Chapitre II Sociétés et cultures rurales.

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1 Chapitre II Sociétés et cultures rurales. L objectif de cette leçon est d une part de comprendre le mode de fonctionnement de la société rurale au Moyen-âge et parallèlement de découvrir la méthode de réalisation de la composition (exercice de type baccalauréat) Introduction La composition repose initialement sur une introduction. Cette dernière repose sur un certain nombre d étape. L introduction doit permettre de mettre en place un certain nombre d éléments. Elle doit d une part présenter les termes du sujet exposé, montrer que leur mise en relation pose un certain nombre de problèmes que l on doit mettre en relation dans un questionnement (appelé problématique) auquel un plan précis doit apporter une réponse. Ainsi l introduction doit permettre la mise en place d une démarche démonstrative. C est une étape fondamentale de la bonne tenue de la composition. Dans ce cas précis, le sujet proposé reste centré sur la question de la leçon «Sociétés et cultures rurales». Pour mener à bien cette introduction, nous vous proposons un corpus documentaire qui devrait vous permettre de faire émerger d une part les thèmes à aborder dans la composition à suivre mais aussi les principaux enjeux. Sur cette première séance nous vous proposons deux temps : - Prendre connaissance des documents pour mettre en avant un certain nombre de thèmes (on peut s appuyer sur des questions ponctuelles) - Rédiger selon la démarche mise en italique une introduction au sujet suivant : «Sociétés et cultures rurales». Corpus documentaire Carte sur l Europe rurale à l époque féodale - Comment les villageoises se structurent? - Quelles sont les grandes transformations économiques qui marquent l histoire des sociétés rurales? - Pourquoi parle t on de sociétés rurales? - Qu est-ce qui marque la fragilité permanente de ce monde rural?

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3 Proposition de correction. Le monde médiéval est un monde fondamentalement rural. Si l immense majorité de la population vit à la campagne, l ensemble des richesses et des innovations techniques naissent à la campagne et ce pour encore de longs siècles. Le monde médiéval est donc dépendant de ce que la terre peut produire pour nourrir les hommes qui l occupent. Ce monde rural n est pas pour autant homogène, la société rurale est faite d un ensemble de relations de pouvoirs entre dominants et dominés et c est à dans ce cadre que naît le monde de fonctionnement politique propre au moyen-âge, le régime féodal. Si les sociétés sont diverses malgré une vision tendant à l homogénéité inspirée par l Eglise, les pratiques culturelles le sont aussi : loisirs, relations de sociabilité, pratiques religieuses Comment sociétés et cultures rurales s organisent-elles autour de la propriété et du travail de la terre? Pour répondre à cette question, nous nous proposons de voir d une part qu elles sont les grands mécanismes qui font fonctionner économiquement ces sociétés puis d étudier l évolution des rapports de pouvoir entre elles afin de montrer comment par leurs pratiques culturelles elles tendent à se distinguer creusant irrémédiablement un fossé entre des couches distinctes de la population qu un intellectuel du haut moyen âge appelait alors des ordres.

4 Histoire Seconde Société et cultures de l Europe médiévale Thème : Faire produire la terre au Moyen-âge Document 1 Pietro Crescenzi, Livre des proufffitz champestres et ruraux, musée Condé, Chantilly. Document 2 Document 3 Document 3 La famine se mit à étendre ses ravages et l on put craindre la disparition du genre humain presque entier. Les conditions atmosphériques se firent si défavorables qu on ne trouvait de temps propice pour aucune s le, et que surtout à cause des inondations, il n y eut pas moyen de faire les récoltes. Au temps de la moisson, les herbes sauvages et la néfaste ivraie avaient recouvert toute la surface des champs. Un muid de semence, là où il rendait le mieux, donnait à la récolte un setier 1 et ce setier en produisait à peine une poignée. Si par hasard on trouvait en vente quelques nourritures, le vendeur pouvait à son gré en exiger un prix excessif. Cependant quand on eut mangé les bêtes sauvages et les oiseaux, les hommes se mirent sous l empire d une faim dévorante, à ramasser pour les manger toutes sortes de charogne et de choses horribles à dire. Certains eurent recours pour échapper à la mort aux racines des forêts et aux herbes des fleuves et beaucoup de gens tirèrent du sol une terre blanche dont ils faisaient des galettes. Enfin l horreur saisit au récit des perversions qui régnèrent sur le genre humain. Hélas! oh douleur! chose rarement entendue au cours des âges, une faim enragée fit que des hommes dévorèrent de la chair humaine. Raoul Glaber, moine de Cluny, C'est-à-dire douze fois moins!!!

