ÉTUDE DE CAS N 2 : LA QUESTION DE L ACCÈS À L EAU AU MAROC.
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- François-Xavier Bouchard
- il y a 8 ans
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1 ÉTUDE DE CAS N 2 : LA QUESTION DE L ACCÈS À L EAU AU MAROC.
2 MISE AU POINT SCIENTIFIQUE
3 L EAU AU MAROC : ATOUTS ET CONTRAINTES. Le Maroc se trouve dans une situation singulière : c est { la fois le pays du Maghreb qui bénéficie des ressources en eau les plus importantes et celui qui risque dans le futur de connaître les problèmes de pénurie les plus graves.
4 Le potentiel actuel : Actuellement le potentiel hydraulique du pays est estimé à environ 29 milliards de m 3, dont 19 sont réellement mobilisables, 10 étant perdus par évaporation et fuite vers la mer. Sur ce total, 15 milliards de m 3 proviennent des eaux de surface et 4 des eaux souterraines. Cette bonne disponibilité en eau s explique par le fait que le pays dispose de nombreux atouts : un vaste château d eau atlasique, des fleuves importants comme le Oum er Rbia, d importantes nappes phréatiques et de fortes averses pluvieuses venues de l Atlantique en hiver. De plus, le Maroc est aussi considéré comme «le royaume de la grande hydraulique» car le pays s est doté depuis les années 60 d une centaine de barrages qui mobilisent l essentiel des eaux de surface. Au final, le potentiel hydrique du pays est de 720 m 3 /hab et par an et les ressources permettent d entretenir un vaste périmètre irrigué d environ un million d hectares.
5 A l horizon 2020: une situation de pénurie et de stress hydrique. En 2O2O, on estime que la consommation nationale atteindra le chiffre du potentiel régularisable de la ressource. A la même date, le potentiel hydrique sera descendu à 570 m 3 /hab et par an et la plupart des nappes phréatiques seront fortement entamées (il faut d ailleurs noter, dès aujourd hui des baisses alarmantes : 40 m dans le Souss, 30 m dans le Haouz). L horizon constitue donc un point de rupture : à cette date, le Maroc sera à son tour touché par la pénurie et par une situation de stress hydrique que ses voisins connaissent déjà. Cette situation de crise risque même d être ressentie encore plus durement qu ailleurs du fait de la structure de l économie marocaine. En effet, le poids du secteur agricole y est très grand. Or, l agriculture est grande consommatrice d eau : plus de 85 % de la ressource. On voit dès lors les problèmes sociaux, économiques et politiques qui risquent de se poser.
6 Qui s explique par : Une augmentation de la demande : - Augmentation de la population (estimée à 40 millions en 2025). - Augmentation des besoins en irrigation. - Augmentation de la demande industrielle. - Augmentation de la demande urbaine liée au rapide développement urbain et touristique du pays. Une diminution des ressources : - Baisse de la pluviométrie liée à la multiplication des sécheresses. - Baisse du niveau des nappes phréatiques liée à la surexploitation actuelle.
7 Le Maroc constitue donc un cas d école pour étudier les enjeux liés à la disponibilité, la gestion et la répartition des ressources en eau. En effet, ce pays dont les ressources en eau, bien que généreuses pour la région, sont néanmoins limitées (en raison de sa localisation dans une zone de semi - aridité), va être confronté de façon croissante à un double problème: - d une part, une dégradation et une raréfaction de l eau ; - d autre part, une multiplication des conflits liés aux différents usages de l eau : agricole, industriel, touristique et domestique.
8 MARRAKECH ET SA RÉGION : UN EXEMPLE TYPE. La région de Marrakech Tensift Al Haouz constitue déjà un bon exemple des problèmes liés à la gestion de l eau. Région de Marrakech Tensift Al Haouz.
9 Présentation de la région : Cette région située au centre du pays et qui comprend une partie du Haut Atlas s étend sur près de km et compte environ habitants. C est une région essentiellement agricole et touristique dont le centre démographique, administratif, et économique est la ville de Marrakech avec ses habitants. L essentiel des ressources en eau de cette région provient des oueds descendant de l Atlas (notamment l oued Tensift) et de nappes phréatiques peu profondes et donc facilement accessibles.
10 Une ressource en eau qui diminue: Cette région connaît actuellement un déficit hydrique prononcé : - Sous les effets conjugués de la sécheresse et de pompages intensifs, les nappes phréatiques sont déjà surexploitées puisque les prélèvements actuels estimés à près de 600mm 3 /an dépassent largement le potentiel renouvelable estimé, lui, à 470mm 3 /an. - Quant aux eaux de surface, essentiellement celles du Tensift et de ses affluents, leur potentiel mobilisable est tombé à 400 millions de m 3.
11 Une demande qui explose : Actuellement l agriculture consomme 90 % des ressources en eau de la région contre 10 % pour les besoins domestiques d une population d environ trois millions d habitants. Toutefois, les besoins urbains se font de plus en plus importants notamment avec le développement démographique de Marrakech. De plus, l essor du tourisme (plus de 2 millions de touristes par an, rien qu à Marrakech), de l industrie et du commerce accentue les besoins en eau.
12 Avec pour résultats : Des conflits d usages de plus en plus importants entre demande agricole, demande urbaine, demande touristique et demande industrielle. Une crise de l eau de plus en plus aiguë.
13 Les pistes envisagées pour résoudre la crise de l eau. Diminuer la demande : - En luttant contre les déperditions dans les réseaux urbains d adduction d eau (40 % de pertes dans certaines canalisations à Marrakech). - En adoptant des techniques agricoles moins gourmandes en eau (micro - aspersion, lutte contre les fuites dans les réseaux d irrigation, limitation des moto - pompes qui puisent dans les nappes phréatiques ). - En incitant les agriculteurs à se tourner vers des cultures moins consommatrices en eau.
