Art et paysage à l'épreuve de la controverse environnementale. Rapport intermédiaire

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1 AAP-2002-NAD

2 Art et paysage à l'épreuve de la controverse environnementale Anthropologie du Projet de requalification de la Sapinière Grigny - La Grande Borne (Essonne) Rapport intermédiaire Juillet 2003 Alain Nadaï - Coordinateur/Responsable de la recherche Bruno Latour - Responsable scientifique Gaetane Lamarche-Vadel - Consultante Ce document a été réalisé avec le concours du ministère de la culture et de la communication, direction de l'architecture et du patrimoine, bureau de la recherche architecturale et urbaine.

3 SOMMAIRE Resumé... i à ix Introduction Le site L'Onde : la montée en échelle...9 Un certain regard...9 Passe-passe et en vol Une échelle, des échelles Des Portraits, un portrait Assemblage : Vent, sculpteure, chercheur/paysagiste Le paysage : la descente en échelle Lecture sensible (Décembre 1999 à Mars 2001) Inventaire (Mars à Décembre 2001) Cadrage réglementaire (Janvier à Mai 2002) Au plus près du site (Mai 2002 à Juin 2003) Le jeune chêne : projet de bois Acte I : S'attacher ou le faire-valoir Acte II : Compter sur ou la délégation Acte III : Economiser ou la concurrence Acte IV : Recompter/recomposer, un bois Le sol : projet de carrière Acte I : Déblayer ou la limite pénitentiaire Acte II : Remblayer ou les Patios d'emile Acte III : Déblayer/remblayer, chiffrer Acte IV : Déblayer/remblayer, une carrière Le bois (lignine) : projet de tempête Acte I : S'attacher ou la nature en émeute Acte II : Effacer ou la pensée des alignements Acte III : Abattre/dessoucher ou le retour de la fibre Acte IV : Débiter/enserrer ou la condensation de l'onde Acte V : Recycler, une tempête Assemblage : Projet, paysagiste, chercheur/paysagiste Refonder : Dilater l'échelle, ancrer le paysage Un certain regard : le mystère du sujet Un regard certain : le processus d'ancrage Assemblage : art, paysage, chercheur/paysagiste... 75

4 Bibliographie Annexes Chronogramme d'ensemble du projet d'aménagement du Bois de la Sapinière Liste des intervenants Guide pour un entretien avec "M" (sculpteure) Des Portraits, un portrait : visuels Portfolios L'Onde Le jeune chêne Le sol Le bois (lignine) Le site

5 4 Introduction Ce qui suit est l'analyse de l'émergence de deux projets, l'un d'art et l'autre de paysage, sur un site à la suite de la tempête de Trois protagonistes sont donc en scène dont nous retraçons le travail et les relations : la nature, l'art et le paysage -. On peut se demander comment je suis passé du titre quelque peu ronflant de cette recherche - "Art et Paysage à l'épreuve de la controverse environnementale" - à ce contenu en apparence pragmatique. Ai-je perdu le fil, laissé la controverse en chemin? Pas le moins du monde. Le constat de départ était que la notion de controverse environnementale fait son lit dans la séparation moderne et théorique des catégories de nature et de culture. Cette séparation dispose d'un côté, comme chacun sait, la Nature -préexistante et donnée - et de l'autre la Culture, domaine du "construit". En figeant la nature, cette répartition des cartes instaure toute contestation de l'"état de fait naturel" en controverse. Le paysage et particulièrement l'opération qu'on appelle communément "projet de paysage" compte parmi ces remaniements. L'échiquier moderne n'offre donc, en théorie, aucune case où poser le paysage, sauf à le promener selon les convenances de l'une à l'autre, le rangeant tantôt dans l'état de Nature, tantôt dans le champ de l'art et de la représentation affiliés au domaine de la Culture. Les trente dernières années ont été marquées par ces oscillations du débat sur le paysage. Bon an mal an, en dépit des pétitions de principe, le paysage a, en théorie, échoué dans le champ de la représentation, celui de la Culture. Que la théorie hoquète, n'empêche ni les artistes ni les paysagistes de produire. La pratique s'arrange tout à fait de la controverse, qu'elle ignore ou dépasse, en tout cas métabolise. D'où l'idée qui guide ce travail : la pratique pourrait bien nous enseigner par quelles opérations, savoir-faire, mécanismes, dépasser la controverse et refonder le paysage en théorie. Mais encore faut-il se doter des outils d'observation appropriés : c'est là le second sens donné à la controverse environnementale dans l'intitulé de ce travail. La question environnementale, concomitante de l'émergence des grandes controverses au cours des années 90 (e.g. changement climatique, organismes génétiquement modifiés, etc), nous a conduit à revisiter les fondements philosophiques en la matière (Larrère, 1998) et à nous affranchir de la notion moderne de "Nature" (Latour, 1999). L'hypothèse à l'origine de cette recherche est donc que ces avancées constituent un prisme au travers duquel redéployer une définition du paysage qui s'affranchisse des catégories modernes. En somme, je me saisis d'un prisme d'observation inspiré de la sociologie des sciences et d'un laboratoire "naturel" - le site de la Sapinière à Grigny (Essonne) - dans lequel se déploient les trois entités - "nature", art et paysage - pour rendre compte des liens qu'elles tissent à l'occasion d'un remaniement du site. L'histoire débute au lendemain de la tempête de 1999 alors que, du parking en face de chez elle, une artiste observe les dégâts dans le bois de la Sapinière. Elle se prolonge jusqu'à aujourd'hui, quatre ans plus tard. Un paysagiste lit la gazette de la commune annonçant la future réalisation de parking et d'une entrée monumentale vers ce bois. Il se demande ce qui suscite cette réorientation du projet de paysage dans lequel il est engagé sur ce même bois. Beaucoup de transformations sont en cours, certaines réussies, comme celle de l'artiste et de son bois, d'autres en suspens, comme celle du paysagiste et de ce même bois. L'artiste a en effet installé une œuvre monumentale dans le bois. Le paysagiste a parcouru, dessiné, emporté, redessiné, analysé, recomposé maintes fois ce bois. Il a produit un Avant Projet Sommaire. Ce projet, tel qu'il le perçoit, est sur le point de le recomposer lui-même, comme paysagiste, en même temps qu'il recomposerait ce bois. Encore faudrait-il que l'alchimie qui avait présidé aux débuts demeure et emporte, jusqu'au bout, les politiques avec l'artiste, le bois, le paysagiste et les autres engagés sur

6 5 ce projet. Mais voici la gazette qui soudain lève un voile sur six mois de silence côté maître d'ouvrage : l'argent, toujours limité, semble réorienté vers le parking et les stades, adjacents au bois. L'artiste et le paysagiste viennent de présenter leurs projets, l'un réalisé, l'autre sur le papier, au nouveau responsable à la culture sur la commune. Ce dernier était intrigué par la dynamique en cours et en suspens sur la parcelle de la Sapinière. Ils lui rendent compte du chemin parcouru depuis l'ouragan de 1999 dans l'espoir de relancer cette dynamique. L'artiste attend l'inauguration de son installation. Ils voudraient tous les deux que le projet de paysage redémarre. Je vais revisiter cette histoire en pistant l'émergence de l'art dans ce site (puisque l'installation artistique y a pris place) et son passage, ou sa tentative, vers le paysage. Je m'intéresse au rôle du site, de ce que l'on appelle la "nature", dans ce passage de relais, à sa contribution et à sa transformation, tout au long du processus. Pourquoi le site et pourquoi la nature? Il est dit, envers et contre la pratique du paysage, qu'il appartient au champ de la représentation, de l'esthétique. Une telle perspective ne nous dit rien ou pas grand chose sur le paysage puisqu'on s'interdit d'en saisir la pratique en séparant ainsi les champs de la représentation et celui de la nature,. La fameuse "artialisation" du pays (Roger, 1997) qui, pour en faire un paysage, emprunte au registre de l'art est une notion abstraite. Elle nous enseigne peu de choses sur le processus par lequel émerge et se développe un projet de paysage. Le dispositif que j'observe est particulier puisque tout part de la tempête de La nature précède donc l'art qui précède le paysage. L'artiste a réagi à la tempête sur un site qui lui était familier. Elle est venue chercher le paysagiste pour s'allier et donner plus de chances à son projet. Les projets de l'artiste et du paysagiste se sont bientôt séparés pour se développer indépendamment mais en relation et chacun selon une temporalité propre. En apparence, donc, l'installation d'art est née de la tempête et le projet de paysage est né du projet artistique. Mais ce schéma, linéaire, ne rend pas compte de l'alchimie qui a pris place et des nombreuses alliances qui se sont tressées pour développer chacun des projets. Cette alchimie et ces alliances sont exposées quatre parties. La première partie présente le site ainsi que les projets d'art et de paysage. La seconde partie s'intéresse à l'installation artistique. Elle déroule trois histoires successives, trois versions de son installation qui plongent de plus en plus profond jusqu'à saisir la contribution du site. Les morceaux glanés en chemin sont ensuite assemblés, comme dans un projet. Il s'agit du vent, de l'artiste et de l'œil de l'observateur. Cet œil, né de la reconstitution de l'installation artistique, peut alors être déplacé vers le projet paysage. Il opère de même. La troisième partie multiplie les lectures du développement de ce projet jusqu'à donner corps à la contribution du site. Méthodiquement, les morceaux sont à nouveau assemblés : le site, le paysagiste et l'œil de l'observateur, celui du chercheur/paysagiste. Vient enfin le moment de rassembler les billes. La quatrième partie tente de rassembler les pièces, de fonder un nouveau regard sur le paysage puis, encore une fois, d'assembler les morceaux : l'art, le paysage et le chercheur/paysagiste. Les frontières sont un peu floues, mais tout le monde est là. Seule la controverse, pourtant bien là au départ, a disparu en chemin.

7 6 1. Le site Le lieu dit la Sapinière est une parcelle de 12 hectares localisée sur la commune de Grigny (Essonne). Elle appartenait originellement à la zone de sécurité de la prison de Fleury Mérogis et fut acquise par la commune de Grigny en Elle faisait partie d un rideau de résineux (1,5 km par 0,3km) planté au moment de la construction de la Grande Borne et de la Prison de Fleury Mérogis (années 60), afin de faire écran entre la première et la seconde. Les conifères furent plantés en ligne, «au carré» (4m par 4m), selon un schéma de plantation productif assez usuel. Sur le plan écologique, la Sapinière est décrite comme étant à un tournant : "Le plan de plantation fonctionnaliste et l «oubli» de la parcelle, du fait de son statut précaire jusqu en 1994 (concession), ont fait leurs bons offices. Les conifères sont grands (25 à 30 m). Un sous étage herbacé et arbustif en rapide évolution s est constitué sous leur couvert jusqu à en rendre l accès difficile. Des semis naturels de feuillus (chênes, merisiers, prunelliers apportés par les oiseaux) se sont insérés dans le schéma de plantation et s y développent."(note méthodologique, décembre 2002) En 1995, une note de l'office National des Forêts donnait trente ans aux grands résineux avant d entrer en sénescence. A en croire cet expertise, il faudrait dores et déjà organiser un relais à ce couvert si l on souhaite conserver un boisement sur la parcelle. Sur le plan social, la parcelle est perçue par les riverains comme un lieu de danger. Cette réputation s étaye sur des évènements passés (overdoses, installation temporaire d un prisonnier récemment libéré, viol, deux meurtres, entraînement des pitbulls). Depuis 1994, la mairie a effectué des travaux de nettoyage et forestiers afin de viabiliser et de sécuriser le lieu, de permettre à nouveau sa fréquentation : éclaircie, émondage, tracé d allées diagonales, ouverture de travées longitudinales par abattage d'arbres malades (Pin Weymouth, deux rangées sur huit, rouille vésiculeuse de l'écorce). Le succès de ces opération est jugé très relatif : "La Sapinière offre certes les charmes de l évasion: ceux, rares, d une nature presque "sauvage" en ville et les charmes, tout aussi rares dans un milieu urbain souvent surinvesti, d un lieu "hors des usages". De quoi attirer une population de visiteurs hétéroclites : proches amateurs de dépaysement, de cueillette, et proches amateurs de vagabondages plus ou moins légitimes. Les promenades se font brèves pour ne pas croiser les usages illégitimes dont on ne manque pas de lire les traces. Ici, un caddy de supermarché désossé ; là, un matelas en décomposition ; plus loin une pièce d automobile... en attente, mais de quoi? Aucune mixité ne s est développée sur la Sapinière, pourtant enchâssée à la confluence d îlots aux populations très différentes." (Plaquette d'esquisse, novembre 2000) Le 26 Décembre 1999, l ouragan Lothar balaye la France. : "[...] Venu du Sud-Ouest, [il] dévale le champ de la prison, tourbillonne entre les Patios [un quartier de la Grande Borne constitué de maisons patios] et la Sapinière, s engouffre dans les couloirs tracés à son effet et décanille les arbres en onde." (Plaquette d'esquisse, novembre 2000) Les "couloirs tracés à son effet" sont les travées vides, anciennes lignes de Pin Weymouth, en bordure desquelles il abat de nombreux arbres, notamment des épicéas.

8 7 "M", sculpteur habitant les Patios, propose à la mairie de Grigny d installer dans la Sapinière des sculptures monumentales à la mémoire de cet évènement. De quatre lieux sculptés initialement prévus, un seul sera réalisé. Une travée de 300 m de long, constituée de troncs sur pieds, cassés par la tempête selon une "Onde", sera remontée au moyen d attelles métalliques laissant voir un jour au niveau la blessure. Le vide figure, selon l'artiste, la "Matière du Vent", sujet d'évocation de la sculpture: "L Onde 100 arbres alignés, avec attelles et broches. L œil est transporté, vague de bois, déchirure du vent, pansement du temps. Acier, type fer plat, et tige filetée boulonnée." (Plaquette d'esquisse, novembre 2000) La sculpture est évolutive, vivante, destinée à être réabsorbée par la nature. Moisissures, champignons, parasites, végétation reprendront progressivement leurs droits. "Sculptures dialoguant avec la nature. Mesure poétique d un laboratoire écologique, Réservoir en observation du temps Qui imprègne, transforme, sublime la matière. Terre, écorce, herbe, feuille, sève, épine, brume. Voir les cicatrices des arbres. L Arbre, de vie, cosmique, du savoir. L Arbre généalogique." (Plaquette d'esquisse, novembre 2000) L initiative participe à relancer la réflexion sur le devenir et le statut de la Sapinière. L idée d un lieu dédié à la sculpture dans la nature, sorte de Vassivière en Essonne, voué aussi à l expérimentation autour de la nature et à sa découverte par les écoles, est évoquée par l'artiste. Des écoles se déclarent intéressées. L'artiste s'associe à un paysagiste pour soumettre une proposition de projet à la mairie. De quatre lieux sculptés la proposition évolue vers un projet de "Paysage avec sculptures", qui couvre les 13 hectares de la Sapinière. Conformément au souhait du maître d'ouvrage, il ambitionne de conserver la parcelle en couvert boisé, en diversifiant ce dernier et en travaillant les limites de la parcelle de façon à l insérer dans le tissu urbain qui la borde : des stades, les derniers bâtis de la Grande Borne, les Patios et la prison de Fleury-Mérogis. L analyse du grand territoire et de l urbanisme amène le paysagiste à s interroger sur la limite pénitentiaire au niveau de la parcelle : "Le domaine pénitentiaire ne possède de frontière fermée qu avec la Commune de Grigny : cette limite, finalement plus communale que pénitentiaire, borde le territoire de Grigny par le sud et enchâsse la Sapinière dans un cul-de-sac. Plus au Sud, le bois de Saint-Eutrope, ancien domaine du château de Fleury s étend en une vaste chênaie hêtraie. Pourquoi ne pas relier ces ensembles et faire de la Sapinière un avant-poste, une antichambre du grand bois, de la «nature» en ville? Alors qu un Grand Projet de Ville en cours sur la Commune de Grigny tente d articuler les différents pôles d urbanisme, le projet de paysage propose de faire de la Sapinière un élément d articulation de cet ensemble. La parcelle est à la rencontre des derniers bâtis des Radars (un quartier de la Grande Borne), des Patios et des stades. Les systèmes viaires et végétaux qui la bordent n organisent de liens ni entre ces entités, ni entre elles et la parcelle. Cette situation est en partie héritée des années 60 alors qu il s agissait d implanter un écran végétal entre la

9 8 Grande Borne et le domaine pénitentiaire, et d y tourner le dos car il n était pas assez haut pour remplir sa fonction. Cet état de fait peut être reconsidéré maintenant que les arbres ont grandi et que l «écran» est devenu un bois. D une façon plus large, le «pôle sud» regroupant les quartier des Radars, les Patios, la Sapinière, les stades et la zone d activité des Radars constitue aujourd hui un cul-de-sac entre l A6, la CD310 et la limite du domaine pénitentiaire de Fleury-Mérogis. La contribution du projet à l établissement de futurs liens vers le Nord, c est à dire avec la Grande Borne, ou vers le Sud, c est-à-dire vers le Bois de Saint-Eutrope (Commune de Fleury-Mérogis) doit être envisagée." (Note méthodologique, décembre 2002) Enfin, la parcelle de la Sapinière est à la croisée de dynamiques et d initiatives multiples sur le plan social. La Mairie de Grigny et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) ont impulsé en commun la mise en place d un refuge/observatoire d oiseaux sur la parcelle. En 2001, plusieurs écoles ou associations ont initié des activités d éveil des enfants à la nature et aux arts plastiques sur la parcelle. Les associations locales et riveraines ont émis des désirs quant aux possibles sur ce lieu : cueillette de fruits, culture, parcelles de jardins familiaux, aire naturelle de jeu, observation de la nature. Des réunions ont déjà mis face à face la conception revendiquée comme «conservationiste» de la LPO avec celle des écoles et des acteurs sociaux culturels qui disent «donner la priorité à l homme». Initié au lendemain de la tempête de 1999, le projet de sculptures a été développé sur l'année 2000, finalisé au printemps 2001 pour être installé au cours de l'été 2001 et s'achever en décembre de la même année. Les usagers ont donc pu "fréquenter" l'installation au cours de l'été Son inauguration, initialement prévue au mois de Mai 2003, n'a pas encore eu lieu. Le projet de paysage en est, quant à lui, au stade de la phase de conception. Une esquisse a été réalisée au mois de Novembre 2000, puis actualisée au mois de Juin La phase d'avant- Projet Sommaire (APS) a été réalisée au mois de Juillet Un chronogramme des projets a été établi. Il est présenté en annexe. Quatre périodes sont distinguées, indiquées sur le chronogramme par le cadre (simple, double, triple trait ou vaguelette) : Projet de sculpture Projet de paysage Période Lecture sensible du lieu (Plaquette bleue/ Plaquette verte (esquisse), maquette de l'onde) Inventaire, enquête sur le site (Plaquette "Antichambre de natures") Finalisation et installation de l'onde Déblaiement de l'onde (Plaquette longue grise) Cadrage réglementaire (Note d'intention / Acte d'engagement) 1 Décembre 1999/Janvier Janvier 2001/Décembre Décembre 2001/Mai 2002 L'appropriation de l'onde par les usagers Au plus près du site (Plaquette APS) 4 Mai 2002/Juin 2003 Il s'agit bien sûr d'une proposition exploratoire dans la mesure où les phases ultérieures du projet pourront remettre en perspective les évènements recensés jusqu'alors.

10 9 2. L'Onde : la montée en échelle L'analyse du travail de "M" a été réalisée à partir du dépouillement de ses archives et de rencontres de travail, dont un entretien à son domicile et une reconstitution de l'installation de l'onde sur le terrain. L'entretien a été conduit en s'inspirant d'un guide présenté en annexe. Il en a assez spontanément balayé les grands thèmes sans avoir à lister l'ensemble des questions qui y sont incluses. La reconstitution (enregistrée en audio et en vidéo numérique) a été conduite en demandant à "M" d'expliquer et de raconter le "faire" de l'installation. L'ensemble a permis de recomposer le déroulement du travail depuis la tempête de 1999 et son insertion dans la trajectoire artistique de "M". Mon objectif est de saisir et rendre compte de l'épaisseur spatiale et temporelle, physique de cette installation. Le passage de la table (entretien) au terrain (reconstitution) et de la parole (entretien audio) à l'image sonorisée (reconstitution vidéo) est important. On passe ainsi de la table où l'on parle au site où l'on revit ; du discours qui rassemble, rationalise a posteriori et remplit une fonction didactique, au travail se faisant, s'affrontant à la matière pour s'installer dans le site. Cette traversée s'accompagne d'un changement de statut du site qui prend corps avec l'œuvre : il passe du statut de réceptacle abstrait et plutôt passif à celui de collaborateur au projet. Trois histoires, comme trois pelures d'oignons, ont émergées successivement dans cette enquête vers le site qui est au cœur de l'œuvre. Un certain regard "M" fait remonter le début des choses au 26 décembre 1999, jour de passage de l'ouragan Lothar sur la France. Elle habite dans le quartier des Patios, face à la Sapinière, depuis seize ans. Au lendemain de la tempête, la vision du site de la Sapinière dévastée suscite en elle l'idée d'une intervention artistique. Dès le début de l'année 2000, "M" entreprend une démarche d'approche des élus, par courrier et en participant à des réunions au niveau local et communal. Elle présente son projet comme une intervention artistique en rapport avec le passage de Lothar visant à initier la requalification du site de la Sapinière. L'intervention pourra aussi être le point de départ d'initiatives de sensibilisation des riverains, notamment des enfants au travers des écoles, à l'art et à la nature. L'idée retient l'intérêt et "M" propose d'élaborer une idée de projet en association avec un paysagiste. Elle contacte "B" (paysagiste). Une première plaquette, dite "plaquette bleue" et intitulée "La Sapinière de Grigny : Projet de paysage avec sculptures", expose dans un registre et une mise en image sensibles les ravages de la tempête et le contenu du projet : quatre "lieux sculptés" installés en divers points du site et une mise en paysage autour du travail de sculpture (5000 m2). Les services techniques de la mairie, séduits par l'idée et la plaquette, commandent les études préliminaires. "M" balise au moyen de bandes d'urgence et d'un marquage à la peinture bleue, les emplacements de ses futures installations sur le terrain. Elle s'enquiert de la date des travaux de déblaiement du site pour trier, classer et mettre en réserve les chablis qui l'intéresse. A l'automne 2000, l'équipée augmentée d'un second paysagiste, "N", présente à la mairie la "plaquette verte", plaquette d'esquisse intitulée : "Le Bois des Ventis : Projet de paysage avec sculptures". Le projet comprend toujours quatre lieux sculptés mais il s'étend aux treize hectares de la Sapinière. Son montant de travaux est multiplié par dix-sept. La collaboration sur la production de l'esquisse est hésitante, difficile et suscite des malentendus quant aux prérogatives de dessin des sculptures. L'artiste produit une maquette de la sculpture principale, intitulée

11 10 "Onde", afin d'accompagner la présentation de la plaquette en mairie et de lever toute ambiguïté quand à la plastique de son projet de sculpture. La séparation des notes d'honoraires à la suite de cette présentation marque, selon l'artiste, celle des projets de sculpture et de paysage. Cette séparation se justifie aussi par les rythmes différents que sont censés prendre les deux projets. Le projet de sculpture doit se réaliser rapidement car les bois mis en réserve sont sujets à évolution avec l'humidité. Le projet de paysage prendra quant à lui plusieurs années. L'année 2001 est celle de la finalisation du projet de sculpture et de son installation in situ. Il évolue d'ailleurs significativement sous le coup de plusieurs évènements : vols de chablis mis en réserve, pourriture de certains bois, limite budgétaire. Une convention entre "M" et la mairie, relative à l'installation de l'onde (version réduite par rapport à l'ambition initiale) est signée au printemps : "Article 2 - Modalités de la réalisation artistique Sur la base du projet conçu par l Artiste, celui-ci réalise sur la ligne d arbres endommagés par la tempête de décembre 1999 et identifiée par la Ville une série de sculptures monumentales à partir des troncs enracinés, des tronçons conservés pour cette réalisation et de différents matériaux rajoutés non polluants pour l environnement. L artiste interviendra sur la longueur totale du périmètre défini, l onde, soit 110 arbres dont 20 comporteront une structure métallique. Les arbres ainsi modifiés par l intervention de l artiste forment un ensemble de sculptures soumis aux conditions atmosphériques et à l évolution naturelle du temps qui ne garantissent pas la pérennité ad vitam æternam des œuvres créées." (Convention entre "M" et la mairie, printemps 2001) Au cours de l'été et de l'automne 2001, l'onde est installée par "M" épaulée d'un assistant : "Z". Elle est déclarée achevée, par courrier de "M" au Maire, en Décembre Reste les abords de l'installation que la convention avec la mairie définit comme "son socle" : "L Artiste et la ville de Grigny conviennent de mettre en œuvre un protocole de suivi de l évolution naturelle dans le temps des sculptures. L artiste accepte d exercer le rôle de surveillance et de signalement à la Ville en cas de travaux nécessaires à la sécurité du lieu ou de toute autre intervention d entretien. Le sol de l Onde (10m de large sur la longueur du périmètre) est considéré comme le socle des sculptures. Les interventions de la commune sur l aspect, les plantations, l entretien de ce périmètre, seront effectués en concertation avec l artiste. En cas de dégradation des œuvres, autres que par le temps et les conditions atmosphériques, l Artiste et la Ville conviennent de décider in situ si la réparation, le nettoyage ou tout autre intervention de nature à maintenir l œuvre en état doit être effectuée" (Convention entre "M" et la mairie, printemps 2001) Ce socle est dégagé des chablis encombrants durant le printemps Dès l'été 2002, l'onde est investie par les usagers qui la baptisent "l'allée", y pique-niquent, font leur jogging... Des ateliers d'art plastique organisés par l'artiste et les écoles investissent la Sapinière. L'Onde subit bientôt de premières atteintes. Les verres bleus installés dans les troncs sont par deux fois dégommés (printemps et hiver 2002). Le pic noir, attiré par ces troncs mis a nu, vient en creuser la base. La Ligue de Protection des oiseaux saisit l'occasion, photos numériques à l'appui, pour pointer lors

12 11 d'une réunion en mairie le risque de chute de troncs : il s'ensuit une altercation entre l'artiste, soutenue par les écoles, et la LPO. L'Onde devait être inaugurée en mai 2003 mais l'inauguration n'a pas encore eu lieu. Quoiqu'il en soit, l'artiste continue à avoir un droit de regard sur l'évolution de l'onde et doit envisager le devenir et la gestion de cet ensemble. Cette mise à plat du processus a l'avantage de fournir des repères temporels. Elle ne rend cependant pas vraiment compte de la genèse de l'onde. On peut se demander d'où vient cette idée de sculpture, comment elle a émergé? Ce qu'est l'onde? Question à laquelle l'artiste répond en rattachant cette genèse à la tempête et à l'action du vent dans ce lieu : "L'Onde, c'est une forme, un espace lié à ce lieu puisque le nom de l'onde est venu après la décision de faire des sculptures. Nommer des sculptures est souvent réducteur mais à partir du moment où on s'installe dans un lieu, dans un espace avec une chaise, on nomme pour savoir de quoi on parle... donc, j'ai été amenée à appeler ce cheminement ou ce passage du vent "Onde" parce que, effectivement, le vent a soufflé en onde dans ce couloir, sur cette plantation assez systématique de cette sapinière et que cela a suivi la topographie du sol." (Entretien) L'Onde devient donc un principe formel qui désignera, dans un après coup, le travail du vent : "C'est donc une histoire de forme essentiellement. Parce qu'il y a les arbres, il y a les sculptures mais il y a aussi un tout : la Sapinière et les sculptures. Donc, c'est un dessin qui se signifie, qui se voit en plan et de visu, au premier abord, ça situe, effectivement [...] Je trouve que "Matière du Vent" c'est aussi bien, mais c'était après coup, dans la réflexion, de se dire qu'il fallait signifier le vent, parce qu'il fallait parler du projet [...] Le vent ne se voit pas sauf quand il cause des dégâts donc c'était signifier l'imperceptible, montrer l'imperceptible. Tous ces mots [sont venus] au fur et à mesure que l'on me demandait : Alors qu'est-ce que vous allez faire? Parce qu'effectivement présentant le projet en mairie il fallait être pragmatique, concret, alors que c'était encore dans le domaine du fantasme, pas encore réalité." (Entretien) Travail du vent qui est l'objet de cette installation et par rapport auquel l'intervention artistique, au travers d'attelles métalliques et de verres bleus, doit rester discrète : "Dans ce double alignement, je voulais garder ce passage du vent, le plus simplement et le plus humblement possible. [...] je souhaitais qu'il y ait une première lecture, c'est-à-dire que quand on perçoit l'évènement vent, on s'approche de l'onde et l'on voit ces 110 bois debout en enfilade et que mon intervention personnelle soit beaucoup plus en retrait, en deuxième lecture, qu'elle ne dépasse pas forcément entre les rangs, que ça invite la personne qui souhaite rencontrer mon travail, à l'interrogation, à l'intimité [...] en deuxième lecture, on perçoit les pièces d'acier mais aussi le verre bleu qui est en prolongement de l'acier [...]. Je souhaitais vraiment conserver cet alignement et cette perspective très nets pour marquer la mémoire de cette plantation rectiligne et ne pas imposer mon travail au spectateur, ni à l'onde [...] le vent avait fait pratiquement toutes les sculptures [...] mon intervention c'était de souligner la matière du vent mais ne pas imposer mon travail au vent." (Entretien) Travail du vent, travail avec le Vent que "M" considère comme l'acteur décisif pour le développement de l'onde, mais aussi tempête qui a suscité l'inspiration, le regard et la projection artistique chez "M" : " [...] après la désolation, après cette révolte que l'on peut avoir quand un lieu que l'on connaît bien a été haché menu, taillé comme des sortes de crayons... tous ces arbres étaient là, ce lieu devenait fragile... il m'est venu l'idée d'optimiser un évènement que tout le monde a qualifié de catastrophe. J'ai pensé à l'époque que ça

13 12 n'était pas que catastrophe et que l'on pouvait peut être s'appuyer sur la matière du vent et optimiser, rendre compte de ce vent sans être obligé de l'effacer [...] en faisant le tour de cet enchevêtrement, en faisant des photos, en me disant que moi artiste du coin je pourrais humblement redonner une dynamique [...]" (Entretien) Vent et tempête, donc, mais aussi matière du lieu dans laquelle s'est inscrite leur passage. Matière sur laquelle l'artiste s'appuie pour ranimer ce vent, cette tempête, mais aussi matières qui animent l'artiste et font le lien avec son travail artistique passé : "Je pense que [ce qui a été décisif pour développer cette installation] c'est la matière et puis l'évènement, le lieu. L'inspiration est venu après cet évènement : l'évènement tempête. Et puis, c'est la matière du lieu que l'on a tendance à mettre à la poubelle ou à effacer parce que c'est sale, c'est détruit, c'est mort, alors que cela peut avoir un deuxième souffle, une deuxième vie. Je crois que ce qui m'anime, c'est de prendre le contre-pied des évènements tragiques, de les vivre autrement. Que ce soit des papiers salis, ou des toits oxydés fragiles, des pierres cassées, des morceaux de verre dépolis, toutes ces minables matières rejetées par d'autres me sont propres, m'interpellent et m'éclairent [...] là, pour l'onde, c'est pas forcément effacer tout et on oublie tout, alors qu'on n'oublie pas, on a cela marqué dans sa tête et dans son esprit." (Entretien) Passe-passe et en vol Le travail de "M" a en effet porté jusqu'alors sur ce qu'elle appelle des "scories" rejetées par la nature ou le monde urbain : "J'ai toujours travaillé la matière oubliée, c'est-à-dire les scories que peuvent rejeter la nature mais aussi le monde urbain. C'est donc cette nostalgie des choses que l'on oublie, que l'on bouscule du pied, que l'on ne veut pas voir [...] je saisis à un moment donné quelque chose des objets ou de la matière que l'on n'a pas l'habitude de mettre en exergue. C'est lié certainement à l'enfance et à ces petits bouts que l'on cache dans la poche pour les caresser doucement." (Entretien) Le site de la Sapinière occupe d'ailleurs une place centrale dans le développement de ce travail puisque "M" a réalisé ses premières sculptures à partir de matières "oubliées" dans la Sapinière. Matières d'ailleurs mises-en-oubli plus qu'oubliées, puisque c'est "M" qui les enterre pour les exhumer quelques années plus tard et les recycler dans sont travail : "La Sapinière a toujours été mon lieu de création. C'est-à-dire que quand je suis arrivée il y a 16 ans je travaillais beaucoup le papier. C'était un réservoir de trouvailles. Les papiers, je les mettais là pendant un temps, dans la terre. Donc, la Sapinière, je la connais par son sol. Il y a des endroits argileux, des endroits tourbeux : j'enterrais des papiers pour faire mes sculptures de papier. Mes papiers cartons, mes papiers en volume ont été enterrés pendant un an ou deux ans dans différents endroits de la Sapinière. Donc, cela a été mon premier réservoir de source de matières, et puis cette Sapinière était très sombre avec des branches très basses. Quand on arrivait au cœur de cette Sapinière, il fallait presque ramper et c'est là qu'on trouvait les premiers lactaires délicieux à l'automne, c'était une joie de pouvoir manger... après le service technique a commencé à déblayer les branches basses, à remonter les jupes des arbres." (Entretien) Manipulation, tour de passe-passe à deux, intime, avec la Sapinière, lieu de sa création artistique, dont on pourrait dire qu'il se rejoue, amplifié et déployé à l'échelle du site à l'occasion de la tempête et de la création de l'onde. C'est cette fois le lieu, la Sapinière dans son intégralité, dont la tempête révèle la fragilité, le destin oublié, orphelin, qui se prête au jeu. Le "site déchiqueté", les arbres taillés comme des crayons, aux blessures sanglantes peuvent éviter l'oubli si cette "nature en émeute" est recyclée, transmutée par la magie artistique. Par là même, l'artiste porteparole du lieu, pacificatrice d'une nature qu'elle va panser, se saisit du site et se l'attache au lendemain du désastre, pour mieux le réparer :

14 13 "[...] J'ai pensé à l'époque que [...] je pourrais humblement redonner une dynamique et peut être penser ou panser ce lieu par des sculptures, par une approche, des soins, un regard [...] parce qu'au début ces déchirures étaient très très visibles [...] les arbres venaient de tomber en 2000, toutes ces déchirures étaient rouges au milieu d'un hiver très froid, mais en même temps très humide, donc les arbres cassés étaient sombres [...] ces déchirures étaient rouges comme saignantes [...] tous les 9 rangs, il y avait ces couloirs de vent avec comme un toboggan, c'était "montes-descends", un grand huit, comme à la foire du trône, sans avoir les cris ni les joies mais un silence plombant parce que plus personne n'osait y aller, les oiseaux étaient un peu effrayés par tout cet évènement [...]" (Entretien) L'artiste se fait porte-parole du site sur plusieurs modes : fragilité, ambiguïté d'un site "naturalisé" qui s'offre comme la scène libre et secrète d'échanges, de fantaisie, de présences prenant la tonalité d'apparitions, mais aussi lieu redouté de violence et de drames : "[La Sapinière] ça a été des séquences différentes où la végétation a évolué, les fraises des bois sont arrivées [...] [Au début j'avais] une connaissance un peu écologique, sans avoir pris conscience qu'il peut y avoir de fréquentations triples, doubles, suivant les journées. Après, je me suis rendue compte qu'il y avait des gens différents qui fréquentaient ce lieu, qu'il y a eu un règlement de compte, des overdoses, que les amoureux depuis des années se rencontrent ici et on voit les premiers défleurages, que j'ai fait une rencontre formidable avec un personnage qui voulait me tuer et à qui j'ai dit que ce n'était pas le jour et que je ne voulais pas, donc il a passé son chemin [...] c'est un lieu très enclavé, qui est rempli de bruits, de bruits d'oiseaux mais aussi de bruits de prison parce que Fleury Mérogis est à proximité. Il y a ce monde urbain qui grignote ce lieu de plus en plus parce que les barrières se sont érigées au fur et à mesure du temps et des exigences des propriétaires ; il y a des stades qui l'envahissent petit à petit. On sent bien que c'est une poche qui est fragile mais une poche nécessaire à plein de fréquentations, d'oiseaux, de renard, de chiens, de promeneurs, [c'est] aussi une poche [de] cachette puisqu'un prisonnier qui s'est évadé s'est fait une cache à l'intérieur. C'était le "no man's land" de la prison mais c'est un lieu qu'on ne veut pas voir, c'est un lieu qu'on aimerait avoir toujours là. C'est très ambigu [...] effectivement ce lieu n'a pas d'identité et n'aura toujours pas d'identité tant qu'il n'aura pas des entrées, des sorties, des ouvertures, des respirations, des points, des repères comme toute espèce de lieu. Alors c'est vrai que c'est au fur et à mesure des années que la Sapinière est devenue Sapinière. C'était une carrière, c'était un remblai de terre d'autoroute, ça a été un ancien marais, donc tout le monde y va de son histoire, tout le monde y va de ses raconteries [...] Chacun souhaite que ça reste comme cela mais en même temps que cela bouge. Donc, il y a cette ambiguïté [...] Cette Sapinière n'est pas un lieu naturel mais c'est un sas naturel d'un monde urbain. [Naturel] parce qu'on y va comme on respire, on y va quand on veut mais en même temps c'est un lieu interdit [...] il y a des gens de la cité qui y viennent pour se cacher et échanger de la drogue, en même temps d'autres viennent pour ramasser des champignons, on prend de ce lieu ce que l'on veut. Naturel pour moi veut dire aussi un lieu où pousse la nature... donc ça a plusieurs entrées, plusieurs habitudes, plusieurs existences, significations... on y va naturellement pour faire n'importe quoi. "(Entretien) Cette figure ouvre le processus de projet dans un registre sensible, celui d'une "nature en émeute" (Plaquette bleue) au lendemain de la tempête. C'est à travers elle qu'artiste et paysagiste s'attachent le site comme champ d'intervention : «Une participante à la réunion expose un projet de traitement de certains arbres de la Sapinière ayant souffert lors de la tempête sous forme de sculptures. On gardera ainsi la mémoire de la violence qui s est déchaînée ce jour-là tout en reconstituant des éléments de paysage. La Ville s engage à examiner ce projet» (Compte rendu de l Atelier-Environnement du 2 mars 2000). "D'abord, mettre en scène trois lieux. Une porte, par où est passé le vent. Une onde qui a décimé une rangée de grands arbres. Puis deux chambres d'écoute, en écho l'une à l'autre [...] Dans le même temps, réparer, consolider ce lieu fragilisé. Planter des arbres de haute tige, des arbustes, des couvre sols. Plus tard, peutêtre, élargir la réflexion à l'ensemble du site" (Plaquette Bleue)

