Enseignants, Chercheurs, Experts sur l Asie et le Pacifique Scholars, Professors and Experts on Asia and the Pacific

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1 Enseignants, Chercheurs, Experts sur l Asie et le Pacifique Scholars, Professors and Experts on Asia and the Pacific DE SÀI GÒN À Hồ CHÍ MINH VILLE, ÉTUDE DIACHRONIQUE : L APPORT DE VIRTUAL SAIGON FROM SAIGON TO HO CHI MINH CITY, A DIACHRONIC STUDY : THE CONTRIBUTION OF VIRTUAL SAIGON Emmanuelle Peyvel Université de Bretagne occidentale Dorothée Rihal CNRS Thématique F : La ville asiatique contemporaine Theme F: New urban figures Atelier F04 : Virtual Saigon : Écriture d'une nouvelle histoire de la ville Workshop F04: Virtual Saigon - Writing a new history of the city from visual documents 4 ème Congrès du Réseau Asie & Pacifique 4 th Congress of the Asia & Pacific Network sept. 2011, Paris, France École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville Centre de conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes 2011 Emmanuelle Peyvel & Dorothée Rihal Protection des documents / Document use rights Les utilisateurs du site s'engagent à respecter les règles de propriété intellectuelle des divers contenus proposés sur le site (loi n du 1er juillet 1992, JO du 3 juillet). En particulier, tous les textes, sons, cartes ou images du 4 ème Congrès, sont soumis aux lois du droit d auteur. Leur utilisation, autorisée pour un usage non commercial, requiert cependant la mention des sources complètes et celle des nom et prénom de l'auteur. The users of the website are allowed to download and copy the materials of textual and multimedia information (sound, image, text, etc.) in the Web site, in particular documents of the 4 th Congress, for their own personal, non-commercial use, or for classroom use, subject to the condition that any use should be accompanied by an acknowledgement of the source, citing the uniform resource locator (URL) of the page, name & first name of the authors (Title of the material, author, URL). Responsabilité des auteurs / Responsability of the authors Les idées et opinions exprimées dans les documents engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Any opinions expressed are those of the authors and do.not involve the responsibility of the Congress' Organization Committee.

2 DE SÀI GÒN À Hồ CHÍ MINH VILLE, ÉTUDE DIACHRONIQUE : L APPORT DE VIRTUAL SAIGON Emmanuelle Peyvel Université de Bretagne occidentale Dorothée Rihal CNRS Ce texte a pour objectif de présenter la plateforme Virtual Saigon, créée par l Institut d Asie Orientale de Lyon (UMR 5062). Plus précisément, après avoir contextualisé ce projet au sein des autres Virtual Cities développées par le laboratoire, nous nous attarderons plus longuement sur ses objectifs, son fonctionnement et les outils qu il propose au service d une analyse urbaine renouvelée de Hồ Chí Minh Ville. Enfin, nous terminerons sur les potentialités offertes par cette plateforme que nous essaierons de développer sur le long terme. Ce texte a été également conçu comme cadre de compréhension aux interventions des autres membres de l équipe Virtual Saigon, présentées lors du Réseau Asie 2011, illustrations concrètes des applications variées qui peuvent être faites de cette plateforme, que cela concerne un quartier spécifique de la ville (L. Gédéon, "La ville de Cholon depuis l'origine à nos jours : une approche cartographique de l'histoire de la ville"), une lecture thématique de celle-ci (F. Guillemot, "L historiographie de Saigon/Ho Chi Minh-Ville depuis la réunification : Quelle mémoire pour quelle histoire? ( )") ou un type d infrastructure (Mme Tôn Nữ Quỳnh Trân et Truong Hoang Truong, "Le réseau des canaux et arroyos à Saigon-Cholon jusqu'à la première moitié du XXe siècle : Evolution du processus d utilisation du réseau hydraulique entre flux commerciaux et urbanisation coloniale"). Enfin, nous espérons que ce texte facilitera la prise en main de la plateforme par le grand public, accessible sur internet à l adresse suivante : 1. Contextualisation du projet : Virtual Saigon au sein du projet Visual Cultures in East Asia Virtual Saigon s intègre à l architecture globale des projets consacrés aux Visual Cultures in East Asia (VCEA, développés par l IAO et ses partenaires (Cf. figure n 1). Cette plateforme générique a été conçue comme portail à des projets portant sur les pays d Asie Orientale, principalement en histoire sociale et culturelle, et utilisant différents corpus de données dématérialisées textuelles et visuelles (photographiques, cartographiques, Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 2

