Les métiers de la mécanique

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1 Les notes de l observatoire des métiers DIRECTION DES RESSOURCES HUMAINES MAI 2003 Les métiers de la mécanique FLORENCE BOUYER OBSERVATOIRE DES MÉTIERS CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

2 BAP C Construction et bureau d'études en construction mécanique Etude réalisée à partir des données de l'identification des personnels (2001) et du recueil d'information de la journée du 5 décembre 2002 (participants en fin de document) Délimitation du champ de la famille professionnelle La famille professionnelle "Construction et bureau d'études en construction mécanique" est organisée autour de 9 emplois-types. A propos des fiches emploi type Les descriptions actuelles ne semble pas devoir être modifiées, mais au contraire semblent tout à fait d actualité. La fiche emploi type est un outil qui est passé dans les habitudes du CNRS de façon incontestable. En ce qui concerne ses modalités d'usage, il convient d'être plus nuancé. En effet, la rédaction de documents de type profils, fiches de poste ou dossiers de carrière peut s'inspirer éventuellement de la fiche emploi type mais ne doit pas en être une copie. Ces documents sont de nature très diverse et donc leur contenu ne peut être identique. Par ailleurs, il semble important de rappeler que les items de la fiche emploi type ne peuvent pas être des indicateurs d évaluation en soi au niveau des concours. Un rappel sur ces notions en formation jury de concours ou nouveaux directeurs d unité, pourrait permettre de corriger ces tendances. Construction et bureau d'études Age Nombre en construction mécanique moyen IR Ingénieur mécanicien de dévpt et fabrication 23 46,4 IR Ingénieur mécanicien en conception et dévpt 39 41,7 IE Ingénieur de fabrication mécanique 21 49,5 IE Ingénieur mécanicien d'études et dévpt 60 47,1 AI Assistant en fabrication mécanique 74 47,7 AI Dessinateur projeteur en construction mécanique 63 39,5 T Technicien de fabrication en construction mécanique ,6 T Dessinateur en construction mécanique 35 47,5 AJT Opérateur sur machine outil 23 36,4 Total ,4 A propos des deux familles professionnelles Total BAP C Total CNRS , ,2 Au CNRS les deux familles travaillent en lien très fort l une avec l autre, il y a un partage des outils et des savoirs (dessin / atelier), c est là, la richesse des métiers de la recherche. Mais il n en est pas de même dans l industrie où les deux familles sont très cloisonnées. Or l industrie est un des viviers de recrutement des laboratoires. C est pourquoi, même si nous pouvons considérer qu il n y a qu une seule famille dans les laboratoires du CNRS, il est important de conserver une description distincte en terme de référentiel.

3 Présentation de la communauté professionnelle La communauté professionnelle de ce domaine est composée de 627 personnes, et quasi exclusivement de personnels de catégorie A et B. L'âge moyen est de 44,4 ans ce qui est plutôt "jeune" au regard de la norme CNRS. Ceci s'explique par le fait que même si les plus de 50 ans sont nombreux, la relève par les moins de 35 ans est assurée. 51% Techniciens Répartition par corps Adjoints techniques 4% 45% Ingénieurs Pyramide des âges >=60 Répartition par département scientifique Répartition par sexe STIC 5% SDV 4% MC 1% SC 9% PNC 34% 613 SPI 11% 14 Femmes Hommes SDU 17% SPM 19% Répartition géographique 43,0% 10,0% 9,0% Nord Ouest IDF Nord Est 29,0% 9,0% La population de cette famille professionnelle est quasi exclusivement constituée par des hommes et se répartit dans quatre principaux départements scientifiques parmi lesquels la physique est le domaine d'application prépondérant. Les deux bassins d'emploi majoritaires de cette communauté sont les régions Ile de France et Rhône Alpes. Sud Ouest Sud Est

