PROJET PEDAGOGIQUE. CEFEDEM Bretagne-Pays de la Loire. Prénom : Bérengère Promotion Diplôme d Etat Session juin Professeur de Musique

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1 CEFEDEM Bretagne-Pays de la Loire PROJET PEDAGOGIQUE Nom : Fleury Formation Initiale Prénom : Bérengère Promotion Diplôme d Etat Session juin 2011 Professeur de Musique Spécialité : violon 1

2 SOMMAIRE : Introduction p3 I- Ouverture au public p5 Orchestre à l école Manifestations variées p5 p7 II- Ma place et mon rôle dans l établissement p8 Relation avec la direction et l administration Relation avec l équipe pédagogique Relation avec le département cordes p8 p8 p9 III- Processus d enseignement p10 Parcours personnalisé Autonomie Place des parents, de l élève et du professeur Nouvelles Technologies Pratique collective Evaluation Conclusion Annexe : Objectifs par cycle Bibliographie p10 p12 p13 p15 p16 p17 p19 p20 p23 2

3 Introduction : Les missions et fonctions de l enseignant sont définies dans la Charte de l enseignement artistique spécialisé. Sa première mission est d enseigner à l élève une pratique instrumentale variée afin qu il acquière une culture musicale la plus vaste possible. L école de musique a avant tout des fonctions pédagogiques et éducatives. Elle est bien sûr le lieu privilégié d enseignements spécialisés de la musique instrumentale et vocale, voire de disciplines connexes. La pratique musicale développe chez l élève toutes sortes de notions utiles dans d autres domaines des apprentissages cognitifs et sociaux comme la concentration, l effort, la mémorisation, l organisation et la dynamique groupales. C est un lieu de rencontres, d interactions entre les élèves, les professeurs, les parents d élèves Je suis très attachée à ce que l apprentissage de la musique s accompagne de cette valeur éducative sociale. Je constate que la pratique de disciplines artistiques reste réservée à peu de monde, soit pour des questions financières, soit pour des raisons de méconnaissance ou d a priori (les habitants d une ville ne connaissent pas toujours l emplacement de l école de musique, se font souvent de fausses idéesreprésentation élitiste- sur ce qui s y passe). C est pourquoi il est important de faire découvrir la musique, à des publics qui n ont pas l idée de franchir les portes de l établissement, par préjugé, absence de tradition familiale ou faiblesses des ressources. Sans renoncer à des objectifs de formation techniques ou esthétiques plus aboutis, c est l axe pédagogique prioritaire de l enseignement que je compte mettre en œuvre. J illustre ces propos avec une expérience concrète : «un orchestre à l école» et ce qu on peut mettre en œuvre pour faire connaître une école de musique. 3

4 Je parle aussi de la place que j occupe au sein de l établissement, des relations avec les personnes qui y travaillent et du processus d enseignement du violon, dans lequel je développe différents axes comme le parcours personnalisé, l autonomie, la place des parents, de l élève et du professeur, les nouvelles technologies, les pratiques collectives et l évaluation. L élaboration de ce projet pédagogique me permet, à ce jour, de faire le point sur ma réflexion, qui continuera d évoluer durant ma carrière. 4