3 filmiques). Parmi les premiers projets de recherche développés à l IAO, on compte «Common people and the artists in the 1930s», développé dans le cadre du Laboratoire Européen Associé entre l IAO et l Institut d Etudes Chinoises de l Université de Heidelberg ou encore «Turandot», plateforme sur les Supplices chinois développée par Jérôme Bourgon. D autres projets sont en cours d élaboration comme «La caricature en Chine» porté par Marie Laureillard ou le projet de la doctorante Lee Ju-ling «Le nu dans la société taiwanaise». Figure n 1 : Contextualisation du projet Virtual Saigon Visual Cultures in East Asia (VCEA) Virtual Cities Common People and the artists Turandot Etc. Virtual Shanghai Virtual Saigon Virtual Beijing, Wuhan, Tianjin, Xi An et Suzhou Au sein de VCEA, les Virtual Cities regroupent aujourd hui sept projets. Le premier créé fut Virtual Shanghai, lancée en 2002 par Christian Henriot. Aujourd hui, il constitue la plateforme la plus étoffée et aboutie du projet ( en compilant plus de quatre mille photographies et près de cinq cent cartes historiques. En cela, elle sert de locomotives pour les six autres plateformes. Virtual Saigon a été lancée depuis l année dernière. Cinq autres projets sont en cours, mais n en sont à l heure actuelle qu à leurs balbutiements : Virtual Beijing, Wuhan, Tianjin, Xi An et Suzhou. Les Virtual Cities ont été développées dans un double objectif. Il s agit tout d abord de rassembler des corpus aujourd hui dispersés dans le monde grâce à des missions de collecte facilitées par des partenariats internationaux, notamment avec l Institute of East Asian Studies - UC Berkeley, l Académie des Sciences Sociales de Shanghai, l Academia Sinica de Taiwan, et le CEFURDS de Sài Gòn. Cette collecte à vaste échelle permet dans un second temps la confrontation de ces différents corpus de données dématérialisées, grâce à la création d une Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 3

4 plateforme numérique unique alimentée par un système d informations géographiques (SIG). Ainsi, la plateforme n est pas seulement un réceptacle pour des corpus dématérialisés, elle sert aussi concrètement leur traitement, leur interrogation et leur confrontation grâce au développement de nouveaux outils comme les map narratives associant sur une thématique en particulier texte, images et cartes (Voir 4.), ou les «live maps», outil de cartographie interactif grand public (Voir 2.). Les Virtual Cities ont l ambition de viser un large public. Elles répondent dans un premier temps à des finalités de recherche fondamentale pour les sciences sociales, en créant des données dématérialisées et des outils pour les traiter et en les mettant à disposition des chercheurs travaillant sur la ville, qu ils soient historiens, sociologiques, géographes ou architectes. En cela, les Virtual Cities se pensent fondamentalement comme des plateformes au service d un travail interdisciplinaire renouvelé sur ces villes. Ce projet répond également à des finalités en recherche appliquée à destination des acteurs de la ville au service d une meilleure gestion des services urbains. C est d ailleurs pour cette raison que Virtual Saigon s est associé avec le CEFURDS (Vietnamese Center for development and urban studies, dirigé par Mme Tôn Nữ Quỳnh Trân) et est en contact avec le PADDI (Centre de prospective et d études urbaines, piloté par la ville de Lyon), basés à Hồ Chí Minh Ville. Ces coopérations permettent non seulement une alimentation plus efficace de la plateforme, mais aussi et surtout une appropriation réelle de celle-ci par les acteurs de la ville. 2. Virtual Saigon : présentation de la plateforme Ce projet se propose de suivre l évolution de cette ville tricentenaire, capitale à l histoire troublée, du Sài Gòn précolonial à la métropole mondialisée actuelle. «Perle de l'extrême- Orient» à l époque coloniale, Sài Gòn fut érigée en «citadelle imprenable de la résistance», puis devint la capitale de la République du Việt Nam (Sud) entre 1955 et Elle fait désormais figure de moteur économique du pays réunifié. Ces différents statuts et positionnements dans l histoire lui confèrent une place particulière dans le Việt Nam d aujourd hui et dans sa fabrique urbaine. Conséquence de cette histoire troublée, les sources sur cette ville souffrent d un dispersement géographique dommageable à sa connaissance et à sa compréhension, que Virtual Saigon se propose de combler en les rassemblant sur une plateforme numérique unique. Plus précisément, la plateforme cherche à compiler d abord les documents relatifs à sa fondation, soit les ressources épigraphiques et cartographiques élaborées par les différentes dynasties vietnamiennes, notamment dans les annales impériales et les précis de géographie. Ils permettront de mieux comprendre la construction des citadelles et du port, la dissociation historique faite entre Sài Gòn et Chợ Lớn et l'implantation de sa population. L étude des cadastres nous permettra également de mieux comprendre l appropriation et la mise en valeur des terres, mais aussi les tensions existantes entre pouvoir central et pouvoir local dans leur gestion, notamment à l époque de Minh Mạng, sous le règne duquel les premiers registres cadastraux des provinces de Gia Ðịnh et Biên Hòa furent scellés. Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 4

