Aplicaciones Informâticas en Arqueologia: Teorîas y sistemas. Saint-Germain-en Laye, Bilbao
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1 Aplicaciones Informâticas en Arqueologia: Teorîas y sistemas Saint-Germain-en Laye, Bilbao
2 L'ARCHEOLOGIE, SYSTEME D'INFORMATION SCIENTIFIQUE Patrick DESFARGES Bruno HELLY Un examen des banques de données actuellement produites ou utilisées par les archéologues fait apparaître que les approches qui en ont été faites ces vingt dernières années ont été essentiellement techniques (recherches de logiciels). On a considéré que les réflexions théoriques produites dans les années avaient abouti à des définitions suffisantes pour justifier les constructions opérationnelles nécessaires au fonctionnenent de la discipline archéologique. Mais on constate, au vu des résultats, que la production des banques de données n'a pas donné pleine satisfaction aux archéologues: en face d'un très grand nombre de fichiers personnels ou liés à telle ou telle entreprise, on ne trouve aucune banque de données générale ni même généralisable. C'est que, par delà les solutions apportées aux problèmes d'enregistrement, de stockage, de traitement et de communication des données pour les sciences de l'antiquité, il manque en fait un travail fondamental de réflexion sur la nature et la structure des informations utilisées, une analyse théorique permettant de garantir leur exploitation, leur communication et leur pérennité. Par delà les théories évoquées plus haut, les auteurs ont tenté d'appliquer à l'archéologie comme science, les démarches d'analyse et de modélisation appliquées aujourd'hui aux systèmes d'information. Il est possible de considérer l'archéologie comme un "système d'information", c'est à dire comme un ensemble d'éléments liés entre eux pour produire quelque chose dans un contexte donné, à partir d'une réalité extérieure. La recherche engagée sur ce point fait apparaître immédiatement un hiatus entre les déclarations épistémologiques des archéologues et les pratiques par lesquelles ils réalisent des connaissances: le système cognitif de référence est déclaré comme objectif, positiviste, alors que, dans la pratique, ce qui est produit est un discours qu'on peut qualifier à la limite de subjectif, puisqu'il repose sur des perceptions "personnelles" de la réalité observée. En d'autres termes, les archéologues considèrent que ce sont les objets qui parlent, et non qu'ils parlent sur les objets. Un deuxième hiatus apparaît aussi dans la manière dont sont considérés les objets eux-mêmes: comment reconnaît-on que les objets sont "du passé" (ce sont les seuls que les archéologues doivent traiter)? Plusieurs tentatives ont été faites pour résoudre ce problème: recherche de différences avec les objets actuels, déclaration d'une qualité particulière, appelée rétrodiction, etc. Il apparaît en fait, quand on examine la pratique effective, que les archéologues traitent d'objets "présents", et qu'ils visent à reconnaître l'histoire de ces objets sur toute la durée de leur exis- 171
3 tence, en considérant non seulement leur "vie" dans le temps de leur production et de leur utilisation, mais aussi leur transmission jusqu'au moment où ils sont intégrés, présentement, dans le système d'information de la discipline. La réflexion sur le système de connaissance met enfin en évidence un troisième décalage: contrairement à une opinion bien ancrée dans l'esprit des archéologues, le temps, la chronologie n'est pas une donnée, mais un résultat.on peut établir en effet que la perception des phénomènes qui ont affecté la vie d'un objet (pris au sens large, ce peut être un objet fabriqué, mais aussi un paysage, etc.) ne donne pas d'emblée une datation. Lire une horloge demande d'établir un ou des systèmes de mesure, et de savoir rapporter les éléments observés à une durée définie. On constate ainsi que la chronologie est un résultat, le produit d'un calcul complexe. Partant d'un examen détaillé et réfléchi des démarches de connaissance mises en oeuvre dans la recherche archéologique, les auteurs visent donc à redéfinir la structure, les fonctions, les conditions d'émergence et de validation des informations utilisées par les archéologues. La réflexion se situe en conséquence à trois niveaux: 1) une étude sur la perception des objets archéologiques. Cette perception, traduite dans un discours, fait l'objet d'un apprentissage: c'est une perception liée à des méthodes d'observation qui se perfectionnent sans cesse. Mais cette perception elle-même est non seulement fonction de la culture de l'observateur, elle dépend aussi de la culture collective de la société pour laquelle on "fait l'histoire". De ce point de vue, les objets et les lieux où on reconnaît ces objets varient de signification dans le temps. Il faut tenir compte de ces variations de perception attestées, qu'il s'agisse des perceptions des chercheurs modernes, tout autant que de celles qu'on peut restituer pour les acteurs mêmes de la culture antique qui fait l'objet de l'étude. 2) une étude sur la démarche de la connaissance. On peut la définir classiquement comme une démarche en trois phases: ACQUISITION GESTION CALCUL portant sur trois catégories d'informations, déjà présentées ci-dessus et qui constituent une sorte de trinôme fondamental: LES OBJETS LES LIEUX LES SOURCES Ce trinôme met en évidence que le "temps", la chronologie ne figure pas dans les données. 3) Ces principes d'analyse conduisent à poser les éléments de construction d'un système d'information qui doivent respecter les conditions suivantes: - La structuration des données doit reposer non sur la notion de descripteur (avec la structure classique des systèmes de bases de données, ATTRI- 172
