24 RUE DE LA MADELEINE/ 7bis -9 RUE ABBE DE SAUVAGES PARCELLE EY0297

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1 24 RUE DE LA MADELEINE/ 7bis -9 RUE ABBE DE SAUVAGES PARCELLE EY0297 C.Potay/ARCHIVES/Février 2008 DESCRIPTION... 3 Façade sur la rue Abbé de Sauvages... 3 Rez-de-chaussée... 3 Niveaux supérieurs... 3 Façade sur la rue de la Madeleine... 7 Rez-de-chaussée... 7 Niveaux supérieurs... 7 Intérieur... 7 HISTORIQUE... 9 Contexte d origine... 9 Du XVIe au XVIIIe siècle Les mutations jsqu au début du XVIIIe siècle Les mutations et propriétaires du XVIIIe siècle Du XIXe siècle à nos jours Les mutations du XIXe siècle au début du XXe siècle Louis Veaute, un notable dynamique

2 Extrait du cadastre contemporain : la parcelle EY0297 apparaît au centre de l illustration, c est la plus grande parcelle de l étroit îlot qui s étire entre les rues de la Madeleine et Abbé de Sauvages. 2

3 DESCRIPTION Il s agit d une vaste parcelle- la plus grande de l îlot- présentant une façade plus réduite sur la rue de la Madeleine que sur la rue Abbé de Sauvages, et donnant aussi en partie sur la place de la Calade dans le prolongement de la rue Abbé de Sauvages. Sa forme est irrégulière : à l est, la petite parcelle mitoyenne (22 rue de la Madeleine, EY0296) y est enclavée ; sur la rue Abbé de Sauvages, l alignement est irrégulier et la parcelle présente deux angles obtus, l un des deux celui placé à l est- étant beaucoup plus prononcé que l autre. Les différents corps de bâtiments s articulent autour d une cour en «L» placée dans la partie ouest de la parcelle. Façade sur la rue Abbé de Sauvages R étage bas sous comble, 5 travées (1 à l est avant l angle obtus le plus important, 1 entre cet angle et le suivant moins prononcé, et 3 travées à l ouest). Mur enduit, discrète modénature pierre (appuis fenêtres) Rez-de-chaussée L extrémité Est de la façade est occupée par une grande porte cochère?- en arc segmentaire délardé avec vantail à double battant. La travée suivante, entre les deux angles, est formée par une ouverture rectangulaire plus haute que large (fermée par une grille à barreaux), surmontée d un fenestron rectangulaire fermé par une ferronnerie formée de motifs en boucles (façon XVIIIe siècle, mais probablement de réalisation récente?). Sous les deux travées médiane et de droite de la partie Ouest de la façade apparaissent les ouvertures rectangulaires vitrées, munies de stores métalliques, qui forment une devanture de boutique. Niveaux supérieurs Les fenêtres des deux principaux étages sont rectangulaires, hautes, munies d appuis en pierre moulurée ; avec encadrement peint en blanc contrastant sur l ocre jaune de l enduit mural. Par endroits (1 er étage et sur les 2 travées Est au 2 nd ), ces grandes fenêtres ont des volets formés de panneaux de bois pleins. Elles sont aussi dotées de garde-corps en ferronnerie industrielle. On remarque que la 2 e travées depuis la droite (partie Ouest de cette façade) est aveugle aux 1 er et 2 nd étages et que la fenêtre du 2 nd n est pas au même niveau que les autres fenêtres de ce niveau (elle est placée un peu plus haut). L étage sous comble présente des fenêtres basses, plus larges que hautes, avec appuis moulurés. Une génoise à deux rangs coiffe cette façade. 3

4 Vue partielle de la façade donnant sur la rue Abbé de Sauvages et se prolongeant sur la place de la Calade, on voit au premier plan la partie qui donne sur cette place. 4

5 Extrémité gauche de la façade donnant sur la rue Abbé de Sauvages : on observe au rezde-chaussée des percements d époques différentes : à gauche, une porte cochère en arc segmentaire délardé datable du XVIIIe siècle, à droite une entrée plus récente : XIXe siècle? XXe siècle? 5