5 Avec la colonisation française, les premières séries de photographie offrent une lecture visuelle de la configuration de la ville, à travers la mise en valeur de l'architecture coloniale et les premières missions ethnographiques sur la vie quotidienne de ses habitants. C est également à cette époque que les premières planifications urbaines sont élaborées, introduisant d autres principes dans la fabrique urbaine (appropriation individualisée des terres, approche fonctionnaliste et hygiéniste de l espace...). La plateforme permettra de mieux comprendre ces différents projets et dans quelles mesures ils ont pu impacter la ville. Les périodes suivantes (à partir de 1954) lors desquelles la ville fut prise entre développement, instabilité politique et guerre dans un Viêt Nam divisé, témoignent elles aussi d'une production photographique très importante qui reste aujourd'hui largement inexploitée et éparpillée. Les missions menées par l armée américaine comme la large couverture médiatique dont bénéficia le conflit, donnent en effet à voir à la fois la ville en guerre, mais aussi la guerre dans la ville. La plateforme servira ici une chronologie urbaine fine et renouvelée des évènements. Enfin, depuis la fin de la guerre et la réunification du pays en 1976, Sài Gòn devenue Hồ Chí Minh Ville, offre un nouveau visage, notamment grâce à l'impact de la politique de rénovation (Đổi Mới). Les documents récents collectés permettront d en comprendre les conséquences à toutes les échelles, et ainsi de mieux comprendre les articulations entre le dynamisme économique de la ville, les grands projets urbains aujourd hui menés et la vie quotidienne de ses habitants. Depuis vingt ans, les transformations de cette grande ville du Sud en une métropole incontournable de l'asie du Sud-Est, ouverte sur le monde, ont été en effet rapides, ce qui en rend d autant plus complexe sa gestion. La collecte de documents d urbanisme permettra de mieux saisir la gestion qui en est aujourd hui faites par les autorités, notamment dans les transports, le logement et la mise en valeur du patrimoine. Au final, les sources compilées pour alimenter Virtual Saigon sont des sources de nature et de dates variés, organisés selon trois onglets sur le site. Figure n 2 : La barre de tâches de Virtual Saigon - présentation Il s agit d abord de cartes et photographies aériennes compilées dans «map collection». «Live map» permet à partir des cartes géorectifiées de la map collection, de faire sa propre carte, de manière interactive, en sélectionnant soi-même les variables à reporter sur la carte, à la manière d un petit SIG grand public. Le site rassemble également des photographies, Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 5

6 compilées dans «images». Celles-ci peuvent être regroupées selon un angle particulier (un thème, une année, un quartier...) dans la rubrique «photo album». Enfin, la plateforme rassemble des textes, pouvant prendre la forme d «articles». Afin de guider le renseignement de certains thèmes, des «topics» sont également prévus, recensant par thèmes les ressources disponibles. Certains de ces topics et articles seront en format «ebooks», afin de pouvoir être téléchargés et lus n importe où, améliorant encore un peu plus leur consultation ubiquiste. Par ailleurs, la plateforme prévoit le scan de textes rares et difficilement consultables, dont les droits sont aujourd hui tombés dans le domaine public. Ils seront regroupés dans la future rubrique «original text». La constitution de corpus mettra par ailleurs l accent sur la création d une bibliothèque numérique de documents de recherche sur le Việt Nam et prolongera ainsi l outil VLC déjà existant «Vietnam-Cambodge-Laos : sources et aides à la recherche». 3. Virtual Saigon, une boîte à outils au service de l analyse urbaine 3.1. Naviguer dans la documentation, naviguer dans la ville Map collection propose en accès libre des cartes, soit les rasters sur lesquels nous avons travaillés. Ils peuvent servir de fonds de cartes, mais aussi de documents d archive servant l analyse diachronique de la ville. Chaque carte est en effet renseignée par une fiche consignant sa date, son échelle, son auteur voire d autres informations disponibles suivant la carte traitée. Ces fiches sont actuellement en cours de construction. La plateforme permet non seulement de se déplacer dans ces cartes (avec l outil main) mais surtout de zoomer, à l aide de plusieurs outils (Cf. illustration n 2), afin de rentrer dans le détail d une analyse urbaine. Ces outils ont été développés pour réellement pouvoir consulter les documents dans de bonnes conditions, sans perte de qualité par rapport à une consultation papier. Grâce à eux, la consultation devient ubiquiste : où on qu on soit dans le monde, la connexion à la plateforme permet la consultation de ces documents, ce qui représente un gain de temps et de place très important pour le chercheur. Figure n 3 : Les outils de déplacement et de zoom offerts par Virtual Saigon 3.2. Confronter des documents, confronter des discours sur la ville Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 6