15 14 La tempête offre ainsi à "M" l'occasion d'un envol, d'une montée en échelle de son travail artistique et peut-être celle de la transformation de son lien à la Sapinière : réaliser l'onde c'est manipuler et emporter, par son art, le site-laboratoire au sein duquel cet art fit ses premiers pas : "[...] le projet était plus vaste à l'époque. Il y avait l'onde mais il y avait aussi des lieux différents qui pouvaient "m'allumer", entre guillemets, comme les "arbres à épreuve" enfermés dans des grands tubes de plexiglas éclairés zénithalement. Il y avait le projet des "arbres à mémoire" avec des boîtes d'acier qui pouvaient percer des troncs. Il y avait aussi les "chambres d'écoute" qui étaient des arbres aussi frappés par cette tempête mais de façon moins rectiligne, moins géométrique. Donc, tous azimuts, j'avais envie vraiment d'occuper tout l'espace, tout l'espace de la Sapinière de 13 hectares. C'était un choix. Et puis en présentant le projet plus tard en Mairie, à la municipalité de Grigny, il a fallu faire des choix, donc éplucher les projets, garder la colonne vertébrale des projets dans son ensemble : c'était "l'onde""[...] [C'est arrivé] point nommé car [...] je me rends compte que c'était le moyen ou l'occasion de saisir l'opportunité de réaliser un grand projet. C'est mon premier grand projet qui est en accord complet avec le fait que je travaille les scories de la nature. [...] C'est un tremplin professionnel, parce que de référence, parce qu'il interpelle, parce que je crois que ce n'est pas souvent que l'on met en exergue la matière du vent. [...] Peut-être que la nouvelle série de sculptures qui peut commencer maintenant s'appuie sur les échelles de matières que j'ai utilisées dans la Sapinière. Avant j'utilisais les matières des autres, du vent, des toits parisiens, des cartons enfouis en terre. Là, maintenant, je commence à m'appuyer sur mon travail ancien pour pouvoir rebondir sur un travail nouveau. Donc, c'est un peu une charnière de ma vie professionnelle, qui détermine et qui m'assoie sur ma vie de sculpteur." (Entretien) Ce chemin réalisé par "M" avec l'onde, la Sapinière et la tempête nécessite un important travail de conviction et de mise en réseau. Il trouve un écho très relatif du côté du maître d'ouvrage qui finance pourtant l'installation. Dès le début, "M" se positionne en artiste "locale". Elle relie son projet à un projet éducatif et à l'idée de redonner une identité à la Sapinière. L'attachement d'un des élus ("I") au site est un atout important mais une incompréhension, un embarras demeure quant à la teneur de l'installation artistique : "Cette enclave [la Sapinière] était pour "I" (un élu) un repère pour se ressourcer [...] Il était très attaché à ce lieu tel qu'il était. C'est lui qui a réagi [...] je lui ai proposé de faire un concours de cabane avec les treize écoles maternelles existantes sur Grigny et qu'il y ait des choses liées avec la nature ; ça l'a beaucoup séduit et il a voulu marcher avec ce projet [...] La directrice du service culturel souhaitait que mon intervention de sculpture soit plus probante, alors que 110 arbres debout et 250 mètres de long, je trouve que c'est une réussite [...] Le service de la culture a toujours été le merveilleux absent. Je n'ai rencontré l'adjoint à la culture qu'une seule fois et il a été mis au courant très tardivement de ce projet culturel. Le seul écho culturel qu'il y a eu, c'est l'éducation nationale qui grâce aux enseignants, s'est branchée sur un projet culturel à définition artistique [...] La municipalité, théoriquement, est le maître d'œuvre mais ne l'a jamais vraiment été. Ils ont reçu le projet. Ils ne l'ont jamais vraiment avancé. Ils ne m'ont jamais vraiment donné les "moyens-de". Ils m'ont vaguement accompagné. Je crois qu'ils sont très embêtés de ce projet, parce que c'est un projet qu'ils ne comprennent pas vraiment et en même temps ils ne savent pas faire passer ce projet auprès des citoyens [...]. C'est-à-dire qu'ils ont fait trois articles dans leurs petits journaux mais au delà [...] J'avoue que c'est très timide [...] J'envoie des photos de mon travail qui est très bien accueilli par des galeries, par des gens à l'étranger, par des critiques d'art [...] mais la mairie ne fait aucune démarche pour montrer ce travail. Je crois aussi qu'ils ne savent pas quoi faire. [...] Ils pensaient que ça pouvait être les débuts d'une identité de ce lieu, que ça pouvait phosphorer au niveau des enfants, de l'éducation nationale [...] qu'ils puisse y avoir une dynamique, quelque chose d'éducatif plus représentatif de la ville avec sa culture."(entretien) Pourtant, "M" évoque l'appropriation de l'onde par les riverains. Désormais baptisée "l'allée, elle n'en suscite pas moins, dès son installation, des interrogations dont "M " se fait l'interlocuteur : "[...] le public est arrivé en même temps que je travaillais, très curieux de cela, notamment le champion de Judo de Turquie qui court tout les matins là et qui me dit : "heureusement qu'il existe cette voie parce qu'enfin je peux courir tranquillement, je n'ai plus peur parce que c'est un endroit dégagé". Puis, après, les petits

16 15 enfants, qui n'avaient pas l'autorisation de venir parce que c'est un lieu un peu interdit et un peu dangereux. Maintenant, ils commencent à s'aventurer là. Il y a eu des visites des parents lors des interventions de leurs enfants quand ils ont fait le projet de sculptures ou de cabanes dans ce lieu. Les parents ont découvert cet endroit, ces sculptures, s'interrogeaient [..] les langues se délient, commencent à parler de l'évènement "Vent" [...] proposent d'autres solutions [...] ça ne laisse pas insensibles ni muets les gens.[...] Il y a des amoureux du lieux maintenant, parce que ça a changé la tournure des choses. Il y a une quiétude qui est là qui s'instaure, qui s'installe. Les gens sont pas du tout négatifs face à cette intervention, au contraire, ils l'ont même nommée l'"allée" parce qu'ils vont se promener dans l'allée. Donc, les retours sont de curieux, de curiosité, d'interrogation, d'ouverture, de dialogue... et même si les gens pensent que j'aurais pu faire autrement, ils le disent et cela, je le trouve assez intéressant." (Entretien) La relation au paysage est une autre carte jouée par "M" pour donner des chances au projet. Alors qu'elle conçoit l'activité artistique dans une perspective romantique et autodidacte - la réceptivité, l'intuition, l'introspection et le fantasme de l'artiste occupent, selon elle, une place centrale dans le processus de création - elle perçoit le paysage comme un champ d'activité globalisant, capable d'appréhender la problématique du lieu et convoquant des savoir-faire mixtes. Il semble ainsi capable d'un double dialogue, avec la sculpture et avec les services techniques de la municipalité. Elle s'adjoint, selon ses termes, une sorte de "carte de visite" dont elle pense qu'elle l'aidera à gérer l'inflation des projets qui s'expriment depuis que le site de la Sapinière est l'objet d'un regain d'intérêt : " [Au départ, il s'agissait du projet] de sculpture, Onde, et de paysage autour de l'onde. Au bout de la troisième réunion, effectivement, la directrice des services techniques a souhaité que le bureau de paysage étende son projet de paysage sur la totalité de la Sapinière. [...] C'est un lieu laissé-pour-compte, aux abords mal défini, donc pour visiter éventuellement mon travail [...] pour être sûr que mon travail soit respecté, il fallait qu'il y ait une qualification de cet espace. Et puis peut-être, je sais pas, à l'époque c'était aussi pour me faire entendre des services techniques qui ne comprennent rien à rien à la culture et à la sculpture éphémère de ce type. C'était peut-être pour me... je pensais que ce lieu était haché menu et qu'il fallait le redessiner et que c'était un paysagiste qui devait faire le travail [...] Moi, je m'occupais de mes sculptures, mais je sentais intimement que c'était important qu'un travail de paysage accompagne ce travail de sculpture, parce que [...] les sculptures peut-être ne suffisaient pas à donner une identité mais pouvaient être un début de quelque chose [...] Mon interlocuteur, mon référent c'était le service technique. Et je crois que pour ouvrir un dialogue avec le service technique, il faut parler de choses qui correspondent à ce qu'ils savent faire. Donc, peut être que le paysage était ma carte de visite. Proposer un paysage qui accompagne mes sculptures, c'était une carte de visite [...] Dès que je parlais du projet sculptures, on disait "oui, mais on va faire un parcours santé, donc on va accrocher au milieu des sculptures des agréés pour pouvoir faire des exercices physiques", puisque ça devenait un lieu "civilisé", entre guillemets, cette onde, ce parcours, cette voie ouverte qui traverse la Sapinière d'ouest en Est... je sentais que je me faisais phagocyter par quelque chose qui me dépassait. Je n'avais pas les moyens de maîtriser cela. Il ne pouvait y avoir qu'un "technicien", encore une fois entre guillemets, le paysagiste, qui pouvait gérer cette invasion. Tout d'un coup on pointait du doigt ou du regard ce lieu laissé pour compte pendant des années, pour mettre des projets sans aucune réflexion d'ensemble, sans aucun respect de mon travail aussi. Et puis c'était mon premier grand projet, donc je souhaitais être épaulée en tout cas, dans la réflexion première de comment on s'y prend pour réaliser ce type de projet." (Entretien) Dès la troisième réunion, le paysage s'étend aux 13 hectares, chacun des projets se destine à une temporalité et une échelle différentes et se séparent. Le futur est aujourd'hui marqué par l'inauguration prochaine de l'onde, toujours repoussée, le droit de regard sur l'évolution de l'onde que confère à l'artiste la convention signée avec la mairie et la place que prendra l'onde dans le projet de paysage. Celle-ci reste d'ailleurs à discuter avec le paysagiste : "[Au moment de l'esquisse] le projet [de paysage] se plaçait, se notifiait, devenait plus réel et en même temps je comprenais que nos deux chemins paysages et sculptures se séparaient là. C'était une évidence [...] signifiée [par le fait] que nos factures d'honoraires se scindaient en deux. D'autre part, moi, j'étais prise par le

17 16 temps [...] les bois commençaient à être vulnérables [...] Il fallait absolument que j'avance plus vite [...] puisque pour des besoins de plantation et de préparation, le paysage devenait un travail beaucoup plus ambitieux [...] que mon travail ne l'exigeait. Moi, je devais travailler l'été, je pouvais travailler en automne, alors que les plantations ne peuvent se faire qu'à des saisons très particulières [...] Donc, ce projet de paysage avec sculpture devenait une réalité de deux projets.[...] [Il y a eu plusieurs] proposition des paysagistes [...] même si je reste ouverte [...] j'ai toujours pensé que de laisser tendu et un dégagement à gauche de cette onde était une façon de voir la perspective, la frappe du vent et ainsi de suite. Je pense que maintenant il faut laisser les choses en l'état, que le paysage un jour se mettra en place et que cette onde puisse être rattrapée par la nature, être de nouveau investie, livrée autant que faire se peut à la nature, c'est-à-dire que la végétation viendra toute seule sans que la main de l'homme en rajoute, je pense qu'il faut laisser faire les choses et être à côté en observation, prendre des photos [...] à toutes les saisons [...] pour marquer le temps, mais les choses se font toutes seules [...] ça ne m'appartient plus. C'est là, c'est bien en place [...] En même temps [l'onde] c'est un peu un regard, un laboratoire écologique [...] je suis curieuse de ce que ça va devenir. Je pense qu'on n'a pas eu la chance vraiment d'observer, en tout cas pas moi, ce que ça peut devenir à long terme et dans combien de temps et comment ça marche et de provoquer un peu cette observation [...] c'est vrai que le bois fait 13 mètres, et qu'il va falloir à un moment se poser la question de la sécurité, c'est là où l'artiste peut encore avoir un regard [...] si un bois menace trop et qu'il faut l'abattre, il y a plusieurs façons [...] Je souhaiterais des festivités de mai, des bois de mai [...] si un bois menace [...] on peut, avec cordages, évènement, intervention photos, tirer ces bois en bas et éventuellement faire un feu avec ça, ou les déplacer hors enceintes. Est-ce qu'il faut prévoir un endroit comme cimetière à bois, bois de mai? Est-ce que c'est possible d'avoir ce type de réflexion? Je crois [qu'il faut] en discourir avec le paysagiste [...] Il faut avoir une réflexion ensemble puisque le paysage vient sur les sculptures et que, après, je souhaite que le paysage en sorte [...] Les bois de mai sont dans différentes régions de France ou d'ailleurs, l'occasion de faire la fête [...] comme pour les feux de la Saint- Jean, les bois de mai tout au long de l'année étaient signe de renouveau [...] de renaissance : pendant l'hiver les arbres meurent, ils renaissent au printemps, ils ont cette faculté là. Je pense que le fait qu'un bois tombe, il peut alimenter la terre et donner la vie à autre chose. Donc, c'est une continuité [...]" (entretien) Après l'histoire du premier regard qui décèle le travail du vent au lendemain de la tempête, les "matières oubliées" ont permis de tisser un lien entre cette tempête, ce regard et le travail artistique de "M". Une histoire se dévoile, intime et émouvante, comme extraite de la "jupe de arbres", de collaboration avec la Sapinière et d'envol artistique. Cette seconde histoire donne plus d'épaisseur au temps : "M" y développe les alliances nécessaires au soutien de son projet, qu'il s'agisse des politiques, des associations locales ou du paysagiste. L'Onde y résulte du resserrement d'un projet plus vaste qui comprenait quatre lieux sculptés. Ce choix s'opère sous l'impulsion de nombreux facteurs dont une restriction budgétaire. L'envol artistique est donc le fruit d'un patient travail de mise en réseau et d'ajustement du projet. Si le temps et la filiation artistique de l'onde prennent un peu d'épaisseur, il n'en va pas de même de l'espace et du site. La première caractérisation de l'onde évoquée par "M", à savoir : "[...] une forme, un espace lié à ce lieu puisque [...] le vent a soufflé en onde dans ce couloir, sur cette plantation assez systématique de cette sapinière et que cela a suivi la topographie du sol" ne reçoit toujours aucune spécification. La partie jouée par la Sapinière reste encore très sommaire. J'ai parlé de couronnes d'arbres basses qui ont été remontées, d'arbres enchevêtrés, de 13 hectares et d'une installation de 110 arbres debout. La montée en échelle du travail de l'artiste est pourtant centrale dans cette histoire. Il y a là un enjeu à l'image de la tempête. L'intervention de l'artiste doit se faire l'échelle du site : elle pose d'abord plusieurs lieu sculptés de façon à "occuper" les treize hectares, sent son intervention menacée par l'extension du projet de paysage, puis se replie en conservant la "colonne vertébrale" de ses interventions et du site. Mais la Sapinière pourrait avoir une topographie, des essences ou un schéma de plantation différents sans que l'histoire en soit changée. De même, l'onde pourrait être différente et cette histoire serait toujours celle d'un envol. La matérialité du site, la physique de la montée en échelle de l'artiste, qui lui permet son envol, échappe encore au récit. Des arbres

18 17 ont pourtant bien été marqués, élagués, coupés, certains percés, remontés, placés sur attelles et vissés afin d'obtenir l'onde. Il faut donc nourrir ce récit de lignine, de pesanteur, de voiture, de tracteur, de scies, de tronçonneuse, de perceuse, de métal et d'échelles pour saisir la contribution de la Sapinière à l'onde. Une échelle, des échelles La troisième histoire est donc celle de la montée en échelle. C'est celle de la montée aux échelles (Cf. Annexe, Portfolio Onde, figure 1 XX ): monter et descendre pour élaguer les troncs, monter pour installer les attelles, descendre et remonter pour installer les chablis, les percer, descendre pour les re-descendre, finir de les percer au sol, remonter pour les remettre en place, passer les tiges filetées, boulonner pour fixer les attelles, redescendre. Cette histoire a été saisie à l'occasion d'une reconstitution in situ, initialement prévues avec "M" et "Z", son assistant, mais réalisée sans ce dernier qui n'est pas venu. La reconstitution démarre sur le petit parking au bout de la rue de la Ville Basse, face à l'onde. Je suis équipé d'une caméra vidéo, "M" d'un système d'enregistrement audio et d'un micro-cravate. Je commence : "Je voudrais que l'on reconstitue l'installation de l'onde depuis le début, nous sommes les 30 décembre 1999, tu sors de chez toi et tu arrives ici et tu vois les dégâts et on part de là et on reconstitue comment les choses se sont montées, entre les premières vues et puis toute la mise en œuvre, toutes les étapes, le marquage... " (Reconstitution) Les premières évocations du lendemain de la tempête sont chargées de couleur, d'odeur et de matières : "C'était très très tôt le matin je suis venu là et la première chose qui m'ait sauté dessus c'est l'odeur, l'odeur du pin et la couleur c'est deux choses qui m'ont complètement presque agressée. Le pin déchiré était rouge, il y avait un calme fou et une odeur de sapin déchiré comme si l'on venait de couper à la tronçonneuse des fûts. C'était inaccessible. Tout était couché, entremêlé. L'échelle était plus basse parce que les arbres étaient couchés, il y avait des trous, vraiment un chaos. On avait l'impression qu'un avion s'était assis dans la sapinière et avait fait un dégât fou avec des ailes. J'ai commencé par longer par le chemin périphérique pour pouvoir accéder et puis comprendre ce qui s'était passé. Et puis une fois assise à la lisière [...] c'était très impressionnant, il y avait comme un calme, comme un cyclone, ça aurait pu être tout à la fois. [...] Les mélèzes par contre étaient très très rouges, mais rouges [...] Il m'a fallu une semaine pour rebondir, réagir et me dire qu'est ce qu'on peut faire qu'est ce qui va se passer... après je me suis dit, il faut positiver l'évènement." Nous approchons de la lisière, nos pas s'arrêtent, "M" pointe du doigt le volume fictif du désordre spatial au lendemain de la tempête et tente de décrire : " [...] les accès se faisaient uniquement en périphérie. Ces treize hectares, étaient inaccessibles dans la totalité, parce que tout enchevêtrés. On ne comprenait [...] les galipettes qu'avaient fait les arbres. Ils avaient vraiment la tête plus bas que terre [...]. Tout cela était assez fou. [...]Mes petits endroits où je mets les choses pour qu'elles vieillissent bien aux intempéries étaient totalement inaccessibles [...] c'était devenu comme un coffre fort. La nature a gardé mes choses." Suit un récit de l'observation et de la réflexion sur la possibilité et les modalités d'une intervention plastique. Peu d'aller et retours sur le terrain, car "M " dit bien connaître la parcelle, mais une réflexion à son atelier avec une évidence du côté de l'onde : "[...]le vent était venu d'ouest, avait frappé et suivi les reliefs du terrain. Il avait frappé eu rez-de-chaussée et à l'autre étage avait étêté les arbres [...]"

19 18 Evidence que la nature et le temps viennent confirmer, lorsque les chablis vieillissent, se flétrissent, laissant émerger l'onde : " [...] comme tout était enchevêtré, tous les arbres étaient touffus donc on apercevait à peine cette onde. Petit à petit les arbres qui étaient couchés [...] étaient en train de mourir, de se faner donc perdaient du jus, et du coup tous cela s'affaissait, retombait comme un soufflé de longue haleine [...] et là petit à petit s'est dégagé une évidence, c'est à dire que les fûts grandissaient au milieu de ces branchages au sol. Évidemment tous ces fûts étaient encore garnis de branchages [...] six mois après, il s'est avéré que les arbres ne reprenaient pas et que ces arbres au sol étaient grisonnés quoi" Vient le moment des démarchages auprès des élus, de l'identification des quatre lieux d'intervention alors que l'été aidant, le sol est devenu "moins spongieux" et facilite la pénétration dans le terrain". Puis c'est le marquage par des bandes de chantier (bandes plastiques rouges et blanches) afin que cela se signifie " comme un chantier". Chaque arbre est ainsi entouré, individuellement, d'une bande à 1,80m du sol. "M" dit avoir alors une idée "très, très précise" de son intervention, idée proche de celle exprimée dans le premier entretien : aller en soustraction, mettre en exergue le vent porteur du projet, exister en deuxième ou troisième lecture en mettant des pièces d'acier et des verres bleus qui "occasionnent une luminescence [...] une vie" quand le soleil passe dessus. Idée aussi beaucoup plus ambitieuse que le résultat final puisqu'elle envisage alors de mettre des pièces de métal sur chacun des arbres : "[...] il y a110 arbres alignés, donc deux alignements sur 250 mètres de long, donc mon idée première c'était évidemment de pouvoir retrouver ces têtes d'arbres qui étaient couchées au sol pour pouvoir les remonter sur des arbres encore enracinés. [...]" Le dégagement des chablis est réalisé au printemps 2000 avec l'aide de trois agents techniques. Le temps aidant, la situation est un peu éclaircie mais reste impénétrable : "[...] On pouvait apercevoir le travail de la tempête, mais c'était totalement impénétrable car encombré par les chablis. Il y avait les troncs verticaux et les chablis en biais tombés vers le sol [...] Nous avons donc pénétré à partir d'ici (côté patios), progressivement, en dégageant. Il y avait une sorte de pelleteuse qui nous aidait à charger les troncs mis en réserve vers le lieu de stockage, près des stades." Ainsi, le chablis correspondant au premier tronc accessible est répéré, élagué à la tronçonneuse puis débité à un mètre de la déchirure occasionnée par la tempête. La partie haute est dégagée sur la gauche de l'onde et laissée en place. La partie basse (comprenant la déchirure) est numérotée par "M" à la bombe de peinture bleue sur sa face tronçonnée (supérieure) et selon l'ordre croissant d'avancée du travail. Elle est ensuite chargée sur le chariot qui fait demi-tour pour l'emporter vers le lieu de stockage. On passe alors à l'arbre suivant. La hauteur de la partie-chablis mise en réserve est décidée par "M" en fonction de l'échelle de l'onde (donc du site), du poids du bois qu'il faudra pouvoir manipuler et dans un souci de simplicité car le temps de travail de l'équipe est compté : "Je leur avais dit de couper à un mètre de la déchirure systématiquement. Il fallait que ce soit simple et efficace car eux ils étaient payés pour dégager et chaque heure de travail comptait et était payée par la mairie [...] Un mètre parce que cela semblait à la fois visible à l'échelle du site, de la longueur de l'onde, et en même temps cela ne serait pas trop lourd pour la manutention, ni trop haut à remonter sur les troncs a priori, car certains troncs en place faisait près de 13 mètres." Au lieu de stockage, les chablis sont couchés, alignés les uns à côté des autres sur des bastins de bois posés au sol (Cf. Annexe, Portfolio Onde figure 2 XX). Soumis aux intempéries sur toute la longueur de leur bois, ils évolueront plus vite que les parties troncs. "M" qui se réclame d'une démarche "écologique" se refusera à appliquer des produits de traitement, malgré l'insistance de la mairie :

20 19 "Ils étaient soumis au soleil, au vent et à la pluie donc les bois subissaient plus que les troncs qui étaient eux soumis à tout cela de façon zénithale. Donc il y a eu une évolution disons plus rapide des chablis. La mairie avait voulu que je traite mais comme j'ai une démarche écologique je n'étais pas d'accord. Ils l'ont voulu donc j'ai été chercher un lasure à l'eau, ce qu'il y avait de moins nocif disons, et j'ai traité les chablis au sol les uns à côté des autres, rapidement sans faire dans le détail et en en sautant quelques uns pour voir ce que cela donnerait." Le travail de "pénétration dans le désordre végétal" s'avère difficile et son ordonnancement complexe. La violence du vent a été telle que des chablis venus d'autres rangées que celle de l'onde ont volé jusqu'à elle. Ils perturbent le travail de reconnaissance et de correspondance réalisé par "M" : "En fait au bout du compte nous avions trop de chablis, 150 en tout alors qu'il y a 112 arbres dans l'onde. Cela était dû au fait que des troncs des lignes d'à côté avaient étaient arrachés par la tempête et s'étaient abattus dans cette ligne. " Le stockage en plein air des chablis les soumet au risque d'être confondus avec un stockage de bois de feu. Pour y remédier, "M" diffuse l'information sur leur destination et tente de protéger son butin : "L'information a été diffusée alors sur mes intentions. J'ai placardé à côté des chablis, dans les vestiaires des sportifs et envoyé en mairie, des affichettes indiquant que ce bois était réservé pour mon travail. Cela pour que les gens qui font souvent des feux de cheminée ou des barbecues ne prenne pas ce bois pour le brûler. C'est aussi pour cette raison que je ne l'ai pas stocké ici, sur place, car cela aurait été tentant de le prendre comme bois de feu [...]Le lieu de stockage était délimité par des barrières type vigipirate, puis je me suis procuré des barrières plus hautes avec un socle en béton.." Au printemps 2001, "M" se lance dans le devis d'installation. "M" travaille avec un voisin serrurier, avec qui elle est habitué de collaborer : "J'avais des aller-retour chez le métallier à Bondoufle... celui qui s'occupait des démarches entre le métallier et moi, c'est mon voisin, qui avait déjà travaillé pour moi sur d'autres projets... donc ça se faisait presque en famille. Et chaque fois c'était des aller retour avec le bureau d'études pour essayer de comprendre comment la pièce métallique pouvait fonctionner sur des fûts qui font 40cm à 30 cm de diamètre. Les plus petits font 25. Il fallait que les pièces soient taillées pour pouvoir jouer entre ces différentes tailles." "Je voulais que les pièces de métal soient toutes les mêmes, uniformes, pour marquer la continuité de mon travail en contraste avec les variations de celui du vent. Donc, il y a eu des discussions avec le serrurier, avec évaluation du poids du métal... J' ai choisi les dimensions entre chaque percement parce que je souhaitais comme à cet arbre là qu'il y ait comme un vide entre les deux déchirures, positive, négative comme une prise électrique [...]" L'évaluation du poids du métal suscite des interrogations. "M" constate que le bois évolue rapidement et que des chablis ont disparus. Face à ces aléas, au retard pris dans la remise du devis, elle décide de réduire son intervention sur ce qu'elle appelle, dans ses notes, l'"axe" du projet : l'onde. Elle abandonne donc, au moins temporairement, les trois autres "lieux sculptés". Elle envisage aussi une modification du dessin des attelles en béquilles (forme en V inversé jusqu'au sol) : "Il y a un arbre là bas tout dénudé. Très, très vite, il est devenu complètement nu, et maintenant c'est le premier qui est très, très gris. Il a perdu son écorce... cela a failli me faire changer mon projet... parce que je me suis rendu compte que la pourriture ou l'avancement ou les bestioles étaient beaucoup plus rapides que moi pour désagréger, pour rendre les choses humus, donc je me suis dit qu'avec mes attelles métallique, il y avait peut être un risque. Il y avait donc un questionnement à cette étape là. Est ce qu'il faut des attelles ou bien des systèmes... des béquilles [...]"

21 20 La solution est esquissée et jugée inélégante par "M" car en rupture avec la verticalité des troncs. Elle n'est pas retenue mais le nombre d'attelles commandées est drastiquement réduit, de 110 initialement envisagées à 20. Le chantier débute au mois de Juin, après que la mairie ait recruté "Z", l'assistant de "M" : "[...] le premier jour, vac'action m'a présenté Z. C'est l'association qui réinsère les gens qui ont besoin de travailler. On a eu une première présentation. Il y avait un élu, la directrice des services culturels, la directrice des services techniques, les agents techniques sur le terrain. " Z" m'a été présenté à cette occasion et en même temps le projet a été présenté ici, à 5 heures de l'après midi, il y avait un très très beau soleil, et vraiment, ça a démarré" "M" pensait obtenir de la mairie une nacelle. Ce n'est pas le cas. Elle demande donc des échelles fruitières. Le personnel municipal s'étonne et lui conseille de ne pas monter à plus de trois mètres : "Certains arbres font près de 13m. 13,2m exactement pour le plus grand,. Nous l'avons mesuré avec ma fille en appliquant le théorème de Pythagore. Donc j'ai d'abord utilisé mon échelle personnelle, que j'aime bien, un peu l'échelle qui me suit partout. Puis je me suis procuré deux échelles fruitières, et à l'aide de ces deux échelles et de la mienne et de bastins poulie et corde nous avons fait avec mon assistant un système qui nous permettait de lever les chablis pour les mettre en place" Le tracteur prévu pour charrier les parties chablis est utilisé par un chantier de jeunes à l'œuvre sur les stades adjacents. Il est cassé. "M" utilise finalement sa Renault 5. "Z" souhaite travailler au coupe-coupe. Le premier jour passera donc à discuter, faire connaissance, acheter des chaussures de chantier et rechercher un coupe-coupe : " Le premier jour avec Z, je me souviens maintenant, les souvenirs reviennent [...] il m'a dit qu'il ne pouvait pas travailler à la scie mais au coupe-coupe, une espèce de machette. Effectivement, on a fait deux forgerons du coin pur trouver une machette. On a vu des professionnels, des artisans et il y en a un sur la nationale 7 qui façonne encore les pièces qu'on lui demande. C'est là qu'on a trouvé notre coupe-coupe, aiguisé par Z. Et là, effectivement, l'après midi on a commencé le travail." Le travail d'élagage des troncs commence. Un premier essai avec le coupe-coupe n'est pas concluant. "M" juge la coupe trop imprécise. Elle veut mettre à nu le cylindre des fûts, travailler au plus près du tronc. Le travail reprend donc à la scie. Le coupe-coupe sera utilisé ultérieurement. Il servira pour débiter des piquets dans le bois, dégager des chemins qui seront autant de voies d'appropriation du lieu : "Alors le coupe-coupe [...] c'était pas aussi évident donc on a abandonné, pour l'instant, le coupe-coupe... l'histoire c'est que le coupe-coupe n'était pas assez précis. Il entamait le troncs ou bien il laissait une trop grande sortie de la branche ("M" montre en mettant le doigt sur une base de branche élaguée). Donc moi je voulais vraiment que l'on soit très très proche du fût d'arbre ("M" passe la main sur l'écorce et la base de branche en faisant comme un geste de caresse continue). Donc, voilà, on a repris la scie [...] Le coupe-coupe a été très très utile par la suite pour tailler des piquets dans des bois chablis pour retenir des échelles, arrêter la poulie en plein vol, il fallait un piquet au loin, on faisait des nœuds de chaise, le cordage était en suspens le temps qu'on monte les structures métalliques. Donc le coupe-coupe a été très très efficace après [...] " "Petit à petit, on s'est beaucoup approprié ce lieu. Comme on arrivait le matin à huit heures, comme on mangeait ensemble, à huit heures du soir on se retrouvait là. Pendant ces temps, "Z" prenait son coupe-coupe et faisait des petits chemins dans la forêt, pour aller un petit peu plus loin, pour organiser des petits passages. Quand les gens ont entendus qu'on sciait là, ils sont venus voir, ils ont commencé à être interpellés par cet évènement. Du coup, c'était des petits chemins pour eux, en fait."

22 21 L'élagage débute en commençant par les arbres les plus petits. Le troisième jour, les échelles arrivent. "M" et "Z" montent aux échelles nettoyer les sujets plus grands, mais le chantier doit s'interrompre car "M" n'a toujours pas de contrat : " On a arrêté pendant quinze jours pour que je puisse être responsable du chantier [...] avoir une autorisation écrite de la mairie comme quoi j'avais le droit d'intervenir et puis aussi peut être quand même, en final, être payé un jour [...] le chantier a repris quinze jours après." Le nettoyage reprend où il s'était arrêté. Il ne pose pas de problèmes excepté pour atteindre la cime des arbres les plus hauts : "Pas de problème sauf quand on est montés à treize mètres alors que les échelles faisaient dix mètres et que là il fallait trouver un système. Je ne pouvais pas obtenir de nacelle [...] Z étant un cultivateur dans son pays, il se posait des questions, avec les moyens que l'on avait qu'est ce que l'on pouvait faire. Donc j'ai commencé à lui acheter un harnais pour qu'il puisse monter plus haut et, suspendu sur le tronc d'arbre, il a été scié très haut avec un scie au bout d'une perche, c'est un élagueur, je crois, et donc on est monté à treize mètres comme cela à tour de rôle.. On montaient. Moi, j'ai bravé mon vertige parce qu'il fallait et c'est tout [...] (Devant l'arbre plus haut) Une échelle fruitière était appuyée d'un côté et une deuxième fruitière d'un autre côté pour faire le contrepoids, en V comme cela ("M" fait un V inversé avec ses mains), pour essayer d'haubaner ce fût qui pouvait paraître fragile. En fait, ce n'était absolument pas fragile. C'était costaud." L'élagage est l'occasion pour "M" de faire connaissance avec la matière et le passage du vent. Montant de tronc en tronc, "M" réalise que "la nature a ses obliques". Le schéma idéal de verticalité des troncs et des attelles, envisagé dans ses esquisses, apparaît soudain idéel. Ce décalage, vécu au quotidien de ces trois semaines de nettoyage, la conduit à appréhender les difficultés du montage, à questionner cet idée de verticalité, à préparer la phase suivante, celle du montage des chablis : "Après le deuxième jour déjà on roulait, on avait chacun nos arbres et on les dégageait au fur et à mesure [...] Mes souvenirs ne sont pas très précis maintenant. Je pense [que nous avons repris ] au onzième ou au douzième arbre, c'était celui qui était penché. Plus je rentrais dans le projet, plus je me rendais compte que passant de chaque arbre en chaque arbre, on faisait ami - ami avec l'arbre mais en même temps on comprenait mieux comment le vent avait soufflé, les déchirures. On comprenait comment l'orientation avait été faite, mais aussi que chaque arbre avait son inclinaison, certains plus inclinés, d'autres un peu moins ("M" balance son corps de droite et de gauche). Tout cela était important à comprendre pour la suite car quand on aurait à monter des pièces métalliques qui font 1,50m, sont rectilignes et pas de possibilité de jouer avec ça, parce que... le métal percé... point!... on ne peut plus jouer! Ce sur quoi on peut jouer, c'est le bois, qui peut offrir des vues. Donc, ceci m'occasionnait beaucoup de souci. Je me suis dit: " les percements à l'équerre ne vont pas être possibles" [...] quand on aura à positionner les pièces métalliques qui sont là ("M " s'approche d'un arbre équipé et montre avec ses mains) [...] Je souhaitais que les deux pièces métalliques soient à la même hauteur pour chaque arbre mais à la hauteur de la déchirure quand même. Donc, la pièce métallique suit aussi l'oscillation du vent... euh du terrain, et aussi de l'arbre. Donc, il fallait percer de part en part le fût, deux fois, et après rajouter le chapeau, percé deux fois de part en part, vertical, parfaitement. [Donc, l'élagage était important parce qu'il fallait] comprendre comment les pièces de métal pouvaient fonctionner sur les fûts. Déjà, ça me questionnait quand j'étais sur l'échelle en train de couper les branches. J'étais déjà dans l'étape suivante, mais je ne savais pas que les chapeaux pouvaient s'exploser travailler différemment. Je pressentais un peu cela mais pas à ce point. La nature a ses obliques et là j'ai pu très vite constater que les arbres on ne peut pas les travailler à l'équerre... du tout... " Les jours de travail, les montées et descentes aux arbres ont fonction d'appropriation du lieu, de l'œuvre et de l'échelle du site. Pour "M", ce patient travail ramène le site à échelle humaine

23 22 puisque deux humains peuvent s'en charger, manuellement. En réduisant ainsi l'échelle du site, la montée aux échelles fait monter les humains en échelle : "On aurait pu faire appel à des élagueurs professionnels... ça aurait été beaucoup plus vite... je pense que la vitesse à laquelle nous avons été Z et moi pour nettoyer tous ces fûts est importante pour prendre conscience du travail qui avançait, de comment il avançait. De le faire comme cela à deux personnes, tout cela devenait à une échelle humaine, c'était possible, alors que beaucoup d'ouvriers seraient venus [...] j'aurais été dépossédée de ma démarche première, c'est à dire d'aider la nature doucement à se reconstruire. Je voulais pas que ce lieu soit blessé par un bruit." L'élagage est donc l'occasion d'une première appropriation de la grande échelle. Le montage, qui lui succède, relance cette opération. "M" dispose de 20 attelles à disposer sur les 110 troncs en place. Depuis que le nombre d'attelles a été réduit à 20, "M" n'a pas établi de plan décidant sur quels arbres poser ces attelles. Elle n'en a pas moins certains souhaits. Ainsi, veut-elle absolument équiper le premier tronc, côté Patios. La partie chablis "s'épluche comme une banane" au moment où "M" et "Z" tentent de l'installer sur la partie troncs. "M" doit faire son deuil d'une Onde qui démarre avec une pièce de métal : " Le numéro un a eu un souci. La déchirure, une fois stocké à plat, couché donc, avait gonflé et s'était fendue. Il était inexploitable[...] On l'a amené ici et on s'est rendu compte qu'il était impossible de le monter. On l'a posé debout dessus l'arbre comme on faisait au début pour voir si c'était possible à monter... J'avais très envie que cela commence par une pièce de métal et donc que l'arbre "un" soit équipé. Ca ne s'est pas fait et heureusement, parce que comme cela on ne voit pas le métal, on ne le voit pas de là bas ("M" pointe de la main la direction des Patios). On aperçoit le métal en s'approchant uniquement et du coup on a un recul par rapport à l'ensemble [...]. " L'arbre deux, très maigre et explosé ne survit pas mieux au transport depuis le lieu de stockage. L'arbre trois, rempli de lierre et très encombré présente une partie "chapeau" qui, au lieu de stockage, n'inspire ni "M" ni "Z". Ils décident de ne pas la transporter pour tenter le montage. Le suivant, dans l'ordre, est haut : " Il est passé inaperçu. C'est le premier grand donc pourquoi lui mettre quelque chose sur le dos." Celui qui lui fait face est absent. Il a été légèrement dessouché par l'engin des services techniques au moment du déblayage puis, finalement, arraché. Le cinquième arbre présente deux déchirure et un trait de scie. "M" s'en approche : M. "Alors lui il était intéressant parce qu'il est en trois parties. Il avait une espèce de tronçon qui risquait de tomber sur la tête de quelqu'un [...] donc on a pris la décision tous les deux de mettre un cordage en haut et d'abattre ce tronçon [...] Moi, j'ai scié un peu et j'ai fait une entame comme on entame dans le forestier, entre guillemets, pour pouvoir le coucher plus facilement parce qu'il était quand même très... mais je ne voulais pas le couper complètement, je voulais qu'il se déchire. On a pris un cordage et c'est là que la scie à grosse dents m'est tombée sur le pouce. Je me suis entamée violemment le pouce. Et "Z" a coupé à un mètre plus haut. Celui-ci ("M" montre la partie de droite de l'arbre) était beaucoup plus haut. Il était cassé en trois morceaux. C'est le seul qui avait encore un morceau [...] qui a été étêté et qui a été recassé plus bas, parce que le vent a dû venir en rafale comme cela et refrapper et refrapper et reffraper. Celui-ci avait deux points de faiblesse. " A. Donc, là, la suture qu'il y a n'est pas vraiment la suture... M. C'est-à-dire si en partie. Là, c'est moi qui ait fait cet accroc à la scie ("M" montre un trait de coupe sur l'arbre) mais c'était pour le dégager complètement et le remettre à la verticale avec les deux pièces de métal,

24 23 parce qu'on voit le troisième morceau qui est en haut ("M" pointe du doigt la partie opposé du tronc, plus haute). C'est-à-dire que ça a été abattu et remis. A. Il y a deux morceau là. M. Oui, il y a celui-ci ("M" pointe le tronc) et l'autre("m" pointe la partie haute à droite, sciée/ arrachée/remontée) et le troisième morceau ("M" pointe la partie en haut à gauche/chablis) était beaucoup plus haut. Donc, là, on est sur un cas un peu particulier parce que lui c'est un hybride d'homme et de vent parce qu'il lui manque un bout. Il y a un bout manquant que vous avez recomposé [...] A propos du même arbre, un peu plus tard : Puis : "Je le trouvais très intéressant. Je souhaitais même le laisser pendre tel qu'il était, prêt à tomber pour bien signifier que si ça souffle un peu plus, le vent ("M" fait semblant de tomber avec son corps). Il y a eu des rafales de vent mais ce n'est jamais tombé. Il aurait suffi qu'il y ait des enfants qui viennent pour que ça leur tombe sur la tête. Donc on a décidé ensemble de devancer la chute." A. Et là ("A" pointe un emplacement vide avec la caméra, sur la rangée opposée à l'arbre en trois parties). M. Là, non il n'y avait personne. A. Celui là ("A" pointe avec la caméra le suivant sur la ligne, équipé avec du métal). M. Celui-ci était intéressant: entier, parfait, formidable! A. Donc vous avez trouvé le chablis, vous l'avez amené, vous l'avez mis en place et ça s'est monté... M. Voilà, impeccable. Tout de suite tout seul, un arbre bien droit... le sujet d'école! "M" passe à l'arbre, dans la ligne opposée, y appose la main en le considérant. Réfléchis et explique : M. Celui-ci est intéressant mais il avait la déchirure très haute, très longue, donc très fermée. Et pour percer ça veut dire qu'on aurait eu la tige filetée très en démonstration, ce que je ne souhaitais pas. Je voulais vraiment que les pièces d'acier tiennent comme en suspens et que ce soit juste un accompagnement très très proche et très intimement avec le fût. Tout le système technique de suspension avec la tige filetée était pour moi parasite. A. Donc là vous n'avez pas amené la hausse. M. Si. On l'a essayée, on l'a mise en situation et ça n'a pas marché. A. C'est-à-dire, ça laissé du jour... M. Ca laissé du jour, c'était intéressant, mais comme c'était orienté toujours de façon identique à chaque arbre... les pièces métalliques c'est Nord-Sud et le vent est venu d'ouest... alors si je mets la pièce métallique ici ('"M" pointe la déchirure de l'arbre), le percement est complètement à nu. D'arbre en arbre, "M", qui s'écartait au début quand je filmais un arbre, est finalement entrée dans le champ de la caméra. Je ne regarde maintenant que par la caméra, suivant les pas de "M", les guidant par moment. La reconstitution déroule au travers de cet œil une série de collaborations jalonnées d'excursions qui traversent les échelles. On passe ainsi de la toile d'araignée tissée dans

25 24 la déchirure d'un tronc, à la perle de sève qui scintille au soleil sans se laisser saisir par l'image numérique, aux empreintes des insectes dévoilées par l'écorce qui se desquame ou aux boulons cadmiés qui brillent et se détachent du métal corrodé dans la grande longueur de l'onde. Ces collaborations sont racontées par "M". Elles sont accompagnées des mouvements de son corps qui se penche, bascule, se tend, progresse, s'arrête, souffle... Ce sont autant de "corps à bois", de corps à corps qui forment des portraits dont l'assemblage raconte l'onde. Des Portraits, un portrait 1 Le numéro un " Le numéro un a eu un souci. La déchirure, une fois stocké à plat, couché donc, avait gonflé et s'était fendue. Il était inexploitable [...] Il est venu avec nous en voiture. On l'a amené ici et on s'est rendu compte qu'il était impossible de le monter. On l'a posé debout dessus l'arbre comme on faisait au début pour voir si c'était possible à monter... A. Fendue donc dans la longueur? M. Fendue dans la longueur et puis surtout il s'est explosé, il s'effeuillait comme une banane. Entre décembre 1999 et début 2001, il s'est passé énormément de temps [...] J'avais très envie que cela commence par une pièce de métal et donc que l'arbre "un" soit équipé. Ca ne s'est pas fait et heureusement, parce que comme cela on ne voit pas le métal, on ne le voit pas de là bas ("M" pointe de la main la direction des Patios). On aperçoit le métal en s'approchant uniquement et du coup on a un recul par rapport à l'ensemble [...]. Le numéro deux M. Il est venu avec nous [et le numéro un] dans la voiture. On les a posé parterre et on a regardé si les déchirures correspondaient bien. On l'a posé debout dessus l'arbre comme on faisait au début pour voir si c'était possible à monter [...] On s'est rendu compte qu'il était impossible de le monter. Le premier grand L'arraché M. Il etait rempli de lierre, très encombré, et la partie chapeau dès là-bas, au stock, on voyait que ce ne serait pas possible, donc nous l'avons laissé là bas, nous ne l'avons pas amené. M. (Plus tard, baille)... il est passé inaperçu. C'est le premier grand donc pourquoi lui mettre quelque chose sur le dos. M. Ce trou là, c'est un arbre manquant qui a été heurté par un engin, lors du dégagement, et puis que nous avons arraché finalement au moment du montage de l'onde. L'arbre en trois M. Alors lui il était intéressant parce qu'il est en trois parties. Il avait une espèce de tronçon qui risquait de tomber sur la tête de quelqu'un [...] donc on a pris la décision, tous les deux, de mettre un cordage en haut et d'abattre ce tronçon [...] Moi, j'ai scié un peu et j'ai fait une entame comme on entame dans le forestier, entre guillemets, pour pouvoir le coucher plus facilement parce qu'il était quand même très... mais je ne voulais pas le couper complètement, je voulais qu'il se déchire. On a pris un cordage et c'est là que la scie à grosse dents m'est tombée sur le pouce. Je me suis entamée violemment le pouce. Et "Z" a coupé à un mètre plus haut. Celui-ci ("M" montre la partie de droite de l'arbre) était beaucoup plus haut. Il était cassé en trois morceaux. 1 Les visuels correspondant sont présentés en annexe, accompagnés du même texte. Il est ainsi possible au lecteur de choisir sa lecture, sans ou avec visuels. La première me semble plus édifiante dans la perspective d'analyse qui nous intéresse ici.

