Les forestiers et l archéologie

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1 Les forestiers et l archéologie Pourquoi les forestiers doivent-ils s intéresser à l archéologie? La forêt est un espace multi-fonctionnel. Elle est support d économie (fonction de production) de naturalité et de biodiversité (fonction de protection) mais aussi d histoire, de mémoire et de patrimoine (fonction socio-culturelle). La forêt abrite des richesses culturelles, archéologiques, historiques ou légendaires qui permettent à l homme de mieux se rattacher à son passé et à sa culture. Ces richesses doivent être protégées au même titre que les richesses naturelles. En Guyane, la forêt couvre 85% du territoire et sa répartition au cours des âges ainsi que celle des populations a pu être très différente de ce qu elle est aujourd hui. Elle peut donc avoir connu localement une densité de population analogue à celle des zones qui sont actuellement en espace ouvert et la probabilité d y trouver des sites d intérêt historique ou archéologique y est importante. Connaissance du passé et des terroirs sur lesquels poussent les forêts L aspect de nos forêts résulte autant de leurs conditions écologiques actuelles que de leur passé. Ces conditions écologiques elles-mêmes résultent parfois d influences humaines passées. Ceci peut expliquer l existence de certains peuplements, de certaines stations ou de certains phénomènes naturels (répartition de flore, fertilité des sols) mais également donner une idée de la dynamique des forêts dans certaines zones. L enrichissement des connaissances et la préservation du patrimoine est un des rôles supplémentaire (rôle déjà ancien et souvent exercé ici ou là à titre individuel) joué par le forestier. Les objectifs que peut se fixer l ONF 1. Connaître les sites pour ne pas les détruire lors de nos actions de gestion. 2. Participer à la protection des sites connus (surveillance). 3. Participer à la découverte (ou redécouverte) de nouveaux sites. 4. Savoir comment gérer l environnement forestier de certains sites. *Pour les préserver de certaines dégradations liées à l environnement naturel. *Pour leur donner un caractère propre à renforcer leur valeur culturelle aux yeux du public et des décideurs (paysage interne, esprit des lieux ). L objectif que peuvent se fixer les exploitants Signaler à l agent responsable de la coupe (ARC) les sites archéologiques découverts lors des travaux forestiers. Les objectifs des stages de sensibilisation des forestiers et des exploitants Connaître les grandes périodes de civilisation. Connaître les traces qu elles ont laissées (mobilier et immobilier). Découvrir certains sites existants dans une région forestière donnée. Connaître quelques personnes ou organismes de cette région. Connaître l organisation de l archéologie en France.

2 Connaître les grandes lignes de la réglementation en matière d archéologie. Prise en compte dans la gestion forestière Les indices de «l histoire» d un site se situent généralement en surface à quelques centimètres de profondeur, les moindres décapages ou terrassements entraînent la destruction des informations que pourrait livrer le site. Un chantier forestier provoque une érosion des sols donc une perturbation du site (ceci est vrai pour tout déboisement même partiel). Lors des travaux de DIAM (DIagnostic d AMénagement) et de désignation, la présence d indice sera notée, la position sera relevée au GPS et les découvertes seront transmises au SRA de la DRAC. La découverte pourra faire l objet d une fiche découverte donnée par le SRA (voir annexe). La DRAC décidera ensuite de la position à tenir (en terme de protection). Ces zones devront être protégées contre les passages d engins d exploitation forestière. Pour les tracés de routes les mêmes procédés seront utilisés. On cherchera à éviter le site. Si le site ne peut être évité, il devra faire l objet d un diagnostic ou d une fouille préventive réalisée par le SRA ou l INRAP et financée par le maître d ouvrage (ONF). Pour toutes les découvertes effectuées lors de travaux d exploitation forestière et de réalisation de travaux de création de pistes forestières (sites non détectés lors des phases précédentes), les exploitants ont l obligation de signaler les sites archéologiques (Code du Patrimoine ci-joint), il pourront avertir l ARC dans ces cas. Le SRA sera immédiatement averti par l ONF et il déterminera les suites à donner (poursuites ou arrêt des travaux). Des aménagements légers pourraient être envisagés pour les sites les plus remarquables et les plus accessibles en partenariat avec la DRAC et avec des financements extérieurs. Les coordonnées de la DRAC Guyane: Direction régionale des affaires culturelles 95, avenue du Général de Gaulle - BP CAYENNE cedex Téléphone : FAX : Service régional de l'archéologie de la Guyane (Rebard) Téléphone : gerald.migeon@culture.gouv.fr eric.gassies@culture.gouv.fr guy.dauphin@culture.gouv.fr 2

