4 ème Journée rouennaise ADDICTIONS 18 mai 2006

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1 Fédération Inter-Etablissements d'addictologie 4 ème Journée rouennaise ADDICTIONS 18 mai 2006 EPIDEMIOLOGIE DES CONDUITES ADDICTIVES CHEZ LES JEUNES Mme le Professeur Facy INSERM Unité 302, Paris CH du Rouvray 4 rue Paul Eluard Sotteville les Rouen Coordination de la journée : PR F. Thibaut Rédaction : Dr Houy-Durand 2006_facy.rtf - 11/12/2006 1/6

2 Les premières études épidémiologiques relatives aux conduites addictives furent réalisées en 1971 (Davidson). Il existe deux façons de mener de telles enquêtes : 1- en milieu scolaire à partir de sondage aléatoire à deux niveaux (établissements scolaires, élèves) 2- grâce à des enquêtes téléphoniques menées par l INPES Dans ces deux cas, les résultats sont sujets à différents biais ; soit par le choix défectueux de la population, soit par des réponses non fiables du fait du statut illicite des produits consommés. De plus, ces études n ont de pertinence que si elles sont reproductibles en différents temps et lieux. En France, nous ne disposons malheureusement pas de larges cohortes, ce qui nécessite de pouvoir comparer de multiples échantillons transversalement. 3- Les centres de médecine préventive, via des bilans de santé, participent au recrutement de volontaires pour diverses études épidémiologiques. L épidémiologie générale a une vocation de surveillance et de veille sanitaire. Pour cela, elle s appuie sur la création de bases de données (mortalité, registres ), établit des valeurs de référence, des indicateurs de suivi (quantifiables). Les indicateurs de santé relèvent de différentes instances : INSERM (mortalité), lieux de soins (morbidité). Les consommations en population générale sont issues des travaux de l OFDT, l INSERM, l INPES, l IRDES, des CES. Les critères diagnostiques retenus pour ces études épidémiologiques sont ceux de la CIM 10 (F10 à F19 pour les notions d abus et de dépendance aux substances psycho-actives). Différents types d'usagers de substances psychoactives sont répertoriés dans la classification internationale des maladies : -les expérimentateurs : 46 millions de personnes en France pour l'alcool, 32 millions pour le tabac -les usagers occasionnels -les usagers réguliers -les usagers"à problèmes" : 3,3 millions de personnes concernées pour l'alcool, 10 millions pour le tabac. L'estimation du nombre de consommateurs de substances psychoactives parmi les ans, en 2003 rapportait une consommation cannabique chez 11 millions d'usagers expérimentateurs ; 4,2 millions d'usagers occasionnels ; 0,85 millions d'usagers réguliers et 0,45 millions d'usagers quotidiens. 2006_facy.rtf - 11/12/2006 2/6

3 Dans la population des ans, une études réalisée en 2003 (ESCAPAD rapportée par l'ofdt) a permis de mettre en évidence l'augmentation de l'usage régulier du tabac et du cannabis chez les jeunes filles sur les deux dernières décennies parallèlement à une diminution de la consommation régulière d'alcool (remplacé par un autre produit). Les centre d'examen de santé de la CPAM (CES) qui ont une vocation de médecine préventive ont permis d'étudier chez les jeunes (18-35 ans) l'importance des consommations, les liens entre consommations et précarité et entre polyconsommations et accidents. 2006_facy.rtf - 11/12/2006 3/6