26 25 C'est le seul qui avait encore un morceau [...] qui a été étêté et qui a été recassé plus bas, parce que le vent a dû venir en rafale comme cela (indique de la main la direction) et refrapper et refrapper et refrapper. Celui-ci avait deux points de faiblesse. A. Donc, là, la suture qu'il y a n'est pas vraiment la suture... M. C'est-à-dire si, en partie. Là, c'est moi qui ait fait cet accroc à la scie ("M" montre un trait de coupe sur l'arbre) mais c'était pour le dégager complètement et le remettre à la verticale avec les deux pièces de métal, parce qu'on voit le troisième morceau qui est en haut ("M" pointe du doigt la partie opposée du tronc, plus haute). C'est-à-dire que ça a été abattu et remis. A. Il y a deux morceaux là. M. Oui, il y a celui-ci ("M" pointe le tronc) et l'autre("m" pointe la partie haute à gauche, sciée/ arrachée/remontée) et le troisième morceau ("M" pointe la partie en haut à droite/chablis) était beaucoup plus haut. A. Donc, là, on est sur un cas un peu particulier parce que lui c'est un hybride d'homme et de vent parce qu'il lui manque un bout. Il y a un bout manquant que vous avez recomposé [...] M. Je le trouvais très intéressant. Je souhaitais même le laisser pendre tel qu'il était, prêt à tomber pour bien signifier que si ça souffle un peu plus, le vent ("M" fait semblant de tomber avec son corps)... Il y a eu des rafales de vent mais ça n'est jamais tombé. Il aurait suffi qu'il y ait des enfants qui viennent pour que ça leur tombe sur la tête. Donc on a décidé ensemble de devancer la chute. Le sujet d'école A. Celui là ("A" pointe avec la caméra le suivant sur la ligne, équipé avec du métal). M. Celui-ci était intéressant : entier, parfait, formidable! A. Donc vous avez trouvé le chablis, vous l'avez amené, vous l'avez mis en place et ça s'est monté... M. Voilà, impeccable. Tout de suite tout seul, un arbre bien droit... le sujet d'école! La tige trop visible M. Celui-ci est intéressant mais il avait la déchirure très haute, très longue, donc très fermée. Et pour percer ça veut dire qu'on aurait eu la tige filetée très en démonstration, ce que je ne souhaitais pas. Je voulais vraiment que les pièces d'acier tiennent comme en suspens et que ce soit juste un accompagnement très proche et très intime du fût. Tout le système technique de suspension avec la tige filetée était pour moi parasite. A. Donc là vous n'avez pas amené la hausse. M. Si. A. Si, elle est venue et vous l'avez essayée. M. On l'a essayée, on l'a mise en situation et ça n'a pas marché. A. C'est-à-dire, ça laissait du jour... M. Ca laissait du jour, c'était intéressant, mais comme c'était orienté toujours de façon identique à chaque arbre... les pièces métalliques, c'est Nord-Sud et le vent est venu d'ouest... alors si je mets la pièce métallique ici ('"M" pointe la déchirure de l'arbre côté sud), le percement est complètement à nu.

27 26 L'inaperçu A. (pointe l'arbre opposé) Et alors, le plus petit là... M. Celui-ci, je ne pourrais pas te dire... peut être que "Z" serait complémentaire par rapport à cela. A. Très bien, on peut peut-être avancer s'il y a des choses qui se... L'intimidant A. Celui-ci encore plus grand... M. (accompagne d'arbre en arbre, devant le nouvel arbre) Celui-ci est encore plus grand. C'était intimidant. On s'est dit qu'une fois qu'on aurait la main, on irait peut-être un peu plus haut. On l'a laissé de côté avec peut-être l'idée de revenir plus tard. Et puis, en même temps, il était très très penché côté ouest. A. Ah oui, il a une inclinaison ("A" dé-zoome pour le voir). M. Alors je me suis dit que si je rajoutais une pièce métallique très haut ça risque de... (inaudible) (M s'est approchée à touché l'arbre, regardé son fût, en a fait le tour et s'écarte) Le très lourd M. (S'est avancée vers un arbre, un peu écorcé, de la rangée sud, côté Fleury) Alors celui-ci était très lourd, très gros. On est venu avec le chablis et impossible de le monter. Il était lourd! Mais c'était pas possible! On a monté les échelles et les systèmes des poulies et cætera. Impossible de le mettre en situation tellement c'était lourd! A. Et pourtant tu avais envie de le monter? Pourquoi? M. Parce que la déchirure était intéressante. Parce qu'elle occasionnait des vues et le chapeau était très intéressant. Le petit M. ( se dirige vers l'arbre opposé, marqué d'un point bleu). Ici, c'était pas probant. ("M" appose la main sur le tronc). La ferrure recouvrait beaucoup trop le bois ("M" met les deux mains en collier autour du tronc puis regarde au loin l'onde) Regardes, ce qui est intéressant c'est les boulons qui sont cadmiés et qui au soleil couchant brillent tout le temps! C'est des toutes petites étoiles. A. ("A" zoom au loin) Je crois que je n'y arrives pas. Si j'y arrive! On le voit mal dans la caméra, on voit pas le reflet. M. Maintenant que l'acier rouille, ça reste flambant neuf, c'est comme les perles de résine. A. ( revient sur l'arbre) Donc, on en était à celui-ci qui était trop maigre. Et vous avez appliqué... tiens, il y a une perle de résine... je n'arrive pas à les avoir... je pense que ça diffracte... tant pis. Donc, vous avez monté le haut pour celui-là ou vous avez simplement testé le métal à côté? M. Non, non, que le métal! Et quand on a mis les deux taules, ça l'enfermait complètement, ça l'étouffait, c'était... pas esthétiquement probant. Le lierre M. ( passe à un autre arbre, ligne opposée). Ici c'était "le lierre" et introuvable! Je me souviens, ouais.

28 27 Le grand desquamé La plantule La galère M. (change d'arbre et va vers l'arbre desquamé sur la ligne opposée). Celui-ci, il était desquamé. Il me faisait du souci, donc il était en observation. ("M" le tapote, il résonne d'un son creux et profond) A. Oh, oh! Ah oui! M. (sourit, continue à tapoter) Il est solide hein! A. C'est génial ce son! M. Si tu claques quelqu'un c'est la même chose... ("M", face à l'arbre en le tapotant) Je te claque! M. (va vers l'arbre suivant sur la ligne opposée) Ici... trop fendu, trop vrillé ("M" s'approche et pointe du doigt une plantule dans l'arbre). Il y a quelqu'un qui pousse! A. Où ça? Ah oui, à l'intérieur! M. Il y a des graines qui se nichent. Donc, trop fragile pas possible. A. Donc là pas d'essai! M. Non, décision radicale ("M" passe au suivant). M. Alors celui-ci ce fut une galère! Une vrai galère! C'est pas le bon chapeau! A. Ah bon... la main dans le sac! (Ils rient) M. C'est une vraie galère!! Je voulais absolument qu'il soit monté. Je trouvais la déchirure intéressante, je trouvais que le métal avec ce contraste de vide était très probant. Eh bien, je lui ai trouvé un chapeau ("M" rit). Et puis maintenant, ça se voit un peu quand même... A. Donc là, c'est quand même le travail de l'artiste... M. Ca, c'est le travail de l'artiste et l'araignée est ravie ('"M" regarde vers la déchirure où se loge une toile d'araignée qu'elle a déjà montrée). A. Alors, l'araignée qu'on a très bien vue tout à l'heure ("A" en zoomant sur la toile). M. Donc, après j'ai mis le verre bleu. Ce fut aussi une vraie galère. A. Tu l'as glissé à la fin? M. Voilà. A. Glissé simplement... sans déboulonner. M. Glissé des deux côtés depuis la fenêtre, sans déboulonner. Et je l'ai installé dedans. Et il y a le verre bleu des deux côtés ("M" considère l'intérieur de la déchirure). Ah?... oui, il est des deux côtés. Je me suis dit, tiens, il s'est sublimé... il n'y en a plus. Le voilà! C'est le 12.

29 28 L'ensorcelé A. (filme les boulon et répète à la caméra, pour prendre un repère) C'est le 12. Et pourquoi tu trouvais la déchirure intéressante? Qu'est-ce que tu trouvais intéressant? M. J'aimais bien ce vide là ("M" passe la main sur le côté). Et le chapeau que j'avais vu, glissait à l'intérieur et ça ressortait vraiment. Vraiment, on sentait la force du vent parce que ça faisait comme des tranches de bois qui étaient écartées, écrasées comme cela. En fait, les chapeaux que j'avais trouvé ne correspondaient pas. C'était numéroté... donc, je crois que c'est un chapeau complètement... A. C'est à dire, tu avais trouvé le chapeau qui était numéroté et correspondait au numéro de l'arbre et ça n'allait pas, c'était une erreur de numérotage? M. Une erreur de repérage, d'inventaire. Parce que, comme tout était enchevêtré, c'était pratiquement impossible de tomber juste. Donc, ça c'était totalement aléatoire. Ici c'est le ("M" le tapote et passe son chemin) [...] on a jamais pu le monter. Impossible. Je ne sais pas pourquoi [...] On l'a percé. C'était le matin. Donc, on s'est un peu acharné mais pas trop parce qu'on s'est dit qu'il était ensorcelé comme les bois de mai. On n'a pas réussi à chasser la sorcière ("M" passe à l'arbre opposé, équipé). Le grand maigre L'œil A. Celui-ci ( pointe la caméra sur l'arbre suivant, rangée opposée), un grand maigre... M. Alors celui-ci, un grand maigre. Bon, sans beaucoup d'intérêt ("M" passe son chemin et va vers l'arbre suivant ligne opposée). M. Celui-ci était intéressant parce qu'il avait ce fameux trou que l'on retrouvait à la porte (La "porte du vent", sculpture envisagée à côté de l'onde). Comme j'étais frustrée, j'ai souhaité garder le trou que "Z" a failli couper parce qu'il disait qu'il fallait que ça se termine tout droit en haut. A. Mais là, il n'est pas remonté, c'est juste le métal. M. Oui, parce que ce chapeau là était trop petit. J'ai voulu le monter et il s'est complètement explosé... le verre bleu était très haut sur celui là, il a été cassé dans la première vague de meulière. A. On voit le boulon qui scintille dans la caméra, très bien ("A" filme le boulon). M. Ahhhh! A.... même les deux boulons. La série intacte M. Donc, après, cette série de quatre petits, avec après un grand, je me suis dit qu'il ne fallait pas la toucher, surtout pas. C'était vraiment une volonté de ma part que d'avoir ce rythme d'arbres pratiquement de même calibre qui allaient comme ça par couples, comme si le vent arrivait par rythmes jusqu'au sol et tout d'un coup ("M" lève les bras au ciel et avance), on avait droit à une grande cime. A. Et alors là il n'y a eu aucun essai?

30 29 Le sans cœur (1) M. (s'arrête devant le second de la rangée Fleury à ce niveau) Alors, celui-ci on est venu avec le chapeau. Il y a un grand trou, un très très grand trou au centre, dans le tronc, et je me suis dit que si je perçais, si on serrait tout cela allait s'exploser parce qu'il n'y a plus de cœur. ("M" va vers l'arbre opposé, un des petits)... Le sans cœur (2) Le grand M. [...] Filandreux, comme cela ("M" tapote le tronc qui sonne creux ; elle avance, elle tapote un autre arbre, petit, elle tapote l'opposé, ligne Fleury, autre petit au tronc large, elle tourne autour, le considère) M. Celui-ci, je ne me rappelle plus ("M" passe son chemin et va au grand sur la ligne opposée, côté Grigny). La tige filetée (Le fléau (1) M. Donc là, il y avait un grand avec un petit à côté, donc les deux échelles de métal... qu'elles puissent fonctionner à différentes échelles de l'arbre : un tout petit arbre et un plus grand, très proches les uns des autres comme un fléau de balance. A. Et donc, là il n'y a pas de hausse, pas de chapeau sur le grand? M. Ici, non. A. Vous avez essayé ou la hauteur vous a... M. Non, on a essayé mais le chapeau ne tenait pas, c'était trop mince, en posant le chapeau n'a pas été probant. Mais ici c'est intéressant car je voulais décoller la... contrairement à là-bas, où je ne voulais pas que la tige filetée se voit, ici en contre jour c'est extrêmement intéressant, on voit la tige filetée entre la pièce de métal et le bois. On la voit bien à cette heure de la journée, qui éclaire l'intérieur du métal, par des faisceaux lumineux mais on ne voit pas que c'est une tige filetée. Et le verre allait beaucoup plus haut, encore une fois il allait pratiquement au haut du... de la déchirure. Mais ce petit coup de lumière me paraissait très intéressant. ("M" passe au petit à côté). Dans la déchirure (Le fléau 2) M. Là, j'aime bien celui-ci parce qu'on avait une vue totalement dans la déchirure, on est totalement dans la déchirure ("M" se met le visage sur la déchirure pour regarder dedans). Et de ce côté, (elle tourne autour) on voit au travers, on voit ce qui se passe. A. ("A" tourne autour et filme l'intérieur de la déchirure) Effectivement, on y est. On peut même traverser. M. C'est assez magique parce qu'on est complètement dans la déchirure. [...] M. On commencé toujours par la deuxième tige du bas qui est plus longue. Donc, avec le poids de l'acier on pouvait jouer à un centimètre près, parce que je perçais pas toujours de façon équidistante [...] parce que quand on a un foret de 40cm de long, il faut pouvoir sortir de l'autre côté de l'arbre de façon équidistante et dans l'axe... d'abord on installait la tige du bas, on jouait, on mettait les boulons, on descendait les pièces de métal et après on perçait le chapeau, mais on pouvait pas percer avec le métal. A. Là, tu n'as pas voulu espacer plus le chapeau, il est très serré. M. Il est très serré parce qu'il se passe des vues quand même trèèèès, trèèèès spéciales, de ce côté il est pas très serré, mais de ce côté il est très serré. De ce côté il n'y a rien. Parce que le premier ouvre beaucoup ses

31 30 mâchoires et après ça se resserre, ça se resserre ("M" elle lève les bras au ciel et les baisse puis continue son chemin). Alors, cet autre arbre qui a été monté. Les quelques grands A. Là, les grands, on ne s'est pas posé de questions? M. Là, on ne s'est pas posé de questions parce que je voulais qu'il y ait une séquence sans rien. Il y en avait deux très proches, un petit et un grand. Parce que plus on condense l'intervention, plus on dilue l'intervention. C'est-à-dire que si j'avais mis quatre pièces de métal ici, on aurait plus eu ces séquences de grands et de petits, on aurait vu un ensemble, alors que là, ça mets en exergue une situation possible. Et ça "Z" à chaque fois était soucieux de ce que je pouvais dire par rapport à mon intervention artistique, jamais il n'intervenait, il était très respectueux de tout cela. Il disait "c'est toi qui décides", il était très à l'écoute. Le coupé à l'envers M. Alors celui-ci, il a été thésaurisé et coupé à l'envers. Parce qu'il y a des arbres chablis qui en tombant se sont fendus et cassés ailleurs. Donc, quand j'ai observé cette déchirure, j'ai thésaurisé et le problème c'est que ça a été coupé à la tronçonneuse à l'envers.. A. Par qui? M. Ben, par le service technique. Et la déchirure, elle était celle qui était en haut et finalement le chablis a été coupé à un mètre. Du coup, il était inversé et on voit le numéro dessous, le fameux numéro. A. Qui est le numéro 35. M. Voilà. A. Donc il a la tête en bas. M. Il a la tête en bas, enfin A.... et le cul en l'air (rit)... M. Enfin, il est dans le bon sens là, mais il a été coupé à l'inverse... A. Ah oui, il a la fibre à l'endroit. M. Voilà, il a la fibre à l'endroit, mais il a été coupé à un mètre au mauvais endroit. A. Et tu as voulu le monter quand même M. Ben, il ne pouvait aller que là. A. Oui, mais tu as voulu le monter quand même. M. Ben oui, parce que du coup il devenait intéressant. Ce handicap m'intéressait. Alors, le verre bleu a subi des avaries. La vue du ciel A. Alors, le suivant nous dit...

32 31 M. Alors, le suivant, ah, celui-ci, il a aussi la déchirure en direct et une vue du ciel. Et en plus, il a une anomalie. C'est-à-dire que la tige filetée a été coupée au milieu parce qu'on avait des difficultés à percer de part en part. On voit que le boulon a joué un peu. Au percement, j'ai dû avoir une difficulté. A. De toutes manières, une fois que c'est monté, c'est impossible à démonter... M. C'est possible, on a démonté... Quand j'ai dû forger sur place des pièces d'acier avec le feu, un peu plus loin [...] il a fallu monter et démonter et toutes ces tiges filetées ont été coupées après à dimension... parce que le fait de monter ces deux pièces métalliques et qu'il y a des branches qui ressortent ou une déchirure, donc on vise plus en bas, moins en haut, et on peut régler, on a cette possibilité d'ouvrir en bas et de rattraper une verticale... c'est pour cela que j'ai souhaité couper les tiges filetées après... finalement, il y a des choses qui ont été pensées bien avant, même si c'est l'intuition qui a réglée le pas, ça a été des choses réfléchies. Les tiges filetées étant plus longues, on pouvait faire danser les pièces métalliques sur les tiges filetées et de les recouper à la dimension... [...] A. Là, il y en a encore deux l'un à côté de l'autre, une séquence un peu avec des... un peu une analogie entre les deux. M. Voilà, justement, justement, avec une fente oblique et avec des vues obliques intéressantes donc ça c'était voulu mais découvert sur le champ, parce qu'à force de rentrer, de faire, d'être dedans, on attrape une musique intérieure, c'est-à-dire que l'on s'imprègne du lieu mais en même temps de ce que l'on veut faire passer comme petite histoire. Les manquants A. Alors, là, il n'y a pas eu de... Là il y avait un trou, il y a un absent? M. Oui, il y a beaucoup d'absents. A. C'est des absents de la tempête ou d'avant? M. D'avant, oui. Celui-ci, c'est de la tempête ("M" pointe un arbre). Celui-ci a été déraciné de la tempête, mais celui-ci non. L'acharnement M. Alors celui-ci ("M" s'arrête face à un tronc équipé de métal) alors, il nous en a fait voir aussi! Beaucoup! Je pense que c'est le moins réussi de tous ("M" tourne autour regarde de près le tronc, le métal) mais il est intéressant quand même. A. Qu'est ce qu'il vous a fait voir? M. Quand j'ai percé au sol le chablis, à un moment donné, le bastin qui calait le tout a roulé et donc je n'ai pas percé vraiment dans l'axe. Il a fallu rattraper en perçant plus d'une fois, ça a été l'objet d'un découragement complet! A. Et pourtant tu voulais absolument le monter. Pourquoi tu ne l'as pas abandonné à son sort? M. C'est de l'acharnement c'est-à-dire qu'une fois monté, une fois installé, bon, c'est une espèce de rébellion, du corps à corps, du corps à bois. A. Et tu te souviens de son numéro? Parce qu'il est assez trapu. Il est desquamé en bas, ça doit être les chiens?

33 32 M. Non, ça c'est les bestioles ou les enfants quand ils passent, ou les jeunes qui viennent faire des feux. Ils prennent des écorces parce que ça brûle bien. Le grand sans hausse (carrefour) Le fendu A. Alors là on a une séquence... M. Une séquence où je ne voulais qu'un grand qui marque le carrefour, comme je disais tout à l'heure. A. Le carrefour qui est là ("A" pointe avec la caméra le chemin qui va vers la clairière et zoome) M. Donc, il faudrait numéroter... je crois que c'est 49, le carrefour. A. (Filmant le haut du tronc) Donc la il n'y a pas de hausse, de chapeau... M. Non... et "Z" n'était pas du tout d'accord, c'est la première fois où je l'ai vu pas du tout d'accord, et il souhaitait qu'il n'y ait pas de chapeau parce que c'était dangereux pour les petits enfants! A. Tu voulais qu'il y ait un chapeau toi. M. Ouais. Et en même temps, le chapeau qui existait avait été recassé, recoupé.. donc c'est vrai que ça devenait un problème... et vraiment il est intéressant parce qu'il y a beaucoup de bleu et que c'est.. alors la avec "Z", on a fait un petit chemin pour aller dans la clairière, très... un chemin qui serpente. Je vois qu'il n'y en a plus beaucoup qui y passent parce que c'est pas... l'herbe à repoussé... Voilà. M. Celui-ci (devant un nouvel arbre), je l'aime bien parce qu'il est fendu, totalement fendu et je ne voulais pas le toucher. La ferrure serait venue recouvrir cette fente qui s'ouvre et qui est intéressante. Le maigre sans intérêt Alors, celui-ci (face au suivant), qui est maigre, aucun intérêt, il faisait pas très envie. L'œil impeccable A. Et celui ci est monté... M. Celui-ci était intéressant parce que, après une longue séquence, il était un peu tout seul et il redescendait, il faisait redescendre l'œil, on était très haut et on redescend maintenant. Il y a des rythmes de deux à deux maintenant qui s'organisent. A. Il vous a posé aucun problème celui là. M. Non, avec son œil, tout ça, c'était impeccable. A. Son œil? M. Il a un petit œil, ici. A. Ah oui ("A" zoome sur l'œil). Le nid - dentelle M. [...] donc il y a un précédent là parce que j'ai gardé un nid... parce qu'il était là et qu'il était bien fait... il est revenu l'année suivante et il a délaissé l'ouvrage [...] Ici, c'est le nid.

34 33 A. Le nid? M. Le nid. A. Ah ("A" zoom sur un nid, accroché au tronc, sec et seul) M. Le nid, n'est plus. A. C'est un nid que vous avez laissé. M. Oui, que nous avons laissé. Ca, c'est très beau! ("M" touche le bois à nu de "l'arbre à nid", il y a des traces faites par des insectes sous l'écorce, elle caresse du doigt puis lisse de la paume de la main) J'aime bien quand les bestioles font leur chemin dessous, autant le lierre laissent ses traces sur l'écorce... là ça fait comme des dentelles de... avec cette lumière rasante, c'est superbe! On dirait vraiment des pièce de bois ciselées à l'ancienne... on pourrait les astiquer à la cire (elle lustre de la main le bois)... étonnant, non? A frotter, on révèle les fentes... A. ("A" filme le bois, la fente) Les tiges coupées Plus dilué M. Alors là, aussi c'est un chapeau qui tient que sur cette partie de métal et à chaque fois il y a les tiges filetées qui ont été coupées à l'intérieur parce que je ne voulais pas que ça se traverse. M. Donc, je disais qu'il y avait des rythmes de deux par deux. Ca devient un peu plus dilué parce que comme le vent est venu d'ouest, avant les interventions sur les petits arbres étaient plus probantes, enfin sur les petits déchets, et qu'après comme il commençait à se calmer, en tout cas à être moins violent, qu'il y ait des plus grands mâts, plus tranquilles, et en même temps des petits arbres habillés avec le métal, mais par petites séquences comme cela de deux. Les deux forgés M. Alors, là, il y a une pièce forgée à l'intérieur, une grosse pièce métallique A. A l'intérieur, que l'on ne voit pas.. M.... que l'on ne voit pas parce que ces deux arbres sont pratiquement identiques, pratiquement à la même hauteur et avec un grand espace central que je voulais avec les mêmes morceaux de verre et avec les mêmes intervention très fibreuses comme cela, des bois chablis. A. Je vais vous prendre d'en face M. Donc, les deux ont des pièces forgées à l'intérieur... A. Je vous prends d'en face, tous les trois (rires). M. Donc des pièces forgées, qui ont été forgées et martelées sur place pour pouvoir tenir les chapeaux à l'intérieur... qui était explosés et éclatés mais comme ces deux arbres étaient, avaient cette même déchirure et cette même découpe que je pouvais complètement monter en symétrique, je me suis acharnée pour que les chapeaux, les chablis tiennent. Donc, les deux ont des pièces forgées à l'intérieur qui s'entrecroisent et le chapeau est glissé dessus... il est enfilé dessus par un système de coulisse à l'intérieur et qui ne se voit absolument pas de là... qui se voit du ciel... donc à mon avis c'est les deux qui seront les plus solides [...] Il faudrait presque prendre une échelle pour aller voir les éléments métalliques. C'est les éléments doubles, avec deux grands en regard. Donc, il y avait comme un espèce de quatuor. Je pense que l'on est toujours plus malin

35 34 quand on a terminé ou fini surtout dans des éléments comme cela très sensible où il faut participer et être sur le tremplin du fragile. C'est pas évident du tout. Le plus grand de tous M. Une échelle fruitière était appuyée d'un côté et une deuxième fruitière d'un autre côté pour faire le contrepoids, en V comme cela (V inversé avec ses mains), pour essayer d'haubaner ce fût qui pouvait paraître fragile. En fait, ce n'était absolument pas fragile. C'était costaud. Une séquence vide M. Alors là, il y a toute une séquence très vide que je souhaitais faire pour essayer de titiller le promeneur qui vient depuis là-bas, qui se dit mais quand est-ce qu'il y aura la prochaine ferrure, ou est-ce qu'il y aura quelque chose, c'est fini ou pas [...] là, il y a encore un boulon qui brille au loin [...] eh puis, il y avait ces arbres vivants, je voulais garder un petit périmètre qui soit comme avant, avant que je vienne y mettre de l'acier. Le fendu qui vit avec le temps Celui-ci est très intéressant, je trouve parce qu'il vit avec le temps (M face à un arbre fendu). Quand c'est sec il bouge, et quand c'est humide il gonfle. Donc on sent que l'eau coule dans son cœur et il y des instants où il est carrément ouvert parce que très sec. A. Il y a une araignée qui s'y est mise (A filme l'araignée, M cueille des fraises des bois) M. Grâce à ça (l'onde) le soleil arrive... et les fraises mûrissent [...] L'encore vert Le tableau noir Le mort A. (A propos d'un tronc noir) On dirait qu'il a brûlé. Qu'est-ce-qu'il lui est arrivé? M. Il noircit, c'est normal. C'est à l'ombre, c'est la moisissure et l'humidité (applique sa main sur le tronc). A. (filme un cœur gravé sur l'arbre) C'est comme un tableau noir. M. Voilà, c'est comme un tableau noir d'ailleurs il y a une inscription dessus. [...] Et là il y a carrément une perle qui brillait au soleil, je ne sais pas si c'est, ce que c'est, c'est de la résine qui brille. Ca brille beaucoup. Et ça c'est des vraies perles qui brillent encore et qui s'illuminent avec le soleil. On va peut-être avoir un jour de l'ambre. A. (essaye de filmer la perle de résine qui scintille au soleil) M. Je ne sais pas si elle s'allume. Ah la voilà, ah. Étonnant hein? (une moto cross passe dans l'onde) M. Mais je vois que plus loin ils n'ont pas supporter l'hiver, parce que les branches ont roussi. A. Donc là il ont été élagués sur la base... M. Élagué sur la base et puis gardé ce qui était vert. Et là ce qui est mort... je ne sais pas ce qu'il faudra faire, peut-être poser une bonne question là, est-ce qu'on nettoie ce qui est mort ou est-ce que ça va tomber tout

36 35 seul? Et l'autre là bas qui avait gardé aussi une partie verdoyante a fini par se dessécher... donc un arbre étêté... étonnant parce que... ah ben voilà le fameux pic noir! [...] Le groupe M. Alors celui-ci apparemment... c'est ce printemps qu'il s'est flétri. C'est cet hiver qu'il n'a pas supporté. M. Ici, il y en a trois ou quatre qui recommencent une petite série. A. Trois à gauche et un à droite. Un groupe. M. Voilà, un groupe. Celui là n'est pas remonté. M. Celui-ci est remonté en partie. A. Mais il n'y a qu'une partie du chablis qui est remontée? M. C'est-à-dire comme il est fendu, je n'ai pu remonter qu'une moitié. Parce que ça voulait dire que je mette la pièce d'acier qui au départ était voulue plus haute. D'ailleurs, dessous, il y a des percements pour les pièces d'acier beaucoup plus haut, mais la pièce d'acier arrivait dans le vide et je trouvais que ça devenait une autre lecture et une autre histoire. Donc, je voulais garder le même registre. Et en même temps, il y a celui-ci où une pièce d'acier est plus basse parce que c'est un arbre qui a été comme cela fendu et qui participais aux trois, je trouve que c'était intéressant finalement de composer avec le bois pas très haut et la pièce d'acier plus haute, donc... M. Voilà, voilà toujours cette fente entre deux. Là aussi, on est complètement immergé dans la fente. ('M" regarde dans la fente) C'est amusant, quelqu'un a déposé un bout de verre, c'est presque une boite à mémoire évidente... Là, tu la vois mieux de ce coté parce qu'il y a le soleil rasant... Et là j'aime bien toute cette partie là, on voit encore le métal dressé. J'aime bien cette séquence là. Finalement, c'est des petites lectures qui peuvent être adaptées à chaque œil, à chacun, qui peut trouver son compte ou finalement sa désapprobation, il y en a qui comprennent pas, il y en a qui disent on aurait aimé voir des clowns ou des personnages dépasser mais qui finalement quand ils en repartent sont ravis parce que finalement c'est pratiquement le respect du vent, tel quel. Aucun essai A. Alors là, il n'y a eu aucun essai. M. Aucun essai et directement au bout le bouquet final, le bouquet final qui participe aux trois dernières pièces qui sont très sollicitées et puis un peu saccagées systématiquement malheureusement parce que proches des allées et venues, au point le plus haut, parce que là on remonte et on est pratiquement au niveau du talus près des patios... ("M" discute avec un enfant, un des élèves de ses ateliers)... La tige coupée (Bouquet final 1) M. Donc, celui-ci, je voulais garder un boulon vide, enfin je ne voulais pas que la tige filetée traverse et aille jusqu'à l'autre partie, je souhaitais que certains éclairages il y ait du bleu qui passe au travers du niveau du métal, c'était une démarche un peu finale... Le vrillé (Bouquet final 2) M. (devant une arbre vrillé) Dans quel sens le vent a vraiment attaqué? Plusieurs endroits? Tout droit? En rafale? (M prend de la résine et la goûte) A. Tu goûtes?

37 36 M. Parce que j'en mange. Tout l'hiver j'en ai mangé. J'en mange tout le temps. Et celui-ci, qu'est ce qu'il moussonne. Même là haut. En fait, à chaque coupe il pleure. Et c'est ce qu'ils faisaient quand on était encore... ils étaient encore plein de jus. A. (filme le tronc en s'arrêtant sur tous les filets de résine) Ah oui, il est encore frais lui. [...] M. Alors celui-ci a été démonté et le verre bleu déposé et installé ailleurs. Ca fait quatre fois que je le remets. Donc, le verre bleu n'est pas... A. Ce n'est pas toi qui l'a démonté... B. M. Non, non, ce n'est pas moi qui l'ai démonté et chaque fois je retrouve le verre bleu ailleurs. Parce que celui-ci était en perpendiculaire par rapport à l'arbre. ("M" discute avec l'élève et sa mère qui s'était assise dans l'herbe en bout d'onde et considérait l'alignement )... [...] M. (s'arrête sur une trace de pneu, et se demande si cela date du chantier)... oui, la séquence de l'été 2000 où les jeunes étaient ravis d'aller à fond les ballons dans l'onde avec la grosse remorque. Cela occasionnait des ornières formidables. C'était des ornières mais ffff! On tombait dans un trou. Donc on souhaitait pas que tout soit gratté avec un scarificateur pour aplanir. Donc, avec la pioche on a entrepris d'aplanir à l'automne. Parce que c'était juillet, je suis partie quinze jours en août donc on a commencé à aplanir ces ornières pour que ça soit tendu et que l'on ait pas de souci avec l'échelle. Parce que là commençait le vrai travail de sculpture. A. A l'automne? M. Oui, à l'automne. (chemine à nouveau vers les patios) enfin fin août début septembre [...] on cassait avec une pelle les arrêtes des ornières et on étalait pour remplir le creux. A. Et là c'est le moment ou vous avez commencé à monter... M. Les fruitières pour pouvoir commencer vraiment le travail. Les abeilles (Bouquet final 3) Donc, le numéro 63 a toujours eu ses abeilles. Il coule toujours de la sève, je ne comprends pas d'où elle vient cette sève. L'arbre est sec depuis deux ans, trois ans. Mais là, avec une vue oblique, on voit quand même l'acier en rythme. L'herbe rase... Ca c'est le reste de nos arbres (elle montre des boudins de fagots sur le côté), les fagots [...] Donc, voilà, la colonne vertébrale de l'histoire... les arbres à 'prouvette' et puis les chambres d'écoute je ne sais pas si un jour ils vont pousser. A. C'est peut-être bien comme cela, non... M. Oui, je pense. [...]

38 37 Assemblage : Vent, sculpteure, chercheur/paysagiste La somme de ces portraits ne saurait constituer l'onde qui, bien sûr, les subsume. Ils n'en permettent pas moins de saisir le rôle du site dans l'installation de l'onde. Les menus évènements qui jalonnent ces portraits montrent comment le site, la matière oriente "M" dans ses choix. Les ratés du montage sont nombreux, qu'il s'agisse de ceux des numéros "un", "deux", "trois" trop vermoulus pour supporter des attelles, de l'inclinaison dissuasive de l'"intimidant", du raté du "Très lourd" impossible à mettre en place, du "Petit" caché par les attelles, de la "Galère" dont le chapeau ne tient pas et qui sera remplacé par un autre, de "l'ensorcelé" auquel "M" et "Z" renoncent, du "coupé à l'envers" dont on voit la coupe... jusqu'à "l'acharnement" qui marque comme une mi-temps, une sorte de tournant dans le déroulement du chantier et de ces choses "voulues mais découvertes sur le champ", comme le dit "M": "[...] parce qu'à force de rentrer, de faire, d'être dedans, on attrape une musique intérieure, c'est-à-dire que l'on s'imprègne du lieu mais aussi de ce que l'on veut faire passer comme petite histoire". Ces ratés conduisent en effet "M" à modifier ses vues sur l'onde. L'impossibilité de débuter l'onde avec des attelles est finalement jugée heureuse car elle offre un recul au visiteur avant de découvrir le présence de l'artiste. L'inclinaison des troncs, celle de l'intimidant notamment, mais aussi les difficultés à obtenir la verticalité des chapeaux au moment du montage conduisent "M" à composer avec les obliques de la nature ou la structure des déchirures occasionnées par le vent. Ainsi, le statut même de l'appareillage de métal est progressivement reconsidéré. "M" se refusait au départ à laisser apparaître les tiges filetés (i.e. "La tige trop visible"). Elle souhaitait, dans un idéal de pureté formelle, jouer d'apesanteur : "Je voulais vraiment que les pièces d'acier tiennent comme en suspens et que ce soit un accompagnement très très proche, très intime du fût. Tout le système technique de suspension avec la tige filetée était pour moi parasite. " Arrivée au tiers de l'onde, les difficultés de perçage aidant, la tige filetée de "La vue du ciel" sera coupée en son milieu, devenant apparente dans la fente du bois. Décrite comme une anomalie du montage sur cet arbre, le même effet est présenté plus loin ("La tige coupée", premier sujet du bouquet final) comme "une démarche un peu finale" visant à laisser le bleu traverser et éclairer le jour du bois. Si cette évolution est notable, c'est que la structure métal devait jouer pour "M" le rôle d'un quasicadre dans l'installation : toutes les pièces de métal sont identiques ; elles sont toutes positionnées Nord-Sud ; elles devaient toutes épouser le fût et ne pas laisser voir les tiges qui les portaient ; elles cadrent la vue sur la déchirure du vent. Ainsi, devaient-elles être l'invariant qui cadre les variations du travail du vent, qui "tient" l'œuvre au milieu du bois en distinguant l'onde des alignements d'à côté. La montée en échelle, le corps à corps avec le site a donc forcé une modification, un assouplissement du cadre de l'œuvre, pour l'installer dans le site. Cette modification est d'autant plus intéressante que les sculptures récentes de "M" sont faites d'entrelacement de matières recyclées (bout de métal, de bois, de chenaux, pierre, etc) accrochés, souvent comme en apesanteur, dans un cadre métallique exposé sur un haut pupitre du même métal. Il y a dans ces sculptures une sorte de mise en objet des matières par le cadre et le trépied. La présence forte et la rigueur formelle des deux derniers borde et clôt la circulation de matière du motif intérieur. La continuité de matière du cadre de l'œuvre au pupitre, objet de quasi mobilier, met en objet le premier.