7 Les cartes étant géoréférencées, elles sont consultables dans le serveur SIG Live Map. De ce fait, grâce à la barre de tâches, il est possible de superposer des documents de nature et de date différentes, en sélectionnant les couches désirées dans l encart «layers», comme le montre l exemple ci-dessous avec une carte topographique datant de 2005 et une photographie aérienne prise en Cette juxtaposition permet de mieux appréhender, dans le détail, les évolutions spatiales entre les deux dates de ces documents. Figure n 4 : Exemple de superposition de documents permise par Virtual Saigon Le travail effectué sur les documents source, comme la réalisation de la mosaïque à partir des photographies aériennes d une même mission permet également des avancées méthodologiques. Ainsi, il semblerait que la mission aérienne présentée comme une seule mission ayant eu lieu le 4 août 1951 dans le département de l armée de l air du Service historique de la Défense compile en fait plusieurs missions aériennes, effectuées à des dates différentes. En effet, le travail d assemblage des différentes photos montre dans le détail des hiatus entre les clichés. Virtual Saigon permet une interrogation non seulement des documents entre eux, mais aussi des documents eux-mêmes et de leur facture, ce qui permet de les utiliser plus rigoureusement ensuite. Enfin, parce que les cartes et les photographies aériennes ont toutes été géoréférencées, elles peuvent être également projetées dans Google Earth. Les évolutions de la ville, son extension et sa densification apparaissent alors clairement. Cette superposition est d autant plus précieuse dans une ville en plein développement comme HCMV, où la cartographie a du parfois du mal à suivre l évolution urbaine. Google Earth peut alors s avérer particulièrement précieux dès lors qu il est interrogé via Virtual Saigon. Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 7

8 3.3. Interroger des documents, interroger la fabrique urbaine Virtual Saigon permet également de mener des recherches et d interroger de manière interactive les cartes. Nous avons par exemple construit une application permettant de comprendre l évolution des toponymes dans le deuxième arrondissement de la ville, de l époque coloniale à aujourd hui, en passant par la période révolutionnaire. Grâce à elle, il est possible de retrouver pour une même rue les différents noms qu elle a portés, peu importe à partir de quelle date. La numérisation par tronçon des rues permet également de voir plus finement si une même rue à l époque coloniale a pu être ensuite subdivisée en plusieurs, comme c est le cas de la rue Pasteur. Outre les facilités de localisation et de repérage que cet outil permet, celui-ci peut également nourrir une réflexion plus approfondie sur la toponymie, et la façon dont les noms de rues reflètent plus globalement l appropriation politique des pouvoirs alors en place et leur mise en scène symbolique dans la trame urbaine. Figure n 5 : L outil Street Search Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 8

9 3.4. La production de documents originaux Map Collection ne rassemble pas seulement des cartes existantes que nous avons scannées. Cette rubrique rassemble également des cartes que nous produisons dans le cadre de nos recherches, et est donc alimentée régulièrement. Ces cartes permettent des avancées factuelles pour mieux comprendre la croissance, la structuration et la morphologie de la ville dans une perspective géohistorique. Par exemple, nous pouvons cartographier d anciennes emprises qui aujourd hui ne sont plus visibles que dans la trame viaire, celle-ci ayant enregistré ces constructions à la manière d un palimpseste. C est le cas des deux citadelles dont nous avons reporté les emprises sur l illustration ci-contre. Il s agit de celle de la Tortue (Bát Quái ou Thành Quy), construite à la Vauban en 1790 et détruite en 1835, dont la circonférence extérieure dépassait les 3820 mètres, puis celle du Phoenix (Thành Phụng), construite en 1836 et détruite en 1859, dont la circonférence était inférieure à 2000 mètres et ne recoupait donc que partiellement l ancienne emprise de la première citadelle. Figure n 6 : La trame viaire comme un palimpseste : l exemple des citadelles Les cartes produites peuvent également permettre de valoriser des documents d archives, afin de faciliter l enseignement de l histoire urbaine de Sài Gòn et de vulgariser les recherches menées sur cette ville. C est le cas de cette carte, reportant la bipartition fonctionnelle de la ville telle qu officiellement présentée par le lieutenant-colonel Coffyn dans son projet intitulé Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 9