5 I- Ouverture au public : Orchestre à l école L école de musique perd de plus en plus sa réputation de lieu inaccessible et d enseignement élitiste. Beaucoup d actions sont menées pour favoriser l accession à l enseignement artistique. Les politiques tarifaires sont revues à la baisse, des portes ouvertes sont organisées pour amener le public à découvrir la vie d une école de musique, les professeurs se mettent à la disposition des personnes qui souhaitent essayer un instrument, ils se déplacent dans les écoles primaires pour sensibiliser les enfants à la musique Mais toutes ces actions restent ponctuelles et n ont pas toujours l effet escompté. Travaillant depuis quatre ans à l Ecole de Musiques et de Danse du Penthièvre à Lamballe, je commence à bien connaître la vie culturelle de la ville. Une programmation assez importante existe pour la salle de spectacle, l école de musique organise aussi de nombreuses prestations dans l année. Une forte vie associative est présente aussi dans le domaine artistique. De plus l école de musique est entourée d établissements scolaires. Mais on peut aussi constater que bien des enfants ne connaissent pas l existence de l école de musique ni ce qu on peut y faire. C est pourquoi, pour toucher directement le public, j ai proposé à l école de musique où j enseigne, d ouvrir «un orchestre à l école» pour cordes. Ce qui me semble important à noter, c est que ce sont les professeurs qui se déplacent et amènent ainsi à l intérieur de l établissement scolaire une nouvelle activité dont toute l école peut profiter même si l orchestre n est attaché qu à une classe. Le principe est d offrir la possibilité à des élèves de niveau CE2 dans une école primaire (32 enfants) d apprendre un instrument au choix, entre le violon et le violoncelle, sur le temps scolaire à raison de deux heures par semaine pendant un an. Pour des raisons financières, nous n avons pas pu obtenir un nombre suffisant d instrument. J ai alors suggéré l idée d y intégrer des ateliers de percussions et de danse, sensibilisée à l interaction de ces pratiques durant ma 5

6 formation au CEFEDEM. Les professeurs de danse, percussions, violoncelle et violon se sont donc réunis et associés. Un des objectifs de cet apprentissage est de mettre les enfants en situation de création, avec à terme, une création musicale et chorégraphique des enfants, qui se produiront sur scène fin mai. L apprentissage de ces pratiques artistiques prend la forme suivante : -quatre séances sont réservées à la découverte des instruments et des ateliers pour laisser aux enfants le choix de l instrument à cordes qu ils désirent approfondir. -les séances suivantes peuvent s organiser de deux manières différentes : soit les élèves sont divisés en deux groupes et suivent la première heure un atelier de percussion-danse et la deuxième heure un atelier corde pour effectuer un travail en semi-collectif et approfondir certaines notions ; soit nous les réunissons pour leur proposer un travail collectif où les trois activités artistiques (danse, percussions et instrument à cordes) s entremêlent pour ne former qu un tout. Ce type d enseignement a peut-être des limites. Je suppose que certains aspects techniques ne peuvent pas être autant détaillés et approfondis qu en cours individuel, qu il faut pouvoir gérer l évolution de chacun sans freiner la progression collective Il faut aussi se poser la question de l après classe orchestre. Que deviennent les élèves lorsqu ils ont terminé cette année? Sensibilisés et gratifiés auront-ils envie de continuer? Vont-ils s inscrire à l école de musique? Le but n est pas de les «récupérer» à l école de musique mais bien de les sensibiliser à une pratique artistique. Tout au long de l année, nous leur avons proposé de participer à d autres projets qui leur ont permis de se produire avec les enfants de l école de musique à Noël, de participer à un stage de percussions, de jouer avec l autre classe orchestre «cuivres». Ils ont ainsi rencontré d autres enfants qui font de la musique, assisté à des concerts, une nouveauté pour la plupart. Leurs parents aussi ont suivi toutes ces initiatives. La découverte a été aussi importante pour eux. 6

7 Certes, ce projet soulève beaucoup d interrogations mais son intérêt principal, je pense, est qu il s adresse à des enfants qui n auraient pas eu l envie ou l idée de pratiquer un instrument, qu il développe des qualités musicales en friche mais aussi des compétences sociales comme le savoir-vivre ensemble, le partage, l engagement, l écoute de l autre, la concentration, la stabilité. La pluralité des pratiques artistiques ouvre plus largement l éventail des choix à venir pour les enfants. Manifestations variées Faire connaître l école de musique et l ouvrir à des publics inhabituels peut s effectuer de différentes manières. La programmation d une école de musique est un moyen de communiquer avec l extérieur. Il est donc important pour moi de proposer des prestations diversifiées pour toucher un maximum de gens. Les auditions de classes ne permettent pas de faire rayonner l école. Cela intéresse les parents qui viennent écouter leur enfant mais l impact reste restreint. Alors que des projets interdisciplinaires ou articulés autour d un thème précis, en veillant à varier les styles de musique peuvent amener le public à venir dans l école. Les journées portes ouvertes, appelées différemment selon l école, sont un moment important pour faire connaître l école. Cela rencontre souvent un vif succès. On peut proposer ainsi aux enfants, et aux parents qui témoignent de leur curiosité, d essayer tous les instruments représentés à l école. Mais cela peut devenir très vite une sorte de supermarché où finalement les gens iraient vers ce qu ils connaissent. C est pourquoi, il serait intéressant de le jumeler avec des petits concerts qui ponctueraient cette journée, où des élèves et des professeurs pourraient faire une courte prestation et ainsi faire découvrir leurs instruments sous un angle peut-être nouveau. 7

