substrats bio a été petit et peu de produits commerciaux ont été disponibles. N importe qui désirant produire un substrat de haute qualité devrait étudier et faire des recherches détaillées. Travailler à partir d essais-erreurs avec des recettes est une bonne idée, surtout au début. Le défi est plus de trouver des matériaux avec des ingrédients de bonne qualité que d en trouver suffisamment». Selon Weill et Duval (2009) «il faut être très prudent. Une recette peut fonctionner pendant 9 ans et surprise la dixième année, c est la catastrophe. Les semis ne lèvent pas ou les transplants poussent très mal». Pour le FIBL (2001), ceux qui fabriquent eux-mêmes leurs substrats ne devraient utiliser que des matières premières irréprochables. Les mélanges maison sont surtout intéressants pour les multicellules. Les différents substrats du commerce sont choisis entre autre en fonction des besoins nutritifs de la culture, de la régularité des produits, de leur capacité à être réhumectés et de leur teneur en particules grossières. Les principales matières premières autorisées sont les suivantes : Le compost Selon les auteurs (Weill et Duval, 2009), «cette imprévisibilité (des recettes) est liée à l utilisation de compost dans le mélange. Les mélanges utilisés en agriculture conventionnelle ne contiennent pas de compost, ce qui réduit de beaucoup le risque. Quelques notions doivent être bien comprises avant de s aventurer dans ce domaine, à plusieurs égards encore mal connu en agriculture biologique : Lorsqu il y a du compost dans le terreau, ce dernier est la source de fertilité pour les transplants. Le compost se minéralise graduellement et libère les éléments fertilisants pour les plantes; Plus il y a de compost, plus le terreau est fertile; Plus le compost se minéralise, plus la fertilité augmente; et Plus le terreau est riche, plus il est salin. Ce sont les éléments nutritifs qui sont la source de salinité, en particulier les nitrates et, dans une moindre mesure, les sulfates. Si la salinité est excessive (> 1,25 ms) soit parce qu il y a trop de compost, soit parce que ce dernier est trop riche ou qu il se minéralise trop vite, les transplants ne pousseront pas et vont même mourir. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 49

55 En agriculture conventionnelle, la salinité est bien contrôlée, car les engrais chimiques ne se minéralisent pas (ils sont déjà sous forme de minéraux) et aussi parce que la salinité de chaque engrais est connue. Il suffit de mettre la bonne dose d engrais. La salinité n est pas du tout contrôlée en agriculture biologique. Non seulement la salinité d un terreau avec compost varie-t-elle au gré de sa minéralisation, elle-même variable selon la température et l humidité, mais encore la salinité de chaque compost est différente. Si le compost est toujours fait à la ferme de la même façon et avec les mêmes ingrédients, la salinité de ce dernier et sa vitesse de minéralisation varieront peu. Si le compost est acheté, même si l on achète toujours la même marque, la salinité de ce dernier peut varier». «La tendance a souvent été d utiliser beaucoup de compost dans le terreau, ce qui évitait la plupart du temps d avoir recours à la fertigation. Comme cette technique est risquée au niveau de la salinité, certains producteurs travaillent avec un terreau pauvre pour les semis et un terreau plus riche pour le repiquage. Une autre alternative est de travailler avec des terreaux contenant seulement % de compost et de fertiguer par la suite.» D après Anne Weill (Communication personnelle, 2010) cette dernière option est de plus en plus privilégiée aujourd hui en restant même autour de % de façon à minimiser les problèmes d irrégularité du compost. Biernbaum (2006) estime quant à lui que la disponibilité de l azote est meilleure lorsque le substrat comprend de 10 à 30 % de compost grâce à une meilleure activité microbienne. Cela correspond aux études du FIBL (2001) qui recommande aux producteurs biologiques d utiliser un maximum de 30 % de compost dans leur substrat pour produire des transplants de légumes. Cela permet d apporter tous les éléments nutritifs nécessaires sauf l azote. Selon Burnett (2009), la conductivité électrique ainsi que la capacité de rétention en eau trop élevées du compost justifient ce pourcentage maximum. Selon le FIBL les caractéristiques d un bon compost sont les suivantes : Salinité : < 2mS/cm (dans un extrait volumique 1.5) ph : < 7.5 Rapport entre azote nitrique et ammoniacal : 20 :1 Bon taux de germination avec du choux chinois après 7 jours ou avec de la laitue après 10 jours Test positif au cresson : bonne germination du cresson dans un bocal hermétiquement fermé à moitié rempli de compost De plus, le FIBL recommande de n utiliser que du compost bien mûr, bien aéré, riche en bois et pauvre en métaux lourds présentant une faible conductibilité (salinité). Si on fait soi-même le compost, il faut le brasser souvent pendant la phase chaude pour détruire les germes pathogènes et les graines de mauvaises herbes. Il faut également éviter de le laisser se dessécher. Selon Burnett (2009), si le compost n est pas mûr, les microorganismes continueront à dégrader activement le carbone, ce qui va diminuer l azote disponible pour les plantes. Il est donc important Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 50

56 de faire analyser le rapport C/N dans un laboratoire. Celui-ci doit se situer entre 1/15 et 1/20 pour avoir une bonne maturité. Selon Weill et Duval (2009) une grande part de la maîtrise de l utilisation du compost dans le substrat est liée à l expérience et aux connaissances du producteur : «Les producteurs qui ne maîtrisent pas bien l arrosage et l aération de leur serre, ou qui ne connaissent pas bien leur compost, peuvent avoir des problèmes de salinité avec aussi peu que 20 % de compost» alors que d autres n auront pas de problèmes avec 60 % de compost dans le mélange de terreau. Ils conseillent donc que «lorsque plus de 15 à 20 % de compost est utilisé dans le mélange, il est important de surveiller la salinité et le ph avec un conductivimètre et un ph-mètre». Malgré toutes ces précautions à prendre, les études consultées s accordent pour louer les nombreux avantages de l utilisation de compost dans le substrat. Ainsi selon Raviv et al. (2005), il peut être hautement bénéfique en permettant d économiser une partie des engrais et en protégeant les racines de plusieurs maladies et ravageurs. Pour Bachman et Metzger (2008) le compost permet en plus d augmenter la capacité d échange cationique (CEC), d augmenter la capacité de rétention en eau ainsi que d augmenter la rétention et l assimilation des nutriments grâce à leur liaison aux particules humiques. Le vermicompost Plusieurs études prometteuses ont été réalisées sur l utilisation du compost de vers de terre ou vermicompost mélangé au substrat. Ainsi selon Bachman et Metzger (2008), «l ajout de 10 et 20 % de vermicompost au substrat a eu des effets positifs sur la croissance des plants. La plus forte augmentation de croissance était sur des semis d annuelles en multi-cellules. Une croissance de plus de 40 % a été observée des pousses et des feuilles de tagetes, tomates, poivrons et centaurées. Cette augmentation de vigueur s est également maintenue après que les plantules aient été transplantées dans des plus gros pots avec un substrat commercial sans vermicompost. De plus, il y a eu des bénéfices apparents résultant de la teneur nutritionnelle du vermicompost. Tous les jeunes plants ont été produits sans l ajout de fertilisation additionnelle. Un réel potentiel existe pour les producteurs à utiliser des substrats commerciaux enrichis en vermicompost pour leur production au stade multicellules». Arancon et al. (2008) ont démontré dans leurs expériences que les vermicomposts contiennent des régulateurs de croissance, incluant des acides humiques et des hormones de croissance qui ont probablement été responsables de la plupart des augmentations de germination, de croissance et de rendements des plantes en réponse aux applications ou substitutions de vermicompost indépendamment des nutriments qu ils contenaient. Les trois types de vermicompost testés à base de fumier de vache, de déchets alimentaires et de déchets de papier ont accéléré considérablement les taux de germination et ont augmenté très significativement la croissance et le nombre de fleurs sur des pétunias indépendamment des nutriments présents. Selon les auteurs, cela pourrait aider les producteurs à accélérer de beaucoup le temps de production des plants en serre. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 51

57 La tourbe de sphaigne La tourbe est la matière la plus communément utilisée dans les substrats étant donné ses qualités physiques, sa grande disponibilité et son prix relativement faible. C est un matériau stable qui a une grande rétention en eau et en air et se décompose lentement. Son ph faible doit être compensé par l ajout de chaux au mélange. Weill et Duval (2009) mettent en garde : L acidité de la tourbe varie; les quantités de chaux à rajouter par mètre cube de tourbe peuvent varier de 2,4 à 6 kg. La chaux ne doit pas être en granules, sinon le ph prend des semaines à augmenter; et La qualité de la tourbe varie : certaines tourbes (en particulier celles vendues à rabais) sont très fines et poussiéreuses. Dans ce cas, les pores sont bloqués, le terreau ne sèche plus et les résultats peuvent être très mauvais. Les législations européennes pour la culture biologique limitent l usage de tourbe dans les substrats afin de protéger les tourbières, ce qui représente un défi majeur pour les producteurs. En effet, les substituts à la tourbe n arrivent jamais à atteindre les mêmes qualités et engendre des difficultés techniques importantes comme le manque de stabilité, de régularité du matériel et la fixation de l azote (Billmann et al., 2003). De plus certains remettent en cause l avantage écologique de remplacer la tourbe de sphaigne par des produits comme la fibre de coco venant du Sri Lanka, d autant plus lorsque la tourbe est extraite sur place et qu elle est considérée comme renouvelable dans certaines conditions. Perlite et vermiculite Ces roches siliceuses expansées ont une bonne capacité de structuration et de rétention en eau. Elles conviennent surtout pour les mélanges de substrat pour les semis pour éviter les zones trop mouillées (FIBL, 2001). La vermiculite a tendance à garder le terreau humide plus longtemps que la perlite (Weill et Duval, 2009). Le FIBL note également que ces produits ont une fabrication très gourmande en énergie. Sable «Si du sable est utilisé pour remplacer la perlite ou la vermiculite, il faut que ce soit du sable grossier à angles aigus. Le sable fin utilisé en construction a l effet contraire, il bouche les pores et garde le sol humide trop longtemps» (Weill et Duval, 2009). Agent mouillant Il est primordial d utiliser un bon agent mouillant dans des mélanges ayant une proportion importante de tourbe. Pour le producteur M. Langan, le jus de Yucca est efficace (Delorme, 2009). Comme nous l avons énoncé dans la partie sur les Intrants disponibles au Québec, les agents mouillants biologiques semblent avoir une plus faible durée de vie (6 mois) que les produits de synthèse (9 à 12 mois) ce qui pose des problèmes de délai d utilisation. Selon Biernbaum (2006), l agent mouillant est ajouté lorsque la tourbe est vraiment sèche, il s agirait donc de ne pas laisser la tourbe trop se dessécher pour l éviter. La tourbe peut aussi être remplacée ou diminuée par Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 52

58 davantage de perlite, de vermiculite, de fibre de coco ou du sable. Aussi, l humidification de la tourbe avec de l eau tiède pendant le mélange du substrat peut permettre de diminuer le besoin d agent mouillant. Cependant, d après Jocelyne Lessard, conseillère en serriculture à l IQDHO (Communication personnelle, 2010), il serait compliqué pour les producteurs de recommencer à cultiver sans utiliser les substrats très performants constitués d agents mouillants qui sont aujourd hui offerts sur le marché. Cela serait considéré comme un véritable retour en arrière au niveau de l évolution technique de la profession et demanderait un nouvel apprentissage complet car de la gestion du substrat dépend la gestion de l irrigation, des maladies racinaires et de la croissance des plantes. Les recettes «Plusieurs recettes différentes existent et chacun devra trouver celle qui lui convient. Le site de l ATTRA rend disponible le National Sustainable Agriculture Information Service où plusieurs documents sur la production biologique sont disponibles dont un sur les substrats d empotage biologiques qui propose plus de trente recettes différentes» (Delorme, 2009). Il faut être attentif au fait que plusieurs de ces mélanges ne contiennent pas de compost et pourraient donc ne pas être en accord avec les normes biologiques de référence du Québec. «Voici un mélange qui fonctionne bien en général (Senécal M., MAPAQ) : 8 à 10 % de compost, 30 % de mousse de tourbe blonde (elle est plus chère que la régulière), 30 % de perlite, 30 % de terre noire (ou d un mélange à jardin) et 3 kg de chaux dolomitique poudreuse par mètre cube de mélange. Plusieurs producteurs utilisent un terreau de semis qui contient peu de compost et un terreau de repiquage plus riche en compost» (Weill et Duval, 2009). Problèmes soulevés Les normes ne sont pas claires concernant la présence de compost ou autre matière organique dans le substrat et ne fait pas de distinction selon les espèces. La qualité des composts est variable même lorsqu ils sont industriels. Le contrôle de la salinité du substrat liée au compost est très difficile à gérer car elle dépend de nombreux facteurs (climat, vie microbienne, humidité). Peu de substrats professionnels prêts à l emploi sont disponibles sur le marché. Aucun terreau disponible au Québec n a été testé pour la culture biologique en contenant. Il n existe pas de méthode standardisée de préparation et d utilisation de substrat biologique pour la production de plantes ornementales. Les agents mouillants biologiques ont une durée de vie plus courte et sont peu connus ainsi que leurs alternatives. L absence d agent mouillant pourrait nuire à la performance du terreau et demanderait un nouvel apprentissage de la part des producteurs. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 53

59 Solutions envisagées Mener des essais pour connaître les charges fertilisantes nécessaires aux cultures ornementales en pot. Les autorisations au niveau des normes devraient être données selon les besoins de la culture. Mener des essais pour connaître les doses optimales et maximales de compost à recommander selon les caractéristiques du compost et les analyses effectuées. Des essais devraient être mis en place pour tester les terreaux biologiques disponibles sur différentes espèces et différents stades de culture. L efficacité et la durabilité des agents mouillants biologiques devraient être éclaircies ainsi que leurs alternatives. Mener des recherches de recettes standards et fonctionnelles de substrat à partir des ingrédients disponibles au Québec. Inciter les fabricants à développer des substrats biologiques La fertilisation Les normes de références du Québec Voir la même partie concernant les substrats. Tous les produits de synthèse sont interdits tandis que ceux d origine naturelle sont autorisés à condition de ne pas avoir été transformés avec des produits chimiques. De plus, le nitrate du Chili ou nitrate de sodium est interdit au Canada et dans la majorité des pays sauf aux USA. Son action directement assimilable par les plantes en ferait un produit difficilement différenciable des engrais chimiques et en contradiction avec la philosophie du bio (voir la partie sur les principes de base) malgré son origine naturelle. Lorsqu un produit n est pas certifié par un organisme de certification comme autorisé en agriculture biologique, le producteur doit contacter son certificateur pour s assurer de la conformité du produit. Revue de littérature Peu d études ont été réalisées sur la gestion de la fertilisation pour la culture biologique en pot et encore moins pour les plantes ornementales. De plus, les publications proviennent de l Europe ou des États-Unis où les produits utilisés (engrais et substrats) sont souvent différents de ceux qui sont disponibles au Québec. Cependant, plusieurs éléments peuvent être considérés notamment grâce aux études effectuées sur les transplants de légumes biologiques et à quelques-unes plus récentes en production ornementale. Ainsi, selon Robert Anderson, professeur en floriculture à l Université du Kentucky la fertilisation est la partie la plus complexe de la production biologique en serre car nous n en connaissons pas assez sur la disponibilité des nutriments par rapport aux engrais synthétiques (Keibler Bolas, 2005). William et al. (2009) considèrent quant à eux que l on manque beaucoup d informations sur la fertilisation par rapport aux autres pratiques culturales biologiques et plus spécifiquement au niveau des effets sur le ph et la CÉ (conductivité électrique) des substrats ainsi que sur les doses optimales à utiliser par rapport aux engrais de synthèse. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 54

60 La gestion de l azote D après les différentes études consultées, la gestion de l azote demeure le principal défi de la fertilisation. D après Biernbaum (2006), avec un bon substrat, seul l azote va demander une gestion particulière durant la production car même si du potassium et du phosphore peuvent être ajoutés, c est l azote qui jouera le plus grand rôle sur la taille de la plante. Selon Marcelis et al. (2006), il existe deux incertitudes pour décider de l application d un engrais organique : combien de temps va prendre l azote pour se minéraliser et quelle dose d azote la culture a besoin jusqu à la prochaine application. Le défi est donc de minimiser les pertes d azote par lessivage et dénitrification tout en apportant la dose optimale dont la culture a besoin. Selon Biernbaum (2006), la bonne dose à appliquer doit être basée sur l observation de la plante tout en considérant la température et l activité biologique de la zone racinaire. L azote disponible est en principe plus rapidement apporté avec un substrat à base de compost qu avec un substrat seulement à base de tourbe. Tandis que les engrais synthétiques sont souvent à base de nitrates directement assimilables, l azote des engrais organiques est sous la forme complexe de protéines qui se décomposent d abord en azote ammoniacal (la minéralisation) puis celui-ci est transformé en nitrates (la nitrification) sous l action des bactéries. L ammonium peut être directement utilisé par les plantes mais c est sous forme de nitrates que la majorité de l azote va être assimilée. Il faut également prendre en considération que lorsque la température du sol est inférieure à 13 C ou lors d une faible luminosité, l ammonium peut avoir un effet toxique sur les plantes. La fertilisation mélangée au substrat La fertilisation peut être appliquée avec des matières organiques que l on mélange au substrat ou en fertilisation liquide pendant la culture. Lorsque les engrais sont mélangés au substrat, l azote peut être apporté en incorporant de la farine de luzerne, de sang, de plume, de graines de coton, de sabot, de corne ou de soya ainsi que des fumiers d animaux entre autres. Le phosphore peut être apporté par l incorporation des feuilles de chêne, des résidus de crevettes, de la farine d os ou du phosphate de roche. Le potassium est quant à lui apporté en incorporant de la glauconite (ou greensand), de la farine de granite ou de soya, des cendres ou du Sul-Po-Mag (Adam, 2005). Pour Burnett (2009), un des plus gros défis pour réaliser un substrat biologique est d apporter des niveaux de fertilité équivalents aux engrais chimiques alors que les engrais organiques libèrent plus lentement les nutriments. De plus, selon Cox (2009), la fertilisation incorporée au substrat limite le contrôle de la nutrition par rapport aux engrais liquides. Ainsi les entrevues menées par Billmann et al. (2003) auprès des producteurs bios allemands indiquent des difficultés dans la gestion de ce type de fertilisation entre autres à cause d une trop grande libération de nutriments durant les périodes plus chaudes de la production. L azote ammoniacal disponible en trop grande quantité peut alors provoquer des dommages racinaires pour la culture. C est pourquoi il importe également de bien évaluer les doses et le type de compost à mélanger au substrat car ce composant joue un rôle déterminant dans la gestion de la fertilisation biologique. Ainsi selon Anne Weill (Communication personnelle, 2010), la tendance actuelle est de minimiser la dose de compost à % et de fertiguer par la suite. Le vermicompost est encore peu utilisé mais semble avoir un bon potentiel pour la fertilisation. (Voir la partie Le compost) Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 55

61 D autre part, Mme Weil mentionne que l Acti-sol (fumier de poule granulé 4-4-2), fonctionne bien mais qu il faut surveiller la salinité et la variabilité des réactions selon les espèces en faisant des essais car ce produit peut avoir des effets négatifs notamment sur les jeunes pousses. Selon Diaz et Perez (2008), une dose de % (du poids) de fumier de poule dans un substrat à base de tourbe a permis d augmenter significativement les poids secs des plants, des racines et des pousses et d apporter ainsi suffisamment de nutriments aux transplants de tomates pour toute la durée de la culture (5 semaines) sans autre apport d engrais. D autre part, lors d un essai réalisé sur des Tagetes (Cox, 2009), les plants fertilisés seulement avec l incorporation de granules de luzerne (5-1-2) au substrat étaient nettement carencés avec des feuilles et des fleurs plus petites et un poids sec significativement inférieur aux autres traitements qui recevaient une fertilisation liquide organique ou conventionnelle pendant la culture. Schéma 14 : Tagetes fertilisés Tagetes fertilisés (gauche à droite) avec de l engrais chimique , émulsions de poisson, granules de luzerne, émulsions de poisson + granule de luzerne. (Cox, 2009) Billmann et al (2003) nous révèlent que 80 % des producteurs bio allemands interrogés obtiennent des résultats satisfaisants avec l utilisation de corne broyée mélangée incorporée au substrat complétée par une fertilisation liquide pendant la culture, sans connaître toutefois la proportion des deux types d apports. M. Mark Langan propriétaire de Mulberry Creek Herb Farm a choisi pour sa part d enrichir son substrat avec du fumier de poule granulé (5-4-4), de la farine de sang et de la glauconite pour les micro-éléments. Cela lui permet d avoir un substrat assez riche pour toute sa production d annuelles qu il ne complète au besoin qu avec quelques applications d émulsions de poisson en cours de culture. D après Delorme (2009), la qualité des plants obtenus chez ce producteur est intéressante et il semble donc qu une fertilisation apportée en majorité dans le substrat de départ puisse donner de bons résultats. Cependant, cela n a pas pu être confirmé par les études trouvées sur le sujet et demanderait des recherches complémentaires. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 56

62 La fertilisation pendant la culture L utilisation d engrais liquides permet d avoir un meilleur contrôle sur la libération d éléments nutritifs en cours de culture même si, selon Adam (2005), la combinaison d une fertilisation avant et après la transplantation devrait apporter suffisamment de nutriments pour une culture d annuelles en pot. D après Weill et Duval (2009) «comme il y a peu d information sur ces questions en agriculture biologique, il faut regarder ce qui se fait en agriculture conventionnelle et l adapter. En agriculture conventionnelle, comme le terreau est pauvre, les transplants sont fertilisés soit à chaque arrosage, soit tous les deux ou trois arrosages. Toujours en production conventionnelle, il est recommandé de commencer à fertiliser lorsque la majorité des plantules ont leurs cotylédons déployés. On commence avec une concentration de 50 ppm d azote et on augmente progressivement la fertilisation jusqu à 150 à 200 ppm. Il est recommandé d utiliser un fertilisant qui présente un ratio N-P-K de Le phosphore favorise l élongation des entre-nœuds, et comme il est préférable de produire des plants courts et trapus, on essaie d en mettre aussi peu que possible. En agriculture biologique, l émulsion de poisson ou les algues ont été fréquemment utilisées pour la fertilisation des transplants. Actuellement, d autres fertilisants liquides autorisés en agriculture biologique sont vendus sur le marché. Le tableau 6 présente quelques produits normalement utilisés et ce qu apporte une dose de 1 mll de chacun». Tableau 6 : Exemples de fertilisants liquides pour les transplants Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 57

63 Selon Biernbaum (2006), les émulsions de poissons ont été testées sur des annuelles comme engrais unique pendant plusieurs mois à une année sans observer aucun signe de carences malgré les faibles taux en phosphore et potassium. La meilleure dose d application se situe entre 50 et 500 ppm d N soit des dilutions de 1/100 à 1/1000 respectivement. Lorsque l on dispose d un système d irrigation par injecteur, une dose normale se situe entre 50 et 100 ppm d N à chaque irrigation. Cependant avec des produits qui ont une odeur nauséabonde comme les émulsions de poisson, il peut être préférable de faire des apports toutes les deux semaines ou mensuellement. Selon Cox (2009), ce produit est celui qui se rapproche le plus des engrais solubles de synthèse au niveau de la méthode d application. Cependant 15 à 25 % du produit est insoluble et il aurait obtenu de meilleurs résultats sur un essai de culture de géraniums en mettant 240 ppm d N au lieu de 200 ppm. Schéma 15 : Géraniums fertilisés Géraniums fertilisés avec des émulsions de poisson (à gauche dans chaque paire) et du (à droite dans chaque paire). La dose était de 200 ppm d N. (Cox, 2009) D après Anne Weill (Communication personnelle, 2010), il serait intéressant de faire un mélange d algues et d émulsions de poisson pour avoir une meilleure dose de potassium dans la fertilisation. Selon William et al. (2009) qui ont testé différents engrais organiques solubles sur des poinsettias, plusieurs problèmes se posent au niveau de ces engrais et de leur gestion. Les ratios N-P-K sont parfois plus élevés en phosphore et plus faibles en potassium. La teneur en micro-éléments comme le fer, manganèse, zinc et cuivre est souvent plus élevée que désirée. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 58

64 Malgré cela les auteurs ont obtenu de bons résultats notamment avec des doses de 100 et 200 ppm d N du fertilisant Omega comparables aux plants cultivés avec du Le traitement avec une dose de 300 ppm d engrais organique était plus petit à cause d une salinité trop élevée. Schéma 16 : Poinsettias fertilisés Poinsettias fertilisés avec l engrais Peter s (conventionnel) et Omega (organique) à 100, 200 et 300 ppm d N. (William et al., 2009) L engrais Omega est fait à partir de farines de sang et d os et de phosphate de roche (non disponible au Québec). Les émulsions de poissons (200 ppm d N) ont donné des résultats inférieurs avec moins de branches que les autres traitements et une carence en potassium. Ces résultats confirment ceux de Miles et Peet (2002) dans la culture de tomates en conteneurs pour qui les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les taux de N-P-K des engrais organiques sont équivalents à ceux des engrais conventionnels. Récemment, une étude a été menée au Québec par Agriculture Canada (Gravel et al., 2009) sur la fertilisation biologique des géraniums pendant 12 semaines. La fertilisation avec un extrait liquide de fumier de poule Actisol ( ) à 200 ppm d N sur un substrat à base de tourbe (Promix) a donné une qualité de plants similaires à une fertilisation conventionnelle ( ). Les plants biologiques étaient fertilisés trois fois par semaine avec 100 ml d engrais ( ) et donc proche des proportions du En Allemagne et en Suisse, les producteurs utilisent de façon quasi-systématique un type d engrais liquide appelé «vinasse» fabriqué à partir de la mélasse issue de la fabrication du sucre et obtiennent d assez bons résultats (Billmann B., Communication personnelle, 2010). Ces engrais de formulation variée peuvent être utilisés avec des doseurs d engrais à faible pression. Cependant, ils doivent être dilués juste avant utilisation, ne pas être apportés quand il fait trop froid (car trop épais) et les tuyaux doivent être systématiquement rincés après utilisation (FIBL, 2001). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 59

