50 ans du GEMA 1 er juillet 2014 Allocution de Gérard Andreck, Président du GEMA de 2008 à 2014 seul le prononcé fait foi

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1 50 ans du GEMA 1 er juillet 2014 Allocution de Gérard Andreck, Président du GEMA de 2008 à 2014 seul le prononcé fait foi Monsieur le Ministre des Finances et des Comptes publics, Monsieur le Ministre de l Economie, du Redressement productif et du Numérique, Madame la Secrétaire d État chargée du Commerce, de l Artisanat, de la Consommation et de l Économie sociale et solidaire ; Chers amis mutualistes ; Chers invités, bonsoir à toutes et à tous Bienvenue dans ce lieu magnifique qui rend à la fois hommage à l histoire mais qui est aussi tourné vers l avenir : il valorise tout autant notre patrimoine architectural que les innovations futures dans ce domaine. En cela, ce lieu est en parfaite résonance avec la célébration de notre 50e anniversaire : ne pas se contenter d évoquer l histoire mais plutôt se tourner vers demain. Nous avons souhaité faire de ce moment passé ensemble une parenthèse conviviale dans nos emplois du temps chargés. Nous vous inviterons notamment à jouer sur les tables tactiles disséminées dans la galerie : vous testerez ainsi vos connaissances en histoire. Surtout : n hésitez pas : plus vous serez nombreux à participer (et à répondre juste!), plus la donation que nous ferons en faveur du Secours populaire français sera importante. Vous pourrez également visiter la Cité de manière privilégiée (des conférenciers sont à votre disposition devant les œuvres majeures). Cette soirée est la vôtre ; elle est placée sous le signe du partage. Et avant toute chose, je veux vous dire que votre présence nombreuse nous honore. En venant célébrer le cinquantenaire du GEMA, vous témoignez de l importance que vous accordez à notre Groupement. Soyez-en remerciés chaleureusement. Ce soir, je vous accueille avec réelle émotion pour au moins deux raisons. - Nous fêtons les 50 ans de notre Syndicat professionnel. - Et, sur un plan plus personnel, le tandem que nous formons (depuis 6 ans avec Jean-Luc de Boissieu) passe le témoin à une nouvelle génération. Pascal Demurger accède à la Présidence et Arnaud Chneiweiss au Secrétariat général (j y reviendrai). 50 ans! Quel chemin parcouru par ces "mutuelles sauvages", comme certains les qualifiaient dans les années 60, parce ce qu'elles ne se conformaient pas aux règles et comportements des acteurs dominants de l'époque. Nos mutuelles furent considérées comme des francs-tireurs, obsédées qu elles étaient par le service rendu aux sociétaires. Par le meilleur rapport qualité/prix. 1

2 Il faut croire que les Français se sont reconnus en elles. Aujourd hui, les mutuelles du GEMA rassemblent 25 millions de sociétaires (soit un contrat sur deux en assurance Dommages pour les particuliers). Ce n est pas un hasard : c est surtout un fait social que je n oublie jamais de rappeler : en régulant le marché par le bas (j entends les tarifs, mais pas du low cost), nos mutuelles ont mis l assurance à la portée du plus grand nombre. Les anniversaires étant l occasion de revisiter le passé, souvenons-nous que dans les années 60, elles ont pénétré le marché avec (pour certaines) des tarifs jusqu à 30 % plus bas que les assureurs traditionnels. Pourquoi une telle performance perdure-t-elle? Parce que le modèle mutualiste demeure profondément moderne. D'abord l'économie sociale privilégie le temps long. Et c'est une grande force pour exercer le métier d'assureur, où la sinistralité d'une année n'a pas forcément grand sens (les catastrophes naturelles représentent par exemple des éléments fortement perturbateurs).. Nous ne sommes pas cotés en bourse.. Nous ne sommes pas soumis au jugement permanent des analystes financiers ou agences de notation..nous ne sommes pas dans la "dictature des urgences" ; cela nous donne une certaine sérénité pour exercer notre métier. Autre force de notre modèle : nous plaçons le sociétaire au centre de la réflexion (au cœur de nos préoccupations). Nous n'avons pas à arbitrer entre les attentes de qualité de service des clients et les espoirs de rémunération des actionnaires. Chez les mutualistes, le sociétaire est à la fois le client et l'actionnaire ; il est à la fois l assureur et l assuré et c est bien ce qui fait notre différence fondamentale. Le fait de placer le sociétaire au centre de la réflexion répond du coup à bon nombre de questions que les régulateurs se posent régulièrement : la problématique du devoir de conseil est naturelle chez les mutualistes qui, en général, privilégient des produits complets et au meilleur rapport qualité/prix. Il leur est naturel aussi d'associer les sociétaires à la vie de l'entreprise. La "démocratie mutualiste" - un homme = une voix (quel que soit le nombre de contrats détenus) est une 2

