dlm Regards sur Haïti un an après demain le monde L imposture climato-sceptique introspectus Le «philanthrocapitalisme a la cote paradis fiscaux
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- Marie-Françoise Lamarche
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1 dlm demain le monde n 5 janvier/février 2011 climat L imposture climato-sceptique introspectus Le «philanthrocapitalisme» a la cote paradis fiscaux Google, le double irlandais et le sandwich hollandais dossier Regards sur Haïti un an après
2 02 sommaire dlm demain le monde n 5 janvier/février 2011 Directeur de rédaction Arnaud Zacharie Rédaction Frédéric Lévêque Graphisme Dominique Hambye, Élise Debouny Impression Kliemo Eupen Imprimé à exemplaires sur papier recyclé Photo de couverture Cité Soleil, Haïti : construction d un abri. UN photo / Logan Abassi 2010 dlm est le supplément «développement» du magazine Imagine demain le monde. Pour le recevoir, abonnez-vous! Contact dlm@cncd.be édito Promesses non tenues : plus dure sera la chute! par Arnaud Zacharie 04 actu Google, le double irlandais et le sandwich hollandais par Antonio Gambini 06 actu À table! par Jean-Jacques Grodent 08 actu L imposture climato-sceptique par Véronique Rigot 10 dossier Regards sur Haïti un an après Haïti, toujours la catastrophe? entretien avec Pierre Verbeeren, Médecins du Monde par Frédéric Lévêque Les cinq «invariants» de la logique humanitaire par Bernard Duterme Un État en ruines, un peuple debout par Sabine Manigat 18 projet Les femmes «éco-solidaires» par Yaneth Fernández Collado & David Gabriel 20 introspectus Le «philanthrocapitalisme» a la cote par Miguel Mennig 23 pas au sud, complètement à l ouest On n a plus le temps! par Gérard Manréson 24 pétition Ouvrons les yeux sur les centres fermés
3 03 édito ARNAUD ZACHARIE Secrétaire général du CNCD «SI LES PAROLES CONTINUENT DE NE PAS ÊTRE SUIVIES D ACTES CONCRETS, LE MONDE SE RÉVÉLERA TOUJOURS PLUS INSTABLE ET INÉGALITAIRE» Promesses non tenues : plus dure sera la chute! Les crises se succèdent au même rythme que les promesses des gouvernements d y apporter les réponses adéquates. Mais ces promesses ont été suivies de bien peu d actes concrets. À un tel point que les ingrédients semblent réunis pour provoquer à terme de nouvelles crises. C est par exemple le cas en matière alimentaire. Les émeutes de la faim du printemps 2008 avaient illustré l échec de politiques agricoles et alimentaires fondées sur le productivisme et la course à la compétitivité mondiale. Les centaines de millions de paysans ruraux du Sud sont incapables de concurrencer les excédents exportés à bas prix par les firmes agroalimentaires, ce qui les prive de revenus suffisants pour avoir accès à une alimentation qui pourtant existe. Mais la crise alimentaire n a pas incité, malgré certaines évolutions sémantiques, à revoir en profondeur ces politiques, à un tel point que les symptômes d une nouvelle crise alimentaire surgissent dans plusieurs pays pauvres (voir l article p. 6). C est également le cas en matière financière. La crise bancaire de 2008 et la récession mondiale de 2009 avait incité les gouvernements du G20 à annoncer plusieurs mesures ambitieuses en vue de réguler le système financier international et éviter de nouvelles bulles spéculatives et de nouvelles crises. Selon le G20 d avril 2009, cela en était fini des paradis fiscaux et du secret bancaire! Mais quelques mois plus tard, on ne peut que constater la modestie des décisions qui ont finalement été prises et le peu d effets qu elles ont engendrés. Non seulement les paradis fiscaux sont toujours bien vivants, mais le système financier mondial semble aussi instable que par le passé (voir l article p.4). C est aussi le cas en matière humanitaire. La situation en Haïti est catastrophique. Malgré l élan de générosité internationale qui a fait suite au séisme de janvier 2010, la capitale reste dans les décombres, tandis que la choléra est venu s ajouter aux sinistres et que l Etat haïtien n en est plus vraiment un. Face à une des plus importantes catastrophes humanitaires de ces dernières décennies, la reconstruction et le développement d Haïti représentent un défi titanesque (voir le dossier p.10). En résumé, face aux crises multiples de notre temps, les promesses ne suffiront en rien à apporter les réponses adéquates. Au contraire, si les paroles continuent de ne pas être suivies d actes concrets, le monde se révélera toujours plus instable et inégalitaire. L évaluation à New York des Objectifs du millénaire pour le développement, dix ans après leur adoption, a révélé combien l engagement d améliorer les indicateurs de pauvreté en 2015 était loin d être atteint. Il est dès lors temps de passer des paroles aux actes.
4 04 actu ANTONIO GAMBINI Chargé de recherche, CNCD En avril 2009, le G20 promettait de combattre les paradis fiscaux pour protéger nos finances publiques. Plus de deux ans après le début de la crise financière, où en est-on? Cherchons la réponse avec Google «You can make money without doing evil», «Il est possible de gagner de l argent sans vendre son âme au diable», proclame fièrement la philosophie de Google. Troisième société du secteur informatique aux États-Unis en termes de capitalisation boursière (194,2 milliards de dollars), Google est une entreprise mondialement connue et visible, qui se targue en outre d être particulièrement responsable socialement. Google le double irlandais et le sandwich hollandais C A B Serg Dibro va - Fotolia Mais la responsabilité sociale dont se pare l entreprise fondée en 1998 dans la Silicon Valley (Californie) ne semble pas inclure l éthique en matière fiscale. En effet, un récent article de l agence Bloomberg 1 explique comment le groupe Google réussit à ne payer que le pourcentage minime de 2,4% d impôts sur les bénéfices produits en dehors du territoire des États-Unis. Pourtant, le taux d impôt sur les bénéfices des sociétés est de 24,99% en moyenne dans le monde 33,99% en Belgique en 2010! Même l Irlande, qui pratique pourtant un dumping fiscal quasiment officiel, applique un taux de 12,5%, bien au-delà des 2,4% versés par Google. La technique des prix de transfert Pour réussir ce tour de passe-passe, l entreprise utilise la technique désormais bien rôdée des prix de transfert. Avec une économie mondialisée mais une fiscalité restée nationale, chaque pays taxe les entreprises présentes sur son territoire selon ses propres règles et sur la base des bénéfices déclarés par la filiale nationale de l entreprise transnationale. Il suffit donc à la société en question de déplacer les bénéfices produits dans les pays à la fiscalité plus lourde vers les pays à la fiscalité plus légère. Si les 12,5% proposés par l Irlande sont jugés excessifs, pas de panique, des dizaines de juridictions fiscales (États ou territoires souverains d un point de vue fiscal) proposent des taux zéro. Ce déplacement de bénéfices ne se fait pas par un simple virement, il est dissimulé sous des opérations économiques apparemment légitimes. Les différentes filiales du même groupe procèdent entre elles à des opérations aussi simples que des ventes de produits, mais à un prix artificiellement haut ou bas, c est selon. La filiale qui aura ainsi réalisé une opération à un prix abusivement désavantageux verra ses bénéfices réduits d autant, et donc également sa facture fiscale. La filiale qui réalise le côté outrageusement avantageux de l opération verra ses bénéfices gonfler démesurément. La deuxième filiale aura comme par hasard tendance à être localisée sur un territoire particulièrement généreux en matière de taux d imposition des bénéfices. De l Irlande aux Bermudes Google a vendu les droits d exploitation de ses brevets et autres propriétés intellectuelles à sa filiale Google Ireland Holdings, établie, comme son nom ne l indique pas, dans les îles Bermudes (un paradis fiscal), et dirigée par des partenaires d un cabinet d avocat local. Google Ireland Limited emploie personnes à Dublin, et réalise 88% des ventes hors États-Unis du groupe, mais ne paye qu un impôt infime car les bénéfices sont littéralement mangés par les paiements de royalties (droits d utilisation de brevets et autres propriétés intellectuelles) à la filiale des îles Bermudes. C est ce qu on appelle le «double irlandais» dans le jargon des fiscalistes spécialisés.
