Habitat Pour & Par les Seniors

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1 Habitat Pour & Par les Seniors 4ème Rencontre européenne Qualité de vie des seniors en Europe Janvier 2011 Ville de Tours

2 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 2 Synthèse des conférences et des tables rondes Par Blandine MOREAU, Directrice générale adjointe de la Ville de Tours Au cours de quatre demi- journées très denses, des représentants des 6 villes européennes : Enzkreis, Norrköpping, Skövde, Parme, Traversetolo, et Tours ont pu échanger sur leurs expériences en matière d habitat pour et par les seniors. Trois conférences et la présentation d expériences et de témoignages venant des 4 pays représentés (Allemagne, Italie, Suède et France) ont structuré ces journées d échanges. On connaît en général deux grands types d habitat : - l habitat traditionnel (qui peut être soit une maison, soit un appartement, sous statut de propriétaire ou de locataire ) et qui n a rien de spécifique aux personnes âgées, si ce n est qu il peut faire l objet d aménagements, d adaptations pour permettre aux personnes âgées d y vivre mieux : cet aspect a été abordé lors du colloque : c est un enjeu important, dans tous les pays, de favoriser le maintien à domicile, parce que c est partout l aspiration la plus partagée. Plus de 90% des gens, quelque soit leur pays (et même en Suède) aspirent à rester dans leur maison, leur appartement, ou à en changer, pour un logement plus adapté à leur situation (plus petit, en centre- ville ou à proximité de services, plus confortable, de plain pied ) - les maisons de retraite sont l autre formule bien connue d habitat des seniors, mais elles sont destinées aux personnes les plus âgées et dans la plupart des cas en situation de dépendance. Ces maisons de retraite, médicalisées, n étaient pas au cœur des échanges de ce colloque. Ce qui a été abordé, c est, entre ces deux modes de résidence, d autres formes, intermédiaires, qui présentent une assez grande diversité, qui sont certes aujourd hui très minoritaires, mais qui sont certainement promises à un développement. Jeudi, Laurent Nowik et Alain Thalineau, universitaires à Tours nous a tout d abord expliqué qu entre 70 et 85 ans les mobilités résidentielles étaient souvent liées à un facteur déclencheur comme le décès du conjoint, des 1ers soucis de santé ou l éloignement des enfants et non liées (comme on pourrait le croire) aux caractéristiques propres du logement qui serait devenu inadapté. Quand il y a déménagement, trois objectifs sont recherchés : d une manière générale, les personnes âgées recherchent d abord un lieu sécurisant et protecteur de l intimité ; deux autres aspects varient selon les individus : la recherche d une proximité de services, et la recherche d un environnement favorable aux échanges (à la convivialité).

3 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 3 En France, il existe différentes formes d habitat «intermédiaires» qui répondent à chacune de ces aspirations, mais de manière variable : - l habitat groupé pour personnes âgées, souvent sous forme de petites maisons, en milieu rural, et avec pas ou peu d espaces partagés - les foyers logement, avec une offre de services de base (en gestion publique) - les résidences- services, avec une offre de services intégrée, souvent plus étoffée, qui sont en gestion privée, et qui s adressent aux personnes aisées. - l accueil familial adapté - le "cohousing" ou habitat partagé, mais qui sont très peu présents en France. Ces formules se différencient dans l importance des services fournis et dans l importance de la dimension collective proposée ; mais elles se différencient aussi par leur mode de financement et leur coût. Les conférenciers soulignent en conclusion que dans un contexte où les financements de l Etat se font plus rares et se concentrent sur les personnes dépendantes, l enjeu majeur est le développement d une offre d habitat intermédiaire pour les personnes modestes. M. Bourseguin, vice- président de la Région Centre, signale que, comme pour l'etat, les autres niveaux de collectivités territoriales, et en particulier la région, ont pour souci principal la question de la dépendance, mais pour autant, les différentes formes d habitat intermédiaire intéressent ces collectivités. Les villes présentes ont ensuite brossé la situation de leurs pays : En Allemagne, il y a beaucoup d habitat groupé avec quelques espaces partagés, des services de base et des services individualisés. La Suède a une expérience ancienne dans le domaine des logements intermédiaires, avec des lieux de vie communs et des services. Les financements publics sont importants, avec un Etat protecteur. Mais les initiatives privées commencent à se développer. En Italie, on privilégie l amélioration des logements et les réseaux de proximité, le bénévolat En France, ce sont les foyers- logement, financés par les communes et les CCAS qui sont la formule la plus répandue, mais ils doivent souvent être repensés, restructurés, car ils avaient été conçus avec des logements exigus ; tandis que les résidences services privées se développent pour une clientèle plus aisée. La journée s est terminée sur des échanges riches qui ont suivi ces présentations. Vendredi matin, Anne Labit, universitaire à Orléans, et Faina Grossmann, ingénieure de recherche ont développé ce qu était l habitat partagé autogéré (ou le cohousing) en Europe. En matière d habitat intermédiaire pour les seniors, Anne Labit distingue 3 critères : - l adaptation du logement (architecturalement et sur le plan équipement, domotique ), - les services fournis, - et la solidarité entre les résidents ; à ce niveau il existe différentes formules :

