Colloque LEFI-GREDEG «Les relations entre la finance et l industrie : entre nécessité et antagonisme»

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1 Colloque LEFI-GREDEG «Les relations entre la finance et l industrie : entre nécessité et antagonisme» 17 et 18 décembre Lyon Gestion Collective en France : L utopie d une finance démocratisée Yamina Tadjeddine 1

2 Perspective de mon interventioni Questionner la place de la gestion collective en France comme intermédiaire i entre l offre de capital (ménages) et la demande de capital (les entreprises) 2

3 Aux origines de la gestion collective en France Prémices 19 ème siècle : Assurance-Vie 1945 : fait conjoncturel = problèmes des capitaux récupérés et réquisitionnées par l Etat Débat Mendès-France et De Gaulle sur la reconstruction de la France Première pierre de l édifice français : L Ordonnance du 2 novembre 1945 => création de la Société Nationale de l Investissement (SNI) 3

4 Gestion collective, voulue dans le cadre de la planification i française Loi du 26 juin 1957 création des FCP, SICAV Loi sur la participation (ordonnance du 17 août 1967) : FCP Loi Monory : 13 juillet 1979 : avantages fiscaux Loi du 23 décembre 1988 : ratification directive UCITS Une volonté trans-courant : libéraux (J. Rueff), De Gaulle, Giscard-D Estaing DEstainget Mitterrand La gestion collective est devenue un fait social et économique en France depuis le milieu des années quatre-vingt Démocratisation de la finance 4

5 IIème plan français de modernisation et d équipement, publié le 1 er avril 1956 «la souscription i sur le marché est, dans la plupart des pays évolués, de moins en moins le fait des épargnants eux- mêmes, de plus en plus celui d organismes dorganismes collecteurs qui débarrassent l épargnant du souci du choix et de la surveillance de son placement et lui assurent à la fois une sécurité et une liquidité plus grandes. Ce glissement de l épargne vers les organismes collecteurs doit être considéré comme un phénomène de la plus grande importance et comme un phénomène irréversible» 5

6 Contenu de cette e présentation Le rôle macro-économique et sociétal dévolu à la gestion collective De belles ambitions Une réalité moins idéale Conclusion : des suggestions Cette présentation s appuie sur une recherche en cours faite en collaboration avec Jean Christophe Cotta (Allocation & Sélection) 6

7 1. Le rôle macro-économique de la gestion collective 7

8 Le choix politique d un financement via le marché le succès anglo-saxon de la gestion collective Un contexte idéologique : le choix du marché, libéralisme économique, le choix de leurope l E un contexte économique (années 80) : - Épargne individuelle d dispersée et importante (Baby Boom et régulation fordiste) un contexte financier : - Mutation financière - Rendements exceptionnels 8

9 Les 3 objectifs macro-économiques de la gestion collective 1- orienter l épargne vers les investissements productifs Boucle vertueuse : détection des entreprises en croissance, apports de capitaux à ces entreprises qui réalisent les investissements, leur permettant de croître, de distribuer des dividendes et d avoir davoirdesdes cours élevés La gestion collective (grâce à son expertise) œuvre à la croissance de long terme et au financement de l innovation 2- Constituer un patrimoine adapté à l épargnant L allocation du portefeuille doit satisfaire les attentes de l épargnant en terme de risque, d horizon de placement et de préférences extra-financières (fonds solidaire, religion, proximité locale). 9

10 3- Animer et réguler les marchés financiers Diffuser auprès du public les innovations financières (obligations convertibles, produits titrisés, gestion alternative..) Créateur de liquidité : - Rôle de contrepartie jouée par les OPCVM permettant l absorption d ordres importants - Gestion alternative «Hedge Funds»: «haute fréquence» de la finance, création de liquidité, alimentée par le recours au crédit Stabilité et efficience : investisseurs expérimentés et informés Indépendance, autonomie de la place français 10

11 2. De belles ambitions Une réalité moins glorieuse 2.1. financement des entreprises? 2.2. stabilité du capital des ménages? 2.3. animation du marché financier français? 11

12 Des débuts difficiles 8000 souscriptions nettes des SICAV en France (millions de francs)

13 Un développement considérable depuis 1990 Actifs Nets OPCVM à vocatoin générale 1 400, ,0 0 Oct ,1 d'euros Millards 1 000,0 800,0 600,0 400,0 13 Données AMF, traitement auteur

14 2.1. Financement des entreprises? La structure du portefeuille des OPCVM Pertinence marco-économique de cette allocation Une spécificité française? 14