4 Préambule : Le besoin en mécanique est différent dans chaque laboratoire. Du polyvalent qui travaille pour trente personnes et qui n apparaît pas au travers de la fiche emploi type à celui qui exerce dans une grosse structure extrêmement spécialisée qui n assume que deux des items décrits dans la fiche emploi type, il y a tout le spectre d une grande variété de situations d emplois. Evolution du métier : L évolution des métiers ITA, c est à dire des métiers qui accompagnent la recherche, est très lié à l évolution même du métier de chercheur. Ainsi, il y a dix ans le discours dominant était de dire que la science allait se faire par la simulation et donc qu il n y aurait plus de «manip» et par voie de conséquence, il était logique de dire que l on aurait besoin de moins d ITA. Or, le constat actuel est que tout résultat scientifique positif obtenu par la simulation se doit d être vérifié par la «manip» et au final le besoin d ITA persiste. De plus, l évolution dans le recrutement des scientifiques qui sont aujourd hui moins «instrumentalistes» et plus «modélisateurs», tandis qu en même temps les machines-outils, la technologie et la législation en matière de sécurité continuent de se complexifier renforce le besoin de compétences élevées en ingénierie. En somme, face à l évolution des grands instruments, les chercheurs ont perdu une partie de la responsabilité de leur outillage, responsabilité qui se reporte inévitablement sur les ITA. «Auparavant, le chercheur allait plus facilement aux ateliers, aujourd hui l'évolution technologique fait que cet accès est plus réservé.» Au niveau technicien, les principales évolutions résident dans l évolution du langage (normalisation, cotation, et donc interprétation d un plan), dans la traduction des processus de travail sous forme écrite (laisser des traces sur les procédures de collages,...) et dans l évolution des matériaux qui ne se travaillent plus de la même façon. Mais la compétence globale est plus complexe que la simple maîtrise des nouveaux outils : «Un bon projeteur à la planche à dessin sera bon en CAO, un mauvais» La logique de projet L augmentation de la taille des projets qui deviennent gigantesques (télescopes, satellites, ) est un des facteurs importants de l évolution du métier. Les points forts des gros projets se situent dans la nécessité pour les chercheurs de définir précisément les étapes, les taches et donc les compétences requises ce qui est vu comme un point positif par les ITA qui organisent leur travail selon les besoins des chercheurs. Mais c est une transformation du métier de chercheur car la formulation du besoin ne peut plus du tout s exercer de façon «artisanale». Des points faibles sont identifiés au niveau de la compétence nouvelle requise auprès des scientifiques quant à l organisation de ce genre de projet notamment en terme de gestion et de démarche qualité. Ce constat concerne en fait tous les métiers de l'instrumentation dont c'est la tendance actuelle dominante. Quant à la mécanique en particulier, la principale difficulté apparaît quand ce corps de métier n est pas représenté au sein de la cellule projet. Si cette famille professionnelle n est pas associée à l évaluation du temps de travail ou du budget, les problèmes de livraison en fin de chaîne sont inévitables. Et celle de l atelier Le recrutement récent de nombreux ingénieurs est un atout indéniable pour optimiser l organisation des projets, mais ce report de recrutement en défaveur des techniciens et assistants ingénieurs doit être mesuré car c est ensuite sur ces personnels que repose les réalisations et notamment la fabrication de la pièce prototype unique, pièce souvent au cœur même du projet. La question centrale est de savoir si le recrutement de chefs de projet et d ingénieur système doit se faire au détriment de la compétence de base qui se niche dans les ateliers. «Le savoir faire qui s en va, c est la perte de savoir du bout des doigts». Le vide, l ultravide, l optronique, sont des domaines d application auxquels il est tout à fait possible de se former. Le besoin réel réside donc dans la compétence en dessin et réalisation ajouté à une capacité à se former aux spécificités de la recherche.