6 Vue d ensemble de la façade donnant sur la rue de la Madeleine : on voit au 1 er plan, au rez-de-chaussée, la belle devanture bois datable fin XIXe-début XXe siècle, la porte, légèrement cintrée, à encadrement mouluré (fin du XVIIIe siècle?) menant aux appartements et à la cour lui fait suite. 6

7 Façade sur la rue de la Madeleine R + 2, 3 travées, mur enduit, modénature pierre. Rez-de-chaussée La porte menant aux appartements des niveaux supérieurs et à la cour est placée sous la 1 e travée du côté ouest de la façade : il s agit d une grande ouverture en arc segmentaire mouluré, avec un dé peu saillant à la clef, ce premier champ décoratif se détache sur un encadrement latéral et supérieur à refends, une corniche en pierre moulurée coiffe cette entrée. La boiserie est à doubles battants. A gauche de cette porte, l extrémité ouest de la façade est occupée par une ouverture rectangulaire donnant accès à un commerce. A droite de la porte, occupant tout l espace entre celle-ci et l extrémité Est de la façade, apparaît une longue devanture de boutique dont les parties vitrées sont insérées dans une belle boiserie qui semble remonter au XIXe siècle (?) : elle est formée dans sa partie inférieure, entre les vitrines, de pilastres, ornés de tables en réserve, elle est surmontée par deux registres décoratifs : une frise nue de faible hauteur, simplement moulurée sur son pourtour, puis aun autre frise nue beaucoup plus haute, elle aussi moulurée sur son pourtour et agrémentée à chaque extrémité d une belle volute sculptée de fins motifs végétaux ; enfin une corniche moulurée domine cette devanture bois. Niveaux supérieurs Ils sont éclairés par de hautes fenêtres rectangulaires, munies de garde-corps à barreaux sous encadrement à croisillons (ferronnerie industrielle), et de persiennes bois. Au 1 er étage, les fenêtres de gauche et du centre ont chacune un appui en pierre mouluré, la fenêtre de droite en est dépourvue et son encadrement inférieur descend plus bas que celui des deux autres fenêtres de ce niveau. Les encadrements des fenêtres ont été peints en blanc de manière à contraster avec l ocre jaune de l enduit des murs. Un avant-toit en bois tronqué- prolongé par un chéneau métallique, domine cette façade. Intérieur La porte donne accès à un long passage d entrée voûté en berceau qui débouche sur la cour. Celle-ci est en forme de «L» dont la partie la plus étroite est mitoyenne du 26 rue de la Madeleine, tandis que la partie la plus large, à l Est, est limitée au rez-de-chaussée par deux arcs. L arc de droite est aujourd hui fermé par une boiserie, mais il était vraisemblablement à l origine ouvert sur la cour. L arc de gauche est plus large, ce qui a amené l architecte à lui conférer une forme surbaissée, l arc de droite est en plein cintre. Il y a cependant une harmonisation de l ensemble qu ils constituent par l unité de leur décor : leur partie cintrée présente trois fasces, ils portent chacun 7

8 un mascaron anthropomorphe, apparemment féminin, plutôt hiératique, au sourire léger, sculpté en haut relief, et vu de face. Derrière l arc de droite se cache un escalier rampe-sur-rampe qui pourrait être contemporain des arcs. On serait assez tenté de dater cet ensemble de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle : le style des mascarons paraît en effet correspondre au goût décoratif à l honneur sous Louis XIV. Cette disposition avec les deux arcs fermant la cour à l Est nous paraît encore apparentée aux préaux qui constituaient au Moyen-Age un des ornements de la cour d honneur dans les maisons patriciennes. Il semble y avoir adaptation à partir de l infrastructure d origine? ou en tous cas habile utilisation de la formule dont l architecte a su donner ici une version modernisée. 8

