LES 24H STEREONAUTIQUES BANDE AMORCE 25 JANVIER - 23 FEVRIER 2013

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2 LES 24H STEREONAUTIQUES BANDE AMORCE 25 JANVIER - 23 FEVRIER 2013 Fabrice Bertran Le ilm est en noir et blanc. Sa texture est grainée ; par moments, très altérée ; l image rongée par des cristaux noirs ou blancs, envahie de courbes liquides, quasi-psychédéliques, tachée de gris ou de blanc. Il pourrait s agir d une archive rescapée d on ne sait quel naufrage. La voix off elle-même est troublante, accentuant l anachronisme des images : elle est surannée, parfois presque homérique, annonçant, éraillée, la projection «sur un écran plus grand». «Avec des illes». Pourtant, vous reconnaissez la ville et l ambiance des fêtes populaires (la musique, les animations) par moments, vous le jureriez, la ville, les fêtes d aujourd hui Fabrice Bertran ilme Rouen avec sa caméra 16 millimètres depuis 1997, presque chaque année. Il a choisi, pour cela, la période des 24 heures motonautiques, course de bateaux à moteur pratiquée sur la Seine, traversant la ville pendant 24 heures. Avant d être récemment reportée au début du mois de juin, la course s est longtemps déroulée le week-end du 1 ier mai, fête du travail et journée chômée, où la course se conjuguait aux cortèges entraînés par les porte-voix des syndicats ; l occasion de regarder la ville vibrant des vrombissements de moteur et ses habitants. De ces images captées depuis 15 ans, Fabrice Bertran a le projet de faire un ilm : un long métrage destiné à être montré en salle, qui s intitulera Les 24h stéréonautiques. Ce ilm n existe pas encore mais il est là, en creux, dans l exposition : à travers des images et des installations. Il fait ainsi l objet d une bande-annonce ou plutôt Bande amorce, du nom donné aux premiers mètres d une bobine de ilm, servant à engager son enroulement sur la bobine vide. Des séquences indatables promettent un ilm à la fois pittoresque et atemporel : un vendeur de kebab, indiscernable dans les altérations de l image mais aux accents rieurs, égrène sa carte ; un couple aux lunettes noires scrute, sévère, la course ; trois jeunes illes exécutent une chorégraphie de stand ; des vaisseaux fantômes se laissent deviner à travers les arbres fraîchement feuillus, ilant sur l eau scintillante ; une musique de foire rythme les plans. Fabrice Bertran a aussi extrait de ses images des photogrammes, composant

3 Rama, diaporama troublant où les défauts de la pellicule altérée entrent dans l image pour raconter une autre histoire, un autre ilm, fantastique ou d horreur, qui pourrait avoir été tourné dans les années 1950 : la ville est dévorée par la nuit, envahissant le cadre au ralenti ; un point blanc sur la pellicule, pointé du doigt par un spectateur, s élargit en bulle, puis cloque ; le ciel se zèbre de nervures blanches, comme un réseau de veines, une arborescence de vaisseaux s étendant à l horizontale. Un haut-parleur, installé dans un angle de la galerie, et un bidon d huile bleu semblent avoir été tirés du ilm, éléments d un authentique décor, ici extraits des images. Vous approchant du bidon, vous déclenchez le tournoiement frénétique de ce qui semble être un mécanisme de boîte à musique rouleau métallique hérissé d ergots qui, activé par une manivelle, compose une mélodie. Mais la forme de ce rouleau-ci est étrange : il semble sculpté dans sa longueur, légèrement aminci à gauche mini-kébab à l horizontale ; et le son qu il produit ressemble plutôt à un bourdonnement nerveux qu à une quelconque ritournelle. Vous sursautez peut-être au brusque test sonorisation que lance, un rien tonitruant, le haut-parleur, vous rappelant sans doute la dernière foire, fête, parade à laquelle vous avez assistée. Il y a, enin, cette image contrecollée sur la vitrine, L/R, à deux personnages et une architecture délimitant un angle de ciel, obtus, qui vous fait penser à une enveloppe, une enveloppe de correspondance, ces enveloppes au rabat triangulaire enduit d une bande de colle qu il fallait lécher pour fermer, au risque parfois de vous couper la langue. Deux lettres L et R ont été ajoutées aux deux extrémités du rabat. L et R, comme «Left» and «Right», les deux pôles de la balance, sur un ampli. Les 24h stéréonautiques bande amorce esquisse ainsi le portrait possible d une ville. Mais s il s agit bien de Rouen et bien d un de ses rendez-vous populaires, si Fabrice Bertran s amuse des anecdotes pittoresques qu il nous montre, c est avec empathie et facétie : il crée des images à la fois prosaïques et surréalistes, faisant des personnages, des paysages, des scènes de l événement, des personnages, des paysages, des scènes de cinéma. Julie Faitot, janvier 2013

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10 Œuvres exposées Les 24h stéréonautiques - bande amorce, 2013 Projection numérique en boucle (p. 5, 8-9, 10-11) Rama, 2013 Diaporama nuémrique en boucle (couverture, p , 14-15, 16-17) Boîte à kebab, 2013 Bidon d huile, boîte à musique modiiée, capteur de mouvement (p. 6-7, 19) Test sonorisation, 2013 Installation sonore, haut-parleur, peinture murale, (p. 2) Editions du 180, collection Revoir, n 4 Images : Fabrice Bertran, janvier 2013 et ilm stills Réalisée à l occasion de l exposition Bande amorce - Les 24h stéréonautiques Fabrice Bertran. Du 25 janvier au 23 février 2013 Avec le soutien du Pôle Image Haute-Normandie et du Ministère de la Culture et de la Communication/DRAC Haute-Normandie Remerciements à Alexandre Delabrière (Boîte à kebab) Le 180, espace d art contemporain de la Ville de Rouen 180, rue Martainville I Rouen I le180@rouen.fr

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