14 Augmenter l offre : - En construisant des usines de recyclage des eaux usées comme l unité de Marrakech inaugurée en En incitant les complexes hôteliers et touristiques à bâtir leurs propres unités de traitement des eaux.
15 CONCLUSION. L exemple de la région de Marrakech illustre donc bien les problèmes et les défis auxquels le Maroc est et va être soumis. La crise hydrique qui s annonce impose donc une réorientation des politiques hydrauliques. Celles-ci doivent viser une meilleure valorisation des ressources en eau et un meilleur ciblage de son usage, à travers un contrôle renforcé de la demande, la mise en œuvre d incitation pour la diffusion des techniques d économies d eau et le développement des ressources alternatives comme le dessalement de l eau de mer et le recyclage des eaux usées.
16 Maroc : quelles perspectives? Le Maroc est confronté aux mêmes problèmes que l Australie : une raréfaction de la ressource en eau, une demande croissante et diversifiée, une agriculture inadaptée aux conditions bioclimatiques et «dévoreuse» d eau, et par conséquent des conflits d usages de plus en plus fréquents. Les solutions à apporter à cette crise de l eau sont du même ordre : réduire la demande par des pratiques d économie de l eau, augmenter l offre grâce à des aménagements et des infrastructures telles que les barrages, les usines de dessalement, les unités de retraitement des eaux usées
17 Toutefois, la situation sociale et économique du Maroc fait que le problème de l accès à l eau ne s y pose pas véritablement dans les mêmes termes qu en Australie. D une part, on peut s interroger sur la capacité du pays à supporter financièrement les aménagements nécessaires à l extension de l offre. D autre part, la privatisation croissante du secteur de l eau liée à l arrivée massive de multinationales de l eau sur le marché pose le problème d un accès égal des citoyens à cette ressource. En effet, tous les marocains seront - ils en mesure de supporter le renchérissement du prix de l eau?
18 Enfin, le poids relatif du secteur agricole dans l économie marocaine (entre 10 et 15 % du PIB selon les années) rend illusoire voire dangereuse toute idée de sacrifier l agriculture comme cela peut être envisagé en Australie. Cependant, la modernisation et la réorientation de cette agriculture vers des cultures moins «gourmandes» en eau entraînera certainement des conflits sociaux virulents.
19 PROPOSITION DE MISE EN ŒUVRE EN CLASSE.
20 UN VILLAGE DU MAROC : BEN SMIM.
21 LOCALISATION : Le village de Ben Smim est situé dans la province d Ifrane, dans la région du Moyen Atlas. Il compte 3000 habitants, qui travaillent en grande majorité dans l agriculture ou l élevage (un cheptel ovin et bovin de 5000 têtes). La région est une région d agriculture vivrière et le village est situé à proximité d une des dernières grandes forêts de cèdres du pays.
22 LE CONTEXTE : POURQUOI CHOISIR CE VILLAGE? Depuis 2001, le village de Ben Smim est le théâtre d une «guerre de l eau» opposant d une part les villageois, pour lesquels cette ressource est vitale, et d autre part une entreprise «l Euro - Africaine des eaux», qui a racheté à L État marocain les droits sur une partie de la source de cette localité (60 %). Le but de cette entreprise est de produire de l eau en bouteille, qui sera revendue dans tout le Maroc et à l étranger. Depuis 2007, et les débuts des travaux de l usine, les habitants de Ben Smim multiplient les protestations et leur lutte est devenue emblématique dans le monde entier du refus de la marchandisation de l eau.
23 Cette étude de cas permet donc d aborder plusieurs thèmes : - La concurrence pour les usages de l eau (entre usage agricole et usage industriel, entre usage local et usage extérieur). - Les dissensions au sein d une même communauté sur la façon d utiliser l eau. - La rareté et la raréfaction de la ressource. - Les raisons de la pénurie en eau.
24 Problématique générale : pourquoi les habitants de Ben Smim n ont ils pas accès, en quantité suffisante, à une eau de qualité? Objectifs :
25 Première heure de l étude de cas. Problématique : pourquoi l eau est - elle un bien aussi disputé à Ben Smim? Objectifs : Montrer que l eau est une ressource rare dans ce village. Montrer que l agriculture est une grande consommatrice d eau. Citer les principaux usages de l eau à Ben Smim.
26 Deuxième heure de l étude de cas. Problématique : quels sont les conflits autour de l eau à Ben Smim? Objectifs : Montrer que l eau de la source de Ben Smim est disputée entre les villageois et l industriel. Montrer que la gestion de l eau est disputée entre l État, la commune et les communautés villageoises. Montrer que le projet industriel divise la communauté villageoise entre partisans et adversaires de l usine d embouteillement
27 Troisième heure de l étude de cas. Problématique : existe - t - il des solutions pour résoudre la crise de l eau à Ben Smim? Objectif : Évoquer les solutions techniques et politiques pour mieux utiliser et partager la ressource.
28 CORPUS DOCUMENTAIRE : Article de RFI du 20 mars 2009 : Ben Smim, source de discorde : Article de Bakchich info d octobre 2007 : Carte de la pluviométrie au Maroc. T-DU-MAROC/carte_annuelle_pluie.jpg
29 Photographies du village jpg
30 Quatrième heure : mise en perspective.. On reprendra ici les éléments et les documents utilisés dans l étude de cas sur l Australie, à savoir essentiellement des cartes tirées de l atlas mondial de l eau.
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