5 05 actu Mais l Irlande applique un prélèvement aux paiements dirigés vers les îles Bermudes. Encore une fois, pas de panique, c est là qu intervient le «sandwich hollandais», en l occurrence une filiale hollandaise (qui ne déclare aucun employé), vers laquelle Google Ireland Limited dirige ses paiements de royalties, avant le transfert final vers les îles Bermudes. Le tour est joué. Aujourd hui, l Irlande est au bord de la faillite, et des voix s élèvent pour remettre en cause le taux anormalement bas de 12,5% de l impôt sur les bénéfices des sociétés. Ce à quoi Google a réagi avec culot. Son représentant en Irlande a déclaré, pour prévenir tout durcissement fiscal, et alors même que Google ne paye même pas le taux pourtant très bas de l impôt irlandais, que «tout ce qui pourrait remettre en question la compétitivité irlandaise notamment un changement de l impôt sur les entreprises poserait un problème important à Google». (Lemonde.fr, 22/11/2010) Quand on vous dit qu on peut faire des affaires without doing evil Malheureusement Google n est pas un cas isolé, ce genre de pratiques est universellement répandu. En période de crise économique, de politique d austérité généralisée, le coût pour les citoyens et pour la collectivité de ce manque à gagner fiscal est particulièrement insupportable. Pour ce qui est des pays du Sud uniquement, ces types de pratiques représentent environ 64% des 500 à 800 milliards de dollars qui quittent illicitement chaque année les pays du Sud pour être rapatriés dans les pays du Nord 2. Des sommes donc bien supérieures aux milliards que le Nord verse au Sud annuellement sous forme d aide publique au développement. Les promesses du G20 Après la débâcle bancaire et financière de , l indignation de l opinion publique mondiale a exercé une pression importante vers une moralisation des pratiques du monde économique et financier. Les réactions politiques ne s étaient pas faites attendre. Le sommet du G20 de Londres du 2 avril 2009 s était achevé sur une déclaration particulièrement offensive contre les paradis fiscaux : «Nous convenons ( ) d agir contre les juridictions non-coopératives, y compris les paradis fiscaux. Nous sommes prêts à mettre en œuvre des sanctions pour protéger nos finances publiques ( )» 3. Nicolas Sarkozy avait surenchéri en déclarant, quelques mois plus tard à la télévision, que «les paradis fiscaux, le secret bancaire, c est terminé!». Mais la montagne du G20 a accouché d une souris (voir encadré). «LA MONTAGNE DU G20 A ACCOUCHÉ D UNE SOURIS» À l heure où la crise déclenchée par une finance irresponsable et dérégulée a coûté d innombrables milliards aux citoyens de la planète (sous forme de crise économique, de sauvetage des banques aux frais du contribuable, de politique budgétaire d austérité), alors même que les besoins de financement mondiaux insatisfaits s accumulent pour financer par exemple la lutte contre les changements climatiques et leurs effets dévastateurs, remettre la main sur ces centaines de milliards de recettes fiscales volées n est plus uniquement un impératif moral, c est devenu un véritable enjeu économique et social planétaire. 1/ Google 2,4% Rate Shows How $60 Billion Lost to Tax Loopholes, Bloomberg, 21 octobre / «Adressing development s black hole: regulating capital flight», mai 2008, rapport de EURODAD, CRBM, WEED & Bretton Woods Project. 3/ Traduction de l auteur d un extrait de l original anglais du communiqué final du sommet. 4/ L Organisation pour la coopération et le développement économiques, qui rassemble les 29 pays les plus industrialisés du monde. Un standard insuffisant Après le sommet de Londres, le G20 a délégué à l OCDE 4 le travail de mise en œuvre de ses décisions. Or cette organisation internationale applique un standard qui se révèle aujourd hui insuffisant, celui de l accord bilatéral d échange d information sur demande. Cette demande d information doit être motivée, alors que par définition il est difficile de monter un dossier solide sur des sommes d argent qui justement sont dissimulées dans le trou noir d un paradis fiscal. En outre, l OCDE s estime satisfaite lorsqu un paradis fiscal signe 12 accords bilatéraux de ce type. Dans l absolu c est peu par rapport aux plus de 200 pays et juridictions fiscales du monde, mais cela devient ridicule lorsque l on constate que plusieurs paradis fiscaux (l île anglo-normande de Jersey par exemple) ont déployé une activité diplomatique intense pour signer des accords avec des juridictions aussi importantes que les Îles Féroé et le Groenland, ou mieux encore, des accords entre paradis fiscaux. La probabilité d une demande d information par une administration fiscale ou un juge issu d un paradis fiscal auprès d un autre paradis fiscal est bien évidemment infime
6 06 actu JEAN-JACQUES GRODENT SOS Faim À table! La crise alimentaire de 2008 est encore dans toutes les mémoires. Deux ans plus tard, a-t-on tiré les leçons ou va-t-on vers un nouveau crash alimentaire? Rappelez-vous, 2008, la crise alimentaire était sur tous les écrans, en Égypte, au Sénégal, au Mexique, en Europe, en Indonésie La mondialisation aidant, pour la première fois, une crise alimentaire menaçait l ensemble des populations fragilisées de la planète. L envolée des prix privait l accès à une nourriture disponible au plan mondial, on n a encore jamais été en rupture de stock de produits alimentaires! et réveillait les consciences sur la fragilité des équilibres entre une offre alimentaire et des besoins en constante évolution. Des actions modestes Deux années ont passé et on est en droit de se demander si on a tiré les leçons de cette crise. Le blocage en août dernier par la Russie de ses exportations de blé qui a fait exploser les prix des céréales n est pas là pour nous rassurer. Ni le constat, plutôt rude, du Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l alimentation, le Belge Olivier de Schutter : «Nous n avons rien appris du choc de Il y a eu trop de promesses non tenues, de sommets sans lendemain, de déclarations d intentions. Rien n a été fait pour limiter les impacts néfastes de la spéculation sur les marchés. Rien n a été fait pour réguler le comportement des firmes de l agro-alimentaire.» Rien n a été fait? Non, ce serait trop caricatural de dire que l on est resté les bras croisés. Des moyens financiers, certes insuffisants en regard des besoins évalués (plus ou moins 35 milliards de dollars annuels), ont été débloqués pour relancer l agriculture au plan mondial. L Union européenne (UE) a libéré la «Facilité alimentaire», un fonds d un milliard d euros permettant de répondre rapidement aux problèmes causés par la flambée des prix alimentaires dans les pays en développement, et quelques pays, dont la Belgique, se sont engagés à renforcer, dans le cadre de leur budget de coopération, la part consacrée à l agriculture Mais on reste néanmoins à des niveaux très insatisfaisants. Bénéfices confisqués À côté des interventions publiques, le regain d intérêt pour la question alimentaire suite à la crise a réveillé les grandes entreprises agro-alimentaires, fournisseurs d intrants principalement, ainsi que les centres de recherches. Rencontres et séminaires vantant telle ou telle approche technologique permettant d améliorer les rendements se multiplient. Et les OGM ne sont jamais très loin des débats Des financements publics permettant un approfondissement ou une diffusion et une mise en œuvre des résultats sont sollicités et souvent obtenus. L industrie agro-alimentaire tire ainsi son épingle du jeu et obtient des budgets au détriment des producteurs familiaux et de leurs organisations. De grands investisseurs, privés ou publics, investissent par ailleurs dans des achats transnationaux de terres, privant les producteurs locaux de moyens de production autonomes. Réalisés à grande échelle, ces acquisitions déclenchent de nouvelles flambées spéculatives dans un secteur déjà malmené, menaçant ainsi la sécurité alimentaire des pays. Paradoxalement, les «bénéfices» de la crise sont confisqués par les grands groupes privés, au détriment des laissés pour compte de toujours.