65 Le thé de compost D après Delorme (2009) «des producteurs utilisent des purins de compost pour la fertilisation. Ces purins s obtiennent par l infusion de compost bien mûr emballé dans un tissu ou autre matériel dont les mailles sont suffisamment petites pour retenir les particules de compost, mais suffisamment grandes pour permettre le passage de plus gros microorganismes comme les nématodes, champignons et protozoaires dans un contenant d eau. On les utilise surtout dilués en applications au sol, mais aussi en applications foliaires. Il y a aussi les thés de compost oxygénés qui sont fabriqués à partir d un compost mûr de qualité que l on fera fermenter dans l eau en présence d oxygène. Quelques ingrédients comme de la mélasse, des acides humiques, des algues sont ajoutés pour nourrir la population de microorganismes présents dans le compost. Au bout d environ 24 heures, les microorganismes se sont multipliés pour donner un liquide sans odeur très riche en bactéries, champignons, nématodes bénéfiques. Ces thés de compost, en plus de leur valeur nutritive pour la plante, enrichissent la flore microbienne du terreau et ont pour effet de protéger les plantes contre les maladies racinaires, d augmenter l absorption des nutriments et de favoriser une meilleure rétention des nutriments dans le terreau». D après Anne Weill (Communication personnelle, 2010), les thés de compost sont assez récents et peu de recommandations sont disponibles pour leur utilisation en production commerciale. Selon elle, les résultats peuvent être assez irréguliers puisque leur qualité dépend de la nature du compost d origine ainsi que de la préparation effectuée (type de machine, recette). Un autre facteur est que la préparation du thé de compost peut être assez longue dans une période de l année très occupée pour les producteurs. Les biostimulants «Il existe différents types de produits dits biostimulants sur le marché, se distinguant par leurs ingrédients actifs et leurs modes d action. On retrouve des biofongicides à base de champignons, des biofongicides à base de bactéries, des stimulants de croissance à base d algues, des acides humiques et des activateurs de croissance composés d hormones, d acides aminés, de protéines ou de vitamines» (Larouche, 2009). Au Québec, les biostimulants disponibles sur le marché sont principalement à base d algues. Un projet a été mené en 2009 par l IQDHO pour évaluer l efficacité de ces produits en production d annuelles étant donné la confusion des informations disponibles à leur sujet. Il faut noter que les quelques études effectuées auparavant ne donnaient que très peu de crédit à ces produits contrairement aux fournisseurs. L étude de l IQDHO est finalement venue corroborée cette impression : «À la lumière de nos résultats, nous devons conclure que l utilisation des biostimulants avec une fertilisation et un environnement adéquats n a donné que très peu de gains de croissance et de développement sur les annuelles de ce projet» (Larouche, 2009). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 60

66 Gestion de la fertilisation liquide Selon Billmann et al (2003), les producteurs bio allemands ont plusieurs difficultés avec les engrais organiques solubles tel que la vinasse : Les résidus d engrais restant sur le matériel de production se décomposent et laissent une odeur nauséabonde; les engrais finissent par boucher les injecteurs et les goutte-à goutte, ce qui rend impossible l utilisation de la fertigation; le nettoyage et la manutention demandent des dépenses élevées en main-d œuvre; et Les analyses de substrat donnent uniquement les valeurs des nutriments minéralisés et ont donc une utilité réduite. Selon William et al (2009) les difficultés au niveau de la gestion nutritive sont les suivantes : Quelques engrais organiques doivent être dilués peu de temps avant leur utilisation à cause du développement d organismes nuisibles; et le ph et la CÉ varient selon les sources organiques des engrais. Les auteurs indiquent aussi que malgré ces données variables, il est quand même important de contrôler ces valeurs. Problèmes soulevés Les normes biologiques de référence du Québec ne sont pas claires au niveau du mode de fertilisation autorisé. Il n existe pas de méthode d application standardisée de la fertilisation qui soit adaptée à la production biologique en pot et les études sont peu nombreuses sur le sujet. La dynamique de l azote organique est compliquée à gérée en fertilisation hors-sol. Cela rend le contrôle de la croissance difficile tandis que les mesures habituelles de ph et CÉ (conductivité électrique) sont insatisfaisantes. Cela peut également entrainer des risques de toxicité importants en particulier pour les semis et boutures. Quand on minimise la dose de compost, une fertilisation liquide avec un ratio identique au conventionnel est nécessaire. L utilisation d engrais liquides entraine des désagréments au niveau des odeurs, du développement de biofilm qui bouche les tuyaux et du développement de microorganismes nuisibles après la dilution. Cela rend les engrais biologiques plus difficiles à utiliser pour le producteur et augmente le temps de travail. Les engrais liquides ne sont pas toujours solubles à 100 %, ce qui est également une source de problèmes au niveau de la manutention mais également au niveau du calcul des doses à apporter. Solutions envisagées Au niveau des normes, il s agirait d autoriser plus clairement l utilisation d engrais liquides et l utilisation de substrat sans charge fertilisante pour les semis et boutures. Pour le producteur: commencer par faire des essais de fertilisation sur une petite surface en essayant d être le plus régulier possible dans le choix et la gestion du substrat et de l engrais. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 61

67 Inciter le développement d engrais organiques liquides, solides et granulaires qui soient plus facile d utilisation (ratios équilibrés, manutention) et meilleur marché. Mener d autres recherches concernant la dynamique des éléments minéraux (surtout l azote) en production en pots et la mise en place de programmes standardisés de fertilisation biologique adaptée à différentes espèces ou groupes d espèces. Établir des normes de ph et CÉ pour la production biologique en pot. Mener des essais sur le thé de compost, le vermicompost ainsi que les intrants plus facilement disponibles au Québec (fumier de poule granulé) Contrôle phytosanitaire Les normes biologiques de références du Québec À propos du contrôle phytosanitaire, les normes du Québec recommandent clairement d utiliser toutes les mesures préventives possibles avant de faire un traitement : «5.8 Protection phytosanitaire Les techniques de production biologique doivent viser à minimiser les pertes occasionnées par les maladies et les ravageurs. Pour ce faire, la lutte aux maladies et aux ravageurs doit faire appel à une ou plusieurs des méthodes suivantes : espèces et variétés résistantes et bien adaptées à l'environnement; fertilisation et rotations équilibrées; sols ayant une bonne activité biologique; utilisation d'engrais verts ou associations des plantes (ex.: cultures alternées, agroforesterie); lutte biologique; moyens mécaniques (ex. : pièges, barrières, lumière, bruit), etc.; et mesures préventives et sanitaires en vue d éliminer les vecteurs de maladie, les graines de mauvaises herbes et les habitats des ravageurs». Comme pour les substrats et les engrais, l annexe A1 des normes donne la liste des produits autorisés en agriculture biologique pour lutter contre les ravageurs et les maladies. D une façon générale, tous les produits de synthèse sont interdits tandis que les produits d origine naturelle (végétaux, animaux, minéraux) sont autorisés. Pour lutter contre les maladies, les produits à base de soufre et de cuivre sont permis sous certaines restrictions : Ils doivent être d origine minière, le cuivre ne doit pas s accumuler dans le sol tandis que la bouillie bordelaise, le sulfate de cuivre et la chaux soufrée doivent être utilisés en application foliaire et en dernier recours seulement. Pour les insectes, la liste comprend surtout quelques produits à base de plantes (Pyrèthre, Roténone, Huile de neem), des produits naturels (savons à base d acides gras, terre de diatomée, phéromones), à base de virus et bactéries (Spinosad, Bacillus thuringiensis) et les prédateurs auxiliaires. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 62

68 Il est à noter que certains de ces produits doivent être homologués par l ARLA. Ainsi l huile de neem autorisée comme répulsif à insectes par les normes biologiques n est pas encore homologuée pour cet usage par l ARLA au Canada. Le problème est en fait plus large puisque cette instance a décidé de ne plus mettre à jour la liste des pesticides à risques réduits (comprenant les matières actives, les produits commerciaux et les biopesticides) dont la dernière publication date de De plus, le Manuel des Intrants Bio (M.I.B.) qui donne la liste des produits biologiques autorisés au Québec date de déjà de 2007 et aucune mise à jour n en est également prévue pour l instant (N. Turgeon, communication personnelle, 2010). Ces éléments posent des problèmes aux producteurs pour connaître les produits effectivement permis ou non. D autre part, un élément qui peut mener à confusion est que plusieurs bio-fongicides (à base de champignons ou de bactéries) ne sont pas inscrits dans la liste des substances permises pour lutter contre les maladies par les normes biologiques de références du Québec à savoir : Trichoderma sp (Root Shield), Bacillus subtilis (Rhapsody) ou Streptomyces lydicus (Actinovate). Cependant, tous ces produits semblent être permis comme amendements et font partie de la liste du M.I.B. de Ils sont donc «tolérés» par les organismes de certification étant donné leur faible impact sur l environnement. Ces produits sont également autorisés par les normes biologiques du Canada qui permettent l utilisation de tous les «organismes biologiques» définis comme : «Organismes vivants qui contribuent à la production végétale grâce à la réduction des populations d organismes nuisibles tels que Bacillus thuringiensis, spinosad, virus à granulose (p. ex. virus, bactéries, protozoaires, champignons, insectes et nématodes). Aucun organisme issu du génie génétique» (Systèmes de production biologique-liste des substances permises, 2008). État de la situation La lutte biologique se développe en production en serre depuis une trentaine d années à travers le monde et de nombreuses études ont été publiées sur le sujet. C est surtout le manque d efficacité des produits de synthèse causé par la résistance des insectes aux pesticides qui a mené à utiliser la lutte biologique. Au Québec, celle-ci a commencé dans la culture des légumes puis s est étendue aux productions ornementales il y a quelques années. Aujourd hui, les producteurs utilisent de plus en plus la lutte biologique comme un moyen de contrôle classique des insectes et des maladies avec des résultats satisfaisants. L IQDHO développe actuellement une bonne expertise dans ce domaine (voir chapitre 3 : Analyse économique) en suivant un groupe de producteurs dans cette démarche. Des fiches techniques des différents ravageurs ont été élaborées par l organisme afin de transmettre les informations détaillées aux producteurs intéressés par la lutte biologique tels que l identification et le dépistage des insectes, l efficacité des prédateurs en fonction des conditions, les dates d introduction, etc. Des séances d information et des formations sur la lutte intégrée sont également données chaque année par les conseillers de l IQDHO de façon à étendre ces pratiques dans le secteur ornemental. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 63

69 L accompagnement actuel des producteurs a permis des réductions significatives de l utilisation de pesticides au point que la lutte entièrement biologique en serre apparaît aujourd hui comme faisable par les conseillers de l IQDHO (Delorme, Martineau et Lessard, communications personnelles, 2010). Parallèlement à cela, la gamme des intrants disponibles s est beaucoup élargie et la qualité des produits s est améliorée permettant des interventions de plus en plus efficaces et variées. Il faut cependant rester prudent car les succès actuellement enregistrés en lutte intégrée ne sont pas forcément transférables à une lutte complètement biologique. En effet, les producteurs ont pour l instant plusieurs produits chimiques à disposition pour contrôler une éventuelle perte de contrôle de la situation phytosanitaire. Plusieurs de ces produits ont l avantage de ne pas atteindre les auxiliaires en place grâce à leur mode d action très ciblé sur les ravageurs. En mode biologique, les produits autorisés n ont généralement pas cette caractéristique et peuvent aggraver la situation en endommageant la faune auxiliaire en place (voir la partie sur l environnement au Chapitre 5). Les produits biologiques sont également moins efficaces car ils agissent surtout par contact et se dégradent plus rapidement. Ces différents points représentent donc une prise de risque plus importante pour le producteur qui désire se lancer en mode biologique. Contrôle des insectes Le nombre d espèces d insectes ravageurs présents dans les serres est assez limité, ce qui permet de rapidement cibler le problème et d employer les moyens appropriés. De plus, lors d une production d annuelles, le temps de production est trop court (février à mai-juin) pour craindre une infestation importante d insectes. Pour mettre en place un bon contrôle biologique des insectes, il est important d agir préventivement grâce à différentes actions : Contrôle des arrivages et mise en quarantaine avec désinfection au besoin; Contrôle des mauvaises herbes dans la serre et aux alentours; Nettoyage des structures utilisées pour la production; et Dépistage régulier des plants et des pièges dans la serre. Les principaux insectes ravageurs présents sont les tétranyques (Tetranychus urticae), les thrips (Frankliniella occidentalis, Thrips tabaci), les aleurodes (Trialeurodes vaporarium, Bemisia tabacci), les pucerons (Aphis sp) et les sciarides (Bradysia sp). «Pour le contrôle (curatif) des insectes il y a trois méthodes, soit l utilisation des auxiliaires, soit l utilisation de bio-insecticides et le plus souvent une combinaison des deux» (Delorme, 2009). Pour chacun de ces ravageurs, il existe des prédateurs auxiliaires pour les contrôler. Le producteur doit s assurer de la qualité des auxiliaires à leur réception, de les introduire assez tôt après avoir dépister un ravageur et de les placer dans des conditions appropriées à leur développement (luminosité, température, humidité). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 64

70 À propos des autres produits, M. Langan, producteur d annuelles biologiques aux USA utilise les moyens suivants dont les homologations ne sont pas garanties au Québec (Delorme, 2009) : Les produits à base de Bacillus thuringiensis pour le contrôle des mouches du terreau et des chenilles; Mycotrol O (Beauveria bassiana) un champignon entomopathogénique qui s attaque aux pucerons, thrips, aleurodes, cochenilles. Le produit doit être appliqué en début d infestation; La terre diatomée : en mélange avec une poudre de roténone est très, très efficace selon M. Langan; Le jus d ail : M. Langan l achète en barils de 45 gallons et l utilise directement du contenant avec un injecteur réglé à 1 :200. Selon lui, en plus d avoir un effet répulsif pour environ deux semaines, il tue aussi les pucerons et les aleurodes par contact; L huile de Neem et les extraits de Neem : Trois applications à cinq jours d intervalle en mélange avec le Mycotrol O et 1 g/litre de sucre, cela fait des merveilles contre les thrips; L huile de soya est efficace en particulier contre les tétranyques; Les produits à base de pyréthrine d origine naturelle : surtout employés en dernier recours pour les infestations majeures; Les savons insecticides; Le Entrust, la formulation approuvé de Spinosad pour la lutte biologique contre les thrips et les chenilles; et Le soufre utilisé contre les tétranyques. D après l expérience des conseillers de l IQDHO, le thrips pourrait être le plus difficile à gérer en lutte biologique actuellement. L huile de neem pourrait cependant avoir une certaine efficacité si elle était homologuée par l ARLA au Canada. Pour les producteurs allemands d annuelles et de vivaces biologiques, les sciarides sont leur plus gros problème au niveau des insectes suivis des pucerons, des aleurodes, des thrips et des limaces. La présence de sciarides est surtout due à la gestion difficile de l humidité du substrat. La stabilité structurelle des produits utilisés pour remplacer la tourbe sont clairement mis en cause dans cette situation. D une façon générale les producteurs allemands disent avoir un contrôle assez satisfaisant des problèmes phytosanitaires en serre (Billmann et al., 2003). Pour Liette Lambert (2004), des besoins de recherche sont nécessaires pour améliorer l efficacité de la lutte biologique en serres : Connaissances des auxiliaires; Plantes banques / haies composites; Interaction entre auxiliaires (prédation); Sensibilité des auxiliaires aux pesticides; et Taux d introduction adaptés. Contrôle des maladies Pour le contrôle biologique des maladies, les producteurs n ont que des méthodes préventives à leur disposition car même les produits autorisés ne sont que très légèrement curatifs. De plus, la lutte biologique aux maladies est moins développée que pour les insectes. Cependant, les problèmes liés aux maladies sont considérés comme mineurs dans les productions ornementales en serre et peuvent être assez facilement gérés sous mode biologique avec des mesures préventives adéquates (M. Delorme, communication personnelle, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 65

71 D après M. Langan, «les principales actions sont celles de prévention comme de bien espacer les pots pour favoriser une meilleure circulation d air, le contrôle de l humidité et l installation de ventilateurs horizontaux (HAF) pour éliminer autant que possible les zones d air stagnant dans les serres. Les traitements suivants sont également utilisés sur la production dont les homologations ne sont pas garanties au Québec : Les thés de compost font merveille contre les maladies de sol et les maladies foliaires. Des produits comme Root Shield (Trichoderma sp) sont efficaces pour enrayer les maladies des racines causées par Pythium, Rhizoctonia et Fusarium. Les produits à base de peroxyde d hydrogène sont utilisés contre les maladies du sol et foliaires, mais sont à usage restreint. Le Milstop (bicarbonate de potassium) est efficace contre l oïdium (le blanc) Actinovate SP (Streptomyces lydicus) une bactérie efficace contre les champignons de sol Pythium, Rhizoctonia, Phytophthora, Verticillium et Fusarium. Actinovate est aussi efficace contre certaines maladies foliaires : Botrytis, oïdium, Sclerotinia et Alternaria. Rhapsody (Bacillus subtilis) est une bactérie efficace contre les champignons de sol tels que : Rhizoctonia, Pythium, Fusarium et Phytophthora et les maladies foliaires comme Botrytis, l anthracnose, les maladies bactériennes et plusieurs autres. L utilisation d écorce dans le substrat aide aussi à diminuer les maladies des racines Tous ces produits sont efficaces surtout en prévention ou en tout début d infection, un bon dépistage est donc primordial» (Delorme, 2009). Pour les producteurs allemands de plantes ornementales biologiques en serre, les maladies racinaires sont les plus problématiques suivis de l oïdium et du botrytis. À cause de cela, la production de quelques espèces de vivaces plus sensibles pourraient être compromise telles que les Delphinium, Phlox, Aster, Iris et Alcea (Billmann et al., 2003). La qualité du substrat et une gestion adéquate de l irrigation sont essentielles pour prévenir les maladies racinaires. C est pourquoi la disponibilité de terreaux biologiques de qualité ainsi que la connaissance de leurs propriétés par les producteurs sont très importantes pour la réussite de la culture. De plus, même en culture conventionnelle, les producteurs en serre utilisent aujourd hui fréquemment des produits à base de bactéries et de champignons pour inoculer le substrat et lutter ainsi préventivement contre les maladies du sol. Comme nous l avons discuté ci-dessus, les produits Root Shield (Trichoderma sp), Actinovate SP (Streptomyces lydicus) et Rhapsody (Bacillus subtilis) ne sont pas inscrits pour lutter contre les maladies dans les normes biologiques de référence du Québec. En respectant ces normes à la lettre, il serait peut-être plus difficile de lutter biologiquement contre les maladies racinaires dans des cultures en pot. Selon M. Delorme (Communication personnelle, 2010), la présence de compost dans le substrat pourrait cependant apporter les microorganismes suffisants pour prévenir ces maladies. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 66

72 Au niveau des maladies foliaires, le blanc et le botrytis sont les maladies les plus fréquentes dans les plantes ornementales. D après Lévesque (2008), le Milstop serait très efficace contre l oïdium surtout préventivement et aurait aussi un effet légèrement curatif contre cette maladie. Le produit est listé OMRI aux USA ainsi que dans le M.I.B. de L ARLA recommande ce produit sur les cultures de Cornouiller fleuri, Monarde écarlate, Pâquerette africaine, Hortensia, Poinsettia et Phlox. Le Botrytis est quant à lui présent sur un très grand nombre d espèces mais il est surtout favorisé par des conditions humides, des plants trop serrés et un manque d aération qui peuvent être évités préventivement. L utilisation de Plant Shield (Trichoderma sp) serait efficace pour prévenir les infestations. Pour M. Delorme (Communication personnelle, 2010), les dommages liés au Botrytis concernent surtout les grosses entreprises qui visent un marché de masse. Les densités de plantes sont alors plus élevées pour rentabiliser au maximum leur production, ce qui favorise des conditions propices au développement de la maladie. Les petits producteurs ont souvent moins de problèmes avec cette maladie. Le thé de compost «Les thés de compost, en plus de leur valeur nutritive pour la plante, enrichissent la flore microbienne du terreau et ont pour effet de protéger les plantes contre les maladies racinaires, d augmenter l absorption des nutriments et de favoriser une meilleure rétention des nutriments dans le terreau. En application foliaire, une population bénéfique de microorganismes se développera à la surface des feuilles et constituera une sorte de barrière vivante face aux organismes pathogènes» (Delorme, 2009). Selon l expérience de l auteur, les producteurs qui utilisent les thés de compost réduisent significativement leurs problèmes de maladies. Il s agit de bien respecter les formulations et de les utiliser selon les besoins observés. Voir aussi partie sur la Fertilisation. Problèmes soulevés Les bio-fongicides à base de microorganismes ne sont pas inscrits dans les normes biologiques de référence du Québec pour lutter contre les maladies racinaires et foliaires alors qu ils font partie du M.I.B. de L autorisation de ces produits n est donc pas claire. Certains produits sont autorisés par les normes biologiques du Québec mais ne sont pas homologués par l ARLA ou restreints à certaines cultures. Cette situation est grandement problématique puisqu elle diminue encore la liste des intrants permis et retire des moyens de production nécessaires à la qualité de la production. Le manque de mise à jour des listes de produits autorisés en agriculture biologique au niveau national et provincial est également une contrainte importante. Cela amène des contraintes administratives et une certaine confusion pouvant induire des pertes de temps, des erreurs et de la frustration pour les producteurs. La lutte biologique demande une meilleure régie et planification. Elle exige plus de temps et de connaissances et est souvent plus coûteuse que la lutte chimique. Elle donne également des résultats à plus long terme, ce qui demande plus de patience et des seuils de tolérance Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 67

73 plus élevés. Enfin la lutte biologique est souvent très spécifique à un ravageur et beaucoup de ravageurs n ont pas de prédateur facilement disponible. Le risque de perte de contrôle des ravageurs est élevé en l absence de produits curatifs efficaces. Les produits de traitements biologiques autorisés sont souvent à large spectre, ce qui peut mettre en péril la faune auxiliaire et aggraver les dommages. Cet élément remet également en question l objectif de protéger l environnement de l agriculture biologique et peut affecter l image de la certification. Les thés de compost sont encore peu connus dans leur mode d action et leur utilisation pratique. Certaines espèces de plantes ornementales sont plus fragiles que d autres et pourraient être abandonnées sous mode biologique. Solutions envisagées Une demande pourrait être faite au Comité des normes biologiques du Québec pour intégrer les bio-fongicides aux produits autorisés par les normes du Québec. Mettre à jour annuellement la liste des intrants commerciaux autorisés. Mener des essais de production sous serre sous mode entièrement biologique pour mieux évaluer la capacité d intervention curative avec les produits autorisés. Cela pourrait donner une idée plus juste de la prise de risque réelle du producteur biologique. Mener des études pour mieux évaluer la compatibilité des produits autorisés et les auxiliaires utilisés contre les principaux insectes ravageurs. Faciliter les homologations des biopesticides efficaces sur les plantes d ornement. Mener des recherches sur les modes d action, de fabrication et d utilisation des thés de compost contre les maladies. Mener des recherches sur les effets de la fertilisation par rapport à la sensibilité des différentes cultures aux problèmes phytosanitaires Le contrôle de la croissance Les normes biologiques de référence du Québec D après les normes, «tous les produits obtenus par synthèse chimique (comme les régulateurs de croissance à base d hormones synthétiques) sont proscrits». Le contrôle de la croissance peut donc être effectué avec des méthodes préventives, physiques ou à l aide de produits d origine naturelle (Tableau suivant). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 68

74 Tableau 7 : Régulateurs de croissance autorisés en culture biologique Noms Communs Statut Origine et annotation d'usage Acide gibbérellique Restreint Obtenu par fermentation et non enrichi avec les substances synthétiques. Acide indole-acétique Restreint Stimulateur de croissance des racines. Cytokinines Restreint Extraites d algues pour stimuler la croissance des racines Dioxyde de carbone Permis Stimulateur de croissance. Pour utilisation en serres Extraits de plantes Permis Permis : l'usage de la substance peut être approuvé selon les critères applicables dans les différentes sections des présentes normes et l'annotation d'accompagnement (si c'est approprié). Restreint : L usage de la substance doit être approuvé par le certificateur selon des critères applicables dans les différentes sections des présentes normes et l'annotation d'accompagnement si aucune substance ou pratique permise n'est disponible, faisable ou n a démontré d efficacité. Il n existe donc aucun produit homologué permettant de retarder la croissance des plants. Revue de littérature Pour la majorité des producteurs de fleurs, le contrôle de la croissance se résume à l utilisation de régulateurs de croissance. Les produits généralement utilisés réduisent la croissance ou ramifient les plantes pour leur donner un port plus compact. Les producteurs ont oublié qu il existait d autres options que les produits chimiques (Pasian, 2005). En effet, même en production conventionnelle, plusieurs acteurs commencent à chercher sérieusement des alternatives aux produits de synthèse dont la liste diminue progressivement au niveau des homologations nationales. L Allemagne en a déjà interdit complètement l utilisation il y a plus de six ans (Vallot-Pons, 2004). En France «la situation est cependant ressentie comme complexe par certains producteurs, qui ont du mal à se passer de ces produits pour des cultures spécifiques. Par exemple, pour le chrysanthème, dont la période de commercialisation est très courte, la régulation de la croissance est jugée primordiale pour se caler avec le marché. Il faut cependant souligner qu'il existe des alternatives aux nanifiants chimiques qui mériteraient d'être davantage utilisés par les professionnels, même si elles nécessitent une remise à plat des itinéraires techniques (Haddad, 2007)». Au Québec, c est essentiellement la gestion de la différence de température qui est en développement ces dernières années pour réduire l utilisation de ces produits. L IQDHO effectue d ailleurs actuellement des essais chez les producteurs pour tester différentes espèces à cette technique. La gestion de la différence de températures «Le «DIF» correspond à la différence entre la température de jour et la température de nuit (DIF = T jour - T nuit). Plus la valeur du DIF est négative plus les entre-nœuds sont courts. Comme il n'est pas facile ni surtout économique d'avoir des températures de nuit plus élevées que celle de jour il a été démontré que des changements de température sur des périodes plus courtes (le jour ou la nuit) donnent aussi de très bons résultats, sinon équivalents: on parle alors parfois de «DIP». Le DIP réfère généralement à une réduction de température de 2 à 3 heures tôt le matin lorsque la lumière commence à poindre. (Goudreault, 1994)» Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 69