39 38 La maquette de l'onde répondait aux mêmes principes de fabrication : c'était un objet-monde, transportable, que l'on pouvait emballer, déballer, dissocier pour l'installer sur les pupitres des sculptures juste mentionnées. (Cf. Annexe Onde, figure 3) Ce que "M" désigne par "soustraction" lors de l'installation in situ correspond en partie à une réduction progressive du cadre de l'intervention par l'assouplissement des conditions qui le définissaient a priori. Au final, le cadre ne se confondra plus avec la matière qu'il enserre, en apesanteur, comme immanent. Il participera du jeu de force et de pesanteur. Il sera explicitement tenu par ce qu'il tient. La matière enserrée tiendra, tout autant que le cadre, l'installation. L'artiste aura délégué à la matière, au site. Elle aura installé l'onde in situ. (Cf. Annexe, Des portraits, un portrait La tige filetée (Le fléau 1)) "L'acharnement" semble marquer, de façon anecdotique en apparence ("M" s'acharne jusqu'à vaincre la matière), mais surtout spatialement ("M" est à mi-parcours) et matériellement ("M" en est à la huitième attelle sur vingt) un tournant. La première moitié est jalonnée de nombreux échecs au montage, dus à l'écart entre le montage formel recherché et les possibilités de la matière. La seconde moitié du chantier n'occasionne pas autant de tentatives infructueuses. Elle semble plus préoccupée des rythmes dans la longueur du site et de la frappe du vent plutôt que de l'affrontement à la matière. "M" dit elle même sur la fin : "[...] après ça s'est beaucoup plus raisonné dans l'intervention. Dans la mesure où on était pratiquement à la moitié, il y avait le recul par rapport à ce qui existait et à une démarche qui pouvait être beaucoup plus claire pour moi. C'est en faisant que les choses sont devenus plus évidentes. Et puis j'étais dedans, c'est à dire que ça n'était plus un déblayage, c'était plus un montage mais c'était carrément une intervention plus poussée dans ma création, il y avait vraiment un cheminement voulu. Plus j'avançais, plus je me disais que j'allais être frustrée parce que ça allait être terminé, que j'avais plus vraiment des pièces d'acier, que j'en aurais bien mis plus. Et puis chaque fois que je retournais à l'atelier le soir, je me disais : "heureusement que je n'en ai pas plus parce qu'au moins j'étais en soustraction par rapport à l'évènement qui a frappé là" [...] " Cette démarche qui s'affirme est aussi marquée par une attention de plus en plus positive portée aux arbres non-équipés d'attelles et au travail même de la matière et du vent (Le fendu ; le niddentelle ; plus dilué ; une séquence vide ; le fendu qui vit avec le temps ; l' encore vert). In fine, l'attention et les cadrages organisent une mise en scène de la nature soudain devenue proche. Ce sont autant de traversées d'échelles qui vont de l'ondulation sinusoïdale des troncs dans la perspective de l'onde, à leur verticalité qui scénographie les humains se prélassant à ses pieds, à l'araignée installée dans une attelle, à la plantule qui se détache sur un tronc élagué, aux trous du pic noir orientés ouest (on ne sait pourquoi), aux perles de résines et aux boulons cadmiés qui scintillent au couchant ou aux insectes dont les galeries sont portées au grand jour par la desquamation des troncs... La nature est d'autant plus éloquente que le cadrage est bien conçu. Plus il "se tient", plus la nature et le vent parlent d'eux mêmes. Mieux ils parlent, plus l'installation est réussie et plus l'artiste est reconnue. L'artiste fait le vent, qui fait l'artiste. La reconstitution du chantier donne corps à l'installation et met l'accent sur le autant du "fairefaire" du site à l'endroit de "M". "M" n'a pas reproduit une pratique sculpturale à plus grande échelle. Il n'y a rien de mathématique dans cette montée en échelle. Au contraire, la confrontation au site, à la matière, a infléchi les intentions de "M". Elle l'a conduit à redéfinir l'onde. Celle-ci résulte tout autant du "faire-faire" du site que de l'idée a priori que pouvait en avoir "M". Le vent, le site ont donc constitué "M" comme sculpteur in situ tout autant que "M" a fait parler le vent au travers de l'onde. Et le chercheur? La reconstitution de l'installation de l'onde, réalisé au moyen d'enregistrement audio et de vidéo numérique, a été un moment fondateur du point de vue du chercheur. L'enjeu de cette

40 39 reconstitution était de tenter une sortie du discours qui rationalise a posteriori le travail effectué pour raviver le travail en train de se faire, saisir ainsi le "faire-faire" du site et la façon dont il a orienté l'artiste, collaboré avec elle. L'artiste était équipée d'un appareil d'enregistrement audio. J'avais une caméra vidéo à la main. La reconstitution s'est faite sur le terrain en partant du point d'observation des dégâts de l'ouragan au lendemain de la tempête. Elle a progressé, au gré de nos pas et centres d'intérêt, vers l'onde qui a été parcourue deux fois : une première fois pour détailler le travail de déblaiement des chablis et d'élagage des troncs sur pieds ; une seconde fois pour détailler le travail de montage des attelles. La reconstitution totale a duré quatre heures, scandée de problèmes techniques divers, audio ou vidéo, d'où l'idée d'équiper l'artiste d'un dispositif audio de secours. L'abandon du "discours sur le travail" au profit de l'évocation du "faire" de l'installation s'est opérée au bout de deux heures et demi (environ). Elle a correspondu à l'entrée de l'artiste dans le champ de la caméra vidéo, au côté des troncs, et au déploiement d'une action remémorative du travail : approche des arbres, reconnaissance, nomination, apposition des mains ou tapotement du troncs, adresse verbale, évocation du faire... Cette entrée en scène de l'artiste, littéralement appelée par l'onde et munie d'une part du dispositif d'enregistrement, a correspondu à l'émergence du matériel de recherche sur la contribution du site à l'installation. L'entrée me renvoyait de l'autre côté de l'œil de la caméra, en chercheur, en même temps qu'elle me fournissait le matériel recherché. La reconstitution s'est faite sur le mode d'une traversée de l'onde dans laquelle je constituais cependant un public actif : nous partagions le dispositif d'enregistrement et nous partagions le travail de remémoration. Je relançais par des questions, j'aidais à la formulation des choses sans m'inquiéter du possible biais verbal, de langage ou d'idée ainsi introduit, je relançais l'exploration pour aller dans les plis de la matière support de remémoration. L'actualisation du "faire", incontestable par ses actes (e.g. nous avons amené le tronc, nous l'avons monté puis percé, puis redescendu pour percer les autres trou mais il a tourné quand je perçais et donc ensuite il a été impossible à monter etc) constituait une évidence qui permettait de s'affranchir de la problématique du langage, de celle de la correspondance (magique, saltatoire) du mot à la chose. Le premier entretien avait été, au contraire, réalisé à la table, sur un mode non directif, avec préparation d'un guide d'entretien inquiet de ne pas injecter de biais de langage. L'analyse en avait été conduite en accord avec cette démarche. Nous avons vu que l'histoire qui s'en dégageait, celle de l'envol, pour être moins abstraite que la fable du premier regard, ne permettait pas pour autant de s'en affranchir : elle absentait toujours le site. Le relais du site, la présence de l'onde qui a appelé l'artiste dans le champ de la caméra a donc permis l'émergence d'une méthode d'entretien approprié à l'objet et au dispositif singulier de cette recherche : une recherche dans laquelle je suis engagé en tant que chercheur et acteur, une recherche qui s'intéresse à la médiation du site dans le développement d'une installation artistique et d'un projet de paysage. La reconstitution ne constitue donc pas seulement le Vent (au travers de l'onde) et la sculpteure (désormais auteur de l'onde), elle me constitue aussi en tant qu'observateur-acteur. L'analyse pour se boucle donc en assemblant ce qui l'a été, à savoir le trio : Vent / Sculpteur / Chercheurpaysagiste. Je peux maintenant tenter de déplacer le travail d'analyse et la méthode élaborée à partir de l'onde vers le paysage. L'opération est plus délicate puisqu'il s'agit d'un projet que je conduis, mais le principe reste le même. Il s'agit, en le rendant présent, de faire jouer au site son rôle de triangulation et d'ajustement de la position de l'observateur. Autrement dit, il faut pister le faire et le "faire-faire" du site dans l'élaboration du projet de paysage afin d'assembler le trio - Site / Paysagiste / Chercheur-paysagiste.- en sachant que cet assemblage est en cours, à l'état "Projet" / Paysagiste / Chercheur-paysagiste - et qu'il ne sera parachevé qu'une fois le projet réalisé, c'est-àdire devenu site.

41 40 3. Le paysage : la descente en échelle La montée en échelle du travail de "M" à l'occasion de la tempête a constitué un véritable fil d'ariane. Il m'a permis de dérouler le "faire" de "M" au cours du chantier et surtout le "faire - faire" du site à l'endroit de "M". Nous avons ainsi été transportés d'une histoire de regard, fulgurant et "artialisant", au lendemain de la tempête, à une histoire de collaboration entre "M" et le site. La première phase du travail avait ordonnancé les archives du paysagiste et divisé le processus de projet en quatre phases. On passait ainsi d'une lecture sensible d'ensemble du site (études préliminaires et esquisse) à la réalisation de l'avant Projet, qui "descend" en détail, en passant par une phase d'analyse et par la signature du marché entre le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre. Le projet de paysage se présente donc a priori comme une opération inverse de celle de l'onde : au lieu de monter en échelle, il descend en échelle. Il partage néanmoins, en apparence, le passage d'un "premier regard" - la lecture sensible de l'esquisse, commune aux deux projets - à une plongée dans le site. A y regarder de près, des entités qui participent au site se constituent comme interlocuteurs au fur et à mesure du travail. Elles se manifestent par la récurrence de certaines questions et enjeux. Nous en avions dénombré au moins quatre qui avaient largement occupé l'énergie déployée sur le projet : le semis naturel ; le sol ; le bois (la lignine) et l'onde. A l'instar de ce qui a été réalisé à propos de l'onde, les histoires respectives de ces entités du site, leurs recompositions successives au cours du travail projet permettent de donner corps à la notion un peu abstraite de descente en échelle. On saisit alors en quoi ces recompositions sont guidées par le site, ses matières, son "faire-faire" à l'endroit du paysagiste. L'Onde occupe d'ailleurs une place privilégiée à cet égard : elle condense la tempête et contamine, via des images de références, l'élaboration de l'avant Projet. Elle favorise l'émergence d'un principe de cohérence ouvert à ce stade. Ainsi raconté, le projet de paysage exhibe une logique de progression beaucoup moins univoque et abstraite que ne le suggère la seule notion de descente en échelle. Il s'agit d'une succession d'allers - retours au site pour ancrer toujours plus profond le projet en son sein. Le petit modifie (quelquefois radicalement) le grand dans cette progression, contredisant la schéma hiérarchique implicite dans la notion de descente en échelle. Cette progression est marquée par la nécessité d'emporter le site, sous une forme ou une autre, pour travailler à distance, à la table. Ceci est différent de ce qui s'est passé dans le projet artistique. La progression de l'onde a procédé par confrontation physique à la matière. L'influence du petit sur le grand, qui ressort clairement dans l'analyse, est restée prise dans le tâtonnement propre cette confrontation. Il faut le faire revivre sur le terrain pour saisir la logique fondamentalement hétérarchique de cette progression. Au contraire, dans le projet de paysage, les formalisations successives du site, liées au travail à distance, offrent une lecture assez directe de cette même logique à partir des documents d'archives.

42 41 Lecture sensible (Décembre 1999 à Mars 2001) Cette phase est commune aux deux projets, avant séparation au moment de la réunion d'esquisse (Cf..2, Un certain regard). Elle construit une figure d'ouverture qui se saisit du site et le projette dans un devenir sur un mode essentiellement sensible et intuitif : glissements de sens, métaphores, ellipses, visuelles ou langagières sont récurrentes. Elle propose une vue sensible, actuelle et en devenir : totalisante. Elle porte en elle une inconnue qui ouvre le champ de l'action : l'écart entre le site perçu et le site projeté. Les plaquettes "bleue" et "verte" reprennent ainsi plusieurs thématiques rencontrées dans le premier entretien avec l'artiste, nourries d'une évocation, plutôt sensible qu'analytique, de l'écologie du site. Les entités végétales, le vent, le site y sont érigés au rang de sujets, s'expriment, habitent, vivent : la nature est "en émeute", le lieu "en souffrance", "hors-des-usages", "sans identité", "voulu fermé", il a des "charmes singuliers"... "rares dans un milieu urbain souvent surinvesti", il est le lieu de "visites... sporadiques... de vagabondages... ", c'est un lieu qui "hésite", qui est "en quête d'identité", on parle de la vie du sous-bois, du vent "vagabond légitime" que l'on érige en figure de réconciliation, "Et s'il fallait rendre au vent vagabond ce qu'il nous a suggéré?" ou encore en témoin de l'impossibilité de clore ce lieu, de s'en débarrasser. On traverse à la fois le site actuel et sa projection, le tout dans une fiction de réconciliation rendue présente. La plaquette "bleue" (préliminaire) est un parcours photographique, en couleur puis en noir et blanc, au travers des fibres des arbres déchirés par la tempête. Elle propose en un plan réduit et quelques phrases un projet de mise en scène du passage du vent et de réparation/consolidation du "lieu fragilisé" au moyen de sculptures et d'une réflexion paysagère. La plaquette "verte" (esquisse) développe le projet proposé et le chiffre par grands postes. Le projet du Bois des Ventis est axé sur le vent et sur le site, son enveloppe et son intériorité. Les titres sont assez éloquents quant à la démarche : "Le bois des Ventis / Un lieu ouvert et en intériorité / Ouverture : un travail sur les limites / Intériorité : des sculpture / Vers un couvert boisé mixte / Le champ d expérience (lieu d'activités pédagogiques sous le vent) / Estimation du coût des travaux". Le texte qui emprunte largement au registre poétique est accompagné de trois type de visuels : des montages de vue du projet réalisées à partir de photographies retouchées au dessin manuel à la main ; des vues actuelles du site (cartouches photographiques), des vues de détail de végétaux présents sur le site (cartouches photographiques) ; des dessins stylisés de ces mêmes végétaux ; une esquisse technique de principe d'escalier d'accès. La plaquette se termine par le budget et par un plan masse au 1/1000 (photocopie couleur de dessin manuel) qui se déplie en affichant les principes résumés du projet : "ouverture", "intériorité", "Vers un couvert boisé mixte". Si cette rhétorique et les visuels qui l'accompagnent véhiculent une certaine quantité d'information sur le site (e.g. des essences végétales sont listées, des photos du site viennent en appui à l'argumentation, on voit des matelas éclatés, des chariots de supermarché, les chablis numérotés en bleus et stockés pour l'onde, les bandes de chantiers qui enserrent les arbres de l'onde, des jeunes chênes, on apprend que seuls un tiers des arbres initialement plantés sont encore vivants, on y interprète les mouvements de la topographie comme des témoins de l'histoire récente... ), ils sont surtout destinés à capturer l'imaginaire du maître d'ouvrage afin de le convertir à l'idée que le site dispose d'un potentiel de reconversion.

43 Le projet Sapinière : périodes Décembre 1999: Lothar Lothar (26 Décembre 1999) Lecture sensible Plaquette "Bleue" (Mars 2000) "La Sapinière : Projet de paysage avec sculpture" 4 lieux sculptés / 5000 m2 "la nature en émeute" Plaquette "Verte" (esquisse) (Janvier 2001) "Le Bois des Ventis: Projet de paysage avec sculpture" 13ha "Un lieu en quête d'identité" Janvier 2001 Sculpture (Automne 2000) : Comptage de densité : 30% d'arbres vivants Paysage 2. Inventaire Réduction à l'onde (parasites, vols de chablis, budget) (Mai 2001) Convention (Mai 2001) Inventaire végétal Stations forestières` Relevés topographiques Analyse historique Les semis naturels Le sol Le bois L'Onde Achèvement de l'onde (décembre 2001) Décembre 2001 Déblaiement de l'onde (mars 2002) Plaquette Grise "L'Onde" (printemps 2002) Mai 2002 Usages de l'onde "l'allée" (printemps été 2002) (Automne 2001) Plaquette kraft : "Antichambre de Natures" Appel d'offre (Décembre) Note méthodologique (décembre 2002) 3. Cadrage réglementaire Notification du marché "Sapinière" Chiffrage, dessins 4. Au plus près du techniques... site comptages, rekevés sur site Juin 2003 Avant Projet Sommaire Plaquette APS (Juillet 2002) "Au plus près du site : l'opportunité des matières "

44 43 S'il faut rendre compte du site actuel au maître d'ouvrage afin qu'il le reconnaissent, le maître d'œuvre ne doit pas simplement décrire. La présentation doit porter le germe du projet : c'est une re-présentation. Il s'agit en clair de "naturaliser" le projet en le rendant immanent au site. Passer ainsi par le site permet de naturaliser l'alliance entre le maître d'œuvre, le maître d'ouvrage, le site (perçu et projeté). Ainsi, cette lecture sensible est à la fois stratégique et séminale. Elle s'allie le maître d'ouvrage et constitue le site comme champ de projet. Elle en propose une vue totalisante au sens où elle est à la fois actuelle et en devenir. Cette figure d'ouverture du processus de projet porte en elle une inconnue qui appartient au site et ouvre le champ de l'action : l'écart entre le site perçu et le site projeté. Dans le cas du projet Sapinière, c'est aussi une phase décisive en ce qu'elle calibre le projet : montant de travaux, périmètre géographique et programmation (phasage de principe). Elle est donc mi-intuitive / mi-raisonnée, audacieuse. Elle tient du pari. Inventaire (Mars à Décembre 2001) L'inventaire est une enquête sur le site et à partir du site. Elle est motivée et orientée par la figure d'ouverture qu'elle cherche à faire progresser, à construire et à préciser. Elle procède par analyse, mesures, quantifications telles que l'inventaire végétal, le relevé topographique, l'analyse forestière par stations, l'analyse historique du site et du territoire. Le travail repose sur des mesure in situ, la consultation d'archives, des entretiens. L'objectif est de faire parler le site, de mesurer son aptitude à coopérer à la figure d'ouverture, c'est-à-dire à se projeter sur la figure du projet, et d'ajuster l'un et l'autre afin de faire de la figure d'ouverture un possible. En somme, l'inventaire projette, au sens quasi-géométrique du terme (c'est-à-dire selon différentes directions), le site projeté sur le site actuel afin de mesurer la réponse de ce dernier. Les réponses obtenues remodèlent le projet et le site. L'inventaire porte ce nom car il convoque et "recense à distance" les existants engagés sur le projet. Il s'agit du carrier qui exploita la carrière de meulière à l'emplacement de la Sapinière dans les années 60, de la prison qui a vendu la parcelle à Grigny, de l'o.n.f qui donnait vingt ans de vie aux résineux en 1995, des semis naturel auquel on pourrait peut-être déléguer le renouvellement de ce couvert, du "plan d'aménagement de l'ile de France" et de la pensée fonctionnelle qui décida d'implanter une prison et 3500 logements dans ce lieu et de cacher la première au second par un rideau de résineux, de ces mêmes résineux plantés il y a 30 ans, de la rouille vésiculeuse de l'écorce qui attaqua les pins Weymouth plantés à l'emplacement des actuelles travées vides, de la tempête de 1999 qui est venue bouleverser l'écologie du site, etc. Cependant, l'inventaire n'inventorie pas tous azimuts. Motivé et orienté par l'action de projeter, il a pour point de révolution le site. Cet aller-retour du site à lui-même diffracte l'enquête, comme on peut diffracter un rayon de lumière. A mesure de la progression de cette dernière, des entités qui participent au site se constituent comme interlocuteurs à l'enquête. On peut les pister dans le chronogramme à la récurrence de certaines questions et enjeux. Nous en avons dénombré au moins quatre qui ont largement occupé l'énergie déployée sur le projet et se sont constituées comme sujets d'enquête au cours de la phase d'inventaire : le semis naturel; le sol; le bois (lignine) et l'onde. Cette étape du processus de projet est en quelque sorte dilatée dans le cas qui nous intéresse. La raison en est que je suivais en 2000 /2001 une formation dans le domaine du paysage que j'ai articulée au projet Sapinière. Ainsi, la phase d'aps s'est ouverte en juin 2001 sur une "actualisation" de l'esquisse réalisée à l'automne 2000, avant de reprendre l'avancement du projet. Cette nouvelle esquisse témoigne du chemin parcouru au cours de cette seconde période.

45 44 Cadrage réglementaire (Janvier à Mai 2002) Il survient habituellement plus tôt dans le processus de projet. Il est déterminant car il a plusieurs fonctions. C'est un engagement contractuel entre le maître d'ouvrage (le commanditaire, la commune dans ce cas) et le maître d'œuvre (l'architecte paysagiste). Il permet donc au deux parties de s'articuler à un cadre légal et de conventions (e.g. l'ancienne loi MOP, le code des marchés publics), de s'accorder et d'anticiper le déroulement des opérations. Il en va ainsi, par exemple, des procédures de négociation des montants d'honoraires proposée par la loi M.O.P ; du phasage du processus de projet et des attendus de chaque phase proposés par cette même loi. Notamment, une descente en échelle accompagnée d'un attendu en terme de prestations est suggérée par cette loi au fur et à mesure des phases : Avant-Projet Sommaire, Avant-Projet Détaillé, Projet, Dossier de Consultation des Entreprises (D.C.E), assistance au maître d'ouvrage dans le choix des entreprises de travaux, travaux. En tant qu'engagement "crédible", le cadrage réglementaire confère à l'apprentissage et à l'action des parties certaines contraintes mais aussi des degrés de liberté. Ainsi, le maître d'œuvre qui possède un acte d'engagement signé peut tenter de négocier une autorisation de découvert / une avance bancaire pour financer des aides, experts ou consultants extérieurs. L'acte d'engagement lui confère aussi une crédibilité vis à vis de ces co- ou sous-traitants et la possibilité de les intéresser puisqu'un chantier est en devenir sur lequel ils pourront candidater (l'aide gracieuse au chiffrage les familiarise avec le site et le projet)... Enfin, l'acte d'engagement alloue les responsabilités (code des marchés publics) et socialise les risques attenants au projet (obligations d'assurances). Cette description de l'impact du cadre réglementaire sur le déroulement du processus de projet est loin d'être exhaustive. Elle est aussi loin de rendre compte de la réalité. Les écarts aux engagements sont fréquents et le recours par la partie ayant subi d'éventuels torts toujours long, coûteux, difficile et lourd de conséquences. Le cadrage réglementaire n'en marque pas moins un tournant décisif dans le déroulement du projet. Il fixe le taux de rémunération, en proportion du montant des travaux. Dans le cas du projet qui nous intéresse, l'appel d'offre correspondait à une procédure simplifiée spécifique. La sélection s'opérait en trois étapes : première sélection sur curriculum vitæ ; classement sur note d'intention accompagnée d'une proposition d'honoraires ; négociation de l'offre en commençant par l'équipe classée première et en avançant selon l'ordre de classement décroissant dans le cas où aucun accord n'était trouvé. La négociation du taux d'honoraires s'est déroulée en référence aux grilles suggérées par la loi M.O.P. La note méthodologique proposée par l'équipe gagnante tenait compte de ces grilles et argumentait l'offre selon leur logique. Il pose une programmation qui règle, en théorie, l'avancement de projet. Ainsi, l'acte d'engagement prévoyait l'entrée en phase d'a.p.s dès notification du marché en préfecture, à savoir au 22 mai A cette date, l'onde a été dégagée par les services techniques municipaux de ses chablis restants et encombrants. Elle est désormais partie intégrante du site de la Sapinière et constitue un point d'attraction au cours de l'été 2002.

46 45 Au plus près du site (Mai 2002 à Juin 2003) Cette période correspond à la phase d'avant Projet Sommaire (APS), stade actuel du projet Sapinière. L'enquête initiée au cours de la période d'inventaire se poursuit, mais elle est limitée dans le temps et fortement finalisée. L'acte d'engagement dédie trois semaines à la phase d'aps. Un rapport doit être remis à l'issue de cette dernière. Le travail débute sur une définition des engagements de prestation par le maître d'œuvre. Le contenu proposé est conventionnel : une note de synthèse, une descente en échelle avec carnets de détails et plan masse (au 1/500, le plan d'esquisse à l'automne 2000 était au 1/1000 ), un chiffrage du projet. Cette phase de travail reprend la lecture sensible du site établie au moment de l'esquisse et elle la prolonge en plongeant plus avant dans le site. L'enquête sur les entités constituées au cours de l'inventaire - semis naturel, sol, bois(lignine), Onde - est finalisée dans l'optique de stabiliser une nouvelle mise en forme du projet. Le paysagiste est engagé dans une activité intense : visites sur le terrain, mesures et comptages, dessin sensible, dessin technique, chiffrages. En un mois (mi-juin à fin Juillet 2002), cette activité convoque de multiples acteurs sur le projet : experts ONF, experts en traitement de bois, techniciens du bois, entreprises de Voirie Réseaux Divers (VRD), entreprises de serrurerie, pépiniériste. Le paysagiste établit des dossiers à l'attention de ces acteurs, afin de les introduire au projet, de les y intéresser et d'obtenir leur collaboration. La descente en échelle du projet se fait à partir d'esquisses techniques et d'échanges avec ces acteurs. L'activité de chiffrage est à la fois un cadre et une force de mise en cohérence puisque la facture du projet doit rester dans un ordre de grandeur compatible avec le montant total prévu des travaux. Des choix s'opèrent. Cette descente en échelle propose des mises en forme de la matière qui sont en continuité plus ou moins forte avec la lecture sensible d'ouverture du projet. L'esquisse reste la base du travail. L'enquête la met à l'épreuve du site, la précise, l'amende si nécessaire. L'avancée du travail s'opère sous un jeu de contraintes plus précis, formalisé par le cadre contractuel. Une principe fédérateur de la mise en forme émerge à l'occasion de cette descente en échelle sous contraintes. Il s'agit de la recomposition du site à partir de ses matières - bois, sol, végétal - et par leur mise en forme : chambres florales adossées au taillis de régénération naturelle dans le bois ; condensations, accumulations de billots de bois résultant des éclaircies et de la tempête ; étirement du sol en fossé/saut-de-loup vrillé le long de la prison ; bancs et garde-corps en bois et métal (esthétique inspirée de l'onde) etc. Ce principe est énoncé dans la plaquette d'aps : "Au plus près du site : l'opportunité des matières" (partie 4). Il se décline dans la technique du projet, qu'il s'agisse de l'équilibre remblai/déblai sur site, des bilans forestiers (bois d'éclaircie, bois de tempête, bois mis en œuvre) ou encore du chiffrage du projet. L'économie autorisée par le recyclage des matières permet d'investir dans la main d'œuvre pour leur mise en œuvre. Au travers d'une sorte d'économie de la tempête, ce principe ramène donc le projet au vent qui a présidé à sa naissance. L'Onde n'y est pas pour rien, elle qui condense ce vent et "contamine" le travail d'a.p.s. par ses images de référence : photographies de troncs équipés d'attelles, mais aussi photographies de matières métal et bois. Si l'a.p.s s'inscrit ainsi dans une certaine continuité avec la lecture sensible des premières phases, le projet n'en a pas moins fortement évolué. En chemin,, le site a "parlé" au travers de multiples porte-parole convoqués dans l'action :

47 46 Les semis naturels ont fit parler et agir un écologue, l'office National des Forêts (O.N.F), le paysagiste, les enfants du quartier, les services techniques de la Ville et les équipes de comptage recrutées par le paysagiste. Le projet s'appuie maintenant sur le potentiel de régénération naturelle du site. Les entreprises de travaux, le carrier, la DRIRE de l'essonne, la prison de Fleury-Mérogis, le paysagiste ont parlé pour le sol et le sous-sol. Le bois et sa fibre se sont recomposés au travers des dires d'experts, des normes réglementaires, du paysagiste, de la mairie et de sa disposition à s'engager dans un contrôle éventuel des ouvrages. Enfin, l'onde a fait agir et parler les usagers, l'artiste, la mairie, la ligue de protection des oiseaux, le Pic noir et le paysagiste... La descente en échelle est n'a donc rien d'homothétique. Au contraire, elle remanie et recompose. Ce sont ces recompositions que les histoires du jeune chêne, du sol, de la lignine et de l'onde (prise dans le projet de paysage) nous racontent. Le jeune chêne : projet de bois Acte I : S'attacher ou le faire-valoir La capacité de la Sapinière à assurer sa régénération a partir des semis naturels qui y poussent est une question qui se pose très tôt dans le déroulement du projet. Elle est importante pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'intérêt des élus pour le projet de "M" tient à l'attention qu'il accorde à la Sapinière. Par le passé, plusieurs propositions avaient fait long feu car elles niaient, d'une façon ou d'une autre, la spécificité écologique du site. Ainsi, dans les années 60, un architecte célèbre proposait d'en faire un "jardin" : " [...] il était venu chez moi. Il était péremptoire et avait dit «Eh bien, La Sapinière c est un jardin!». C est dommage, à l époque on avait la possibilité de faire quelque chose mais son projet n était pas ce que l on souhaitait. On n a pas donné suite." (entretien avec un habitant des Patios) Plus récemment, un ingénieur paysagiste travaillant avec la commune suggérait, au dire de "M", de raser la Sapinière. C'est donc sur ce passé que vient ricocher la poétique de la plaquette bleue. L'attention qu'elle consacre au couvert boisé et à la fibre du bois contraste avec ces démarches. La responsable des services techniques confiera à "M" ouvrir cette plaquette pour rêver et s'échapper dans les moments de découragement au travail. L'esquisse (plaquette "verte") emboîte le pas en développant une poétique du lieu blessé, nié et en pointant du doigt une "logique fonctionnaliste" aveugle à la dynamique et à l'identité du site : "Le couvert est là, les arbres ont poussé mais beaucoup sont à l étroit : la densité de plantation a forcé une croissance en flèche qui rend certains arbres fragiles. Une vue fonctionnaliste pourrait y voir le temps venu de l abattage et de la valorisation de la parcelle en aire de loisir ou autre. Ce serait ignorer la diversité et la richesse du capital en place. " (plaquette verte, p4) Cette logique est supposée être à l'origine des maux dont souffre le site, qu'il s'agisse des soit disant "couloirs à vent" qui auraient favorisé les dégâts occasionnés par la tempête ou des traitements en rejet sur les limites de la parcelle. Les visuels de talutages sur le collet des arbres en contrebas de la voirie longeant le site ou ceux de mouvements de topographie témoignant d'un

48 47 probable déblai sur la parcelle à l'occasion de la réalisation des stades adjacents, viennent corroborer la narration (Cf. plaquette verte p3) Les traces d'usages "illégitimes" (e.g. sièges de voiture désossés dans le bois, chariots de supermarché renversés) émaillent aussi le visuel et sont convoquées pour mettre en scène, par métaphores et glissements de sens du social à l'écologie, le lieu comme identité vacillante. Lieu menacé de rejet par les velléités de clore pour mieux s'en débarrasser. Lieu menacé d'effacement si l'on venait à déblayer les bois de la tempête sans prendre garde à replanter : "Faute d une stratégie globale sur ce lieu, des demi-mesures n ont pas suffi à mettre la parcelle sur les rails d une identité retrouvée. L engazonnement d une partie de la parcelle pour la rendre plus accueillante aux fréquentations légitimes a verdi quelques clairières, mais il survit difficilement à la pression écologique de la flore dans le sous bois. L engrillagement, qui visait à répondre à l illégitimité de certains usages, ne saurait y rendre la Sapinière hermétique, à moins d en faire un prolongement de la zone de sécurité de la prison de Fleury. Ce serait un constat d échec qui clorait en boucle l histoire de ce lieu en le frappant d illégitimité [...] Le lieu hésite. Des identités s y sédimentent de façon schizophrénique. La sapinière est en quête d une identité, d un «plein» qui l ouvre à de nouveaux usages, aimante les populations riveraines et leur permette d y développer une vraie territorialité."(plaquette verte p4) A ce stade, c'est à dire à l'automne 2000, le seul plan disponible en mairie figure la parcelle de la Sapinière comme un polygone blanc au sein du tissu urbain (cf. annexe, le site, figure 32, plan cadastral). La plan de plantation, s'il a un jour existé, a disparu. "N", paysagiste associé à "M", arpente donc la parcelle afin de comprendre ce plan de plantation donc aucune trace ne subsiste. De rapides repères de terrain lui permettent d'identifier une trame de 3m par 4m. Les pas de "N" suivent les alignements d'arbres alors que sa main appose des lettres sur un bloc quadrillé format A4 : "M" pour mélèzes, "D" pour Douglas et "C" pour merisiers (cf. annexe, le jeune chêne, figure 4). A son retour au bureau, le relevé manuel, partiel, est transféré sur informatique et extrapolé pour fournir une statistique au niveau de la parcelle. Le résultat vient nourrir de son réalisme le récit apocalyptique qui sera développé dans la plaquette d'esquisse : seul un tiers des arbres initialement plantés sont vivants, beaucoup de troncs sur pieds correspondent à des arbres morts. L'épaisseur du bois tient tout autant à ces troncs morts sur pied qu'aux sujets vivants. La menace du vide prend corps au travers des chiffres. Le comptage est aussi transféré dans le visuel du plan masse d'esquisse au moyen de points noirs. Ils localisent approximativement les arbres dans le polygone blanc du plan urbain (cf. Annexe, le site, fig. 33, plan masse esquisse). En écho à la démarche de "M", le vent est érigé en figure salvatrice. Son passage indique la voie d'une réparation sur les plans écologique et social : "Le 26 Décembre 1999, l ouragan Lothar, venus du Sud- Ouest, dévale le champ de la prison, tourbillonne entre les Patios et la Sapinière, s engouffre dans les couloirs tracés à son effet et décanille les arbres en ondes. Comme si, fermer ce lieu, c était le dénuder de sa substance et l ouvrir aux seuls vagabonds de passages. Ou, comme si, le Vent, toujours vagabond, mais légitime puisque attendu en ce lieu, nous traçait les voies d une identité enfin intégrée." (plaquette verte p4) Ace stade, le projet s'articule autour du Vent comme parole de nature : " Et s il fallait rendre au vent vagabond ce qu il nous a suggéré? C est sur lui que s appuie le projet du Bois des Ventis : une parcelle de bois en ville, écrin de sculptures évolutives à la mémoire du fort vent de 1999, d événements végétaux saisonniers de sous-bois, et bordée d ateliers dans lesquels les écoles pourront rebondir sur l imaginaire suscité par les sculptures en place pour jouer à leur tour de la force du vent qui vient de Fleury, de celle de la nature, les découvrir et les expérimenter." (plaquette verte p4)

49 Le jeune chêne : projet de bois 48 Décembre 1999 Evènements Contenus Lothar (26 Décembre) Plaquette "Bleue" (Mars 2000) ("M" "B" "N") Comptage de terrain (automne 2000) ("N") Couvert arboré 30% d'arbres vivants Plaquette "Verte" (esquisse) ("M" "B" "N") (Janvier 2001) Janvier Analyse historique : archives municipales. Inventaires végétaux : flore commune ("N"). Stations forestières ("V" "N"). Différent avec les services d'entretien sur les traitement, invocation de l' "esprit du projet" (courrier) ("M" "B" "N") Plaquette kraft (formation-automne) ("N") "Antichambre de Natures" Appel d'offre (Décembre) ("A" "F" "MM") "conserver au site son aspect boisé et naturel" Décembre 2001 Note méthodologique (Décembre 2001) ("B" "N") Notification (Mai 2002) ("A" "MM") Passages / circulations de sens entre le social et l'écologie : un lieu en quête d'identité, d'un plein, menacé d'être physiquement (transparence une fois déblayé) et socialement (zone de non droit) vidé... L'ingénierie a favorisé les dégâts de la tempête en créant des "couloirs à vent". Un tiers des arbres sont vivants. Une fois débarrassé des arbres morts le couvert arboré risque de ne plus avoir d'épaisseur. Il faut replanter en s'affranchissant de la trame de plantation productive. La Sapinière est à un tournant au niveau écologique. Arrêter les tontes et déblayer au cheval de trait pour éviter d'endommager les jeunes semis. Visuel : photos de jeunes chênes, rien sur le Plan Masse (PM) 2. Inventaire. Histoire du couvert arboré : plantation, intervention municipales (travées vides = abattage phytosanitaires, les couloirs à vent sont des allées "panoptiques" destinées à sécuriser la parcelle, éclaircies, remontées de couronnes, ensemencement en graminées, tempête...) Le " rêve d'un sous bois accessible, propre et sûr". L'ONF : entrée en sénescence des résineux en Exploration du bois de Saint-Eutrope : chênaie-hêtraie, les semis sont venus avec les oiseaux, comme la flore.. Stratégie de régénération naturelle sur l'ensemble de la parcelle : 4 zones (variations de densité du couvert arboré, variations de densité des semis naturels.). Le jeune chêne de l'écologue est éduqué par le roncier. Visuel : zones de régénérations en PM et coupes de conduite. La potentialité écologique du site comme argument économique et d'expertise. 1.Lecture sensible 3. Cadrage réglementaire Mai 2002 Expertise ONF ("O") Comptages de terrain (nouvelle grille de sondage, densité de semis naturels) ("N") Rapport "Ligue de Protection des Oiseaux" ("L") Plaquette APS (Juillet) ("N") "Au plus près du site : l'opportunité des matières " Juin Au plus près du site. Le jeune chêne de l'onf demande une éclaircie de 20m de diamètre ; pas assez de semis naturels.. Le jeune chêne de "N" s'installe en lisière des travées vides exposition sud ; il ne pousse pas dans les ronciers (comptage). La LPO : garder les ronciers pour les oiseaux.. Stratégie-mixte : régénération et replantation. Des "chambres lieu de contact" avec la régénération, "jouer du contraste entre nature brute et sophistiquée".. Visuel : dessin d'ambiance d'une chambre florale adossée à une régénération.

50 49 La question de la régénération naturelle est présente au second plan. Le site blessé est présenté comme porteur d'un futur harmonieux, celui d'un projet qui, déjà, peut y être décrypté. Sur le plan écologique, ce récit se décline comme celui d'un milieu en mutation. Le potentiel, le "capital" (plaquette verte p1) c'est la machine écologique pour peu que l'on sache en faire un allié. La Sapinière aurait un couvert trop dense et en partie mort. Elle se renouvellerait déjà mais requerrait un "coup de pouce" pour qu'advienne le nouveau site. Cette potentialité est écologique et paysagère : "De l intérieur, malgré la hauteur de son couvert arboré, la partie boisée de la Sapinière est un milieu encore en constitution. Des percées herbacées (e.g. Brunelle) ou ligneuses (e.g. chênes) annoncent la différenciation future d un milieu naturel qui ne demande qu un coup de pouce pour se constituer en réel bois [...] D un point de vue paysager, on sent déjà que la promenade pourrait s affranchir du schéma monotone de plantation pour se rythmer au gré de ces différents évènements organiques." (plaquette verte p3 et p12) Une mauvaise conduite des opérations à ce stade pourrait laisser le site exsangue, transparent. Il s'agit donc d'accompagner cette mue pour "redonner une épaisseur au couvert boisé éclairci par le déblayage" (plaquette verte, p14). Il faut limiter les tontes et utiliser des méthodes de douces de déblayage pour ne pas endommager les semis naturels. Si ce dernier fait ici son apparition, elle est encore timide. Il est présent et ne doit pas être endommagé. Quant à parier sur lui, rien n'est dit. Le jeune chêne apparaît en cartouche dans le visuel mais il est quasi absent du projet. C'est, en somme, un faire-valoir environnemental. Il n'apparaît ni dans le plan masse ni dans la stratégie végétale envisagée. La gestion proposée se réfère à la "forêt mélangée", catégorie générale des forestiers, pour justifier l'introduction par plantation d'une diversité d'espèces. Cette replantation permet aussi, en opérant transversalement aux travées vides, de s'affranchir du schéma de plantation rectiligne et de la pensée fonctionnaliste dénoncée plus haut (cf. Annexe, le site figure 34, plan masse esquisse). A ce stade, la vue en plan masse traduit une approche surtout graphique et picturale : des fossés humides dont les obliques s'appuient sur le plan d'urbanisme viennent casser la force des alignements de la plantation. Ils donnent au projet une dynamique de trait et d'écho aux lignes de l'urbanisme (cf. Annexe, le site, figure 34, plan masse esquisse). La réalité de l'effet en trois dimensions est moins convaincante comme le traduit le côté abstrait et naïf du graphisme végétal dans la vue perspective correspondante (cf. Annexe, jeune chêne, figure 5). Le coût de replantation mobilise la moitié du montant des travaux. Acte II : Compter sur ou la délégation Peu présent lors de la "lecture sensible", le semis naturel acquiert un rôle central au cours de la période d'"inventaire". "N" suit alors une formation en écologie qu'il couple à l'inventaire. Il enquête sur l'histoire du site. Le site et le jeune chêne sont mis en histoire à partir des archives municipales - histoire singulière et histoire générale- et dotés d'une origine plus consistante qu'à l'occasion de la lecture sensible. La parcelle était une ancienne carrière de meulière. Elle fut remblayée, plantée en résineux par obligation 2 et pour faire écran entre la Grande Borne et la prison de Fleury-Mérogis, alors en construction (années 60). La parcelle était alors incluse dans la zone de sécurité de la prison de 2 Le plan d'aménagement d'ile de France imposait de compenser la masse bâtie de la prison par une masse plantée.

