1 er Congrès Espagnol pour l Energie Eolienne Madrid, juin 2015 **** «Discours de Monsieur le Ministre Abdelkader Amara» (Lu par son directeur

Transcription

1 1 er Congrès Espagnol pour l Energie Eolienne Madrid, juin 2015 **** «Discours de Monsieur le Ministre Abdelkader Amara» (Lu par son directeur de Cabinet M. Abdelali Gour) 1

2 Monsieur le Ministre. Mesdames et Messieurs ; (Selon Présence.) C est avec un grand intérêt et un réel plaisir que je participe, au nom de Monsieur le Ministre de l Energie, des Mines, de l Eau et de l Environnement du Royaume du Maroc, Dr. Abdelkader AMARA, au premier congrès de l Energie Eolienne en Espagne, organisé par l Association Espagnole de l Energie Eolienne et qui représente pour moi une occasion pour partager avec vous l expérience du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables, notamment l énergie éolienne. Je voudrais à cette occasion, vous remercier pour l invitation et féliciter l Association Espagnole de l Energie Eolienne, «Spanish Wind Energy Association» pour la réussite de l organisation de ce congrès. Les débats, riches et fructueux, qui ont eu lieu durant cette journée, ont permis d examiner les opportunités qu offre l énergie éolienne à notre région, cette énergie constitue avec les autres sources d énergies renouvelables, un apport clé pour le mix énergétique de nos pays et une niche de développement d une industrie éolienne innovante. L'organisation de ce congrès constitue une démonstration évidente de l'importance cruciale que nos pays accordent au développement des énergies renouvelables propres et inépuisables, notamment l énergie éolienne qui est considérée comme un moyen pour assurer la sécurité d'approvisionnement et la disponibilité de l'énergie dans notre région. Le Maroc dispose d atouts considérables dans le domaine des énergies renouvelables, son potentiel éolien est estimé à 25 GW dont près de 6 GW réalisables d ici 2030 dans des régions on-shore identifiées où la vitesse du vent varie entre 9 et 11 m/s à une hauteur de 40 mètre du sol. Quant au potentiel éolien marocain en off-shore, les premières estimations le long des 3500 km de ligne de côte sont de l ordre de 250 GW, soit l équivalent de 10 fois le potentiel éolien national en on-shore. Le potentiel solaire est illustré par un ensoleillement moyen estimé à plus de 6,5 kwh/m²/jour d irradiation. Depuis le lancement du premier parc éolien de Abdelkhalek Torrès de 50 MW, opérationnel depuis 2000, la filière éolienne au Maroc, est devenue un secteur d investissement rentable qui a atteint la parité réseau et qui ne nécessite pas de subvention ou d aide, ce qui a été traduit par l augmentation significative des projets réalisés et opérationnel totalisant actuellement une puissance installée de 755 MW. 2

3 Durant ces dernières années, la consommation nationale en énergie primaire est passée de 10,5 Mtep en 2002 à 18,4 Mtep en 2013, enregistrant une augmentation annuelle moyenne de 5,3%. L accroissement a été tiré par l augmentation de la consommation électrique qui a enregistré un taux annuel moyen de près de 7%. Cette augmentation résulte du développement socio-économique amorcé depuis 2002 qui a été concrétisé par la mise en place de stratégies sectorielles structurées dans les différents domaines socio-économiques, qui ont permis de réaliser et de lancer de grands chantiers en infrastructures, industrie, agriculture, tourisme et logement social, ainsi que de la quasi généralisation de l électrification rurale qui a atteint un taux d environ 98,8% et de la croissance démographique couplée à l amélioration du niveau de vie de la population. La dynamique de développement sera poursuivie, ce qui engendre un besoin croissant en énergie pour les dix prochaines années, et par la suite la nécessité de réaliser de nouvelles infrastructures de production, de transport, de stockage et de distribution relatives aux différentes filières énergétiques. C est ainsi que le Maroc a adopté une stratégie énergétique ambitieuse basée notamment sur les énergies renouvelables, qui représenteront 42% de la puissance installée en 2020, en développant 2000 MW d énergie solaire, 2000 MW d énergie éolienne et 2000 MW d hydraulique. L investissement global pour les trois programmes des énergies renouvelables est évalué à 13,1 milliard de $ US, soit près de 60% de l investissement total prévu pour le secteur de l énergie. Le processus de concrétisation des deux projets Eolien et Solaire connaît un progrès remarquable. En effet, la réalisation du Projet Marocain Eolien, se poursuit convenablement, dans la mesure où l ensemble des unités prévues sont soit déjà réalisées, soit engagées ou en cours de lancement. Les coûts de production atteints ou envisagés confèrent déjà à cette filière un haut degré de compétitivité en comparaison aux centrales consommant des combustibles fossiles. En effet, en plus des 755 MW déjà opérationnels, dont 200 MW réalisés par des entreprises privées dans le cadre de la loi 13-09, d autres projets sont en cours de développement totalisant environ 538 MW. 3

