NOTE TECHNIQUE. PJ. : Lettre ASN CODEP-CAE du 11 avril 2012 faisant suite à l inspection du 6 avril 2012

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1 Paris, le 11 avril 2012 NOTE TECHNIQUE Objet : Réacteurs électronucléaires - EDF Centrale nucléaire de Penly Réacteur n 2 Incident du 05 avril 2012 PJ. : Lettre ASN CODEP-CAE du 11 avril 2012 faisant suite à l inspection du 6 avril 2012 Le 5 avril 2012, un événement significatif pour la sûreté s est produit sur le réacteur n 2 de la centrale nucléaire de Penly. La présente note a pour objet de récapituler le déroulement de cet événement, d indiquer les premières conclusions de l'inspection menée par l ASN le lendemain et de présenter les premiers points à clarifier à la suite de cet événement. A. Récapitulatif de l événement Le 5 avril 2012, le réacteur n 2 de la centrale nucléaire de Penly a été mis à l arrêt, conformément aux procédures incidentelles existantes, à la suite d une défaillance d une des quatre pompes du circuit primaire ayant entrainé un arrêt automatique du réacteur. Les pompes primaires sont situées dans le bâtiment réacteur et leur rôle est d'assurer la circulation de l'eau dans le circuit primaire et donc de refroidir le cœur du réacteur. Ces pompes primaires sont constituées d un moteur électrique dont la lubrification est assurée par un circuit d huile. Ce moteur entraîne un arbre et une roue, laquelle met en mouvement l eau du circuit primaire. L étanchéité entre, d une part, la roue et l arbre de la pompe et, d autre part, le moteur est assurée par un système de trois joints successifs, au niveau desquels de l eau sous haute pression est injectée afin d'éviter toute fuite d'eau du circuit primaire (cf. schéma en annexe). Un système dédié à la collecte de l eau au niveau des joints équipe les pompes primaires. Ces joints sont conçus pour fonctionner dans des conditions de température plus basses que celles de l eau du circuit primaire, lorsque le réacteur est en fonctionnement. La protection thermique de ces joints est assurée par deux systèmes redondants : l injection d eau froide à haute pression et un dispositif de refroidissement, appelé «barrière thermique», dont le rôle essentiel est de refroidir l eau remontant vers les joints en cas de perte de l injection d eau froide à haute pression. Le 5 avril 2012 vers 12 heures, une température anormalement élevée au niveau d une pompe primaire a provoqué son arrêt, qui a lui-même entraîné l arrêt automatique du réacteur. En outre, des alarmes incendie se sont déclenchées dans les locaux où se situe la pompe primaire concernée. L origine présumée de ces événements est une défaillance du circuit d huile de la pompe.

2 Vers 14 heures, deux départs de feu au niveau de la pompe primaire ont été éteints par les équipes d intervention en cas d incendie d EDF appuyées par les sapeurs-pompiers de Seine-Maritime. En raison de la présence de fumées persistantes à proximité de la pompe primaire, le plan d urgence interne en cas d incendie non maitrisé dans le bâtiment réacteur a été déclenché par EDF. Vers 18h00, EDF a constaté un débit d eau anormalement élevé sur le premier joint de la pompe primaire, puis l indisponibilité de la barrière thermique. Le fonctionnement du joint n 2, conçu pour pallier si nécessaire la défaillance du joint n 1, a permis d assurer l étanchéité de la pompe et du circuit primaire ; l eau est restée collectée normalement par le circuit prévu à cet effet. Ce débit anormal a conduit EDF, conformément aux procédures incidentelles existantes, à faire baisser la pression et la température de l eau du circuit primaire et conduire le réacteur vers un état d arrêt sûr. Cet état d arrêt a été atteint le 6 avril à 04h40. Le plan d urgence interne en cas d incendie déclenché le 5 avril a été levé le 6 avril à 5h15 à la suite de la confirmation de l absence de feu. Cet incident survenu sur la pompe n a entraîné aucun rejet, l eau étant restée en permanence collectée par le circuit prévu à cet effet. Il n a donc pas eu de conséquence sur l environnement. L ASN a provisoirement classé cet événement au niveau 1 sur l échelle échelle internationale de gravité des incidents ou accidents nucléaires INES (International Nuclear Event Scale). B. Actions de contrôle et d information engagées par l ASN Dès 12h30 le 5 avril, la division de Caen de l ASN a suivi l évolution de la situation pour procéder à son analyse et en rendre compte. L ASN a ensuite mobilisé ses équipes dans son centre d urgence parisien, à partir de 19h00 le 5 avril, après l information transmise par EDF concernant le débit de fuite anormal sur la pompe primaire. Elle a demandé à l IRSN de mobiliser ses propres équipes en appui. Au plan local, la division de Caen a tenu des points téléphoniques réguliers avec les services de la Préfecture de la zone de défense Ouest située à Rennes, la Préfecture de Seine-Maritime (notamment le Directeur de Cabinet et le SIRACED-PC), la DREAL de Basse-Normandie et la Commission Locale d Information de Paluel-Penly. Au niveau national, l ASN a établi des contacts téléphoniques avec les cabinets de la présidence de la République, du Premier Ministre et du Ministre chargé de l industrie et a diffusé ses communiqués de presse aux organes gouvernementaux et administrations concernés (cabinets PR, PM, Industrie, Santé-Travail ; la DGPR, la DGEC, la DGS, la DGT, le CMVOA, le SGDSN). Le HCTISN 1 a également été systématiquement destinataire des communiqués de presse de l ASN. Au plan international, l ASN, en tant qu Autorité compétente au titre de la convention internationale sur la notification de 1986 et au titre de la décision du Conseil des Communautés européennes de 1987, a informé l AIEA, la Commission européenne (réseau ECURIE), ses homologues étrangers (pays frontaliers notamment), dans l après midi du 5 avril, par messagerie électronique et téléphone. 1 Haut Comité pour la Transparence et l Information sur la Sécurité Nucléaire 2 /3