75 Selon Bilodeau (2008), les principaux défis sont : Fournir les températures optimales pour chaque espèce ou groupe d'espèces produites; Obtenir une température uniforme sur la zone ou les zones de production; Fournir une température qui est économiquement rentable (coûts de chauffage vs durée du cycle et qualité des plants). Cette méthode est en effet très variable selon les espèces et l on dispose de listes assez complètes selon les degrés de sensibilité. Plusieurs autres éléments sont également à prendre en compte dans la gestion de la température pour éviter des retards de croissance ou des dommages sur les plantes (jaunissement, malformations, etc.). Cependant, les gestions du DIF et du DIP sont aujourd hui assez bien maîtrisées par les producteurs ayant une bonne automatisation de leurs équipements (systèmes de chauffage et ventilation), ce qui offre une alternative intéressante aux régulateurs de croissance. La principale différence pour les producteurs qui utilisent cette méthode est qu il leur faut prévoir plus précisément leur calendrier de production et demande donc plus d organisation. Les régulateurs chimiques permettent dans les faits de pallier à cette déficience. La gestion de la fertilisation «Sur un grand nombre de plantes, diminuer la quantité de phosphore disponible permet de contrôler la taille des plantes sans effets négatifs sur la physiologie. Ainsi il est possible d'alterner un avec un pour obtenir un effet. Attention car les espèces varient dans leur tolérance ou non à ce stress et cette technique peut altérer la croissance et la floraison de certaines plantes (Maugin, 2009)». Selon Vallot-Pons (1994), l utilisation du potassium peut être intéressante comme régulateur en augmentant le rapport nitrate sur potasse au-delà de un tiers. Cependant, il faudrait veiller à réduire l absorption de calcium (antagoniste du potassium) en faisant de gros arrosages à petite fréquence. Cette technique peut sembler assez audacieuse étant donné la complexité de la fertilisation biologique en pot (voir partie fertilisation). La gestion de la lumière Celle-ci est encore peu utilisée mais pourrait devenir une alternative intéressante. Ainsi des essais ont lieu actuellement avec des filtres qui absorbent la lumière rouge lointaine, responsable de l allongement des entre-nœuds. Cette technique agirait différemment selon les espèces mais serait efficace sur Chrysanthème, Ostéospermum et Petunia (Maugin, 2009). D autre part, une étude de Mata et Botto (2009) sur des Poinsettias `Freedom Red a montré que l'utilisation de ces filtres réduisait la hauteur de la plante tout en conservant les paramètres de qualité standard de façon similaire aux régulateurs de croissance. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 70

76 La gestion de l irrigation Le stress hydrique peut également être utilisé pour réduire nettement la hauteur des plantes. Un essai mené en France en 2007 a montré qu un stress hydrique pouvait améliorer significativement la qualité de la plante en réduisant la longueur des entre-nœuds et des pédoncules floraux avec des écarts d arrosage de seulement 10 % (Haddad, 2007). Le brossage mécanique Les plantes dégagent une petite quantité d éthylène lorsqu elles sont touchées ou bougées (par le vent, les individus). Avec des mouvements répétés, les plantes rejettent assez d éthylène pour inhiber leur élongation. Des recherches ont montré que plus les plantes étaient touchées, plus elles restaient compactes. Différents supports ont été testés pour éviter d endommager les plantes lors de leur brossage. En production, la meilleure méthode serait de suspendre des feuilles de plastiques aux rampes d arrosage qui frottent le feuillage des plants lors de leur déplacement. Cela nécessite au moins 10 passages par jour et doit être effectué lorsque les plants sont secs pour éviter les dommages et la propagation des maladies. Des essais ont surtout été effectués sur des plants de légumes (Runkle, 2009). Les chercheurs de l université de Cornell ont constaté que le brossage est une méthode efficace pour réduire la taille des pensées mais endommageait trop les plants de géranium, pétunia et impatiens. La technique est donc variable selon les espèces (Adam, 2005). Pour Bilodeau (2008), cette méthode est surtout valable pour la culture en multicellules mais serait difficilement transférable à d autres productions. Plusieurs alternatives pourraient donc s avérer efficaces pour contrôler la croissance des plantes ornementales en serre mais peu sont encore réellement utilisées à part la différence de températures. On constate également une bonne variation des réponses selon les espèces et des informations restent encore à développer à ce sujet. Problèmes soulevés L habitude des producteurs à utiliser les régulateurs de croissance au lieu de mieux planifier leurs productions. Manque de connaissances théoriques et pratiques sur les différentes alternatives aux régulateurs de croissance (sauf les DIF et DIP). La gestion de la température exige un degré d automatisation important pour réussir et diminue grandement les possibilités de diversifier la production dans une même serre. Il existe une grande variabilité des réponses aux différentes techniques possibles selon les espèces et des inconnues subsistent à ce niveau. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 71

77 Solutions envisagées Appuyer la formation et le soutien technique pour améliorer la planification des productions. Mener des études pour tester différentes méthodes alternatives individuellement et combinées. Favoriser l automatisation des systèmes de production en serres. 2.7 La production en pépinières Fertilisation et substrat Les normes biologiques Culture hors-sol : Voir La production en serres Culture en pleine terre Les normes biologiques présentent de façon assez détaillée la gestion de la fertilisation du sol surtout en ce qui concerne l approvisionnement en matière organique (voir partie sur les Intrants disponibles). D une façon générale, la fertilisation biologique doit contribuer à maintenir ou améliorer la fertilité du sol et ne pas polluer l environnement. L origine des engrais doit être naturelle et non transformée par des procédés chimiques. Pour les productions non comestibles, les apports de fumier frais sont permis. Revue de littérature Culture hors-sol Substrat La partie sur le Substrat pour la production en serre donne les principaux éléments valables pour la culture en pépinières. Le problème de manque de substrats certifiés biologiques ainsi que d études effectuées à ce niveau est encore plus important que dans le cas des cultures en serres. Un substrat commercial biologique à base d écorces pour la pépinière est toutefois disponible chez Fafard et frères Ltée mais n a pas été testé. De plus, d après les conseillers de l IQDHO consultés (Comtois et Légaré, communications personnelles, 2010), les substrats pour des cultures vivaces sont soumis à l effet de la dégradation et du tassement au fil du temps ce qui représente un défi supplémentaire. La présence de compost dans le mélange pourrait alors être un problème puisqu il tend à se décomposer induisant la perte de ses propriétés de rétention en eau et sa teneur en éléments nutritifs. Des essais devraient être effectués avec les compagnies d intrants pour créer un substrat biologique stable dans le temps. Selon Kuepper (2004), les écorces de pin compostées sont intéressantes pour apporter de la Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 72

78 stabilité à long terme au mélange et seraient particulièrement adaptés aux cultures ligneuses. Cependant il reconnaît que leur utilisation demanderait surement un apport supplémentaire en azote. Fertilisation La littérature sur la fertilisation en pépinières de conteneurs à l aide d engrais biologiques est pratiquement inexistante. La revue de littérature sur la fertilisation des annuelles peut cependant être utile. Selon Michelot (2008), à propos des engrais à base organique en pépinière : «Ces produits doivent être dégradés par les microorganismes du sol pour que les éléments minéraux qu'ils contiennent soient rendus assimilables. Il se passe donc "un certain temps" entre leur épandage et leur minéralisation. Plus le milieu est pauvre en activité biologique plus cette période de latence est longue et incontrôlable. Ces produits sont donc assez rarement utilisés en culture hors-sol». Cependant d après l auteur, les fabricants français étudient actuellement des produits à base d inoculants microbiens (ex : mycorhizes) et des engrais moins solubles qui permettrait de mieux préparer la plante à la transplantation. Les producteurs allemands en pépinière biologique se disent assez satisfaits de la qualité des engrais utilisés malgré des besoins de connaissances au niveau de leur gestion (fréquences, dosage). Ils utilisent des produits à base de corne (farine, semoule, éclats) mélangés au substrat et pendant la culture. Des engrais liquides à base de vinasse et de mélasse sont également utilisés mais avec quelques difficultés car ils sont visqueux et tachent les feuilles. Certains producteurs disent regretter l utilisation d engrais à libération contrôlée de type Osmocote pour sa facilité d utilisation mais également pour des raisons écologiques car les engrais organiques semblent se lessiver beaucoup plus dans l environnement. Selon Mario Comtois (Communication personnelle, 2010), conseiller en pépinière à l IQDHO, la fertilisation à l aide de fumier de poulet granulé pourrait agir comme un engrais à libération lente en l incorporant au substrat et en ajoutant des applications pendant la culture. À ce titre, notre visite chez M. Charrest (Communication personnelle, 2010), producteur biologique d arbres en conteneurs, nous a permis de constater qu il est impensable d obtenir une qualité similaire au conventionnel sans l apport durant la période de croissance de fertilisants supplémentaires à ceux mélangés au substrat de départ. Culture en pleine terre De nombreuses publications ont été écrites à propos de la fertilisation biologique des sols. Dans le cas des cultures de plantes ligneuses, les recherches sont surtout concentrées sur l arboriculture fruitière et la viticulture. Il faut cependant être prudent, car à la différence des productions de fruits, la production d arbres d ornement vise avant tout une pousse rapide et nécessite des transplantations en cours de culture. Selon le Guide de production biologique de la pomme au Canada Atlantique, nous pouvons lire : «Le sol d un verger devrait avoir une teneur en matières organiques supérieure à 3 p On peut accroître la teneur en matières organiques du sol en y cultivant des engrais verts comme le sorgho fourrager, le sarrasin, la luzerne, l ivraie, etc., ou en y incorporant des matières organiques Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 73

79 compostées ou de l engrais. Il ne faut jamais laisser le sol nu parce que cela peut favoriser l érosion et la perte d éléments nutritifs par lessivage. Tous les apports d engrais doivent être compostés avant l application afin de prévenir la libération d une grande quantité d azote dans les eaux souterraines par lessivage. Quarante tonnes d engrais composté par hectare augmenteront de 1 p. 100 la teneur en matières organiques du sol, et contiennent de 3 à 6 kg d azote par tonne. Habituellement, un apport annuel de 25 à 30 kg de compost par arbre, au début du printemps, devrait suffire. Toutefois, une analyse du sol, des feuilles et du compost produira les meilleures recommandations quant à la quantité de compost à appliquer». D après Kelderer et al. (2008), le principal défi de la fertilisation organique dans un climat nordique est la lente décomposition de la matière organique par temps froid ce qui conduit à une disponibilité des éléments nutritifs moins importante qu avec des produits synthétiques. La minéralisation lente empêche notamment les arbres fruitiers situés dans les Alpes de disposer de tout l azote nécessaire à leur croissance au printemps. Les chercheurs déplorent le manque d information relative aux engrais organiques en sol et la libération d azote sous différentes conditions. Ils ont donc testés sous cet angle les différents engrais biologiques disponibles en laboratoire à une température de 8 C. La clinique sur la fertilisation en sols de l IQDHO nous donne les précisions suivantes concernant les matières organiques utilisées en pépinière (Légaré, 2005): Le compost «L utilisation du compost en culture améliore la fertilité des sols, introduit des microorganismes bénéfiques, stimule la croissance des plantes et augmente leur résistance. Certains désavantages peuvent découler de l utilisation de compost: perte d azote, compaction, surplus d éléments nutritifs, trop forte rétention d eau. Il est préférable d appliquer le compost tôt au printemps ou en automne afin de limiter le lessivage des éléments nutritifs. L application en été pourrait retarder l aoûtement et par conséquent réduire la résistance au froid de la plante. Les composts mûrs seront incorporés au sol tandis que les composts jeunes seront appliqués en paillis. L épaisseur d épandage tient surtout compte de la texture du sol à amender; les valeurs les plus basses conviennent aux sols organiques ou lourds tandis que les plus élevées conviennent aux sols pauvres et légers». Le bois raméal fragmenté «Le bois raméal peut être utilisé de deux façons pour améliorer la qualité du sol, notamment en réduisant la compaction des sols lourds et en rebâtissant la flore microbienne du sol. L incorporation de BRF au sol à un taux de 150 m 3 /ha à l automne et la mise en jachère pour une période d un an permet d obtenir de bons résultats et de réduire l effet de la carence en azote pendant le processus de décomposition. L utilisation des BRF en paillis de 2-4 cm soit m 3 /ha permet la culture simultanément à l épandage. Le paillis sera épandu de préférence à l automne, l épandage printanier favorisera une carence plus marquée en azote. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 74

80 Il est important de noter que la décomposition des BRF se fait par l entremise de champignons qui digèrent la lignine du bois et non par des bactéries. L application de fertilisants riches en azote aura pour effet d augmenter la population de bactéries et n accélérera pas le processus». Les producteurs allemands de pépinières biologiques en pleine terre se disent satisfaits de leurs programmes de fertilisation. Ils utilisent principalement des matières organiques comme du fumier ou du compost. Les engrais composés sont rarement utilisés en sol mais davantage après la transplantation en conteneur (Billmann et al., 2003). Ren Heard propriétaire de la pépinière Lake Tree Farm aux USA s estime également satisfait des avantages économiques de la fertilisation organique lorsqu il dit remplacer une tonne d azote à $ par une tonne de compost à 50 $ (NMPRO, 2008). Problèmes soulevés Au niveau des normes, les problèmes sont identiques aux productions sous serres. La fertilisation des cultures hors-sol extérieures semble difficile à mettre en place en l état actuel des connaissances. Les raisons sont similaires à la culture en serres auxquelles s ajoute un climat plus froid qui induit une minéralisation plus lente, une production plus longue qui nécessite plus d apports d engrais liquides et un manque d expériences en général sous ce mode de production. Les substrats biologiques pour des cultures ligneuses seraient plus sensibles à la dégradation de leurs propriétés physiques et chimiques et peu de connaissances sont disponibles à ce sujet. L abandon des engrais à libération contrôlée ressemble à un retour en arrière difficile à accepter pour les producteurs au niveau des techniques de production en conteneurs. Les arguments écologiques semblent également faibles pour les convaincre. La fertilisation en pleine terre semble faisable techniquement. On manque cependant de connaissances quant à la libération de l azote organique sous climat froid. Solutions envisagées Au niveau des normes: Autoriser plus clairement l utilisation d engrais en cours de culture pour la production en pot. Mettre en place des recherches sur la libération de l azote des engrais organiques tant en conteneur qu en sol. Développer des substrats adaptés aux cultures ligneuses, dont la stabilité structurelle serait intéressante pour les producteurs. Développer des engrais biologiques à libération contrôlée. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 75

81 2.7.2 Le contrôle des adventices Les normes biologiques de référence du Québec Les normes biologiques du Québec recommandent d utiliser tous les moyens préventifs existants et interdisent les produits de synthèse : «5.9.1 Le développement des mauvaises herbes doit être maintenu dans la limite du tolérable par l'usage d'un certain nombre de techniques culturales (fertilisation et rotations équilibrées, engrais verts, faux semis, paillage, etc.) et par le binage mécanique Tous les moyens physiques de désherbage (paillage, fauchage, pâturage, etc.) y compris le désherbage thermique, sont autorisés. Tout herbicide de synthèse est proscrit. En cas de besoin, les produits apparaissant à la section A1.2 de l annexe A peuvent être utilisés». Les produits autorisés à la section A1.2 de l annexe A des normes sont les extraits de plantes, les huiles végétales, les paillis plastiques (sauf ceux en PVC, photodégradables, oxo-dégradables ou bio-fragmentables), le vinaigre (acide acétique) et le savon herbicide (sels d acides gras). Le gluten de maïs n est pas homologué en agriculture biologique pour l instant. Il était à l essai en Revue de littérature La littérature est assez abondante concernant les alternatives aux produits chimiques pour contrôler les mauvaises herbes en pépinières mais peu d études permettent de les chiffrer (voir tableau 10 de l analyse économique). Comme le conseillent les normes biologiques ci-dessus, il est essentiel de faire de la prévention pour arriver à gérer le désherbage biologique. Au niveau d une pépinière, plusieurs précautions peuvent être prises telles que : Prévenir la contamination des étangs d irrigation : recouvrement de l étang, enrochements et engazonnement des rives; Prévenir la contamination par les eaux d irrigation : disposer des filtres; Prévenir la contamination par le vent : désherbage autour des aires de production, mise en place de brise-vent; Empêcher la germination : paillis plastique ou organique; et Prévenir la contamination provenant du compost : choix de l intrant à surveiller (Légaré et al., 2000). Pour Mario Comtois (Communication personnelle, 2010), ces différents éléments sont synonymes d investissements plus importants pour le producteur. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 76

82 Pour les producteurs allemands en pépinières biologiques, les difficultés dans la gestion des mauvaises herbes sont assez élevées à cause du temps de travail consacré à cette activité et du coût qui est engendré. Ainsi, 65 % des entreprises considèrent leurs coûts liés au désherbage comme 20 % plus élevés qu en culture conventionnelle. Le problème concerne surtout les petites entreprises et les productions en conteneurs. Le fait de ne pas arriver à contrôler suffisamment les adventices réduit la qualité des plants au point qu ils n atteignent souvent pas les hauteurs standards de l industrie (Billmann et al., 2003). Culture hors-sol Le contrôle biologique des mauvaises herbes dans les cultures en conteneurs comprend l utilisation de paillis, l application de produits homologués et le désherbage manuel en dernier recours. Pour qu un paillis organique soit intéressant, il faut qu il soit bon marché, qu il dure assez longtemps pour justifier le temps d installation, qu il soit perméable à l eau et aux engrais tout en empêchant les herbes de pousser, qu il ne soit pas problématique à la disponibilité de l azote et qu il soit résistant aux intempéries (vent). Les auteurs ont testé un paillis d écorces de pin qui s est révélé efficace avec 3 po (7,6 cm) d épaisseur (Richardson et al., 2008). Pour Légaré et al. (2000) les désavantages des paillis organiques sont qu ils s envolent ou se renversent lors de situations venteuses, qu ils peuvent induire une carence en azote et qu ils demandent une réorganisation du travail. Les paillis synthétiques doivent être ajustés à la surface du pot et peuvent également s envoler. «Les paillis synthétiques, appliqués en surface du pot, sont utilisés dans plusieurs cultures. Il s agit d un disque de toile géotextile feutrée qui vise à défavoriser l implantation des mauvaises herbes. Les nouvelles générations de ce type de paillis sont imprégnées d hydroxyde de cuivre, un composé qui inhibe le développement des cellules aux points de croissances des plantes, racines ou parties aériennes». Il reste à voir si cette catégorie pourrait être homologuée en mode biologique. Les herbicides autorisés en mode biologique agissent seulement par contact, se dégradent rapidement et ne sont efficaces que sur les premiers stades des adventices. Le gluten de maïs semblerait fonctionner comme herbicide pré-émergent. «L efficacité de ce produit granulaire est améliorée par l incorporation au sol entre 3 et 5 semaines avant la germination des graines de mauvaises herbes» (Légaré et al., 2000) Enfin le désherbage manuel est une technique de dernier recours à cause de son coût important. Peu de producteurs conventionnels arrivent cependant à s en passer complètement. Utilisée la première année, cette technique permet d enlever plus facilement les mauvaises herbes malgré qu il soit difficile de retirer les vivaces sans enlever du substrat (Mario Comtois, communication personnelle, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 77

83 Culture en pleine terre En agriculture biologique plusieurs techniques sont disponibles pour lutter contre les adventices : «la rotation des cultures et la couverture du sol : pratiquer des cultures dérobées à fort pouvoir couvrant (engrais verts broyés et enfouis après la floraison) et des cultures nettoyantes (plantes sarclées betterave fourragère, chou fourrager, navet, rutabaga, etc.); la réduction du stock grainier : détruire les mauvaises herbes avant la montée à graine, y compris à proximité des cultures; amender la terre avec du fumier composté plutôt que du fumier frais, car les graines ont été neutralisées par la chaleur lors de la fermentation des matières organiques; le travail du sol : le passage d'outils à dents avant la culture ou en cours de végétation est très efficace en période sèche; éviter les outils rotatifs favorisant la multiplication des plantes vivaces; le faux semis et le binage mécanique : travailler finement la terre pour lever la dormance des graines de mauvaises herbes; dès qu'elles atteignent le stade plantule, passer un outil (herse, crochet) dans la couche superficielle du sol ou réaliser un traitement thermique, et effectuer un semis ou un repiquage de plants différé; cette technique réduit le nombre de mauvaises herbes annuelles jusqu'à 70 % en différant la culture de 2 semaines, et jusqu'à 85 % en la différant de 3 semaines; elle ne modifie pas la composition floristique, mais diminue la densité de chaque espèce indésirable; en cours de culture, le sarclage ou le binage amplifie l'action du faux semis et réduit de 80 % la densité d'enherbement; le désherbage thermique; le désherbage thermique curatif nécessite 4 à 5 interventions dans les zones non travaillées mécaniquement en été (allées); il peut également servir à désherber les faux semis; et l'enherbement maîtrisé; dans les carrés de pieds-mères, engazonner ou laisser pousser l'herbe entre les rangs cultivés mais faucher ou broyer avant la montée à graine; cette méthode, en essor dans les vignes et les vergers, prévient l'érosion et l'asphyxie des sols, stimule l'activité de la faune auxiliaire; toutefois, l'herbe augmente les risques de gel des cultures, car un sol recouvert reflète mal la chaleur; de plus, un enherbement trop proche des cultures peut exercer une concurrence nutritive; pour l'éviter, pailler le rang ou griffer le sol entre les végétaux ligneux» (Jullien, 2008). D après les producteurs allemands biologiques, le travail du sol nécessite un équipement spécialisé surtout pour désherber sur le rang sans endommager les arbres (Billmann et al., 2003). Au Québec, de plus en plus d équipements en développement sont équipés de senseurs qui effacent l outil devant l arbre ce qui augmente l efficacité du désherbage dans le rang, améliore la vitesse de travail et réduit les dommages à la culture (Légaré et al., 2000). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 78

84 Problèmes soulevés Nécessité d investissements pour prévenir la contamination de semences dans la production. Nécessité d une machinerie spécifique pour le désherbage mécanique sur le rang. Le désherbage dans les pots demande plus de main-d œuvre en l absence de produits efficaces. Manque d études comparatives entre les techniques alternatives existantes. Solutions à envisager Les producteurs biologiques doivent prévoir des investissements supplémentaires dans leur budget de transition. Des essais comparatifs au niveau technique et économique des différentes méthodes alternatives aux herbicides chimiques devraient être effectués sous nos conditions et avec les produits disponibles au Québec. La priorité est dans la culture en conteneurs Le contrôle phytosanitaire Les normes biologiques de référence du Québec Revue de littérature Le contrôle phytosanitaire biologique est quasi-inexistant en production de pépinières et la lutte intégrée commence à peine à se développer dans le secteur. «Aujourd hui les pépiniéristes (français) sont encore peu nombreux à se tourner vers des démarches de protection biologique intégrée. Ce sont plus les services d espaces verts qui se montrent intéressés, poussés en cela par des citoyens de plus en plus sensibles aux traitements chimiques en milieu urbain» (Georget, 2007). Il existe donc encore peu de recherches sur le sujet. Pour Mario Comtois, conseiller en pépinière à l IQDHO (Communication personnelle, 2010), il s agirait probablement du plus gros défi en production biologique actuellement pour un pépiniériste. Cela contraste avec les résultats des entrevues de Billmann et al. (2003) auprès des producteurs biologiques allemands. Ainsi 39 % des producteurs disent n avoir aucune ou peu de difficultés, 28 % quelques difficultés, 28 % plusieurs difficultés et seulement 5 % de grandes difficultés avec le contrôle phytosanitaire. Parmi les entreprises ayant le plus de difficultés, on retrouve surtout les grandes productions qui semblent avoir des lots de monoculture plus importants ainsi que les productions d arbres fruitiers et forestières. D après les auteurs, plusieurs espèces végétales spécifiques comme les clématites hybrides, les différents types de roses et les groseilliers sont extrêmement sensibles et devraient être évitées en culture biologique. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 79