7 07 actu Le «tout-marché» perd de son lustre Et pendant ce temps, à Genève et à Bruxelles, respectivement au siège de l Organisation mondiale du commerce (OMC) et à la Commission européenne, il y en a encore et toujours qui réclament plus de libéralisation dans les échanges agricoles. Tout récemment, les pays du Groupe de Cairns 1 et le G20, rassemblant pour l essentiel les pays émergents, se sont émus de ce que des membres de l OMC renforçaient le soutien interne à leur agriculture tandis que d autres limitaient leurs exportations de produits agricoles afin d être en mesure de satisfaire les besoins de leurs citoyens. On croit rêver ou on est plutôt en plein cauchemar! À Bruxelles, les négociations commerciales entre l Union européenne et les pays ACP 2 achoppent aussi sur les «bienfaits» de la libéralisation des produits agricoles. Il faut dire qu au cœur de la crise alimentaire, l ancien commissaire au Commerce Mandelson n avait pas hésité à dire qu elle résultait du manque de libéralisation! On vient donc de loin. Cette crise a quand même bouleversé les visions de certains responsables. Le nouveau commissaire à l Agriculture, Dacian Ciolos, vient de lancer les négociations sur une nouvelle politique agricole européenne post-2013 en traçant à grands traits ce que devrait être cette politique 3. La nécessité de soutenir les petites exploitations et de rééquilibrer les aides à leur bénéfice, privilégier les marchés locaux, etc. traduisent une nette réorientation de la politique européenne visant à assurer une plus grande souveraineté alimentaire! Il sera de plus en plus difficile de refuser aux pays du Sud des garanties visant à protéger leur souveraineté alimentaire dans le cadre des négociations de Doha 4 (dites, il faut se le rappeler, «pour le développement» ) alors que l UE souhaite conserver voire renforcer, à juste titre, ses instruments de souveraineté dans ce domaine. En matière agricole, le dogme du «tout-marché» a, semble-t-il, perdu de son lustre, disait-on déjà dans ce même magazine en mai «PARADOXALEMENT, LES BÉNÉFICES DE LA CRISE SONT CONFISQUÉS PAR LES GRANDS GROUPES PRIVÉS» Nécessité de cohérence Il y a un an et demi, le Parlement fédéral adoptait une résolution à la quasi unanimité de ses membres sur la crise alimentaire De son côté, le ministre de la Coopération a pris des engagements visant à revaloriser dans la politique de coopération l agriculture familiale, la seule qui permettra de relever les défis alimentaires, selon une récente étude de 400 scientifiques 5. Il s agit maintenant d évaluer la mise en œuvre de ceux-ci et de veiller à ce que la Belgique ne contribue pas à reprendre d une main ce qu elle a donné de l autre et donc d évaluer la cohérence des actions menées par les divers départements en regard des priorités adoptées. Et afin de satisfaire l engagement pris d accorder plus de place aux organisations paysannes du Sud dans les débats relatifs aux politiques qui les concernent, il s agit aussi d associer à cette évaluation leurs représentants. La Belgique serait certainement saluée pour le caractère innovateur de son initiative et, surtout, se mettrait en situation de mieux encore participer, à son échelle, à la lutte pour que le milliard d êtres humains, une personne sur six, qui souffrent de malnutrition puissent trouver de quoi manger lorsqu elles «se mettront à table». 1/ Le Groupe de Cairns est une organisation internationale créé en août 1986 à Cairns en Australie, réunissant la plupart des pays en développement qui sont agro-exportateurs. 2/ Les pays ACP, pour Afrique Caraïbes et Pacifique sont un groupe de 79 pays qui négocient, entre autres, des Accords de partenariat économique avec l Union européenne qui ont pour objectif de créer des zones de libre-échange entre l UE et ces pays. 3/ 4/ Programme de négociations commerciales lancé lors de la conférence de l OMC de Doha en novembre / Rapport «International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development», Patricia Artieda 2008
8 08 actu VÉRONIQUE RIGOT Chargée de recherche, CNCD L imposture climatosceptique Dans les négociations internationales, chacun joue de ses intérêts. Une étude récemment publiée explique pourquoi et comment les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques. Retour sur les fondements de la controverse climatique. Le jeudi 2 décembre était décerné à Bruxelles le prix du pire lobby climatique. Ce prix fait écho à une étude 1 très récemment publiée par le Réseau Action Climat européen (CAN-Europe) qui explique pourquoi et comment les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et notamment les voix américaines opposées à une législation. Une balade dans les allées du «Cancun - messe», l espace d exposition de la Conférence des Nations Unies sur le climat, vous permettrait de recevoir des informations surprenantes «Savez-vous qu il y a des technologies pour inverser le réchauffement global?», «le dioxyde de carbone, c est la vie», etc. De nombreux spots 2 énonçant des «vérités» simples circulent également sur le web : «le CO 2 n est pas polluant», etc. S il est indéniable qu il n y a pas de vie sans le cycle du carbone, et que le forçage des végétaux au CO 2 est une technique agronomique connue depuis longtemps, il est tout aussi prouvé que l accumulation du CO 2 (et des autres gaz) dans l atmosphère est responsable de l accentuation de l effet de serre, qui, s il est indispensable à la vie sur la planète, risque également de l anéantir si son effet est trop accentué. Tout est question d équilibre, et toute information scientifique mériterait d être replacée dans son contexte global. Bref retour en arrière : dès la mi-2009, les médias ont relayé une large controverse médiatique. Depuis trop longtemps, tous les avis semblaient converger dans un seul et même sens : l heure est grave, il faut un accord international. Les attentes pour Copenhague étaient démesurées et le terrain était alors prêt pour une crise de confiance. D abord, il y a eu le piratage de milliers de courriels et de documents scientifiques du Climatic Research Unit de l University of East Anglia : le «climate gate» a contribué à semer le trouble dans les esprits à la veille de la Conférence de Copenhague. Ensuite, il y a eu l échec de Copenhague lui-même : les Nations Unies en situation d extrême faiblesse, incapables de réaliser les ambitions partagées par les peuples du monde entier, supplantées dans la dernière ligne droite par un petit groupe de pays puissants qui signent un «accord» pour sauver la face, Copenhague fut témoin de l échec du multilatéralisme. Le GIEC, bouc-émissaire Un échec politique certes, mais aussi un échec médiatique, où l attention démesurée pour le sommet a mis une pression stérile sur les négociateurs et leurs responsables politiques, pression qui s est ensuite retournée contre un boucémissaire, le Groupe intergouvernemental des experts sur l évolution du Couverture d une brochure de la chambre de commerce et d industrie brésilienne. climat (GIEC). Pourtant, cet organe scientifique mandaté par les Nations Unies pour publier des rapports qui font l état des connaissances scientifiques ne porte aucune responsabilité ni dans l échec de Copenhague, ni dans l emballement médiatique autour de la question climatique. «CERTAINS CLIMATO-SCEPTIQUES SONT ENCOURAGÉS PAR LES GROUPES D INFLUENCE QUI N ONT PAS INTÉRÊT À VOIR LE BUSINESS AS USUAL CHANGER» Le GIEC a honoré sa mission scientifique d analyse et de recommandation au politique. Il n a pas la prétention d énoncer des certitudes, mais il procède à un recensement et à une lecture critique des articles publiés dans les revues scientifiques. Les résultats de ces articles sont compilés de manière à établir des analyses de tendances et à énoncer différents scénarios possibles. Sur base de ces analyses, le GIEC établit des recommandations au politique. Cependant, le résumé à l attention des décideurs fait l objet d âpres négociations entre scientifiques et monde politique, sous la pression des lobbies.