51 50 Fleury-Mérogis. Elle fut cédée en concession à la commune de Grigny puis rachetée par cette dernière au ministère de la justice (1994). C'est alors que les travaux forestiers commencèrent afin d'entretenir et de sécuriser la Sapinière déjà devenu un lieu de délinquance. L'ONF procède à des éclaircies sélectives et au tracé d'allées panoptiques. Les Pins Weymouth, une des quatre essences plantées, sont abattus car ils sont condamnés par une attaque de rouille vésiculeuse de l'écorce. Cet abattage laisse les actuelles travées vides (2 rangs sur 8). Une partie des peupliers qui bordaient anciennement les pourtours du domaine pénitentiaire sont aussi abattus. Les couronnes des arbres sont relevées et le sous-bois est nettoyé par des chantiers-jeunes. L'opération est suivie d'un ensemencement en graminées d'une partie du sous-bois par les services techniques. Un grillage est posé pour séparer la Sapinière de la prison et des stades adjacents. Enfin, en décembre 1999 arrive l'ouragan Lothar... La question de la pérennité du couvert boisé est reformulée au cours de cette enquête, sans vraiment être dédramatisée. Une expertise de l'onf datant de 1995 est découverte dans les archives municipales : elle donne 50 ans de durée de vie moyenne aux essences de la Sapinière, soit jusqu'en 2020 environ (plantation en 1967). Des photos de la Sapinière datant de 1995 sont aussi exhumées. Elles montrent un tapis d'épines au sol, sans strate herbacée ni arbustive. Elles témoignent de la mutation du milieu en douze ans et donc de son fort potentiel d'évolution. La liste des travaux réalisés par la mairie sur cette période, notamment l'ensemencement d'une partie du sous-bois en graminées, traduisent une volonté de services techniques que "N" décrira comme le "rêve d'un sous-bois accessible, propre et sûr [...] un sous bois accueillant où venir s'allonger [...]" (plaquette kraft p55-56). Les comptages de l'automne 2000 avaient permis à "N" de dresser une carte de densité arborée sur la parcelle. Sensibilisé à la question de la régénération naturelle par la formation en écologie qu'il suit au cours de l'année 2000/2001, "N" entreprend l'analyse de quatre stations forestières sur la parcelle, chacune positionnées dans une zone de densité et d'ensoleillement différents (cf. Annexe, jeune chêne, figure 6). L'objectif est d'y recenser les semis naturels, de qualifier le sousétage (herbacé et arbustif) ainsi que la strate arborée. L'analyse se fait par arpentage. Chaque station (600 m2) est relevée manuellement sur un double feuillet A3 où figure la grille initiale de plantation (cf. Annexe, jeune chêne, figure 7). Le premier feuillet est réservé au dessin des houppiers des arbres, pour avoir une idée l'ombre qu'ils portent au sol. Le second feuillet est destiné au relevé de la strate herbacée. Des sous-zones sont délimitées au jugé dans chaque station. Les principales plantes présentes sont listées, notamment les graminées et les ronces. Les jeunes plants d'arbres sont comptés. Leur âge est estimé au nombre de nœuds. Ce dispositif vise, selon "N", à questionner la localisation des semis naturels sur la parcelle. L'hypothèse implicite est que la lumière au sol et le taux de graminées sont des facteurs déterminants : le jeune chêne est "héliophile" (il demande un bon ensoleillement) et peut-être concurrencé par les graminées en situation sèche. Celles-ci peuvent aussi, du fait de leur couvert, empêcher les glands de prendre racine. Ce travail se double d'un relevé photographique systématique (numérique) de la flore sur tout le site. Il permet à "N" de constituer un herbier afin d'identifier rapidement cette flore avec un écologue, au bureau. (cf. Annexe, jeune chêne, figure 8). L'analyse permet d'approcher les préférences des jeunes chênes sur la parcelle. Ainsi, "N" conclut à l'importance de l'éclairage au sol et donc de la densité de la strate arborée. Cependant, des questions restent sans réponse. La faible densité de semis naturels dans la station ouest de la parcelle ne trouve pas vraiment d'explication. De même, la station réalisée dans la partie sud, très ensoleillée, n'a pu être explorée en totalité. Les ronciers, qui affectionnent les situations

52 51 ensoleillés, y occupent une grande partie du sol. Ils sont recouverts de grimpantes (e.g. clématite des haies, liseron) très envahissantes qui forment une calotte. L éclairage au sol y est nul mais les comptages de semis naturels n ont pu y être effectués car cette calotte est impénétrable. La présence de semis naturels dans les ronciers reste une question majeure. Malgré les interrogations en suspens "N" propose une conduite d'enrichissement à partir des régénérations naturelles ("plaquette kraft" 3 ). La conduite culturale proposée est élaborée avec l'aide de "V", écologue-enseignant. Ce dernier expérimente sur son propre domaine différents modes de régénérations naturelles. Il s'intéresse à des modes de conduite forestière de type Prosylva 4. A la différence de la gestion forestière en peuplement de l'onf, cette association regroupe des sylviculteurs privés qui développent une gestion forestière individualisée. Dans le domaine du renouvellement du couvert boisé, le résultat est d'un côté un système de coupes à blanc avec régénération ou replantation, de l'autre la pratique d'éclaircies ponctuelles visant à sélectionner et favoriser les régénérations les plus vigoureuses. Les ronces colonisent souvent les placeaux ainsi dégagés. A la différence des lianes (e.g. clématites de haies) qui étouffent les jeunes plants, elles sont supposées avoir un rôle de protection et d'"éducation" des semis naturels. Elles leurs évitent la concurrence des graminées et les protègent des prédateurs. En les incitant à monter pour trouver la lumière, elles sont une source de sélection naturelle favorable à la survivance des individus les plus vigoureux. Ce constat, sur lequel s'appuie la démarche de "V", est empirique. La conduite de régénération suggérée par "N" à l'automne 2001 repose donc sur une approche individualisée. Elle est décrite à partir de quatre zone-types, chacun illustré par un visuel de station forestière. Il est proposé de conserver en place les chablis et les ronciers, et de dégager les lianes qui étoufferaient les jeunes chênes pendant les cinq premières années. Des tableaux et coupes chronologiques décrivent l'évolution du couvert forestier et la conduite à mettre en œuvre sur chaque zone sur 50 ans (plaquette kraft, p ) (cf. Annexe, jeune chêne, figure 9). Sur le terrain, l'été 2001 place le jeune chêne au centre des discussions. "M" installe l'onde. Elle est présente quotidiennement sur la parcelle. Elle surprend et arrête par deux fois le technicien municipal en train d'épandre du désherbant (Round up). Elle s'en plaint auprès des services municipaux. "N" vient en appui à "M". Il instrumentalise la présence de régénérations naturelles et les inventaires végétaux en cours pour dénoncer les désherbages chimiques comme "contraires à l'esprit du projet" (courrier du 20 septembre 2001). Il rappelle que l'esquisse de l'automne 2000 mettait l'accent sur la nécessité de techniques douces pour sauvegarder les régénérations naturelles (arrêt des tontes, déblayage par cheval de trait). Au printemps 2002, le débayage des chablis au niveau de l'onde est l'occasion pour la mairie de montrer qu'elle respecte cet "esprit". Une entreprise est missionnée pour déblayer l'onde. Les bois sont tronçonnés sur place, dégagés manuellement ou broyés au moyen d'une machine de petit calibre. La "douceur" de l'opération est soulignée par le responsable des espaces verts. L'occasion est aussi saisie par les des services techniques pour tenter de marier cet "esprit" à leur vieux rêve de "sous-bois accessible, propre et sûr". Une petite zone dans la Sapinière est dégagée de chablis encombrants et débroussaillée. Les jeunes chênes y sont préalablement piquetés vaec des tuteurs fluorescents afin d'éviter de les endommager. "N" et l'écologue-enseignant, en visite sur le terrain quelques jours plus tard, constatent le résultat avec circonspection : la plupart des des tuteurs ont été volés, quelques jeunes chênes esseulés penchent la tête sur le "gazon", à la merci du premier badaud qui viendra s'y prélasser, quelquefois même déjà endommagés par le déblayage. La ronce a décidément, à leurs yeux, de meilleures vertus que les tuteurs et le gazon 3 Ce document n'étant pas destiné au maître d'ouvrage mais à la formation que "N" a entrepris, doit être interprétés dans cette perspective. Il nous intéresse ici en tant que témoins de la réflexion de "N" sur la question de la régénération. 4 Nom de l'association au sein de laquelle s'élabore une approche forestière alternative à la pratique de l'o.n.f.

53 52 anglais! Encore faudrait-il que les techniciens municipaux acceptent de la traverser une fois l'an pour dégager les jeunes chênes des lianes encombrantes! Encore faudrait-il aussi que ces jeunes chênes poussent dans ces ronciers impénétrables, ce que "N" n'avait pu confirmer par ses comptage. Alors que ces questions sont ouvertes, "N" se rend à un double constat. Premièrement, le jeune chêne des services techniques n'a aucune chance de survivre à la fréquentation de la Sapinière. Deuxièmement, le jeune chêne de "N et de l'écologue" est loin de convaincre les services techniques mais sans leur assistance il est condamné par les lianes et les grimpantes. Herbiers, stations et comptages ont profondément modifié la connaissance que "N" a du terrain. La visualisation en plan masse traduit cette évolution. Le plan masse à la fin de cette phase n'a pas changé d'échelle mais on y maintenant apparaître des chablis et des zones de régénération naturelles dans les travées vides. La recomposition du jeune chêne a donc contribué à remanier le projet, sa logique et son dessin. Acte III : Economiser ou la concurrence Le cadrage réglementaire ouvre une partition majeure pour le semis naturel puisqu'il va plaider pour le paysagiste. Le jeune chêne devient donc l'acteur d'une compétition sur le marché public. Son mystère, non encore sondé, devient un argument économique sur le projet et un outil de légitimation pour vendre une expertise. Ainsi en est-il, tout au moins, dans la note méthodologique que "N" joint au dossier de candidature au marché "Sapinière" : "La tempête de 1999 a abattu un grand nombre d arbres. Il s en est suivi un encombrement par des chablis et une mise en lumière qui a favorisé le développement d un sous-étage herbacé et arbustif (e.g. ronces, sureaux ) : celui-ci semble plus dense dans les zones qui ont aujourd hui un taux de couverture arborée plus faible. On constate aussi la présence de semis naturels de chênes et de merisiers, candidats potentiels à la régénération et l enrichissement du couvert résineux. Celui-ci devrait commencer à entrer en sénescence d ici à trente ans, étant donné l âge des arbres et leur condition. Comme annoncé par le maître d ouvrage, l objectif est de conserver au site son aspect boisé et «naturel» en s appuyant autant que faire se peut sur les régénérations naturelles. Il faut donc examiner dès aujourd hui cette possibilité afin d établir une conduite de la parcelle qui ménage une transition. Le taux d ouverture du couvert arboré est, dans ce type de milieu, une variable décisive pour la dynamique de régénération. La parcelle présente à première vue des variations de densité. Des analyses par zonage sont donc préférables à un traitement massif [...] La complexité et les contraintes, incontournables au demeurant, influent sur le montant de la prestation proposée. [...] Extraite de tout contexte, consultation d expertise et réalisation d études préliminaires peuvent paraître onéreuses. Sur le site de la Sapinière, ce sont des investissements dont les répercussions devraient être plus que proportionnelles dans l économie générale du projet. [...] L insertion urbaine du site de la Sapinière est fondamentale. L économie permise par des expertises écologiques précises en phase d avant-projet permettra de mieux bénéficier des potentialités écologiques du site. Ceci devrait libérer une capacité d investissement afin d enrichir la qualité du traitement des abords immédiats de la parcelle." (Note méthodologique, Décembre 2001). Ce jeune chêne a-t-il compté pour que l'équipe "N" passe l'épreuve avec succès? On ne le saura pas mais le résultat est là. L'acte IV s'ouvre donc sous l'égide du marché public, de ses règles et de son phasage. Acte IV : Recompter/recomposer, un bois L'acte d'engagement du "marché Sapinière" donne trois semaines à "N" pour réaliser l'avant Projet Sommaire. Il doit, dans ce délai, rendre le jeune chêne crédible aux yeux de l'équipe

54 53 municipale mais aussi l'assembler dans une vue de projet avec l'ensemble des existants sur le site : les oiseaux, la LPO, l'onde, le usagers, les services techniques, le couvert arboré, l'exposition, etc En accord avec l'usage, "N" soumet au maître d'ouvrage un calendrier, une démarche et un contenu de travail. Il suggère classiquement de remettre un mémoire explicatif du projet (texte / chiffrage) et de descendre en échelle à partir d'un plan masse (1/500 ) et d'un carnet de détails (coupe, images de références décrivant l'ambiance du projet, dessin technique de détails significatifs, liste de végétaux / matériaux, point sur la gestion envisagée). La perspective d'avoir à raisonner le chiffrage le conduit à proposer une partition du site en modules. Celle-ci est élaborée au juger. Chaque module semble relever d'une problématique ou d'une mise en œuvre spécifique, sans que celles-ci ne soient explicitées (cf. Annexe, le site, figure 36). Les modules sont les suivants : "Bois", "Bosquet Nord", "Quai des Patios", "Talus Sud", "Accès Stades", "Lisière Prison". Le temps et les évènements écoulés depuis l'esquisse (automne 2000) d'en redéfinir les bases. L'objectif est de s'accorder avec le maître d'ouvrage sur le développement du projet sur chaque module et de rappeler un enjeu majeur de cette phase d'aps, explicité dans la note méthodologique : l'esquisse de l'automne 2001 accordait un peu plus de 50% du montant des travaux aux plantations, la possibilité d'une régénération naturelle du bois pourrait diminuer significativement ce coût et en faire bénéficier le reste du projet. Il faut décider à quels modules donner la priorité si des choix budgétaires s'imposent. Un accord est trouvé sur ce point. L'APS est lancé. Il s'agit donc de faire parler le jeune chêne et de convertir sa parole en technique et en euros avant la fin juillet. A la recherche d'une stratégie végétale qui lui semblerait compatible avec les services techniques, "N" commande une brève expertise à l'onf. Il contacte un technicien ONF qu'il a rencontré à l'occasion de sa formation et qui connaît un peu le site. Ce dernier vient avec un collègue pour visiter le site sous la houlette de "N". "N" leur en présente les différentes zones, leur transmet les données qu'il a accumulées et leur demande une expertise soucieuse de l'écologie du site : "[...] L objectif est de mettre en place une conduite d enrichissement de la parcelle reposant sur le potentiel écologique de la parcelle, c est-à-dire en privilégiant les semis naturels. On évitera autant que faire se peut le déblayage des chablis et troncs morts, s il s avère nécessaire celui-ci devra le moins possible endommager les régénérations naturelles. Il s agit de donner les principes de conduite d un enrichissement permettant l obtention d un couvert boisé mixte d ici à une quarantaine d années, et de permettre au maître d œuvre de chiffrer le coût de l intervention sur les 9ha bois au moment du chantier. Il est à noter que la parcelle est un observatoire de la ligue de protection des oiseaux." (Note de commande de l'expertise ONF) Au vu du sous-bois, les techniciens sont formels : les densités des semis naturels ne sont pas suffisantes. Une parcelle en régénération a l'allure d'un " tapis de jeune semis". Le jeune chêne réclame, pour se développer, beaucoup plus de lumière qu'il n'en a sur dans la Sapinière. Des éclaircies d'au moins vingt mètres de diamètre autour des régénérations seraient nécessaires. Le résultat de l'expertise est une prescription de replantation par "placeaux", de type forestier, accompagnée d'un entretien manuel durant les cinq premières années. La gestion en semble envisageable. Les placeaux forment des tapis de régénération qui sont plus facilement gérables par les services techniques que des semis naturels disséminés dans des ronciers. En revanche, la mise en œuvre des placeaux pose un problème à "N" : sauf à en limiter la surface, ils transformeront le projet Sapinière en une sorte de "gruyère".

55 54 Le jeune chêne de l'onf s'accommoderait donc bien des services techniques mais moins bien du projet de "N". Il s'avère aussi peu compatible avec les suggestions de la LPO pour le site. Le rapport de cette dernière, récemment transmis à "N", fait "parler" les oiseaux au travers d'un tableau de synthèse intitulé "contraintes". L'analyse qui y est développée est extrêmement statique. Elle correspond à l'impression qu'en avait eu "N" à l'occasion de ses échange avec l'antenne locale. La majorité des espèces présentes sur la Sapinière auraient pour biotope de reproduction les buissons et arbustes. Ce sous-étage arbustif, en grande part constitué des ronciers qui pour "N" et son jeune chêne restent un mystère, abriterait donc les oiseaux. Ce sous-étage étant particulièrement développé dans la zone sud, par ailleurs moins fréquentée car loin des accès et en lisière du domaine pénitentiaire, la LPO propose d'en faire le domaine des oiseaux, à l'écart de la fréquentation des humains. La frontière de cette zone tombe sous le sens : il s'agirait de l'onde qui s'est installée à trois travées de résineux de la prison. La dynamique écologique est totalement absente de cette analyse. Elle qui nous dit que les ronciers sont venus s'installer en lisière sud parce que elle est plus ensoleillée et plus fortement touchée par la tempête (venue du sud ouest) donc plus éclairée au sol. Dynamique qui nous dit aussi que ronciers et arbustes sont une étape dans le cycle naturel de la conquête végétale : celle que l'on appelle la friche armée, qui succède au tapis herbacé et qui, en théorie, cède la place au couvert arboré dont elle protège les semis sous ses épines et ses fourrés. Pour "N", la question est donc bien la suivante. Si les buissons et ronces sont là, c'est parce qu'il y a peu d'arbres. S'il y a peu d'arbres, c'est qu'il faut assurer une relève, sauf à vouloir abandonner l'idée d'un bois dans cette zone (ce que ne souhaite pas la LPO, bien sûr). Ce sous-étage renferme-t-il enfin, oui ou non, cette relève? "N" lance une nouvelle opérations de comptage. La grille de comptage est revue et adaptée à la nouvelle question posée : Roncier où es-tu? Jeune chêne y es-tu? La grille de relevé est constituée d'un quadrillage sur calque au format A3 superposé à un dessin en plan masse du site figurant les travées de résineux (cf. Annexe, jeune chêne, figure 10). La quadrillage distingue ainsi par transparence les travées vides où les densité de graminées ou de ronciers sont supposées être importantes (selon l'exposition et l'historique) et les travées pleines où l'ombre portée tend à favoriser une végétation de sous bois. La longueur de la parcelle (et donc des travées) est divisée en intervalles de 10m. Ceci permet à l'équipe de comptage (4 groupes de 2 compteurs amis et non initiés) de repérer sa situation à chaque instant, soit en comptant les arbres (5 intervalles font 20m, des gobelets de couleurs accrochés au troncs servent de repères mobiles) soit en tendant des cordes à linge de supermarché d'une longueur de 10 mètres. La grille de comptage propose de classer les milieux rencontrés au sein de quatre catégories : milieu ouvert (e.g. tapis herbacé, tapis de lierre), milieu encombré (chablis/roncier), milieu totalement obturé (roncier recouvert de liane), milieu impénétrable (impossibilité d'accès du fait de chablis/troncs en travers, zone totalement exclue du comptage). Le comptage est réalisé sur 4 travées placées dans des zones de densités arborées différentes. "N" prend en charge le comptage d'une travée et envoie trois équipes dans les autres. Dans sa travée, il explore systématiquement l'intérieur des fourrés. Il demande à ses acolytes de faire de même lorsque c'est possible. Le but est de compter les jeunes chênes en repérant les milieux et de reporter tout cela sur la grille (cf. Annexe, jeune chêne, figure 11). "N" ne trouve aucun semis naturel dans les ronciers et les résultats obtenus par les quatre équipes sont cohérents. Les jeunes chênes sont localisés en périphérie des ronciers et en lisère sud des travées vides. Cela correspond à des zones d'ensoleillement intermédiaire, suffisant pour le jeune chêne mais ne favorisant pas de trop forte densité de graminées. Du nord au sud de la parcelle, l'ensoleillement augmente et avec lui la densité de ronciers, jusqu'à envahir totalement le sous-

56 55 bois au sud. En conséquence, la densité de jeune chêne y est quasi nulle du fait de la présence quasi-généralisée de ronciers couvert de lianes. Elle est assez faible au nord du fait du plus faible ensoleillement. Elle est la plus importante en lisère exposée sud des travées vides du milieu de la parcelle. Dans ces deux dernières zones, la densité en jeunes chênes approche ou dépasse le seuil limite cité par l'onf pour permettre une régénération naturelle, à savoir 1000 semis par hectare. "N" se base sur cette valeur plancher pour définir les zones sur lesquelles le pari d'une régénération naturelle semble tenable dans la Sapinière : la zone nord et le milieu de la parcelle. Il propose une replantation partielle et limitée aux zones où l'on ne peut pas faire ce pari. Elle peut être manuelle dans le zones enherbées au nord. Elle doit être mécanique dans la moitié sud, du fait de la nécessité de dégager des ronciers impénétrables pour replanter. Sur cette zone sud que la LPO entendait laisser en l'état et réserver aux oiseaux, "N" pointe l'antagonisme entre "l'oiseaux-de-la-lpo" et son "jeune-chêne-stade-aps" : " Dans la partie sud de la parcelle, les exigences écologiques et ornithologiques ne sont en revanche pas forcément convergentes. Un compromis doit être trouvé. Les ronciers, très développés dans cette zone (près de 60% de la surface) sont un abri et une source de nourriture pour un certain nombre d oiseaux mais empêchent la régénération naturelle. Ne pas intervenir sur cette zone, c est hypothéquer la régénération de cette partie du bois. Le principe retenu à ce stade est de mettre en régénération environ la moitié de cette zone par placeaux répartis en différents points. On utilisera en grande partie les zones encore ouvertes, en veillant à en conserver. Les emplacements seront raisonnés en fonction de trois critères : diversité des milieux ; facilité d accès pour l entretien ; éloignement des circulations principales." De ce compromis, l'oiseau-de-la-lpo saura-t-il se satisfaire? Le débat n'a pas été ouvert ou tranché par le maître d'ouvrage à qui il reviendrait de le faire. Toujours est-il que la recomposition du jeune chêne a accompagné la descente en échelle de l'aps et modifié significativement le projet de paysage. Le plan masse au 1/500 traduit cette évolution (cf. Annexe, le site, figure 38). Il figure clairement les chablis, les zones de régénération naturelle (mise en défens par des amas de chablis) et les placeaux de régénérations localisés. Les visuels présentés dans l'aps mettent en scène le jeune chêne et la régénération. Il en va ainsi par exemple d'une vue d'une travée vide convertie en "chambre florale", sophistiquée et adossée à un fouillis végétal : le bois en cours de régénération. Enfin, sur le plan économique, le jeune chêne tient ses promesses puisque le recours à la régénération naturelle raisonnée diminue de façon drastique le coût du module bois. Ceci laisse la possibilité d'intégrer le traitement des autres moules dans le montant des travaux. L'histoire du jeune chêne montre que le petit, le jeune chêne, peut modifier le grand, le projet. Elle montre aussi ce que signifie une succession des porte-parole (e.g. ONF, écologue, paysagiste, services techniques) qui recomposent le jeune chêne et font parler le site. On y voit, contrairement à ce qui se passait dans l'onde, le fort degré de mise en forme nécessaire pour emporter le site, travailler à la table, traduire le site pour consulter des avis extérieurs et ménager les aller-retours nécessaires à l'avancée du projet. La descente en échelle n'est finalement ni mathématique ni hiérarchique puisque le détail vient questionner l'ensemble. Il s'agit plus d'une dilatation de l'échelle par laquelle le réglage du détail contribue à celui de l'ensemble, par laquelle le gain en spécificité (le jeune chêne de cette parcelle) nourrit le gain en généralité (l'élaboration d'un projet de paysage ancré dans l'écologie d'un site). L'échelle croît par les deux extrémités. Enfin, l'exemple du jeune présente un cas de circulation de la référence proche de ce que l'on peut rencontre dans l'activité scientifique où la traçabilité des données est essentielle à la validité des résultats. L'approche du site, son quadrillage en s'appuyant sur la trame de plantation, les bricolages à la base de méthodes simple de comptage qui tirent profit de cette trame orthogonale,

57 56 les méthodes de comptage et les relevés, tout cela rapproche la méthode utilisée par "N" d'une adaptation de pratiques scientifiques. Le plan d'épreuve n'est certes pas le même puisque "N" ne doit pas rendre compte de la traçabilité de ses données : son plan d'épreuve est plus lointain dans la temps puisque seul le couvert forestier parlera pour ou contre la solution finalement adoptée. Le sol : projet de carrière La lecture qui vient d'être opérée pour le jeune chêne vaut pour d'autres entités du site. Le sol est une entité importante. Il a convoqué de multiples acteurs du territoire, allant du carrier qui avait exploité le sous-sol de la parcelle aux responsables de la prison de Fleury-Mérogis, en passant par Rousseau et Foucault qui ont alimenté la réflexion du paysagiste sur le traitement des abords du domaine pénitentiaire. Il ne s'agit pas ici d'opérer une analyse aussi détaillée que dans le cas du jeune chêne. Le tableau en page suivante résume, comme nous l'avons fait pour le jeune chêne, les principales étapes de la recomposition du sol de la Sapinière. La lecture sensible ne fait intervenir le sol que par sa topographie, comme témoin d'un traitement en rejet de la parcelle, notamment par le terrassement en déblai sur les arbres périphériques au moment de la réalisation de voirie ou des stades. L'inventaire et l'aps sont en fait les périodes clés. Acte I : Déblayer ou la limite pénitentiaire. L'inventaire est le moment où s'opère le calage du projet par rapport à l'urbanisme communal (plaquette "kraft"). Le travail pose des bases qui seront développées en cours d'aps 5. Trois points, jugés essentiels par "N", sont analysés : le statut de la limite pénitentiaire et son traitement ; l'enclavement de la parcelle au sud de la commune et la possibilité de la réinsérer dans l'urbanisme de Grigny ; le lien entre la Sapinière et l'architecture d'emile Aillaud. Ces aspects sont en prise directe avec la question de l'ouverture et des limites du site évoquée au moment de l'esquisse. Plutôt que de fermer, grillager le site, il peut être envisagé de redonner des territorialités aux riverains et d'enclencher ainsi une dynamique vertueuse permettant de remédier à la localisation de la délinquance sur ce site. "N" fait une brève enquête sur les usages auprès de quelques associations locales. Il en ressort que les habitants de la Grande Borne dédient la Sapinière à ses riverains : les habitants de Patios. Ils viennent peu à la Sapinière, pourtant proche, et le feraient plus souvent s'ils avaient quelque chose à y faire, notamment de la cueillette pour les enfants. La question du lien à l'urbanisme émerge clairement avec l'analyse des archives communales délivrant des photos aériennes depuis les années 60 ainsi que les éléments d'un Grand Projet de Ville (GPV) en cours sur la commune. La Sapinière constitue un cul de sac entre la limite pénitentiaire, la zone des stades et l'autoroute. La tentative par le GPV de relier les bouts ne prend pas en compte le sud de la commune et exclut donc toute cette zone. Le "bouchon" que constitue le domaine pénitentiaire au Sud de la commune semble être une des raisons de l'arrêt du GPV au nord de la Sapinière. La question renvoie donc à celle de la limite pénitentiaire. "N", en quête d'un point de vue sur le site de la Sapinière depuis "l'autre côté", interview un habitant des Patios travaillant au domaine pénitentiaire : l'entretien suggère que la prison se protège des incursions de la Grande Borne. Sur le terrain, "N" constate que la limite pénitentiaire est perméable. Un petit chemin serpente au travers des résineux de part et d'autre du grillage qui délimite le domaine pénitentiaire. Il est emprunté par les habitants et par le personnel de la prison pour passer de 5 Une réunion récente avec le maître d'ouvrage a indiqué qu'il conservait les orientations qui défininssent le calage du projet dans le grand urbanisme.

58 57 Fleury-Mérogis à Grigny. "N" baptise ce bout de grillage manquant : la "petite porte". Un second indice guide "N". Il s'agit du mauvais accueil que lui réserve la mairie de Fleury alors qu'il vient glaner des informations sur les échanges de parcelles qui avaient présidé à la séparation de la Sapinière d'avec le reste du rideau de résineux et à sa concession, dans les années 60, à Grigny. L'enjeu de ces échanges était de redessiner les limites communales afin que les Patios n'empiètent pas sur le territoire de Fleury-Mérogis. Cette commune ne voulait rien avoir à faire avec le nouveau "grand ensemble" de la Grande Borne. Le troisième indice est la facilité avec laquelle "N" peut, un jour, entrer sur le domaine pénitentiaire en voiture et, de là, rejoindre le village de Fleury. Il décide alors de faire le tour de la prison : "Et si l on tentait d en faire le tour? Comme on lirait quelqu un par sa posture, sa silhouette, par des signes qui, rassemblés, formeraient un second portrait." (plaquette kraft p115). De ce tour, "N" rapporte un dessin à la main et une conviction. Le dessin représente une vue à vol d'oiseau du domaine pénitentiaire faisant "bouchon" entre Grigny et un grand bois plus au sud : le bois de Saint-Eutrope, vaste chênaiecharmaie anciennement domaine du château de Fleury (cf. Annexe, sol, figure 12). Quant à la conviction, elle est la suivante : "Le domaine de la prison n est pas une entité isotrope. Il ne se définit pas, par rapport au tissu social environnant, de façon identique dans toutes ses directions. Il s agit au contraire d un domaine fortement polarisé. Il présente une frontière voulue hermétique (sans l être) avec la Commune de Grigny alors qu il se fond sans limite physique dans celle de Fleury-Mérogis. C est une forme de butoir qui s enracine dans cette dernière pour «arrêter» Grigny. Mais «arrêter» quoi exactement? Et nous de penser qu il s agit finalement autant d une limite Communale que d une limite du Domaine de la Justice Et de nous questionner sur la Sapinière, ancienne propriété du domaine pénitentiaire, passée un jour de «l autre côté», seule, pour aboutir dans ce cul-de-sac, comme en butée face à sa propre histoire. Sapinière qui, seule, serait à requalifier? [...] Il s agit d une limite qui n est pas par essence ultime, pour peu qu on s entende N a-ton pas échangé des parcelles, il y a trente ans? N est-ce pas de cet échange qu est né la question qui nous intéresse, celle du devenir de la Sapinière une fois de «l autre côté»? " (plaquette kraft 119) "N" a rencontré en chemin, dans ses lectures, Rousseau sur le contrat social puis Foucault qui, avec "Surveiller, punir" l'a aidé à renverser cette idée d'une limite pénitentiaire ultime, fondatrice du social. Le projet Sapinière devient l'occasion de redonner une continuité au grand territoire, morcelé dans les années 60, en prenant acte du fait que le glacis de la prison de Fleury-Mérogis n'a plus sa fonction initiale 6. Il peut être l'occasion de poser les jalons d'un réseau vert entre Grigny et le bois de Saint-Eutrope, avec la Sapinière comme plaque tournante et "Antichambre de natures" (plaquette kraft). L'analyse et le positionnement du projet sont illustrés à l'aide de schémas à l'encre (cf. Annexe, sol, figure 13) (plaquette kraft, plaquette APS) Sur le terrain, le grillage bastion qui délimite le domaine pénitentiaire barre la vue vers le sud à partir des "champs privés" (prairie localisée sur le site de la Sapinière, entre le bois et les Patios). "N" suggère de s'affranchir de cette barrière en recourant à un figure classique de l'art des jardins, une limite en demi fossé permettant l'emprunt de vue : le "saut-de-loup". Aussi appelé "ha-ha", il est constitué d'un mur enterré qui limite un domaine et se prolonge, hors domaine, par fossé qui descend à son aplomb afin d'en interdire l'entrée. Un saut-de-loup installé le long de la prison donnerait ainsi l'impression, de loin, que la zone de sécurité de la prison appartient au site de la Sapinière. Pour opérationaliser l'idée "N" doit répondre à plusieurs questions : i) Comment "ancrer" cette figure de style dans le site : Quelle forme donner au fossé et quelles pentes peut-on donner à ses versants? ii) Comment traiter techniquement ces pentes? iii) Le coût des différentes solutions est-il compatible avec la part du montant des travaux que l'on peut penser allouer à ce 6 Ceci et ce qui suit s'est déroulé avant les évasions de 2003 qui ont amené Le Ministre de la Justice en visite à Fleury- Mérogis à déclarer que le système de glacis sécuritaire de ce domaine était exemplaire.

59 58 module du projet? iv) Ces pentes sont-elles compatibles avec les règles de sécurité usuelles en espace public et avec les exigences du domaine pénitentiaire? Là encore, afin de saisir la contribution du site au projet, les voies par lesquelles s'élaborent les solutions sont aussi intéressantes que les solutions elles-mêmes. Des relevés topographiques manuels réalisés par "N" et un collègue sur le site, au jugé, mettent en évidence un montée du terrain de la Sapinière à l'approche des stades. Le terrain de cette dernière finit par y surplomber de quelque mètres celui du domaine pénitentiaire. Au contraire, à l'autre bout de cette limite, en direction des Patios, au niveau des "Champs Privés", les deux domaines sont de plain pied. Entre ces deux extrémités, au tiers de la parcelle, se situe la "petite porte". "N" projette une idée qui n'est pas requise par la topographie mais par une volonté de symétriser cette limite que son analyse a fait passer de pénitentiaire (asymétrique : pénal / civil) à communale (symétrique : commune /commune). La chose est symbolique: il s'agit d'inverser le saut de loup au niveau de la petite porte pour positionner le mur enterré côté-sapinière à l'approche des stades et côté-domaine pénitentiaire au niveau des champs privés (cf. Annexe, sol, figure 14). La petite porte est remplacée par une sorte de chicane du mur qui empêche le passage. "N" suppose que l'administration pénitentiaire n'acceptera jamais une limite facilement franchissable. L'idée du saut-de-loup est reprise par "N" au moment de l'aps. Rapidement le coût du linéaire (400m environ) devient prohibitif si l'on maçonne le mur. Plusieurs solutions sont envisagées en dessin d'esquisse (cf. Annexe, sol, figure 15) : renforcement en bois, en troncs ou en palplanches, mais l'humidité probable du fond de fossé rend cette idée difficilement envisageable. De rapides calculs en coin de table montrent à "N" que le coût est trop élevé. "N" contacte un entreprise qui fabrique des gabions. La discussion confirme l'importance de la pente du fossé pour le choix de la solution technique. La pose d'une géo-grille enherbée semble de toute manière praticable et abordable en terme de coût. Le ha-ha devient donc un fossé asymétrique enherbé (cf. Annexe, sol, figure 16), inversé en son milieu, au niveau de la petite porte et vrillé sur la grande longueur. Mais la faisabilité de cette solution dépend encore de la qualité du sol (de sa cohésion) et des exigences de la prison. Ces deux questions restant sans réponse, "N" retient une hypothèse intermédiaire dans son chiffrage (i.e. bonne qualité de sol et pente forte, 60 ). Le volume du sautde loup est évalué par calcul de "coin de table" afin de connaître le volume de déblai concerné. Les choses s'arrêtent là au moment de la remise de l'aps. La visualisation en plan masse a peu changée car la limite avec la prison représente en fait un trait sur le plan. En revanche, une vue sensible est introduite dans la plaquette APS pour montrer au maître d'ouvrage l'ouverture de l'espace que peut générer ce traitement en fossé (cf. Annexe, sol, figure 17). Elle convaincra. Acte II : Remblayer ou les Patios d'emile Le second aspect relatif au sol est le traitement des abords du quartier des Patios. Un talus de plusieurs mètres court en contrebas de la voirie qui longe les Patios. Il meurt à mesure que l'on s'achemine vers le nord du site. Il est planté d'ifs et de peupliers d'italie qui constituent des reliquats de l'ancienne limite pénitentiaire. Ce arbres obturent la vue vers le site. La question du traitement de ce talus renvoie donc à celle de l'ouverture ou de la fermeture du site à ce niveau. L'analyse historique, à partir de photographies aériennes notamment, montre la transformation du site depuis les années 60. On y voit les premières plantations visant à faire écran entre la Grande Borne et la prison. On y perçoit le domaine pénitentiaire qui vient à l'aplomb du talus qui longe les Patios, talus sur lequel les habitants disent que courrait un barbelé. Les peupliers sont une survivance de cette limite. Ils ont été abattus à l'abord des stades mais pas ici.

60 59 "N" interprète l'architecture introvertie d'emile Aillaud (i.e. les maisons-patios) comme un moyen de régler ce rapport frontal au domaine pénitentiaire. Aujourd'hui, le petit bois est devenu grand. Il semble intéressant à "N" d'ouvrir les Patios sur le site. Une première solution (cf. Annexe, sol, figure 18) envisagée est l'implantation d'ateliers d'activité donnant sur les champs privés. Elle ne satisfait pas la maître d'ouvrage à cause des dégradation quasi certaines qui s'ensuivront sur ces petits édifices. Deuxième solution, le traitement "en quai" est inspiré à "N" par le moutonnement de graminées (plaquette kraft p125). Le problème est le coût de cette infrastructure dont "N" sait sans la chiffrer qu'elle ne rentre pas dans le montant des travaux. Il faut éviter le coût de gros œuvre. La solution d'un traitement en gradins enherbés est évoquée par un collègue en visite avec "N" sur le site. L'idée est immédiatement retenue par "N" pour plusieurs raisons. Elle construit un lieu de vie face à la lisière, dos au couchant, face au champs où peuvent jouer les enfants. Elle évite le gros œuvre. Elle permet un traitement végétal plus adapté au caractère naturel du site. "N" s'attaque donc au dessin de ces gradins avec trois idées en tête : i) Générer un rapport architecture / site qu'il formule, à la suite de l'analyse historique, comme un retournement de l'architecture sur le site, ii) Régler une tension entre ouverture/sécurité et intimité/risque qui a émergé a plusieurs reprises, que ce soit dans les discussion avec le maître d'ouvrage ou dans les écrits d'e. Aillaud sur la Grande Borne comme lieu pour le petit groupe (plaquette kraft p 73-80), iii) Obtenir un dessin à la fois simple dans son principe (en prévision de sa faisabilité en phase chantier) et pouvant offrir une complexité spatiale sur le terrain qui enrichisse l'interface entre l'architecture et le site. La solution trouvée par "N" est de reprendre l'empreinte en plan masse des maisons Patios pour la reporter de l'autre côté de la voirie et lui faire ainsi, en quelque sorte, "franchir" la limite du site. Il travaille, à partir de cette empreinte en deux dimensions, des élévations pour former des loges, des espaces pour le petit groupe, tout en permettant une circulation continue sur la grande longueur. Un dessin technique (échelle 1/ 500 ) est établi à la main afin de cuber les volumes de remblai nécessaires et de chiffrer le coût de mise en œuvre des gradins. Comme on le voit, cette phase de travail, qui' s'étale sur environ deux semaines durant l'aps, est assez isolée. Elle se fait "à la table". C'est un travail d'assemblage de ce qui sur ce projet s'est accumulé avec l'analyse. Acte III : Déblayer/remblayer, chiffrer Vient la question du chiffrage du projet. "N" a peu d'expérience. Il réalise une première estimation, à la louche, avec un collègue et ami. Elle fait apparaître une forte incertitude sur les pièces façonnées manuellement ("N" a dessiné des grilles, mobilier et garde-corps en métal) et le travail forestier (dessouchage, abattage, déblayage etc). "N" prépare donc un dossier de chiffrage et contacte des entreprises pour obtenir leur collaboration dans l'évaluation du montant des travaux. Les contacts à prendre sont identifiés par un réseau de collègues et amis. Le dossier de chiffrage (format A4) présente : le plan d'ensemble du site indiquant les limites et le nom de modules (i.e. "Bois", "Bosquet Nord", etc) ; les plans masse de chaque module, à raison d'une feuille par module (échelle 1/1000 ) annotée manuellement pour indiquer les éléments de projet ; un tableur qui détaille par module et par poste (travaux préparatoires, espaces verts, travaux forestiers, serrurerie, travaux spécifiques) les travaux correspondants et les quantifie (cf. Annexe, sol, figure 19). "N" dispose du même tableur. Il l'a approximativement informé au niveau des coûts mais il ne délivre pas cette donnée aux entreprises qu'il va consulter. Celles-ci sont en revanche informées du montant total des travaux. "N" a dix jours pour finaliser un chiffrage. Il contacte trois entreprises de VRD, deux entreprises de serrurerie, un pépinériste et deux forestiers de l'o.n.f. Il rencontre chacune des entreprises pour l'introduire au projet. L'entrevue est l'occasion d'un échange sur la technique de mise en œuvre au moment du chantier.

