2- LA MONNAIE DANS L ECHANGE 2-1 FONCTIONS ET QUALITES DE LA MONNAIE Analyser les effets de la quantité et de la qualité de la monnaie sur les

Dimension: px
Commencer à balayer dès la page:

Download "2- LA MONNAIE DANS L ECHANGE 2-1 FONCTIONS ET QUALITES DE LA MONNAIE Analyser les effets de la quantité et de la qualité de la monnaie sur les"

Transcription

1 2- LA MONNAIE DANS L ECHANGE 2-1 FONCTIONS ET QUALITES DE LA MONNAIE Analyser les effets de la quantité et de la qualité de la monnaie sur les décisions des agents économiques. La monnaie joue un rôle prépondérant dans les économies des P.D.E.M qualifiées à juste titre d économies monétaires. La monnaie est définie comme un actif liquide stricto sensu permettant l échange et au sens large, elle désigne par là-même un ensemble de moyens de paiement plus ou moins liquides dont disposent les agents économiques pour régler leurs transactions. On se demandera en quoi les échanges s effectuent par l intermédiaire d une monnaie qui peut prendre plusieurs formes, remplir plusieurs fonctions et reposer sur un système de confiance et de stabilité. I- FORMES ET FONCTIONS DE LA MONNAIE A- LES FORMES DE LA MONNAIE - divisionnaire ou métallique - fiduciaire, ce sont les billets de banque qui ont un cours légal et forcé. - scripturale qui désigne au sens large les sommes inscrites et jeux d écriture sur les comptes bancaires qui circulent grâce aux chèques, cartes de crédit et virements bancaires. Remarques : - Dans l ancien régime, le roi faisait frapper monnaie, acte symbolique de la puissance nationale. Lorsque l Allemagne a dû renoncer au Deutschmark, véritable monnaie internationale, on peut alors imaginer la réelle volonté d intégration européenne qui animait l Allemagne - Depuis plus d un siècle, et plus récemment sous l effet de la mondialisation et de la diffusion des N.T.I.C, la monnaie se dématérialise à l instar de la monnaie dite «électronique» ou encore avec la dématérialisation récente des livrets d épargne. B- LES FONCTIONS DE LA MONNAIE - Instrument d échange c est à dire un intermédiaire dans les échanges qui facilite les transactions multilatérales portant sur des biens hétérogènes. Mais, il existe aussi des opérations de troc international (pétrole contre denrées alimentaires, pétrole contre centrale nucléaire clés en main). - Etalon de mesure ou unité de compte car, la monnaie va permettre des comparaisons de prix. Toutefois, la présence d impôts indirects dans le prix (TVA- TIPP) ou tout simplement l effet de l inflation provoquent une «distorsion» du prix qui n est pas un prix absolu (issu de la confrontation de l offre et de la demande). Le prix réel ou constant est le prix nominal corrigé de l inflation. Le prix relatif est le prix d un bien correspondant à sa valeur d échange par rapport à un autre bien. - Réserve de valeur car, la monnaie peut être conservée pour des transactions ultérieures et va permettre un transfert de pouvoir d achat dans le temps. En effet, elle autorise l utilisation différée dans le temps de la valeur d échange qu elle représente afin d épargner, c est-à-dire renoncer à une consommation immédiate et opter pour une consommation future. Comme l a écrit Keynes, elle est un «lien entre le présent et l avenir» à condition qu elle ne perde pas de valeur du fait de l inflation, ce qui n est pas le cas de la thésaurisation qui reste toujours forte en France d où l intérêt de placer l épargne. Remarque : L E.C.U, monnaie du S.M.E en 1979 n a jamais été une véritable monnaie parce qu il ne remplissait pas une des fonctions traditionnelles de la monnaie (instrument d échange ou réserve de valeur) puisque les agents