85 Les méthodes préventives Au niveau des recherches françaises effectuées récemment, «deux orientations sont poursuivies pour la mise en place de stratégies de protection intégrée en pépinières extérieures : l utilisation de moyens alternatifs directs, c'est-à-dire l apport d auxiliaires et le maintien aux abords de la culture d auxiliaires naturels par la plantation de haies réservoirs ou de bandes fleuries». «La bande fleurie ne s'apparente pas à une jachère. Elle doit être cultivée et les plantes annuelles s'avèrent plus attractives que les plantes vivaces. Outre son intérêt esthétique, la bande fleurie peut ainsi favoriser la présence d'auxiliaires en leur fournissant une source alternative de nourriture constituée principalement d'organismes phytophages ou encore de ressources alimentaires de complément (nectar...). Cependant, la bande fleurie peut aussi héberger des ravageurs de plantes ornementales en quantité trop importante. Aussi, le choix des espèces végétales doit être raisonné : il convient de privilégier des plantes apportant un équilibre entre l'entomofaune utile et nuisible, jouant le rôle de régulateur. Ce renforcement de populations d insectes utiles aux abords des cultures - par la mise en place de haies composites ou de bandes fleuries constitue une forme particulière de lutte biologique, appelée "lutte par conservation". Elle est délicate à mettre en œuvre, notamment dans le cas des haies composites, car elle se définit sur le long terme. Il convient de faire les bons choix en termes d'espèces. La bande fleurie d'annuelles est de ce point de vue plus souple, dans la mesure où elle est à replanter tous les ans» (Georget, 2007). En Allemagne, les producteurs de pépinières biologiques se disent très satisfaits de leurs résultats grâce aux méthodes préventives. Ils utilisent des haies qui favorisent le biotope naturel ainsi que des nichoirs (Billmann et al., 2003). Au Québec, l état des connaissances au niveau de l utilisation des prédateurs naturels en est encore au stade embryonnaire. Un projet lancé par l IQDHO en 2009 sur Sorbaria comme plante potentiellement utilisable pour attirer les prédateurs a cependant été lancé en ce sens (Mario Comtois, Communication personnelle, 2010). D autre part, toutes les méthodes préventives connues telles que la désinfection des outils de taille, le désherbage des pourtours de la production, le dépistage réguliers des principaux ravageurs, le fait de favoriser l aération entre les plants et de laisser sécher le feuillage doivent être une base de départ bien exécutée pour minimiser au mieux l apparition des problèmes phytosanitaires. Les méthodes curatives Les méthodes physiques sont utilisées par les producteurs conventionnels souvent par manque de produit efficace. Il s agit principalement de tailler et brûler les parties atteintes et d utiliser le jet d eau contre les pucerons. L utilisation d auxiliaires exogènes commence à être utilisée cette année par certains producteurs pour lutter contre les tétranyques depuis le succès d un essai mené en pépinières de vivaces en Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 80

86 conteneurs par l IQDHO en Le principal défi de l utilisation de prédateurs auxiliaires concerne la variabilité de leur efficacité selon des différentes caractéristiques du biotope (climat local, interactions avec la faune et la flore indigènes). Dans ces conditions et contrairement à la lutte biologique en serres, l utilisation des prédateurs auxiliaires est particulièrement liée à la situation géographique de l entreprise et c est pourquoi il est difficile d utiliser les études effectuées ailleurs qu au Québec en production extérieure. En fait, nous avons très peu de connaissances sur les produits homologués au niveau efficacité, alternance, compatibilité avec les prédateurs, mode d application, etc. Il manque également de matériel adapté pour les biopesticides. Le fait de ne pas avoir d autres recours possibles au niveau curatif représenterait aujourd hui un trop gros risque de perte de contrôle phytosanitaire pour le producteur. Tableau 8 : Principaux ravageurs et produits suggérés en pépinière Insectes Pucerons, Punaises ternes, Altises, Cicadelles, Charançons, Cochenilles, Chenilles, Tétranyques Produits suggérés (vérifier les homologations) Acides gras, Spinosad, Met52 (Metarhizium anisopliae), Huile de dormance, Btk (Bacillus thuringiensis kurstaki), Prédateurs auxiliaires (Amblyseius californicus, Phytoseiulus persimilis) Contre les maladies, de plus en plus de produits biologiques sont disponibles mais on a peu d expérience pour leur utilisation. Les principales maladies posant problème sont : l oïdium, l anthracnose, la brulure bactérienne (Erwinia et Pseudomonas syringae) et Aureobasidium. On a plusieurs produits contre les maladies racinaires : Prestop, Mycostop, Rootshield à base d organismes microbiens mais également peu d expérience (Comtois, Communication personnelle). De plus, l autorisation de ces produits par les normes n est pas vraiment claire (voir partie contrôle phytosanitaire en serres). Problèmes soulevés Au niveau des normes, les problèmes sont identiques à la production sous serres. La lutte biologique demande une meilleure régie et planification. Elle exige plus de temps et de connaissances et est souvent plus coûteuse que la lutte chimique. Elle donne également des résultats à plus long terme, ce qui demande plus de patience et des seuils de tolérance plus élevés. Enfin la lutte biologique est souvent très spécifique à un ravageur et beaucoup de ravageurs n ont pas de prédateur facilement disponible. En système ouvert les types de ravageurs sont très nombreux et plus difficiles à maîtriser. Le comportement des agents biologiques est peu connu en pépinière extérieure. Les méthodes d introduction des agents biologiques sont mal définies pour les pépinières. Il manque d équipements adaptés pour l introduction de certains agents tels les nématodes parasitaires. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 81

87 Les homologations de l ARLA sont souvent limitées à certaines plantes et pour certains ravageurs ou maladies. Solutions envisagées Faire pression sur l ARLA pour autoriser plus de biopesticides. Autoriser davantage de biopesticides dans les normes. Faire une mise à jour annuelle des intrants autorisés. Beaucoup de recherche et développement serait nécessaire pour envisager une production complètement biologique en pépinière extérieure : des études sont à effectuer sur les produits biologiques disponibles (efficacité, méthode d application, contraintes), sur le biotope naturel et les plantes refuges de prédateurs utilisables en haies composites au Québec, sur l utilisation de bandes fleuries d annuelles. Développer des équipements adaptés aux traitements avec les biopesticides. Favoriser la formation des experts et des producteurs à la culture biologique. 2.8 La production de gazon en plaques Aucune recherche sur la production biologique de gazon en plaques n a été effectuée à ce jour à notre connaissance. Des pratiques plus respectueuses de l environnement qui iraient au-delà des exigences gouvernementales existent mais sont encore peu pratiquées en production et sont loin d atteindre les normes biologiques (Martineau, communication personnelle, 2010). En effet, les nombreuses études disponibles sur le sujet sont entièrement dédiées à l entretien de la pelouse une fois installée mais non sur la production en tant que telle. Comme décrite dans la partie sur les autres certifications environnementales, la «green certification» lancée cette année par l association des producteurs de gazon en plaques de l Ontario semble être une première mondiale. Malheureusement il nous a été impossible d en savoir davantage sur les cahiers des charges exigés aux producteurs par rapport à cette certification. Il n est donc pas envisageable de connaître la faisabilité d un mode de production biologique du gazon en plaques et il semble donc que tout reste à faire dans ce domaine. Problèmes soulevés Aucune étude n a été effectuée sur la production biologique de gazon en plaques. Aucune production n a été répertoriée comme biologique dans ce secteur. Solutions envisagées Tester la faisabilité technique au niveau fertilisation, contrôle des ravageurs et des mauvaises herbes afin d évaluer les principaux obstacles au mode biologique. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 82

88 2.9 La jardinerie Les normes biologiques de référence du Québec La certification biologique Les jardineries sont des lieux de revente et ont donc un statut particulier par rapport aux productions de végétaux. En effet, la certification biologique concerne avant tout des méthodes de production. Cependant l intégrité du produit ne doit pas être compromise avant qu il ait été acheté par le consommateur et la traçabilité du produit doit également lui être garantie par les normes biologiques du Québec. C est pourquoi il existe également une certification biologique pour les détaillants. En fait, ce sont principalement des magasins spécialisés d aliments naturels qui sont intéressés par cette certification. Étant donné qu ils ont une grande proportion de produits biologiques (souvent en vrac), cela leur facilite la vente de ces produits et ajoute une notoriété à leur commerce. Toutefois, les jardineries sont différentes des épiceries puisque les végétaux y sont généralement entretenus jusqu à leur vente à l aide d engrais et de produits phytosanitaires. Le logigramme à la page suivante permet de déterminer si l établissement qui acquiert des produits certifiés biologiques en vue de les revendre aux consommateurs doit demander la certification biologique pour ses activités ou s il est simplement tenu d appliquer le Guide des bonnes pratiques relatives à la manipulation des aliments certifiés biologiques destinés à la vente au détail au Québec (CARTV, 2008). Comme son nom l indique, ce guide est destiné aux revendeurs d aliments et non à la vente de plants de végétaux. Il n existe donc pas de règles bien définies adaptées à ces produits. Cependant, si l on se fie au logigramme, on comprend que tout dépend des traitements effectués sur les plants. Ainsi, si les plants certifiés biologiques ne reçoivent aucun traitement physique, chimique ou biologique, le détaillant n a pas besoin d être certifié. Seuls des arrosages à l eau claire seraient autorisés par les normes biologiques du Québec (Nicolas Turgeon, Communication personnelle, 2010). Il doit cependant respecter le Guide des bonnes pratiques pour que les produits puissent conserver leur intégrité biologique. Par contre, si des traitements doivent être faits sur les plants, à savoir des transplantations, des ajouts d engrais ou des pulvérisations de pesticides, la jardinerie doit alors obtenir la certification biologique. Le risque est que le détaillant n entretienne pas les plants biologiques (avec des traitements) pour ne pas avoir à être certifié, ce qui diminuerait la qualité et l intérêt des consommateurs. Cela représente donc un frein à l écoulement de cette marchandise et au développement de ce secteur d activités. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 83

89 Dans la réalité, d après un organisme de certification contacté les jardineries ne sont pas vraiment intéressées à être certifiées à cause des coûts et des contraintes administratives que cela leur entraine et du faible volume des produits concernés. Elles sont donc pour l instant considérées par les certificateurs comme des sous-traitants qui se doivent de respecter le cahier des charges biologique. C est le producteur qui est alors responsable si le détaillant n est pas conforme et qui peut en subir les sanctions. À titre de sous-traitant, celui-ci peut être contrôlé au niveau des registres et des pratiques : traitements, séparation, etc. La certification biologique pour un détaillant coûterait entre 600 $ et $/an selon la région, de la superficie et de la nature de l entreprise. L organisme de certification fait une évaluation d après le temps nécessaire pour contrôler les registres et les lieux et se réajuste ensuite chaque année pour fixer le prix. Schéma 17 : Logigramme destiné aux détaillants pour la revente d aliments certifiés biologiques Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 84

90 En définitive, que la jardinerie soit certifiée biologique ou non, elle se doit de respecter le Guide de bonnes pratiques du CARTV pour ne pas compromettre l intégrité des produits. La certification est un gage de sécurité supérieur puisque le détaillant est suivi et contrôlé par un organisme de certification chaque année. Pour Nicolas Turgeon (Communication personnelle, 2010), il faudrait que la jardinerie ait minimalement un cahier des charges qui détaille les bonnes pratiques à respecter par les employés. Les bonnes pratiques Le certificat de conformité «Pour s assurer que les produits à contenu biologique sont réellement certifiés et pour contrer la fraude, les acheteurs devraient demander à leurs fournisseurs une copie du plus récent certificat de conformité biologique attribué au producteur ou au fabricant mentionné sur l étiquette de chaque produit. En cas de doute, ils peuvent également communiquer avec le certificateur responsable du contrôle de ces produits». «L obtention des certificats de conformité des fournisseurs n est pas une obligation réglementaire, mais elle fait partie intégrante des bonnes pratiques pour les détaillants de produits biologiques. Pour faciliter le renouvellement des certificats et surtout pour éviter les oublis, le registre des certificats est un outil de gestion très utile» (CARTV, 2008). La séparation Une particularité des plants de végétaux est qu ils sont considérés comme des «produits sans emballage» par les normes biologiques du Québec ce qui leur confère le niveau 1 de risque, soit le plus élevé. «Les produits biologiques de niveau de risque 1 doivent être idéalement regroupés et entreposés dans des sections particulières clairement désignées» (CARTV, 2008). Dans ces conditions, la jardinerie doit séparer clairement le stock biologique du conventionnel afin de démontrer qu il ne peut y avoir de dérives de traitements. L idéal est de placer les plants dans une serre séparée ou dans une partie séparée par une barrière physique comme une bâche de plastique. Un protocole doit être mis en place et les employés informés de la nature des traitements à respecter selon le cahier des charges biologique. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 85

91 L étiquetage Les produits biologiques doivent être clairement identifiables par rapport aux autres produits. De plus, «tous les produits dont l étiquetage fait mention du terme «biologique» doivent être identifiés correctement avant d être mis en vente. Les éléments d information essentiels devant figurer sur l étiquette attachée à l emballage du produit ou sur tous les papiers de transaction y afférents sont les suivants : le nom du produit; le nom commercial du certificateur, inscrit de façon claire et lisible (qu il s agisse du nom au complet ou de l acronyme); la marque de commerce; l identification de l entreprise (nom ou code d identification) responsable de la production ou de la préparation du produit; et le pays d origine du produit» (CARTV, 2008). L étiquetage des plants de végétaux a ceci de particulier qu il est soumis à différentes conditions comme les U.V. et l eau d arrosage et peut donc s abîmer facilement avec le temps. Il est également facilement amovible (planté dans le pot ou accroché au plant) par rapport à un collant sur un produit emballé et peut être aisément interchangeable. D après un certificateur rencontré, les fraudes existent à ce niveau et sont difficilement punies à cause d un manque de moyens de surveillance du CARTV. Des mesures devraient donc être prises pour permettre d assurer l absence de fraudes et d altération des informations nécessaires sur l étiquetage pour les contrôleurs et le consommateur. La présentation «Ainsi, lorsqu un consommateur, aussi peu averti soit-il, regarde un étalage et les panneaux qui s y rapportent, il ne devrait pas être induit en erreur sur l origine biologique des produits qu il met dans son panier. Donc, en règle générale, un affichage clair et uniforme doit annoncer les produits biologiques». En cas de séparation distincte, cela ne devrait pas poser de problèmes. La formation du personnel «Le personnel de l établissement ainsi que l équipe de direction doivent être conscients de la nature particulière des produits biologiques. Cela concerne plus particulièrement le personnel chargé des achats qui doit évaluer la conformité des produits avant de les offrir à la vente, ainsi que les employés responsables des fruits et de légumes qui gèrent des produits biologiques de niveau de risque 1» (CARTV, 2008). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 86

92 Les autres recommandations «Dans la mesure du possible : les produits sanitaires utilisés devraient être biodégradables; la gestion des déchets devrait favoriser le recyclage; et l entretien extérieur devrait se faire de façon écologique en limitant, voire en interdisant, l utilisation d herbicides chimiques. Des contrôles devraient être exercés sur l application des exigences réglementaires et des bonnes pratiques afin de détecter les problèmes possibles, de les corriger et de mettre en place des mesures de prévention. Il est recommandé de nommer une personne responsable de la gestion des produits biologiques par rayon, et de former une seconde personne pouvant prendre la relève en tout temps. Si l établissement est plus modeste, un minimum de deux responsables par magasin est recommandé» (CARTV, 2008). Problèmes soulevés La particularité des jardineries qui entretiennent des produits vivants n est pas prise en compte dans les normes de références et dans le Guide des bonnes pratiques du CARTV. Les jardineries devraient, selon les pratiques culturales actuelles et le Guide des bonnes pratiques, être certifiées biologique pour pouvoir revendre des plants biologiques. Les coûts directs et indirects de la certification sont actuellement impensables pour les jardineries. Cette obligation empêcherait tout commerce de plants biologiques en jardinerie. Les jardineries sont donc considérées comme des sous-traitants par les certificateurs dont les fautes doivent être entièrement assumées par le producteur. Cette situation est défavorable au producteur en ne pouvant maîtriser les pratiques de son détaillant. L étiquetage actuel est trop facilement sujet à la dégradation et à la fraude en pouvant s inter-changer. Le manque de contrôle est également problématique. L entretien des plants biologiques parallèlement aux plantes conventionnelles risque d être considéré comme une contrainte pour les jardineries : perte de temps, connaissances à acquérir, risque d attirer des ravageurs sur le site. Solutions à envisager Les normes biologiques de références du Québec devraient préciser l absence d obligation de se certifier pour les jardineries à condition qu elle respecte un cahier des charges adapté. Favoriser la création d un cahier des charges propres aux jardineries en accord avec le CARTV afin de connaître clairement les règles à respecter pour être conformes aux normes biologiques du Québec. Faire contrôler ce cahier des charges par les agents de surveillance du CARTV au même titre que les épiceries non certifiées. Favoriser la formation des gérants et responsables de rayons aux spécificités de ce cahier des charges par un organisme de certification ou le CARTV. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 87

93 Favoriser la création d un étiquetage résistant et sécuritaire pour garantir la traçabilité des plants depuis le producteur. Inciter la formation d un responsable dans chaque jardinerie biologique aux techniques de l horticulture biologique : fertilisation, contrôle phytosanitaire et contrôle des adventices. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 88

94 Chapitre 3 Analyse économique 3.1 Revue de littérature Situation économique des entreprises biologiques versus conventionnelles Tel que N.H. Lampkin l a longuement expliqué dans son ouvrage Economics of organic farming (1994), les comparaisons entre les systèmes agricoles biologiques et conventionnels sont assez complexes à réaliser et à analyser car de multiples facteurs doivent être pris en considération. Le principal problème est que l on a à faire à des systèmes qui fonctionnent différemment au niveau idéologique et pratique. Ainsi les calculs sur une longue période pourraient favoriser davantage le système biologique tandis que les budgets partiels avantageraient mieux le conventionnel. Ceci s explique par le fait que l agriculture biologique n est pas simplement l absence de produits de synthèse mais repose sur des pratiques comme la rotation des cultures et l installation de haies réservoirs d auxiliaires agissant sur un équilibre global à long terme de la ferme. De plus, certaines études omettent de prendre en considération les différences entre les objectifs des gestionnaires d entreprise qui peuvent être par exemple de maximiser les rendements en conventionnel et de minimiser les intrants en production biologique. Les facteurs climatiques (région, sol), humains (connaissances, orientation des chercheurs), politiques (aides gouvernementales, appui technique et marketing, etc.) ou de temps (période de transition, nombre d années) sont autant de variables en interactions qui influencent aussi les calculs comparatifs entre les deux systèmes. Il convient donc d être prudent dans la lecture des analyses réalisées sur le sujet. Ainsi Billmann et al. (2003) ont tenté de comparer les entreprises allemandes biologiques et conventionnelles en production ornementale au niveau économique. Les auteurs émettent plusieurs précautions à prendre dans cette comparaison du fait de la taille plus petite des entreprises biologiques, de leur démarrage plus récent, d infrastructures moins automatisées et de productions plus diversifiées que les conventionnelles. Ainsi, seulement 10 % de ces entreprises biologiques ont leur part du chiffre d affaires supérieur à 75 % qui est attribuable aux ventes de plantes ornementales. Beaucoup de ces entreprises produisent également des plants de légumes et de fines herbes et plusieurs d entre elles ont d autres activités parallèles. Dans les productions d annuelles, la situation économique en 2003 était la suivante : «Seulement 13 % des entreprises biologiques estiment que leur situation économique est «bonne». En revanche, 45 % des entreprises conventionnelles ont répondu que leur situation économique était «bonne» voire «très bonne». 55 % des propriétaires d entreprises biologiques sont en mesure de financer des investissements de remplacement contre 92 % des entreprises conventionnelles. Alors que 71 % des entreprises conventionnelles peuvent se permettre d effectuer de nouveaux investissements, on constate que seulement 14,3 % des entreprises biologiques sont en mesure de le faire». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 89

95 Pour les entreprises produisant des vivaces, la rentabilité des entreprises biologiques est qualifiée de critique. Aucune des entreprises interrogées ne peut se permettre d utiliser ses profits pour de nouveaux investissements contre 37 % des productions conventionnelles de ce secteur. Au niveau de la production en pépinières, les experts allemands s entendent pour dire que les coûts de production en mode biologique sont beaucoup plus élevés avec des recettes à peine plus élevées que les productions conventionnelles. On peut y noter que 35 % des pépinières biologiques sont considérées comme non rentables. Ainsi «la rentabilité des pépinières biologiques est extrêmement difficile et beaucoup combattent pour leur survie. Une combinaison du manque de demande et des surcoûts en est responsable par rapport aux pépinières conventionnelles». D une façon générale les auteurs de cette étude concluent que les causes de cette situation économique sont surtout liées à la taille et au mode de commercialisation des fermes biologiques. Ces fermes sont très diversifiées et ont donc moins d équipements spécialisés et automatisés qu en culture conventionnelle. Les unités de production plus petites et moins standardisées entrainent des coûts de main-d œuvre supérieurs et une qualité plus difficile à gérer. La grande majorité de ces fermes vendent leur marchandise directement sur place, ce qui augmente leurs coûts de revente et les empêche d atteindre spécifiquement leur clientèle cible pour vendre à bon prix. En comparaison, les entreprises conventionnelles écoulent majoritairement leur stock de façon indirecte sur des créneaux commerciaux bien organisés ce qui indique une grande différence au niveau efficacité, économie d échelle et coûts de revente. De plus, les producteurs biologiques doivent assumer des coûts administratifs liés à la certification et des surcoûts spécifiques au mode de production (voir ci-dessous). Le manque de promotion aux consommateurs et l absence d organisation commerciale de la filière sont désignés également comme des freins importants au développement de ces entreprises Les coûts liés à la période de transition Selon le guide de transition de la FABQ (2003), «les coûts de la transition sont très variables d une entreprise à une autre. Cela dépend notamment des facteurs suivants : types de cultures et d élevages impliqués, niveau de développement et avoir net de l entreprise au départ, vitesse à laquelle la transition est effectuée, effort investi dans la planification de la transition et capacité de prévoir les coups plus difficiles». Au niveau des coûts supplémentaires à considérer, «on doit penser notamment à une baisse de rendement, à une augmentation des frais d acquisition et d utilisation de machinerie agricole, à un accroissement des coûts liés à la main-d œuvre, sans oublier les coûts liés à la certification, à la mise en marché, à la formation, etc.». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 90

96 L impact économique théorique de la transition peut être visualisé par le schéma suivant. Schéma 18 : Impact économique théorique de la transition en agriculture biologique sur une période de 5 ans (FABQ, 2003) Formation Pour Guet (2003), le poste formation et information entraînent des coûts additionnels souvent sous-estimés ou négligés par les producteurs. Baisse de rendement Généralement, les études s accordent pour dire que les producteurs biologiques sont confrontés à une baisse de rendements durant cette période. Cette diminution est plus ou moins importante selon le niveau d intensification des cultures avant la conversion. Plus le système était intensif, plus il faudra du temps pour retrouver des rendements proches du conventionnel (Guet, 2003). Selon Heather (1999) l interdiction des engrais de synthèse et des pesticides entraîne une diminution des rendements de l ordre de 30 à 50 % pendant les premières étapes de la transition de l agriculture conventionnelle à l agriculture biologique. En production ornementale, les effets de la transition sur la qualité et le pourcentage de plantes invendables pourraient être différents pour les systèmes hors-sol et en serres comparés aux cultures extérieures et surtout en pleine terre. En effet, le fait de changer complètement le substrat et d être en serres pourrait sans doute diminuer l effet sur la baisse de rendement observée dans les cultures en sol à cause de la diminution de la fertilité et de la pression des ravageurs (voir partie technique). Cependant, le facteur connaissances et expériences du producteur est un dénominateur commun à toutes les productions qui est directement lié à la qualité de la production. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 91

97 Investissements spécifiques Si le producteur décide de faire lui-même son compost et son substrat, il faut prévoir un lieu de stockage tempéré et du matériel de manutention (tracteur) pour les préparer. Production en serres Comme étudié dans la partie technique, il est préférable que le producteur en serres soit équipé d un système de gestion climatique automatisé pour pallier à l absence de régulateurs de croissance chimiques. Cependant la majorité des producteurs en sont actuellement pourvus, même si plusieurs ne s en servent pas à son plein potentiel. Étant donné que les produits biologiques doivent être physiquement séparés des conventionnels, la mise en place d une séparation dans une serre ou la mobilisation d une serre complète est également à considérer dans les coûts de départ. Au niveau des traitements phytosanitaires, il est possible d utiliser le même matériel (à condition de le nettoyer à chaque utilisation) mais il est préférable, d après les certificateurs contactés, d investir dans un matériel spécifique au nouveau mode de production pour éviter toute contamination. Cet achat est aussi à envisager en fonction des coûts reliés au nettoyage du pulvérisateur et de la capacité d investissement de l entreprise. Production extérieure Idem au niveau du matériel de traitements phytosanitaires. Une zone de huit mètres est à prévoir entre les cultures bio et non bio à moins de la présence d une barrière physique (Ex. fossé, haie, brise-vent, chemin, bande riveraine) pour prévenir tout risque de contamination. Dans la mesure du possible, le producteur peut utiliser les infrastructures existantes pour réaménager sa production afin de répondre aux normes biologiques sinon des investissements doivent être prévus à cet effet. Les coûts peuvent alors varier de façon importante selon la physionomie des aires de production et l aménagement des productions parallèles devra être prévu en fonction. Du matériel de travail du sol, de l enherbement ou un brûleur sont à prévoir pour le contrôle des mauvaises herbes surtout pour les cultures en pleine terre. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 92