4 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 4 la cohabitation seniors- étudiants, l accueil familial d un senior, l habitat kangourou, les maisons partagées, les coopératives d habitants Le cohousing se définit par un mode d habitat où chacun a son appartement, mais où il y a des espaces communs avec partage d espace et d activités, et où les résidents participent à la gestion des lieux (parfois à leur conception). Il y a donc dans ce concept une double dimension de solidarité et de démocratie (d autogestion). Dans le modèle suédois, on cuisine et on mange ensemble, la cuisine est le cœur de la vie collective. Bien sur, le cohousing peut concerner des générations différentes. Les formules de «cohousing» sont peu fréquentes en France, en raison de l absence de cadre juridique adapté, de l absence d outils financiers et de la peur du communautarisme. Pourtant, des projets émergent et devraient se développer. En Allemagne, le cohousing intergénérationnel est plus fréquent, il y a aussi des projets où il n y a que des femmes. Les exemples de Cologne et de Berlin sont évoqués. Les bilans sont cependant mitigés dans la durée, en particulier les pratiques collectives ont tendance à diminuer avec le temps et les tensions sont parfois difficiles à gérer : la présence de médiateurs semble indispensable. Des échanges ont ensuite eu lieu sur les conditions de réussite de ces expériences, leur lien avec la culture de chaque pays, leur transférabilité Puis un témoignage très vivant et militant a été donné par une représentante de la délégation allemande qui vit dans un centre de personnes âgées très axé sur des pratiques créatives, artistiques et spirituelles ; ce centre qui existe depuis 36 ans et compte 220 places, comporte de nombreux services et activités, il mobilise aussi la solidarité entre résidants. Après l Allemagne, c est l Italie qui a fait l objet de présentation d expériences, en particulier les étudiants vivant chez des seniors. Pour la Suède, où les 1eres expériences remontent à 1935, différentes formes de «logements collaboratifs» ont été décrites. Dans les années 70, ils étaient souvent intergénérationnels, puis ont étés de plus en plus souvent réservés aux seniors. Ils se caractérisent par des espaces partagés assez importants (laverie, cuisine, sauna ), ils existent sous différents statuts : copropriétés, locations, coopératives de locataires Un projet participatif, émanant d un groupe de séniors et qui a mobilisé un cabinet d architecte puis une société immobilière, a été présenté. Enfin, l expérience française de la transformation d un foyer- logement en papyloft a été relatée : il se situe à Joué- les- Tours, et est géré par le CCAS. Il s agit d une forme d habitat groupé (assez rare en milieu urbain).

5 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 5 Vendredi après- midi, Frédéric Jullian, Directeur du Développement urbain à Tours Plus nous a présenté les ambitions de la communauté d agglomération en matière d habitat, notamment en direction des seniors, ses moyens d agir et sa méthode d intervention à travers le Programme Local de l Habitat. Le diagnostic qui a été la 1ere étape de l élaboration de ce PLH a été l occasion de faire se rencontrer les différents acteurs concernés par l habitat des seniors. Les principales orientations sont d encourager les logements adaptés (en production neuve et en adaptation), les nouvelles formes d habitat intermédiaire et veiller à la localisation des opérations. Tours Plus intervient notamment par des aides financières auprès des bailleurs sociaux et des propriétaires privés les plus modestes. Par Carine PERIBOIS, Ingénieure de recherche Tour(s)plus/Université de Tours Les partenaires européens sont alors conviés à présenter les outils et les méthodes de leurs collectivités locales pour répondre au besoin d habitat des seniors. En Suède, un Ministère est dédié à la prise en charge des personnes âgées et handicapées. Sa mission principale est d assurer le suivi et l analyse des besoins en matière de logement des personnes âgées, avec comme objectif de favoriser le maintien à domicile. Plusieurs mesures vont dans ce sens (en termes de soins, d adaptation du logement, de sécurité), qui se traduisent localement par une assistance à la famille, telles que des systèmes d alarme permettant de signaler une chute accidentelle de la personne, des services à la personne (aide au jardinage, portage de repas ) ou encore la création de lieux de rencontre favorisant les activités sociales. Les collectivités locales accordent par ailleurs des subventions pour encourager la mise en accessibilité des logements existants et la création de logements adaptés. La délégation allemande, à son tour, a présenté les activités d un centre de conseils en logements pour seniors à Pforzheim. Cette ONG s appuie sur différents outils pour permettre aux seniors de rester le plus longtemps possible dans leur milieu de vie, notamment en rendant les soins possibles et en maintenant le contact avec la famille, le voisinage et les amis. Information sur les aspects financiers, mise en relation avec des architectes pour adapter leur logement, soutien dans la mise en œuvre des travaux sont autant de services que propose cette ONG, dont l action de maintien à domicile permet des économies conséquentes à la collectivité. La délégation italienne a ensuite présenté deux projets de logement social à Mojano et Monzato, dont l objectif est de favoriser la mixité sociale. Ces projets reposent sur le principe du vivre ensemble de manière durable sans pour autant ghettoïser. Des espaces communs, des services à la personne, les soins, les loisirs, tout y est pensé pour développer le sentiment d appartenance à une communauté. Collectivités locales et promoteurs immobiliers sont les deux principaux acteurs qui financent ce type de logement social. La particularité est dans le management de ces projets, qui sont gérés par des coopératives d habitants. Ces derniers participent à toutes les phases de développement du projet. Ils