9 HISTORIQUE Contexte d origine Sous l Ancien Régime, la partie de la ville où se trouve l actuel 24 rue de la Madeleine était dit quartier de la Boucarié, peut-être parce que des marchands de viande de chèvre et de jeunes boucs- y avaient travaillé selon les regroupements corporatifs médiévaux. On trouve encore dans la portion mord-ouest de ce quartier, entre les rues du Grand-Couvent et de l Agau, une ruelle qui semble n avoir guère évolué depuis le Moyen- Age et porte de longue date le nom de «rue de la triperie», elle pourrait encore témoigner de l une des activités annexes, la vente et la préparation des abats, liée à ce commerce de viande. On pense davantage à la viande de chèvre, consommée au Moyen-Age surtout par les couches les plus modestes de la population, car dans notre région, les bouchers proprement dits étaient nommés «mazeliers» et les marchés ou les regroupements de ces bouchers portaient le nom de «mazel». Cependant, cette activité de «Boucarié» n a pu être documentée que par l onomastique, et de toute façon elle ne concernait pas tout le quartier : en effet, cette partie de la ville semble avoir abrité durant une partie du Moyen-Age une belle proportion de maisons de notables et d hôtels particuliers avant que ceux-ci ne gagnent vers les XIVe-XVe siècles le quartier du Prat, où l on traça alors de nouvelles rues. Parmi les grandes demeures du quartier Boucarié, celle de Pierre Scatisse, qui s étendait entre les actuelle rues Littré et de l Horloge était certainement la plus vaste, mais elle n était pas un cas isolé. Ce caractère prestigieux du quartier Boucarié était peut-être un héritage de l Antiquité : la Maison Carrée, principal temple du forum romain de Nîmes, est elle aussi située dans cette partie de la ville ; à l époque antique, de somptueuses demeures semblent avoir été bâties dans son voisinage comme l ont démontrée les fouilles opérées à travers les siècles qui ont permis d exhumer des mosaïques de qualité ainsi que les fondations de grandes maisons : on peut rappeler notamment et entre autres- la découverte de la mosaïque d Admète (aujourd hui au Musée des Beaux-Arts) lors de la construction des Halles au début des années

10 Du XVIe au XVIIIe siècle Les mutations jsqu au début du XVIIIe siècle Le dénombrement de 1547 décrit à l emplacement de l actuelle parcelle EY0297 une demeure aristocratique en cours d agrandissement 1 : une partie de l immeuble est en effet présentée alors comme «sans solier preste a faire solier», c est-à-dire qu on s apprête à ajouter un ou plusieurs niveaux en pan de bois vraisemblablement au-dessus d un rez-de-chaussée en pierre. Il est précisé dans ce dénombrement que le bâti existant est la «pluspart» en pierre et qu il y a aussi des corps de bâtiment élevés partie en pierre et partie en pan de bois : on peut supposer que certaines ailes sont donc construites tout en pierre maçonnerie ou pierre de taille?- tandis que d autres présentent un ou plusieurs niveaux à colombage sur rez-de-chaussée en pierre. La même hétérogénéité se manifeste en ce qui concerne la hauteur des différentes ailes : certaines sont dites à deux étages (pour nous R + 1) d autres à trois étages (R + 2). Les divers corps de bâtiments sont apparemment organisés autour d un espace dégagé dit «airecel» : il semble s agir d une grande cour, sur laquelle donne peut-être un ou plusieurs préaux, selon une formule courante dans les maisons patriciennes. D ailleurs la présence de deux puits ainsi que la grande taille de la parcelle qui a déjà une forme traversante sur toute la largeur de l îlot elle confronte au nord et au sud les rues selon le dénombrement- attestent aussi de sa qualité ainsi que de celle du propriétaire. Ce dernier, Guérin de Leuzière, avait acquis ce bien depuis peu : un plan du Chapitre 2 attribue une partie de l immeuble peu auparavant, en 1544, aux hoirs de Maurice Mingaud. Un autre plan du Chapitre nous donne un état un peu plus tardif couvrant les trois-quarts du XVIIe siècle (vers ) qui évoluera peu jusqu à nos jours : on voit notamment la petite parcelle enclavée dans celles plus vastes qui l entourent, comme c est toujours le cas de l actuelle parcelle EY0296 (22 rue de la Madeleine) qui semble toujours empiéter sur ses voisines EY0997 et EY0295 (24 et 20 rue de la Madeleine). Ce plan du Chapitre datable du XVIIe siècle, en accord avec le registre contemporain du compoix ou cadastre ancien, attribue au futur 24 rue de la Madeleine une surface au sol de 92 cannes carrées soit environ 368 m². A cette époque l immeuble est décrit comme étant formé d une «maison et porche», ce dernier terme désigne un espace non bâti correspondant à l «airecel» de 1547 : c est-à-dire une cour sur laquelle ouvre un ou plusieurs préaux à l origine mais qui, avec les innovations constructives du XVIIe siècle, peut aussi s appliquer à une cour d honneur présentant un bel escalier aux paliers ouverts sur l extérieur. 1 Archives Départementales du Gard (ADG), C 1768 cottet 46, n de la numérotation des propriétaires établies par Gérard Caillat (chargé de recherche auprès de la Direction de la Culture de la Mairie de Nîmes) qui a le premier exploité ce document. 2 ADG G