8 Nous devons rester attentifs à ce que l école reste un lieu ouvert et accessible à un large public afin d attirer des personnes qui n auraient pas osé franchir les portes de ce lieu culturel. II- Ma place et mon rôle dans l établissement : Relation avec la direction et l administration Mon identité de professeur de violon ne s arrête pas à la porte de la classe où je donne cours. Les échanges et les relations que j entretiens avec la direction et l administration sont primordiaux. Je suis donc attachée à dialoguer le plus souvent possible avec leurs représentants. Cela a des répercussions positives sur la vie de la classe de violon car je suis souvent amenée à avoir des contacts pour gérer l emploi du temps, le matériel ou les salles, proposer un projet, participer à celui d un collègue Les contacts sont peut-être moins fréquents mais je rencontre aussi parfois les élus, qui se déplacent à des concerts ou à d autres manifestations. Il est important d entretenir ces relations qui font partie de mes fonctions d enseignant. Relation avec l équipe pédagogique La vie d une école et son ambiance agréable est souvent liée à la bonne entente entre collègues et au travail efficace produit par l équipe pédagogique. J attache de l importance à créer des liens, et les entretenir, avec d autres professeurs et classes de l école, pour moi en tant que personne et professeur, mais aussi pour mes élèves et ma classe. Certes, il est intéressant d avoir une vie de classe, que les élèves violonistes se côtoient, jouent ensemble mais il est aussi enrichissant de s ouvrir aux autres disciplines de l école, aussi variées soient elles. Je suis aussi attentive à maintenir un rapport étroit avec les professeurs de Formation Musicale. Cette discipline garde encore, aux yeux des élèves, l image d une matière à part. Je pense que c est mon rôle de montrer l importance des 8

9 liens qui unissent la Formation musicale et leur apprentissage d une pratique instrumentale. Relation avec le département cordes J entretiens une relation privilégiée avec mes collègues professeurs de cordes. Nous avons peut-être plus d occasions de nous retrouver car de nombreuses activités sont organisées par famille d instruments comme les évaluations ou les pratiques collectives. J ai par exemple cette année travaillé toutes les semaines avec ma collègue violoncelliste pour le projet de classe orchestre. Nous aurions pu différencier nos ateliers mais avons choisi d accueillir ensemble les violonistes et violoncellistes. Cela est très enrichissant tout d abord pour nous, qui voyons des manières de travailler différentes et qui nous nous enrichissons de travailler à deux. Mais aussi pour les enfants qui tout en apprenant un instrument et ses particularités, prennent conscience des ressemblances et différences avec un autre instrument de la même famille. Une école de musique vit grâce à différents acteurs. Tous ont un rôle important à jouer et je reste attentive à entretenir de bonnes relations avec chacun, au bénéfice final des élèves. 9