4 BUT: VALEUR), mais sur la notion de source (avec un CONTENU de l'information qu'on peut qualifier de SUBSTITUT de l'objet étudié). La description des sources inclut alors toutes les données se rapportant à un objet, qu'elles soient de type documentaire (discours sur les objets, datés et situés) ou de tout autre type de représentations (images, substituts matériels, interprétations), mais aussi les paramètres précis qui permettent d'identifier la source de l'information et la manière dont cette information documentaire ou graphique a été construite. On introduit ici une approche linguistique et philologique des discours produits par les archéologues sur un même objet, d'autant plus nécessaire que dans la plupart des cas, ce qui est enjeu sont les fonctions taxinomiques des éléments contenus dans les descriptions: il faut constituer des classes, des typologies, des ensembles. - Cette approche par SOURCES a pour conséquence de considérer que les objets n'ont pas de propriétés par eux-mêmes, sinon quand elles sont déclarées dans des sources. Cela correspond bien à la nature réelle du travail archéologique, dans lequel la bibliographie se rapportant aux objets est cumulative: par exemple, c'est un catalogue du 18 siècle qui peut fournir le seul et unique parallèle pertinent à un objet qui vient d'être découvert dans une fouille actuelle. Mais cette approche a également pour conséquence de permettre d'intégrer aussi au système d'information les déclarations formulées par les utilisateurs mêmes des objets: les sources écrites des cultures passées (cas des archéologies "avec textes") sont à la fois des objets d'étude et des discours sur les objets eux-mêmes. Il va de soi que les informations contenues dans les sources sont saisies "comme elles sont", exigence fondamentale, car il est indispensable que l'auteur de la base de données n'introduise aucune décision dans les données. S'il veut le faire (par exemple parce qu'il a reconstruit des informations, extrait des éléments, effectué des calculs), il doit se déclarer luimême comme source dans le système d'information. - Ce qui se pratique aujourd'hui dans nos disciplines, en matière de base de données, vise à enregistrer des informations dans des bases de données documentaires d'une part - essentiellement à partir de descripteurs, et des images d'autre part, les informations documentaires visant à retrouver les images par une identification de contenu. C'est une pratique où l'image n'est pas considérée comme un objet, mais comme une illustration des objets. Mais en réalité la structuration des données DOIT intégrer complètement à la fois les informations de type documentaire: bibliographiques, factuelles, textuelles (par ex. les descriptions d'objets) et les images, dessins, etc., qu'il s'agisse de données graphiques ou d'images proprement dites. Il s'agit de traiter l'ensemble comme un continuum de données à l'intérieur d'un même système d'information scientifique. Il est nécessaire de trouver pour ces données un même statut, du point de vue de l'information, statut qui autorise leur enregistrement dans des formes convenables, leur communication et leur exploitation. - L'objectif d'un système d'information est de fournir à l'utilisateur des données "primaires" telles qu'elles sont: sources - substituts de sources - contenu des sources, indispensables pour comprendre l'information, qu'elle soit documentaire ou graphique, ce qui en assure une utilisation correcte, mais aussi permet éventue- 173
5 llement à l'utilisateur (identifié) de consulter les données, de travailler à partir de ces données ou même de pouvoir compléter ou renouveler cette information pour son propre compte (sous sa signature): il doit, par exemple, pouvoir non pas seulement reproduire l'image, mais la refaire. L'information (l'image, le dessin, le texte etc.) est alors reproductible comme une expérience est reproductible. En archéologie comme ailleurs, l'image est un substitut des objets étudiés, sous certains points de vue, et doit faire preuve. - Le calcul sur les informations ou plus précisément sur les substituts des objets prennent une très grande importance. Ils permettent en effet d'extraire des données supplémentaires ou nouvelles, que les sources n'avaient pas perçues ou avaient négligées; il entre dans la stratégie d'acquisition. Les calculs conduisent d'autre part à des interprétations. Ils sont prospectifs ou rétrospectifs. Tantôt ils ont pour objet, en faisant varier un ou plusieurs paramètres tirés de l'observation, de produire une interprétation nouvelle, à finalité historique; on peut même définir des bases de règles formalisant les processus conduisant à telle ou telle interprétation. Tantôt ils permettent de reconstruire correctement les interprétations contenues dans les sources. C'est ainsi que des expériences ont mis en lumière la différence de perception de l'espace qui existe entre les témoignages antiques et notre perception moderne: par exemple un texte d'hérodote (milieu 5 s. av. J.C.), qui se rapporte au réseau hydrographique de la Thessalie, en Grèce, montre que ce réseau n'est pas perçu comme constitué de tracés linéaires hiérarchisés, le fleuve principal, dénommé de son embouchure à sa source, et ses affluents dont le nom est différent à chaque fois (notre perception actuelle), mais comme un "chevelu" de bras multiples, qui peuvent sans problème recevoir le même nom (parmi bien d'autres, un exemple "fossile" de cette situation dans notre géographie: les deux Sèvres); on mesure quelles conséquences peut avoir cette reconstruction du système de perception et du système toponymique qui en découle, pour notre compréhension de la source antique et pour l'identification des lieux qui s'y trouvent mentionnés. Dans tous les cas il faut assurer que les produits obtenus soient eux-mêmes réintégrables dans le système d'information, par l'indication des paramètres et de la (ou des) source(s) qui ont assuré leur production. PERSPECTIVES Les développements proposés doivent ainsi viser, en se fondant sur les expériences et maquettes déjà en cours de réalisation à la Maison de l'orient et dans le réseau FRANTIQ à partir des principes énoncés ci-dessus, à construire un système d'information pour les sciences de l'antiquité, reproductible dans la même communauté scientifique pour d'autres objets d'étude (par exemple outils préhistoriques, archéologie du paysage, etc.), pouvant servir d'exemple dans d'autres disciplines des sciences humaines et en tout cas de modèle pour des recherches interdisciplinaires complexes. Dans tous les cas il s'agit de diffuser et d'exploiter des savoirs rares, en assurant la pérennité des données primaires, l'intégration des résultats produits dans le système d'information lui-même. 174
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