9 09 actu Mais contrairement à ce que prétendent certains climato-sceptiques, on a du mal à imaginer que les groupes de pressions les plus puissants dans ce débat soient ceux qui ont intérêt à renforcer la lutte contre les changements climatiques. Si le résumé varie parfois sensiblement du rapport détaillé, c est plutôt dans le sens de minimiser la menace. Offensive des climato-sceptiques La controverse climatique a été largement alimentée par certaines figures médiatiques telles Claude Allègre, en France. Géochimiste de formation, ancien ministre de l Education et membre de l Académie des sciences, il a publié «L imposture climatique», contestant le lien entre CO 2 et changements climatiques, considérant que les nuages ou l activité solaire ont des impacts plus déterminants, et dénonçant la mobilisation planétaire autour d un «mythe sans fondement». Fin octobre 2010, l Académie des sciences française publiait un rapport 3 réfutant les thèses de Claude Allègre, réaffirmant que «la hausse du CO 2, liée aux activités humaines, est la cause principale du réchauffement», et réaffirmant clairement les grandes conclusions du GIEC. Elle clôturait ainsi officiellement la polémique. Au Danemark et dans le monde anglosaxon, c est un autre type de climatosceptiques qui a recueilli l attention : Bjorn Lomborg 4, statisticien danois, professeur à la Copenhagen Business School, est l auteur du livre «The Skeptikal Environmentalist» 5 qui questionne l urgence d agir contre le réchauffement global. S il ne nie pas le réchauffement global (dont le débat est, selon lui, alimenté par la peur), il fait l apologie de la recherche et de la géoingénierie et vante les solutions technologiques. Pour lui, nous pouvons continuer le «business as usual» car nous trouverons les solutions opportunes en temps voulu. L ombre des lobbies Nul doute que certains climato-sceptiques sont encouragés par les groupes d influence qui n ont pas intérêt à voir le «business as usual» changer. Il en va ainsi des parlementaires américains qui reçoivent des financements de grandes entreprises européennes, afin de renforcer leurs voix contre la législation climatique (dont le projet de loi est actuellement en cours d examen au Sénat). Le Climate Action Network explique pourquoi et comment les entreprises européennes financent ceux qui nient les changements climatiques et les voix américaines opposées à une législation 6. L influence des lobbies des grandes industries (chimie et pétro-chimie, agroalimentaire, automobile, métallurgie, textile, ) est en effet une réalité à laquelle aucun pays n échappe, pas même la Belgique. Ainsi, la proximité du parti de la ministre flamande de l Environnement Joke Schauvliege et du Premier ministre Yves Leterme, avec certaines fédérations patronales flamandes liées aux grandes industries chimique ou automobile, n est pas gage d une grande indépendance dans la décision politique. Des lobbies à la controverse climatique, il n y a donc qu un pas. Un petit pas d homme qui empêche de grandes avancées pour les 3/4 de l Humanité qui subissent de plein fouet les effets des changements climatiques 1/ CAN Europe, «Think globally, sabotage locally», an investigation of the Climate Action Network Europe ; October 2010; disponible sur ou 2/ Voir notamment «CO2 is not pollution» ou encore «Carbon dioxyde is life» sur 3/ Jean Loup Puget ; René Blanchet ; Jean Salençon; Alain Carpentier, et Jean-Yves Chapron; «Le changement climatique», Académie des sciences, 26 oct / 5/ Le documentaire «Cool it», adaptation à l écran des thèses de son ouvrage, est sorti mi-novembre Il est, selon certains critiques, rempli d opinions, mais très courts dans les faits scientifiques. 6/ CAN Europe, ibid.
10 10 dossier Regards sur un an après Le 12 janvier 2010, Haïti était ravagé par un terrible séisme. Un an après, et alors que le pays est marqué par l incertitude postélectorale et une épidémie de choléra, penchons-nous sur la situation de la «première république noire» à travers trois regards critiques et complémentaires. Espresso Studio 2010 (designforhaiti.com)
11 11 dossier FRÉDÉRIC LÉVÊQUE CNCD Haïti, toujours la catastrophe? Rencontre avec Pierre Verbeeren, directeur général de Médecins du Monde Belgique En juillet dernier, Le Soir publiait une carte blanche sous le titre «Haïti : six mois après le tremblement de terre, c est encore la catastrophe». Son auteur, Pierre Verbeeren, est directeur général de Médecins du Monde (MdM) Belgique. Nous sommes allés à sa rencontre pour savoir si c est toujours la «catastrophe» à Haïti et connaître son regard critique d «humanitaire» sur l action de la communauté internationale. Cela peut sembler paradoxal, mais en matière de santé, l accès aux soins est meilleur aujourd hui qu avant le séisme. Une succès de la coopération internationale? Pierre Verbeeren : Avant le séisme, 57% de la population n avait pas accès aux soins de santé. Aujourd hui, 90% grosso modo ont accès. Ceci, grâce à la gratuité des soins décrétée par le gouvernement haïtien rendons à César ce qui appartient à César, au travail de la communauté internationale, à la remobilisation du personnel de santé local, et à la manière dont le peuple haïtien a réagi. C est une bonne nouvelle, mais les ONG ne créentelles pas un système parallèle, concurrent de santé? Tout dépend des situations. Prenons un exemple : MdM Belgique a participé à la relance de la maternité à Petit-Goâve. Hier complètement à l arrêt, cette maternité assure aujourd hui autant d accouchements par mois qu une grosse maternité du réseau hospitalier public bruxellois. MdM n a pas pris possession de la maternité mais l a entièrement laissée dans les mains de son personnel local que nous avons appuyé : formations, supervisions, équipement, primes salariales D autres organisations enverront de nombreux expatriés, prendront le contrôle des services, engageront euxmêmes le personnel local Notre approche est de faire en sorte que le système fonctionne plutôt que de s y substituer. Toutes les ONG ou agences de coopération n ont pas les mêmes valeurs MdM est effectivement fier de ses valeurs et notamment de son approche basée sur le partenariat local, même en situation d urgence. Mais je peux comprendre qu il y ait d autres logiques d intervention. Ce n est pas juste de faire croire qu il y a moyen d éviter à 100% la substitution dans une situation de catastrophe. La solidarité s exprime de toutes les manières qui soient. Il faut être dans une logique de complémentarité entre les approches. Et surtout de grande transparence sur ce qu on fait, pourquoi, comment et avec qui. Il n y a pas de raison de considérer que la solidarité est un monopole d État. D ailleurs, le premier pourvoyeur de soins, de secours et d assistance après la catastrophe, c était la population haïtienne, y a pas photo! Penser le contraire, c est vraiment se gonfler le cou et ce n est pas conforme à la réalité. Il est de notre responsabilité de rappeler quelle est la taille de ce que nous faisons. Un représentant de l ONU sur place a dénoncé la «république des ONG», la création de structures parallèles et que certaines des ONG sur place c est son chiffre! faisaient un peu tout et n importe quoi En ce qui concerne le vocable «république des ONG», on met dans le même sac ONG, coopération bilatérale officielle et agences multilatérales. Pour ce qui est de la situation, ce n est pas tout à fait faux. En gros, il y a toute une série de quartiers dans la ville où l espace public est monopolisé par la communauté internationale qui manque clairement de «NOTRE APPROCHE EST DE FAIRE EN SORTE QUE LE SYSTÈME FONCTIONNE PLUTÔT QUE DE S Y SUBSTITUER» pudeur dans ses interventions. Quand j étais en Haïti, j exprimais sur un blog mon désarroi par rapport au fossé entre le gigantesque pouvoir d achat de la communauté internationale créé notamment par l argent de la solidarité et le tout aussi gigantesque désarroi de la population. Il suffit de se balader dans les rues de Port-au-Prince pour voir à qui appartiennent les voitures neuves, pour voir qui klaxonne parce qu on se permet en plus de klaxonner! Marc Maesschalck, du centre de philosophie du droit de l UCL, disait dans une interview sur La Première qu il y a même tout un réseau qui s est développé sur le loisir des expatriés. Moi, je n irais pas aussi loin. Nos équipes, par exemple, sont assignées à résidence le soir parce que les règles de sécurité à Port-au-Prince font que ce n est pas le moment d aller jouer au billard. Franchement, la vie d expatrié