98 Coûts directs liés à la certification Des frais sont exigés par l organisme de certification et le CARTV. Organisme de certification Exemple : Tarifs Québec Vrai (2010) : Année de pré-certification : 428,50 $/an 1 ère année : 532,50 $/an Années suivantes : 532,50 $/an + 4 $ pour $ de produits vendus (moins de $ de chiffre d affaires (C.A.) ou + 3 $ pour 1000 $ de produits vendus ( à $ de C.A.) ou + 2 $ pour 1000 $ de produits vendus ( à $ de C.A.) ou + 1 $ pour 1000 $ de produits vendus (1 à 5 M$ de C.A.) CARTV 50 $/an (moins de 10 ha) 85 $/an (plus de 10ha) À cela, il faut ajouter les coûts liés à l étiquetage des produits biologiques. Il s agit de mettre des panneaux qui désignent les lots biologiques ainsi que des autocollants du logo biologique sur chaque produit. Parmi les principaux impacts économiques positifs de la conversion à l agriculture biologique, on peut compter sur une réduction plus ou moins progressive des achats d intrants Les coûts des techniques de production biologique Peu d études économiques sont capables de nous éclairer sur les coûts relatifs aux différentes activités de la production biologique ornementale. Nous utiliserons surtout ici l étude allemande de Billmann et al. (2003) ainsi que quelques études basées sur la production intégrée. Selon Billmann et al. (2003), les producteurs biologiques d annuelles estiment à 20 % leurs surcoûts de production par rapport aux conventionnels tandis qu ils seraient de 5 à 10 % pour la majorité des producteurs de vivaces et de 20 à 45 % pour les producteurs de pépinières. Il faut cependant être prudent par rapport à ces chiffres car il ne s agit que d estimations données par les producteurs interrogés et les entreprises des deux modes de production sont très différentes par leur taille et leurs activités comme expliqué précédemment. Ainsi, en production d annuelles, les auteurs pointent principalement les coûts de main-d œuvre comme étant 20 % supérieurs aux conventionnels à cause notamment d unités de production plus petites. Pour les producteurs biologiques allemands de vivaces et de pépinières, le tableau suivant indique leurs principales raisons de surcoûts de la production biologique par rapport à la conventionnelle lorsqu ils ont été interrogés par les experts. Aucun sondage similaire n a été produit pour les productions d annuelles dans cette étude (Billmann et al., 2003). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 93

99 Tableau 9 : Sondage sur la principale raison estimée par les producteurs à propos des surcoûts de la production biologique ornementale par rapport à la conventionnelle (en % du nombre de critères présentés) Vivaces Pépinières Contrôle des mauvaises herbes (20 %) Contrôle des mauvaises herbes (55 %) Protection des plantes (17 %) Culture plus longue (10 %) Coûts de certification directs et indirects (17 %) Coûts de certification directs et indirects (10 %) Main-d œuvre (11 %) Main-d œuvre (10 %) Commercialisation (9 %) Structure de l entreprise (5 %) Substrats (9 %) Logistique (5 %) Culture plus longue (6 %) Autre (5 %) Fertilisation (6 %) Autre (5 %) Il est à noter que pour le critère «Culture plus longue» nous pouvons intégrer tous les coûts encourus pendant la production (fertilisation, désherbage, protection des plantes) y compris la main-d œuvre reliée à l entretien. Une étude de Bolques et al. (2004) a comparé les coûts d une production extérieure de Lantana New Gold en pot sur 8 semaines de façon biologique et conventionnelle. Les surcoûts totaux de la production biologique ont été de 11 % à 14 % selon les trois scénarios envisagés. Les substrats Selon Biernbaum (2006), le prix du substrat variera en fonction de la recette choisie par le producteur. La base fertilisante constitue le principal surcoût par rapport aux terreaux conventionnels. Lorsque le producteur choisit de faire lui-même son substrat, des coûts de main-d œuvre supplémentaires sont à prévoir. Les quelques terreaux biologiques disponibles chez les fournisseurs sont pour l instant plus chers surtout à cause du faible volume transité. Le prix varie aussi selon la stratégie du producteur. Si celui-ci décide d avoir une base de fertilité importante dans son substrat pour toute la durée de la culture, le coût des fertilisants intégrés au substrat aura un impact substantiel sur son prix mais permettra de réduire le coût des fertilisants liquides apportés en complément. La stratégie inverse consisterait à avoir un substrat pauvre en nutriments et donc moins cher et de fertiliser surtout grâce à l ajout d engrais liquides comme pour une fertilisation conventionnelle. L étude de Bolques et al. (2004) semble utiliser cette dernière option avec des prix identiques de substrats biologiques et conventionnels. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 94

100 La fertilisation Dans l étude de Bolques et al. (2004), la principale cause de surcoût total de production (à plus de 80 %) provient du coût de l engrais organique Fertrell Nitrell par rapport à l Osmocote en passant de 0,04 $/plant à 0,22 $/plant. Ceci confirme les estimations de Weill et Duval (2009) et de Gravel (2009) à propos des prix très élevés des engrais liquides biologiques disponibles actuellement. Biernbaum (2006) nous donne les comparatifs de coûts d engrais suivants pour 600 ppm d N. Une solution d engrais de synthèse coûterait 0,5 /L tandis que des émulsions de poisson reviendraient à 5 /L, soit dix fois plus cher et avec un déficit possible en potasse sous mode biologique. L option de fertiliser uniquement avec des engrais liquides semble donc particulièrement onéreuse. La lutte phytosanitaire «Autant pour la gestion intégrée que pour la lutte chimique, il est difficile de modéliser avec précision le coût de la protection phytosanitaire pour une entreprise. Ceci est dû au fait qu une bonne partie des coûts de la phytoprotection est de nature indirecte et ne varie pas nécessairement en proportion de la quantité de plants mis en production. Pour une même quantité de plants d une variété donnée, le coût de la phytoprotection peut varier d une entreprise à l autre, ou d une année à l autre pour une même entreprise. [ ] Une évaluation précise du coût de la phytoprotection devrait se baser sur une période assez longue afin d établir une moyenne historique incluant des bonnes et des mauvaises saisons. En l absence de données historiques, nous pouvons comparer les coûts des 2 méthodes de lutte en fonction du nombre d interventions pour une saison de production. La valeur de cet exercice théorique est cependant limitée par la très grande variabilité des conditions rencontrées chez les producteurs (taux horaire et efficacité de la main-d œuvre, intensité du dépistage, seuil de déclenchement des traitements etc.» (Authier et al., 2010). En serre «Le coût de l utilisation de la lutte biologique est bien souvent supérieur à celui des pesticides. Il faut par contre tenir compte d autres avantages qui sont beaucoup plus difficiles à mesurer comme : la diminution des risques pour la santé; l impact moindre sur la qualité de l environnement; le bien-être des travailleurs. Il est également important de se rappeler qu un programme de lutte biologique peut demander plus d un cycle de production avant d être mis en place de façon satisfaisante. Peu de producteurs ont réussi à développer un programme de lutte biologique efficace dès la première introduction. On peut donc s attendre à une diminution du coût de l utilisation du programme de lutte biologique avec le temps (ou au moins à une augmentation de son efficacité)» (IQDHO, 2004). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 95

101 Selon l expérience de Delorme (Communication personnelle, 2010), la lutte biologique coûterait plus cher les premières années mais arriverait à concurrencer la lutte chimique lorsque le producteur est plus expérimenté et que l écosystème est bien en place. Il faut aussi prendre en compte que les cultures d annuelles sont très rapides, ce qui limite les possibilités de fortes infestations et que de nombreux producteurs ferment leurs serres pendant une longue période entre chaque saison de production ce qui réduit considérablement les populations de ravageurs d une année à l autre. Pour Cécyre (2000) le coût de la lutte biologique dépend : «de l expérience du producteur; du raffinement des techniques utilisées; des stratégies employées». Selon plusieurs études de Van Driesche et al. (1996, 2002), le coût du contrôle biologique de l aleurode en culture de poinsettias atteindrait 0,21 à 1,18 $ US/pot contre 0,14 à 0,4 $ US/pot avec les produits de synthèse, soit jusqu à huit fois plus cher. Cependant, les chiffres les plus bas en contrôle biologique ont été atteints grâce à l emploi combiné d auxiliaires avec le régulateur de croissance d insectes fenoxycarb (interdit en bio) et pour des productions assez importantes ( plants) réduisant ainsi les frais de transport des auxiliaires. Dans une autre étude portant sur le contrôle du puceron vert du pêcher sur une culture de chrysanthèmes, «les stratégies d introduction d Aphidius colemani qui n étaient pas optimales ont coûté 2-3 fois plus cher que les traitements chimiques et celles qui étaient optimales ont coûté 1,2 à 1,3 fois plus cher que les traitements chimiques» (Cécyre, 2000). Cependant ces études n ont apparemment pas pris en compte les variations des coûts de dépistage préalable aux interventions. Ainsi, selon Authier et al. (2010), le seuil de tolérance très bas aux dommages en cultures ornementales et le fait que l efficacité des prédateurs est très liée à la capacité de les introduire au bon moment, au bon endroit, à la bonne dose et sur le bon ravageur augmentent nécessairement les besoins d observation et le temps de dépistage en lutte biologique. Selon les auteurs, un dépistage plus intensif dans le cadre d un programme de gestion intégrée demande trois fois plus de temps que le dépistage sommaire habituellement pratiqué en culture conventionnelle. Le coût total du dépistage varie ensuite selon la durée de la production et selon la superficie à dépister. Ces estimations ont été faites pour des cultures extérieures mais ne devraient pas être très différentes sous serres. L expérience du dépisteur est également à prendre en compte et on peut penser que les coûts reliés à la main-d œuvre sont amenés, dans une certaine limite, à diminuer avec le temps. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 96

102 En production extérieure Comme nous l avons vu dans la partie technique, la lutte biologique en pépinières à l aide de prédateurs en est encore à ces débuts et peu d études ont été effectuées sur le sujet. Au Québec, elle commence seulement à être utilisée contre les tétranyques à deux points. Pour Authier et al. (2010), le manque de connaissance pratique sur la lutte biologique dans un contexte de production extérieure est un élément qui complique davantage le calcul des coûts à ce niveau. Dans leurs estimations sur la lutte contre le tétranyque à deux points en pépinières en conteneurs, les auteurs tirent les conclusions suivantes : «Le Schéma 19 présente l évolution des coûts totaux de la lutte aux tétranyques selon le nombre d interventions nécessaires en gestion intégrée et en lutte chimique sur une durée de 20 semaines (incluant le coût du dépistage, les intrants et la main-d œuvre pour les traitements et lâchers). On présume un dépistage avec décompte pour la gestion intégrée et un dépistage sans décompte pour la lutte chimique (3 $ et 1 $ par semaine par 100 m²). Schéma 19 : Évolution du coût de la lutte phytosanitaire par 100 m² selon le nombre d interventions dans une période de 20 semaines Le Schéma 19 permet de comparer les coûts des deux modes de lutte aux tétranyques. Selon le graphique, on constate que le coût d une saison nécessitant 9 applications d acaricides est semblable à celui d une saison nécessitant 2 lâchers de prédateurs (106 $ et 108 $), alors que le coût de 3 lâchers sur une période de 20 semaines correspond aux coûts de 13 applications sur une même période de temps. L état des connaissances ne nous permet cependant pas de dire avec certitude si ces stratégies d interventions sont équivalentes au niveau de leur efficacité». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 97

103 Un élément qui ressort de ce graphique est le fait que l on dispose beaucoup moins de marge de manœuvre sous mode biologique en cas de perte de contrôle du ravageur car chaque lâcher représente un coût conséquent en rapport à un traitement phytosanitaire. Cependant, l établissement d un équilibre écologique à long terme sur la production en mettant en place des stratégies préventives complémentaires pourrait limiter le nombre d interventions et d intrants au point de devenir concurrentiel par rapport aux méthodes conventionnelles. Toutefois, l état des connaissances actuel fait grandement défaut à ce niveau pour en tirer des conclusions tangibles et des estimations chiffrées. Pour ce qui est des autres techniques de lutte phytosanitaire alternative comme l utilisation de produits autorisés en production biologique ou la prophylaxie, aucune étude économique n est actuellement disponible à ce sujet. La gestion des mauvaises herbes Production en pot La majorité des entreprises biologiques allemandes estiment leurs coûts de main-d œuvre pour la gestion des adventices entre 10 et 20 % supérieurs aux conventionnelles, ce qui place cette activité comme la première cause de surcoûts du mode de production biologique pour les producteurs interrogés (Billmann et al., 2003). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 98

104 En 2004 l ACPP (Association Canadienne des Pépiniéristes et Paysagistes) a produit le tableau suivant : Tableau 10 : Alternatives aux produits chimiques pour le contrôle des adventices en production en conteneurs Produit Fréquence d usage Prix du produits du conteneur #1* Pesticides en granules (RONSTAR) Avantages majeurs Taux sur étiquette < 0,01 $ Coût de production bas et efficace Sciure 240mlcontenant < 0,01 $ Peu coûteux, facile à appliquer, très disponible (en Colombie Britannique) Gluten de maïs 2g/contenant < 0,01 $ Peu coûteux, facile à appliquer Désavantages majeurs Plusieurs applications nécessaire, quelques Dégrade relativement rapidement Taux d usage inefficace, plusieurs applications nécessaires, plus de recherche requise Big Top 90 ml/contenant 0,044 $ Efficace, facile à appliquer Quelques récoltes abimées Disque Géotextile 1/contenant 0,076 $ Sécuritaire, facile à appliquer, durée d au moins 1 an Volatile, fonctionne seulement avec des récoltes avec tuteur central Crumb rubber 240/contenant 0,08 $ ou moins Efficace, facile à appliquer, durée d au moins 1 an Disque de plastique moulé Disque de fibre de coco Désherbage manuel 1/contenant 0,09 $ Produit manufacturier uniforme, dure au moins 1 an 1/contenant 0,14 $-0,17 $ Efficace, convient à la plupart des récoltes, dure au moins 1 an Des utilisateurs peuvent ne pas l accepter, renverse facilement, surface de pot très chaude en été Rigide, Effort de la main-d œuvre pour l application, quelque dommage au Thuja 2 fois par saison 0,10 $-0,25 $ ( Efficace Effort de la main-d œuvre pour l application * Le prix aux taux examinés, inclut seulement le coût approximatif du produit et non la main-d œuvre, un escompte peut s appliquer au volume Tableau adapté de J. Altland, OSU (publié dans le magasine Digger de mars 2004), Ce tableau nous indique que le coût des herbicides chimiques est inférieur à 0,01 $/pot pour une année de production alors qu il est de 0,033 $/pot/an selon les données du CRAAQ (2007) pour une production d arbustes en conteneur sur trois ans. Il existe donc une grande variabilité dans les données par rapport aux pratiques actuelles. En effet, les coûts de la gestion des adventices dépendent de la qualité des mesures préventives, de l efficacité des traitements, des types de produits, des conditions climatiques, des espèces cultivées, etc. La marge d erreur dans l estimation de ces coûts moyens est donc assez importante en l absence de données de différentes productions sur plusieurs années. De plus, il faut ajouter les coûts de main-d œuvre pour l application des produits et le désherbage manuel ainsi que les coûts de machinerie. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 99

105 Pour avoir une alternative économiquement intéressante en mode biologique, il s agit de minimiser au maximum le désherbage manuel en utilisant une combinaison de stratégies préventives et curatives telles que le nettoyage des abords de la production, l utilisation de paillis ou de disque recouvrant le substrat, des pulvérisations de produits de contact sur les jeunes pousses et enfin le désherbage manuel des espèces plus résistantes comme les vivaces (Mario Comtois, communication personnelle, 2010). Production en pleine terre Le coût de la gestion des mauvaises herbes est estimé, d une façon générale, comme étant très élevé : 65 % des entreprises allemandes considèrent que le coût de cette régulation augmente leurs dépenses de plus de 20 %. En moyenne, les producteurs biologiques estiment que 50 % de leurs surcoûts proviennent uniquement de la gestion des mauvaises herbes. D autre part, les auteurs indiquent que ces coûts sont très liés au degré de mécanisation spécialisée des entreprises. Ainsi, plus les entreprises sont petites, plus leurs coûts de désherbage sont élevés à cause d un manque de machinerie spécialisée (Billmann et al., 2003). Les prix de vente Au niveau de la rentabilité, une publication de l Economic Research Service (Dimitri et Greene, 2002) cite plusieurs études aux États-Unis qui rapportent que les bénéfices des fermes biologiques sont identiques ou supérieurs au conventionnel grâce aux prix de vente plus élevés et en raison des coûts inférieurs des intrants. La plus-value que le producteur est capable d aller chercher sur son produit par rapport au conventionnel est donc primordiale en production biologique. Selon la FABQ (2003), «typiquement, ces prix fluctuent selon le type de clientèle et les volumes transités. Les pourcentages d écart entre les prix payés au producteur en bio et en conventionnel variaient (selon un enquête menée en 2002) ainsi de 9,9 % pour le lait à 166 % pour les tomates et 445 % pour le poulet, donnant un écart moyen sur l ensemble des produits de 108 %. De façon générale, la commercialisation des produits certifiés biologiques ne fait pas encore appel à des structures comme les plans conjoints. Produire de la qualité demeure un excellent atout pour se démarquer et s assurer de vendre la marchandise à un bon prix». Selon Brumfield et al. (2000), il est commun de voir une plus-value moyenne de 20 à 30 % pour des légumes biologiques. Selon Billmann et al. (2003), les producteurs biologiques allemands de plantes ornementales n arrivent pas vraiment à tirer de plus-value de leurs produits et les vendent même parfois à un prix inférieur au conventionnel à cause d une moins bonne qualité. En conséquence, les gestionnaires de ces entreprises estiment majoritairement que les prix de vente couvrent tout juste leurs coûts de production. Cet élément s est confirmé auprès des producteurs conventionnels allemands interrogés qui voient la crainte de ne pas recevoir de plus-value compensant des dépenses supplémentaires en production biologique comme le plus grand obstacle à leur transition. Des précisions supplémentaires sur la variable prix sont étudiées dans la partie sur la commercialisation. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 100

106 3.2 Estimation des coûts de production en culture ornementale biologique au Québec Méthodologie Plusieurs sources d informations ont été utilisées pour faire nos estimations des coûts de production biologiques et les comparatifs par rapport à la culture conventionnelle : les références économiques du CRAAQ (2006 et 2007) sur les coûts de production de plantes ornementales au Québec : Les feuilles de calculs des budgets d exploitation des plantes printanières en serres, des arbustes en pot et des cèdres en champs ont constituées notre base de calculs des coûts d exploitation en production conventionnelle; une revue de littérature sur les coûts des méthodes de production alternatives en production ornementale; les coûts des intrants biologiques disponibles actuellement au Québec. Le Manuel des Intrants Bio (2007) a été pris comme base pour les produits autorisés et des contacts ont été effectués auprès des fournisseurs inscrits pour obtenir les prix de vente actuels; et les conseillers techniques de l IQDHO ont également participé et validé les estimations présentées ci-dessous. Les limites de l estimation Comme nous l avons mentionné dans la partie technique, plusieurs caractéristiques de la production ornementale biologique sont actuellement encore peu développées et peu connues des producteurs et des experts. Cette étude des coûts d exploitation a été effectuée aux meilleures de nos connaissances mais constitue seulement une première estimation pour trois types de productions ornementales standards et serait sujet à améliorations à partir des recherches et de l expérience futures des professionnels dans le domaine. Ainsi, nous nous sommes attachés à évaluer quelles méthodes sont actuellement les plus utilisées ou semblent les plus efficaces sous mode biologique et de les chiffrer le plus précisément possible. De façon à limiter les marges d erreur au maximum dans nos hypothèses et pouvoir donner une base de comparaison la plus fiable possible entre les coûts de production, nous avons donc prévu une production biologique avec des systèmes de production et de mise en marché similaires au conventionnel. Les postulats suivants ont été établis : Les types de production sont identiques : espèces, densité, superficie et durée de culture; la qualité des plantes obtenues sous les deux modes de production est identique; le pourcentage de perte sous les deux modes de production est identique; l entreprise utilise et maîtrise son mode de production depuis plusieurs années, on suppose donc que la cédule de production est adéquate et standardisée; la répartition de la main-d œuvre correspond aux besoins; l entreprise dispose des équipements spécialisés adéquats pour obtenir une production de haute qualité commerciale; et la totalité des plants biologiques produits sont vendus sur le marché biologique avec la plus-value associée au logo. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 101

107 D autre part, il faut prendre en considération le fait que les prix établis dans les fiches du CRAAQ ( ) n ont pas tous été actualisés et peuvent avoir fluctué depuis Production d annuelles en serres Pour la production d annuelles en serres, les principaux éléments à considérer dans les différences de coûts entre le mode conventionnel et biologique sont : Le substrat La fertilisation La lutte phytosanitaire La main d œuvre Le coût de la certification Tableau 11 : Critères techniques Superficie de table 2460 m 2 Densité initiale 86 plants par m 2 de table (on utilise environ 50 % de la serre au début) Densité après détassement 43 plants par m 2 de table Nombre de plants en production (59 plants X m 2 de table) Pourcentage de perte en production 5 % Nombre de plants prévus pour la vente Rendement approximatif 41 plants vendus/m 2 de table Pour cette culture d annuelles printanières en serre, nous avons choisi le scénario du CRAAQ ayant le plus grand espacement (scénario 3). Cette option est la plus plausible sous mode biologique afin de favoriser une bonne aération entre les plants en limitant les problèmes fongiques de façon préventive. En se basant sur la revue de littérature technique effectuée, nous avons également décidé de présenter de scénarios différents pour la culture en serres selon le type de substrat et de fertilisation privilégiés. Ainsi, certains experts privilégient l utilisation d un substrat plus pauvre et d une fertilisation liquide correspondant aux besoins en N-P-K au cours de la culture (scénario 1) tandis que d autres préfèrent utiliser un substrat plus riche dès le départ et apporter des nutriments au besoin par la suite (scénario 2). Les produits Le calcul du chiffre d affaires (produits) sous mode biologique est effectué en prenant un bénéfice net identique au conventionnel qui est ajouté au total des coûts d exploitation obtenu. Cela permet de connaître la plus-value biologique minimale que le producteur doit obtenir pour avoir une rentabilité similaire au conventionnel. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 102

108 Les boutures Étant donné qu aucune bouture biologique n est actuellement disponible au Québec, nous avons considéré que le producteur utilise du matériel conventionnel après avoir fourni deux preuves de non disponibilité. Le substrat Scénario 1 : Le terreau biologique Agromix HR Bio de Fafard et frères a été privilégié d après les recommandations du fabricant. Scénario 2 : La recette de terreau du producteur M. Langan de la Mulberry Creek Herb Farm a été choisie en tenant compte de la qualité de la production observée chez lui et de son expérience. Voici la recette : 2 x 3,8 pi.cu de mousse de tourbe compressé 4 pi.cu. de perlite 6 pi.cu d écorce compostée 45 blocs de fibre de coco compressée 7 litres de glauconite (greensand) 2 litres de chaux dolomitique granulée 2 litres de gypse granulé 2 litres de farine de sang 18 litres de fumier composté de poulet en granules (2,5-2,2-2) 1 litre de soufre granulé La fertilisation Scénario 1 : On fertilise avec un mélange liquide d émulsions de poisson (5-1-1) et d algues (0,5-0-6) pour obtenir un ratio 5,5-1-7 à 250 ppm d azote par semaine. On utilise la fertilisation au goutte-à-goutte avec une pompe doseuse comme en conventionnel. Scénario 2 : La fertilisation provient majoritairement du fumier de poulet granulé (2,5-2,2-2), de la farine de sang (12-0-0) et de glauconite (0-0-7) dans le mélange. Un supplément avec une fertilisation foliaire (15 L/1000 pi2) fait d un mélange liquide d émulsions de poissons (5-1-1) et d algues (0,5-0-6) à 5ml/L est appliqué une fois par semaine. Lutte phytosanitaire L aération entre les plants est considérée comme suffisante pour ne pas justifier de traitements fongicides pendant cette culture de 14 semaines. De plus la présence de compost dans le mélange permet d éviter l emploi de bio-fongicides préventivement. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 103

109 Pour lutter contre les insectes, un trempage des boutures dans une solution à base de savon Safer s à 10 % (15 ml/bouture) serait effectué au moment du rempotage. De plus un traitement à base de savon à 2 % est utilisé sur des foyers (15 l/semaine). Au cours de la culture, 6 introductions d auxiliaires sont effectuées : Amblyseius swyrskii, Amblyseius californicus et Aphidoletes contre les thrips, tétranyques et pucerons. Main-d œuvre pour la production et l entretien Il faut aussi considérer les introductions d auxiliaires, le trempage des boutures et 50 % de plus de dépistage qu en production conventionnelle pour agir préventivement. Dans le scénario 1, du temps de main-d œuvre en plus concerne l application de fertilisants liquides (plus petits formats) et le rinçage à l eau des systèmes de goutte-àgoutte après utilisation. Dans le scénario 2, le temps supplémentaire en mode biologique concerne la préparation du substrat à partir des différents ingrédients. Étant donné la marge d erreur possible d un tel calcul, nous avons préféré estimer un surplus global d environ 20 % par rapport au conventionnel pour les deux scénarios en se basant sur la revue de littérature. Mise en marché et transport Comme pour la production et l entretien, nous avons estimé un surcoût biologique de 20 % pour les frais de transport et de mise en marché par rapport au conventionnel en se basant sur la revue de littérature. Certification Les frais de certification ont été évalués à $/an, soit 532,50 $ (coût annuel de certification) + 2 x 208 (2 $/1 000 $ de produits vendus) + 50 $ (CARTV) et environ $ de frais indirects (étiquettes et administration). Frais professionnels Nous avons estimé que le producteur nécessitait un suivi technique supplémentaire en production biologique au coût de 800 $/an. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 104