5 Documents additionnels (fournis en introduction) : - la charrue, - l assolement triennal, - le défrichement de la forêt de Boixe. La première partie de la composition est consacrée au fonctionnement de l économie rurale (cf. introduction). Il s agit ici de rédiger cette première partie en la subdivisant en 2 ou 3 sous-parties. ACTIVITÉ : Rédiger la première partie de la composition, en réalisant les étapes suivantes : 1. Lisez les documents ci-dessus, et extrayez-en les informations permettant de répondre à la question suivante : «qui produit, comment et qui en profite au Moyen-âge?» 2. Classez ces informations en différents thèmes, qui constitueront les sous-parties de cette première partie de la composition 3. Rédigez le texte de la première partie à partir de ce plan détaillé

6 Proposition de correction pour la première partie : Les paysans sont les artisans de la production agricole. Les travaux des champs des s les aux récoltes nécessitent un climat propice à la croissance végétative (du printemps à l automne), tandis que l hiver est consacré en grande partie à l élevage. Quoi qu il arrive, ils sont occupés tout au long de l année. Les paysans forment l essentiel de la communauté rurale, subvenant aux besoins alimentaires de tous. Parfois, ils travaillent de concert, car une partie des terres cultivables et des pâtures appartient à l ensemble du village ; il s agit des communaux. Cependant, le monde paysan ne constitue pas un ensemble monolithique. En effet, un fossé sépare les laboureurs (les plus riches) des serfs (les plus pauvres, dont la liberté est en partie limitée par le seigneur). Entre les deux, les situations varient fortement. En raison de leur aisance matérielle, les laboureurs constituent de fait l élite des communautés villageoises. Les techniques de production agricole évoluent entre le XI ème et le XIII ème siècles, mais les transformations sont lentes et touchent inégalement les territoires européens. Tout d abord, l assolement triennal introduit la rotation des cultures entre les différentes parcelles d une année sur l autre, avec une période de jachère régulière. Cela permet à la terre de se reposer, et d améliorer quelque peu les rendements des céréales, surtout en Europe du nord où il est le plus pratiqué. Toutefois, la culture de plantes fourragères en lieu et place des jachères apporte un progrès supplémentaire, en rendant possible la mise en culture de toutes les soles chaque année. De plus, les terres cultivables gagnent du terrain au détriment des forêts et des marécages, suite aux défrichements opérés dans toute l Europe sous l impulsion des seigneurs. C est par exemple le cas pour la forêt de Boixe, dans le sud-ouest de la France, très réduite à la fin du XII ème siècle et dont les terres sont rapidement mises en valeur et peuplées. Enfin, toute une série d innovations modifie les pratiques agricoles. Citons entre autres la charrue, garnie d un soc métallique, qui remplace avantageusement le traditionnel araire en bois, moins efficace en terme de labour ; ainsi que le collier d épaule, technique d attelage moins douloureuse et assurant une traction animale bien meilleure que le collier de cou. Néanmoins, la diffusion de ces innovations demeure lente et partielle au Moyen-âge. Bien des paysans utilisent toujours l araire à la fin du XIII ème siècle, et même au-delà. La production agricole augmente donc, et offre la possibilité de nourrir une population en hausse en Europe. Cependant l essentiel des richesses produites dans les campagnes ne bénéficie pas à ceux qui ont assuré cette production, mais à ceux qui possèdent la terre. Par un système complexe de redevances, en argent (taille et cens le plus souvent), en nature (champart, banalités) et en heures de travail (corvées), les seigneurs captent la majeure partie des profits engendrés par les travaux des paysans. De manière générale, ces derniers continuent à vivre de façon misérable, soumis aux aléas climatiques et aux crises de subsistance ponctuelles qui en résultent, comme celle du début du XI ème siècle en Bourgogne, décrite par le moine Raoul Glaber. À partir du XII ème siècle toutefois, certaines communautés rurales parviennent à défendre leurs droits face à leur seigneur. Cela passe notamment par la rédaction de chartes fixant précisément les obligations de chacun, et limitant ainsi l arbitraire seigneurial. Les habitants de Pagnant en Auvergne ont ainsi vu leur statut garanti dans la deuxième moitié du XIII ème siècle. Cette solidarité villageoise peut également se manifester par des réseaux d entraide professionnelle, à l instar des «charités normandes», confréries qui sont nées au cours du XIII ème siècle. Le partage des gains de l agriculture, s il est fondamentalement inégal, tend malgré tout à évoluer dans le sens d une sécurisation de la part des paysans.

