Voyageurs du soir Vendredi 20 mars 2015 Médiathèque de La Mothe-Achard Mélodie des mots : ode à la féminité entre poésie et chansons

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2 Pierre de RONSARD Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie, Hé! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes délices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle. Hé! faudra-t-il que quelqu'un me reproche Que j'aie vers toi le cœur plus dur que roche De t'avoir laissée, maîtresse, Pour aller suivre le Roi, Mendiant je ne sais quoi Que le vulgaire appelle une largesse? Plutôt périsse honneur, court, et richesse, Que pour les biens jamais je te relaisse, Ma douce et belle déesse.

3 Andrée CHEDID Poésie Par-delà les mots Elle sécrète la parole En deçà du verbe Elle questionne l univers Au-delà des murailles Elle nomme la liberté En deçà de chaque flot Elle révèle l océan Désertant les conquêtes Elle promet l équipée Elle remue le souffle Sacre l humble outil Elle assemble les fragments Du visage dispersé Et désigne le mystère Qui demeure entier

4 Jean-Claude TOUZEIL Bouquet Elle trouvait les lys trop lisses et les lilas trop las Elle trouvait les muguets trop gais et les ombelles trop belles Elle trouvait les coquelourdes trop lourdes et les campanules trop nulles Il lui offrit un bouquet de simples

5 Jacques PREVERT Le bouquet Que faites-vous là petite fille Avec ces fleurs fraîchement coupées Que faites-vous là jeune fille Avec ces fleurs ces fleurs séchées Que faites-vous là jolie femme Avec ces fleurs qui se fanent Que faites-vous là vieille femme Avec ces fleurs qui meurent J attends le vainqueur Le paradis? Une femme Un lotus rouge Masaoka SHIKI

6 Vénus KHOURY-GHATA Où vont les arbres (p.47) Nos livres étaient plus vieux que nous Nous les feuilletions du regard de peur de casser leurs os dans les deux sens pour que les mots s ébrouent dans l obscurité quand la lune rapetissait le livre de botanique était notre potager un miroir le dictionnaire avec ses mots refléchis cachés aux regards malveillants les livres écrits par mégarde nous lisions entre deux chaises quand les jours raccourcissaient en japonais hindi ou hébreu grâce au décalage horaire tournions les pages dans un bruit d ailes et de plumes lisant du même coup pour les pigeons du châtaignier Vénus KHOURY-GHATA Où vont les arbres (p.53) Pressés de rentrer avant la pluie les nuages nous bousculaient retiraient le chemin sous nos pieds jetaient nos cartables dans les caniveaux notre présence à l école relevait de la superstition le pays n existait que sur la carte les incartades du sentier empêchaient tout addition Tous les livres sont morts à la guerre affirmait la mère et Personne ne la contredisait

7 Andrée CHEDID Bonoboo J'étais Bonoboo Clama le Bonoboo Pas peu fier en somme De suivre la filière Pas peu fier en somme De suivre la filière Dont tu naquis Petit homme Par étrange bizarrerie De mère nature De maman Lucy Ref. O mes cousins Masculins, féminins O mes benjamins Qui s'prétendent humains Parfois j'me demande Soupire le Bonoboo Si ça valait la peine De s'donner la peine Pour que votre race guerrière Incendiaire, carnassière Occupe toute la scène? Ref. C'est ainsi que vaincu Sans une once de venin Sombrant dans sa tanière Disparut bonoboo Ref. Tandis que plus malin L'homme passe partout s'emparant de la terre S'inventa un destin. Rôle de singe Quelle dérision Le métier de l homme Nils TERN

8 Patricia CASTEX MENIER Il y a-t-il une poétesse dans le livre? Il y a-t-il une poétesse dans le livre, le je du livre cherchez les thèmes à grand F traquez l accord de l adjectif poétesse fi! le mot est trop laid écrivaine la chute est bien rude femme poète mais alors elles sont deux femme de plume sans S s il vous plaît pour éviter le truc et le boa femme de lettres mazette! femme de l être femme d œuvre pas mal le e dans l o comme l œuf poète tout simplement mais alors à quoi bon la question

9 Louise MICHEL Hirondelle qui vient de la nue orageuse Hirondelle fidèle, où vas-tu? dis-le-moi. Quelle brise t emporte, errante voyageuse? Écoute, je voudrais m en aller avec toi, Bien loin, bien loin d ici, vers d immenses rivages, Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts, Dans l inconnu muet, ou bien vers d autres âges, Vers les astres errants qui roulent dans les airs. Ah! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes Tu rases l herbe verte et qu aux profonds concerts Des forêts et des vents tu réponds des tourelles, Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers. Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t aime! Je ne sais quel écho par toi m est apporté Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême, Il me faut, comme à toi, l air et la liberté.

10 Jorge Luis BORGES Lo perdido Dónde estará mi vida, la que pudo haber sido y no fue, la venturosa o la de triste horror, esa otra cosa que pudo ser la espada o el escudo y que no fue? Dónde estará el perdido antepasado persa o el noruego, dónde el azar de no quedarme ciego, dónde el ancla y el mar, dónde el olvido de ser quien soy? Dónde estará la pura noche que al rudo labrador confía el iletrado y laborioso día, según lo quiere la literatura? Pienso también en esa compañera que me esperaba, y que tal vez me espera. Ce qui est perdu Où est-elle ma vie, celle qui put Avoir été et ne fut pas, la chanceuse Ou celle de l horreur triste, cette autre chose Qui aurait pu être l épée ou l écu Et ne fut pas? Où est-il l ancêtre Perdu perse ou le norvégien, Où le hasard de ne pas devenir aveugle, Où l ancre et la mer, où l oubli D être qui je suis? Où est-elle la pure Nuit qui au rude laboureur confie Le jour illettré et laborieux Selon le vœu de la littérature? Je pense aussi à cette compagne Qui m attendait, et qui peut-être m attend.

11 Jorge Luis BORGES Nostalgia del presente En aquel preciso momento el hombre se dijo: Qué no daría yo por la dicha de estar a tu lado en Islandia bajo el gran día inmóvil y de compartir el ahora como se comparte la música o el sabor de la fruta. En aquel preciso momento el hombre estaba junto a ella en Islandia. Nostalgie du présent A cet instant précis l homme se dit : Que donnerais-je pour la joie d être en Islande à tes côtés sous le grand jour immobile et de partager le présent comme on partage la musique ou la saveur d un fruit. A cet instant précis l homme était près d elle en Islande Jean-Claude TOUZEIL Commérages - Qui c est, c petiot-là? - Ben, tu sais bien, c est l gamin à l étrangère qui vient d arriver. - Ah! oui, celle qu est mariée à un prisonnier et qui va au lavoir tous les jours. - C est ça, même que c est une chéslocovaque! - Tu veux dire un genre de bohémienne? - Non, non, c est une tchéco, une choslé.,enfin, une polonaise, quoi! Nous nous embrassons Les tournesols Se détournent Madoka MAYUZUMI

12 Sites internet Réseau des bibliothèques du Pays des Achards Communauté de communes du Pays des Achards Voyageurs du soir Bibliothèque départementale de la Vendée Printemps des poètes Méluane