11 Vers 1602, l immeuble appartenait au capitaine Pierre de Possac ou Possaque, notable protestant. Ce dernier avait épousé Jeanne Desmartins 3, qui appartenait elle-même à une grande famille nîmoise : les Desmartins possédaient au XVIe siècle le bel immeuble que nous connaissons sous l appellation d «hôtel de Bernis» (3 rue de Bernis). Quant au 24 rue de la Madeleine, il passa dans le courant du XVIIe siècle à sieur André Cargut puis à sa veuve, née Isabeau Sauze 4. Demoiselle Claudine de Gazagne, épouse de noble François de Muret, devint propriétaire de ce bien vers Les mutations et propriétaires du XVIIIe siècle Après le décès de Claudine de Gazagne, son mari, en tant qu administrateur des biens de leur jeune fils, Jean-François, céda ce bien en 1705 à Jean-Pierre Chalabre, conseiller du roi et receveur du grenier à sel 6. Il conserva l immeuble une dizaine d années environ : la mutation suivante se fait au profit de Mr Me Mourgues, également conseiller du roi et receveur des tailles du diocèse de Nîmes. Il ne résidait apparemment pas à Nîmes au moment où l acte fut passé : son procureur, le sieur Poustoly, agit à sa place le 12 octobre 1718 et c est seulement le 1 er mai 1727 que l acte fut officiellement reçu par Me Montfaucon, notaire nîmois 7.. Messire Mourgues était un personnage très fortuné : outre l acquisition de l hôtel particulier de la rue de la Madeleine, on peut en juger également au fait qu il avait obtenu la charge de receveur des tailles 8, charge pour laquelle il fallait fournir un important cautionnement. Il figurait d ailleurs parmi les Nîmois plus imposés sur le compoix cabaliste 9. Les Mourgues faisaient partie des notables : à ce titre on peut rappeler qu en 1696, un repas officiel avait été organisé dans le jardin du sieur Mourgues où le sieur de Sainte-Catherine avait fait une démonstration de sa méthode de «tirage de la soie» ; on mesure mieux l importance de cette manifestation si on rappelle l importance de l élevage du ver à soie pour l économie régionale jusqu au courant du XIXe siècle. D ailleurs le sieur de Sainte-Catherine avait été «commis par nos seigneurs des Etats [du Languedoc] pour visiter les villes et lieux où il se fait des vers à soye, pour apprendre à les élever d une manière si 3 ADG 51 J 264 : généalogie de la descendance de Pierre de Possac et Jeanne Desmartins, ce document demande peut-être quelques vérifications mais n en demeure pas moins intéressant. 4 Archives Communales Anciennes, antérieures à 1790 (ACN), QQ 40 F Voir Me Gally, acte du 25 septembre Voir Me Roque, acte d achat du 20 août ACN QQ 46 F 763 v 8 ACN CC 2 Messire Mourgues semble avoir conservé longtemps sa charge de receveur des tailles : il est déjà cité comme tel vers 1718 et détient toujours cette charge en En effet, une ordonnance de l Intendant, Mgr de Bernage, datée du 28 octobre 1730, porte que les consuls seront tenus de fournir au «Sieur Mourgues receveur des tailles du diocèse, les quittances des gages de 1726 et 1728, en remplacement de la somme de 566 livres 13 sols et 4 deniers payée par ledit Mourgues pour lesdits consuls au Receveur du Droit de Confirmation et pour la taxe due par la ville de Nismes». 9 ACN PP 3 11