61 60 La question relative à la qualité du sol de la Sapinière émerge à nouveau. "N" a obtenu un équilibre entre les volumes de remblai et de déblai sur le site : près de 2000 m3 dans chaque cas. Cet équilibre est précieux au vu des volumes concernés. Il permet d'utiliser sur site les déblais issus du traitement en fossé de la limite avec la prison, pour réaliser les gradins enherbés en contrebas des Patios. Les entreprises de VRD attirent son attention sur la nécessité d'une bonne terre de remblai pour garantir une bonne mise en forme des gradins. Si la qualité du sol n'est pas adaptée (e.g. faible cohésion, beaucoup de pierres), il faudra envisager d'exporter les déblais et d'acheter et faire venir de la terre de remblai. Dans cette hypothèse, le montant des travaux explose. Par ailleurs, les volumes de terre déplacés constitueront une charge importante sur le sous-sol de la Sapinière : Va-t-il résister? A-t-il une portance suffisante? Comment la Sapinière a-t-elle été remblayée? Aucune information n'est disponible en mairie sur ces points à propos desquels "N" a déjà demandé des informations plusieurs mois auparavant. Les choses en resteront donc là. "N" chiffre l'hypothèse optimiste annotant son budget pour indiquer la forte marge d'incertitude sur le coût des terrassements : "Le budget prévisionnel présente un excédent d un ordre de grandeur proche des imprévus. Il reste susceptible d évoluer [ ] sous l effet de point de d incertitudes qui n ont pu être informés au cours de la phase d Avant Projet Sommaire. Ces points sont les suivants :. La qualité du remblai de l ancienne carrière : le budget est basé sur un remblai déblai sur site et une utilisation des déblais, notamment de celui issu de la réalisation du saut-de-loup le long de la limite pénitentiaire (mais aussi de la butte et de l aire de jeu) pour le remblai des gradins au niveau du Quai des Patios. Dans le cas où le remblai aurait été de mauvaise qualité (e.g. beaucoup de pierres), celle-ci pourrait empêcher la mise en forme des gradins et le transfert sur site des déblais/remblais serait impossible. Le budget s en trouverait très significativement modifié puisqu il faudrait évacuer les déblais et faire venir des remblais.. Les exigences de l autorité pénitentiaire quant au traitement de la limite communale et pénitentiaire Sud : la possibilité de remplacer l actuel grillage par un saut-de-loup doit être soumise aux responsables de l institution pénitentiaire. Il faudrait préciser leurs exigences en matière de pente du fossé dont l inclinaison détermine à la fois le coût du déblai et celui de la mise en œuvre du soutien des versants du fossé." (Plaquette APS, p65) Acte IV : Déblayer/remblayer, une carrière A l'automne 2002, une nouvelle série de réunions se tient entre "N", le maître d'ouvrage, l'ecole départementale des Pompiers (EDIS) 7 et les responsables du domaine pénitentiaire de Fleury- Mérogis. Il s'agit de discuter la faisabilité d'un traitement en fossé de la limite pénitentiaire et d'un parcours vert entre Grigny et le bois de Saint-Eutrope. "N" présente le projet à ces nouveaux interlocuteurs qui se montrent ouverts et coopératifs. "N" identifie des réalisations existantes et emmène, à leur demande, les responsables de la maison d'arrêt visiter des exemples de limites en fossé : le saut-de-loup du Trianon de Versailles, celui du jardin André Citroën (Paris 15) et le grillage en fossé du Technocentre Renault à Guyancourt (cf. Annexe, sol, figure 20). Les interlocuteurs sont séduits par la dernière solution et se déclarent ouverts à un aménagement de ce type le long de la Sapinière. 7 Qui occupe avec son domaine une partie de l'ancien rideau de résineux et se situe sur le chemin que pourrait emprunter un parcours vert allant de la Sapinière au bois de Saint-Eutrope, au sud du domaine pénitentiaire.

62 Le sol : projet de carrière 61 Décembre 1999 Evènements Contenus 1.Lecture sensible Lothar (26 Décembre) Plaquette "Bleue" (Mars 2000) ("M" "B" "N") (Aucune évocation du sol) Plaquette "Verte" (esquisse) ("M" "B" "N") (Janvier 2001) évocation talutage/remblais Lecture du lieu "en souffrance" par la topographie du sol : talutage sur le collet des peupliers, remblais lors de la consitution des stades... Janvier 2001 Analyse historique : archives municipales, histoire de l'industrie de la meulière sur la commune, de la carrière, photo de remblaiement, Entretien avec "J" habitant des Patios et enseignant en prison. Foucault/Rousseau sur le pénitentiaire Relevés topographiques par "B" et "N" Plaquette kraft (formation-automne) ("N") "Antichambre de Natures" proposition de traitement de la limite pénitentiaire en ha-ha Appel d'offre (Décembre) ("A" "F" "MM") Décembre 2001 Note méthodologique (Déc. 2001) ("B" "N") Mai 2002 Notification (Mai 2002) ("A" "MM") Plaquette APS (Juillet) ("N") "Au plus près du site : l'opportunité des matières" Enquête réglementaire: bureau d'études techniques, DRIRE, carrier "P" Fosses : déchets en sous sol Visite de réalisations en fossé avec responsables de la prison et de l'école des pompiers Juin Inventaire. Du village à la ville nouvelle : une carrière remblayée ayant appartenu au domaine pénitentiaire, historique d'échanges de parcelles entre Fleury et Grigny.. "J", "M": remblaiement en remblai d'autoroute et en déchets hospitaliers ou d'industrie.. Foucault/Rousseau sur le pénitentiaire.. Une limite communale plus que pénitentiaire, tour du domaine pénitentiaire, relevés topographiques le long de la prison, la "petite porte" (grillage manquant, point de passage de la prison à la Sapinière), traiter la limite pénitentiaire en 'ha-ha" / saut-de-loup vrillé/inversé, ouvrir la limite sud de la commune.. Quai des Patios : Aillaud a fait une architecture introvertie car face au domaine pénitentiaire (La Sapinière à l'époque). Aujourd'hui, retourner l'architecture sur le site par traitement de la rue de la Ville Basse en quai.. visuel : coupe ha-ha maçonné, joint creux ha-ha antifranchissement, vue sensible ha-ha Néant 3. Cadrage réglementaire 4. Au plus près du site. Traitement du Quai en gradins (budget / éviter la maçonnerie). Ha-ha (déblai) : "VRD1" selon la résistance du sol et les exigences de l'administration pénitentiaire pour la pente du ha-ha, une géogrille renforcée est nécessaire.. Equilibre remblai (gradins)/ déblai (ha-ha) : incertitude de budget d'aps liée à la qualité du sol qui permettra ou non le remblai/déblai sur site, plan géomètre. Enquête réglementaire: aucune archive sur la réception du remblaiement de la carrière ; aucune obligation à l'époque ; portance du sol (2000m3 de remblai/déblai)? sondages à réaliser.. Réalisations de 3 fosses le long de la prison : déchets en sous-sol ; toxicité?. Exigences de l'administration pénitentiaire : accord, après visites, pour grillage en fossé avec emprise sur le domaine pénitentiaire.. Visuel : limite prison vues actuel/projet, coupe saut-de-loup géogrille, calques d'études avec coupes et calcul remblai déblai, plan géomètre

63 62 "N" insiste auprès de la mairie sur la nécessité d'éclaircir la question de la qualité du sol. La mairie envoie finalement une entreprise de VRD, en activité sur la zone des stades, pour creuser trois fosses le long de la prison. Les fosses montrent que le sol est constitué d'une couche arable fine (50 à 80cm) qui recouvre des déchets de tous ordres sur plusieurs mètres : fioles Kodak, pneus, déchets ménagers, chaussures... le sol semble peu portant, impossible à mettre en forme en tout cas, sans parler de la question désormais évidente de la possible toxicité des déchets. "N" réalise des prélèvements des déchets qui sont acheminés vers la mairie. "N" décide de s'enquérir de l'existence d'archives sur ce remblaiement : ni la DRIRE, ni le carrier qui exploita à l'époque la carrière n'ont gardé traces de l'opération. Suit un silence de six mois de la part du maître d'ouvrage. On retrouve dans cette histoire du sol une dynamique qui était présente dans celle du jeune chêne, à savoir : la nécessité d'un travail à distance lié à la multiplicité de interlocuteurs et des compétences ; la forte mise en réseau du projet ; la mise en forme du projet liée à la nécessité de traduire le site et le projet à ces interlocuteurs (dossier de chiffrage) ; les allers-retours au site puisque ces appels à savoir-faire relancent les tests sur le terrain et l'enquête sur le site (e.g. creuser des fosses, téléphoner à la DRIRE). Ce que j'ai appelé la dilatation de l'échelle est aussi très caractéristique puisqu'elle procède ici du grand territoire au détail. On gagne en généralité. Il s'agit maintenant d'une problématique générale, celle de la reprise d'un urbanisme des années 60. Surtout, la spécificité du problème nous fait gagner en compréhension de cette généralité. On prend la mesure de la pensée qui présidait à ces aménagements lorsque l'on sait qu'elle imaginait neutraliser le face à face entre le plus grand domaine pénitentiaire d'ile-de-france et 3500 logements sociaux en camouflant les uns aux autres par un rideau de résineux. Il s'agit de l'urbanisme de ce lieu là ; du dessin de cette limite, avec son fruit, sa pente de fossé, son inversion qui épouse le relief et les mouvements des humains dans ce lieu ; de la proximité entre la prison et la Grand Borne puisque, les responsables de la prison le dirons, la prison se protège des incursions de cette dernière. Cependant, la logique hétérarchique, de modification de l'ensemble par le détail, très apparente dans le cas du jeune chêne, l'est beaucoup moins ici. L'exploration concerne un trait sur le plan masse. Ce qui est en revanche nouveau, c'est l'activité de "projection" de figures de style ou d'images de référence par "N" sur le site. Ainsi en va-t-il de la figure du saut-de-loup, proposée, puis testée et remaniée à l'épreuve du site. Le saut-de-loup est une figure de style de l'art des jardins ; elle est projetée ici pour emprunter la vue du champ de sécurité de la prison ; elle est inversée, de façon symbolique, à l'épreuve de l'urbanisme local ; elle est transformée en fossé asymétrique à l'épreuve du sol et de sa texture (discussion avec les entreprises) ; elle devient un grillage enterré à la rencontre des responsables de la prison, pour finir en suspens, dans les limbes des pratiques de remblaiement de carrière des années 60. On voit ainsi une proposition de paysage tenter de se naturaliser, de s'ancrer dans le site. Elle convoque ce faisant de multiples porte-parole qui lui font passer l'épreuve du site, jusqu'à ce que, dans ce cas, elle soit hypothéquée par le secret du site enfin révélé. Le bois (lignine) : projet de tempête Le jeune chêne nous a montré comment le petit peut modifier le grand, le bois, lors de la descente en échelle. Le sol nous a appris par quelle voie la matière peut forcer à convoquer ceux qui seront à même d'exhumer l'histoire du site, celle de la carrière et de ses déchets. Le premier nous parlait d'un projet de bois, le second d'un projet de carrière. Le bois, sa fibre, la lignine constitue la troisième histoire qui nous parle d'un projet de tempête.

64 63 Acte I : S'attacher ou la nature en émeute Ce que j'ai appelé plus haut la "figure d'ouverture" initiale correspond à la rhétorique d'une "nature en émeute", d'un site blessé à panser / réparer par le projet. La plaquette bleue présente des visuels d'arbres déchirés, des gros plans de ces fibres déchiquetées qui ont tant marqué "M" au lendemain de la tempête (cf. Annexe, sol, figure 21). A ce stade, les comptages de densité réalisés par "N" sur le terrain confèrent une réalité à cette rhétorique en montrant que seul le tiers des arbres sont encore vivants (Cf. "Le jeune chêne", Acte I). Les chablis, leurs fibres en décomposition dans le bois ne figurent pas sur les plans masse de la phase d'esquisse (cf. Annexe, site, figure 35). Si l'on parle à ce stade de déblayage doux, de cheval de trait, c'est dans un pur souci d'évocation d'une démarche respectueuse du site et de la nature. On ne sait ce qu'il faudrait vraiment ainsi déplacer même si le budget prend en compte une base de 80% des individus morts sur troncs. Acte II : Effacer ou la pensée des alignements Déblayer tous ces troncs alignés morts sur pieds, puis replanter en essences diversifiées et de façon transversale aux alignements, c'est s'affranchir de la pensée fonctionnelle qui s'était enracinée dans ce site. Comme nous l'avons évoqué plus haut, le plan masse d'esquisse traduit au travers du graphisme de fossés plantés, transversaux aux alignements d'arbres, une volonté d'effacer les alignements de la Sapinière (cf. Annexe, site, figure 35). Mais cette volonté d'effacement procède du même type de vue surplombante et d'abstraction par rapport au site, que celle qui avait décidé de la plantation en ligne de ces résineux. Acte III : Abattre/dessoucher ou le retour de la fibre L'inventaire est l'occasion d'un retour de la fibre du site, au sens de sa matière et de spatialité dans le dessin du projet. Il exhume l'histoire de la Sapinière des archives municipales : histoire du grand urbanisme, évoquée plus haut, mais aussi histoire du couvert boisé de la Sapinière que "N" résume en deux pages et des dates clés (cf. Annexe, bois, figure 21bis). Les soit disant couloirs à vent évoqués dans la plaquette d'esquisse prennent sens. Ce sont des allées en croix, tracées par l'onf en 1995 pour sécuriser les cheminements sur la parcelle. Ce sont aussi des travées vides résultant de l'abattage de pins Weymouth atteints de la rouille vésiculeuse de l'écorce. De même, le couvert boisé se décline, de façon maintenant certaine, en quatre essences : Mélèzes, Douglas, Epicéas, Mérisiers. Le plan masse (plaquette kraft) (cf. Annexe, site, figure 37) traduit d'ailleurs plus clairement les variations du couvert résineux au sein des alignements. C'est aussi et surtout les chablis qui apparaissent sur ce plan masse et viennent s'entasser en bout de travées pour protéger les jeunes chênes. Au-delà de jeu entre la fibre morte / protectrice et la fibre vivante / régénératrice, c'est la relation entre le site et l'architecture d'emile Aillaud que "N" propose de remanier. Le "retournement" des Patios sur le site que nous venons d'évoquer à l'occasion de l'histoire du sol, vaut aussi pour les derniers bâtis de la Grande Borne localisés juste au Nord de la Sapinière : les Radars. "N" propose d'ouvrir la vue sur le site depuis ces bâtiments en défrichant ce qu'il appelle le "Bosquet Nord", à savoir un gros bosquet de résineux et de merisiers localisé dans la partie nord des champs privés, qui sépare à la fois les Patios, les Radars et la Sapinière. Une axonométrie présente le principe de l'ouverture ainsi pratiquée (cf. Annexe, bois, figure 22). La proposition de "N" émane, d'une part, d'un tour de terrain avec un formateur paysagiste et écologue qui fut très sensible à la fermeture du paysage sur le terrain. D'autre part, "N" obtient aux archives municipales des photos aériennes du site depuis avant sa construction jusqu'en Il s'y lit très bien la stratégie de camouflage de la prison par plantation et notamment celle du Bosquet Nord venant redoubler la Sapinière. Ouvrir la vue, c'est

65 Le bois (lignine) : projet de tempête 64 Décembre 1999 Evènements Contenus 1.Lecture sensible Lothar (26 Décembre) Plaquette "Bleue" (Mars 2000) ("M" "B" "N") La nature en émeute : photos de fibres de bois déchirées Comptages de densité d'arbres en place. Plaquette "Verte" (esquisse) ("M" "B" "N") (Janvier 2001) Evocations des essences : mélèzes, douglas, épicéas, merisiers. Plan masse tendant à effacer les alignements d'arbres par des fossés transversaux, pas de représentation des chablis. Visuels : photos de déchirures de la tempête. Janvier 2001 Analyse historique : archives municipales, histoire de la parcelle, des essences. Stations forestières Plaquette kraft (formation-automne) ("N") "Antichambre de Natures" Achèvement de l'onde Décembre 2001 Appel d'offre (Décembre) ("A" "F" "MM") Note méthodologique (Déc. 2001) ("B" "N") Mai 2002 Notification (Mai 2002) ("A" "MM") Esquisses de mobilier, garde-corps et escaliers métal et bois inspirés de l'esthétique de l'onde. Enquête technique et réglementaire: méthodes de conservation du bois, technicien CNDB, classes réglementaires des essences. Chiffrage avec les entreprises : remaniement des esquisses Plaquette APS (Juillet) ("N") "Au plus près du site : l'opportunité des matières" Juin Inventaire. Histoire de la parcelle : densités de plantations, conduite passée par l'onf, abattage des pins Weymouth, évolution des densités.. Analyse historique (photos aériennes) : retourner l'architecture sur le site, dégager le bosquet Nord.. Travail avec "V" : la nature se referme, ré-ouvrir le site. Comptages de diamètres des fûts sur les stations forestières. Utilisation des chablis pour mettre en défens des zones de régénération (entassements). Photos de référence de l'onde Visuels : Plan masse et dessins techniques figurant les chablis en place, axonométrie sur le Bosquet Nord et la zone "carrefour". Néant 3. Cadrage réglementaire 4. Au plus près du site. Esquisses de bancs, escaliers d'accès, garde-corps le long du ha-ha en métal et bois. Recycler les fûts dans les aménagements.. Enquête technique sur possibilité de conserver les fûts avec écorces.. Enquête réglementaire sur le classement des essences présentes sur la parcelle, la possibilité de les utiliser.. Chiffrage : chiffrage avec serrurerie, entreprise VRD et forestiers à propos des travaux forestiers et de la mise en œuvre du bois abattu.. Bilan de matières : estimation des abattages / dessouchages.. Modification des esquisses pour une question réglementaire et de budget : escaliers et gradients en bois, bancs avec assise en bois, garde-corps avec plus forte proportion de bois.. Mettre en scène la transformation du site (banc de sciage) (VRD 1). Visuel : onde, bois à nu (écorcé par un pitbull), écorces, installations avec souches, tranches de troncs, plan figurant les chablis et les placeaux de régénération.

66 65 prendre acte du fait que la Sapinière est devenue aujourd'hui bien plus qu'un rideau : c'est une aménité. Le projet franchit donc un pas en remaniant le site au niveau du bosquet nord où un jardin d'école vient s'installer et où un réseau d'allées piétonnes pose des liens entre les Patios, les Radars et la Sapinière. L'idée n'est pas poussée plus loin. La fibre du bois est "en l'air" puisque "N" a "enlevé" en idée et en dessin le bosquet nord. Mais il ne l'a ni abattue, ni élaguée, ni débardée... L'APS est la phase au cours de laquelle ces opérations de coin de table vont prendre réalité par anticipation. Acte IV : Débiter/enserrer ou la condensation de l'onde Le début de l'aps inaugure la descente en échelle vers le chiffrage. "N" se lance dans le dessin de détails tels que les accès au site ou le saut-de-loup le long de la prison. La première idée de "N" est de montrer le bois au niveau des accès principaux, d'y saisir un esprit du lieu ou du projet, de différencier le traitement de ces escaliers principaux de celui des gradients qui permettent de descendre ici ou là les gradins des Patios. L'histoire part d'un dessin d'escalier dont les matériaux sont inspirés de l'onde : marches en IPN métal brut, soutenues par des quarts de troncs enchâssés dans le nez de la marche. Elle permet de décliner les écorces des essences du site à l'entrée et à la sortie. "N" se réfère en parole à l'idée d'un écrin, au fond duquel se devine le bois devenu précieux : l'essence. Elle est aussi celle de recycler le bois de la tempête (cf. Annexe, bois, figure 23). L'Onde traverse ainsi la réflexion du paysagiste grâce à des photographies de référence transmise par "M". Elle joue littéralement le rôle de condensation de la tempête qui se redéploie au moment de l'aps. Les photos que l'on retrouvent dans la plaquette d'aps sont celles du début de l'onde, des premiers sujets, ainsi que d'un détail d'attelle rouillée. "N" y ajoutera celle du bois d'un tronc écorcé par des pitbulls et qui fait apparaître le bois d'un des arbres de la Sapinière mis à nu. (cf. Annexe, bois, figure 24). L'esquisse des escaliers est suivie de celle de bancs et de garde-corps le long du saut-de-loup, en limite avec la prison. Le terrain de la Sapinière remontant de quelques mètres au-dessus de celui de la prison à l'approche des stades, le creusement du saut-de-loup conduit à un dénivelé de près de quatre mètres. Un garde-corps peut donc être requis par les règles de sécurité en espace public 8. La longueur de linéaire à couvrir est a priori importante. Il s'agit de près de deux cent mètres linéaires. Le coût d'un tel linéaire est prohibitif. "N" ne souhaite de toutes manières pas utiliser du mobilier en "prêt-à-porter" sur le site. Il veut, si cela est possible, utiliser la matière en place. "N" dessine un garde-corps fait à base d'ipn scellés à intervalles réguliers et en position verticale le long du saut-de-loup. Ces plots alternent pour former des casiers à même d'accueillir les troncs déblayés, que ce soit ceux du bois ou du bosquet nord. Il s'agira alors d'empiler la matière dans ces casiers ("N" pense aux installations de Boltansky), de l'y densifier afin qu'elle contraste avec l'étirement et la courbe du saut-de-loup sur la grande longueur du site (cf. Annexe, bois, figure 25). Le travail sur le dessin de détail s'étend aux autres éléments de mobilier qui seront présents dans le bois, comme les bancs ou le mur qui ferme la Sapinière au niveau de la continuation du rideau de résineux sur le domaine pénitentiaire. Les esquisses sont réalisées en envisageant les matériaux métal (IPN notamment) et bois (cf. Annexe, bois, figure 26). Acte V : Recycler, une tempête Une idée, largement inspirée du formalisme de l'onde, émerge peu à peu dans le dessin des éléments de détail du projet. Elle conduit "N" à vouloir la formuler et l'affirmer pour la rendre 8 Dans ce cas, le dessin en est contraint de façon réglementaire. Comme par exemple : hauteur minimale, sans compter les appuis à moins de quarante centimètres du sol, écartement des barreaux de moins de onze centimètres.

67 66 lisible, visible en tant que principe de projet. L'idée tient au recyclage des matières sur le site pour former le projet. "N qui a une formation d'économiste de l'environnement y voit aussi un principe de gestion environnemental : du point de vue du cycle de vie des matières et des bilans de pollution, le plus efficace est de recycler sur place les matières en les mettant en œuvre sur site. Ce principe ne résonne pas sur le seul formalisme de l'onde : "M" a en quelque sorte voulu recycler la tempête dans l'onde. Ainsi, de nombreuses raisons semblent converger pour confirmer le principe qui a émergé dans le dessin. La multiplicité de ces raisons est, pour "N", un signe important de l'avancée du travail et de la validité de la piste poursuivie. Mais encore faut-il que les aménagements ainsi proposés passent des plans d'épreuve essentiels, tels ceux de la faisabilité technique, de la sécurité en espace public, de la tenue décennale des installations ("N" est soumis à une obligation d'assurance décennale) ou de la compatibilité avec le montant des travaux envisagé. C'est à ce stade que la fibre du bois, la lignine, en scène depuis que "N" avait décidé de défricher le bosquet nord, joue vraiment sa partie. "N" se lance dans une rapide enquête technique et réglementaire. Il contacte un institut forestier et un institut technique spécialisé dans les infrastructures bois. Le premier lui déconseille fortement les gardes corps envisagés considérant que les troncs vont rouler, les enfants monter dessus et tomber... "N" obtient en chemin les formules de cubage des troncs qui lui permettront de chiffrer les stères à déplacer, ainsi que des fourchettes de coûts pour chiffrer les travaux forestiers : abattage, dessouchage, élagage, débardage, débitage. Il conçoit aussi une adaptation de son dessin de garde-corps afin de remédier aux dangers perçus par ce premier technicien (cf. Annexe, bois, figure 27). Il présente son projet à un technicien du second institut qui le juge "de bon sens" en regard du site et de son histoire récente, mais délicat à réaliser. Une discussion s'ensuit sur les classes réglementaires des essences présentes sur le site 9. Le dessin devrait être adapté pour mettre les fûts hors eau. Le dessin des escaliers pose notamment problème de ce point de vue. La question réglementaire en espace vert sur ces points est une "zone grise" et "n" doit tenter d'emmener son maître d'ouvrage dans une convention de contrôle (i.e. un accord écrit dans lequel le maître d'ouvrage endosse la responsabilité et le suivi des infrastructures selon des clauses techniques décidées en commun avec "N" et qui sont censées en garantir la sécurisation). Le problème passe donc d'une question technique relative à la lignine à une question réglementaire (celle des classes de bois) puis à celle d'un ajustement technique (du dessin) et d'un partage de risque entre maître d'œuvre et maître d'ouvrage. En revanche, la question des escaliers auxquels "N" "tient" est plus délicate. "N" souhaite conserver l'écorce sur le bois enchâssé dans les marches. Une enquête technique au niveau international (e.g. pays nordiques, USA, Canada, Québec, Japon) sur le Web puis par , auprès de spécialistes et experts de la conservation du bois en extérieur, ne lui apportera aucune réponse opérationnelle : les coûts sont trop importants ou les volumes traitables trop petits. "N" n'en conclut pas moins que les bois traités aux sels de cyanures que l'on lui recommande pour les garde-corps (i.e. les bois verdi des barrières de sécurité couramment utilisé sur les routes de montagne) ont une compatibilité écologique jugée limite dans certains pays (notamment au Québec). Enfin, se pose la question du coût. "N" évalue les mouvements de troncs, les quantités abattues, dessouchées, débitées, débardées. Il exhume le peu de statistiques sur les diamètres des troncs de la Sapinière qu'il avait réalisé à l'occasion de l'analyse des stations forestières (cf. Annexe, bois, figure 28). Il manipule des troncs à la table, sur le papier, faisant des bilans à la recherche d'un équilibre des approximatifs sur le projet (cf. Annexe, bois, figure 29). Un volant de sécurité peut être de laisser des troncs en place. Le coût des dessouchages très nombreux le conduit à réduire ce 9 Les essences sont classées par le réglementation en cinq classes: de 1 (la moins résistante) à 5 (la plus résistante). Les facteurs de dégradation pris en compte sont les intempéries notamment le contact avec l'eau, les forces subies par le bois.

68 67 poste au minimum. Il décide de laisser des souches en place, de jouer avec ces restes du bois ou du bosquet dans le projet. Il demande aussi un chiffrage auprès de deux entreprises de serrurerie, concernant les éléments de mobilier en métal et bois. Il obtient une réponse. Comme attendu, le coût de la matière première métal est important par rapport à la mise en œuvre. Ainsi, la logique de conception du gardecorps qui visait à recycler les troncs pour former le linéaire et utiliser le métal pour les caler, se trouve confirmée dans son économie. Celles des bancs est en revanche modifiée pour ne conserver que les dessins de bancs utilisant le bois selon la même logique (cf. Annexe, bois, figure 30). Au bilan, c'est un esthétique de recyclage de la tempête et de remaniement des abords du site (i.e. liaison avec les Patios et les Radars, lisière avec la prison) qui se stabilise en fin d'aps. Le plan masse les traduit. On voit reculer la lisière avec la prison, émerger des souches dans les champs privés, à l'endroit du bosquet nord, se redessiner les allées forestières, s'empiler franchement chablis et troncs, que ce soit le long de la prison ou dans les travées vides pour protéger les régénérations. Le traitement des détails a décidé d'une économie du projet que "N" nomme et décline dans la plaquette d'aps : "Au plus près du site : l'opportunité des matières" (chap 4, plaquette d'aps). Les images de références incluses dans la plaquette d'aps jouent de souches et de troncs, en écho à l'onde... et à la tempête (cf. Annexe, bois, figure 31). Les mois qui suivent l'aps verront les responsables de la prison visiter des réalisations de sautde-loup et se prononcer pour un fossé avec grillage enterré. Le saut de loup se transforme en. Fossé, ses pentes changent, son traitement aussi. Il ne réclame peut-être plus de garde corps pour l'accompagner. L'économie du projet peut-elle en être modifiée? Cela est possible, en particulier au moment où la carrière vient délivrer le secret d'une décharge, localisée qui plus est le long de la prison, là où il faudrait creuser et former ce fossé. Reste que le projet de tempête a traversé le site par ses bois, les a retournés, emportant l'architecture dans son mouvement, et que ces bois, ces fibres et les porte-parole assemblés pour les faire parler sont maintenant présents. L'histoire de la fibre suit bien sûr un cours qui rappelle par maints aspects les deux histoires précédentes : mise en forme, mise en réseaux, aller-retour au site. La mise en réseaux et le rôle des visuels y sont encore plus important semble-t-il. Il leur correspond un tâtonnement, une hésitation dans l'entrée en matière : d'abord effacer les alignements, puis s'en arranger, puis s'appuyer sur cette trame pour recomposer le bois. Ce tâtonnement est en relation avec le lourd travail nécessaire pour mettre le projet à l'épreuve du site et faire-parler ce dernier. Enfin, cette histoire est importante parce qu'elle rend compte de l'influence de l'onde sur le projet de paysage. Les voies de cette contamination sont intéressantes à retracer. La chaîne de circulation de cette référence peut se recomposer comme suit : Tempête -> Onde -> bois et métal -> présence physique sur le site -> photo de référence : rouille et bois (matières) -> dessin de mobilier métal et bois (projet de paysage) -> technique des matières (serrurerie, travail forestier, mise en œuvre du bois) -> coûts de mise en œuvre / contrainte de budget -> utiliser la matière présente sur le site -> bilan des troncs (tempête/travail forestier) -> "l'opportunité des matières" - > projet de paysage en lien avec la tempête. La photographie de référence joue le rôle de condensation de l'onde qui elle même condense la tempête. La photographie, présente sur la table à dessin du paysagiste, le rappelle sournoisement à la tempête au moment où il plonge dans le dessin de détail. Certes, cette photographie n'est qu'un vecteur, elle n'aurait pas le pouvoir d'évocation qu'elle a pour le paysagiste si celui-ci n'avait pas suivi le développement de l'onde et collaboré avec "M". Ce retour de la tempête à partir du détail et l'émergence d'un principe de projet à partir des dessins techniques relève tout à fait de ce que j'ai appelé la dilatation d'échelle. Le détail, son économie, rend pertinent le traitement par le bois, qui rend pertinent l'orientation du

69 68 projet sur une logique de recyclage de la tempête, au propre comme au figuré, puisque seul un évènement de l'ampleur d'un ouragan peut prétendre à retourner une architecture. Assemblage : Projet, paysagiste, chercheur/paysagiste Les trois histoires que nous venons de parcourir recomposent l'activité de projet. Le jeune chêne a mis en évidence la logique hétérarchique de la dilatation d'échelle. Le sol a mis en lumière le faire-faire du site forçant les acteurs à excaver de l'histoire du lieu, à coups d'allers-retours vers site, de traductions de ce dernier et du projet pour les mettre en réseau sur les savoir-faire qui sauront le faire parler. Le sol a aussi montré à quel point les vues et figures de style projetées sur le site doivent être remaniées pour s'y ancrer et "faire projet". Le bois, enfin, a montré les voies d'influence du projet artistique sur le projet de paysage, les voies d'émergence d'un principe de projet à partir du dessin de détail et les voies de tâtonnement pour entrer dans la matière du site, faire parler ce dernier et y ancrer le projet. On passe ainsi de l'idée d'une descente en échelle à un processus de traversées multiples des échelles par lequel le petit le détail relance l'enquête sur le site, remanie ce dernier et le projet, c'est à dire le grand. C'est que j'ai désigné par logique hétérarchique. On traverse le bois, la carrière, la tempête au moment où l'on s'intéresse au jeune chêne, à la pente du fossé et au gardecorps. On gagne en spécificité et en généralité au même moment, ce qui procure d'ailleurs le sentiment (dans le travail) qu'une force d'assemblage ouverte est à l'œuvre. Ces traversées sont suscitées par la matière : elle convoque des savoir-faire, des porte-parole pour livrer son mystère et déployer, à travers eux, son faire-faire. S'il y a projection d'images de référence sur le site, la réaction de ce dernier, sa réception de ces propositions finit par en remanier le formalisme, pour les ancrer dans le site. On retrouve ici, sur un autre mode, le faire-faire du site que l'on avait mis en évidence dans l'onde. Il s'opérait alors sur le mode d'un tâtonnement physique sur le terrain. C'est pour cette raison que la reconstitution avait été nécessaire afin de saisir la part active du site dans le projet. Ici, les allers-retours au site, le travail à distance, la formalisation qui permet d'emporter et de traduire le site pour le mettre en réseau ont un rôle primordial. Ils rendent ce faire-faire traçable dans les archives du projet. Au bilan, le projet se présente comme un affaire collective, axées autour du site et de sa matérialité, qui se joue d'allers-retours, de propositions de paysage à tester et ancrer dans la matière. Il va extraire du site ses potentialités, les met en forme et en circulation. Il est scandé par des moments d'ouverture et d'accroissement du collectif à l'œuvre et des moments de clôture, d'assemblage. L'œil de l'observateur naît de la reconstitution de l'onde m'a donc conduit à m'intéresser aux actions et au faire plutôt qu'au dire. Ce faisant, elle m'a permis de m'affranchir de la gêne occasionnée par une trop grande attention au langage et à l'énonciation dans un travail d'autoanalyse. Le faire est là. Il a eu lieu. Le dire est encore le mien puisque j'énonce ce matériel de recherche au moment où je rédige ces lignes. Pour cette raison, la méthode et le réglage de l'observateur ont été facilité par l'analyse d'un projet qui n'est pas le mien mais avec lequel j'ai entretenu une proximité au cours de son développement. L'Onde a donc influence le projet de paysage mais elle a aussi compté sur l'analyse de ce projet.

70 69 4. Refonder : Dilater l'échelle, ancrer le paysage De l'onde au paysage, de l'art au paysage, de la montée à la descente en échelle, j'ai raconté plusieurs histoires. Je les ai assemblées, successivement, pour constituer les parties prenantes à cette recherche : le vent / l'artiste / le regard de l'observateur dans un premier temps, puis le site / le paysagiste /le regard de l'observateur dans un second temps. Cet observateur, en cours de constitution dans cette observation, c'est moi en tant que chercheur /paysagiste. Ce regard sur ces histoires, son regard reste à assembler, à rassembler. Il s'est formé à partir d'une promesse et de l'idée d'une "controverse environnementale". Il promettait de refonder la théorie du paysage à partir de la pratique, pour s'affranchir de cette controverse et bâtir une théorie capable de nous parler de cette pratique. Si l'opération est réussie, si l'assemblage est heureux, je serais donc en mesure de passer, à l'image des histoires que je viens de raconter, d'un certain regard sur le paysage - un regard premier, de principe qui n'énonce guère plus qu'une proposition sur le paysage - à un autre regard qui saisit la suite des évènements, à savoir : les métamorphoses de cette proposition s'affrontant au site (ou au pays) pour s'y ancrer comme paysage. Ce second regard, que je voudrais par élégance appeler un regard certain, serait certain non parce que fort de sa certitude mais parce que contrairement au premier, il dirait ce qu'il est. Le "certain regard" tend à faire passer la proie pour l'ombre, la proposition pour le paysage. L'artialisation qui fait résider le paysage dans le mystère du sujet du regard n'est guère qu'un "regard sur". La considérer comme totalement constitutive du paysage revient à obérer, comme nous venons de le voir, le processus qui rentre dans les plis du site (ou du pays) pour former le paysage en l'ancrant dans sa matérialité. Au fond, ce "certain regard" dénie cette matérialité et ce processus d'ancrage. Il les remplace par le "mystère du sujet". Son interlocuteur reste donc interdit, comme coi, devant tant de certitude dans le regard, tant de fulgurance et de savoir voir. Le "regard certain", au contraire, n'est certain qu'en ce qu'il annonce la couleur. Son interlocuteur sait où il campe. Au mystère du sujet, il substitue la potentialité de la chose que le travail de projet vient excaver, mettre en forme, discuter au moyen d'allers-retours au site et de dilatation d'échelle. Au mystère de la nature, il substitue sa potentialité à guider, orienter le regard et fairefaire pour stabiliser, temporairement, une mise en forme. Refonder c'est donc tenter d'assembler un regard certain. Une théorie du paysage qui ne nie pas le "regard sur" mais ne s'y cantonne pas. Une théorie qui remette ce regard en perspective du travail d'extraction des potentialités du site par le projet. Le tableau XX pose de premiers jalons. J'y explore, dans la colonne de gauche, quelques couples d'opposés fondateurs du "certain regard ", tels que : sujet / objet, local / expert, science / esthétique. Dans la colonne de gauche, je tente de préciser la boite à outils qui remplace ces couples et vient fonder le "regard certain" : Proposition / naturalisation, faire-faire / savoir-faire, ouverture /clôture. Le choses fonctionnent comme suit.

71 70 Tableau I Un certain regard Le mystère du sujet Sujet / Objet -> le mystère du sujet Le paysage est de l'ordre du regard du sujet qui le fait être au monde (l'artialisation, Roger). L'objet, le substrat, site ou pays, n'est rien (le degré zéro, Roger). La désignation, la conscience du sujet paysageant sont les conditions d'existence du paysage (l'image opérative esthétique, Boutinet ; le paysan versus le paysageant, Roger). La société est ou n'est pas paysagiste. L'existence du paysage dépend de sa désignation par la société. Le mot, l'image sont les témoins (magiques) d'une société paysagiste (Roger, Berque). Le paysage est de l'ordre de l'image et l'image émane du regard qui renvoie au sujet, à son émotion, son savoir : son mystère. Local / Expert -> le regard extérieur Le paysagiste artialise grâce à un regard extérieur, conscient ("le regard paysageant" Roger ; "la libre disposition" Kessler). Le paysagiste artialise grâce à un regard érudit, capable de convoquer l'art pour le projeter sur le site. Il transmue l'environnement (nature/fait/pays) en art (culture/valeur/paysage) (Roger). Le local n'a pas le regard extérieur. Quand bien même il modèle le pays, sa préoccupation est fonctionnelle : il n'est pas paysagiste parce qu'il n'a pas une approche formelle en conscience (image opérative fonctionnelle / esthétique, Boutinet) Science / esthétique -> le cadrage visuel Le paysage est de l'ordre de l'esthétique, du cadrage visuel, il emprunte à l'art (aux valeurs). Le pays, l'environnement est de l'ordre de la science, de la fonction (du fait). Visualisation -> image de référence Logique hiérarchique. Le regard projette l'image sur le site. Le projet descend en échelle. Le détail confirme. Un regard certain L'ancrage dans le site Propositions / Naturalisation -> le processus d'ancrage Le regard est une proposition qui demande à être naturalisée, ancrée dans le site pour exister en tant que paysage. Ex-ister c'est "émerger de" pour être porté au grand jour. L'exploration, l'extraction des potentialités du site, leur assemblage requiert le faire-faire du site relayé par un collectif. L'objectivation par la conscience et la désignation sont remplacées par le travail d'ancrage de la proposition, qui en appelle au site pour la naturaliser. La désignation ne garantit pas l'existence du paysage et l'existence ne requiert pas forcément le mot/l'image. Le mot / l'image cède la place au processus collectif qui convoque le faire/faire du site pour l'explorer et y ancrer le paysage. Toute société est ancrée dans son territoire : elle est donc paysagiste. Le paysage requiert une proposition et sa naturalisation. La naturalisation est un travail d'objectivation. Elle convoque le site et ses potentialités pour les faire ex-ister : les rendre communes, publiques. Faire-faire / Savoir-faire -> le collectif d'ancrage Le travail de projet convoque un collectif. Il croise fairefaire et savoir-faire pour ancrer une/des propositions dans le site. Le collectif agit comme porte-parole. Il plonge dans le site, en extrait des potentialités qu'il assemble. Il manipule des hybrides : "natures parlées/agies". L'ancrage local est recherché comme force d'objectivation. Plus la proposition est ancrée localement, dans le site, plus le projet "se tient", plus il a force de paysage. Le collectif doit être inclusif. La conscience esthétique /l'extériorité est remplacée par la participation au collectif. Ouverture / clôture -> le cadrage institutionnel Si le collectif doit être inclusif, il doit aussi savoir clore pour stabiliser la mise en forme. A la distinction fait / valeur se substitue le duo ouverture / clôture qui scande le travail d'ancrage du paysage. Un projet doit être ouvert pour explorer les possibles du site. Un projet doit être clôt pour assembler ces possibles et prendre "valeur de fait". Visualisation -> dilatation d'échelle Logique hétérarchique. Le détail peut modifier l'ensemble. Le projet progresse par dilatation d'échelle.