7 Histoire Seconde Société et cultures de l Europe médiévale Thème : Seigneurs et châteaux forts médiévaux Document 1 : La réglementation des liens féodaux Document 2 : La cérémonie de l hommage féodal Source : Document 4 : L organisation politique du Gévaudan au XIII ème siècle Document 3 : Le système féodal en Gévaudan Au XIII ème siècle, Aldebert III, l évêque de Mende cherche à étendre son autorité sur tout le Gévaudan. Il entre alors en conflit avec ses vassaux, les huit barons (dont celui du Tournel) qui se partagent ce territoire. Cela le décide à demander la protection royale et à prêter serment de fidélité à Louis VII. Le roi du France lui accorde en échange un texte qui renforce son pouvoir par rapport aux barons. Le baron du Tournel doit rendre hommage, à plusieurs reprises, à l évêque de Mende pour tous ses châteaux. Chacun d entre eux est le lieu de résidence d un seigneur, vassal du baron. D après F. Buffière, Ce tant rude Gévaudan, Document 5 : Château de Bonaguil (XIV ème s.) Document fourni en introduction : la motte castrale et le donjon de Loches La 2 ème partie de la composition est consacrée à la féodalité (cf. introduction). Il s agit de rédiger cette première partie en la subdivisant en 2 ou 3 sous-parties. ACTIVITÉ : Rédiger la 2 ème partie de la composition, consacrée aux seigneurs et châteaux forts médiévaux 1. Analysez le sujet de la 2 ème partie, et formulez une question correspondant à ce sujet 2. Lisez les documents ci-dessus, et extrayez-en les informations, de façon à répondre à la question 3. Classez ces informations en différents thèmes, qui constitueront les sous-parties de cette première partie de la composition 4. Rédigez le texte de la première partie à partir de ce plan détaillé