3 Patrimoine culturel et archéologique en forêt guyanaise : comment les reconnaître? Description du patrimoine culturel, historique et archéologique rencontré en forêt Le patrimoine culturel, historique et archéologique est très mal connu en Guyane. En effet, l histoire écrite ne commence qu avec la découverte de la Guyane au XVI siècle ; et à cette époque, alors que le littoral est à peu près connu, la Guyane de l intérieur n est connue que par quelques récits d aventuriers. Il existe plusieurs types de sites en Guyane : 1- Site amérindien de plein air (présence de tessons de poteries). 2- Site amérindien de plein air (sans tessons de poteries, mais autres indices : quartz, végétation). 3- Site amérindien d abri sous roche. 4- Site amérindien à urne funéraire. 5- Site amérindien défensif : montagne couronnée, éperon barré. 6- Roche gravée. 7- Géoglyphe. 8- Peintures rupestres. 9- Polissoirs. 10- L habitation coloniale. 11- Les vestiges du bagne. 12- Les vestiges se rapportant à l exploitation de l or fin du XIX ème, début du XX ème siècle. 13- Et enfin les sites culturels religieux et magico-religieux. 1- Le site amérindien de plein air (présence de tessons de poteries) ne se repère en forêt que par la présence de tessons de poterie (céramique) dans les buttes formées par les chablis, les remontées de terre dues aux animaux fouisseurs ou plus rarement dans les versants des collines possédant un site sur son sommet. Plus rarement ces sites se distinguent par une végétation rabougrie et lianescente (strate se limitant à 2 voire 5 mètres) ou par une végétation de type vieille forêt secondaire avec beaucoup de lianes et un cortège d essences de forêt secondaire comme le goupi ou le kaïman oudou. Ces sites se retrouvent majoritairement sur les berges hautes non inondables, des fleuves rivières, sur les collines et les plateaux (sites de hauteurs). Ces sites ont parfois été réutilisés à plusieurs époques. La quantité de céramiques peut varier, elle peut être peu ou très abondante. On peut aussi y trouver du matériel lithique (haches, herminette, grattoirs, «percuteurs») pouvant être en pierre taillée (quartz souvent et quartzite rarement) ou en pierre polie. Ces sites sont abondants et selon les régions la densité peut atteindre un site au km². 2- Le site amérindien de plein air (sans tessons de poteries en surface) est rare et peu connu. Il a été rencontré récemment sur le tracé de la route d Apatou sur le Plateau des Cascades. Les seuls vestiges visibles sont des charbons de bois et du matériel lithique (atelier de débitage du quartz). Il est difficilement détectable sans réaliser des sondages importants et profonds (plus d un mètre de profondeur). 3- Le site amérindien d abri sous roche est rare. Il se trouve obligatoirement lié à la présence d une falaise (inselberg ou savane-roche inclinée). Il s agit en fait d un abri naturel dont se servaient les populations amérindiennes. La falaise doit obligatoirement faire un surplomb. Ce site se reconnaît à la présence de charbons de bois et de tessons de poteries. 4- Le site amérindien à urne funéraire est un site d inhumation. Certains peuples amérindiens enfermaient les restes de leurs défunts dans des urnes funéraires (grandes poteries décorées ou non). Ces urnes étaient ensuite déposées dans des anfractuosités de roches ou enterrées. Ces sites se retrouvent dans les régions de Ouanary, dans les montagnes de Kaw, sur les montagnes de Cacao et aussi dans les «abris sous roche» des inselbergs. Ils sont liés à un habitat de plein air, pouvant se trouver à proximité. 3