12 12 dossier n est pas le Club Med. Mais tout système a ses profiteurs. C est d ailleurs là que Marc Maesschalck a raison : «la communauté internationale fait partie du problème haïtien». Comment se passe la coordination entre les acteurs de la communauté internationale? C est une question de bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. On peut dire que la coordination entre gouvernements, agences des Nations Unies et ONG, au regard de l ampleur de la catastrophe, a fonctionné moins mal que dans d autres situations d urgence. Mais, c est clair, il y a des ONG qui sont plus professionnelles que d autres. Quand on voit débarquer une école avec 150 jeunes qui viennent aider à déblayer la rue, et même si leur impulsion est la solidarité Qui suis-je pour juger?, c est toujours un peu difficile de se dire qu on doit se coordonner avec eux. Je pense que ce n est pas notre rôle d ailleurs. Actuellement, est-on toujours en situation d urgence ou le gouvernement a-t-il entamé la reconstruction? Je rappelle toujours que le gouvernement bruxellois a mis cinq ans à commencer à avoir les plans pour construire les logements qu il avait annoncés en début de législature «FRANCHEMENT, LA VIE D EXPATRIÉ N EST PAS LE CLUB MED» Médecins du Monde à Haïti Présent en Haïti depuis le début des années 90, Médecins du Monde (MdM) mène une action de soutien au système de santé haïtien, essentiellement dans les soins de santé primaire, en expérimentant notamment un système levant les barrières financières de l accès aux soins. «Est-ce que, pour certaines pathologies, cela ne coûterait pas moins cher d assurer la gratuité parce qu un système de recouvrements des coûts fait que les malades consultent plus tard, ce qui augmente le prix du traitement?», se demande Pierre Verbeeren. MdM est aussi actif sur le terrain de la réduction des risques en matière de transmission du sida et mène un travail spécifique sur la question des violences faites aux femmes. «Une série de violences ne font pas l objet de poursuites judiciaires, alors que si on apprenait au médecin à acter les faits de violence, cela permettrait à la justice de se prononcer davantage», c est pourquoi MdM a participé à la création d une association de droit haïtien, Uramel. L organisation travaille à la formation des médecins aux questions légales et à celle des juristes et des magistrats aux questions médicales. Après le séisme, MdM a mené une série d interventions chirurgicales dans les 15 premiers jours, et a mis en place des cliniques mobiles dans les camps de déplacés. MdM développe aussi un travail sur les questions de malnutrition et sur la santé sexuelle et reproductive avec la relance, notamment d une maternité à Petit-Goâve. «De zéro accouchement en janvier 2010, on est passé à 140 par mois aujourd hui», nous confie fièrement son directeur. Au plus fort de la crise, MdM international a compté jusqu à 52 expatriés sur place et 550 membres du personnel local. À ce propos, Pierre Verbeeren entend casser une idée reçue : «Je n ai pas de souci à avoir une approche très critique sur la construction du drame et sur le rôle des chevaliers blancs de l humanitaire. Nous devons encore beaucoup changer. Mais il faut rappeler la réalité. Nos expatriés par exemple sont presque pour moitié des non Belges : des Maliens, des Sénégalais, des personnes d Europe de l Est Cela relativise les critiques.» MdM 2010
13 13 dossier (2004). Donc, qui sommes-nous pour faire la leçon au gouvernement haïtien? En fait, actuellement, urgence, reconstruction et développement coexistent. L urgence d abord : l épidémie de choléra, les camps de déplacés internes ; et leurs conditions d hygiène et de logement abominables. Il y a encore un million de personnes déplacées. Au plus fort de la crise, ils étaient 1,3 million. La reconstruction aussi. Parce qu on fait du semi provisoire, semi définitif en termes de logement. Du développement enfin, car sur le choléra par exemple, on travaille à former du personnel de santé, à créer des équipes, à mettre en place des mécanismes de recouvrement des coûts, à améliorer les infrastructures. J ai l espoir que ce travail soit réalisé dans une perspective durable. À chaque commémoration, il est de coutume pour la presse de questionner les ONG sur ce qu elles ont fait des dons du public. Après le Tsunami en Asie du Sud-Est, certains se demandaient pourquoi tout l argent n avait pas été dépensé rapidement Quand on intervient quelque part, on a un impact sur le système. On le renforce en le perturbant. On doit donc être en capacité de ne se désengager que progressivement sinon on risque de recréer un dysfonctionnement. Dès le mois de janvier 2010, nous nous sommes engagés à garantir une présence d au moins trois ans et à gérer l argent en conséquence. Actuellement, l argent récolté pour les actions de MdM a été utilisé à 40%, avec une très grande parcimonie. Ce sont par exemple les grands bailleurs institutionnels qui ont pris en charge tout ce dont nous avions besoin en médicaments et en équipement médical ; donc, nous n avons pas dû les payer avec l argent des donateurs. Les dix milliards promis par la communauté internationale en mars 2010 ont-ils été versés? Les États et les institutions internationales ont probablement versé 1 milliard. Les ONG aussi mais sur un total de 2 milliards et non de 10 comme les États. Les ratios ne sont donc pas les mêmes. Mais, pour moi, la question n est pas là. Ces dix milliards arriveront peut-être un jour et les États pourront dire qu ils ont tenu leurs promesses. Par contre, la question est de savoir où cet argent va être affecté, dans quels délais et avec quelle efficacité. L enjeu est de savoir quand on aura une vision opérationnelle du plan de développement d Haïti. Là, on touche inévitablement à un problème majeur : la question foncière. Doit-on protéger absolument le propriétaire terrien ou peut-on faire prévaloir l intérêt général dans un plan d affectation du sol? Tant qu il n y aura pas eu un choix fort là-dessus, on n avancera guère. Et franchement le contexte électoral n est absolument pas favorable à ce qu on lève l ambiguïté sur la question du droit de propriété. «L ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ ET SURTOUT LA SPÉCULATION SUR LE FONCIER CONSTITUENT UN FREIN AU CHANGEMENT» Justement, quel est le problème foncier dont tu parles? En gros, est-ce que le gouvernement va se donner la latitude de repenser la mobilité, les axes routiers, le positionnement du port, de l aéroport, des quartiers résidentiels, de villes secondaires de désengorgement autour de la capitale? Comment penser que la zone côtière, qui va de la capitale jusqu à Jérémie, sans infrastructure routière cohérente puisse accueillir une population plus importante et que les gens ne s entassent pas tous à Port-au-Prince? Pour faire cela, il faut décider d y affecter des moyens, plutôt qu uniquement à Port-au-Prince. Donc, pour réaliser un véritable schéma d affectation du sol, il faut avoir une maîtrise foncière plus grande. C est un problème majeur, celui de savoir qui détient les richesses à Haïti. L accès à la propriété et surtout la spéculation sur le foncier réalisée par des personnes ou groupes qui ont la capacité de spéculer constituent un frein au changement. Les grands propriétaires fonciers, ce sont les grandes familles haïtiennes connues de tous et qui sont présentes au Parlement. Haïti, un des pays les plus pauvres du monde, dépendant des importations pour son alimentation notamment, peut-il combiner reconstruction et changement de modèle? Sans faire d Haïti un mythe, c est une société qui a un potentiel de développement endogène gigantesque, sur le plan agricole notamment, mais aussi culturel. Or, il faut reconnaître que le modèle de développement dominant va encore une fois gagner. Il est en effet difficile d imaginer que la réponse à une catastrophe soit de faire mieux qu hier. L urgence, c est le retour à la normale. Chez les intellectuels, on rencontre souvent cette espèce de mythe de la page blanche. Se dire que puisque la nature s est chargée de tout détruire, maintenant on peut reconstruire autrement. Cette vision est apocalyptique car c est croire qu on a besoin d une page blanche pour changer. Philosophiquement, j ai un vrai problème avec cela. En fait, les défis d Haïti restent les mêmes? Il faut un État qui sache décider, une communauté internationale qui vienne en soutien et pas en monopole, une répartition juste des richesses. Seules quelques familles sont dépositaires de l ensemble des richesses et contrôlent tous les flux financiers. Qui contrôle par exemple le commerce des voitures qui a fait florès après le tremblement de terre ou encore les grosses infrastructures de transport? Donc, il faut voir si on a prise là-dessus pour (re)créer de l intérêt général. C est un processus long et lent. Mettre la société haïtienne en capacité d être un vrai interlocuteur, mettre les autorités publiques en capacité d être un vrai décideur, ça, c est le véritable enjeu.