10 III- Processus d enseignement : Parcours personnalisé Ma préoccupation première est de m adapter à chaque élève rencontré, en fonction de son âge et de ses attentes. Je m attache à savoir ce qui a incité, déterminé voire poussé l enfant ou l adulte à s inscrire en école de musique, et plus spécifiquement, dans la classe de violon. L apprentissage du violon est un savant mélange consistant à acquérir et utiliser des notions techniques dont les prémices peuvent être vécu péniblement, tout en suscitant, au plus tôt, le plaisir d usage d un instrument sonore, étranger puis partenaire significatif, jusqu à conférer un nom (le violoniste) à celui qui le pratique. La manière dont on débute est, pour moi, capitale. C est pourquoi j attache beaucoup de prix dès le début à ce que mes élèves aient une posture relative à leur anatomie et physique, qui n entraîne pas de crispations, cause possible d une douleur, voire d une désaffection durable de l instrument. Chacun d entre eux doit trouver la manière dont il se sent le plus à l aise avec son instrument, tout en tenant compte de certains standards «académiques». Cela permet d être plus libre pour la suite de l apprentissage. Je n applique pas une méthode unique valable pour tous mes élèves car chacun d entre eux réagit différemment. En gardant à l esprit les acquis souhaitables pour chaque niveau, je m adapte à leur progression individuelle. Les différences peuvent être importantes entre deux enfants qui débutent, encore plus entre un enfant et un adulte quant à la relation à l instrument, le temps dont l élève dispose pour le travailler, ses facilités auditives, visuelles ou kinesthésiques Il faut donc envisager un cours singulier pour chacun qui prenne en compte ses aptitudes mais aussi son projet personnel. Nous pouvons être amenés, en tant qu enseignant, à accueillir des élèves différents ou handicapés. Nous n avons pas de formation spécialisée à ce sujet mais avons le devoir de rendre accessible l enseignement artistique à ces 10

11 personnes. Je m intéresse actuellement, en écrivant un mémoire sur les autistes et leur rapport à la musique, à la manière dont un autiste pourrait s intégrer à la vie d une école de musique non pas comme handicapé déficitaire mais bien comme détenteur de capacités originales qui lui permettent d aborder la musique sous un angle inhabituel, possible source d enrichissement pour les autres. Les projets des élèves et les raisons qui les ont amenés à s inscrire en école de musique sont extrêmement variés et évoluent avec le temps et leur progression. Certains enfants commencent le violon parce qu un membre de leur famille en joue ou un camarade de classe. D autres arrivent avec l envie de jouer un répertoire précis, ou cet instrument dans une formation instrumentale. Il faut aussi dire que quelques élèves, jeunes en général, n ont pas d idée précise qui motive leur choix instrumental. C est alors mon rôle de les accompagner et de trouver avec eux les motivations qui vont les stimuler pendant leur parcours. Bien que chaque élève ait un projet personnel, certains points sont communs à tous. J essaie ainsi de leur montrer rapidement un éventail des possibilités de leur instrument en abordant des genres très variés comme la musique traditionnelle, la musique classique, le jazz et la musique contemporaine. Je les incite à assister à des cours d élèves de niveaux différents pour qu ils aient un aperçu de leurs possibilités futures. Je les pousse à aller le plus souvent possible au concert, élargir et satisfaire leur curiosité d auditeur grâce aux grandes possibilités qu offrent les médias modernes. Tout cela peut être source de motivation. Dès qu ils commencent à maîtriser le langage musical, je les invite à écrire de la musique. Cela leur permet de s approprier toutes sortes de notions théoriques qui, pour peu qu on les mette en œuvre et les expérimente, deviennent plus compréhensibles et rendent plus concret et vivant le lien avec la Formation Musicale. Les différences entre les élèves m obligent, certes, à respecter un déroulement classique des cycles, mais aussi à m adapter et parfois proposer un parcours différent, original, pour que l élève s épanouisse dans sa pratique musicale. 11