4 L appel d offre international pour le programme éolien intégré de 1000 MW et qui présente une réelle opportunité d investissement, a été lancé en deux phases : - Phase 1 : Projet Eolien 150 MW de Taza; - Phase 2 : Projet Eolien Intégré d une puissance totale installée de 850 MW, répartie sur cinq parcs éoliens, à savoir : Parc éolien «Tanger II» : 100 MW, Parc éolien de «Tiskrad» (Tarfaya) : 300 MW, Parc éolien de «Boujdour» (Boujdour) : 100 MW. Parc éolien de «Midelt» : 150 MW, Parc éolien «Jbel Lahdid» (Essaouira) : 200 MW. Quant au Projet Marocain intégré de l Energie Solaire, dont l objectif est de valoriser notre grand potentiel solaire, les étapes franchies par l Agence Marocaine de l Energie Solaire en matière de développement, soutenue par ses partenaires internationaux, permettront l injection du premier KWh de la centrale solaire NOOR1 d une puissance de 160 MW dans le réseau national de transport en août Pour NOOR 2 et 3 d une puissance de 350 MW, le groupement Acwa-Sener a été sélectionné pour le développement de ces centrales. Tandis que, les études d injection au réseau national de transport sont déjà réalisées. Actuellement, les appels d offres sont en cours de préparation pour la phase photovoltaïque (PV), NOOR 4, portant sur 70 MW. Le Royaume du Maroc à travers ces deux projets intégrés vise à corriger sa vulnérabilité énergétique, mais également et surtout à s approprier des technologies prometteuses de valorisation des ressources énergétiques renouvelables, à développer le tissu industriel national à même d accompagner les projets de développement des énergies renouvelables et d assurer la compétitivité requise à l export et donner une impulsion forte à la recherche, au développement et à l innovation technologique, orientés vers le développement durable. Dans ce contexte, le Maroc entreprend un ambitieux programme de R&D spécifique, en vue de donner une impulsion de taille à l innovation technologique dans ces domaines. Les structures de recherches nationales ont été enrichies par la mise en place d un Institut de Recherche en Energie Solaire et en Energies Nouvelles (IRESEN), qui consolide, mutualise et met en réseau nos capacités de R&D sur des thèmes ciblés, notamment liés au développement et à l industrialisation de solutions et de filières technologiques innovantes, en accompagnement à nos projets intégrés dans ces domaines. 4

5 Le soutien à la R&D et à l innovation technologique dans le domaine des énergies nouvelles se fait à travers : Le financement de nombreux projets de R&D portant sur des sujets visant entre autres le développement de technologies adaptées aux besoins et conditions climatiques marocains et tenant compte des tendances internationales. La réalisation du «Green Energy Park», comportant des laboratoires de pointe ainsi que plusieurs plateformes de test et des projets pilotes. La réalisation des Clusters dans le domaine des énergies renouvelables, notamment solaires photovoltaïques, en vue de permettre à notre pays de développer des filières locales compétitives et de se positionner parmi les leaders dans le domaine des énergies renouvelables, et particulièrement au niveau régional. Pour accompagner sa stratégie énergétique, le Maroc a mis en place des réformes législatives, réglementaires et institutionnelles importantes qui lui ont permis (i) de mettre en place un cadre attrayant, cohérent, clair et stable, (ii) de donner la visibilité nécessaire aux opérateurs et aux investisseurs, (iii) d accélérer la réalisation des projets de développement des énergies renouvelables et de la promotion de l efficacité énergétique, (iv) et d inscrire le modèle énergétique marocain dans la dynamique de développement de la coopération régionale et internationale et d intégration des marchés régionaux de l énergie. Ces réformes ont port& sur : La promulgation de la Loi relative aux Energies Renouvelables. La promulgation de la Loi n relative à l Efficacité Energétique. La création de l Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et l Efficacité Energétique (Loi n 16-09). La création de l Agence Marocaine de l Energie Solaire (Loi 57-09). La création de la Société d Investissements Energétiques. La création de l Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles. La création du Fonds de Développement Energétique La satisfaction d une demande énergétique qui sera augmentée de 70% et une demande électrique qui va doubler entre 2013 et 2025, nécessite 5

6 d achever les réformes engagées et d accélérer la cadence de réalisation des projets et chantiers en cours ou prévus, notamment en matière de moyens de production d électricité dont le besoin est évalué à près de MW à l horizon Ainsi, de nouveaux chantiers de réformes sont en cours de lancement à savoir : L ouverture du marché électrique de sources renouvelables à la Moyenne Tension. L adoption du décret approuvant les conditions et les modalités d ouverture de la MT aux opérateurs privés. Cette réforme s inscrit dans le cadre de nos engagements envers l Union Européenne et des bailleurs de fonds en matière d ouverture progressive et partielle du réseau et du marché de l électricité. L ouverture du réseau Basse Tension aux secteurs résidentiel et tertiaire à travers les amendements nécessaires de la loi sur les EnR ; La publication au Bulletin Officiel du Règlement Général des Constructions fixant les règles des performances énergétiques de constructions et instituant le Comité National pour l Efficacité Energétique dans le Bâtiment. Le projet de loi permettant aux grands auto-producteurs d électricité, de développer des capacités propres de production et d accéder au réseau électrique pour le transport de l énergie produite du site de production au site de consommation. La mise en place d une Autorité indépendante de Régulation de l Energie pour accompagner les évolutions que connaîtra le secteur de l énergie national, notamment en matière d ouverture du marché de l électricité de source renouvelable. Et enfin, la création d une Agence de Sureté et de Sécurité Nucléaire et radiologique. D autres chantiers présentant des opportunités d investissements ont été également engagés. Il s agit en particulier de la feuille de route claire pour le développement du Photovoltaïque que nous avons lancée au mois de novembre dernier portant sur les axes suivants : Développement de programmes de grandes et moyennes centrales solaires photovoltaïques : Programme PV ONEE: 400 MW, Programme PV MASEN: 400 MW ; Programme PV producteurs privés THT-HT dans le cadre de la Loi