14 14 dossier Une nouvelle fois, l année 2010 est venue confirmer qu en matière de catastrophes et d interventions humanitaires, tout ne se vaut pas. Et ce, en parfaite contradiction avec l un des fondements théoriques originel de l idéologie interventionniste charitable : celui selon lequel une victime égale une victime, quels que soient son pays, sa couleur (de peau ou politique), sa religion, son sexe, son âge, sa culture, etc. Si besoin en était donc, indépendamment de la gravité du drame ou de l efficacité de l opération, on aura compris cette fois qu une souffrance pakistanaise a décidément moins d atouts qu une souffrance haïtienne pour susciter la compassion occidentale, chrétienne ou laïque ; ou que trente-trois mineurs chiliens à sauver sous les caméras existent forcément plus que les milliers de mineurs chinois qui périssent chaque année au fond de leur trou Soit. Ce n est pas nouveau. Ce qui choque, c est le déni de ces engouements à géométrie variable, ou pour le moins l illusion entretenue d un complexe médiatico-humanitaire magnanime, inconditionnel et miséricordieux. Sans creuser ici l éternelle controverse entre aide d urgence et action structurelle sur le long terme, ou celle sur la légitimité de l ingérence et de la «responsabilité de protéger», ce qui saute aux yeux, c est la logique implacable du «dispositif interventionniste», ses passages obligés. En matière de traitement des catastrophes en pays pauvres, il existe bien des «invariants», c est-à-dire des réflexes, des élans qui, quel que soit le contexte, en viennent à se répéter, avec plus ou moins d intensité, pour le meilleur et pour le pire. Relevons-en cinq. Premier invariant : l alarme médiatique. Elle est indispensable, mais elle est aussi souvent sensationnaliste, superficielle et boursouflée. C est connu, quand il s agit d informer l opinion d un désastre, on a tous les droits. Celui surtout de simplifier à l extrême, de mettre en scène, de focaliser sur «le plus parlant». Micro au poing, l air contrit, comme en aparté sur fond de cohues et de sang, le journaliste «dépêché dans l enfer dès les premières heures du drame» alimente le téléspectateur abasourdi. Des images spectaculaires, des «témoignages poignants», des «récits exclusifs» : «Nous avons été les premiers sur place Les dégâts sont considérables Le chaos règne Les premiers chiffres font état de milliers de morts L aide arrive Nos militaires sauvent des vies Les gens sont reconnaissants Mais il y a des pillages Il va falloir reconstruire Voilà, Claire, tout ce que l on pouvait dire sur la situation ici». Le refrain se répète à l envi, tant que l émotion ne fléchit pas. Surenchère descriptive jusqu à saturation. Deuxième invariant : l emballement compassionnel. Il est indispensable, mais il est aussi souvent ingénu, sélectif et irrationnel. C est connu, quand on BERNARD DUTERME Sociologue et directeur du CETRI Les cinq «invariants» de la logique humanitaire Si chaque catastrophe ne bénéficie pas de la même attention, une même logique «médiatico-humanitaire» se met pourtant en place. Bernard Duterme pointe cinq invariants. donne, quand on veut le bien, on a tous les droits. Celui d abord de préférer telle urgence, tel bénéficiaire, tel enfant désespéré à tel autre, en vertu de critères pas toujours conscients ou avouables, mais réels : des critères de proximité et d émotion ressenties, de confiance, de reconnaissance, de disponibilité, de poids moral ou médiatique. À gravité égale, deux catastrophes distinctes n ont pas les mêmes chances de nous «PAS DE DONATEURS SANS JOURNALISTES, PAS D HUMANITAIRES SANS DONATEURS, PAS DE JOURNALISTES SANS AUDIENCE ILS SE NOURRISSENT MUTUELLEMENT» apitoyer. Le droit ensuite d exiger du bénéficiaire choisi, de la victime élue, de l humanitaire ou du journaliste préféré, qu il ne bride pas ce «formidable élan de générosité», qu il soit digne, immédiatement efficace, redevable, éploré «On doit tous faire un geste, ça pourrait nous arriver». «Il y a des enfants perdus plein les rues pourquoi freiner les adoptions?». Troisième invariant: la déferlante humanitaire. Elle est indispensable, mais elle est aussi souvent obligeante, suffisante et arbitraire. C est connu, quand on vient sauver des vies, on a tous les droits. Celui d abord de parer au plus pressé, de s installer et de planter son drapeau il en a fallu de la présence d esprit à l urgentiste étatsunien au moment de charger l avioncargo en partance pour le lieu du drame, pour ne pas oublier les milliers de fanions à distribuer. Le droit ensuite de snober réalités et acteurs locaux, de
15 15 dossier UN Photo / Marco Dormino 2010 conforter l idée d un Nord zélé au service d un Sud invariablement chaotique. «Nos interlocuteurs locaux ne sont pas fiables, nous ne devons compter que sur nous-mêmes». Peu importe que, dans la plupart des catastrophes, les solidarités de proximité sauvent de facto bien plus de vies que les brigades humanitaires, le droit d ingérence s impose. Il est devoir moral et défi logistique. Exclusivement. Toute autre considération serait déplacée. L élan interventionniste est justifié et désintéressé. Quatrième invariant, inévitable : la retombée médiatique, compassionnelle, humanitaire La retraite, l abandon. Dans la frénésie unanime des premiers jours de la catastrophe comme dans l essoufflement graduel des semaines qui suivent, les trois pôles agissants sont intrinsèquement inter - dépendants. Pas de donateurs sans journalistes, pas d humanitaires sans donateurs, pas de journalistes sans audience ils se nourrissent mutuellement. L urgence passée, la lassitude va gagner, l actualité chaude se jouer ailleurs, et le pays meurtri quitter l avant-scène. Les besoins restent entiers, les choix décisifs sont encore à venir, les rapports de force pourraient évoluer trop tard, on ne saura pas dans quelles conditions la vulnérabilité de la région à un prochain séisme, à un prochain ouragan sera ou non atténuée. Seule une noria de «développeurs» de toute obédience, plus ou moins alignés sur l agenda de leurs partenaires locaux, vont persister sur place. Le dernier invariant la dépolitisation du problème traverse les quatre premiers. Il domine à chaque instant du traitement des catastrophes en pays pauvres. Et tend à plomber l ensemble de la démarche. La décontextualisation du désastre, sa naturalisation, sa «fatalisation». La faute à pas de chance, à «la malédiction» ou aux «mauvais choix architecturaux» des autochtones Condition de l alarme, de l emballement et de la déferlante, la lecture dominante évacue en effet toute interrogation fastidieuse. Comment en est-on arrivé là? Pourquoi le même déchaînement naturel fait-il ailleurs 100 fois moins de victimes? Démantèlement des capacités des États, prêts conditionnés à la libéralisation, évasion fiscale, dumping alimentaire, liquidation des agricultures vivrières, accaparement des terres, pressions agroexportatrices, déforestation, exodes ruraux, entassements urbains Autant de registres peu explorés, d intérêts peu questionnés, d orientations peu remises en cause. Au total des invariants, c est bien en cela que l humanitaire tend à s invalider : il répond parfois plus à sa propre logique qu à celles des pays où il se fait fort d intervenir.