2 économiques n en détenaient pas. L E.C.U était réservé aux échanges interbancaires et aux transactions entre grandes entreprises. C était une «monnaie panier» c est à dire pour simplifier constituée par la valeur ou le poids en pourcentage de chaque monnaie européenne. Au contraire l Euro, monnaie de l U.E.M, remplit toutes les fonctions traditionnelles de la monnaie et est considéré comme une monnaie internationale jouant un rôle déterminant face au Dollar. II- LES QUALITES DE LA MONNAIE A- LA CONFIANCE DANS LA MONNAIE Une des premières qualités de la monnaie est la confiance («fiducia») que lui accordent ses utilisateurs dans sa valeur, sa durée et sa capacité à servir d instrument d échange. D autres facteurs viennent renforcer cette confiance tels que la solidité de l économie, le rôle historique de la monnaie, l importance de la masse monétaire, la fiabilité des produits libellés dans cette monnaie. Dans le cas contraire, il y a défiance vis-à-vis de la monnaie qui n est finalement que du «support papier», on parle de «fuite devant la monnaie». La monnaie est alors «attaquée» parce que ses détenteurs s en débarrassent en la convertissant dans d autres devises ou monnaies étrangères (souvent le dollar US) ce qui provoque sa dépréciation sauf intervention de la banque centrale qui rachètent la monnaie attaquée avec ses stocks de devises, ou acquièrent des biens (souvent des métaux précieux ou rares comme l or) appelés valeurs refuge. Tout le problème des agents économiques est de conserver la valeur de leur monnaie notamment dans les périodes d inflation voire d hyperinflation (inflation à 2 chiffres) afin de conserver un pouvoir d achat conséquent. Et si on analyse de plus près, la défiance vis-à-vis de la monnaie traduit une perte de confiance dans l Etat lui-même à l exemple des crises en Amérique du Sud (1994 crise du peso mexicain, 1999 crise du réal brésilien, etc.), de la crise asiatique en 1997 (dévaluation compétitive du bath thaïlandais), de la crise des subprime en 2007 et de la crise grecque en B- LA STABILITE DE LA MONNAIE La stabilité interne d une monnaie correspond à celle des prix et du pouvoir d achat des ménages lors de l achat de biens et services nationaux. On appelle pouvoir d achat, la quantité de biens et services qu un revenu nominal permet de se procurer compte tenu du niveau général des prix ou de l inflation. Le pouvoir d achat est donc le revenu réel. La stabilité interne de la monnaie dépend de l inflation qui est un déséquilibre économique qui se caractérise par la hausse durable et autoentretenue (spirale inflationniste) du niveau général des prix (indice des prix à la consommation IPC). Elle a pour conséquence d entraîner une perte de pouvoir d achat pour tous les détenteurs de revenus non indexés sur la hausse des prix ou dont le taux d intérêt rémunérateur est inférieur au taux d inflation. La stabilité externe d une monnaie correspond à sa convertibilité sur le marché des changes qui est le lieu réel ou fictif de confrontation des offres et demandes en monnaie nationale et devises (monnaies étrangères) en fonction du prix, ici, le taux de change qui exprime par conséquent, le prix d une monnaie nationale en unités monétaires étrangères. Dans la réalité, ce marché n est pas localisé, c est en fait, un ensemble de flux permanents d offres et de demandes de devises transitant par le biais de salles de marché interconnectées. Ce marché est influencé par les agents suivants : Les banques centrales (BCE et FED) qui conduisent les politiques monétaires et appliquent les politiques de change Les intermédiaires financiers Les FMN (agents à besoin ou à déficit de financement) qui recherchent des sources de financement au meilleur taux pour leurs transactions internationales.