12 Je reste très attentive à son projet personnel car il doit constituer le fil conducteur de son apprentissage, véritables guide et référence qui lui permettront de franchir des étapes un peu difficiles. Autonomie La deuxième préoccupation est de rendre autonome l élève pour qu il s épanouisse dans sa pratique musicale. Pour moi, l autonomie doit être recherchée dès le début de l apprentissage du violon. Elle n est bien sûr pas la même en premier cycle qu en deuxième mais constatant que la durée des cours n est qu un temps infime de sa pratique musicale, il est souhaitable que l élève sache gérer lui-même son travail et l organiser. Même si cela nécessite du temps, je laisse l élève expérimenter, tâtonner, procéder par essai et erreur lorsqu il est face à un problème par exemple : cela irait plus vite en lui donnant la solution, mais j ai constaté que fort de cette solution d un autre, l élève ne le résolvait pas lorsqu il le rencontrait de nouveau. Alors que s il est acteur de cette réflexion, il saura quoi faire, comment agir, contourner la difficulté dans une situation ultérieure. L autonomie doit être aussi développée car très vite l élève doit jouer en pratique collective. Or, l attention du professeur n y est plus focalisée sur un élève seul. Le jeune violoniste en premier cycle, doit être capable de prendre la décision d un coup d archet plus naturel ou d un doigté plus facile par exemple. Je demande aussi rapidement à l élève de s accorder seul. Cela s apprend et nécessite du temps, mais je pense que plus il commence tôt, plus son oreille sera habituée. Il est aussi important pour moi que l enfant sache s auto évaluer. Cette démarche contribue à l autonomie de l élève. Je lui demande souvent ce qu il pense de ce qu il vient de jouer, ce qui est positif et à améliorer, et quelles méthodes il va utiliser dans son travail pour progresser sur cette pièce. 12

13 Plus l élève a un niveau élevé plus il devient autonome mais aussi paradoxalement, attentif à la présence des autres, sans pour cela tenter de les imiter «automatiquement». Je demande à un élève de deuxième cycle d être complètement autonome sur l accord de son instrument, de faire des choix réfléchis et motivés sur des doigtés et coups d archets, de proposer une interprétation musicale pour un morceau ou encore de pouvoir travailler seul des pièces sans grandes difficultés techniques. Je crois que notre métier est de s effacer jusqu à devenir «inutile». Nous restons des spécialistes de notre instrument et nous sommes là pour aider et conseiller nos élèves, mais il me semble que notre but est qu un élève de troisième cycle soit capable de faire seul des choix musicaux et de les assumer. Rendre autonome l élève, c est l amener à penser et agir par lui-même. C est un apprentissage qui se développe peu à peu et qui permet à l élève de construire sa pratique musicale à travers ses propres expériences. L enseignant doit relever deux défis, au moins : concilier le projet personnel d un élève avec les objectifs généraux du cycle dans lequel il est inscrit et apprendre à un élève à être autonome, c'est-à-dire à s affranchir de la tutelle d un professeur. Place des parents, de l élève et du professeur Nous connaissons en pédagogie le triangle de Houssaye 1. Je ne vais pas traiter de celui-ci mais d un autre qu il me semble très intéressant de prendre en compte : la place et les relations entre parents, élève et professeur, place et relations dont l analyse critique ne peut pas faire l économie des phénomènes transférentiels, au sens psychanalytique, qui s y jouent mais dont les enseignants de la musique n en sont pas les spécialistes même s ils sont exposés à les 1 Selon de quel point de vue on se place sur les côtés du triangle pédagogique de Jean Houssaye, on peut être dans le processus apprendre, former ou enseigner. 13