110 Tableau 12 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts reliés aux activités d une production d annuelles au Québec en conventionnel et biologique (tiré de CRAAQ, 2006) Catégories Total ($) Conventionnel Total ($) Bio 1 Écart en % Bio 1 vs Conv. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 105 Total ($) Bio 2 Écart en % Bio 2 vs Conv. Coûts / Coûts totaux d exploitation Conv. (%) Coûts / Coûts totaux d exploitation Bio 1(%) Coûts / Coûts totaux d exploitation Bio 2(%) Produits Total produits (CA) ,8 % ,1 % Coûts variables Approvisionnements Boutures % % 44 % 41 % 41 % Substrat % % 3 % 3 % 5 % Fertilisants % % 0 % 4 % 0 % Lutte phytosanitaire % % 0 % 1 % 1 % Contenants % % 12 % 11 % 11 % Codes barres % % 1 % 1 % 1 % Total approvisionnements % % 60 % 60 % 60 % Mise en marché Frais transport (sauf MO) % % 5 % 6 % 6 % Autres coûts Chauffage % % 11 % 10 % 11 % Main-d œuvre salariée Production et entretien % % 5 % 6 % 6 % Transport % % 0 % 0 % 0 % Mise en marché % % 1 % 2 % 2 % Intérêts court terme % % 1 % 1 % 1 % Total autres coûts % % 19 % 19 % 19 % Total des coûts variables % % 85 % 85 % 85 % Marge sur coûts variables % % Coûts fixes Taxes et assurances % % 3 % 3 % 3 % Réparations % % 8 % 7 % 7 % Téléphone et électricité % % 1 % 1 % 1 % Frais professionnels % % 3 % 3 % 3 % Divers et frais certification % % 1 % 2 % 2 % Total coûts fixes % % 15 % 16 % 16 % Frais fixes répartis selon le temps de production (50 %) % % 8 % 8 % 8 % Total C.V. + C.F. avant amortissements % % 93 % 93 % 93 % Revenus disponibles % % Amortissements % % 7 % 7 % 7 % Total coûts d exploitation % % 100 % 100 % 100 % Bénéfice net d exploitation % % Surcoût biologique

111 Analyse des données Les boutures et contenants Les boutures et les contenants représentent à eux seuls plus de 90 % des coûts d approvisionnement ce qui diminue beaucoup l importance des surcoûts de la fertilisation, de la lutte phytosanitaire et du substrat en mode biologique. Si un producteur décidait de produire lui-même ces boutures de façon biologique, cela pourrait grandement augmenter les coûts de production en limitant les économies d échelle réalisées par les productions conventionnelles plus spécialisées. La production de boutures biologiques induirait également des surcoûts principalement à cause du substrat et de la fertilisation. D autre part, les données du CRAAQ nous indiquent l importance des coûts relatifs aux contenants dans les coûts d exploitation (11 à 12 %). D après l étude de l IQDHO (2010), les contenants biodégradables dont la tenue en production commerciale est satisfaisante peuvent être de deux à trois fois plus cher que les pots de plastique et constitueraient alors une importante hausse des coûts totaux si elle devait être envisagée par un producteur. Le substrat et la fertilisation Au niveau des approvisionnements, le scénario bio 2 semble meilleur marché que le scénario bio 1 avec 6 % contre 9 % d écarts avec les coûts du conventionnel. Cette différence est directement attribuable au prix très élevé de la fertilisation liquide biologique. Celle-ci est d ailleurs en grande partie responsable du surcoût total du scénario bio 1 et confirme les résultats des études publiées à ce sujet (Biernbaum, 2006; Gravel, 2009; Weill, 2010). Quant au scénario bio 2, la constitution de la recette avec une charge fertilisante conséquente pour fabriquer le substrat induit un doublement du prix par rapport au conventionnel mais permet de limiter les apports en fertilisation liquide par la suite et de diminuer le coût total des approvisionnements. D autres alternatives seraient également envisageables pour diminuer l impact de la fertilisation liquide telle que l utilisation d un substrat biologique de base et son enrichissement avec une charge fertilisante telle que des farines d origines animale ou végétale et du compost de fumier de poulet. Cependant, comme cela a été mentionné dans la partie technique, la minéralisation de ces éléments nutritifs d origine naturelle et notamment l azote est souvent considérée ensuite comme difficile à gérer au cours de la culture et nécessiterait une bonne expérience du producteur. Des essais comparatifs de ces différents types de gestion seraient donc très pertinents pour en connaître davantage sur le meilleur rapport qualité/prix. D une façon générale, le substrat et la fertilisation biologiques représentent de 40 à 50 % des surcoûts totaux d exploitation selon le scénario choisi. Le choix de la stratégie et des intrants biologiques à adopter devrait donc être effectué avec la plus grande attention pour en réduire l impact économique. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 106

112 La lutte phytosanitaire La lutte phytosanitaire biologique a été estimée de façon plutôt conservatrice à environ 6,5 fois plus onéreuse que la lutte conventionnelle mais constitue au final un poste assez faible au niveau des coûts totaux d exploitation (1 %). Le développement actuel de la lutte biologique indique également qu elle est de plus en plus soutenable par les producteurs. De plus, notre estimation n a pas tenu compte de l influence d auxiliaires naturels qui peuvent être établis dans la production biologique et diminuer encore les frais biologiques à ce niveau. Mise en marché et transport En totalisant les frais de transport et de mise en marché comprenant la main d œuvre, les surcoûts estimés ici à 20 % représentent environ $, soit environ 15 % des surcoûts totaux d exploitation biologiques. Ce poste n est donc pas négligeable et devrait être bien évalué par le producteur notamment lors du choix du site d exploitation par rapport à son marché potentiel. Les frais professionnels et la certification Ces coûts représentent $ de frais fixes en plus (répartis sur la durée de la production), soit environ 10 % du surcoût biologique. Ces frais ne sont pas compressibles mais relativement faibles en rapport aux écarts liés aux frais variables étudiés précédemment. Au niveau des coûts totaux d exploitation, les scénarios bio 1 et 2 ont respectivement des écarts de 9 % et 7 % par rapport au conventionnel, ce qui donne une idée des plusvalues minimales exigibles à la vente pour que l entreprise biologique ait une rentabilité comparable à la conventionnelle. Il faut cependant prendre en compte les limites fixées par la méthodologie utilisée dans cette étude au niveau technique et de la commercialisation Production d arbustes en pot Pour la production d arbustes en pot, les principaux éléments à considérer dans les différences de coûts entre le mode conventionnel et biologique sont : Le substrat La fertilisation La lutte phytosanitaire Le contrôle des adventices La main d œuvre Le coût de la certification Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 107

113 Unités de vente et de production Une entreprise de 4 hectares produisant des arbustes en contenant de 6L sur des planches de culture à l'extérieur. Système de production Ce budget reflète les coûts d'une entreprise en vitesse de croisière avec une bonne expérience et qui possède son marché. Les pertes tiennent compte de l'expérience des producteurs. Les producteurs débutants doivent s'attendre à des pertes plus élevées. L'entreprise a terminé un premier cycle de production. La taille des plants est faite manuellement. Tableau 13 : Calendrier de production Année 1 Année 2 Commercialisation Début de la production au printemps après la vente des pots du cycle précédent Période de croissance. Vente de 15 % des plants Les plants sont vendus et l'espace est utilisé pour le cycle de production suivant (retour à l'année 1) Tableau 14 : Critères techniques Unité de production (UP) Nombre d'unités de production (UP) Rendement/ha Hectares récoltés par année 1,0 ha 4,0 ha plants 2,0 ha Pertes au champ 15 % Les produits Le calcul du chiffre d affaires (produits) sous mode biologique est effectué en prenant un bénéfice net identique au conventionnel qui est ajouté au total des coûts d exploitation obtenu. Cela permet de connaître la plus-value biologique minimale que le producteur doit obtenir pour avoir une rentabilité similaire au conventionnel. Les boutures Étant donné qu aucune bouture biologique n est actuellement disponible au Québec, nous avons considéré que le producteur utilise du matériel conventionnel après avoir fourni deux preuves de non disponibilité. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 108

114 Le substrat Le terreau biologique DE Bio de Fafard et frères a été privilégié d après les recommandations du fabricant. La fertilisation La fertilisation est réalisée avec trois applications de fumier de poulet Acti-sol au cours de la saison à la dose annuelle de 760 g d N/m 3, soit 114 g/pot/an. La première année, la première application est directement incorporée au substrat à l empotage et la troisième année une seule application est effectuée avant la commercialisation. Lutte phytosanitaire Pour lutter contre les insectes ravageurs, les produits de synthèse sont remplacés par des alternances de différents produits homologués en pépinières soit : o Deux applications de Trounce à la dose de 30 L/600 L/ha o Trois applications de Safer à la dose de 20 L/1 000 L/ha o Une application de Entrust à la dose de 30 g/1 000 L/ha Pour lutter contre les maladies fongiques, la prévention est privilégiée par un bon espacement des plantes ainsi que la lutte mécanique par la taille des rameaux infectés. De plus, des produits de fongicides homologués sont traités en alternance soit : o Trois applications de Cuivre PM à la dose de 4 kg/1 000 L/ha o Trois applications de Soufre Microfin à la dose de 12 kg/ha o Une application d Actinovate à la dose de 0,5 kg/1 100 L/ha o Une application de Rhapsody à la dose de 15 L/1 000 L/ha Contrôle des mauvaises herbes L installation d un disque de fibre de coco au moment de l empotage permet de prévenir l essentiel des infestations par les adventices pendant toute la durée de la production. Le contrôle des adventices dans les pots est complété par un désherbage manuel par année. Au niveau des allées, l herbicide Eco Clear est utilisé comme désherbant total à la dose de 250 L/750 L/ha. Étant donné l efficacité limitée du produit et le coût élevé pour une telle pratique, elle pourrait être remplacée par un désherbage thermique avec un brûleur, nous ne nous sommes cependant pas attardés sur les calculs de cette alternative. Main d œuvre La main-d œuvre supplémentaire en culture biologique comprend ici : Au niveau entretien de la culture : Pour le dépistage hebdomadaire, il faut aussi considérer trois fois plus de temps qu en production conventionnelle pour agir préventivement, soit 3 h/pers/ha/semaine et le désherbage manuel à 32 h/pers/1 500 m 2 ; À l empotage : La mise en place des disques de coco à 2 sec/pers/pot et l incorporation d engrais à 2 sec/pers/pot; Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 109

115 L application d engrais de surface: soit pour chaque application 71,43 h/pers/ha tel qu indiqué dans la fiche de départ pour mettre l Osmocote ; Coûts de mise en marché Ceux-ci ont été estimés à 15 % du chiffre d affaires dans la fiche du CRAAQ. Nous avons donc repris ce calcul à partir du total des produits obtenus dans le scénario biologique. Certification Les frais de certification ont été évalués à $/an, soit 532,50 $ (coût annuel de certification) + 2 x 460 (2 $/1 000 $ de produits vendus) + 50 $ (CARTV) et environ $ de frais indirects (étiquettes et administration). Frais professionnels Nous avons estimé que le producteur nécessitait un suivi technique supplémentaire en production biologique au coût de 800 $/an. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 110

116 Tableau 15 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts reliés aux activités d une production d arbustes en pot au Québec en conventionnel et biologique (tiré de CRAAQ, 2007) Catégories Total ($) Conventionnel Total ($) Bio Écart en % Bio vs Conv. Coûts / Coûts totaux d exploitation Conv. (%) Coûts / Coûts totaux d exploitation Bio (%) Produits Total produits (CA) ,9 % Coûts variables Approvisionnements Boutures % 12 % 11 % Substrat % 5 % 5 % Fertilisants % 10 % 2 % Lutte phytosanitaire % 0 % 2 % Contrôle des adventices % 1 % 5 % Contenants % 17 % 16 % Géotextile et polyéthylène % 3 % 3 % Total approvisionnements % 49 % 44 % Opérations culturales Pulvérisations % 0 % 0 % Tonte des allées % 0 % 0 % Total op. culturales % 0 % 0 % Main d œuvre Nettoyage des allées % 0 % 0 % Empotage % 2 % 2 % Engrais en surface % 0 % 2 % Pulvérisation pesticides % 0 % 0 % Taille % 0 % 0 % Entretien de la culture % 13 % 16 % Manipulation des protections hivernales % 2 % 1 % Tonte des allées % 0 % 0 % Préparation des commandes % 2 % 2 % Total Main d œuvre % 19 % 23 % Autres coûts Charges sociales % 4 % 5 % Travaux divers (h) % 0 % 0 % Analyse de sol (ha) $/analyse % 0 % 0 % Coûts mise en marché (15 % du CA) % 16 % 16 % Intérêts court terme % 4 % 4 % Total autres coûts % 24 % 25 % Total des coûts variables % 92 % 92 % Marge sur coûts variables % Coûts fixes Outillage % 1 % 1 % Taxes et assurances % 0 % 0 % Entretien et Réparations % 1 % 1 % Permis et immatriculation % 0 % 0 % Téléphone et électricité % 0 % 0 % Frais professionnels et certification % 1 % 2 % Total coûts fixes % 4 % 4 % Total C.V. + C.F. avant amortissements % 96 % 96 % Revenus disponibles % Amortissements % 4 % 4 % Total coûts d exploitation % 100 % 100 % Bénéfice net d exploitation % Surcoût biologique* * * Ici le surcoût biologique a été calculé sans tenir compte des coûts d approvisionnement des fertilisants qui favorisent le biologique mais peuvent être employés en conventionnel. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 111

117 Analyse des données Les boutures et les contenants De façon moins prononcée que pour la production des annuelles, nous pouvons constater que les boutures et les contenants représentent quand même un poste important soit plus d un quart des coûts totaux d exploitation. Si le producteur devait cultiver lui-même ses boutures sous mode biologique les coûts d approvisionnement en seraient particulièrement affectés à cause notamment des coûts reliés au désherbage. La fertilisation biologique La fertilisation biologique effectuée à l aide de l Acti-sol permet une économie intéressante par rapport à l utilisation d Osmocote (- 79 %) en conventionnel ce qui contribue à une économie totale de 3 % des coûts d approvisionnement et ce malgré les surcoûts biologiques de la lutte phytosanitaire (+ 474 %) et du contrôle des adventices (+ 382 %). Même en ajoutant les frais de main-d œuvre en plus (+ 500 %), la fertilisation biologique semble avoir un impact économique positif sur la production. Dans un scénario d une production conventionnelle différente de celle du CRAAQ, nous pourrions envisager de fertiliser avec de l Actisol de façon identique au mode biologique au lieu d utiliser de l Osmocote pour diminuer son coût, comme cela se pratique déjà chez quelques producteurs au Québec. Lorsqu on budgète ce scénario, le coût des approvisionnements diminue à tel point que le total des coûts d exploitation de la production biologique est 16 % supérieur au conventionnel contre 8 % dans le tableau cidessus. Cela donne une idée de la fourchette des surcoûts envisageables en production biologique selon le choix des intrants disponibles. Le contrôle des adventices Au niveau des approvisionnements, le principal surcoût de la production biologique se situe au niveau du contrôle des mauvaises herbes dont la proportion passe de 1 à 5 % des coûts d exploitation totaux. De plus en ajoutant les coûts de main-d œuvre reliés au désherbage, le contrôle des mauvaises herbes est estimé à $ sur un total d environ $ de surcoûts biologiques, soit plus de 50 %. Cela concorderait donc avec les résultats de l étude allemande de Billmann et al. (2003) dont les producteurs interrogés plaçaient ce poste comme la première cause de dépenses supplémentaires. La mise en place de stratégies préventives complémentaires devrait donc être la première priorité de tout producteur en pépinière biologique pour diminuer les frais reliés au contrôle des mauvaises herbes. La lutte phytosanitaire La lutte phytosanitaire biologique représente au total environ 21 % des surcoûts biologiques en considérant les opérations culturales, la main-d œuvre pour les traitements et le dépistage supplémentaires. Le fait de doubler le nombre de traitements nécessaires par rapport au conventionnel serait largement responsable de cette différence. Toutefois, le développement actuel des méthodes de luttes biologiques par l utilisation de prédateurs auxiliaires en extérieur et l installation d un écosystème autorégulateur à terme devrait contribuer à diminuer cette différence de coûts à l avenir. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 112

118 Autres coûts D autre part, nous pouvons constater que les autres différences de coûts telles que le substrat, les frais professionnels et de certification représentent des postes qui ont beaucoup moins d impact sur les coûts spécifiques au mode biologique. Nous avons cependant considéré dans notre étude que le terreau DE Bio de Fafard et frères Ltée avait la même efficacité qu un terreau conventionnel ce qu il faudrait valider par des essais. Au final, pour combler le surplus du total des coûts d exploitation biologiques, le producteur devrait vendre tous ses plants au minimum 8 % plus cher pour obtenir un bénéfice net comparable avec le mode conventionnel. Il faut cependant rester prudent quant à l interprétation de cette donnée. Comme nous l avons évoqué dans la méthodologie, cette différence est à considérer sur la base de productions similaires au niveau du volume, de la productivité et du marché ce qui ne reflète pas vraiment la réalité actuelle des entreprises biologiques telle que décrite dans la revue de littérature. La possibilité de valoriser tout le stock produit avec la plus-value biologique pour un tel volume de production serait notamment difficile à envisager actuellement et induirait donc probablement des coûts supplémentaires à cause de cultures plus diversifiées, de surfaces plus réduites et donc d économies d échelles plus faibles. Plusieurs éléments techniques seraient également à éclaircir pour obtenir une qualité similaire au conventionnel (voir partie technique) Production de cèdres en champs Pour la production de cèdres en champs, les principaux éléments à considérer dans les différences de coûts entre le mode conventionnel et biologique sont : La fertilisation La lutte phytosanitaire Le contrôle des adventices La main d œuvre Le coût de la certification Unités de vente et de production Ferme de 7 hectares dans la région de l'estrie (05) cultivant des cèdres, sur des terrains loameux avec une pierrosité moyenne. Les terrains sont localisés sur un même site ou sur plusieurs sites dans un rayon de 20 kilomètres. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 113

119 Système de production Ce budget reflète les coûts d'une entreprise en vitesse de croisière avec une bonne expérience et qui possède son marché. Les pertes tiennent compte de l'expérience des producteurs. Les producteurs débutants doivent s'attendre à des pertes plus élevées. L'entreprise a terminé un premier cycle de production. La taille des arbres est faite manuellement. La durée du cycle de production est de 5 ans. Tableau 16 : Critères techniques Unité de production (UP) 1,0 ha Nombre d'unités de production (UP) 5,0 ha Rendement/ha arbres Hectares récoltés par année 1,0 ha Pertes au champ 15 % Déclassés 15 % Les produits Le calcul du chiffre d affaires (produits) sous mode biologique est effectué en prenant un bénéfice net identique au conventionnel qui est ajouté au total des coûts d exploitation obtenu. Cela permet de connaître la plus-value biologique minimale que le producteur doit obtenir pour avoir une rentabilité similaire au conventionnel. Les boutures Étant donné qu aucune bouture biologique n est actuellement disponible au Québec, nous avons considéré que le producteur utilise du matériel conventionnel après avoir fourni deux preuves de non disponibilité. La fertilisation La fertilisation est réalisée avec trois applications de fumier de poulet Acti-sol au cours de la saison à la dose annuelle de 26 kg d N/ha. Cette dose est identique à la dose de fertilisation chimique calculée dans le tableau du CRAAQ (2007) basée sur une analyse de sol fictive. Lutte phytosanitaire Pour lutter contre les insectes ravageurs, les produits de synthèse sont remplacés par des alternances de différents produits homologués en pépinières soit ici: Une application de Trounce à la dose de 30 L/600 L/ha Une application d huile de dormance (huile horticole) au printemps à la dose de 40 L/ha. Aucun traitement antifongique n a été prévu étant donné la résistance naturelle des cèdres aux maladies. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 114

120 Contrôle des mauvaises herbes Le contrôle des adventices est réalisé surtout mécaniquement avec l utilisation du sarcleur de précision Eco I d Univerco sur les rangs. Nous prévoyons ici que l investissement dans cette machine au coût de $ est amorti sur dix ans (comme le reste de la machinerie). Dans notre cas, le désherbage mécanique nécessite deux employés à 4 h/ha, quatre fois par année. En passant sur un rang à la fois, ce désherbage mécanique permet de passer près des plants et d éviter au maximum le désherbage manuel. Toutefois, un passage manuel à 8 h/ha par année a été prévu pour parfaire le travail de la machine. Pour l inter-rang le système de production d origine prévoie un enherbement permanent avec des tontes successives pendant la saison. Ce système a été conservé pour la production biologique. Au niveau de la remise en culture de la production après les cinq années de production, un travail du sol supplémentaire doit être effectué à l aide d une herse danoise ou d un peigne et a été estimé ici à une dizaine de passages supplémentaires notamment pour enlever les rhizomes de chiendent en l absence de produits herbicides systémiques comme le glyphosate. Main-d œuvre La main-d œuvre supplémentaire en culture biologique correspond au désherbage manuel. Coûts de mise en marché Ceux-ci ont été estimés à 4 % du chiffre d affaires dans la fiche du CRAAQ. Nous avons donc repris ce calcul à partir du total des produits obtenus dans le scénario biologique. Certification Les frais de certification ont été évalués à $/an, soit 532,50 $ (coût annuel de certification) + 3 x 130 (3 $/1 000 $ de produits vendus) + 50 $ (CARTV) et environ $ de frais indirects (étiquettes et administration). Frais professionnels Nous avons estimé que le producteur nécessitait un suivi technique supplémentaire en production biologique au coût de 800 $/an. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 115

121 Tableau 17 : Comparatif des budgets d exploitation et des proportions des coûts reliés aux activités d une production de cèdres en champs au Québec en conventionnel et biologique (tiré de CRAAQ, 2007) Catégories Total ($) Conventionnel Total ($) Bio Écart en % Bio vs Conv. Coûts / Coûts totaux d exploitation Conv. (%) Coûts / Coûts totaux d exploitation Bio (%) Total produits ,2 % Coûts variables Approvisionnements Boutures % 7 % 6 % Fertilisants % 2 % 2 % Lutte phytosanitaire % 3 % 3 % Contrôle des adventices % 2 % 0 % Semences % 0 % 0 % Total approvisionnements % 13 % 10 % Opérations culturales Plantation et remise en culture % 1 % 2 % Pulvérisations pesticides % 0 % 0 % Application engrais % 0 % 0 % Désherbage mécanique # 0 % 0 % Tonte des allées % 0 % 0 % Total op. culturales % 2 % 3 % Main d œuvre Plantation et remise en culture % 2 % 2 % Application engrais % 0 % 0 % Pulvérisation pesticides % 0 % 0 % Taille % 3 % 3 % Désherbage mécanique et manuel # 0 % 2 % Tonte des allées % 0 % 0 % Préparation des commandes % 24 % 23 % Total Main d œuvre % 29 % 30 % Autres coûts Charges sociales % 7 % 7 % Travaux divers (h) % 1 % 1 % Analyse de sol (ha) $/analyse % 0 % 0 % Coûts mise en marché (4 % du CA) % 6 % 6 % Intérêts court terme % 2 % 3 % Escompte sur vente % 0 % Total autres coûts % 16 % 17 % Total des coûts variables % 61 % 59 % Marge sur coûts variables % Coûts fixes Outillage % 1 % 1 % Taxes et assurances % 2 % 2 % Entretien et Réparations % 3 % 2 % Permis et immatriculation % 0 % 0 % Camionnette % 6 % 6 % Téléphone et électricité % 1 % 1 % Frais professionnels et certification % 9 % 12 % Total coûts fixes % 22 % 23 % Total C.V. + C.F. avant amortissements % 82 % 83 % Revenus disponibles % Amortissements % 18 % 17 % Total coûts d exploitation % 100 % 100 % Bénéfice net d exploitation % Surcoût biologique Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 116

122 Analyse des données La fertilisation Les coûts de la fertilisation biologique permettent au producteur de faire des économies de 10 % par rapport au conventionnel grâce à des frais d intrants plus faibles. Il faudrait cependant évaluer si une fertilisation uniquement à l Acti-sol pendant plusieurs années permettrait de combler tous les besoins nutritifs des arbres. Dans le but d améliorer la structure du sol il est possible également qu un ajout de compost de fumier de vache, par exemple, soit envisageable. Ces types d interventions dépendront des analyses de sol effectuées. D une façon générale nous estimons que la fertilisation biologique ne devrait pas induire de surcoûts par rapport au conventionnel. La lutte phytosanitaire Le coût des traitements phytosanitaires est sensiblement le même dans les deux modes de production. Le léger surcoût biologique est imputable au prix des intrants plus élevé. Cependant, les besoins de traitements phytosanitaires en production de cèdres restent relativement faibles et ont un impact mineur sur les coûts d exploitation totaux. Le contrôle des adventices Il s agit du poste de dépenses principal de la production en champs. Les désherbages mécanique et manuel induisent des coûts supplémentaires au niveau des opérations culturales, de la main d œuvre, de la remise en culture et également des coûts fixes comme les assurances et les amortissements, ce qui totalise environ $ soit 47 % du surcoût biologique total. Celui-ci est cependant limité grâce aux économies d environ $ réalisées en supprimant les traitements aux herbicides de synthèse. Au niveau des approvisionnements en général cela contribue en partie à faire une économie de 17 % par rapport aux coûts conventionnels et traduit ainsi un des avantages de la culture biologique, à savoir diminuer les intrants. L impact important du contrôle des adventices calculé dans notre cas confirme les données recueillies par Billmann et al. (2003) auprès des producteurs allemands en pépinières en champs qui attribuaient 50 % de leurs surcoûts biologiques à ce poste. D autres stratégies pourraient également être testées seules ou combinées telles que les faux semis, les paillis ou le pyrodésherbage afin d arriver au meilleur rapport qualité/prix. Autres coûts Dans notre cas, l addition des coûts de mise en marché, des frais professionnels et de certification totalisent 18 % des coûts totaux d exploitation et représentent au total 57 % du surcoût biologique. Les frais additionnels prévus au niveau du suivi technique pourront diminués avec l expérience du producteur tandis que les frais de certification qui représentent la grosse partie de ce surcoût sont difficilement compressibles. Les coûts de mise en marché sont pour leur part dépendants de la demande et de l organisation du réseau de distribution et donc difficilement prévisibles dans un budget comme celui-ci. D après la littérature, ils ne doivent cependant pas être négligés lors du calcul du budget d une nouvelle exploitation. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 117