7 Développement de projets de centrales solaires photovoltaïques dont la production est destinée aux consommateurs raccordés en moyenne tension (marché estimé à 1,5 GW à 2030). Développement de l utilisation à grande échelle du PV dans le résidentiel et le tertiaire raccordés en basse tension. Le potentiel est évalué à 4,5 GW. (marché estimé à 1,5 GW à 2030). Mise en place de programmes d accompagnement en matière d intégration industrielle et de R&D dédié au PV. Un autre chantier d une grande importance concerne le lancement au mois de décembre dernier de la feuille de route pour le développement du gaz naturel. Le développement du gaz naturel à grande échelle, s inscrit parmi nos objectifs stratégiques visant la diversification des sources d approvisionnement et particulièrement en électricité, la protection de l environnement et une intégration plus aisée des énergies renouvelables dans le système électrique national grâce à la flexibilité des centrales au gaz naturel. Les Besoins du Maroc en gaz naturel pour la production d électricité sont évalués à 5 BCM à l horizon 2025, dont près de 3,5 BCM destiné à alimenter les capacités additionnelles en cycles combinés au gaz naturel à développer, entre 2021 et L investissement global, dont la grande partie sera mobilisée par des investisseurs privés et institutionnels nationaux et internationaux dans le cadre de contrats de concessions PPA (Purchase Power Agreement), est de l ordre de 4,6 mds $ US, dont 2,4 milliards de $ USA pour les infrastructures gazières et 2,2mds $ USA pour la première phase des infrastructures électriques. L électricité demeure incontestablement le domaine dans lequel l interdépendance des pays est la plus profonde et la plus stratégique. C est pour cette raison que nous accordons une importance particulière à nos interconnexions. Le Maroc en tant que carrefour énergétique entre les deux rives de la Méditerranée, offre l'infrastructure de base à l'émergence d'un véritable marché de l'électricité. En effet : Les réseaux marocain et espagnol sont interconnectés depuis 1997 par un câble sous-marin d une capacité de 700 MW. Un premier renforcement a eu lieu en 2006 par la réalisation d un deuxième câble sous-marin, ce qui a porté la capacité totale d interconnexion à 1400 MW. Un projet de réalisation d une troisième ligne d interconnexion entre le Maroc et l Espagne est en phase d étude par les deux pays. 7

8 Les réseaux marocain et algérien, sont également interconnectés depuis 1988, et sont raccordés par deux lignes de 225 kv d une capacité totale de 400 MW. Cette interconnexion a été renforcée en 2009 par la réalisation d une 3ème ligne portant ainsi la capacité de cette interconnexion à 1200 MW. Le renforcement de ces interconnexions demeure un objectif important qui vise à former un système régional intégré de production-transportconsommation afin de surmonter les obstacles liés à l électricité. Cet objectif ne saurait être atteint sans la réalisation d un programme d équipement en infrastructures de transport de l électricité nécessaires au renforcement du réseau national de transport pour garantir la sécurité d approvisionnement, l évacuation des énergies produites et la diminution des pertes dans ce réseau. Signalons que ce programme concerne également le réseau national dans les provinces du Sud du Royaume, dans le cadre d une vision prospective d interconnexion électrique avec les pays subsahariens à travers la Mauritanie et le Sénégal. Par ses interconnexions et son positionnement géostratégique au carrefour de la boucle électrique méditerranéenne, le Maroc possède tous les atouts pour jouer un rôle important dans les échanges électriques dans l espace euroméditerranéen Mesdames et Messieurs Une autre priorité tout aussi importante pour réduire notre vulnérabilité consiste à promouvoir l efficacité énergétique. Certes, nous consommons, de plus en plus, mais il est indispensable de se préoccuper de la maîtrise de la demande et de consommer mieux. Nous commençons progressivement la mise en place des règles visant l utilisation rationnelle de l énergie. Notre stratégie, en cours d adoption, vise à économiser 12% de notre consommation d énergie en 2020 et 15% en J aimerais clore cette intervention en réitérant mes vifs remerciements à l ensemble des participants qui se sont mobilisés pour la réussite de cet évènement. En félicitant encore une fois les organisateurs de ce congrès dans sa 1 ère édition, nous souhaitons qu il soit organisé d une manière périodique et je vous remercie pour votre attention. 8