14 supporter. Il y a bien des schémas possibles entre lesquels nous en dégageront quatre. Un premier cas de figure est une relation exclusive entre élève et professeur. Le parent est totalement absent car l activité musicale de son enfant ne l intéresse pas ou il n est pas disponible sur les temps de cours. Cette situation peut fonctionner avec des élèves qui sont matures mais avec les plus jeunes il est souhaitable d avoir des relations fréquentes avec les parents. Certains professeurs demandent aux parents d assister aux cours de leur enfant débutant. Je n y suis pas forcément favorable, car il est important que l enfant soit assez vite autonome pour son travail à la maison par exemple et qu il ne compte pas sur son père ou sa mère pour lui dire ce qu il doit faire. De plus certains élèves ont des attitudes très différentes et inopportunes quand leur parent est présent en cours. Par contre, j apprécie de rencontrer les parents régulièrement pour leur faire part de mes impressions, pour qu ils prêtent de l attention à la pratique instrumentale de leur enfant sans être en permanence derrière lui. L élève a besoin d être soutenu, encouragé, valorisé surtout dans les premières années d apprentissage. Il arrive parfois que le parent soit trop présent, jusqu à éclipser son enfant : c est un deuxième cas de figure, plus gênant, car l élève est écarté de la trilogie. Il m est arrivé d être dans cette conjoncture quand un parent devenait envahissant, s imposant à chaque cours, restant discuter, empiétant sur le temps de travail de son enfant. Ce parent me faisait le rapport pédagogique de la semaine, me précisant le contenu et le temps de travail de «son» élève-enfant sans qu il soit possible de distinguer entre l identification narcissique d un parent à son enfant, apprenti musicien, et celle du parent à l enseignant qu il aurait rêvé d être. J y ai vite mis un terme car cela mettait mal à l aise l élève et raccourcissait trop le cours. Troisième cas, plus grave, le professeur est mis de côté et perd son rôle d enseignant. J ai rencontré ce cas de figure et cela m a beaucoup choquée. Le père d une élève, lui-même musicien professionnel, a demandé à assister à son cours mais se permettait de faire des remarques à sa fille sans tenir compte de ma présence ni de mes indications. Il a très mal accepté les commentaires que j ai pu 14

15 lui faire. J ai su par la suite que sa fille ne pouvait pas travailler son violon sans sa présence à ses côtés. C est un cas extrême mais on peut rencontrer ce genre de parents qui sous-entendent mieux savoir que nous. Dernier cas de figure, idéal mais possible, une triangulation où le rapport entre l élève et le professeur est prépondérant sans éclipser la présence ponctuelle des parents. Cela permet de créer un rapport de confiance entre l enfant et l enseignant qui sont seuls en cours, de rendre autonome l élève sur son travail à effectuer à la maison, et de laisser aux parents le rôle de soutien et de critique extérieur, bienveillant L adulte-parent est à considérer comme un sujet complexe, non réduit à ses fonctions et responsabilités parentales. Il est une personne ressource au même titre que le professeur et est acteur du projet éducatif de son enfant. Nouvelles Technologies L emploi des nouvelles technologies dans notre métier d enseignant devient de plus en plus présent. Je découvre tous les jours ses apports et me familiarise peu à peu avec les nombreuses possibilités que cela engendre dans ma pratique. Un des premiers moyens avec lequel je suis habitué est internet. J utilise ce réseau informatique pour communiquer avec mes parents d élèves ; cela me sert aussi à envoyer des références de partitions ou les partitions elles-mêmes lorsqu elles sont libre de droit ou que j ai fait un arrangement. L écriture de partition se fait de plus en plus rarement à la main. Le logiciel finale permet une rapidité certaine dans l écriture (une fois que l on maitrise le logiciel) et surtout une propreté et une lisibilité indiscutable de la partition. Cela simplifie la tâche quand on souhaite composer une pièce ou arranger un morceau. Mais je pense que pour tirer tous les profits de ce procédé il faut en connaître toutes les possibilités. 15

16 Les écoles de musique sont de plus en plus équipées et je peux avoir accès à du matériel utile dans ma pédagogie. C est ainsi que je me sers régulièrement d enregistreur, comme un zoom H4. Je l utilise pour moi mais aussi avec mes élèves. Avec juste un appareil, qui est peu encombrant, j obtiens une qualité d enregistrement très intéressante. Cela permet à l élève de s écouter et d avoir un recul sur son jeu instrumental. De plus, les enfants apprécient cette manière de faire. Les nouvelles générations sont souvent plus à l aise avec ces nouvelles technologies car ils ont grandi avec. Cela fait partie de leur environnement depuis tout petit et ne sont pas étonnés par leur emploi. Les logiciels de traitement et de montage audio comme Audacity sont aussi profitables lorsque l on souhaite approfondir la démarche. Je suis d ailleurs plus apte à m en servir depuis que je l ai utilisé pour réaliser ce projet Nouvelles Technologies. Je me rends tout de même compte que ce logiciel a certaines limites et qu il serait souhaitable d en utiliser d autres pour agrandir mon champ d action. Un de mes souhaits est d améliorer mes connaissances à ce sujet et d élargir ainsi les possibilités qui s offrent à moi et à mes élèves. Pratique collective La vie musicale d un élève est partagée entre plusieurs activités, formation musicale, cours individuel, chorale, orchestre ou toute autre pratique collective. Je travaille dans un conservatoire qui met au centre de son projet d établissement les pratiques collectives car elles sont le lieu et l occasion privilégiés où les élèves se rencontrent, échangent et expérimentent des activités inédites. Pour moi, la pratique collective contribue au développement du musicien, qu il soit débutant ou plus avancé. J attache beaucoup d importance à accompagner mes élèves dans le choix de leur pratique, puis tout au long de l année à suivre leur progression dans celle-ci. 16