8 Proposition de correction pour la deuxième partie : L époque médiévale est marquée par une visibilité de plus en plus grande du pouvoir seigneurial. Cela passe notamment par l édification de multiples bâtiments témoignant de ce pouvoir, à la fois militaire, politique et symbolique. Entre le XI ème et le XIII ème siècle, le nombre de châteaux s est considérablement accru, marquant ainsi physiquement les territoires ruraux, et la domination du seigneur sur les paysans. Par ailleurs, les constructions ont connu d importantes mutations, signes de l évolution du rôle qui leur était dévolu. Si en effet, la «motte castrale» (telle celle de Dinan, représentée à la fin du XI ème siècle sur la tapisserie de Bayeux) n est qu une simple colline artificielle garnie de fortifications en bois, c est bien en raison de sa fonction essentiellement militaire, dont l exercice est réservé à la noblesse. À partir du XII ème siècle, les édifices deviennent de véritables châteaux forts, bâtis en pierre. Ils continuent d assumer leur rôle défensif, grâce à de multiples aménagements (remparts, tours, barbacanes, etc.). Mais l apparition d un ensemble réservé à la résidence du seigneur et de sa famille (le logis ou le donjon), ainsi que de dépendances consacrées à la pratique de l artisanat ou au stockage des récoltes, montre bien que le château est devenu un symbole de la domination sur la terre et sur les hommes qui la travaillent. Celui de Bonaguil au XIV ème siècle, nous en fournit un bon exemple : la hauteur, l étendue et les matériaux employés pour sa construction marquent la supériorité de l habitation du seigneur sur celles de ses paysans (maisons basses, pour la plupart en bois). Pas plus que le monde paysan, la noblesse n est monolithique. En son sein cohabitent des individus unis par leur statut et la possession d un fief, mais dont la puissance peut varier d un extrême à l'autre. En effet, les seigneurs sont eux-mêmes organisés selon un mode hiérarchique, différenciant suzerains et vassaux. De façon générale, le seigneur le plus puissant remet à un ou plusieurs autres seigneurs de moindre envergure un fief, qui consiste le plus souvent en une terre. En contrepartie, ces derniers promettent d être loyaux et fidèles, et de prêter assistance (militaire, financière, etc.) à celui qui les a ainsi comblés. Ils deviennent ainsi les vassaux du premier seigneur, que l on nomme suzerain. Le suzerain, avec la remise du fief, s oblige à protéger militairement et à conseiller chaque vassal. Ces engagements réciproques sont prononcés au cours de la cérémonie de l hommage, marqués par plusieurs rites : le serment sur la Bible, le geste consistant pour le vassal à mettre ses mains dans celles du suzerain en signe d allégeance, etc. Le vassal d un seigneur peut néanmoins à son tour être le suzerain d un autre seigneur, à condition d avoir un fief à lui offrir. C est ainsi que se met en place tout un système hiérarchique, dans lequel tous les seigneurs sont unis par des liens de vassalité, et que l on nomme le système féodal. Cela est particulièrement visible en Gévaudan, territoire dont le suzerain est le roi de France, et où l évêque de Mende domine tous les autres seigneurs, par l intermédiaire des barons. Remarquons au passage que les suzerains peuvent parfois être des membres du clergé. En revanche, le lien féodal unit deux hommes : les femmes ne peuvent participer à la cérémonie de l hommage. Enfin, les enjeux que représentent pour les nobles le pouvoir sur la terre et sur les hommes, combinés à l essor démographique que connaît l Europe au Moyen-âge, entraînent des conflits réguliers entre les seigneurs. Ces derniers se disputent régulièrement des terres, contestent leurs droits et obligations réciproques. L enchevêtrement des liens de vassalité (certains vassaux peuvent avoir plusieurs suzerains, tandis qu un suzerain est bien souvent lui-même vassal d un seigneur plus puissant, etc.) complexifie encore la situation et multiplie les motifs de guerres seigneuriales. Les relations entre les suzerains et leurs vassaux sont donc loin d être toujours sereines, ainsi que l illustre le cas du Gévaudan, où l évêque de Mende a accru son autorité sur celle de ses barons grâce au soutien du roi de France. En retour, de ce soutien, l évêque est devenu le vassal du roi. Les liens multiples et complexes entre les seigneurs ne doivent toutefois pas faire oublier que ces derniers forment un ordre distinct de celui des paysans. Il convient donc d observer en quoi ces inégalités en termes de pouvoir et de rôle social implique aussi des différences en termes de mode de vie.

9 III Titre à découvrir Quelle Problématique : Corpus documentaire Document 1 Tableau de Bruegel Document 2 Le calendrier des travaux agricoles du Rustican ou Livre des proffiz champestres et ruraulx Pietro de Crescenzi Traduction française du 14 ème siècle, illustration du 15 ème, rédaction de cet ouvrage fin 13ème Document 3 Geoffroi de Troyes, vassal du comte de Troyes, 12 ème siècle. '' Les paysans qui travaillent pour tous, qui se fatiguent dans tous les temps, par toutes les saisons, qui se livrent à des oeuvres serviles, dédaignées par leurs maîtres, sont incessamment accablés, et cela pour suffire à la vie, aux vêtements, aux frivolités des autres... On les poursuit par l'incendie, par la rapine, par le glaive; on les jette dans les prisons et dans les fers, puis on les contraint de se racheter, ou bien on les tue violemment par la faim, on les livre à tous les genres de supplices... '' Document 4 Histoire d Olivier de Castille et d Artus d Algabre 14 ème 15 ème siècle. Le banquet est le repas central des cérémonies qui marquent le mariage. Ce repas n est pas une simple occasion de festivités, il est une cérémonie publique, la première consommation du mariage, c est la raison pour laquelle la mariée est en représentation. Cette illustration ne représente pas un repas réel, ni l intérieur d un château, elle est une représentation stéréotypée, immédiatement identifiable comme tel.