15 La structure globale du portefeuille des OPCVM français Total 1 264,1 milliards d'euros (AMF) Répartition Actifs nets 01/10/2009 OPCVM France Actions françaises 3% Actions internationales 8% Autres 7% Actions de la zone euro 6% Diversifiés 19% Actions des pays de la C.E. 3% Monétaires internationaux 0% Obligations européennes 10% Monétaires européens 41% Obligations internationales 3% 15 Données AMF, traitement auteur

16 Répartition des actifs nets ,0% 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% Autres Diversifiés Monétaires internationaux Monétaires européens Obligations internationales Obligations européennes Actions des pays de la C.E. Actions de la zone euro Actions internationales Actions françaises 10,0% 0,0% 16 Données AMF, traitement auteur

17 Allocation d'actifs des OPCVM à vocation générale 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Données BDF, traitement auteur -10% juin- 09 Crédits nets des dépôts* 9% 12% 10% 11% 9% 5% 7% 5% 5% 5% 5% 4% 3% 4% 9% 8% IMM** 25% 22% 20% 16% 14% 13% 12% 14% 8% 7% 7% 7% 7% 8% 10% 9% Autres titres de taux*** 52% 53% 53% 49% 48% 43% 41% 42% 56% 54% 52% 48% 47% 45% 49% 51% Actions et valeurs assimilées**** 13% 13% 16% 23% 29% 39% 41% 37% 29% 33% 34% 39% 42% 41% 30% 30% Autres 0% 0% 1% 0% 0% -1% 0% 1% 2% 1% 2% 1% 1% 2% 2% 2% 17 * La rubrique "Crédits nets des dépôts" contient aussi les opérations contractuelles ** Depuis 2002 la rubrique "IMM" ne contient que les titres d' OPCVM monétaires *** Depuis 2002 la rubrique "Autres titres de taux" contient l'ensemble des produits de taux (hors titres d' OPCVM monétaires) **** La rubrique "Actions et valeurs assimilées" contient aussi l'actif des titres d'opcvm non monétaires

18 Synthèse Domination du monétaire : - Près 40% des actifs sont des monétaires (moyenne ) - Ventilation globale : 13% d OPCVM monétaires 7% obligations (dont 85% dans la zone euro, obligations d Etat, 0,6% pour les obligations risquées) Surlemarchédesactions actions - Moins de 20% actions dont 27% placés en France et 70,5% en Europe. - Ventilation globale : 31% (mais OPCVM actions) 18

19 Retour sur le marché obligataire : finance-t-il les entreprises? 19 Source : F. Pansard, Revue Mensuelle de l AMF, n 12, mars 2005

20 Les OPCVM financent-elles la croissance de long terme? Actions : principalement grosses capitalisations (indiciels, ETF), 4% Small Cap (estimation AMF) Obligations : principalement obligations d Etat detat, Institutions Financières, quelques Grosses Capitalisations Monétaire : financement des banques et de l innovation financière, indirectement canal du crédit Est-ce inhérent à la gestion collective? Est-ce une permanence française? Est-ce un biais français lié à un contexte institutionnel particulier? 20

21 Millions $, fin de période Ventilation des actifs sous gestion par type de fonds 2009:Q2 Pays Total Actions Obligation Monétaire Diversifié Autres Monde ,6% 18,9% 28,1% 9,6% 3,6% Amériques ,1% 19,9% 33,9% 7,6% 0,5% Canada ,0% 11,1% 12,9% 37,2% 0,9% Chili % 7,7% 24,0% 56,2% 74% 7,4% 48% 4,8% Mexique ,1% 17,2% 72,4% 6,3% 0,0% Eats-Unis ,2% 18,2% 36,4% 5,3% 0,0% Europe ,1% 20,3% 22,1% 14,1% 3,8% Belgique gq ,6% 13,1% 3,2% 22,1% 0,0% République Tchèque ,9% 14,0% 48,6% 26,5% 0,0% France ,8% 13,6% 43,6% 18,7% 1,4% Allemagne ,3% 25,4% 6,5% 17,9% 7,9% Italie ,9% 33,8% 30,4% 22,9% 0,0% Norvège ,8% 8% 17,7% 7% 29,1% 32% 3,2% 12% 1,2% Roumanie 557 6,5% 15,1% 60,1% 13,8% 4,5% Slovaquie ,7% 14,5% 61,1% 11,2% 9,4% Espagne ,9% 44,5% 10,1% 18,6% 0,0% Suède ,1% 7,1% 8,9% 17,5% 2,4% Suisse ,6% 17,7% 22,6% 36,1% 0,0% Turquie ,2% 8,6% 82,2% 7,6% 0,5% Grande Bretagne ,1% 22,8% 1,0% 8,5% 5,6% Asie et Pacifique ,8% 11,0% 17,4% 5,3% 17,6% Australie ,3% 3% 62% 6,2% 21,8% 00% 0,0% 37,7% 7% Chine ,9% 6,2% 7,3% 26,7% 0,0% Inde ,7% 47,4% 22,1% 2,6% 4,2% Japon ,4% 15,1% 4,5% 0,0% 0,0% Corée du Sud ,9% 12,6% 32,5% 10,0% 13,0% Taiwan ,8% 1,2% 59,0% 3,2% 4,9% Afrique Afrique du Sud ,9% 1,8% 34,6% 22,3% 19,5% 21 Données : EFAMA, traitement auteur