72 71 Un certain regard : le mystère du sujet Pour le "certain regard", le paysage est de l'ordre du sujet, c'est-à-dire du regard porté sur le site ou le pays. En effet, une vue largement partagée situe la naissance du paysage, à la Renaissance en occident, comme concomitante d un processus de sécularisation de la nature et de l avènement de l homme moderne (Besse, 1992). Comme on le sait, le paysage apparaît en peinture au XIV-XVième siècle avec les premières vedutta ; il correspond à l apparition de la perspective. Cette naissance de l espace moderne s accompagne d'un dédoublement du rapport au monde qui s inscrit au cœur de la représentation paysagère de la nature. La science prend en charge l'analyse du concept de nature et la représentation paysagère se charge de donner forme au sentiment de nature. L'histoire picturale correspondante a inspiré A. Roger (1997) qui, s'appuyant par analogie au corps féminin sur la dualité nudité/nu, élabore une théorie du paysage qui distingue pays/paysage. La double artialisation désigne ainsi deux modalités de l'opération artistique qui donne naissance au paysage : l'artialisation directe in situ met en forme le pays ; l'artialisation indirecte in visu concerne la représentation, le regard porté sur, elle qualifie par référence à l'art le pays comme paysage (e.g. la montagne Sainte Victoire instaurée en paysage par Cézanne). Les deux types d artialisation entretiennent une relation dialectique qui renouvelle l opération sans fin : l artialisation in situ imprime l art dans le site qui l offre en retour à l observateur, participant à l artialisation in visu. Ainsi, le paysage résulte d'une artialisation du pays qui n'en est que l'objet, le "degré zéro" c'est à dire : rien. La distinction, on devrait dire le clivage, entre pays et paysage se redouble d'un second clivage qui concerne les acteurs. L'expression du voisin de Cueco, "es bravo el pais", qui signait l'absence de notion de paysage chez le premier, est maintenant fameuse (Cueco, 1995). A. Roger s'appuie dessus pour affirmer que le paysage n'existe pas mais qu'il est à inventer, entendant par là qu'il entre dans le champ de l'esthétique. Et de citer Kant - "ce que nous nommons sublime apparaîtra à l'homme grossier, sans éducation morale, simplement comme effrayant" - ou Cézanne évoquant "un réel déficit esthétique dans la perception de leur propre pays" par les paysans, pour suggérer que le paysage est une prise de distance par rapport à la vision quotidienne de l'espace et que le "travail agricole [est] le plus souvent incompatible avec [la] disponibilité de temps et d'esprit" nécessaire à ce regard (Roger, 1997, p26-27). Ainsi, on distinguera, certes avec quelques précautions, le paysanhomme-du-pays et le "paysageant" adoptant ce regard distancé propre au paysage. Dans le même ordre d'idée, s'appuyant sur les travaux d'a. Berque, l'auteur distingue les sociétés paysagères et non-paysagères à partir d'un batterie de critères de représentations, linguistiques, littéraires ou picturales relatives au paysage ou au jardin. Là où Berque concédait à toute société une forme de protopaysage - au sens d'un rapport visuel entre les êtres humains et leur environnement - A. Roger le réserve à celles qui satisfont certains critères de représentations : sociétés protopaysagères de "degré 1", "de degré 2", "à part entière"... (Roger, 1997, p49/50). Plus récemment, l'anthropologue Jean-Pierre Boutinet (2002) relance ces clivages dans une analyse projet de paysage fondée sur le concept d'artialisation. Pour ce faire, il distingue le paysage et le projet de paysage. Le premier s'apparenterait à l artialisation in visu, que ce soit au travers de l'image picturale du tableau ou de celle, panoramique, du point de vue extérieur, en surplomb et en contemplation. Le projet de paysage s inscrirait quant à lui du côté de l artialisation in situ, en d autres termes de l image "opérative" : image virtuelle et à faire advenir

73 72 à travers l aménagement du pays en paysage qui rend «naturel un site au prix d un artifice permanent» 10. Ainsi défini, comme image opérative, le projet de paysage serait en quelque sorte universel : il se confondrait avec les pratiques ancestrales, notamment agricoles, qui depuis de nombreux siècles ont façonné nos paysages ruraux. On rejoindrait ici une position défendue par Michel Corajoud évoquant «une connivence obligatoire entre paysage et paysans» (Corajoud, 1995) ou déclarant qu il ne fait pas le paysage mais que tout le monde le fait 11. Jean-Pierre Boutinet, comme nous allons le voir, ne peut se résoudre à suivre cette voie d'élaboration car, alors, le projet de paysage ne se confond pas seulement avec les pratiques ancestrales, mais, surtout, l'auteur y perd son objet d étude : «Cette opération paradoxale de nature volontariste[i.e. la mise en forme des paysages] fut pendant de nombreux siècles plus agie que pensée ; mais, lorsqu elle a été pensée, c est d abord et exclusivement par les étrangers au pays. Les paysans se sont en effet toujours posés dans leur très grande majorité et avec force d inertie, c est un lieu commun de l affirmer, comme les adversaires du paysage. Agrémenter leur lieu de travail n était pas leur problème. Ils se définissèrent comme des défricheurs et des cultivateurs à travers une lutte continuelle contre une nature rebelle à domestiquer. Embellir ce qui leur paraît comme ingrat ne les concerne pas, n a aucun sens pour eux. [ ] En définitive, l équivoque vient de ce que le paysan a de sa terre une image opérative utilitaire alors que le paysagiste cherche à développer quant à lui une image opérative esthétique.» (p76). Et le scientifique de cerner son objet d étude (pour le sauver et aboutir sa démonstration) en le restreignant à la définition du projet de paysage comme «fabrique d une image opérative esthétique». On a perdu le paysan et ses usages du territoire en chemin, mais ce n'est qu'un dommage collatéral puisque l'objet d'étude (le projet) est sauf. Le constat par lequel les paysans, ou d autres d ailleurs, seraient étrangers au paysage est relativement commun dans les écrits sur le paysage. Cet article n'est pas non plus le premier a en contester les fondements 12. Si je reprends ici la démonstration de Jean Pierre Boutinet, c est parce qu elle a été publiée récemment dans une revue de paysage et a la grande qualité d être articulée. Elle montre avec éloquence qu à réduire le paysage à sa dimension esthétique, on exclut non seulement la valeur d usage du territoire mais, par voie de conséquence, les acteurs qui en font usage, ceux qui l habitent. Le paysan n'est ici qu'une figure sur laquelle ne pouvait manquer de se porter le débat puisqu'il a modelé les paysages ruraux. Tout aussi important est l'argument qui légitime dans le principe cette exclusion: les paysans ne sont pas paysagistes parce qu il ne modèlent pas le paysage en conscience. On reconnaît les accents Kantiens de la définition de l être raisonnable : elle divise l univers en fins et en moyens et renvoie les êtres non-dotés de leur propre fin (i.e., sans conscience) au rang des choses (e. g. animaux, plantes, entités inanimées...). Il s'agit d'une posture qui relève, à tout le moins, d'un utilitarisme allant 13, ce qui, pour un champ disciplinaire qui prétendait s'inscrire en subversion de la pensée rationaliste de l'aménagement, n'est pas le moindre des paradoxes. Vient enfin la question de la politique du paysage assez généreusement traitée par A. Roger dans son ouvrage (1997). D'un point de vue politique, la conséquence logique de la double artialisation est, selon l'auteur, la suivante. Le paysage appartenant au champ de la représentation, il ne saurait être éligible à une politique de protection, de patrimonialisation. Il faut distinguer paysage et environnement pour pouvoir résoudre les problèmes, faute de quoi on exporte les valeurs 10 «L image opérative, en opposition à l image représentative qui vise à figurer fidèlement par une maquette un objet donné, entend définir les contours d un objet inexistant à faire advenir, à opérationnaliser par une stratégie d action appropriée» (Boutinet, pp75) 11 Position contre laquelle Alain Roger s inscrit en faux : «[ ] c est pourquoi je ne peux souscrire entièrement aux propos de Michel Corajoud [ ] à moins d admettre, comme le contexte l y invite qu il s agit d une complicité laborieuse, par l intermédiaire de l outil mais on ne devrait plus, dès lors, parler de paysage» (Roger, 1995, pp445). 12 Voir notamment R. Larrère (1998) pour une argumentation informée. 13 A. Roger, qui le dénie, l a bel et bien senti, puisqu'il s'en défend : le résultat est élitiste.

74 73 environnementales de conservation au paysage. On génère alors un "complexe de la balafre", à savoir une culpabilité des techniciens face aux écologistes, conduisant à faire appel au paysagiste pour camoufler les dégâts de l'aménagement fonctionnel". Ainsi, ceux qui défendent la patrimonialisation sont ceux qui confondent paysage et environnement, paysage et pays : ce sont les écologistes. L'écologie est une science alors que le paysage relève de l'esthétique. De même qu'il y a clivage entre paysage et pays, il y a rupture radicale entre paysage et écologie, puisque le paysage est une esthétisation du pays. Ainsi, par exemple, une armée de pylônes en campagne peut constituer un paysage et plutôt que camoufler, il faut inventer l'avenir, construire le regard de demain. Cette invention de l'avenir se fera en empruntant au champ de l'art puisque l'histoire nous montre qu'il peut toujours réduire, neutraliser ou métamorphoser la laideur. Malheureusement, ce champ n'est pas le domaine de compétence de l'auteur, qui nous dit : "[...] je me contenterai modestement de rassembler quelques indices, de relever quelques traces, de suivre quelques pistes" (p115, Roger 1995) et la démonstration s'arrête en ce point. En clair, il faut prendre acte de l'évolution, ne pas patrimonialiser. Il y a urgence à créer un nouveau système de valeurs et de modèles qui nous permettent d'artialiser in situ, comme in visu, "l'affreux pays que nous sommes voués à habiter"(p115). Cependant, si protéger les paysages existants est un non-sens selon cette théorie, elle nous laisse démunis pour penser leur renouvellement. Comment, en effet, décider ce qui est paysage en devenir lorsque le pays qui "précède" le paysage n'est rien (degré zéro)? Lorsque l'on est censé passer du zéro au paysage? Lorsque les paysages émergent ex nihilo? Une politique du paysage, si elle s'interdit de protéger les paysages constitués, n'est-elle pas alors une contradiction dans les termes? Apparemment pas, car l'auteur s'autorise, au nom de cette même pensée, à prescrire, à l'occasion d'un colloque au Japon, la restauration du Mont Fuji : "[Le Mont Fuji] se fissure et se délite qu'en pensez vous? [...] Non, le Fuji n'est pas un être naturel, mais la création millénaire de ces milles génies de la culture japonaise, je vois un sourire s'esquisser sur le visage de mes hôtes, oui, le Fuji est un monument à sauvegarder, et donc à restaurer au même titre que Versailles ou Venise, ce serait un crime contre l'esprit que de le sacrifier à l'érosion naturelle, de l'abandonner à cette nature, stupide et taciturne, dès que le souffle de l'art cesse de l'inspirer [...] J'ai fait plus, dans les cinq minutes de cette harangue improvisée, qu'en une heure de communication, pour convaincre mes auditeurs du bien fondé de l'artialisation" (Roger, 1997, p23). Ainsi, le problème n'est pas la patrimonialisation, c'est la nature. S'agissant d'art ou d'esthétique, A Roger a les coudées franches : un Fuji, même rustiné, reste un Fuji parce qu'il fait partie du patrimoine artistique. Nous pouvons préserver le paysage dans son image au nom du beau. Qui plus est, contrairement à ce qui venait d'être affirmé, la patrimonialisation n'est pas une valeur environnementale. La contradiction n'est donc pas dans les termes. Il s'agit d'une simple aversion de principe à la nature qui finit, à force de l'utiliser comme repoussoir, par lui faire la part trop belle. Il ne s'agit pas de la fin d'un "mirage naturaliste" tel que l'auteur le laisserait croire ou tel que Clément Rosset l'appelait de ses vœux dans l'anti-nature. Il s'agit bien plus de ce que ce philosophe désignait comme une esthétique quasi-artificialiste par laquelle : "l'usage naturaliste de l'artifice est directement lié, non à une exaltation mais à une dépréciation de la nature [...] le problème est de savoir ce que l'on fuit exactement lorsqu'on déclare fuir la nature, quel est le maléfice qui rend, aux yeux de l'artificialisme naturaliste qui est essentiellement un artificialisme par dépit, la nature décevante"(rosset, 1973, p90). A. Roger ne nous donne pas sa réponse sur ce point. La libération tant promise tourne court puisque nous voici interdits (d'agir au nom de la Nature ; de nous affranchir du Beau) sans raison et renvoyés sans fin aux catégories qu'on entendait dépasser (i.e. le Beau, la Nature). Ce rapide parcours de ce que j'ai appelé le "certain regard" montre bien que les couples d'opposés "sujet/objet", " local/l'expert", "science/esthétique" fondent la manière qu'à cette pensée

75 74 d'appréhender la question du paysage. La colonne de droite du tableau I ne fait que résumer ce qui vient d'être développé. On voit bien que cette pensée nous fait payer un prix certain, puisqu'elle exclut du champ du paysage une part non négligeable du corps social. En revanche, et malgré les apparences, le gain politique n'est pas aussi important qu'on pouvait l'attendre. A y regarder de près, ce certain regard ne nous donne pas de clé pour penser une politique du paysage : il renvoie au mystère du sujet et, étonnement, à celui d'une Nature-repoussoir. Un regard certain : le processus d'ancrage Repousser ainsi la Nature revient à en faire le point de révolution de cette pensée : c'est lui faire la part trop belle. C'est aussi s'interdire d'accéder aux processus que j'ai parcourus dans cette recherche, qu'il s'agisse de l'installation de l'onde ou du déploiement du projet de paysage. C'est à donner corps à ce qui fait fonction de mystère dans le modèle précédent, ce regard du sujet, que j'ai travaillé. Nous avons vu que le premier regard, que ce soit le regard de "M" au lendemain de la tempête ou la lecture sensible du site dans le projet de paysage, étaient des propositions : ni plus ni moins. Elles demandaient un long processus, de tâtonnement physique dans le cas de l'onde, d'allerretour au site par mises en forme dans le cas du paysage, avant de s'ancrer dans le site, de s'y installer. Ce processus d'ancrage explorait le site, ses potentialités, en appelait à son faire-faire au travers de porte-paroles qui constituaient peu à peu un collectif s'affairant autour du projet. Fairefaire et savoir-faire (du paysagiste, des entreprises, des services municipaux, de l'écologue, de l'onf) se croisaient pour faire émerger du site le projet de paysage : il s'agissait de faire ex-ister le projet, de l'extraire du site pour le porter au grand jour, de faire en sorte qu'il y soit naturalisé, "qu'il se tienne". La dichotomie sujet / objet est donc remplacée par le couple propositions /naturalisation. Si le paysage se définit comme un processus d'ancrage dans le site, alors toute société étant ancrée, elle est paysagère. La question n'est plus, comme dans le modèle précédent, de trier sur le volet celles qui le sont et celles qui ne le sont pas, mais de définir les voies par lesquelles ce paysage s'instaure. La magie "saltatoire" de correspondance entre le mot ou l'image et la chose, qui définissait la voie unique par laquelle une société pouvait être identifiée comme paysagère, n'est maintenant qu'une voie parmi d'autre. Elle doit être regardée comme le témoin d'un type d'ancrage particulier mais non universel. On peut donc ouvrir la définition du paysage à de tout autres modes de re-présentation du site ou du pays. Michel Conan n'écrivait-il pas : "La plus ancienne représentation d'un paysage connue se trouve à Çatal Höyük en Turquie. Sa datation est assez imprécise, entre 6000 et 8000 ans avant J.C. [...] Cette image ne ressemble ni à une évocation du sublime dans la nature [...] ni à aucune autre de nos peintures et elle n'est lisible que si l'on dispose d'une certaine familiarité avec la culture des hommes qui l'ont peinte. On pourrait être tenté de refuser au nom de nos habitudes culturelles, d'y reconnaître un paysage. Mais cette attitude ethnocentrique nous interdirait, en fait, même la compréhension du paysage au XVIII e siècle en France" (Conan, 1995, pp 360)... il aurait tout aussi bien pu écrire "à la compréhension du paysage au XXI e siècle". Ouvrir ainsi la définition du paysage, me conduit-il à le perdre dans l'analyse, comme cela arrivait à J.P. Boutinet? Pas le moins du monde, mais peutêtre est-ce parce que je n'ai jamais tenté de le tenir comme objet posé là, séparé.

76 75 Il semble en aller de même de la dichotomie local /expert. A l'instar de ce qui se passe dans l'onde, où le vent "existe" parce que l'onde est bien construite, c'est-à-dire bien ancrée localement, la distance, l'extériorité n'est en rien un gage de succès, comme elle l'était dans le modèle précédent. Au contraire, il s'agit ici de plonger plus avant dans le site, dans le "local", pour y puiser la matière qui fera tenir le paysage comme assemblage. L'appartenance, le local n'est plus synonyme d'affairement et d'aveuglement. Elle constitue au contraire un puissant ressort d'objectivation. Le collectif gagne donc à être inclusif, quitte à tâtonner pour trouver les voies d'extraction du projet. L'assemblage est l'autre dimension importante du processus mis à jour. Il est rythmé, scandé par des mises en forme qui rassemble les potentialités du site et les propositions de paysage remaniées. Le cadrage institutionnel est apparu comme décisif dans ce tempo. A l'instar de ce qui s'est passé pour "M" à l'occasion de son passage au travail in situ, le cadre se trouve remanié, déporté et diffracté par le changement de modèle. On passe ainsi du cadrage visuel dans le modèle précédent (d'où l'importance de l'extériorité fondatrice) au cadrage institutionnel qui doit scander le travail de projet en favorisant l'ouverture, l'exploration du site, puis la clôture, l'assemblage des possibles qui leur faire prendre "valeur de fait". Le couple fait /valeur est donc remplacé par la dynamique ouverture / clôture. Ce remplacement ouvre un champ de possibles qu'il s'agira d'explorer mais que l'on peut évoquer. En effet, parler cadrage réglementaire, c'est parler politique du paysage. Il n'est donc plus nécessaire de botter en touche vers le champ de l'art pour fonder une politique du paysage. Ceci n'a rien d'étonnant puisque, dans cette recherche, nous avons donné corps au travail de projet et remplacé le mystère du sujet par la réalité d'un processus collectif qui inclut le site. Les questions politiques que permet d'ouvrir ce nouveau regard restent à formuler mais on pressent bien qu'elles traiteront Du point de vue de la visualisation, le modèle précédent, par sa référence à l'art, à l'archétype, tenait de l'image de référence. Il procédait implicitement de façon hiérarchique en faisant "descendre" l'art sur le site. Le regard décidait, le descente en échelle détaillait et confirmait. Le regard certain ne nie pas la force inspiratrice de la référence : il se nourrit de propositions de paysage. Cependant, il ouvre une tout autre dimension liée au travail d'ancrage. En effet, il procède de façon hétérarchique, par allers-retours à la matière et au site, selon un processus au travers duquel le petit peut modifier le grand. Le regard ne décide plus, du moins pas forcément : il a exactement force de proposition. Le détail peut donc remettre en question l'ensemble. La logique est celle d'une dilatation d'échelle par laquelle le gain en spécificité (à un bout de l'échelle) s'accompagne d'un gain en généralité (à l'autre bout de l'échelle) selon un principe de cohérence ouvert (l'échelle croit par les deux bouts). Assemblage : art, paysage, chercheur/paysagiste Le "regard certain" que nous venons d'évoquer concerne donc une théorie du paysage. Il débat avec une pensée qui empruntait au champ de l'art pour fonder une pensée du paysage et finissait par assimiler ce dernier au champ de l'art. Cette recherche s'inscrit dans un programme qui porte sur les relations entre art et paysage. Elle a d'ailleurs retenu cet intitulé dans son titre. Le nouveau regard auquel elle conduit semble évincer l'art de l'affaire du paysage en contestant le concept d'artialisation. Pourtant, la matière et les arguments que j'ai pu opposer à ce concept m'ont été offert par le camp de l'art. C'est la reconstitution de l'installation de l'onde qui a constitué l'œil de l'observateur dans cette recherche (Cf.2, Asssemblage). Le travail d'analyse réalisé sur l'onde a permis l'analyse du projet de paysage. Cette analyse a à son tour montré la force de condensation de l'onde, par rapport au site et à la tempête, et la façon dont elle a contaminé le projet de paysage. Il y a donc

77 76 du point de vue de cette recherche double contamination de l'art au paysage. L'art a contaminé et inspiré le projet de paysage. L'analyse de l'art a fondé l'analyse du paysage. En somme, c'est en allant en quelque sorte au cœur du dispositif "ennemi", l'art au cœur de l'artialisation, que la reconstruction théorique à pu prendre place. Le résultat montre que le concept d'artialisation ne dit pas grand chose non plus sur l'art dans la nature. Il m'a fallu dérouler trois histoires successives pour m'affranchir de l'artialisation et voir, enfin, émerger le site et son faire-faire dans l'analyse de l'onde. Ce processus d'installation, ce faire-faire du site à l'endroit du concepteur a pourtant été l'objet de nombreux travaux d'artistes. Il suffit de penser à la place conférée au processus de développement de ses projets par Christo, à l'œuvre de David Nash qui accorde son mode de vie à son art et va vivre au bois, à celle de Michael Heizer proche de l'art mégalithique et qui donne une place centrale au poids des matières déplacées. De même la force du détail, la logique hétérarchique qui veut qu'il puisse remettre en question l'ensemble, n'est-elle pas explorée par les installations presque invisibles et pourtant radicales dans leur effet de Michael Singer (e.g. First glades ritual series). Le "revival field" de Mel Chin n'est-il pas, enfin, une scène, une parole donnée un morceau de champ, parole qui fait projet, extrait et rend publique cette affaire de pollution/dépollution. L'art semble donc, en sortant du musée, avoir exploré les problématiques qui nous intéressent, jusqu'à les emblématiser. Il est étonnant que la théorie du paysage aie à ce point ignoré ces explorations. On peut d'ailleurs s'interroger sur la frontière entre art et paysage telle que l'a déployée implicitement cette recherche. J'ai positionné l'onde dans le champ de l'art et le projet de paysage dans le champ du paysage, sans plus de précaution. L'analyse a fait apparaître des similitudes entre l'installation de l'onde et le développement du projet de paysage : un premier regard / une première lecture ; un recours au faire-faire du site pour s'y ancrer et remanier la proposition initiale ; une logique hétérarchique de développement. En revanche, si l'onde s'est installée par tâtonnement physique sur le terrain, le paysage a procédé par aller/retour accompagnés de mises en forme qui permettaient d'emporter le site et de le traduire à des tiers pour recourir à leur savoir faire. La distance physique au site était donc différente et par voie de conséquence le degré de mise en forme des étapes. L'articulation aux institutions est aussi différentes. L'onde est achetée par le maître d'ouvrage qui en endosse la responsabilité. Le paysagiste s'engage sur une responsabilité décennale. Nous avons vu que ce plan d'épreuve est anticipé dans les deux projets. La part d'expérimentation en dépend en partie. Enfin, l'onde se resserre sur une mise en scène du vent et de la tempête. Malgré les usages qu'elle autorise (on l'appelle l'"allée"), elle focalise des questions parce que son usage en tant qu'allée ne saurait justifier la présence des attelles métalliques. Construction qui naturalise le vent, l'onde incarne, met à nu et condense une controverse circulante sur la nature : La nature est-elle donnée? Construite? La nature a-t-elle fait l'onde? L'Onde est-elle donnée? Construite? Pourquoi? Le paysage est traversé par cette même controverse mais il la métabolise sans s'y dédier. L'une s'offre comme une matérialisation de cette controverse, l'autre en fait son pain quotidien. On ne peut guère dire plus à ce stade. Reste la controverse qui fait figure de cadavre dans cette recherche. Elle a servi d'appât, de force d'attraction, de leurre et elle y est restée, comme on dit. Dommage co-latéral. Il n'y a plus de controverse puisqu'il a suffi d'y regarder d'un peu plus près pour donner matière à la construction de la nature. La question ne se pose donc plus de savoir sur quelle case de l'échiquier moderne poser le paysage, nature ou culture : ces cases ont volé en éclat.

78 77 Bibliographie Besse J.M Entre modernité et post-modernité : la représentation paysagère de la nature, in Du milieu à l environnement, pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la Renaissance, dir. M.C. Robic, Economica, Paris, pp Boutinet J.P. 2002, «A propos du projet de paysage, repères anthropologiques», Carnets du Paysage, ENSP-Versailles, Automne 2001, pp64-83 Conan, 1995, "Généalogie du paysage", in La Théorie du paysage en France ( ) ed. A. Roger, Pays/Paysages, Champ Vallon, pp Corajoud M. 1995, Le paysage c est l endroit où le ciel et la terre se touchent, in La Théorie du paysage en France ( ) ed. A. Roger, Pays/Paysages, Champ Vallon, pp Cueco Henri 1995, Approches du concept de paysage, in La Théorie du paysage en France ( ) ed. A. Roger, Pays/Paysages, Champ Vallon, pp Kessler Mathieu 1999, "Le paysage et son ombre", PUF Perspectives critiques", pp88. Larrère R. et C Du bon usage de la nature, Aubier, Paris, pp368. Larrère R 1998, "Nature campagne et paysage : des différents regards et de leur légitimité" in Agriculteurs, ruraux et citadins, les mutations des campagnes françaises dir. J.P. Sylvestre, CNDP Bourgogne, série documents, actes et rapports. Latour B Politiques de la nature : Comment faire entrer le sciences en démocratie, La Découverte, Paris, pp383. Roger A. 1997, «Court traité du paysage», Gallimard, Paris, pp199. Rosset C., 1973, "L'anti-nature" Quadrige, PUF, Paris, pp328.

79 Annexes 78

80 79 1 Chrono Chronogramme d'ensemble du projet d'aménagement du Bois de la Sapinière (Sculpture et paysage) Décembre Juin 2003 Projet de sculpture Projet de paysage Période Lecture sensible du lieu Plaquette bleue/ Plaquette verte (esquisse), maquette de l'onde Finalisation et installation de l'onde Enquête sur le site : Inventaire (Plaquette "Antichambre de natures") Déblaiement de l'onde (Plaquette longue grise) L'appropriation de l'onde par les usagers Cadrage réglementaire (Note d'intention / Acte d'engagement) Au plus près du site (Plaquette APS) 1. (Décembre 1999 à Mars 2001) 2. (Mars à Décembre 2001) 3. (Janvier à Mai 2002) 4. (Mai 2002 à -) NB: Les cases remplies en italique correspondent au chronogramme du projet de sculpture construit à partir de l'entretien réalisé avec la sculpteure "M" et de son dossier d'archives sur le projet. Quelques étapes communes aux projets de sculpture et de paysageet recensées à partir de ce dossier au cours de la première année ont aussi été portées en italiques.

81 80 Date Archives Evènements Intervenants/Enjeux /12 Ouragan Tempête sur la France Lothar /01 Courrier de "M" à "E" Demande de pouvoir "réserver" les arbres au moment du nettoyage de la Sapinière / Proposition d examiner un projet de sculpture sur la Sapinière avec un architecte paysagiste "M" (sculpteure) "E" (responsable espaces verts) 02/03 Atelier environnement (CR de réunion) Mars Remise de la "Plaquette Bleue" Présentation de la procédure de "Grand Projet de Ville" et information sur les projets en cours / Elaboration d'un "Plan Vert" (Paysagiste "H", suggestion de raser la Sapinière? ) / Thème de l arbre retenu pour l année 2000 / "M" expose l'idée d'un projet de sculptures sur la Sapinière (1) "La Sapinière : Projet de paysage avec sculptures" Plaquette comportant un court texte poétique, des photos de la Sapinière endommagée par la tempête, un plan masse du site et localisation de 4 lieux sculptés, des photos de réalisation et les CV du paysgiste "B" et de l'artiste "M". 29/03 Courrier de Budget sculptures avec paysage sur 5000 m2 proposition de Etudes préliminaires FHT budget pour le 80 sculptures FHT projet Paysage/ 3 mois de travaux FHT Suggestion d'extension du paysage aux 13 hectares. 08/05 Courrier de "M" Demande d information sur l intervention des travaux de à "A" déblaiement du site, afin d'être présente. 11/07 Courrier de "M" Les arbres réservés ont été marqués d un point bleu (partie à "E" chablis) et d une bande d urgence (partie tronc). Identification sur le site de trois secteurs à l'aide de bandes d'urgence, pour localiser les interventions de sculptures, ainsi que de" l arbre à l œil" dans les Champs Privés. Envoi d un morceau d arbre pour montrer le système de marquage 12/10 Lettre de Le maire commande les études préliminaires (esquisse) sur la commande base du budget du 29/03. 26/10 Textes de "M" Bouts de textes, en vrac, envoyés en vue d'une intégration dans la plaquette de rendu de l esquisse : "Lieu... Ecoute... Sculpture... Sapinière... Arbres" 30/10 Comptage par "N" des arbres vivants. (Notes, tableurs) Octobre (jusqu'au printemps 2002) LPO, début inventaire Ornithologique (rapport LPO) 10/11 Remise de la plaquette "verte" Comptage sur le terrain puis extrapolation aux 13 hectares. Passage en tableur et estimation des densités initiale de plantation et actuelle. 30% des arbres initalement plantés sont vivants. Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Inventaire de l'avifaune : quadrillage du site et comptage par Echantillonnage Fréquenciel Progressif (nicheurs) ; contact-espèce (non nicheurs) ; itinéraires-échantillons (hivernants). Convention avec la mairie sur deux sites : la Sapinière et l'orme Pomponne. Dépôt de la plaquette "verte" d'esquisse en mairie : "Le Bois des Ventis : Projet de Paysage avec sculptures" Travail sur limites et intériorité du site, stratégie de replantation. "M" Articulation au Grand Projet de Ville Atelier environnement "M", "B" (paysagiste) "La nature en émeute... La mémoire du lieu... Les pratiques légitimes... Emile Aillaud... 4 lieux sculptés Mesure poétique dans le laboratoire écologique" " "M", "B" Chiffrage du budget Proposition d'extension du paysage à 13 hectares "M", "A" (responsable des services techniques) "M", "E" Repérage des emplacements d'intervention sur le site. Echantillon d'arbre portant le système de marquage. "MM" (Mr Le Maire) "MM" Ecrits poétiques : le lieu ; 4 lieux sculptés "N" (paysagiste) Le couvert arboré son évolution... son futur? LPO Avifaune "B", " N", "M" Plaquette d'esquisse Un lieu "en souffrance"

82 81 d'esquisse (courrier) 17/11 Courrier de "B" à "A" Automne Textes Maquette 27/11 Réunion technique de présentation de l'esquisse (CR) Estimation du coût des travaux : FHT hors sculptures. Facturation commune des études préliminaires sur la base du devis du 29/03 (esquisse) : "Projet d'aménagement et de sculptures sur le site de la Sapinière". Finalisation de textes sur l'installation artistique : «Le lieu», «Les sculptures». Réalisation d'une maquette de l'onde. Présentation de l'esquisse à "A" et "F" 4/12 Courrier Lettre de commande des "études préliminaires" par la mairie (esquisse), en remplacement de la lettre du 12/10 Automne Folio «projet de sculptures» /02 Réunion de présentation de l'esquisse aux élus (notes) 28/02 "M" (entretien) 15/03 Courrier de "B" et "N" à "A" 01/05 au 31/08 Juin 01/04 au 31/05 Mai "N" Inventaire végétal (notes) "B", "N" Relevés topographiques (notes) "N" Analyse de historique (notes) Courrier de "M" à la mairie Reprise des textes: le lieu, les sculptures, une onde et descriptif sommaire de l Onde Deux dessins : l'emplacement de l'onde ; les attelles. Esquisse Réunion de présentation : "Assentiment des élus sur le projet de paysage" Séparation des notes d'honoraires et autonomisation des projets de sculpture et de paysage. Proposition d'honoraires sur le projet de paysage sur budget d'esquisse de FHT (hors sculptures) Demande de plan géomètre Analyses botaniques : herbier photographique Palette végétale courante de tout venant, relativement diversifiée. Relevés manuels de topographie, en poourtour du bois, notamment le long de la lisière avec la prison de Fleury-Mérogis. Analyse des archives municipales : du village à la ville nouvelle, la carrière remblayée, l'histoire de la parcelle (remblaiement, plantation, entretien, aménagements par l'onf, expertise ONF donnant jusqu'à 2030 de durée de vie au couvert de résineux...), le plan d'aménagement de l'ile de France, le plan articulé de la Grande Borne (Aillaud, Rietti), la prison de Fleury-Mérogis Le site et le territoire communal : Le village, la Grande Borne, la prison de Fleury, le GPV et le rôle potentiel de la Sapinière dans cet urbanisme renouvelé. Réduction à un lieu sculpté : l'onde. Modification du projet d attelles en projet de béquilles car le bois Replantation "B", "A" Facturation de l'esquisse "M" Textes: lieu, sculpture. Maquette de l'onde "A", "F"(responsable du service espaces verts),"c" (responsable du service culturel), "B", "N" et "M" Plaquette "esquisse" Plan masse au 1/500 Vues projet 4 lieux sculptés Maquette de l'onde "A" Commande esquisse "M" Textes Dessin: Onde, attelles Equipe municipale (dont "A", "F","C"), "M", "B", "N". Plaquette esquisse Plan masse au 1/500 Vues projet 4 lieux sculptés Maquette de l'onde Autonomisation des projets paysage/sculpture "B", "N". Le géomètre "N" Strates herbacée biodiversité "B", "N" Topographie du site Mouvements de rembais Limites avec le territoire "N". L'origine du site : carrière, meulière, plan d'aménagement de l'ile de France, Grande Borne, prison de Fleury-Mérogis,. L'histoire de la plantation de résineux : durée de vie jusqu'à "M" Parasites

83 82 Mai "M", courrier finalisation de la proposition d'installation artistique 15/05 Courrier de "B" à la mairie 18/05 "N" Entretien/ enquête usages (notes) 26/05 "N" Entretien (notes) 30/05 "N" entretien (notes) 15/06 Courrier de "B" à "A" 18/06 Courrier de "M" à "A" 19/06 "N" Les 30 ans de la Grande Borne (notes) 21/06 au 05/09 "N" Analyse forestière (notes) 21/06 "N" Le chien (notes, photos) Juillet "M" Texte est attaqué par les parasites. Vols de chablis. Retard dans la remise du devis d'installation. Dessin des béquilles. Envoi de la proposition de devis et d honoraires à "A" «Une Onde» (descriptif technique et budget) ; «Liste du matériel» ; «L assistant» ; «Honoraires». Demande de plan géomètre Association des familles CR réunion Association du Quartier de la Ville Basse (AQVB) Observation des fréquentations au moment des inventaires végétaux Entretien avec "J", Surveillant prison et habitant des patios, sur le passé de la Sapinière. "N" contacte l'association environenmentale de l'orme Pomponne pour un entretien à propos du projet d'aménagement de la Sapinière. Fixe Rdv sur la parcelle de la Sapinière avec le responsable de la LPO: "L". Demande de réunion pour discuter : du plan géomètre ; de l'entretien du site (problèmes de traitement et gyrobroyage, "M" est intervenue récemment pour arrêter les services techniques) ; d'une rencontre avec "L" de la LPO sur le site et discussion vive. Lettre à "A" Début des travaux prévus en juin après déblayage et réception de la lettre de commande La mairie demande une expo à l atelier de Marie Schuch le 30 juin pour signifier le début des travaux et informer les habitants mais pas de nouvelle de la proposition d honoraires. "M" demande une date de début de chantier Réunion avec Fabio Rietti et les habitants de la Grande Borne. FB présente des diapos des debuts, explique l'esprit du projet "Grande Borne" à l'époque. Analyses de stations forestières : houppiers, densité, lumière, régénérations... Zonage du site par croisement avec les estimations de densité (Cf. Automne 2000) Première station forestière : "N" tombe sur un Pittbull étranglé à la ficelle dans la Sapinière. Il apprendra plus tard que la Sapinière est un "cimetirère occasionnel" pour chiens «Les tribulations du Vent» : mini historique du projet, interrogation sur le projet global, vote du budget le 10 juillet : décision sur l Onde ou sur le paysage. Qu'adviendra-t-il? Vols de chablis Abandon de trois lieux sculptés Réduction du nombre d'attelles. "M", "A" "Z"( Assistantde "M") "Serrurier 0" "B" Plan géomètre "N" Usages, les enfants CR réunions de quartier : sécurité, parcours santé "N", "J" (habitant des Patios) Le passé du site : rites vaudous, musique, deal, crimes, surveillants de prison, champignons... "N", "L" (responsable à la LPO) Les oiseaux "B", "N", "A", "L" Géomètre LPO Services d'entretien "M", "A" Retard lettre de commande début de chantier Fabio Rietti, "N" Les habitants Le projet de la Grande Borne "N" Strate arbustive, arborée, lumière et semis naturels : le potentiel de régénération "N" Usages/chiens "M" Historique du projet Vote du budget en mairie

84 83 16/07 Courrier de "M" à vac action Fin Aout Juillet "N" La limite avec la prison (notes dessins) "M", "A", "MM" Elaboration de la convention avec la mairie. Attente de la lettre de commande des services techniques de la mairie, indique qu elle ne peut signer le contrat d embauche de "Z" Lecture de "Surveiller, punir" (Foucault), "Le Contrat social" (Rousseau) puis tour sur le terrain, analyse des limites du domaine pénitentiaire : la prison, Fleury-Mérogis se protègent de la Grande Borne et enclavent le sud du territoire de Grigny. La vraie limite de sécurité est au niveau des bâtiments de la prison. Restaurer un lien territorial vers le bois de Saint-Eutrope au travers du rideau de résineux? Convention avec la mairie de Grigny : Modalité de réalisation, modalité de suivi de la réalisation, définition du socle de l Onde et du suivi (2), modalités financières et propriété intellectuelle. "M", "Z", vac'action "N", "Rousseau", "Foucault", "le pénitentiaire", "le terrain" La prison de Fleury- Mérogis se protège de la Grande Borne. La Sapinière : un rôle pour renouer le territoire? "M", "A", "MM" Convention, "sculpture monumentales soumises aux conditions atmosphériques" socle, suivi, propriété. 03/08 Dessin Dessin technique des attelles "M", "Serrurier 0" Attelles Fin Aout "N" "Antichambre de Natures", notes, dessins 20/09 14h00 "A" "F" "B" "N" "M" Réunion en mairie (CR) 21/09 Courrier de "B" à "A" "F" 11/10 "A" "F" "B" "N" Réunion en mairie (CR) Automne "M" commande des photos de l'onde 18/10 "M" transmet les photos de l'onde à "N" 29/11 CR de réunion de coordination des initiatives sur la Sapinière : "A", "F", "C", "N", "L", Représentants des Ecoles ; Association Principe de reprise du projet de paysage : Antichambre de natures, des natures en ville, un antichambre du grand bois de Saint-Eutrope, stratégie de régénération naturelle, hiérarchies de circulation, installation de chambres florales, mise en défens de travées de régénération, ouverture sur le sud par traitement de la limite avec la prison et parcours "vert" vers le bois de Saint Eutrope. Discussion sur courrier du 15 juin sur les épandages de Rond Up et gyrobroyeurs comme "contraires à l'esprit du projet" Discussion de la proposition d'honoraires sur budget d'esquisse de FHT Demande de plan géomètre Proposition de phase de conception à l'automne et de chantiers sur deux ou trois ans Compte rendu de réunion du 20/09. Calage du périmètre de l'étude et discussion avec la LPO. La LPO est absente. Calage de principe du périmètre et accord de principe sur le budget. Nécessité d'un appel d'offre restreint étant donné les montants. Photos numériques de l'onde par un photographe professionnel. Tranmission du CD de photos. Point projets envisagés sur la Sapinière en vue de coordination et d'une mise en sécurité du site, notamment des arbres menaçant de tomber : chacun évoque ses projets (ateliers artistiques, présentations au printemps des manifestations Actes 91 avec les enfants). "L" (LPO) présente de premier résultats d'inventaires. Il évoque l'arrivée du pic noir sur l'onde. Il est attiré par les troncs nus et grignote leur base rendant l'onde potentiellement dangereuse pour le pubic : photo numérique du pic et du tronc rongé à "N" Reprise du projet d'esquisse La Sapinière comme "Antichambre de natures " "B", "N", "M", "A", "F" "L'esprit du projet" et les services d'espace verts Honoraires Programmation Plan géomètre "B" "N" "A" "F" (idem ci dessus) "A", "F", "B", "N" Les "limites" du projet. Les réglementations relatives au marché public "M", "Photographe" "Onde" Photos numériques "M", "A" "Onde" Passage des photos. "A", "F", "C", "N", "L", Représentants des Ecoles ; Association Actes 91 ; "Maison de l'innovation" Le pic noir et l'onde. Les oiseaux, la nidification et les enfants.