17 M intéressant de près aux pratiques collectives, je propose pour l année prochaine une pratique collective pour les cordes en fin de premier cycle. Je me suis aperçue qu on proposait peu de choses aux élèves de ce niveau. J ai ainsi pensé une pratique collective autour de l orchestre à cordes et de la musique de chambre. Les enfants qui s inscrivent à cette pratique doivent suivre au moins deux trimestres d orchestre et un trimestre de musique de chambre. Chaque trimestre d orchestre, un projet est prévu : -premier trimestre, prestation au concert de Noël. -deuxième trimestre, concert en collaboration avec l ensemble à vents premier cycle. Les élèves découvrent ainsi les prémices de l orchestre symphonique. -troisième trimestre : participation des élèves de première et deuxième années cordes. Cela permet d agrandir l effectif de l orchestre et de faire vivre une première expérience d ensemble aux élèves débutants. A côté de cela, les enfants qui le désirent peuvent suivre, pendant un trimestre, un cours de musique de chambre. L expérience est différente de l orchestre et cela enrichit leur pratique musicale en abordant en groupe plus restreint un répertoire différent. Evaluation Différentes formes d évaluation existent : formative (évaluation intégrée à l apprentissage), normative (évaluation qui prend un référent, une norme) ou encore sommative (cette évaluation intervient au terme d un processus d apprentissage). Pour que l évaluation prenne en compte le travail effectué sur l année et pas seulement ce qui a été produit le jour J devant le jury, il me semble souhaitable de mélanger les différentes formes d évaluation ainsi que les dispositifs qui leur sont associés. 17

18 Nous avons mis en place à l école de musique où je travaille un fonctionnement qui allie à la fois l évaluation continue et l évaluation en situation. Les professeurs d instrument, de pratique collective et de formation musicale donnent une appréciation sur l année, voire sur le cycle qui vient de s écouler, en tenant compte des acquis techniques et musicaux mais aussi de la motivation et de l assiduité de l élève. Une deuxième partie de l évaluation se fait en public ; l élève se produit soit en pratique collective, soit en plus petit groupe. Cela permet d apprécier un travail à moyen terme et son implication dans le collectif. Enfin, une rencontre pédagogique est organisée : l élève a cours avec un autre professeur de son instrument qui donne un avis extérieur. C est une situation que l élève connaît car il la vit toutes les semaines. On évite ainsi la table de jury, l épreuve d un jugement qui a été source d anxiété et parfois de «stress» pour nous tous. Les appréciations sont mises en commun, la décision du passage de cycle est prise en conseil pédagogique. Cette forme permet d avoir différents points de vue, dans des situations diverses. 18

19 Conclusion : Ce projet pédagogique sur lequel se fonde actuellement mon enseignement, sera bien sûr amené à évoluer. A partir de cette volonté de développer la sensibilisation à une pratique artistique et de renforcer les liens avec les établissements scolaires je souhaite participer à l accès à la culture et à l élargissement des publics. Un de mes axes prioritaires est de penser le parcours de chaque élève comme particulier. Je place également au centre de ma pédagogie le souhait de rendre autonome l élève dès le début de son apprentissage. En gardant toujours à l esprit ces préoccupations et la notion de plaisir que je souhaite transmettre à mes élèves, je pourrai améliorer mon projet pédagogique. Cela se fera bien sûr en lien avec le projet d établissement de l école où je travaillerai. Il évoluera également grâce aux questionnements et réflexions menées au fil de ma pratique et de ma formation pédagogique. 19