16 16 dossier SABINE MANIGAT Sociologue et politologue, Université Quisqueya, Haïti Un État en ruines, un peuple debout Victimes, les Haïtiens le sont, mais ils ont aussi été les premiers sauveteurs, secouristes, déblayeurs, les premiers à porter secours à leurs compagnons d infortune. Dans une analyse sur les mouvements sociaux haïtiens, Sabine Manigat nous parle de la réaction et de l organisation de la population. Le tremblement de terre de magnitude 7,3 sur l échelle de Richter qui a frappé Haïti a affecté significativement des régions et villes densément peuplées et socialement actives. Les principales victimes du tremblement de terre appartiennent à deux catégories socio-économiques : la classe moyenne qui représente à Haïti un étroit segment de 20% de la population, résidant principalement dans les villes et surtout à Port-au-Prince, et les secteurs populaires, de loin majoritaires dans la population, souvent d immigration récente en ville et avec un enracinement encore fortement rural. Cette population, qui représente, selon des statistiques compilées par les Nations Unies, environ 1,2 million personnes, a réagi de deux manières distinctes et complémentaires : d un côté, par l organisation de véritables campements spontanés avec leurs comités responsables de la réception et de la distribution de l aide, de la sécurité et du nettoyage ; et, d un autre côté, par l exode vers les villes d origine, surtout pour les femmes et les enfants. La force des solidarités de base Au cours des premiers jours, c est la force des solidarités de base qui s est manifestée. Il y avait beaucoup de peuple et peu d État. Les jeunes des quartiers populaires de Port-au-Prince ont constitué les premières équipes de sauvetage, les premiers secouristes, les premières brigades d extraction des gravats et d évacuation des cadavres. Il y a d ailleurs une coïncidence intéressante entre la capacité d organisation des travaux et la présence antérieure d organisations populaires dans plusieurs parties de la ville. Si les équipes de secours internationales ont affirmé avoir sauvé quelque 131 vies, rien qu à l université Quisqueya, la nuit du 12 janvier, plus de 20 étudiants ont été sortis vivants des décombres. Mais, au-delà de toute statistique de mérite, ce qui ressort ici est l efficacité de la mobilisation populaire, des jeunes en particulier, durant les moments les plus dramatiques de la catastrophe. Autorégulation sociale Cette mobilisation est la même qui a mené à l organisation rapide de la population pour recevoir l aide internationale. Il est important, en effet, de souligner que, dès les premières heures, l espérance généralisée de la population reposait sur la foi dans l arrivée rapide de la solidarité internationale. L idée était de préparer l arrivée de ladite assistance pour qu elle puisse être rapide et efficacement répartie. Au cours de ce premier moment, la population a réagi par conséquent de manière UN Photo / Sophia Paris 2010
17 17 dossier «DÉS LES PREMIÈRES HEURES, IL Y AVAIT BEAUCOUP DE PEUPLE ET PEU D ÉTAT» organisée et a concentré ses efforts sur la survie. Ce qui a été décrit depuis lors comme une espèce de résilience de la population et que des sociologues haïtiens ont observé et analysé comme une forte capacité d autorégulation sociale des communautés, a permis d éviter tous les risques sanitaires et sociaux majeurs. À côté du rôle joué par les associations de quartier, de nombreuses organisations citoyennes se sont mobilisées à côté des jeunes pour transporter les blessés, distribuer l eau, répartir les aliments. Elles ont fait écho aux besoins populaires dans le contexte d urgence humanitaire. Les organisations dites de la société civile ont exprimé leur avis sur la qualité et la transparence des opérations de distribution et ont joué un rôle d observateur critique des actions gouvernementales, de l ONU et des innombrables ONG qui sont arrivées dans le pays à la suite du séisme. Le facteur sécurité En matière de sécurité, certains faits significatifs contredisent certains préjugés diffusés par la presse internationale, entre autres, la stigmatisation des camps de réfugiés comme zones d extrême insécurité. Une étude basée sur un diagnostic de terrain, réalisée en mars et avril 2010, a au contraire établi que les intéressés considèrent que les liens avec le quartier alentour influencent considérablement le facteur sécurité. «Quand la communauté, à l intérieur du lieu, est elle-même stable (la majorité de ses membres provenant du même quartier), la sécurité est assez bonne. Il semble que le tremblement de terre ait créé un degré de solidarité considérable au sein de la société haïtienne. Dans le quartier Delmas 60, les habitants ont décrit un sentiment familial. Les comités et les brigades de sécurité organisés par la population ont souvent été décrits comme une garantie de sécurité et de bonne gestion des zones de réfugiés.» Et le rapport de conclure que «la cohésion au sein des communautés dans les zones de victimes, entre eux et avec la communauté alentour est fondamentale en matière de sécurité». Faiblesses historiques de l État L impact de cette forte capacité organisationnelle de la population haïtienne n a pas été assez mis en avant. Logiquement, c est son grand instinct de résilience et de résistance qui a été distingué. Il ne fait aucun doute que les faiblesses historiques de l État haïtien à garantir les services les plus élémentaires ont habitué la population, pour le dire ainsi, à résoudre ses problèmes toute seule. Cette capacité d autorégulation, productrice de forts liens de solidarité de base, est avant tout responsable de l indéniable sérénité des victimes jusqu à aujourd hui et, en général, de la tranquillité sociale qui prévaut dans le pays. On n a pas assez mis le doigt sur le fait que Haïti a vécu avec un contingent national de moins de dix mille policiers, sans soldats et cela avant le déploiement de la mission de l ONU chargée depuis six ans de la stabilité. La connaissance de ces circonstances pose sans aucun doute des questions sur le potentiel de la société haïtienne pour prendre en main la reconstruction du pays et, d une manière plus générale, un avenir autonome et souverain. Cet article est un extrait de l analyse de Sabine Manigat «Atrapado entre la sociedad civil y la sociedad política. El movimiento social haitiano en 2010», publié par la revue OSAL (CLACSO, Buenos Aires, Année XI, n 28, novembre 2010). Introduction, traduction, adaptation et intertitres : Frédéric Lévêque.