12 parfait que le prix augmenterait du double» 10. Par ailleurs, les Mourgues étaient alliés à d autres familles prestigieuses et fortunées : par exemple, Françoise Mourgues, épousa noble Annibal de Roussy, grand propriétaire foncier qui possédait notamment d immenses jardins sis au faubourg de la Couronne de Nîmes : ces terrains furent habilement lotis dès le courant du XVIIIe siècle, notre actuelle rue Roussy conserve la mémoire des anciens propriétaires de cette partie du faubourg. Devenue veuve, Françoise de Roussy, née Mourgues, s attacha à valoriser le patrimoine laissé par son époux quitte à négliger parfois ses devoirs de contribuable : nous avons encore la trace dans les registres municipaux d Ancien Régime du procès qui l opposa aux consuls de Nîmes vers 1747, au sujet d un droit de «lods» -ou de mutation- qu elle avait refusé de payer pour des maisons et jardins du faubourg de la Couronne 11. Comme nous l avons vu plus haut, en décrivant la cour de l immeuble, il semble que celui-ci ait connu au une campagne de travaux au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles : nous n avons pas à ce jour retrouvé de prix-fait 12 qui nous permettrait de dater ce chantier. Il est donc possible de l attribuer autant à l un qu à l autre des trois propriétaires qui se sont succédés entre 1690 et 1718 : en effet, le style décoratif des mascarons de la cour est encore dans le goût à l honneur sous Louis XIV mais on connaît la longue persistance de certaines modes dans les provinces, notamment sous l Ancien Régime, il n est pas rare de voir perdurer dans les petites villes et les villages, parfois pendant une cinquantaine d années, des motifs décoratifs passés de mode en région parisienne ou dans les capitales régionales. Dans les années 1750, l immeuble ou une partie de celui-ci est entre les mains du sieur Alexandre Bousquet, qualifié de négociant : nous n avons pas trouvé la mention de cette mutation dans le registre du cadastre ancien ou compoix, en revanche, il est évoqué dans deux autres sources : - Dans les actes de la ville, en , à propos de travaux financés par la municipalité dans le futur logement du lieutenant du roi, le sieur de Ratel, donnant en partie sur la place de la Calade, on évoque à diverses reprises des pièces, fenêtres ou encore une entrée qui sont du côté de la maison du sieur Bousquet - Dans les procès-verbaux rédigés par les agents voyers 14 de Nîmes qui avaient à statuer sur les travaux opérés aux façades, autant que sur la régularité des alignements des immeubles à construire ou à reconstruire. Un procès-verbal du 21 août 1773 nous apprend que le sieur Alexandre Bousquet, propriétaire d un immeuble sis entre la Calade du Temple et la rue Buade (aujourd hui rue de la Madeleine pour sa portion allant de la ruelle de la Calade à la place de l Horloge), confrontant à l est Madame veuve Michel et à l ouest le sieur Legrand, obtient l autorisation de faire construire par sous œuvre aux deux façades de sa maison : cinq fenêtres au 2 nd étage sur la future rue de la Madeleine et six fenêtres donnant du côté de la place de la Calade ; sur cette seconde façade, il lui est aussi accorder de faire percer une 10 ACN RR 20 Ce fait est consigné dans un des registres des Comptes de la Ville qui avait financé le repas en question moyennant 38 livres. 11 ACN OO Terme désignant un acte notarié qui est à la fois un devis descriptif et estimatif et un contrat qui lie un propriétaire à un architecte, un entrepreneur, et éventuellement à d autres artisans. Les prix-faits ont été très fréquents au XVIIe siècle pour la construction ou la rénovation d immeubles, dans le domaine du bâtiment, la pratique du prix-fait disparaît peu à peu dans le courant du XVIIIe siècle. 13 ACN KK ACN SS 24 12

13 porte et une fenêtre au rez-de-chaussée et «faire relever le susdit mur de face d autant que besoin sera pour donner une hauteur convenable aux appartements du 2 nd étage». Certes, le nombre actuel des baies, ni la hauteur côté place de la Calade/rue Abbé de Sauvages ne correspondent à ceux cités dans ce procès-verbal mais rappelons que celui-ci répond seulement à un projet de travaux dont on ne sait s il a été immédiatement finalisé ni si la concrétisation a correspondu au projet initial. De plus nous ne savons si M. Bousquet possédait la totalité de l immeuble actuel ou une partie de celui-ci : il faut évoquer la possibilité qu il ait souhaiter faire éclairer plus largement la portion d immeuble éventuellement en sa possession et que des travaux ultérieurs peuvent avoir effacés les traces de ce chantier des années 1770? Nous sommes sûrs que l immeuble décrit dans cet acte est correspond en partie? ou en totalité? à celui qui nous intéresse ici : en effet, au début du XIXe siècle, ses descendants du sieur Bousquet le possédaient encore. 13