123 Au final, nos calculs estiment un surcoût total de 6 % au niveau des coûts d exploitation, ce qui demanderait un 4,2 % de plus-value au niveau des prix de vente des cèdres biologiques. Telles qu énoncées dans le cas des arbustes en pot, des précautions doivent être prises par rapport à ces résultats qui dépendent notamment de recherches supplémentaires au niveau de la faisabilité technique d un tel mode de production alternative et du marché disponible. Problèmes soulevés L analyse des avantages et des contraintes économiques de la production biologique est très peu connue en production ornementale. Les différences entre les systèmes de culture biologique et conventionnelle sont économiquement favorables au mode conventionnel à cause des économies d échelle réalisées. La diversification des activités et les tailles d entreprise plus petites diminuent ainsi la rentabilité des productions biologiques. Pendant la période de transition à la certification biologique: les dépenses liées aux investissements, la perte d efficacité induite par la mise en place de cultures parallèles et l absence de plus-value à la vente pourraient rendre difficile la situation économique de l entreprise. L obligation de produire des boutures biologiquement par le producteur et/ou d utiliser des pots biodégradables provoqueraient une importante hausse de coûts d exploitation. Le coût de certains intrants est très élevé et peut constituer un frein important au développement de la culture biologique. Les coûts associés au contrôle des adventices en culture extérieure constituent la principale cause de surcoûts en production biologique. Les coûts associés à la mise en marché des produits biologiques constituent un poste important des coûts variables. Solutions envisagées Mener des essais comparatifs de productions ornementales biologiques et conventionnelles comprenant des calculs de coûts de production. Mener des essais comparatifs de techniques alternatives spécifiques pour évaluer le meilleur rapport qualité/prix de chacune d elles. Faciliter la transition à la certification biologique grâce à des politiques d aide incitatives. Favoriser une mise en marché adaptée et peu coûteuse pour les produits biologiques. Favoriser le développement d intrants biologiques meilleur marché. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 118

124 Chapitre 4 Le marché des plantes ornementales biologiques Les recherches effectuées dans cette étude nous ont amené à récolter un certain nombre d informations à propos du marché des plantes ornementales biologiques qui nous semblaient intéressantes de faire ressortir malgré que cela dépasse le cadre technico-économique de l étude. Selon Mme Nathalie Deschênes, agente de développement de marché à la Table filière de l horticulture ornementale (Communication personnelle, 2010), les nouvelles tendances qui apparaissent aujourd hui sur le marché viennent principalement du consommateur et non des producteurs. Dans cette optique, la production doit sans cesse se réajuster selon les besoins de la clientèle. Il s agit donc de savoir prévoir les demandes futures plutôt que de penser à imposer quoi que ce soit sur le marché. Motivations des consommateurs de produits biologiques «Selon un rapport préparé pour Agriculture et Agroalimentaire Canada, il existe deux catégories de motivations pour la consommation de produits biologiques. La première renverrait à «un mode de vie et un engagement philosophique envers l'environnement», et la seconde, «à la santé personnelle» (Serecon Management Consulting lnc., 2005). De façon plus précise, Rémy (2004) indique pour sa part que l'on arrive généralement au biologique de quatre façons : «par le politique, par la mode et/ou la quête esthétique, par le terroir et/ou la nostalgie, ou par la recherche de vertus curatives (santé)». Ainsi, dans la littérature, ce sont habituellement ces motivations qui sont mentionnées, avec des variations selon les populations ciblées. Par exemple, 31 % des Québécois sondés en 2003 par CROP-Équiterre ont indiqué que leur motivation principale était leur santé, celle de leurs enfants ou la qualité des aliments, 5 % achetaient des aliments biologiques pour éviter les engrais chimiques, les pesticides ou les OGM, et 2 % avaient l'environnement comme motivation principale (Équiterre, 2007)». Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 119

125 Jacques (2009) a établi le schéma suivant pour caractériser les motivations d achat chez les jeunes consommateurs. (Jacques J., 2009) Schéma 20 : Les valeurs des jeunes consommateurs La protection de l environnement correspond ici davantage à une valeur politique qui se retrouve d ailleurs majoritairement chez les partenaires des paniers biologiques de légumes ASC au Québec. Le fait de participer à la cohésion sociale par le soutien d une entreprise locale rejoint particulièrement ces consommateurs. De fait, il apparaît actuellement que le «local» prend de plus en plus de place et devient une priorité pour un certain nombre de consommateurs par rapport aux produits biologiques, comme le montre le succès des marchés de proximité. Le débat de ces dernières années sur les gaz à effet de serre (GES) semble être un des éléments qui favorise cette tendance avec la prise en compte du transport des marchandises sur l impact environnemental des produits. La problématique liée aux GES semblerait ainsi prendre de plus en plus d importance dans les médias et dans la tête des consommateurs par rapport à celle liée aux pesticides, aux engrais chimiques et aux OGM qui a marqué historiquement la différenciation de l agriculture biologique. Cependant, chaque crise environnementale relayée dans les médias serait certainement favorable aux produits biologiques grâce à l image globale pro-environnementale qu ils renvoient. Il faut également considérer qu une proportion plus importante de consommateurs attirés par les produits biologiques se retrouve dans les marchés de proximité par rapport aux supermarchés. Ainsi, selon Lanoie et llerena (2007), «les principales motivations des consommateurs de produits biologiques sont directement liées aux caractéristiques environnementales des processus de production : utilisation de matières premières saines et naturelles, recours à des techniques agricoles respectueuses de l'environnement, prise en compte du bien-être animal, etc. L horticulture ornementale pourrait donc justifier son intérêt pour ce mode de production en étant directement touchée par ces motivations. Mais indirectement, ces facteurs contribuent aussi à des bénéfices au niveau de sa santé personnelle. En réalité, deux dimensions de la qualité sont en fait en jeu. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 120

126 Les attributs organoleptiques des produits biologiques, expérimentés directement par des consommateurs, comprennent l'aspect, la couleur, la forme, le goût, l'odeur et le ressenti. Mais les produits bios sont également des «biens de croyance» qui s'appuient sur un cahier des charges et la conviction que l agriculture biologique a des impacts positifs sur l'environnement. En fin de compte, selon Bougherara (2003), les consommateurs estiment de manière identique les produits biologiques et respectueux de l environnement : les caractéristiques «biologique» et «respectueux de l environnement» semblent recouvrir le même contenu pour les consommateurs». Ces différentes analyses rendent ainsi difficile de séparer les motivations liées aux facteurs santé et protection de l environnement pour ce qui est des produits biologiques. L étude de Durham (2007) indique cependant que les motivations environnementales ont plus d influence sur des niveaux d achat plus élevés de produits biologiques. Elle indique également que l apparence des produits est significative dans le choix des consommateurs ainsi que la variable prix. Cependant, l auteur indique que ce dernier facteur n est plus significatif une fois que l on sépare les consommateurs «préférant le biologique» et ceux «préférant le conventionnel». Il est intéressant de constater que ces différents résultats sont également confirmés dans l étude d Équiterre (Ramanitrarivo et Poncin, 2008) par rapport aux motivations des consommateurs fréquentant les jardineries (voir ci-dessous La consommation en jardinerie). Risques et opportunités du marché biologique Si l on regarde l évolution du marché de l agriculture biologique actuelle, la tendance semble se diriger vers une baisse future des prix par rapport au conventionnel. En effet, les politiques nationales encouragent nettement le développement de ces produits au Québec comme ailleurs, ce qui pourrait avoir comme conséquence d augmenter l offre et la concurrence entre producteurs et de diminuer les marges bénéficiaires. Les produits biologiques jouissent donc d une bonne notoriété chez les consommateurs malgré que la définition du terme «biologique» soit toujours un peu confuse pour une bonne partie d entre eux. De plus, cette notoriété semble appuyée grâce à la crédibilité de la certification et des contrôles mis en place au Québec depuis une dizaine d années par le CARTV. Il n est donc pas surprenant de voir la demande augmenter alors que le consommateur recherche de plus en plus à être rassuré. Cependant, ce facteur sécurité se rapproche davantage de la santé et concernerait sans doute moins les plantes ornementales. D autre part, le fait d être lié à une appellation spécifique comme la certification biologique et à son image globale véhiculée aux consommateurs comporte son lot d avantages et de risques selon son évolution future (Nathalie Deschênes, Communication personnelle, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 121

127 À ce titre, un élément à considérer pour l avenir est l évolution de la crédibilité de la certification biologique étant donné l augmentation du volume des ventes et l harmonisation des cahiers des charges entre régions. En Europe, cela semble se traduire notamment par un allègement des normes biologiques européennes ce qui induit la création de nouveaux labels qui veulent se différencier en étant plus exigeants et se montrer plus crédibles. Ainsi le label privé «Bio Cohérence» a été créé en 2010 en France pour se démarquer des normes européennes harmonisées récemment et qui autorisent notamment 0,9 % d OGM, ce que refuse le nouveau label (Lecluyse, 2010). Plusieurs questions peuvent d ores et déjà se poser face à cette évolution : Comment cela va-t-il se traduire dans la tête des consommateurs? Est-ce que la multiplication des labels va entraîner encore plus de confusion? La course à la vertu (ou à la différenciation) va-t-elle se retourner contre les producteurs en compliquant les exigences de certification? D un autre côté, l entrée de nouveaux producteurs attirés uniquement par les profits du marché biologique ne risque- t-il pas d engendrer davantage de fraudes conduisant à des scandales médiatisés? Sans posséder de boule de cristal, nous pouvons supposer qu une telle évolution ne serait pas favorable à l image de la production biologique et serait susceptible d affecter toute la filière. Il importe donc de rester vigilant par rapport aux risques potentiels liés à une affiliation au logo biologique. Quoi qu il en soit, la situation n en est pas encore là au Québec et la filière semble plutôt vouloir se donner une identité nationale grâce au logo «Bio Québec» qui permet de rejoindre les partisans du local et du biologique (Alain Rioux, Communication personnelle, 2010). Le fait de faire partie d une telle filière permettrait donc de profiter de la notoriété établie sur le territoire, des campagnes de promotion et de l appui des politiques qui ont été mises sur pied récemment et spécifiquement pour ce mode de production. Dans ce contexte, la filière ornementale doit se demander si elle ne manquerait pas une opportunité et une tendance future de consommation si jamais elle décidait de ne pas adhérer à cette certification. Marché des plantes ornementales biologiques et certifiées MPS Le facteur «santé» étant une motivation importante des consommateurs mais n ayant pas de rapport direct avec les plantes ornementales biologiques, il s agit d être prudent quant à l interprétation des études de marché sur les aliments biologiques citées précédemment pour prédire leur demande. Le développement de plantes ornementales biologiques dans le monde est encore très récent et fortement lié à l évolution de la conscience écologique des consommateurs ainsi qu à la promotion effectuée dans les médias auprès des consommateurs. D après B. Billmann (Communication personnelle, 2010) la question du «timing» est donc ici primordiale. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 122

128 Les producteurs allemands ont connu pour l instant un développement lent de leur marché mais peut-être ont-ils été trop en avance sur leur temps. De plus, celle-ci évoque un manque d appui au niveau technique et surtout au niveau de la marchandisation des plantes ornementales biologiques en Allemagne. Les grossistes et les associations de producteurs se désintéressent actuellement de ce type de production et s orientent plutôt vers des certifications durables de type MPS. Ainsi, «les clients ne voient pas tout de suite l intérêt de se tourner vers le bio pour des plantes à massif», reconnaît Luc Blanchet, PDG de Botanic en France (Duriez, 2010). Ceci se confirme également en Allemagne où les producteurs n arrivent pas à dégager de plus-value commerciale pour leurs plantes ornementales biologiques (Billmann et al., 2003). Selon Denis Lafrance (Communication personnelle, 2010), le plus gros problème de la production ornementale biologique ne se situerait pas au niveau technique mais plutôt au niveau de l écoulement du stock. Lors de la conversion, il faut prévoir de créer un nouveau réseau de mise en marché et une nouvelle stratégie de vente car il s agit de cibler une clientèle particulière. Selon lui, l intérêt pour ce type de produit se situerait plus dans les zones urbaines et serait plus adapté à une vente directe sur un marché de niche. Il s agit d ailleurs du type de commercialisation qui est privilégié en grande majorité par les producteurs allemands certifiés biologiques (Billmann et al., 2003). Pour M. Lafontaine responsable des Jardins de la Terre à St-Paul d Abbotsford (Communication personnelle, 2010), la plante biologique non comestible doit être vendue comme tout autre produit écologique que l on voit actuellement se multiplier sur les tablettes des magasins : papier recyclé, peinture et textile écologiques, etc. Pour ce producteur, une plus-value biologique de 20 % serait envisageable à condition de vendre une qualité de plantes irréprochable. Le client doit être conscient des bienfaits pour l environnement du produit et se sentir assez concerné par la problématique actuelle pour choisir de dépenser un surplus par rapport à un produit conventionnel. À ce titre, il est intéressant de voir que le développement de certains produits comme le coton ou les fleurs coupées biologiques a surtout eu lieu à partir de la mauvaise presse subie par ces cultures conventionnelles et leur impact néfaste dans les pays du Sud. L opinion publique à propos des pratiques utilisées dans un domaine particulier influence donc probablement l intérêt pour des produits issus de pratiques alternatives. En comparaison, les producteurs certifiés MPS en France et en Europe sont beaucoup plus gros et privilégient la vente indirecte. Leur label ne leur permet pas de faire de plus-value sur leurs produits mais de gagner des parts de marché chez les distributeurs qui ont choisi de favoriser ce type de certification dans leur politique d entreprise (ex : Botanic, Truffeau, Ikea). Une certification environnementale permettrait donc de favoriser la vente du produit pour autant que son prix reste le même que le conventionnel. MPS est d ailleurs avant tout une certification Business-to-Business qui n est pas toujours valorisée directement au consommateur grâce à un logo mais fait plutôt partie d un ensemble d actions découlant de la politique de développement durable de ces entreprises. (Marie-Françoise Petit-Jean, Communication personnelle, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 123

129 La consommation en jardinerie À ce titre, il est intéressant d en connaître davantage sur le profil et les habitudes de consommation des clients qui fréquentent les jardineries et leurs attitudes par rapport au prix des produits. Peu d études ont été effectuées dans les jardineries sur les habitudes de consommation par rapport aux produits écologiques. Nous en avons cependant répertorié quelques-unes. Schéma 21 : Évaluation de la consommation de Lantana New Gold produits de façon biologique et conventionnelle dans une jardinerie «verte» de Floride (Bolques et al., 2004) D après une étude de Bolques et al. (2004), le prix est une variable primordiale même auprès d une clientèle conscientisée aux enjeux environnementaux. L évolution des ventes présentées dans la figure ci-dessus nous indique qu une plus-value de 25 % est difficilement acceptable tandis qu un % supplémentaire par rapport au conventionnel est déjà plus réaliste. Il faudrait cependant répéter ce genre d étude avec différents produits, en considérant les seuils psychologiques de prix existants pour les différents formats de plantes et l appui d une promotion active. Comme mentionné dans la partie technique sur les jardineries, la problématique de la gestion de la qualité est également un facteur important à considérer dans les points de vente, surtout si les plantes ornementales biologiques restent plus longtemps sur les tablettes. L étude d Équiterre «Horticulture ornementale écologique : connaître le consommateur pour orienter les décisions» (Ramanitrarivo et Poncin, 2008) nous donne les informations suivantes par rapport au prix et au profil des consommateurs. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 124

130 Schéma 22 : Critère jugé le plus important lors de l achat de produits ou de services de jardinage Les critères de prédilection sont le prix et la qualité tandis que l environnement passe en cinquième position en n ayant été nommé que par 6 % des personnes interrogées. De plus «le prix demeure un enjeu important. Environ 82 % des gens croient que les produits plus sains pour l environnement sont plus chers». Ainsi, il faut considérer l impact négatif que pourrait avoir un logo de certification à cause de la perception d un prix plus onéreux qu il pourrait dégager chez les consommateurs. Cependant, le graphique suivant indique que 57 % des gens qui jardinent et possèdent un espace de jardinage seraient prêts à payer une plus-value écologique. Schéma 23 : Pourcentage des gens enclin à payer plus cher pour un produit de jardinage écologique Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 125

131 «Les plus enclins à ne pas payer plus cher pour un produit de jardinage écologique (43 %) L Ontario (46 %) Les ans (48 %) et les 65 ans ou plus (54 %) Les gens gagnant moins de 40K$ (50 %) Les plus enclins à payer 8 % ou moins plus cher (11 %) Les ans (17 %) Les gens gagnant moins de 40 k$ (13 %) Les plus enclins à payer plus de 8% plus cher (46 %) Les ans (55 %) Les gens gagnant 60 k$-100 k$ (54 %) et plus de 100 k$ (55 %) (Ramanitrarivo et Poncin, 2008)». Cependant, il faut rester prudent par rapport aux sondages réalisés sur des intentions et il serait souhaitable de réaliser une étude de marché plus approfondie pour confirmer ces données en situation de vente réelle. D une façon générale, il ressort des sondages que les gens plus conscientisés par les alternatives écologiques sont davantage des femmes, jeunes, diplômées universitaires, résidant en ville et pratiquant peu le jardinage tandis que les gens pratiquant plus le jardinage et achetant davantage de plantes ornementales habitent en général en dehors des grands centres et ont plus de 55 ans. Ces deux profils de consommateurs ne semblent donc pas correspondre et peuvent laisser perplexe quant à la présence d un marché potentiel pour les plantes ornementales produites écologiquement. Cependant, il s agirait d explorer, à travers une étude de marché plus approfondie, les motivations des différents types de consommateurs par rapport aux plantes ornementales biologiques au Québec et savoir si de nouvelles tendances comme l agriculture urbaine ne pourraient pas constituer de nouvelles opportunités intéressantes pour ces produits à l avenir. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 126

132 Chapitre 5 La production biologique et l environnement Comme nous l avons évoqué dans la présentation des principes de base de l agriculture biologique, la protection de l environnement est un objectif important de cette certification. Pour ce faire, celle-ci dresse une liste de produits autorisés et restreint l usage de ceux jugés trop toxiques pour l environnement. De plus, la certification biologique émet plusieurs recommandations quant aux méthodes de production vers lesquelles le producteur doit se diriger pour satisfaire les principes de base. Certaines de ces pratiques sont minimales pour obtenir la certification tandis que d autres sont davantage des orientations à plus ou moins long terme. Tout n est donc pas une question de restrictions rigides en agriculture biologique et il est prévu que les fermes certifiées évoluent progressivement vers de meilleures pratiques pouvant aller plus loin que le cadre minimal imposé au niveau environnemental. Cependant, il faut se demander dans quelles mesures les pratiques dictées par le cahier des charges contribuent réellement à une meilleure performance environnementale et si l encadrement de la certification encourage les producteurs à se dépasser dans ce domaine. La performance environnementale Selon Blanchart (2005), «l analyse critique de la littérature mondiale montre que l agriculture biologique (AB) comporte beaucoup d avantages par rapport à l agriculture conventionnelle (AC). Les avantages les plus nets sont ceux qui concernent : le sol : plus fortes teneurs en matière organique, plus faibles teneurs en nitrates, plusieurs paramètres physiques améliorés, plus forte biomasse et activité microbienne, macrofaune plus importante (vers de terre notamment); l érosion; le paysage; la diversité animale et végétale; et la qualité de l eau. En revanche, certains aspects de l environnement sont moins régulièrement favorables pour l AB ou incertains dans l état actuel des connaissances : caractéristiques chimiques du sol; structure du sol; lixiviation des nitrates; émission de N2O et de CH4 (gaz à effet de serre); et utilisation d eau sur l exploitation. Il y a très peu d exemples d études faisant ressortir des performances environnementales de l AB plus mauvaises que l AC». Le schéma suivant donne une illustration de ces résultats (Lotter, 2003; Stolze et al., 2000). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 127

133 Schéma 24 : Comparaison de l impact environnemental de l agriculture biologique (AB) et de l agriculture conventionnelle (AC) d après différents indicateurs d évaluation en Europe (Lotter, 2003 ; Stolze et al., 2000). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 128

134 Les résultats d une vaste étude comparative menée en Suisse sur une période de 21 ans indiquent également que les pratiques de l agriculture biologique réduisent de 34 % à 53 % l usage de fertilisants et les dépenses énergétiques, en plus de permettre une diminution de 97 % des épandages de pesticides. Les auteurs en concluent que la performance environnementale de l agriculture biologique est nettement supérieure à l agriculture conventionnelle (Mader et al., 2002). D une façon générale, les spécialistes du bio considèrent que la restriction des produits plus polluants comme base de départ conduit forcément à un impact environnemental moindre. Pour nuancer leurs propos, certains scientifiques sont cependant sceptiques par rapport à certains produits d origine naturelle qui peuvent être assez toxiques pour l environnement (comme le cuivre) et pourtant autorisés en agriculture biologique. Certains pesticides naturels sont ainsi critiqués pour leurs résidus (métaux lourds) mais également leur action à large spectre sur la faune sauvage contrairement à de nouveaux pesticides de synthèse qui agissent de façon plus spécifique. Pour Bahlai et al. (2010), «il est trop simpliste de dire que parce que c est biologique, alors c est meilleur pour l environnement. Les agriculteurs biologiques ont la permission d utiliser des pesticides qui sont d origine naturelle, et dans certains cas ces pesticides biologiques peuvent avoir des impacts sur l environnement plus importants que les pesticides synthétiques, souvent parce qu ils sont utilisés dans des dosages plus élevé». Ces chercheurs ont ainsi montré que certains produits biologiques utilisés contre les pucerons du soya étaient moins efficaces et tuaient plus de prédateurs naturels que les pesticides chimiques. Ils estiment donc «qu il est important de regarder chaque composé et de faire une sélection reposant sur le quotient d impact environnemental plutôt que de regarder simplement s il s agit d un produit naturel ou synthétique. Il s agit la d une simplification qui ne marche tout simplement pas quand il s agit de minimiser l impact sur l environnement». Finalement, la façon d utiliser les intrants influence grandement l impact écologique global de la production biologique tandis que les restrictions du cahier des charges donnent beaucoup moins de possibilités d endommager l environnement avec des produits généralement moins nocifs. Dans les faits, l ensemble des recherches sur le sujet semblent démontrer une meilleure performance environnementale que l agriculture conventionnelle sur l ensemble des paramètres sol, eau, écosystème et paysage. Le paramètre «air» semble cependant moins faire l unanimité. La problématique des gaz à effet de serres Au niveau de la problématique nouvelle des changements climatiques et des gaz à effet de serres (GES), l agriculture biologique ne spécifie rien de particulier dans son cahier des charges tandis que la performance environnementale de celle-ci est apparemment discutable et que les préoccupations de la communauté mondiale envers ce problème sont très élevées. Ainsi, «un sondage réalisé en août 2009 par le Conseil des consommateurs quant aux priorités observées dans l achat de produits alimentaires révèle que l impact climatique des aliments compte plus pour les acheteurs que le fait qu ils soient bio» (Attrup, 2010). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 129

135 Selon Lynch (2009), l analyse de trois études canadiennes a permis de démontrer que la production de GES était inférieure en production biologique. Cette affirmation est beaucoup moins évidente pour Blanchart (2005) pour qui «l influence de l agriculture biologique sur l atmosphère et l effet de serre est complexe et ses avantages ne sont pas clairement démontrés. L AB applique plusieurs des pratiques agricoles recommandées pour augmenter le stockage du carbone dans le sol et réduire l émission des GES. Il n est pas clairement établi qu elle peut contribuer à réduire les émissions de N 2 O et CH 4 dans l atmosphère. Ses conséquences généralement favorables sur l augmentation du stock de carbone dans le sol sont mieux documentées. Mais cet effet bénéfique sur le bilan de CO 2 dans l atmosphère n est pas durable au-delà de quelques dizaines d années, tout au plus. Les productions biologiques ont une efficience énergétique (énergie produite/énergie consommée) généralement supérieure à celle des productions conventionnelles, et peuvent contribuer à réduire les émissions de CO 2 d origine fossile, résultant de la consommation d énergie. Le bilan global des émissions nettes de GES par unité de surface apparaît en général plus faible en AB qu en AC. Mais le constat est moins évident et pas toujours vérifié lorsque le bilan est rapporté à la quantité de production agricole, du fait de rendements supérieurs avec l AC. L intérêt de l AB par rapport à l AC pour combattre le réchauffement climatique n est pas catégoriquement démontré au stade actuel des connaissances, surtout pour des niveaux de production agricole équivalents. Les principaux risques et difficultés de l AB se rapportant à l environnement sont essentiellement liés à la gestion des ressources et au fonctionnement des agrosystèmes». La plupart des études traitant des GES en agriculture concernent des productions extérieures mais très peu se sont concentrées sur la production sous serres qui nous intéressent particulièrement en production ornementale. Une étude de Blonk et al. (2010) nous permet d avoir toutefois un aperçu de quelques cultures et de leur rejet en CO 2. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 130