3 L ensemble des communiqués de l ASN, en français et anglais, ont également été transmis à ces mêmes correspondants, ainsi qu aux réseaux WENRA 2, HERCA 3 et INRA 4. L ASN a répondu aux questions posées par ses homologues étrangères (Belgique, Norvège, Espagne notamment). Les correspondants à l international des autorités françaises concernées (SGAE, RPUE, mission permanente auprès de l AIEA, MAEE, IRSN, MEDDTL ) ont été aussi informés de l évolution de la situation et des démarches effectuées s agissant des réseaux internationaux de l ASN. L ASN a communiqué le classement provisoire de l événement sur l échelle INES via le site USIE de l AIEA. * L ASN a réalisé une inspection le vendredi 6 avril sur le site de Penly pour analyser les causes de l incident. Les conclusions de cette inspection, en pièce jointe, sont également consultables sur le site de l ASN Cette inspection n a pas mis en évidence de non conformité et a permis de constater que la stratégie d EDF pour la gestion de l incident, élaborée avec l appui de ses services nationaux, et les procédures appliquées en conséquence ont été respectées par les équipes de conduite pour amener le réacteur dans un état sûr. Cette inspection conforte également, à ce stade, l hypothèse que la cause des évènements résiderait dans une perte importante d huile du système de lubrification du moteur électrique de la pompe primaire n 1. A la demande de l ASN et en application de l arrêté du 10 novembre , EDF devra transmettre à l ASN, préalablement à tout redémarrage du réacteur n 2, les résultats de l expertise de la pompe primaire et ses conclusions sur l origine de l événement, en particulier en ce qui concerne la perte d huile, les systèmes d injection d eau sous pression de la pompe primaire affectée et la barrière thermique. En outre, EDF devra remettre en état, avant le redémarrage, la pompe primaire dégradée. Ces éléments seront analysés par l ASN et son appui technique l IRSN en préalable au redémarrage du réacteur. En fonction des résultats des investigations engagées, l ASN pourrait être amenée à revoir le niveau de classement et à demander des actions correctives sur d autres réacteurs du parc EDF pour prévenir la reproduction d un événement similaire. 2 Western European Nuclear Regulators Association 3 Heads of the European Radiological protection Competent Authorities 4 International Nuclear Regulators Association 5 Arrêté du 10 novembre1999 relatif à l exploitation des circuits primaires et secondaires des réacteurs nucléaires à eau sous pression 3 /3

4 ANNEXE : SCHEMA D UNE POMPE PRIMAIRE Moteur Réservoir d huile Circuit de collecte des fuites aux joints Joints Pompe 4 /3

5 REA Moteur mouillage Joint 3 env. 7 l/h env. 600 l/h RPE RCV Barrière thermique RRI FJ2 FJ1 Dispositif d étanchéité dynamique basse température J3 : bar J2 : bar J1 : bar Injection eau froide 1/3Q 2/3Q RRI RCV 155 bar 290 C Schéma de principe de l injection aux joints d une pompe primaire 5 /3