3 dimension essentielle de nos mutuelles. Nous l avons rappelé dans le cadre de la loi sur l ESS lorsque nous revendiquions une gouvernance «faite par et pour les sociétaires». Nos adhérents, comme le dit fort bien Jean-Luc de Boissieu, sont ainsi «au commencement et à la fin de l entreprise». Cette volonté de proximité avec le sociétariat se traduit par le fait que tous les emplois des mutuelles du GEMA sont en France. Personne (à ma connaissance) n accueille les sociétaires français via des plateformes téléphoniques à l étranger ou ne sous-traite l'informatique sur un autre continent. Ce ne serait pas compris par nos Conseils d'administration. Avant que les concepts n'arrivent, les mutuelles ont toujours fait de la RSE ou du développement durable sans le savoir : fonds de solidarité pour les sociétaires en détresse, actions de prévention multiples (en Automobile mais aussi au cours de la vie privée, au domicile, en mer ) ; actions citoyennes (embauches de jeunes issus de milieux défavorisés et, plus généralement, actions en faveur de la diversité des personnes) ; mécénats culturels ou sportifs chaque Mutuelle développe ses propres actions. Chaque mutuelle agit de manière volontariste pour prendre sa part à la vie de la cité. Elles le font individuellement mais collectivement aussi : je n oublierai pas de citer GEMA Prévention et GEMA Handicap. Sommes-nous pour autant au cœur d un univers parfait? Ce n est pas le cas et c est aussi le revers des spécificités auxquelles nous sommes fortement attachés. Comme nous ne pouvons pas émettre d'actions pour renforcer nos fonds propres en cas de besoin, nous devons impérativement être profitables. Pour nous, la seule manière de constituer des fonds propres, c'est de réaliser des excédents au fil des ans. Certes, nous pouvons émettre de la dette à long terme (TSDI), emprunter auprès des banques ou désormais émettre des "certificats mutualistes" (loi Hamon). Mais, fondamentalement, le modèle mutualiste oblige à être prudent. D'ailleurs, aucune mutuelle du GEMA n'a eu de difficulté à traverser la pire crise économique et financière que nous ayons connue depuis la Seconde guerre mondiale. Si certains traditionnels sont tombés, je veux surtout souligner que nos petites mutuelles sont toujours là. C'est la preuve (une fois encore) que notre gestion des entreprises est saine et nos placements financiers prudents. 3

4 Quelle menace craignons-nous? Celle de perdre cette "différence mutualiste", celle de nous banaliser. Notre force, c'est le lien réel avec le sociétaire, son sentiment qu'il est traité différemment chez nous. C'est particulièrement vrai dans les mutuelles "affinitaires", mais cela doit l'être partout. Il faut continuer à faire vivre la "démocratie mutualiste" et renouveler sans cesse la manière d'entretenir ce lien avec le sociétariat. À ce stade de mon propos (alors que nous avons le grand honneur et la chance de compter parmi nous trois ministres de la République Monsieur Michel Sapin et Monsieur Arnaud Montebourg et Madame la Secrétaire d état en charge de l économie sociale et solidaire, Madame Carole Delga, j en appelle à l attention des pouvoirs publics (Gouvernement, Parlement, Autorité de contrôle) pour qu ils ne versent pas dans la standardisation extrême : la gouvernance, les produits d'assurance, les procédures... Face à la véritable "avalanche réglementaire" intervenue ces derniers temps, c est avec insistance que nous leur disons : «laissez-nous exprimer notre différence mutualiste»! Le débat actuel sur les dirigeants effectifs en est un bon exemple. Pourquoi retirer au Président du Conseil d'administration (avec sa légitimité politique) cette liberté d'être l'un des dirigeants effectif de la mutuelle? Laissez-nous au moins le choix, qui est un acte responsable. On nous dira que "c'est la faute de l'europe". Cet argument (tout à fait sans fondement) a pour effet dommageable de miner le sentiment européen. Alors que (nous le savons bien) cette volonté de chercher à aller toujours plus loin est le fait du régulateur français qui doit donc mieux doser ses analyses. Cet excès de réglementation provoque une incompréhension de nos adhérents. À l heure où nos entreprises ont besoin d un "choc de simplification", il nous apparaît primordial que les pouvoirs publics ne se laissent pas influencer par l idée que seuls l'état ou les Autorités de contrôle peuvent être les défenseurs de nos assurés. Les 25 millions (qui nous ont choisis et qui nous sont fidèles) témoignent de la relation de confiance que nous entretenons avec eux. 4