10 Saigon, ville de âmes datant du 30 avril Cette carte synthétise de manière accessible à quel point la colonisation française a marqué la ville de Sài Gòn, en imposant d autres principes d organisation urbaine : rationalisation de l espace en le sectorisant par fonction et types de populations (sur des critères sociaux et raciaux), imposition d une trame viaire géométrique respectant les principes de l hygiénisme, canalisation de la rivière pour prévenir les risques d inondation, construction de bâtiments officiels, tout autant symboles qu outils de la conquête coloniale... Figure n 7 : Enseigner l histoire urbaine - exemple à partir du plan du colonel Coffyn (1862) 4. Les potentialités offertes par Virtual Saigon D autres applications, aujourd hui fonctionnant seulement pour Virtual Shanghai, seront à terme développées également sur la plateforme Virtual Saigon. Il s agir tout d abord des Map Narrative. Elles permettent de construire un parcours visuel sur un thème, en associant cartes, photos et textes. Sur Virtual Shanghai par exemple, un map narrative a été développé sur trois romans ayant comme décor Shanghai : La condition humaine d André Malraux, Midnight de Mao Dun et Richy Shanghai de Yokomitsu. Confrontant lieux réels et imaginaires de Shanghai, ce Map narrative permet de mieux comprendre le lien entre la réalité et la fiction, et l influence de ces romans sur l image de Shanghai. Il est tout à fait envisageable d appliquer cette démarche à Sài Gòn, en s intéressant Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 10

11 notamment aux romans coloniaux, et en particulier à la «Durasie», cet espace idéel créé par Marguerite Duras dans des romans comme l Amant ou Un barrage contre le Pacifique, et dont l image est aujourd hui exploitée par certaines agences touristiques et réappropriée par les touristes eux-mêmes. La troisième dimension constitue également un outil que Virtual Saigon exploitera à l avenir. Sur Virtual Shanghai a ainsi été développé un outil 3D (Immersive Virtual Shanghai), qui permet de naviguer simultanément dans le temps et l espace. Ces fonctionnalités permettent de multiplier et de confronter les vues sur la ville grâce au «planétarium» : en cliquant sur un bâtiment, les photos associées à celui-ci apparaissent automatiquement. Cette application permet non seulement la confrontation de documents variés (photographies et cartes), mais aussi une consultation efficace de la base de données, dont l importance peut être paradoxalement une entrave. En effet, plutôt qu une recherche fastidieuse sous la forme d une liste de photographies de plusieurs pages, le planétarium permet de disposer d un aperçu instantané des photographies associées à un lieu ou un événement donnés. * * * Virtual Saigon a donc été conçu comme une plateforme interactive compilant des sources dématérialisées de nature variée. La constitution et le traitement de ces corpus permettra de proposer une visualisation inédite de la ville, de mieux comprendre son évolution morphologique et son développement sociodémographique. Son intérêt pour la recherche réside principalement dans la possibilité de renouveler des problématiques dans des domaines interdisciplinaires et de proposer une nouvelle forme d écriture de l histoire de la ville. * * * Dorothée Rihal, Ingénieur de Recherche CNRS à l IAO (Lyon), spécialiste d histoire urbaine chinoise. Sa thèse (2007) porte sur la concession française de Hankou, elle a ensuite fait un post-doctorat sur le projet Virtual Shanghai et travaille actuellement au développement des différentes plateformes des Virtual Cities. dorothee.rihal@ens-lyon.fr Emmanuelle Peyvel, Maître de Conférences en géographie, à l UBO (Brest), spécialiste des mobilités récréatives en Asie du Sud-Est. Sa thèse (2009) porte sur le tourisme domestique au Việt Nam. emmanuelle.peyvel@univ-brest.fr Emmanuelle Peyvel, Dorothée Rihal / 11