18 18 projet Autre Terre Où? Arequipa, Pérou Contexte La ville péruvienne d Arequipa a besoin d un dispositif clair concernant la gestion des déchets solides. L inefficacité du dispositif actuel est manifeste malgré la responsabilisation des communes locales en la matière. Qui? Autre Terre Centro de Estudios Cristianos y Capacitación Popular (Cecycap) Quoi? L objectif du projet consiste à permettre à des groupements de femmes et de jeunes de développer des activités génératrices de travail et de revenus à partir de la récupération et la valorisation de déchets recyclables. Soutenir N de compte : IBAN : BE BIC : BPOTBEB1 au nom du CNCD , 9, Quai du Commerce 1000 Bruxelles Le CNCD adhère au Code éthique de l AERF Les femmes «écosolidaires» ou quand solidarité et gestion environnementale se rencontrent Au Pérou, des femmes issues de milieux populaires s organisent pour recycler les déchets et générer ainsi une nouvelle source de revenus. Le tout, selon les principes de l économie solidaire. YANETH FERNÁNDEZ COLLADO Cecycap DAVID GABRIEL Autre Terre
19 19 projet Située dans les Andes, à près de mètres d altitude, Arequipa est la deuxième ville la plus peuplée du Pérou. Semblable à Bruxelles en termes de population, elle connaît de sérieux problèmes de gestion et traitement de ses déchets. Elle produit quelque 623 tonnes de résidus solides par jour. Ceux-ci, très souvent mélangés avec des résidus dangereux, s accumulent dans des tas d ordures «informels», des décharges à ciel ouvert polluant l air, le sol et le sous-sol. En outre, elles attirent des personnes de faibles ressources économiques qui, dans des conditions de complète insalubrité et d insécurité, se consacrent à la récupération. Revenus complémentaires Dans ce contexte, un groupe de femmes issu de Hunter, un quartier de la banlieue d Arequipa, a pris l initiative de mettre en place une petite unité de collecte, tri et vente de résidus solides 1. Ces femmes gèrent un «comedor popular» une cantine offrant chaque jour un repas équilibré à un prix modique. Comme les donations d ingrédients sont parfois aléatoires, elles ont eu l idée de générer une source de revenus complémentaires afin que leur cantine soit plus autonome. L ONG Autre Terre, invitée à participer au projet, est partie à la recherche d un partenaire local pour appuyer ce groupe pilote ainsi que plusieurs autres de la région. C est Cecycap, une ONG avec beaucoup d expérience en termes d organisation de groupes de base, qui a accepté de s associer pour réaliser ce projet. Sensibilisation, collecte, tri et vente La collecte des déchets est une activité qui requiert un travail coordonné pour identifier les bonnes zones d intervention. Celles-ci sont souvent les quartiers riches. Un travail de sensibilisation y est nécessaire au préalable. Pour ce faire, les travailleurs de Cecycap ont trouvé opportun d associer de jeunes universitaires volontaires issus d une université locale afin d accompagner les groupes de femmes «éco-solidaires» dans ces quartiers plus riches, gardés, (voire sécurisés par des grilles). L objectif est d y expliquer l importance de prendre l habitude de séparer à domicile les déchets en deux catégories (organique et non organique) et le bénéfice qu en retirent ces femmes, leur famille et leur organisation. La sensibilisation une fois terminée, les femmes travaillent alors sans les jeunes volontaires et reviennent semaine après semaine collecter à domicile les résidus solides. Elles les entassent dans de petits camions qu elles louent pour les conduire ensuite vers le lieu où elles les retrient collectivement. Elles travaillent selon une classification rigoureuse (les papiers selon leur type, les plastiques selon leur qualité et leurs propriétés, les verres selon leurs couleurs, leur taille, etc.) permettant de retirer la plus grande valeur ajoutée possible lors de la vente. Ce processus de classification a fait l objet de formations diverses et a permis de dresser un registre mensuel des produits triés, prêts pour la vente. La vente des résidus triés est l activité qui concentre le plus grand intérêt des membres du groupe. Elle passe d abord par une identification des entreprises qui les recyclent ou les commercialisent. C est avec celles qui offrent les meilleures conditions que se fait la vente collective. Une des grandes richesses de cette initiative et de tout ce travail réalisé en commun est la répartition équitable des bénéfices entre les membres du groupe au prorata des jours travaillés et l alimentation d un fonds de solidarité destiné à des fins sociales. Cette répartition se fait lors de réunions mensuelles qui permettent aussi de mesurer le résultat des efforts fournis par le groupe. «UNE DES GRANDES RICHESSES DE CETTE INITIATIVE EST LA RÉPARTITION ÉQUITABLE DES BÉNÉFICES ENTRE LES MEMBRES DU GROUPE» Perspectives L objectif prévu et quasiment atteint au bout de trois années de programme est la formation de 12 groupes de collecte et de recyclage composés de 5-6 femmes, issus d associations populaires et fonctionnant selon les principes de base de l économie solidaire (coopération, autonomie de gestion, participation des membres aux décisions, élection des responsables à la majorité). Toutefois, pour les rendre plus fortes face aux municipalités et aux entreprises, Cecycap et Autre Terre ont accompagné la fédération de tous les groupes de femmes «éco-solidaires». L idée est qu ils puissent s organiser ensemble et que le cadre de la nouvelle association de second niveau qu ils viennent de créer en ce mois de décembre, puisse permettre à toutes ces femmes d enclencher la vitesse supérieure. En effet, regroupées, elles seront plus solides pour se confronter aux municipalités et aux entreprises. Elles pourront également avancer dans la mise en place d une unité de tri (voire de première transformation) et de vente commune qui leur permettra de valoriser au mieux et en plus grande quantité leurs marchandises. Ces partenariats en cascade allant des acteurs et ONG d appuis du Sud et du Nord jusqu aux femmes gérant leurs micro-entreprises sociales sont les garants de la bonne marche de ce projet. C est cette dynamique qui permet l atteinte de résultats à des fins sociales, économiques et environnementales. 1/ Ce sont les HEC de Liège (et en particulier l OIC Horizon, composé d étudiants) ainsi qu un petit groupe d enseignants d une université d Arequipa qui ont permis la mise en place de ce projet pilote avec ce premier groupe de femmes.
20 20 introspectus Le «philanthrocapitalisme» a la cote La philanthropie n est certes pas un phénomène nouveau, mais le poids grandissant des fondations de milliardaires et des entreprises dans la coopération au développement pose question. MIGUEL MENNIG Journaliste Steve Jurvetson 2009
TNS. BFM LE GRAND JOURNAL Le 14/01/2010 20:17:51 Invité : Thierry VANDEVELDE, fondateur VEOLIA FORCE
15/01/10-08:01 - Page 1/3 Ref. Doc. : 2500-4318690-8 A : Service de presse / VEOLIA ENVIRONNEMENT Mot-Clé : VEOLIA BFM LE GRAND JOURNAL Le 14/01/2010 20:17:51 Invité : Thierry VANDEVELDE, fondateur VEOLIA
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