85 84 Actes 91 ; "Maison de l'innovation" 22/11 "MM" a pubié un appel d'offre sur la Sapinière. 12/12 "N" "B" (notes) 15/12 "M" courrier à "MM" /01 Courrier de "M" au maire 06/02 "MM" Courrier à "B" et "N" 22/02 "B" et "N" envoi de note d'intention à "MM" 05/03 Courrier de "MM" à "B" et "N" Avril "M" téléphone à "N" Dégats sur l'onde (notes) Avril "B" "N" Arbitrages 24/05 "B" "N" Notification du marché Sapinière Mai "M" Plaquette grise : "Une Onde à la mémoire du Vent" 30/05 Fax de "N" à "F" démarrage de l'a.p.s l'appui. Il demande à ce que les oiseaux ne soient pas dérangés sur la période de nidification (mars à mi juillet). Altercation avec "M" soutenue par les écoles qui disent donner la priorité aux enfants par rapport aux oiseaux. Mise à publication de l'appel d'offre Sapinière au J.O. Dépôt de la candidature en mairie (date limite au 14) Achèvement de l Onde Demande de déblaiement du pied de l onde sans quoi les troncs risquent de se dégrader plus vite. Indique le passage des engins d entretien dans l'onde et les dégats occasionnés. Trois candidatures retenues dont celle de "B" et "N" Candidtaure et note d'intention à envoyer avant le 22 fevirer Remise de candidature avec note d'intention : un site de "natures" en ville, parier sur la machine écologique/la régénération naturelle pour déporter le budget sur le traitement de qualité des limites du site et son insretion dans le tissu urbain environnant. Demande de détails sur proposition, nb jours travaillés et coût journalier, car fournis par un concurrent. Les verres bleus sont brisés à la pierre par des enfants. "B" se met en retrait du projet Sapinière. "N" contacte "G", paysagiste, pour aide ponctuelle éventuelle. L'équipe "B" "N" est sélectionnée : réception de la notification du marché de la Sapinière signé par la préfecture le 22 mai. Démarrage officiel de l'aps (Avant Projet Sommaire) au 22 mai2002. Plaquette longue grise Photos du montage de l'onde, textes... Envoi d'une proposition de contenu pour la phase d'avant Projet Sommaire : - Demande d'info : rapport LPO, ZOH (collecte des eaux), plans réseaux (EDF, GDF, telecom), plan géomètre, plan de drainage des stades, prendre contact avec la prison de Fleury pour traitement limite, disponibilité de terres de remblai, qualité de la pierre de meulière exploitée sur le site dans le passé, étude de "MM" Formulation du marché Sapinière par le maître d'ouvrage "N" "le marché Sapinière" Dépôt de candidature. "M", "MM", "L'Onde" L"onde est achevée "M" "MM" Demande de déblaiement Services d'entretien "B", "N", "MM" "le marché public" "des concurrents anonymes" "B", "N", "MM" Note d'intention sur le projet : régénération naturelle, insertion du site dans son environnement urbain. "B", "N", "MM" "MM" "le marché public" "des concurrents anonymes" "M", "N" L'onde Les verres bleus Les enfants "B", "G" (paysagiste), "N" "B", "N", "MM" "Préfecture" "Marché public" Loi MOP Acte d'engagement Phasage "M", "l'onde" Plaquette grise "N", "F" Le sol et le sous-sol :de la Sapinière? Réseau, stabilité, remblai de carrière, pierre de meulière, équilibre remblai/déblai du projet

86 85 01/06 "N" "O" Visite parcelle avec l'onf (notes) 24/05 Courrier de "B" "N" à "MM" Signature acte d'enagement 06/07 "N" "G" Visite du site de la Sapinière avec "G" (notes) 10/06 Courrier de "N" à "MM" "A" et "F" Debut-mijuin "N" Dessin 17/06 "N" "O" Lettre de commande de l'expertise ONF 25/06 "N" "A" "F" CR de réunion : nouvelle esquisse, et lancement de l'aps. 29/06 "N" Dessin et chiffrage (Journal) stabilité des sols, - Proposition de structuration APS : définition des modules, synthèse par postes. - Demande de réunion pour discuter ces points. "O" (ONF) et un collègue visitent avec "N " la Sapinière pour proposer un devis d'expertise éventuelle sur la méthode d'enrichissement du bois. "O" conteste la capacité de régénération par semis naturel de la Sapinière. Question : Les ronciers étouffent-ils ou protègent-ils les semis naturels? L'équipe "B" "N" envoi à "MM" l'acte d'engagement signé Discussion sur le site sur les alternatives. Décision : Quai faire des Gradins ; Entrée stade en peigne et sass; Radars ne pas toucher à la zone de débarras ; consultation des habitants précoce ou tardive mais en milieu de processus Traitement de la lisière prison : en suspens. Demande de démarrage de l'aps car délai de 6 semaines à compter du 22 mai (pénalités si retard) : demande d'info et de réunion (Copie fax du 30/05). Actualisation de l'esquisse en fonction des avancées de l'année 2001 : Reprise du plan masse au 1/500 Dessins d'ambiances par module : "Bois" "Accès Stades" "Lisière Prison" "Champ Privé" "Accès Stades" "Bosquet Nord" Dessin technique des Gradins/ruee la Ville Basse au 1/500 puis passage au 1/1000 / Simulation Ha-ha lisière prison, calcul de l'équilibre remblai(gradins)/déblai(ha-ha) sur le site. Lettre de commande pour expertise de l'onf sur régénération/ enrichissement de la Sapinière. Réunion: Sermon sur la multiplication des courriers. Recalage à partir du nouveau plan d'esquisse Commentaires par modules : accord général, limiter le nb de chambres florales, accès Jean Miaud comme accès secondaire, éviter de déplacer le jeu de boules, la mairie prend contact avec la prison de Fleury, craintes sur le contrôle des fréquentations du site. Accord de démarrage APS Proposition de rendu au 26 juillet Accord sur programmation de principe. Demande d'info pour l'aps (Cf courrier du 30 Mai) Dessin Techniques : escaliers "métal et bois" Prend appui sur l'esthétique de l'onde : métal et bois. L'idée de recycler les matières sur le site se confirme au fur et à mesure des dessins (remblai/déblai, troncs). Premier chiffrage d'ensemble du projet, grandes masses. Incertitude sur travaux forestiers et poste serrurerie. sur site. Proposition de division du site en modules. "N", "O" (ingénieur ONF) et son collègue Les semis naturels sontils capables d'assurer la régénération du site de la Sapinière? "B", "N", "MM" "Préfecture" "Marché Public" Loi MOP, Acte d'engagement, Phasage "N", "G" Visite du site Aménager le contrebas des patios en gradins. Accès stades en peigne. Limite Prison?. "N", "MM", "A", "F" demande de réunion et d'informations. "N" Reprise de l'esquisse Plan Masse au 1/1000 Dessin TK des Gradins Dessins d'ambiance du projet (par module) Equilibre remblai déblai sur site. "O", "N" Le semis naturel et La Sapinière "N", "A", "F" Présentation nouvelle esquisse La limite avec la prison (sol/sous-sol) Les usages : limiter le nb de chambres florales dans le bois (cul-de-sac). Calage programmation. "N" Dessin techniques : Emploi des troncs de la Sapinière. Cycle des matières sur le site.

87 86 28/06 au 2/07 "N" Enquête bois. (Journal, s) 01/07 "N" Dessin TK (Journal) 02/07 "N" Dessin TK 03/07 "N" dessin TK (Journal) 04/07 "N" Chiffrages 08/07 "N" Dossiers de chiffrages pour "Serrurier 1" et "VRD 0" (Journal) 09/07 "N", "technicien CNDB" (Centre National du Bois) Utilisation du bois sur site? (Journal) 09/07 "F" transmet le rapport LPO à "N" (Journal) 10/07 Chiffrage Entreprise VRD 1 (Journal) Enquête (internationale) sur modes de traitement des bois en fûts pleins dans les aménagements extérieurs. (Australie, Canada, Japon, Europe du nors, Amérique du nord) Apparemment pas de solutions accessibles avec écorce et conatcte avec le sol. Dessin TK : bancs, escaliers, garde-corps le long de la prison La question du "lieu" : un mobilier constitué des matières du site Jouer des densités de matière du site, à contraster: "Rangement"/"enchâssement" des bois débités (Cf. Boltansky) Etirement de tranche de sol galbée/vrillée en saut de loup le long de la lisière prison,. Travail métal et bois, photos de référence de l'onde. Dessin TK : grilles, bancs. Economiser en recyclant les matières du site et se payer du "bel œuvre" : investir dans la main d'œuvre, grilles en fer à béton ouvragé, banc/mobilier/escaliers d'accès en bois du site et métal. Chiffrage sur module bois : incertitude sur travaux forestiers ; parcelle de taille intermédiaire entre tarifs travaux forestiers (un peu petite) et tarifs VRD (un peu trop grande). Affirmation du principe de recyclage de la matière Recherche de gamme végétale pour le projet Préparation d'un dossier de chiffrage serrurerie (bancs, grille, grade-corps, escaliers). Visite de "Serrurier 1" (a travaillé sur l'onde) à son atelier : dossier jugé intéressant mais atypique. Visite de VRD0 pour modes de traitement du talus du saut-deloup le long de la prison : Le côut dépend de la pente de talus acceptée par la prison en limite et de la cohésion du sol : simulation maximale pour chiffrage, pente 60 avec géogrille renforcée. Discussion sur faisabilité technique et réglementaire du recyclage des troncs en infrastructure : Zone grise juridiquement, techniquement faisable étant donné les essences. Il faut emmener le maître d'ouvrage dans une "convention de contrôle" par laquelle il s'engage à contrôler régulièrement les structures. Transmission à "N" rapport LPO par la mairie de Grigny. Le site est quadrillé, la présence de chaque espèce est indiqué en grisé. Lui fait face un descriptif : description, distribution, habitat, alimentation, nidification. Un tableau résume, par expèce, en fin de rapport les "contraintes" relatives au biotope ou à de futures interventions. Préparation d'un dossier de chiffrage VRD. Rencontre entreprise VRD 1 (a déjà travaillé sur la parcelle pour dégager l'onde) pour chiffrage. Discussion sur utilisation en place de la matière. Discussion sur l'éventualité d'un banc de sciage sur site pour mettre en scène le processus de transformation du bois, organiser des visites des écoles. Chiffrages. "N", "les experts, la lignine, les tanins, les produits de traitement..." "N" Bancs, escaliers, gardecorps : le lieu se traduit dans un dessin basé sur les matières du site (terre/bois) Référence métal à l'onde. "N" L'économie des matières permet d'investir dans un travail à façon des grilles. "N" Affirmer les circuits de la matière sur le site, dans le dessin et dans la chiffrage. "N" Chiffrage serrurerie "N", "Serrurier 1", "VRD 0"(entreprise de voirie et réseaux divers) Les autorités pénitentiaires, le sol et le sous sol permettent-ils un traitement en saut de loup abordable de la limite avec la prison? "N", "technicien CNDB" Les essences de la Sapinière Les réglementations, classifications et normes de qualité des bois Classe I, II, III, IV, V "N", "La LPO", 'les oiseaux" L'avifaune est résumée au moyen d'un tableau de "contraintes" liées au biotope ou à de futures interventions. "N", "Entreprise VRD 1" Chiffrage Idée d'un bancs de sciage à chiffrer/ discuter. 11/07 Chiffrage Rencontre entreprise "VRD2" (recommandée par un confrère) "N", "Entreprise VRD 2"

88 87 Entreprise VRD 2 (Journal) 12/07 "N" et 5 personnes Comptages de régénérations sur site (trace comptable des fournitures) 16/07 " VRD 1" envoie un chiffrage à "N" (fax) 17/07 Plan géomètre (courrier) 18/07 " VRD 2" envoie un chiffrage à "N" ( ) 18/07 Réunion avec "N" et "G" (Journal) 19/07 Chiffrage de "Serrurier 2" ( , téléphone) 19/07 "N" "O" Discussion téléphonique (notes) 16/07 "N" "VRD1" "VRD2" discussions téléphoniques sur les chiffrages (journal) 16/07 au 23/07 24/07 au 25/07 "N" Finalisation et édition de la plaquette APS (journal) Plan masse projet (journal) pour chiffrage "N" organise un pique nique avec 4 équipées de 2 personnes pour comptages de régénérations des jeunes chênes dans la Sapinière. Le plan de comptage distingue les travées vides et les travées pleines. Les résultats obtenus sont cohérents et permettent de dresser un zonage de capacité de régénération sur la parcelle, et de décider des placeaux de régénération à installer. Chiffrage "N", "8 compteurs", "Les semis naturels" La capacité de régénration de la Sapinière? Où sont les jeunes chênes et combien sontils? Poussent-ils dans les ronces? Réception chiffrage entreprise " VRD 1" "N", "Entreprise VRD 1" Estimation des travaux Réception du plan géomètre avec alignements d'arbres Manque allée centrale et clairière "N", "Géomètre 1" Alignements d'arbres Surfaces des allées intérieures Réception chiffrage de " VRD 2" "N" "Entreprise VRD 1" Estimation des travaux. Analyse et confrontation des chiffrages avec "G". Etablissement d'une liste de questions aux entreprises. Recherche d'images de référence pour le projet. Réception du chiffrage de serrurerie 2 (indiqué par un confrère et un ami) : Modification du dessin des bancs : linéaire en tronc au lieu de métal. Evaluation commune des marges de réduction des coûts. Abandon des escaliers métal et bois, pour escaliers bois. Discussion du projet final de surface de placeaux de régénération élaboré par "N" à partir de l'expertise ONF et de ses comptages : "... Mais ne vous en faites pas vous aurez de toute manière de la forêt dans trente ans... bien sûr il ne faut pas aller conttre la nature, mais vous savez... " ("O", ONF) Analyse des modes de chiffrage de chaque entreprise sur els points litigieux de façon à comprendre les écarts observés. Très stratégique, personne n'ayant intérêt à abattre ses cartes. Les entreprises cherchent à gonfler les coûts, le paysagistes doit se tenir dans une fourchette de 5% (Loi MOP, acte d'engagement) par rapport aux futures offres des entreprises. Rédaction du rapport d'aps, finalisation du visuel, impression couleur, édition. Finalisation du plan masse au 1/500 (calque, crayon, marqueur, encre typographique, encre de chine) "N", "G" Analyse de chiffrages Recherche d'images de référence. "N", "Serrurier 2" Chiffrage Modifications des bancs Grilles conservées en l'état. Abandon des escaliers métal et bois. "N" "O" Les semis naturels et les placeaux de régénérations par replantation. "N", "VRD 1", "VRD 2" Analyse des chiffrages et corrections. "N" Plaquette APS 26/07 "N" "A" Remise APS à "APS" "N", "A" "N" Finalisation du plan masse au 1/500

89 88 Réunion (journal) 12/09 Réunion annulée 19/09 Réunion annulée (journal) 16/10 "N", "F" "D" "Prison 1" Réunion de coordination avec la prison 22/11 "M" "MM" "D" "F" Réunion de coordination sur l'inauguration de l'onde (Journal) 28/10 au 4/11 "N" enquête téléphonique sur sol et soussol (notes) Discussion sur approche "environnementale"/recyclage de matière/ convention de contrôle. Invitation à parler de "développement soutenable" devant les élus qui "y sont très sensibles" Réception et mise en paiement. Discussion sur incertitude du chiffrage liée à : B. plan géomètre : incertitude sur la surface des allées intérieures, C. nécessité de contact avec la prison pour caler le traitement de la limite pénitentiaire conditionnant l'équilibre remblai/déblai sur site, D. nécessité d'analyse la qualité des sols et sous-sols du point de leur stabilité et des remblais événtuels en déchets (au dire des riverains et notamment de "M"). Réunion technique sur APS Annulée et reportée Commission technique sur APS Annulée et reportée Réunion en mairie Présentation projet, coordination sur parcours santé et sur traitement de la limite avec la Sapinière Rdv pris pour visite de réalisation de saut-de-loup et de fossés enterrés L'inauguration de l'onde est fixée au 15 Mai 2002 Proposition de faire venir d autres sculpteurs Opposition de "M" qui considère que c est l inauguration de «son» travail. Contact SIVOA pour connaître le tracé et la profondeur du conduit de collecte collecte intercommunale des eaux qui trverse la parcelle de la Sapinière. Contact pompier pour connaître les exigences de sécurité incendie. Contact "bureau de controle 1" sur necessité sondage stabilité Contact avec l'"entreprise P" ayant exploité la carrière sur l'emplacement de la Sapnière avant les années 60 : elle affirme qu'à l'époque, il n'y avait pas d'apport de matériaux extérieurs au moment du remblaiement. Demande à "prison 1 " de voir si des archives sont présentes à l'administration pénitentiaire. Contact DRIRE ESSONNE sur la présence d'archives concernant la méhtode et les matériaux de remblai de la Sapinière. Bilan : absence de données sur le remblaiement du site avant plantation. Réception APS et mise en paiement. La qualité des sols et du sous sol? Les exigences de la prison? "N", "F", "D" (responsable des services techniques, succède à "A") "Prison 1" (responsable cellule patrimoine et architecture, maison d'arrêt) Traiter la limite avec la prison en saut-de-loup? Se coordonner pour un parcours dans l'ancien rideau de résineux? Voir le réglement et l'autorité de tutelle. "M", "MM", "D", "F" Inauguration de l'onde au 15 mai "N", "SIVOA", "Pompiers" "Bureau de Contrôle 1" "Entreprise P" (exploitant de carrière) "DRIRE essonne" "Prison 1" "M"' Enquête sur le sol et le sous-sol de la Sapinière. La carrière, son passé, l'administration, la loi : pas de traces, pas de mémoire.

90 89 06/11 "F" "N" "VRD 3" Sondages sur le terrain 14/11 "N" "Prison 1" et son chef. 19/11 "N" Dessin 20/11 "N" "DRIRE 1" Enquête sol et sous-sol (notes) 22/11 "N" "D" "F" "Prison 1" "Pompier 1" Réunion de coordination (CR de réunion) 29/11 "N" "Pompier 1" Viste du domaine de l'ecole des Pompiers 29/11 "N" "E" Réunion sur les réseaux sur la Sapinière (EDF, telecom etc) (notes) /01 Courrier de "N" à "MM" 01/03 "M" téléphone à "N" 02/04 Coup de fil de "A" à "N" "M" dit avoir vu que l'équivalent des trois rangées d'arbres près de la Prison ont été remblayé différemment du reste, en déhcets d'hopitaux disait-on". "VRD 3" réalise à la demande de "F" trois sondages le long de la prison. Les 3 fosses font apparaître un remblaiement en déchets divers. Prélèvement d'échantilon communiqués en mairie. "N" emmène les responsables de la prison de Fleury, visiter des saut-de-loup : Versailles-Trianon, André Citroen, technocentre Renault Reprise du plan masse projet au 1/500 (lumière, couleurs) Contact avec "DRIRE Essonne 1" Aucun dossier à la DRIRE Esssonne. Pas de texte sur la toxicité des sols. Solutions d'apport de terre pour éviter le contact avec les végétaux. S'il y a des logements à proximité un diagnostic de sols peut-être recommandé, puis éventuellement une étude de risque détaillée. Pas de la compétence de la DRIRE. Voir un bureau d'études. Réunion de coordination avec les acteurs du grand territoire que traverse le rideau de résineux dont faisiat partie la Sapinière à l'origine : la rpison et l'école des pompiers. But : voir si un parcours santé vers le bois de Saint-Eutrope à travers le rideau de résineux est envisageable. Présentation du projet Sapinière. Accord de visite du domaine de l'ecole des Pompiers. "Pompier 1" transmet les plans du domaine des Pompiers à "N" Chauvard service technique : transmission des plans réseaux "E" transmet à "N" les plans réseaux de la Sapinière. Demande de rencontre avec es élus pour présenter le projet Sapinière et demande de planning de programmation. Les verres bleus sont à nouveau brisés à la pierre. Confirmation de la poursuite du projet. Il y avait eu absence de coordination avec les élus sur le projet Sapinière. Les élus et les services se coordonnent sur l'aps. Une réponse écrite au courrier de janvier sera envoyée à "N" sous quelques jours. Proposition de réunion en mairie : fixée au 29/04 "F", "N", "VRD 3" 08/04 Coup de fil de "A" à "N" 29/04 Réunion "N", Réunion en mairie, "D" est absent, retenu par le maire. "F", "N" Les déchets du sous-sol. "N", "Prison 1" et son chef Comment traiter la limite avec la prison? Viste d'exemples. "N" Plan masse 1/500 reprise. "N", "DRIRE Essonne 1" Sols-sous-sols Pas d'archives sur la Sapinière. Pas de texte légal. "N", "D", "F", "Prison 1" "Pompier 1" La Sapinière et le territoire... Un parcours santé au travers du rideau de résineux, de la Sapinière au Bois de Saint-Eutrope est-il possible? "N", "Pompier 1" La Sapinière et le territoire... (suite) "N", "E" Le sous-sol (suite) Les réseaux sur la Sapinière (EDF, telecom etc) "MM", "N" Présentation APS aux élus "M", "N" Les verres bleus "A", "N" Présentation APS aux élus "A", "N" Date de réunion en mairie

91 90 "F", "D" 12/05 Coup de fil de "M" à "N" 23/05 Coup de fil de "M" à "N" "F" présente à "N" la réorientation du programme vers la zone des stades : réduction/abandon des modules "Quai" et "Bosquet Nord". Le projet sur le bois se réduirait à une préconisation de gestion. On conserverait le traitement en saut-de-loup le long de la prison. Le budget serait ainsi concentré sur le traitement de la limite Sapinière /Zone des stades avec une entrée en "amphitéâtre", déplacement du jeu de boules et articulation à un réseau vert. Il y a eu de très fortes altercations entre les élus et les services techniques, le projet a failli s'arrêter. Le montant en étant soudainement jugé trop important pour un site tel que la Sapinière. Cette réorientation du programme sur la zone des stades, à usage communal, constitue le seul compromis possible. "F" propose de fixer une date de repirse du travail. "N" demande qu'un compte-rendu écrit de la réunion soit établi par les services techniques afin d'examiner plus en détail le nouveau programme avant de se prononcer sur la reprise du projet. "M" n'a plus de nouvelles de la mairie, ne peut entrer en conatct avec "A" pour organiser l'inauguration de l'onde. Elle lit un entre-filet dans le journal d'info de la municipalité datant du 27 mars 2003 et annonçant une réunion de discussion autour du porjet Sapinière dans le cadre du grand projet de Ville : "Elaboration d'un grand projet : Les utilisateurs des équipements du Parc des sports [...] étaient conviés par le Maire jeudi 27 mars [...] afin de débatrre du porjet de transformation de cet ensemble sportif, de détente et de loisirs comprenant également le bois de la Sapinière [...]. Cette réunion prévue dans le cadre de la préparation du budget de la ville a donné lieu à un débat entre les utilisateurs, le maire, l'adjoint aux sports et les responsables des services techniques et service des sports [...] le point important concernait la présentation d'une ébauche de réorganisation des espaces. Un état des lieux met en lumière un potentiel très intéressant de développement d'un secteur sport-loisirs-détente, grâce à des surfaces plantées et aménagées pour ces diverses fonctions. [...] Une entreé monumentale favorisera la création d'aires de stationnement et organisera une circulation plus fonctionnelle [...] Cette opération aura le mérite de dégager la perspective vers la Sapinière, et de concevoir une distribution des circulations pour chaque élément de ce futur complexe [...] à présent la concertation doit se poursuivre, afin d'affiner le projet et d'aller vers un plan définitif, en bénéficiant de l'avis de tous les utilisateurs."(grigny informations Avril 2003, 209, p5) "M" fait un vernissage de son travail dans un atelier d'architecture parisien. Sur la rue, un bout de tronc pris entre deux attelles annonce l'onde. Une projection diapo géante est réalisée sur le mur intérieur de l'agence. Dans l'agence des sculptures de bois et métal sont exposées; Un architecte du ministère de la culture habitant près, achète une pièce et ira voir l'onde et la Sapinière. Il sera enthousiasmé par le lieu comme par l'installation. réunion en mairie, réorientation du programme. "M", "N" Pas d'inauguratioin de l'onde. Réunion GPV de mars sur le "nouveau" projet Sapinière. "M", l'onde, une agence d'architecture à Paris, le ministère de la culture. Exposition de "M" dans une agence d'architecture.

92 91 10/06 Coup de fil de "M" à "N" "M" a eu un rdv avec "CC", nouveau responsable de la culture à la mairie de Grigny. Il déclare vouloir faire de laculture, veut voir l'onde et en savoir plus sur le projet de paysage. Rdv sur la Sapinière le 10/06 avec "M" auquel est convié "N". Le Rdv est finalement annulé. "M", "N", "CC" Rdv avec le service culturel.

93 92 Liste des intervenants "A" = Service technique puis responsable du Grand Projet de Ville (Ville de Grigny) "B" = Paysagiste libéral "C" = Service Action Cultutrelle Ville degrigny "D" = Service technique depuis septembre 2002 (Ville de Grigny) "F" = Service espaces verts (succède à "E", Ville de Grigny) "E" = Service espaces verts (Ville de Grigny) "G" = Paysagiste libéral "H" = Ingénieur paysagiste "I" = Elu, Ville de Grigny "J" = Habitant des Patios (Grigny), enseignant à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. "L" = Responsable LPO Essonne. "N" = Paysagiste libéral "M" = Artiste sculpteure, habitante des Patios (Grigny) "MM" = Monsieur le Maire (Grigny) "P" = Directeur entreprise ayant exploité une carrière de meulière à l'emplacement de l'actuelle Sapinière.. "V" = Ecologue, enseignant. "Z" = Assitant temporaire de "M" pour le montage de l'onde "Serrurier 0" = Métallier contremaître, a travaillé pour "M" sur l'onde "VRD 1" = Entreprise de travaux (Voirie réseaux divers) ayant intervenu sur la Sapinière et sur l'onde. "VRD 2" = Entreprise de travaux (Voirie réseaux divers) "Serrurier 1" = Métallier "Géomètre 1" = Géomètre "Prison 1" = Responsable de la cellule architecture et patrimoine de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. "Bureau de contrôle 1" = Bureau de contrôle "DRIRE Essonne 1" = DRIRE Essonne "Pompier 1" = Commandant travaillant à l'ecole départementale d'incendie et de Sécurité. "Ecole 1" = Directrice d'école maternelle à la Grande Borne (Ville de Grigny - Les Patios), participe à un projet "PAC" "action artistique et culturel) "Ecole 2" = Professeur dont la classe participe au projet PAC axé sur la Sapinière. "Ecole 3" = Professeur d'art Plastique en Collège, travaille avec une classe sur le site de la Sapinière, financement par le réseau éductaif prioritaire(rep)) "Ecole 4" = Responsable sur le réseau d'action prioritaire (REP) "Ecole 5" = Ecole ayant deux classes concernéespar la Sapinière, une sur projet PAC, une sur projet REP. "Innovation 1" = Responsable à la maison de l'innovation (Grigny) "Actes 91/1" = Association Actes 91 "Actes 91/2" = Association acte 91, responsable technique "Actes 91/3" = Association Actes 91, Projet "Seine de Science" qui concerne plusieurs collèges dont un projet avec un collège de la Grande Borne portant sur la Sapinière, proposition de restitution de l'ensemble des projets sur le site de la Sapinière.

94 93 2 Guide Guide pour un entretien avec "M" (sculpteure) Carnet de bord pour l'interviouvé et l'interviouveur Le but de l'entretien est de rendre compte, à quelqu'un qui ne connaitrait pas l'installation de l'artiste, du cheminement qui a conduit à sa mise en place, des interactions et des liens, concrets ou abstraits, qui ont jalonné ce parcours. Il nous faut "oublier/mettre en suspens" ce que nous nous sommes déjà dits : penser que redire les choses, c'est toujours les redécouvrir, et faire comme si l'artiste interviouvé ne connaissait pas ce chercheur/paysagiste là, comme si l'interviouveur/paysagiste ne connaissait pas cet artiste là. Il nous faut "oublier/mettre en suspens" que l'interviouveur est le paysagiste : ne pas hésiter à dire le négatif comme le positif concernant le projet de paysage ou les relations de collaboration, à en faire les louanges ou à les rudoyer. Et réciproquement. Dans le cas où cela pose problème, mieux vaut indiquer que l'on ne veut pas s'aventruer sur ce terrain là, se prononcer, plutôt que de passer totalement sous silence la question. L'entretien sera accessible dans son intégralité à l'équipe de recherche et autrement confidentiel. Les éléments qui en seront extraits pour la recherche et diffusés seront soumis à l'accord prélalable des deux intervenants : l'artiste et le paysagiste. Si des problèmes de confidentialité se posent, qui nécessitent de ne pas diffuser certains éléments pourtant importants, les partenaires de l'équipe de recherche seront avertis et consultés afin de trouver une solution qui respecte le souhait de confidentialité des deux intervenants, sans constituer un obstacle au travail de la recherche. S'il y a conflit irréductible : le parti de la confidentialité primera. L'impossibilité de traiter du point en question sera, si cela est nécesaire, mentionné dans le travail de recherche. Tous les éléments matériels pouvant venir en appui sont les bienvenus. Cet entretien pourra être suivi d'autres entretiens pour préciser des points restés en suspens ou difficile à examiner aujourd'hui.

95 94 A. L'Onde Qu'est-ce que l'onde? Comment l'artiste décrirait-elle le parcours qui a conduit à l'installation de l'onde? B. L'historique Le début, la première idée, l'émergence D'où vient cette installation? Comment est-elle apparue? Rapport au site, aux évènements, au travail passé ou à d'autres entités... Cette première idée a-t-elle pris une forme particulière : dessin, photos, texte, etc. Ces éléments ont-ils été communiqués, discutés, confrontés sur l'extérieur? Si oui, à/avec qui, en regard de quoi? Dans quel but? Quel a été le résultat de cet (ces) échanges ou cette confrontation? Ces éléments sont-ils encore disponibles ou accessibles aujourd'hui? Peut-on les lister? Peut-on les regarder ensemble? L'artiste peut-elle les commenter? Du début à aujourd'hui Comment se sont ensuite déroulées les choses jusqu'à aujourd'hui? Est-il possible de dégager des périodes, des repères? En fonction de quoi, que s'est-'il passé au cours de chaque période? Est-il possible de dégager des 'moments clés', en fonction de quoi, que s'est-'il passé dans ces moments? Y-a-t-il eu des intervenants, des interlocuteurs ou des facteurs extérieurs qui ont été importants dans ce parcours? En quoi et pourquoi? Selon quelles modalités chacune de ces étapes s'est-elle déroulée/matérialisée : en pensée/réflexion, en écrits, en dessins, en contacts/discussion, en actions... Quelles traces reste-t-il de tout cela aujourd'hui? Peut-on y accéder? L'artiste peut-elle les commenter? Evolution Le définition donnée en début d'entretien est-elle celle que l'artiste donnait au départ? Si non quelle était la définition initiale et quel a été le changement, l'évolution? Pourquoi cette évolution? Poussée, suscitée par quoi ou par qui? Comment l'artiste réagit-elle à cette évolution aujourd'hui? Si l'artiste ne devait retenir que quelques facteurs déterminants, lesquels seraient-ils? Pour chacun, peut-elle préciser quelle a été son rôle, son impact sur l'évolution de l'installation? L'Onde, l'art et le travail de l'artiste L'idée "d'œuvre" ou de "travail" pour désigner une sorte de continuité entre les interventions de l'artiste, a-t-elle un sens pour l'artiste? Si oui, comment définit-elle son travail? Qu'est-ce qui compte avant tout? Si non, comment définit-elle ce qu'elle fait? Qu'est-ce qu'un artiste? Qu'est-ce que l'art? Depuis combien de temps l'artiste fait-elle ce qu'elle fait? Comment y-est-elle venue? Cette activité de l'artiste a-t-il évolué au cours des dernières années? Si oui, quelles ont été les principales étapes, les moments importants de cette évolution? Quels ont été les moteurs de cette évolution? Préciser le rôle pour chacun. Quels sont aujourd'hui les témoins/les traces de cette évolution? Peut-on les voir ensemble? Comment l'onde s'inscrit-elle par rapport à cet ensemble et cette trajectoire? En quoi et pourquoi? D'une façon plus large, dans quoi s'inscrit l'onde? En quoi et pourquoi? L'Onde est-elle déposée/brevetée? Dans quels termes? A qui appartient l'onde aujourd'hui?

96 95 L'Onde ouvre-t-elle sur des futurs? Lesquels et pourquoi? Quel est le droit de regard de l'artiste sur l'évolution de l'onde? Pourquoi? Ce droit est-elle inscrit quelque part? Et si l'onde était à refaire... C. L'Onde et la Sapinière Qu'est-ce que la Sapinière? Peut-on la caractériser, l'évoquer? Comment? Si l'on devait la décrire à un adulte? Et à un enfant? Faut-il y faire un tour pour l'évoquer? Que donnerait ce tour? Comment l'artiste décrirait-elle le rapport entre l'onde et la Sapinière? Est-ce une dimension importante? Ce rapport est-il sujet à changement/évolution? Si oui, en quoi et pourquoi? Comment l'artiste enivsage-t-elle le futur de ce point de vue? Que souhaiterait-elle? Que pense-t-elle qu'il va advenir? D. L'Onde et le maître d'ouvrage Quels ont été les rapports avec le maître d'ouvrage dans le processus de développement de l'onde? Factuellement, comment cela s'est-il passé? Quand l'artiste a-t-elle commencé à être en relation avec le maître d'ouvrage à propos de cette installation? Quelles ont été les étapes de cette relation? Y en a-t-il des traces / témoins aujourd'hui? Peut-on les consulter? D'où est venue l'initiative au départ? Quels ont-été les interlocuteurs? Ont-ils changé? Comment l'artiste a-t-elle communiquée son projet au maître d'ouvrage et quelle a été la réaction de ce dernier? Peut-on voir ou consulter les témoins ou les traces de ces échanges? Le maître d'ouvrage est-il habitué à gérer ce type d'intervention? Sur le plan artistique, comment l'artiste évalue-t-elle cette relation aujourd'hui? Cette relation est-elle toujours en cours? Si oui, autour de quels enjeux? Comment cela se passe-t-il? Quelles sont les étapes à venir? Les principales incertitudes? E. L'Onde, le projet de paysage et le(s) paysagiste(s) Qu'est-ce que sait l'artiste du projet de paysage sur la Sapinière? Par quelles voies, quels moyens en a-t-elle eu connaissance? Quelle est, selon elle, la relation entre l'onde et le projet de paysage? Quand cette relation a-t-elle été initiée? Quels étaient alors les acteurs présents? Quels ont été les vecteurs, les modalités de l'échange sur le projet? Ces vecteurs sont-ils visibles aujourd'hui? La relation entre l'installation de l'artiste et le projet de paysage a-t-elle évoluée? Si oui, en quoi et comment? Est-il possible de dégager des temps forts, des périodes dans cette évolution? L'Onde se distingue-t-elle du paysage? Si oui, en quoi et pourquoi? Où passe la limite entre les deux, comment est-elle définie? Si non, la distinction entre paysagiste et artiste reste-t-elle pertinente? En quoi et pourquoi? L'artiste aurait-elle pu s'occuper du paysage? Si non, pourquoi? Si oui, qu'aurait-elle imaginé comme projet de paysage sur ce site? Inversement, l'artiste pense-t-elle que le paysagiste / un paysagiste aurait pu concevoir et réaliser l'onde? Ces questions, relatives aux limites des domaines d'intervention de l'artiste et du paysagiste, ont-elles étaient abordées, directement ou non au cours du déroulement des projets d'installation de l'onde et de paysage? Si oui, sur quel mode, dans quels termes? Cette problématique a-t-elle évoluée dans le temps? En quoi et comment? Où en est-on? Où va-t-on? Qu'est-ce qu'un paysagiste? L'artiste attend-elle quelque chose du paysagiste sur ce projet? Quoi? Pourquoi? Comment qualifierait-elle jusqu'alors la relation entre elle et le paysagiste autour du projet Onde/Sapinière? Cette relation a-t-elle été sujette à évolution? A quels moments, en quoi et pourquoi?

97 Où en est-on? Comment cela se passe-t-il? Quels sont les enjeux? Comment sont-ils abordés, selon quelles modalités? Y-a-t-il des traces, des témoins de ces échanges? Quelles sont les étapes à venir? Les principales incertitudes? 96

98 97 3 Des Portraits, un portrait : visuels

99 98 4 Portfolios

100 99 L'Onde Figure 1/ Le montage de l'onde (plaquette grise) Figure 2 / Le stockage des chablis (plaquette esquisse) Figure 3 / Le cadre et la maquette

101 100 Le jeune chêne Figure 4 / Tableur de comptage (DDC) Figure 5 / Vues du couvert boisé mixte (esquisse) Figure 6 / Carte densité avec localisation des stations (plaquette kraft, APS) Figure 7 / Exemple de relevé de station (format A3) (phase inventaire) Figure 8 / Page d'herbier (phase inventaire) Figure 9 / Simulation de gestion (plaquette kraft) Figure 10 / Grille de comptage final (phase APS) Figure 11 / Comptage exemple (phase APS)

102 101 Le sol Figure 12 / Dessin prison (plaquette kraft) Figure 13 / Schémas d'urbanismes actuel, GPV, projet Sapinière (plaquette kraft) Figure 14 / Esquisse ouverture saut de loup (encre de chine) (plaquette kraft) Figure 15 / Esquisses de fossés et ha-ha (phase APS) Figure 16 / Esquisse technique saut-de-loup (plaquette APS) Figure 17 / Vue sensible lisière prison (plaquette APS) Figure 18 / Vue des champs privés avec ateliers (esquisse et plaquette kraft) Figure 19 / Dossier de chiffrage (Phase APS, extraits) Figure 20 / Photos de visite de saut-de-loup (suite à la phase APS)

103 102 Le bois (lignine) Figure 21 / Visuels fibres (plaquette bleue) Figure 21bis / Double page histoire Sapinière (plaquette kraft) Figure 22 / Axonométrie bosquet Nord (plaquette kraft) Figure 23 / Esquisse des escaliers (phase APS) Figure 24 / Photos de référence Onde, bois (plaquette APS) Figure 25 / Première esquisse de garde corps (phase APS) Figure 26 / Esquisse d'éléments de mobilier bancs, mur IPN (phase APS) Figure 27 / Deuxième esquisse de garde corps (plaquette APS) Figure 28 / Courbes de diamètres de troncs (phase APS) Figure 29 / Tableur troncs (phase APS) Figure 30 / Esquisse banc bois (plaquette APS) Figure 31 / Photos de référence souches, troncs (plaquette APS)

104 103 Le site Figure 32 / Plan cadastral Figure 33 / Fond de plan masse "esquisse" Figure 34 / Détail plan masse esquisse (plantation transversales) Figure 35 / Plan masse "esquisse" Figure 36 / Les modules Figure 37 / Plan masse "plaquette kraft" Figure 38 / Plan masse "APS"

105

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