22 Allocation des SICAV Monory 1% 0% 6% 8% 20% Actifs nets SICAV 30/06/1981 : millions de FF actions françaises obligations françaises 20% actions étrangères obligations étrangères billets hypothécaires bons du Trésor 45% liquidités et divers Données : COB 22

23 Un biais français Explications? - Structure des marchés financiers français : obligation (peu de sociétés), actions (peu de PME) - Capture de la gestion collective par les banques et les assurances Conséquences : - La manne de la gestion collective ne permet pas le financement direct de l industrie - Les mécanismes palliatifs (FCPI, FIP) n ont pas permis de modifier cette donne 23

24 2.2. Patrimoine des ménages? -Un plébiscite auprès des ménages français -Médiation exclusive Banques et Assurances 24

25 Structure du patrimoine des ménages français source AMF, BDF Mds % Mds % Mds % Mds % Mds % Dépôts à court terme 439,44 45% 514,2 36% 586,7 29% 654,44 30% 683,88 27% PEL et PEP 83,1 8% 177,5 12% 254,6 13% 267,7 12% 241 9% Détention directe de titres 146,8 15% 174,7 12% 176,4 9% 127,5 6% 216,1 8% TCN 2 0% 5,3 0% 10,2 1% 3,5 0% 5 0% Obligations 65,7 7% 92,7 6% 50 3% 49,2 2% 56 2% Actions cotées 79,1 8% 76,8 5% 116,2 6% 74,8 3% 155,1 6% Epargne auprès des investisseurs institutionnels 310,5 32% 571,4 40% 971,6 49% 1118,3 52% 1427,5 56% Titres OPCVM monétaires 84 9% 71,7 5% 37,3 2% 45,6 2% 31,3 1% Titres OPCVM de Long terme 89,5 9% 151,4 11% 247,6 12% 236,9 11% 271,6 11% Assurance-Vie % 348,3 24% 686,7 35% 835,8 39% 1124,6 44% Total 979,8 100% 1437,8 100% 1989,3 100% 2167,9 100% 2568,4 100% 100% 90% 80% 70% 32% 40% 49% 52% 56% 60% 50% 40% 30% 15% 8% 12% 12% 9% 6% 13% 12% 8% 9% 20% 10% 45% 36% 29% 30% 27% 0% Dépôts à court terme PEL et PEP Détention directe de titres Epargne auprès des investisseurs institutionnels

26 Une distribution assurée par les banques et les assurances 26 Source : AMF, Gestion pour compte de tiers en 2008

27 Démocratisation de la finance? Le patrimoine des ménages a évolué : bancaire => marché Mais les produits achetés par les ménages = produits proposés par les banques et les assurances, sans connaissance réelle du fonctionnement du marché Travaux de J. Lazarus : abandon de l éthique de l épargnant sans création d une éthique du financier (pas de culture du risque, confiance dans le banquier) Côté ménage = capture par les banques avec une illusion rentière du marché 27

28 2.3. Animation et Indépendance de la place parisienne 28

29 Seul objectif atteint! Liquidité sur le marché français (CAC40) Construction sociale de la liquidité (MATIF, MONEP) encadré et voulu par l Etat Vecteur de diffusion de l innovation financière (Certificat, Warrants, Trackers, ETF, CDO, ) 29

30 30 Conclusion

31 Pour que la gestion collective finance l industrie Changements du côté de la demande de capital : - Financement par les actions n est pas une panacée (pas nécessairement adapté aux PME, contrôle) - Ouvrir le marché obligataire et le crédit entreprise titrisé (réglementant) - Vigilance accrue sur le monétaire (monétaire serve à la sphère réelle et non à alimenter exclusivement l innovation financière) Changements dans la médiation : - banques et assurances ne jouent pas leur jeu de sélectionneur de titres (ETF, monétaire, obligation d Etat), prennent des commissions et externalisent les risques (in fine supportés par ménages citoyens, épargnants) - Réinstaurer un financeur de LT 31

32 Reconsidérer le principe de la finance pour tous Certains peuvent supporter ce risque (âge, richesse, préférences), d autres non (MIF) Un accès direct aux marchés peu risqués standardisés (bons du trésor, monétaire, ETF), un conseil utile pour les produits risqués Accepter : un Produit financier utile comporte des risques non diversifiablesifi 32