3 2-2 LA QUANTITE DE MONNAIE DANS L ECHANGE La monnaie est émise par le système bancaire. Dans les pays européens, la création de monnaie s effectue au travers d une opération de crédit c'est-à-dire par une augmentation de la quantité de monnaie scripturale. La monnaie scripturale désigne au sens large les sommes inscrites et jeux d écriture sur les comptes bancaires qui circulent grâce aux chèques, cartes de crédit et virements bancaires. La monnaie scripturale fait partie de la masse monétaire et, c est à l aide d instruments tels que le taux d intérêt que la B.C.E va agir sur la masse monétaire dont on comprend toute l importance de sa mesure et ses variations vont affecter l activité économique et exercer une influence sur les décisions des agents économiques. I- LA MESURE DE LA MASSE MONETAIRE A- LA COMPOSITION DE LA MASSE MONETAIRE La masse monétaire est la quantité totale de monnaie en circulation dans une économie à un moment donné. Sa mesure est d autant plus importante qu elle permet d avoir une idée du niveau de l inflation. Par exemple, une inflation plus élevée dans un pays pénalise ses exportations car les prix de ces dernières deviennent plus élevés que ceux des produits locaux. La compétitivité-prix du pays à plus forte inflation se détériore par rapport à celle des autres pays. Inversement, la stabilité externe de la monnaie d un pays permet de maintenir le pouvoir d achat des ménages de ce pays lorsqu ils achètent des produits importés. La compétitivité-prix des entreprises nationales ne se détériore pas, toutes choses égales par ailleurs, sur les marchés interne et externe. La monnaie étant plus ou moins liquide se compose ainsi : - Les actifs monétaires qui sont «liquides»au sens large puisque ce sont des moyens de paiement qui peuvent être utilisés directement pour régler une dette. Ce sont principalement les pièces et les billets c est à dire la monnaie métallique et la monnaie fiduciaire mais aussi les dépôts à vue. Un dépôt "à vue" est un dépôt, rémunéré ou non, tel qu un compte courant ou compte chèque dont les fonds peuvent être retirés partiellement ou totalement à tout instant. - Les actifs non monétaires peuvent être plus ou moins rapidement transformés en moyens de paiement : il s agit des comptes d épargne, des livrets, des titres d OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières, est une entité qui gère un portefeuille dont les fonds investis sont placés en valeurs mobilières) ou de SICAV monétaires. B- LES AGREGATS MONETAIRES DANS LA ZONE EURO Au sens premier, le mot agrégat signifier «agréger» c est totaliser, cumuler, signifie donc sur le plan macroéconomique et monétaire, il désigne une grandeur globale synthétique et représentative d'un ensemble de grandeurs particulières. Les agrégats monétaires constituent une mesure statistique de la masse monétaire en circulation en Europe. Ils sont classés par ordre décroissant de leur degré décroissant de liquidité : - M 1, agrégat étroit, comprend la monnaie fiduciaire (billets et pièces) ainsi que les dépôts à vue qui peuvent être utilisés pour les paiements (monnaie scripturale). - M 2, agrégat intermédiaire, formé de M 1 auquel s ajoutent les placements à vue rémunérés, précisément, ce sont les dépôts à terme d une durée inférieure ou égale à 2 ans et les dépôts assortis d un préavis inférieur ou égal à 3 mois c est à dire qui peuvent être transformés en moyens de paiement mais qui n ont pas de pouvoir libératoire immédiat c est-à-dire qu ils ne peuvent pas servir directement au règlement d une prestation..

4 - M 3, agrégat large, regroupe M 2 et les instruments négociables émis par les IFM (Institutions Financières et Monétaires) telles que les OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières). C est l agrégat M 3 qui est utilisé par la BCE pour mesurer la masse monétaire. Remarque : Du point de vue comptable, la masse monétaire est placée au passif du bilan des IFM. Donc à l actif, on va donc trouver contreparties de la masse monétaire ou les sources de la création monétaire (les créances ou les droits) classés également en fonction de leur degré décroissant de liquidité : - Les créances sur l économie : les crédits accordés aux agents économiques (entreprises, ménages, administrations). - Les créances sur l extérieur ou sur le reste du monde. - Les créances dites non monétaires parce qu il s agit de ressources longues et par conséquent peu liquides (fonds propres des IFM, épargne des IFM ). II- LES EFFETS DE L EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE A- EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE ET NIVEAU GENERAL DES PRIX La hausse du niveau général des prix lorsqu elle est durable et autoentretenue est appelée «inflation» et parmi les causes de l inflation on trouve justement l excès de monnaie en circulation dans l économie. En effet, l inflation serait causée par une offre de monnaie en circulation supérieure à la demande de monnaie. Autrement dit, cela signifie que la création monétaire (cf. baisse des taux directeurs et effet «planche à billets» ) excessive par rapport aux besoins en monnaie de l économie est source d inflation. Cette conception de l inflation est héritée de l école monétariste dont le chef de file («leader») était Milton Friedman. A cette analyse, il faut rajouter l enseignement de l équation de Fisher qui démontre que la vitesse de circulation de la monnaie est aussi source d inflation : M.V = P.T M : masse monétaire en circulation V : vitesse de circulation de la monnaie P : prix ou inflation T : volume des transactions Si V et T sont présumés stables, c est l augmentation de la masse monétaire qui est responsable de l augmentation des prix. En effet, lorsque la progression de la masse monétaire est plus rapide que celle de la création de richesse de l économie, on parle de surchauffe qui peut conduire à de l inflation. Le salaire va lui aussi s élève trop vite. Les agents économiques vont augmenter leurs achats, la demande globale va s accroître. Cette demande globale amplifiée va se trouver face à une offre globale, à court terme inchangée va provoquer une hausse des prix. L inflation par la demande de biens et services prend ici le relai de l inflation causée par une hausse de la masse monétaire et la cause de l inflation est ici réelle (c'est-à-dire non monétaire) et endogène (par opposition une cause exogène est par exemple une hausse du coût des matières premières). C est pourquoi, les monétaristes ont condamné les politiques keynésiennes de relance de l économie par la demande, les qualifiant de politiques «inflationnistes». De plus, l injection des deniers publics dans le circuit économique conduit à un endettement de l Etat (aujourd hui le déficit budgétaire n est pas financé par de l emprunt mais par de l impôt) auprès des banques pour financer le déficit budgétaire et d autre part, produit une «éviction» des entreprises du privées par l Etat des flux de financement qui auraient dû leur être adressés. Enfin, toute relance est mise en échec par l anticipation des agents économiques (Ecole des anticipations rationnelles) de la relance comme une future augmentation des impôts ce qui va les amener à