136 Schéma 25 : Émissions de CO 2 de cultures sous serres de fleurs coupées et en pot (Blonk et al., 2010) Nous constatons sur ce graphique que la consommation d énergie est la source principale causant les GES en production sous serres et que, dans une même région (la Hollande), ceux-ci sont directement proportionnels aux besoins de la culture. Il est également intéressant de constater que des roses produites au Kenya sont moins énergivores que celles cultivées en Hollande et ce malgré les coûts environnementaux reliés au transport de la marchandise venant d Afrique. Ce genre d étude pourrait donc aller à l encontre des idées reçues par rapport à l influence du transport dans le rejet des GES. Pour ce qui est de la source d énergie utilisée pour chauffer les serres, le cahier des charges biologique n émet aucune recommandation particulière qui pourrait aller vers une réduction des GES, ce qui indique que cette certification est moins dirigée vers cette problématique à l heure actuelle. Contrairement à la certification MPS qui tient en compte ce paramètre (voir La dynamique de progrès), la certification biologique ne permet pas aux producteurs de connaître leur consommation de GES et de s améliorer à ce niveau. Dans le cas des productions ornementales en serres, le graphique ci-dessus indique que l amélioration des systèmes de chauffage devrait être une priorité pour réduire leur impact écologique en contribuant de façon importante à la performance environnementale de ces cultures. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 131

137 D une façon générale, les différentes études sur les GES indiquent que l agriculture biologique pourrait avoir une performance environnementale moins évidente par rapport au conventionnel selon la pondération donnée aux différents paramètres environnementaux et du mode de culture étudié. La dynamique de progrès Si l on compare le bio à d autres certifications environnementales comme MPS, la dynamique de progrès dans les pratiques environnementales mises en œuvre semble moins prise en compte. D après les organismes de certification contactés, la visite annuelle sur le site de production permet au certificateur de réajuster certaines méthodes en rapport au cahier des charges et d encourager le producteur à prendre des initiatives environnementales plus poussées. Les différents acteurs de la filière rencontrés ont aussi indiqué que la plupart des agriculteurs biologiques se sont convertis par conviction personnelle et sont particulièrement conscientisés aux enjeux environnementaux. Ainsi l Agence Bio (2006) en France estime que «sensibilisés à l environnement, les agriculteurs vont souvent au-delà des obligations du cahier des charges de la production biologique. Ainsi, ils préservent des éléments naturels comme les haies (qui sont très utiles pour assurer la protection des cultures contre les ravageurs), les murets, les mares, les bosquets, autant d éléments de diversité des paysages. Les espaces cultivés coexistent avec des espaces semi-cultivés ou naturels. Ainsi, les prairies naturelles et les surfaces toujours en herbe occupent 41,4 % des surfaces biologiques contre 34 % dans la moyenne nationale». Cependant, tant que le producteur respecte le cahier des charges, aucun incitatif particulier n existe pour le motiver à réaliser des progrès supplémentaires. C est donc un système très différent de la certification MPS qui repose entièrement sur une dynamique de progrès. Comme nous l avons vu dans la partie sur les autres certifications environnementales, les producteurs sont jugés sur leur consommation d intrants tous les trois mois et obtiennent une cote qui va déterminer leur niveau de performance par rapport aux autres producteurs. Cette cote contribue ensuite à valoriser l ensemble des efforts fournis et donne un avantage concurrentiel à l entreprise. Cette façon de fonctionner permet de motiver réellement les producteurs à s engager dans une amélioration continue des pratiques environnementales de leur entreprise (M-F. Petitjean, communication personnelle, 2010). Comme le montre l annexe 2, les résultats livrés par MPS indiquent également la consommation de CO 2 de la production et permet de connaître les progrès réalisés pour diminuer les GES. D une façon générale, l agriculture biologique a des principes de base qui permettent d avoir une bonne performance environnementale par rapport à l agriculture conventionnelle. Cependant le nouvel enjeu des changements climatiques devrait être davantage pris en compte dans la certification et pourrait être un point à améliorer surtout en ce qui concerne les productions sous serres. De plus, la certification biologique n intègre pas vraiment dans sa démarche une dynamique de progrès auprès des producteurs comme c est le cas pour d autres certifications environnementales comme MPS. Cet élément est à considérer pour améliorer sans cesse la performance environnementale des productions en fonction des nouveaux enjeux et des nouvelles technologies disponibles et permettre ainsi de se différencier sur le marché. Nous pourrions imaginer qu une certification prenant en compte ces deux façons différentes de fonctionner (biologique et MPS) pourrait constituer un système idéal face aux nouveaux enjeux du développement durable. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 132

138 Conclusion Ce rapport traite d un sujet inédit au Québec et a constitué à bien des égards un véritable projet d exploration dans la réunion de deux domaines que l on pensait très distincts à savoir l agriculture biologique et l horticulture ornementale. La question a été de savoir dans quelles mesures le mariage entre eux était possible en dressant la liste des obstacles à franchir pour atteindre cet objectif final. Quelques producteurs précurseurs en la matière se sont déjà lancés dans la course en Europe et en Amérique du Nord sur de petites fermes diversifiées tandis que des plus gros commencent à se montrer et à s organiser. Bien que microscopique, le secteur existe et semble prometteur. «Ne doutez jamais du fait qu un petit nombre de gens réfléchis et engagés peuvent changer le monde. En vérité, c est la seule chose que l on n a jamais fait», disait Margaret Mead. L agriculture biologique a elle-même commencé de la sorte et constitue aujourd hui un marché incontournable. Au Québec, celle-ci est maintenant bien encadrée par des règles strictes et contrôlée par des organisations indépendantes, ce qui lui donne une crédibilité solide depuis plus de dix ans. En se penchant sur les contraintes techniques qui nous concernent, la législation est ainsi venue immédiatement heurter nos ardeurs. Contrairement aux États-Unis ou au Canada, la loi du Québec ne considère que les aliments comme biologiques, ce qui place les plantes ornementales dans une zone grise très permissive. L harmonisation actuelle entre les normes provinciales, nationales et internationales vient brouiller un peu plus les cartes dont la seule issue fiable serait d élargir la loi québécoise. Nous avons également compris dans ce projet que l idéologie du bio était forte, basée sur des principes ancrés dans l histoire de ce mouvement : Des aliments qui poussent dans la terre, naturellement. Cette vision des choses se confronte actuellement aux nouvelles technologies de productions agricoles et notamment à la culture hors-sol, à qui l horticulture ornementale doit beaucoup. Le défi serait donc de faire fonctionner un substrat en contenant comme un sol fertile, en minimisant au maximum les engrais en cours de culture. Il s agit d établir en fait clairement une frontière entre hors-sol biologique et hydroponie conventionnelle, ce qui nécessite entre autre le développement de connaissances techniques supplémentaires au niveau de la gestion des nutriments d origine organique en pot. En culture extérieure, le contrôle des adventices a été identifié quant à lui comme une problématique majeure surtout au niveau économique. Ici encore les connaissances actuelles sont limitées et demanderaient de la recherche. L analyse économique a permis de livrer des constats et des comparatifs intéressants bien que cela reste préliminaire et que de nombreux inconnus subsistent. Nous avons ainsi mis en relief l impact des intrants disponibles tels que le matériel végétal de base et les fertilisants mais également de la main d œuvre et de la mise en marché sur le surcoût de la production biologique. Il s agirait de connaître les techniques offrant les meilleurs rapports qualité/prix grâce à des essais comparatifs rigoureux. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 133

139 Enfin, nous nous sommes permis de dépasser le cadre du mandat pour traiter sommairement des problématiques de la commercialisation et de la protection de l environnement qui nous semblaient compléter adéquatement notre sujet. Il ressort que la certification biologique est encore actuellement davantage réservée à une vente directe tandis que d autres certifications environnementales explorées permettent d atteindre des marchés de masse de façon indirecte. Au niveau environnemental, les préoccupations de la population sont plus que jamais élevées en particulier au sujet des gaz à effet de serres. Ainsi, les notions de performance et de dynamique de progrès environnemental sont de plus en plus présentes dans le paysage des entreprises et quasiment incontournables pour les certifications environnementales du 21 ème siècle. Celles-ci devraient donc être davantage considérées par les normes biologiques actuelles. Quoiqu il en soit, il existe aujourd hui de réelles possibilités d améliorer à la fois la performance environnementale et économique des productions ornementales québécoises. La réduction des intrants et des sources d énergie par une optimisation des méthodes de production permettrait à la fois de réduire la pollution et d offrir de nouvelles opportunités commerciales. C est un avenir prometteur pour le secteur à condition de prendre le train en marche et de disposer des ressources et de la volonté d adaptation suffisante de tous les intervenants du secteur. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 134

140 Annexes Annexe 1 Spécifications de différents cahiers des charges européens de certification biologique en rapport aux productions ornementales Allemagne Bioland Standards April 26th, Ornamental Plants, Herbaceous Plants and Woody Plants Fertilising and Soil Care The use of nitrogenous fertilisers on free range culture areas in which tree nursery cultures are cultivated is limited to 90 kg N/ha and year, otherwise limited 110 kg N/ha and year. It is urgently recommended that annual mineral nitrogen content (Nmin-method) checks are carried out annually to control the nitrogenous dynamics of the soil. For areas which will probably remain uncultivated for more then 12 weeks during the vegetation period and, as far as possible, also throughout the winter, green fertilising is to be carried out Surface Sealing Sealing free range storage areas for pots and containers is only permissible for the purpose of reusing water Plant Health and Regulation of Weeds In businesses operating as ornamental plant, herbaceous plant and tree nurseries measures for preventive plant protection are of central importance. This includes, among other things, the choice of suitable resistant types, the selection of healthy seeds and plants, optimum culture processing with appropriate plant density, adapted crop rotation, fertilising and management of humus. Measures must be taken in the business to further the self-regulatory powers of the ecological system (see 3.7). The regulation of weeds is effected in accordance with 3.8. Flat steaming is permissible in greenhouses to combat weeds. In-depth-steaming and steaming of free range areas is only permissible, if the plant protection problem may not be solved by other measures, e.g. change of crop, and requires express approval by the BIOLAND association Seedlings If no organically reared seedlings are available (see 3.6) recourse can be made to conventional sources following approval being issued by the BIOLAND Association. These conventional seedlings must pass through conversion in special areas. Should they be sold prior to completion of conversion, they may not be designated as being organic. Use of the BIOLAND trade mark / association name is prohibited in such cases Additional Purchase and Trade Goods If conventionally finished products are purchased this must be clearly recognisable in the business at all times (purchase, insertion, further culture, etc.). This is to be ensured by means of suitable measures (e.g. labelling, separate beds or patches). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 135

141 In relation to turnover of the plant products sold, the majority must originate from ecological production Soils and Substrates Wherever possible, peat should not be used. The peat content of substrates may not exceed a maximum of 50 vol. % in the case of tree, herbaceous and ornamental plant cultures and 80 vol. % in the case of seedlings. In the case of plants which require a low ph value for their growth, this ruling can be deviated from. Purchased composts, peat substitutes and additives must be examined in regard to their environmental compatibility and, in particular, to their pollutant content. Synthetic additives (e.g. styrol mull, hygro mull) and stone wool are not permissible. Soils and substrates may not be steam treated Containers for Cultures Attempts should be made wherever possible to use containers of decomposable materials (e.g. recycled paper, wood fibres, flax, jute, hemp) or earthenware containers. Pots and bowls of plastic must be of a stable material and can be reused. The material must also be recyclable. Containers made of PVC are not permitted. Available pots which do not meet these criteria may be used up during the conversion period. Naturland Standards on Production 01/ V. Cultivation of ornamental plants, herbaceous perennials, shrubs, Christmas trees 1 The predominant principles for plant cultivation as per part B, I. are to be observed; in addition, the following regulations are applied to cultivation of ornamental plants, herbaceous perennials, shrubs and Christmas trees: 1. Manuring, soil analyses, crop rotation 1.1 For herbaceous perennials, shrubs and Christmas trees 90 kg N/ha per year, for ornamental plants grown in the open 110 kg N/ha per year must not be exceeded. Due to the higher degree of nutrient decomposition in the soil on account of greater cultivation intensity and because of the limited nutrient availability in cultivation receptacles in greenhouses, more intense manure application (over 110 kg/ha per year) may be permissible in some cases after consultation with the adviser. In order to prevent over- or undersupply, the soil's or substratum s nutrient and humus content must be analysed at least every third year. The results of the analysis have to be evaluated in co-operation with the adviser. 1.2 The quantity of bought-in farm manure and organic commercial fertilizers has to be based on the results of the soil analysis and the data about the nutrient requirements of the crop rotation. Records have to be kept on the amount of fertilizers used. All fertilizer sources have to be accounted for. The quantity and harmlessness of brought-in fertilizers have to be discussed with the adviser. Proof of up-dated analyses has to be given on request A balance sheet of the nitrogen level on the farm has to be presented annually. Where nitrogen is used as a fertilizer, the impact of harvest residues, green manuring and humus have to be taken into account. 1 Under these standards, Christmas trees are those planted on areas dedicated to this purpose and accorded legal approval. The standards also apply to decorative twigs as a by-product of such Christmas tree plantations. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 136

142 1.4 Fields that will probably lie fallow for more than 12 weeks during the vegetation period (April to November) and, where possible, during the winter, have to be cultivated with green manure. Green manuring during the winter and the cultivation of clover grass should be incorporated in the crop rotation wherever possible and reasonable. 2. Soils and substrata 2.1 Soils and substrata may be purchased or be produced from the farm's own mixtures. The use of additives is subject to the Naturland criteria for the application of compost (ref. appendix 9) and has to be discussed with and agreed upon by the adviser. The list of purchased fertilisers and soil enhancing substances as per appendix 1 and permissible pesticides as per appendix 2 have to be observed. The amount of peat has to be reduced as far as possible. Peat is permitted up to a ratio of 50% of the total amount in receptacle substrata and up to 80% in seed and seedling substrata. Exceptions during the conversion period or because of particular cultivation needs (e. g. bog-soil plants) are only possible when discussed and agreed upon with the adviser. The extensive application of peat for soil amelioration purposes is not permitted. 2.2 The use of any synthetic or surrogate substrates such as polystyrene peat, Hygro peat, rock wool and so on is not permitted. 2.3 Steaming of soils and substrata is permitted. Flat steaming (approx. 10 cm) for weed control is permitted in greenhouses. Deep steaming and steaming outdoors is not permitted; exceptions may be allowed only if crop rotation and soil amelioration measures should prove impossible; these require approval by Naturland. 3. Seedlings Seedlings needed on the farm have to be grown there or purchased from farms that are certified by Naturland or meet certification standards approved as equivalent by Naturland. If certain varieties are not available (the farm manager has to give notice and proof of non-availability) vegetatively or generatively propagated plants from conventional sources may be used. Plants ready for sale from vegetatively propagated plants may be declared as Naturland products in conversion, whilst for generatively propagated plants this is only possible one year after purchase. Two years after purchase, plants from both sources may be declared as Naturland products. The goal of organically grown seedlings can only be achieved step by step; the respective stage of development has to be taken into account when purchasing plant material. 4. Purchase of raw and finished goods If conventional raw or finished goods are purchased, these must be distinguishable at any time on the farm (further cultivation, wrapping, sale etc.). This has to be achieved by suitable means (e. g. labelling, separate tables, houses or sheds). For the consumer the different ways of production have to be made obvious by clearly labelling the products as conventional. 5. Plant pots Decomposable matter is to be preferred, e. g. paper, flax, jute and hemp or even clay, as long as these allow reasonable organic cultivation. Plastic pots and receptacles etc. must be of sturdy materials, making it possible to use them several times, and they must be recyclable. PVC is not permitted. Pots that are on the farm already and do not comply with these conditions may be used up during the conversion period. 6. Sealing of the soil The standing areas for pots and containers should not be sealed, if possible; the creation of sealed standing areas is permitted only if precipitation and irrigation water are collected and recycled. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 137

143 7. Greenhouses 7.1 Heating, energy consumption Greenhouses may be heated for an appropriate limited period to lengthen cultivation in the autumn and to begin it earlier in the spring. The nursing of plants is not subject to any limitations in this respect. The aim should be the lowest energy consumption possible for each area cultivated and an eco-friendly method of energy production. Investment in constructional measures (heat insulation with suitable covering materials and energy reflectors, combined heat and power, heat pumps, heating with solar energy, methane gas, wood cuttings, natural gas) should be made to shorten the necessary heating period and reduce outside energy requirements. 7.2 Assimilation lighting Assimilation lighting is only permitted in seedling nurseries. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 138

144 Europe Guide de lecture du RCE n 834/2007 et du RCE n 889/2008 Version du 1er décembre 2009 Art. 1 2 du RCE/834/2007 Objectifs et champ d application Le présent règlement s'applique aux produits agricoles ci-après, y compris les produits de l'aquaculture, lorsqu'ils sont mis sur le marché ou destinés à être mis sur le marché: a) produits agricoles vivants ou non transformés; b) produits agricoles transformés destinés à l'alimentation humaine; Cas des produits du gavage : c) aliments pour animaux Cas des algues : seules les algues marines sauvages ou cultivées sont incluses dans ce règlement (art. 13) ; les règles d application relèvent du RCE/710/2009 du 05/08/2009. Pour certaines plantes aquatiques et certaine micro algues, voir art. 42 : sur la possibilité de règles nationales. a) La certification de végétaux non transformés non destinés à l alimentation humaine ou animale est possible : fleurs, sapin de noël, arbres bruts, coton brut, chanvre textile,. Art. 4 du RCE/834/2007 a) ii) recourent à des pratiques de culture et de production animale liées au sol Cas des plantes cultivées en sacs ou en pots (à l exception des plantes aromatiques et fines herbes voir page 13 de ce guide) : plantes passant toute leur vie dans un substrat hors-sol: leurs techniques et substrats de culture ne sont pas définis dans les règlements et donc non certifiable à ce jour. De plus, l art. 4 du RCE/889/2008 interdit la production hydroponique. Art. 12 du RCE/834/ g) et h) et Art. 4 du RCE/889/2008 Cultures de plantes en pot et nature des substrats Des plantes adultes (aromatiques, fines herbes) poussant dans des pots et vendues en pot pour la consommation directe peuvent être certifiées biologiques si la culture est conforme aux règles de la Bio et si le substrat est composé de sol de parcelle bio et/ou de substances listées à l'annexe I du RCE/889/2008. Art. 12 du RCE/834/ i) ".. pour la production de produits autres que les semences et le matériel de multiplication végétative seuls les semences et le matériel de reproduction produits selon le mode biologique sont utilisés". "À cet effet, la plante-mère, dans le cas des semences, et la plante parentale, dans le cas du matériel de reproduction végétative, ont été produites conformément aux règles établies dans le présent règlement pendant au moins une génération ou s il, s agit de cultures pérennes, deux saisons de végétation". Cas des semences de base : Les semences de base (qui permettront la production de semence bio pour les producteurs bio) et de pré base peuvent ne pas être produites en bio. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 139

145 Cas du matériel de reproduction végétative : le matériel de base (qui permettra la production de matériel de reproduction végétative bio pour les producteurs bio) peut ne pas être produit en bio. Les plantes pérennes, commercialisées en pots en tant que matériel de reproduction végétative pour une plantation en pleine terre, issues de plantes entières non bio et rempotées dans un substrat utilisable en bio, doivent avoir été cultivées en bio pendant au moins deux saisons de végétation (à compter du rempotage en bio). Définitions : 1- Le matériel de reproduction végétative concerne les espèces suivantes : Stolons de fraisiers griffes d asperges drageons d artichauts tubercules de pommes de terre bulbilles d oignons, d échalotes, d ail matériels de multiplication des plantes ornementales (au sens de la directive 98/56/CE) petits fruits arbres ceps de vigne portes greffes éclats de rhubarbe - éclats d estragons, autres bulbes et tubercules, racines ou jeunes plants disposant de ses organes de fructification (ne produisant pas avant 3 mois minimum), etc. NB : un jeune plant disposant de ses organes de fructification en pot donnant une récolte moins de 3 mois après sa mise en terre, n est pas un matériel de reproduction végétative, mais un plant et doit donc être Bio. 2- Semences : graines destinées à la production de plantes annuelles ou pérennes. Dérogation : l utilisation de matériel de reproduction végétative (hors plants de pommes de terre) non produit selon le mode de production biologique n est possible que si l opérateur peut démontrer à l organisme de contrôle la non-disponibilité en BIO (Voir art. 45 du RCE/889/2008 et annexe 1 de ce guide). Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 140

146 Suisse Cahier des charges de Bio Suisse Cultures spéciales Pour les ch. 2.5 et suivants (Cultures spéciales): Règlement «Production de plantes d ornement et de plantes aromatiques en pots» 2.5 Cultures maraîchères et plantes aromatiques Terreaux et substrats de culture La culture des légumes n est autorisée que dans de la terre. Sont interdites aussi bien les hydrocultures, les cultures sur laine minérale ou sur film nutritif que les autres procédés hors-sol. Le forçage des endives en système hydroponique sans adjonction de fertilisants est autorisé L utilisation de tourbe pour enrichir les sols en matière organique est interdite. L incorporation de Styromull et autres matières synthétiques aux sols et aux substrats est aussi interdite Les engrais organiques extérieurs ne doivent servir qu à compléter les techniques de culture. Pour les art (Terreaux et substrats de culture): Liste des intrants du FiBL: Partie «Engrais et substrats du commerce autorisés» Plants Les plants doivent être produits dans l exploitation ou provenir d exploitations dont la production est conforme au Bourgeon. En cas de pénurie imprévue, la CLA fixe les modalités d application dans le cadre de la législation en vigueur La culture des plants doit utiliser aussi peu de tourbe que possible. Stérilisation à la vapeur des sols et des terreaux Pour les cultures sous abri et la production des plants, la régulation des adventices au moyen d une stérilisation superficielle à la vapeur est autorisée. De même, les terreaux et les substrats peuvent être stérilisés à la vapeur. Il faut néanmoins limiter au strict minimum la stérilisation à la vapeur La stérilisation en profondeur pour désinfecter un sol doit faire l objet d une autorisation exceptionnelle. Culture sous serre et sous tunnel Pendant l hiver (du 1er décembre au 28 février), le chauffage des cultures sous abri n est autorisé que pour les maintenir hors-gel (env. + 5 C). La production des plants fait exception Le choix du système de chauffage et du combustible doit prendre en compte les critères écologiques. Il faut veiller à une bonne isolation des serres. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 141

147 Il faut limiter au strict nécessaire l utilisation des paillages plastiques, des non-tissés, etc. Une fois usagés, ces paillages artificiels doivent être recyclés. Pour le ch. 2.5: Règlement de la CLA «Semences, matériel de multiplication végétative et plants (matériel reproductif)» Dispositions d application de la CLA Hors-sol a) Bases CDC art : b) Application b1) Les productions végétales dites «hors-sol» (hydrocultures, sur films nutritifs ou autres techniques du même genre) ainsi que la séparation complète entre la zone racinaire et le sol normal (p. ex. au moyen de films plastiques, de non tissés, de pots, de containers ou d autres matières difficiles à traverser par les racines) sont interdites (cf. aussi le chapitre «Cultures spéciales»). Exceptions: -production de plants (selon les règlements «Semences, matériel de multiplication végétative et plants (matériel reproductif)» et «Production de plantes d ornement et de plantes aromatiques en pots»); -Plantes vendues avec leur pot (selon le règlement «Production de plantes d ornement et de plantes aromatiques en pots»); -forçage hydroponique (p. ex. endives, tulipes); -légumes forcés ou blanchis (p. ex. forçage sous terre de couverture, blanchiment de certains légumes); -graines germées vertes ou blanchies; -plantes d ornement. (CLA ) b2) Les plantes-mères peuvent être cultivées dans des pots. (CLA 5/2008, , 3.3) Règlements complétant le Cahier des charges 3.2. Conditions pour l utilisation de matériel de multiplication végétative non biologique et de plants non conformes au Bourgeon Plants non biologiques de plantes d ornement S il est prouvé qu il n y en a pas en bio, les plants, les produits semi-finis et le matériel de multiplication végétative utilisés pour la bulbiculture peuvent être non biologiques. Les lots non biologiques doivent être clairement différenciables des lots biologiques. Ils ne doivent pas être commercialisés en tant que produits bio. S il est prouvé qu il n y en pas en bio, les plants issus de spores (fougères) ainsi que le matériel de multiplication végétative vendu avec très peu de terre (p. ex. plants de chrysanthèmes) peuvent être achetés sous forme de matériel de départ non biologique. Ils peuvent être commercialisés avec le Bourgeon. 4.4 Engrais complexes (engrais contenant plusieurs composants) La teneur en phosphore (P) ne doit pas dépasser la teneur en azote pur (N total), sauf dans le cas des engrais spéciaux pour les cultures de petits fruits ou de plantes d ornement. Les engrais complexes contenant du sulfate de potassium ou du patentkali ne peuvent pas être certifiés. Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 142

148 Annexe 2 Extraits de rapports trimestriels de qualification MPS 2 Graphiques de qualification et comparaison par période Numéro d'adhérent MPS: Période jusqu' à Période 2 NB: les états reproduits à titre d'exemple proviennent d'entreprises différentes pour ne pas permettre d'identification.(source, M-F. Petitjean, 2010) Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 143

149 Graphiques de qualification et comparaison par période (suite) Numéro d'adhérent MPS: Période jusqu' à Période Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 144

150 Indicateur d émission de CO 2 Numéro d'adhérent MPS: Période jusqu' à Période Extrait d une liste de consommation des produits phytosanitaires Numéro d'adhérent MPS: Période jusqu' à Période Analyse des contraintes technico-économiques de la production bio en HO au Québec Page 145

Annexe A : Tableau des exigences

Annexe A : Tableau des exigences E1 E1.1 E1.2 E1.3 E1.4 E1.5 E1.6 Exigences générales production Les végétaux destinés à la consommation humaine doivent être cultivés au Québec. Les végétaux destinés à la consommation humaine doivent

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