5 Se retrouvent autour de la problématique de la sous traitance Sur ce point, deux préambules sont nécessaires. D une part, les plans de financement des projets ne prévoient pas forcément la sous traitance d un montage mécanique, elle n est donc pas toujours possible. D autre part, lorsqu elle se met en place, cela signifie d avoir dans les laboratoires, des mécaniciens qui ont les compétences techniques de la préparer (dessin technique de la pièce) et de la réceptionner (mise en place de la procédure de réception avec normalisation de l évaluation de la qualité). Le besoin en mécanicien n est donc pas remis en cause, mais les compétences liées au métier évoluent. De plus, à ces savoir-faire, s ajoute une compétence juridico-commerciale qui est aujourd hui mal maîtrisée. Or, le volume de cette activité de gestion de la sous traitance est estimé aujourd'hui à un demi temps plein pour une équipe de huit personnes. La place que prend donc cette nouvelle activité dans l exercice du métier de mécanicien est à optimiser notamment par la formation des personnes (documentation en terme de législation, mise en concurrence et négociation des coûts, bilan des marchés passés, ) mais aussi par la mutualisation de la sous traitance. L expression écrite et la démarche qualité Une autre évolution des métiers de la mécanique réside dans la place de plus en plus importante de l écriture parmi les autres activités. Cela se constate à différents niveaux : gestion des marchés publics, spécifications et cahiers des charges, documentations techniques, plan qualité Les personnels qui ont du faire face à ce changement de nature d activité sont passés par la formation permanente CNRS, mais aussi par la collaboration et notamment avec les jeunes collègues. Par ailleurs, lorsque ce rapport à l écrit peut s inclure dans une démarche plus globale de démarche qualité, des expériences de formation action ont données de très bons résultats. L évolution vers la qualité semble inéluctable, d autant que les jeunes sortent des écoles en connaissant la démarche et avec des capacités à intégrer un plan qualité très facilement. Les équipements A titre d exemple, sur les 240 machines-outils constitutives du parc d Orsay, seulement 6 sont à commandes numériques, le reste étant des machines conventionnelles dont l utilisation n est plus connue par les jeunes recrues. Ainsi, un des constats aujourd hui est que le parc de machines à commandes numériques oscille entre 2% et 25% du parc total selon les sites. Sachant qu une partie importante du travail consiste à faire de la pièce unitaire sur machine traditionnelle donc et que ces machines ont l avantage de la proximité et du libre service chercheur, l investissement en machines à commandes numériques doit être pensé en terme de mutualisation. Ces équipements qui demandent des habilitations particulières et dont on évalue qu ils permettent de fournir de l activité à trois à cinq utilisateurs, sont nécessaires à la modernisation des outils du mécanicien et donc au développement de ses compétences. La culture du métier : Le mécanicien souffre de manque de reconnaissance dans son métier et rencontre notamment des difficultés à valoriser sa production. Alors qu'en terme de document, la matière existe dans les bureaux d'études, il semble que la transformer en publication n'est pas chose aisée. De même, un bilan quantitatif et qualitatif des concours internes permettrait d'argumenter le constat qui tend à dire que la grande majorité des thèses ou formations qualifiantes en BAP C sont validées à l'aide des publications faites sur le travail effectué au sein du laboratoire, à l'exception des mécaniciens pour qui cela semble être une très petite minorité. Par ailleurs, cette communauté se sent étriquée au milieu des informaticiens et des électroniciens; voire même comme l électronicien peut être perçu comme "l informaticien de service", le mécanicien peut quant à lui être perçu comme le "déménageur" du laboratoire. Enfin, ce métier recrute parmi des jeunes dont l orientation est stigmatisée et subie, c'est donc dès le début qu'il faut leur donner le goût du métier et tenter de transformer cette image qu'a la mécanique.

6 Ont participés à ce travail : P. Baroni, LLB, Saclay C. Girard, LAPP, Annecy A. Bonnevaux, IPN, Lyon C. Lemoine, IPN, Lyon D. Bouchon, IEF, Orsay C. Mornet, SCA, Solaise L. Capoani, CRAL, Lyon F. Piaud, Délégation CNRS, Villeurbanne M. Deleglise, SERAS, Grenoble JP. Roux SERAS, Grenoble JP. Dubois, Observatoire de Lyon, Lyon

7 CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 3, RUE MICHEL-ANGE PARIS CEDEX 16 TÉL TÉLÉCOPIE Service de l imprimé de la délégation Paris Michel-Ange, Bruno Roulet. Janvier 2002