10 Document 5 Lancelot ou le Chevalier à la Charrette Chrétien de Troyes ( ) Et lui qui veut bien qu elle ait le peigne, Le lui donne, et en retire les cheveux, Si doucement qu il n en rompt aucun. Jamais yeux humains ne verront Honorer à ce point aucune chose, Car il commence à les adorer, Et les touche bien cent mille fois, Et les porte à sa bouche, A son front et à son visage ; Il n est aucune joie qu il ne manifeste ; Il en est très heureux, il en est très riche ; En son sein, près de son cœur, il les range Entre sa chemise et sa chair. Cet auteur a d abord été au service de la cour de Champagne et de la comtesse Marie qui lui demande d écrire le Chevalier à la Charrette. C est le premier texte qui met en scène Lancelot et fait de lui l amant de la reine Guenièvre qu il délivre de la captivité grâce à son courage.

11 Proposition de correction pour la Troisième Partie. Le monde rural est marqué par les hiérarchies sociales et culturelles qui progressivement se cristallisent opposant un monde de dominés et un monde de dominants. Un célèbre chroniqueur du 11 ème siècle, Adalbéron de Laon écrit : «la société des fidèles ne forme qu un corps ; mais l Etat en comprend trois. Car l autre loi, la loi humaine, distingue deux autres classes : nobles et serfs, en effet, ne sont pas régis par le même statut ( ) La maison de Dieu que l on croit une est donc divisée en trois : les uns prient, les autres combattent, les autres enfin travaillent». Au sommet de la hiérarchie sociale, on trouve les «bellatores», ceux qui se battent selon la formule d Adalbéron. A partir du 11 ème siècle, un groupe armé se structure autour des seigneurs plus ou moins puissants qui ont accaparés le pouvoir politique. Cette «parcellisation» du pouvoir s accompagne d une violence entretenue par ces cavaliers armés, les chevaliers. Cette violence est combattue plus ou moins efficacement par l Eglise. Cet idéal guerrier est loué dans le cadre des chansons de geste notamment celle racontant l épisode de la défaite de Rolland à Roncevaux, refusant longtemps d appeler à l aide pour ne pas déshonorer sa famille. Progressivement, un idéal de fidélité et de générosité prend le pas, l influence chrétienne est ici très forte notamment dans les relations entretenues entre le chevalier et sa dame dans le cadre des romans courtois. Cette évolution des mœurs et des comportements née dans la noblesse méridionale est une des étapes dans une pacification des relations sociales en montrant que d autres rapports peuvent exister entre les sexes que ceux de l instinct, de la violence ou du conformisme matrimonial. La société castrale est la cellule sociale formée par les seigneurs dans les châteaux. Elle regroupe les jeunes fils de vassaux envoyés pour y servir le seigneur, y faire leur apprentissage militaire, la domesticité seigneuriale très importante pour l étiquette notamment lors de la cérémonie du banquet et tout le monde des amuseurs destinés à satisfaire les besoins de divertissement et de prestige des féodaux. Cette société de «cour» diffuse ses modes de comportements, le banquet, le tournois, la pratique de la chasse comme en atteste précocement la Tapisserie de Bayeux datée de la fin du 11 ème siècle. Sur cet exceptionnel document, nous trouvons présenté en arrière-plan du thème central qui est la conquête de l Angleterre par Guillaume le Normand, un portrait de l aristocratie normande en cour de constitution. Cet ordre de combattants se structure dans son opposition de plus en plus nette vis-à-vis de la communauté paysanne. La littérature présente le paysan comme une bête sauvage, il est d une laideur hideuse, bestiale, il a à peine figure humaine ; dès lors sa destination naturelle c est l enfer et il lui faut une habileté exceptionnelle pour obtenir le paradis. Comme nous l avons dit, la vie rurale est d abord une vie de travail, un calendrier du XIVème siècle, reproduisant ainsi un modèle exemplaire. L année est ainsi découpée en un certain nombre d activités économiques qui sont indispensables à la survie du groupe : ainsi par exemple Pietro de Crescenzi consacre plusieurs chapitres aux travaux de préparation des champs, le sarclage, l émiettement des mottes de terre avec un maillet, mise en valeur par la fumure, les engrais verts et d autres amendements. Cette scène peut aussi représenter l extraction de l argile sur la berge d une rivière, par un paysan à l aide d une pioche. L argile récoltée est mise en tas derrière lui. Rappelons que l argile entre dans la composition des tuiles et dans la construction des murs des maisons paysannes et des étables à pans de bois. Les mois d hiver sont propices à l entretien des bâtiments. Le travail occupe une place essentielle, il se fait rarement seul, l individu isolé représentant une extravagance dans un monde où tout être humain est pris dans un tissu de relations : la famille, la paroisse, la communauté villageoise. La communauté forme un réseau de sociabilité : le moulin, où le paysan doit porter son grain, est un lieu de rencontre essentiel, les statuts des ordres religieux du XIIème siècle, invitant les moines à venir y quêter montrent l importance de ces lieux. Une culture villageoise se structure autour d une dévotion encadrée avec application par l Eglise. La fête du saint-patron du village, des corps de métiers donnent l occasion aux villageois de multiplier les fêtes collectives. Les fêtes folkloriques de printemps étaient l occasion pour les jeunes hommes du village d assurer la prospérité économique de la communauté, les festivités liées au carnaval marquaient l entrée du groupe dans un nouveau cycle de reproduction de la nature. Ainsi ces moments de communion sont l occasion pour ce monde profondément marqué par un double sentiment d insécurité moral et matériel de s appuyer sur une solidarité pour éviter la rupture irrémédiable par l ambition ou la déchéance.