14 Extrait du plan cadastral de 1830, section L : l actuelle parcelle EY0297 s étendait à l époque plu à l Est que de nos jours : nous n avons pas trouvé la trace de la cession qui expliquerait cette diminution de surface. 14

15 Du XIXe siècle à nos jours Les mutations du XIXe siècle au début du XXe siècle Au début du XIXe siècle, comme sous l Ancien Régime, chacun des tronçons de la rue de la Madeleine garde une appellation différente : seule la partie située entre la ruelle de la Calade et le boulevard porte alors la dénomination de «rue de la Madeleine», la partie suivante de cette artère, celle qui nous intéresse plus particulièrement ici, entre la ruelle de la Calade et la place de l Horloge était dite parfois encore rue Navade ou Nabuade comme sous l Ancien Régime- ou rue des Barquettes parfois, car plusieurs fabricants de petits gâteaux dits autrefois «barquettes» avaient exercé leur activité dans cette partie de la rue. Enfin le dernier tronçon de la rue celui rejoignant la place aux Herbes, était appelé rue de la Fruiterie, en souvenir du marché aux produits frais, dont les fruits, qui continua pendant une bonne partie du XIXe siècle de se tenir sur cette place. Les mutations concernant le 24 rue de la Madeleine nous échappe jusqu au début du XIXe siècle : le compoix du XVIIIe siècle n indique en effet aucune cession ou transmission par voie d héritage après l acquisition opérée par Messire Mourgues. Comme nous l avons vu plus haut, ce sont des sources indirectes qui ont permis de retrouver la présence de la famille Bousquet dans cet immeuble semble-t-il au moins dès les années On constate que l immeuble est vers entre les mains des «Dames Bousquet», domiciliées à Paris. Il semblerait que, auparavant, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles? au tout début du XIXe siècle? ce bien soit passé, peut-être momentanément, à un membre de la famille Chabanel, qui aurait été apparenté aux Bousquet? il est même possible que l aspect actuel de la maison remonte à cette époque : ceci expliquerait que longtemps après on ait continué à nommer cet immeuble «Maison Chabanel». C est en effet la dénomination qui lui est donnée encore en 1846 dans le registre du Recensement effectué cette année-là alors que la totalité de l immeuble correspondant à notre actuel 14 rue de la Madeleine est alors la propriété des Bousquet. Le recensement effectué en a aussi le mérite de nous montrer que l immeuble a toujours alors un statut d hôtel particulier : ce sont les différents membres de même famille qui l occupent en totalité : - l un des appartement est habité par Claire Bousquet, veuve Veaute, âgée de 76 ans, qualifiée de «rentière», et par ses deux domestiques : Virginie Lavie (25 ans) et Louise André (22 ans), toutes deux célibataires. 15 Archives Communales Modernes et Contemporaines, 2 F 24* 2 e Canton, 6 e Section, ilot 2, folios 14-15, «Rue des Barquettes n 8, maison. Chabanel», l immeuble porte le n 29 de cette section, il abrite les familles décrites ci-dessus. 15