6 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 6 sont responsables de leur propre logement mais aussi des parties communes et doivent développer des projets «d accompagnement social» favorisant les contacts entre les familles mais aussi avec le reste de la ville. Monsieur Cailleret, directeur technique de l OPAC de Tours, termine cette session par une présentation du rôle et des activités de l OPAC, organisme public qui gère logements sociaux - qui incluent des logements étudiants et des logements seniors et concernent personnes. Trois secteurs de la ville de Tours sont concernés actuellement par un programme de rénovation urbaine. Le rôle de l OPAC est multiple à savoir : la construction et la réhabilitation de logements sociaux et le développement et l aménagement d éco- quartiers. Samedi, Carine Péribois, ingénieure de recherche, missionnée par la Ville et le CCAS de Tours, présente les résultats des groupes de discussion avec des seniors tourangeaux, menés dans le cadre du Label national «Bien Vieillir Vivre ensemble» sur les thèmes du logement, des activités sociales et l information/communication. 63 seniors de différents quartiers de la ville ont accepté d échanger autour de leurs expériences de vie. Discussions constructives qui ont permis de mettre en évidence les aspects positifs et négatifs de l existant mais aussi de formuler des propositions d amélioration de leur vie quotidienne. Les préoccupations sont différents selon les tranches d âges (ex : la sécurité pour les 75+ ; l usage des TIC pour les ans). Il ressort que les seniors tourangeaux souhaitent davantage d information en matière d adaptation du logement et d accessibilité de l environnement mais également sur les possibilités de financement et les types de logements intermédiaires. En Allemagne, plusieurs modes de participation civique existent : Ateliers de l avenir, Forums 21 (Agenda 21) et groupes de paroles auto organisés. C est ce dernier exemple qui est présenté, notamment à travers la création de réseaux sociaux à Pfozheim et Ispringen. Dans un cas, en 2007, une trentaine de seniors se sont réunis pour parler de leur vie et particulièrement de leur logement afin de trouver des alternatives à leur anonymat involontaire. Dans l autre cas, un groupe de seniors a réfléchi à un meilleur avenir pour une communauté vivante : un parcours de fitness pour personnes âgées a été créé suite à ces échanges. En Suède, la délégation de Skövde a présenté les résultats d une étude auprès de 37 personnes de ans sur le logement, les soins médicaux et les technologies de l information. Il en ressort que les seniors souhaitent rester à domicile et veulent avoir le choix avant de devoir s installer dans une structure de soins. Plusieurs facteurs entrent en jeu, notamment l aspect économique et le rôle du secteur privé. La question de l isolement est également mise en avant. La délégation de Norrköping a quant à elle présenté un projet à Krokek (commune de 4000 habitants), aujourd hui incertain dans sa réalisation. A l origine, la volonté de redynamiser le village en attirant de jeunes familles cohabitant avec des seniors, en construisant des maisons jumelles mitoyennes. Néanmoins, des tarifs trop élevés, un marché trop en avance, une initiative privée perçue comme suspecte ou encore des logements peu adaptés ont eu raison de ce projet.

7 HABITAT POUR & PAR LES SENIORS 7 La délégation italienne nous a présenté le centre dédié à l adaptation du logement et de son environnement, le CAAD de Parme. Ce service a été créé en 2004 dans le cadre d un programme régional de l Emilie Romagne, qui favorise le maintien à domicile des personnes âgées et handicapées. Ce centre propose de l information, des conseils et de la formation en matière d accessibilité et d adaptation du logement pour les citoyens qui en font la demande. C est le concept de «design pour tous» qui est prôné.

8 En partenariat avec : Avec le soutien de : Contact: Marie- Bernard Amirault- Deiss Direction des Relations Internationales et de la Coopération Décentralisée Mairie de Tours 1 à 3 rue des Minimes Tours Cedex 9 (+33) e- mail : mb.amirault- deiss@ville- tours.fr