4 Les résultats obtenus chez les jeunes adultes consultants des CES en 2001 concernant leur consommation de psychotropes dans les 30 derniers jours sont représentés ci-dessous : ans ans (%) (%) TABAC quotidien CANNABIS quotidien EBRIETES DROGUES 4* 3 ILLICITES et/ou Dont 1 fois/semaine 12 8 MEDICAMENTS Tous les jours NON PRESCRITS Une "typologie" des usagers sur les 30 derniers jours a ainsi pu être dégagée : 20% des jeunes âgés de 18 à 35 ans se ressemblent notamment par leur consommation de café qui pourrait révéler un profil psychologique "spécifique" aux usagers d'alcool ou autres substances psychoactives. 13 % des usagers sont des fumeurs réguliers et 11 % des fumeurs qualifiés de faibles consommateurs, 22 % sont des consommateurs d'alcool, 14 % sont des polyconsommateurs (sans drogues illicites) et seulement 2 % sont des polyconsommateurs consommant des drogues illicites. Concernant la conduite automobile et les accidents, 68 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans rapportent ne jamais avoir consommé plus de 2 verres d'alcool avant d'avoir pris le volant au cours des 12 derniers mois En revanche, parmi les ans, 41 % auraient consommé plus de 2 verres de façon "occasionnelle" avant de conduire, au cours des 12 derniers mois. L'ensemble de ces études épidémiologique a permis de mettre en évidence un certain nombre de points communs aux différentes conduites addictives : -La fréquence de leur survenue au cours ou au décours de l'adolescence ; l'âge de début inférieur à 15 ans semblant représenter un facteur de risque particulier de conduite addictive ultérieure. 2006_facy.rtf - 11/12/2006 4/6

5 -Le passage fréquent d'une conduite addictive à une autre et donc le développement de polyaddictions -Le fait que le pronostic ne semble pas lié à la nature du produit, mais plutôt à la personnalité associée et aux comorbidités psychiatriques. Les études de morbidité réalisées chez des patients traités en alcoologie ont mis en évidence des modalités de consommations variables en fonction des tranches d'âges : les moins de 25 ans consomment surtout de la bière (27%), et consomment de l'alcool de manière épisodique (50%). Au-delà de 25 ans, 44 % consomment au contraire quotidiennement et plus volontiers du vin (24%). Quant au lieu de consommation, il représente également un facteur de risque particulier, notamment chez les plus de 25 ans qui consomment le plus souvent à domicile (40% ), facteur de vulnérabilité plus spécifique des populations féminines. Chez les patients traités pour d'autres types de toxiques, on note une comorbidité importante entre les consommations d'alcool et de tabac et une évolution de la consommation de cannabis qui diminue fortement après 25 ans (passe de 23 à 7% des patients). En terme de mortalité prématurée ("évitable"), c'est à dire avant l'âge de 65 ans, la France détenait la triste 5 ème place parmi les 14 pays de l'union européenne en Malgré tout, les décès liés à des surdoses d'héroïne ont nettement diminué à partir de 1996, date de la mise en place des traitement substitutifs aux opiacés. L'implication des stupéfiants dans les accidents mortels de la voie publique est désormais mesurable puisque les prélèvements d'urine y sont systématiques : sur près de conducteurs responsables d'accidents en 2005, 759 présentaient une dose urinaire non nulle de THC avec un risque relatif lié au produit de 2,39 sachant qu'il s'agit probablement de données sous-estimées et qu'il existe un effet-dose notable du THC dans la genèse des accidents. Pour l'alcool, le risque relatif passe de 3,3 à 40 pour des taux d'alcoolémie sanguins passant de 0,5 à plus de 2g/l. L'évolution actuelle des consommations et notamment la fréquence d'usage de cannabis chez les jeunes a modifié la perception des chefs d'entreprise vis à vis des produits : actuellement, deux tiers d'entre eux se disent préoccupés par l'alcool et 14 % par le cannabis chez leurs salariés. Au terme de cette présentation de données épidémiologiques exhaustive, Mme le Pr Facy a insisté sur quelques recommandations relatives à la prise en charge des conduites addictives chez les jeunes : - Informer et dépister précocement - Veiller à une cohérence entre réglementation et éducation 2006_facy.rtf - 11/12/2006 5/6

6 - Former des professionnels à un travail en réseaux - Développer la recherche et l'évaluation. 2006_facy.rtf - 11/12/2006 6/6