5 diminuer leur consommation et donc à mettre en échec la relance elle-même, comportements difficilement réversibles par des effets d annonce. Le remède préconisé par les monétaristes consiste pour les autorités monétaires à mener des politiques économiques monétaires restrictives (contraction de la masse monétaire en circulation) contraire aux politiques d expansion de la masse monétaire des politiques keynésiennes ou politiques accommodantes. Toutefois, pour les opposants au concept qui crée une inflation par la demande, le remède à flexibiliser l offre de biens et services. B- EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIRE ET CROISSANCE ECONOMIQUE D une manière générale, et en économie fermée, autant chez les néoclassiques que les keynésiens, l épargne est une condition nécessaire à la croissance économique. D abord au travers de la conception néoclassique, c'est-àdire en économie fermée (sans échanges extérieurs), si E = I, ceteris paribus, un taux d épargne important permettra un investissement important donc une croissance conséquente. Mais, au travers de la conception keynésienne, un taux d épargne important est une consommation moindre donc une croissance faible. Les ménages sont d ailleurs appelés agents à capacité ou à excédent de financement alors que les entreprises sont appelées agents à besoin ou à déficit de financement parce que leur épargne, par le jeu de l intermédiation bancaire va constituer un préalable à l investissement des entreprises. Donc, on comprend mieux au travers de la relance demande générale (consommation, investissement (demande de biens d équipement) et dépenses de l Etat), le point de vue keynésien, selon lequel seul l Etat, agent économique à pouvoir agir au niveau macroéconomique et se substituer aux entrepreneurs «pessimistes» (qui ont anticipé une demande en deçà de son niveau réel et qui ont préféré opter pour des placements plutôt que pour des investissements au regard du taux d intérêt) pour stimuler la demande générale par des mesures de relance financées par le déficit budgétaire et par une politique monétaire accommodante. Il existe donc bien une relation entre quantité de monnaie en circulation dans l économie et niveau de croissance économique. Grace à l effet du multiplicateur (multiple de la dépense budgétaire) et à condition qu il existe un équilibre de sous emploi des capacités de production, la demande supplémentaire va engendrer des flux de revenus qui devraient être consacrés à la consommation et à l investissement donc ce qui suppose que les ménages vont moins épargner. Une insuffisance de l offre de monnaie peut se traduire par une diminution de la croissance et notamment par l affectation de deux des principales sources de la croissance que sont la demande de biens de consommation et la demande de biens d équipement. En effet, une offre insuffisante de monnaie qui se trouve face à une demande soutenue va entraîner une hausse des taux d intérêt donc va renchérir le coût des emprunts. Ce coût majoré fait baisser la demande de crédits des entreprises et donc de leurs investissements. Il affecte également la consommation des ménages. Une stimulation monétaire, qui correspond à une hausse de la quantité de monnaie en circulation dans l économie, a l effet inverse. Elle permet de faire baisser les taux d intérêt, d où une distribution plus abondante de crédits et donc une croissance économique plus soutenue.