16 - Louis Veaute, qualifié de «propriétaire», célibataire âgé de 55 ans occupe un autre des appartements, en compagnie de son neveu Adolphe Guibal (21 ans), et de ses employés de maison : Daniel Eymard, qualifié de «domestique», célibataire (28 ans), Antoine Ponge, cocher, célibataire (30 ans), Cécile Piechegu, cuisinière, célibataire (45 ans). - Henriette Veaute (33 ans) et son époux Jules Olivier (40 ans) vivent dans un troisième appartements avec leurs deux fils Henri (15 ans) et Ernest (10 ans) et deux domestiques : Victoire Lavie (22 ans) et Louise Coïsson (20 ans), qualifiées de «célibataires». Tous les membres des familles Veaute-Bousquet-Olivier-Guibal sont protestants ainsi que la plupart de leurs employés à l exception de Louise Coïsson et des sœurs (?) Virginie et Victoire Lavie. Jules Olivier gendre de Madame Bousquet-Veaute- est porté sur la matrice cadastrale comme propriétaire de l immeuble en Il continuera d y figurer comme propriétaire résident jusqu aux années Il transmet ensuite ce bien à Berthe-Thérèse Olivier, qui est portée sur la matrice à partir de Après avoir résidé un moment sur place, la nouvelle propriétaire emménage au Mas de Cros par Quissac. La mutation suivante est enregistrée en 1907 au profit de Victor-David Huc, époux Méjean, qui s installe sur place 17. Il conservera cette maison relativement peu de temps : une nouvelle mutation figure sur la matrice en 1918, au profit de Jean Valentini, époux Virgile, qui réside également sur place 18. S il a continué d être utilisé durant une partie du XIXe siècle comme un hôtel particulier, cet immeuble n en a pas moins abrité un à deux commerces au rez-de-chaussée : l élégante devanture en bois témoigne encore de la volonté de donner à la boutique un aspect soigné à l unisson de celui du reste de la façade sur la rue de la Madeleine. Nous trouvons dans les Annuaires du Gard successifs des mentions concernant un marchand de parapluie, Monsieur Avenal dont le commerce semble avoir occupé longuement cette boutique: vers 1850 il est déjà cité dans la rue de la Madeleine, par la suite l habitude de donner le numéro exact de l immeuble se développe et les Annuaires le situent au 24 rue de la Madeleine par exemple en 1882, il est probable que lui puis son fils (?) P. Avenal, ont utilisé cet espace commercial durant plusieurs décennies ; il faut noter toutefois le fait qu un des Annuaires leur attribue le 21 rue de la Madeleine, peut-être s agit-il d une erreur d impression? par ailleurs il faut aussi évoquer le fait que la numérotation de la rue a évolué entre les années 1830 et Par ailleurs, l Annuaire du Gard de 1882 cite aussi la présence du marchand d huile Henri Olivier : ce dernier était vraisemblablement apparenté au propriétaire, derrière cette appellation de marchand d huile il reste à déterminer s il exerçait plutôt comme négociant auquel cas on peut penser à un bureau installé dans les niveaux supérieurs ou sur cour- ou comme détaillant qui aurait occupé la petite boutique visible de nos jours à l extrémité gauche du rez-de-chaussée? 16 ADG 3 PFI 311 plan cadastral de la section L (vers 1830), 3 P 1791 F 52 parcelle L ADG 3 P 1714 Case ADG 3 P 1722 Case

17 Louis Veaute, un notable dynamique Il faut ici rappeler que Louis Veaute a fait partie des promoteurs du développement du chemin de fer dans le Gard : en effet, le 11 mars 1833, l adjudication de la construction de la ligne de chemin de fer qui va relier Alès à Beaucaire est faite à la Préfecture du Gard en faveur de Messieurs Paulin Talabot, Louis Veaute, E. Abric et D. Mourier. Malgré leurs efforts de Talabot et ses associés ne pourront réunir qu une partie du capital nécessaire à la construction de la ligne ferroviaire. Ils solliciteront donc une subvention du gouvernement et passeront un traité avec l Etat : leur société s engagera en contrepartie d un prêt de de francs au taux de 4% d intérêt à céder à l Etat la houille nécessaire à ses services en Méditerranée à un tarif très préférentiel puisqu il représente 20% de rabais sur le prix de la plus récente adjudication de l époque. Ce traité sera d ailleurs ratifié par la Chambre des Députés le 26 juin Parallèlement, Rotschild va souscrire également à la société ferroviaire pour une participation de de francs : ceci amène la constitution d une nouvelle société associant cette fois les frères Talabot, à nouveau leurs premiers associés L. Veaute, E. Abric et D. Mourier- ainsi que Messieurs Fraissinet, Roux, Jean Luce, J. Ricard, Delort, Thérond et Fournier frères. L objet de cette société étant tout à la fois : l exploitation des mines du bassin d Alès et l exécution du chemin de fer reliant Alès à Beaucaire. Les travaux d aménagement de cette ligne seront menés à bien rapidement puisqu elle est inaugurée officiellement le 15 juillet

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