20 ANNEXE : Objectifs par cycle Premier Cycle C'est un cycle de découverte de l'instrument, d'éveil sensoriel, corporel, auditif et musical, et surtout de plaisir. Dans un premier temps, l élève travaille sa position, installe les bases du jeu violonistique, tout en développant sa culture musicale autour de son instrument. Les objectifs sont les suivants : -Découvrir l'histoire du violon. -Trouver sa posture instrumentale : la plus «naturelle» possible, compte tenu de ses particularités, pour éviter les crispations. -Développer son écoute intérieure (reproduire une phrase simple, travail de mémorisation ). -Être capable de s'auto-évaluer (justesse, intonations) et ainsi de progresser. -Jouer en polyphonie, savoir tenir sa partie tout en écoutant les autres, respecter le rythme, la battue, les nuances, jouer d'une façon homogène... -Savoir analyser une partition simple : en dégager le caractère, la forme, le phrasé, en vue d'une meilleure interprétation. -Acquérir une technique instrumentale (les premières positions du manche, les différentes répartitions et vitesses d archet liées aux rythmes ). -Aborder l improvisation et la création. -Jouer en public (gestion du stress, présentation...). 20

21 Deuxième Cycle Ce deuxième cycle est un approfondissement de l acquisition des connaissances des éléments musicaux de base. L enfant commence à maîtriser son instrument et les éléments fondamentaux de la formation musicale. -Sa technique s'intensifie, se précise. -Il découvre de nouvelles formes de jeu et apprend à les maîtriser. -Le répertoire est plus complexe et demande une réflexion plus poussée tant dans l'interprétation que dans la technique. -L improvisation et la création sont développées à travers un certain répertoire. -Ses goûts musicaux s affirment. L élève développe un sens critique envers luimême et par rapport aux autres par le truchement de sa pratique collective. -Dans la même logique, l'élève doit pouvoir enrichir sa prestation instrumentale dans une perspective scénique, et mélangée à d'autres arts éventuellement. Troisième Cycle Ce cycle est un approfondissement de tout ce qui a été évoqué précédemment. Il offre à l'élève la possibilité de jouer aisément tout type de répertoire, dans diverses formations instrumentales. Le troisième cycle fournit tous les outils pour une bonne pratique amateur (ou une solide préparation pour une orientation professionnelle). L élève : -Affermit sa technique instrumentale, et maîtrise les divers modes de jeu. -Approfondit ses connaissances stylistiques à travers un répertoire varié. -Diversifie les pratiques collectives et les prestations publiques. Il s'agit de rendre l'élève le plus autonome possible afin de lui ôter un maximum de contrainte technique, musicale, qui pourrait entraver sa liberté d'instrumentiste. 21

22 Le musicien amateur a acquis les connaissances nécessaires à un épanouissement personnel, à une pratique d ensemble, il peut être autonome face à une partition. Le futur musicien professionnel s oriente donc dans un cycle spécialisé où il devra consolider sa technique, son sens de l interprétation, enrichir sa culture musicale et son esprit analytique. Il doit être à l aise dans les différents répertoires et approfondir ses connaissances de pratiques collectives. 22

23 BIBLIOGRAPHIE Arrêté fixant les critères du classement des établissements d enseignement public de la musique, de la danse et de l art dramatique. Ministère de la culture et de la communication. 15 décembre Charte de l enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre. Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles. Schémas nationaux d orientation pédagogique de l enseignement initial de la musique, de la danse, et de l art dramatique. Ministère de la culture et de la communication. Novembre 2007 Schéma national d orientation pédagogique de l enseignement initial de la musique. Ministère de la culture et de la communication. Avril