12 La conclusion Elle a un rôle essentiel dans votre travail, elle doit le terminer, c est-à-dire répondre à la question que vous vous êtes posé initialement, et elle doit dans le meilleur des cas montrer que le sujet traité peut déboucher sur un autre thème, que la réflexion ainsi n est pas close. La conclusion se divise en trois étapes : - Rappeler les étapes de votre travail en un court paragraphe : sur le modèle nous avons vu puis et enfin (ce n est pas très heureux mais cela a l avantage d être clair) - Répondre précisément au problème posé ainsi plus la question sera problématisée plus il sera aisé d apporter une réponse nette - Montrer que le sujet peut s articuler à une réflexion plus large (ce passage est le plus délicat car il implique une réelle maîtrise des enjeux de la leçon abordée ou une culture histoire géographique conséquente). Nous avons vu durant ce travail que la production des richesses de la terre est fondamentale dans un monde médiéval à l équilibre précaire, que cette production est entre les mains d une catégorie de la population ultra majoritaire qui vit en permanence dans une insécurité matérielle et morale extrême. Cette catégorie de la population reste sous la domination d un groupe qui se structure durant cette période de deux à trois siècles autour d un modèle original appelé féodalité. Au-delà des rapports de pouvoir économique et politique, la société rurale tend à accentuer sa diversité dans des pratiques comportementale et culturelle sur lesquelles l Eglise cherche à étendre son influence, ce qu elle parvient globalement à faire. Nous cherchions à savoir comment sociétés et cultures rurales s organisent-elles autour de la propriété et du travail de la terre, la réponse que nous avons apportée a montré que loin de proposer un modèle figée, la période comprise entre le XI et le XIIIème siècle a conduit à donner naissance à des catégories sociales plus perméables que nous appellerons plus tard des Etats où les frontières sont suffisamment floues pour permettre les ascensions sociales et politiques. L enjeu, à mesure que les sociétés s urbaniseront, sera de faire rentrer dans ces Etats de nouvelles catégories celles des marchands notamment qui deviendront les moteurs des développements économiques et culturels à venir.