5 J évoquais à l instant l Europe. Je suis un européen convaincu et la MACIF que je présidais (il y a encore huit jours) a passé un accord avec «Notre Europe»-Institut Jacques DELORS- pour éduquer, informer les dirigeants et les militants mutualistes. Et il y a beaucoup à faire. Car quel est le jugement de la majorité de nos adhérents? Cette Europe est l Europe de la Finance, des grandes entreprises. Elle complexifie notre réglementation et ne s occupe en rien de notre quotidien. Alors n ajoutez pas une couche supplémentaire à cette défiance. Après ces quelques réflexions (sans lesquelles je n aurais pas eu le sentiment du devoir accompli au moment de passer le témoin à la nouvelle équipe), je veux dire quelques mots à leur attention. Je fais toute confiance à Pascal Demurger et Arnaud Chneiweiss pour porter haut nos valeurs et défendre notre modèle d'entreprise mutualiste, si pertinent et si moderne. Je leur fais toute confiance pour renforcer cette forme d économie, parfaitement inscrite dans le marché, attendue par nos concitoyens pour ses fondements démocratiques, participatifs, responsables, plus justes et plus solidaires. J en arrive maintenant au terme de mon propos. Je veux vous dire que ce fut un très grand honneur et une très grande fierté pour moi d avoir présidé le GEMA durant 6 ans. Ce fut aussi une expérience riche, passionnante et passionnée. Extrêmement engageante, marquée de péripéties et de temps forts. Je pense à toutes nos tentatives, à toutes nos actions militantes pour prendre notre juste part dans le débat public. Je pense aussi au travail constructif et utile réalisé avec les autres familles du monde de l assurance. D'abord avec nos "cousins" mutualistes de la FNMF bien sûr. Nous avons avec vous, cher Etienne Caniard une qualité de relation et une proximité exceptionnelle. Nombre d'actions en commun ont été menées : - en Europe pour plaider que les mutuelles soient reconnues par un Statut européen explicite ; - en France pour rappeler que les contrats responsables méritent une fiscalité plus favorable. Ensuite, avec l autre famille Ensuite avec "l'autre famille", celle de la FFSA. J'ai tenté d'approfondir le travail en commun dans le cadre de l'afa chaque fois que les sujets le justifiaient sur le plan technique, (Bernard Spitz peut en témoigner). Nous sommes différents 5

6 des autres assureurs, nous ne partageons pas toujours la même philosophie, mais quand les intérêts de nos sociétaires rejoignent ceux de leurs clients, il faut savoir être intelligent et travailler ensemble. Je veux dire aussi toute ma gratitude, tous mes sincères remerciements aux membres de la Commission exécutive. Merci à tous de votre confiance, de votre soutien. Merci aussi à toute l équipe du GEMA pour sa gentillesse et son efficacité, malgré son petit nombre. Merci enfin à Jean-Luc de Boissieu sans lequel rien n aurait été pareil. J en ai maintenant terminé. Le rideau tombe sur cette période enrichissante mais quel bonheur que de le tirer entouré de tous ses amis. Je vous remercie de votre attention et cède la parole au nouveau Président du GEMA : Pascal Demurger. 6