4 5- Le site amérindien défensif : montagnes couronnées, ou éperon barré, est un site amérindien de plein air pouvant être associé à de la céramique. Ces défenses étaient de plusieurs types : - fossé circulaire sur un plateau (à plat) ou sommet de morne (en pente), (ce site est couramment appelé «montagne couronnée» ); - fossé délimitant une partie de plateau ou barrant l accès à un plateau dans une zone de resserrement (communément appelé éperon barré). Ce site se reconnaît à la présence d un fossé et à la butte par le rejet des matériaux vers l intérieur ou l extérieur du site. Il était ou non doté d une palissade en bois qui a disparu avec le temps. 6- Les roches gravées sont des «dessins» réalisés par les peuples amérindiens sur des roches. Plusieurs types de dessins sont réalisés en creux ou en relief par percussion ou raclage. Ils peuvent représenter de formes anthropomorphes (comme pour la Carapa à Kourou), des formes animales (comme le serpent de Pascaud sur Rémire) On peut les trouver dans toutes les positions : sur les affleurements rocheux des savanes (roches de la Carapa à Kourou), sur des roches dans les fleuves (Roche Tinéri ou Bigiston sur le Maroni ou sur l Inipi). 7- Les géoglyphes se trouvent uniquement sur les savanes-roches, puits de lumières naturels dans cette immense forêt équatoriale. Ils peuvent se présenter sous la forme d alignements, de pierres (borne 1 du côté brésilien et massif du Mitaraka), d assemblages de pierre ayant une représentation zoomorphe (borne 1 du côté brésilien) ou des amas de pierres (savane-roche de Camopi). Des pierres levées (directionnelles?) peuvent aussi être retrouvées. A l heure actuelle, seuls des sites de l intérieur de la Guyane sont connus (Communes de Maripasoula et Camopi). 8- Les peintures rupestres peuvent se trouver sur des roches ou falaises abritées de l eau et des intempéries. Elles ont été réalisées à l aide de pigments naturels. A l heure actuelle, seules les peintures rupestres de l abri sous roche de l inselberg Suski (Mamilihpann) sont connues en Guyane. 9- Les polissoirs sont les vestiges les plus connus et les plus courants. On distingue les polissoirs en cupules (polissoirs circulaires), en fuseaux (polissoirs formés par une pente dans la roche), les polissoirs mixtes (cupules barrées par des fuseaux) et simples surfaces abrasées. Ils se rencontrent généralement groupés de quelques unités à plusieurs dizaines. On les retrouve sur les rochers du littoral, sur les bancs de roches des fleuves et des criques de moyenne importance mais aussi sur des roches isolées de petits ruisseaux et même de cours d eau temporaires. 10- L habitation coloniale est un site occupé pendant quelques décennies entre 1650 à On la reconnaît sur le terrain par la présence de soubassements en pierres et de surélévations des bâtiments détruits ou ruinés. Elle peut prendre l apparence même de construction pouvant atteindre de belles dimensions (comme par exemple le moulin à vent de Rémire-Montjoly ou celui de Macouria). L habitation coloniale est le lieu de vie de la plantation. C est l époque des plantations, de l esclavage et des Jésuites. C est l âge d or de la culture de la canne à sucre, du roucou, du cacao et du coton. La localisation de ces sites se trouve essentiellement sur l île de Cayenne, la Commune de Roura, de Macouria, de Montsinéry-Tonnegrande, de Régina, de Saint Georges et Kourou. En dehors de l île de Cayenne on les retrouve sur les bords de cours d eau navigables. Les missions Jésuites, quant à elles, se situent sur les communes de Kourou, Saint Georges, Camopi, Sinnamary. L intérieur des terres et les forêts aménagées ne sont pas très concernés. On peut rattacher à ces vestiges, les postes militaires de l Iracoubo, du bas- Maroni (non localisés) et ceux de l Oyapock. 11- Les vestiges du bagne sont liés à l administration pénitentiaire. Ces vestiges se concentrent essentiellement dans la région de Saint- Laurent du Maroni. On les retrouve aussi avec le bagne des Annamites à Montsinéry, aux Îles du Salut, sur la Montagne d Argent à Ouanary, à Cacao, et à Gare tigre sur la commune de Saint-Elie. Le bagne s est développé en Guyane à la moitié du XIX ème siècle. Les vestiges sont reconnaissables essentiellement à l utilisation massive des briques en argile rouge et à quelques 4

5 objets en acier ou en fer qui se sont conservés malgré le temps (rails de chemin de fer à Saint-Elie et à Saint-Laurent du Maroni). Les communes concernées sont Apatou pour la Forestière, Saint- Laurent pour le camp de la relégation et tous les camps satellites, Mana pour Charvein et Awala- Yalimapo pour Coswine et les Hattes. 12- Les vestiges se rapportant à l exploitation de l or datent de la fin du XIXème, et du début du XX ème siècle. L or n a été découvert et exploité qu à une date très récente, c est à dire à la moitié du XIXème. On retrouve des vieux chantiers aurifères avec des campements dans lesquels seuls quelques arbres fruitiers et objets métalliques et en verre subsistent. On retrouve aussi quelques dragues à vapeur (Sites d Elysée sur Saint- Laurent, de la Crique Sparouine...) 13- Les sites culturels et magico-religieux sont souvent liés aux peuples de la forêt (amérindiens et surtout noirs marrons). Ils sont généralement connus de tous. Ce sont des parties de forêt qui servent au recueillement pour des cérémonies magico-religieuses, des cimetières traditionnels ou d autres sites ayant un rapport avec les croyances ou la «mythologie». Ce document a été rédigé par Jérôme FEITH (ONF) et Gérald MIGEON (DRAC) 5

6 ANNEXE1 DOSSIER DE DÉCLARATION DE DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE Nature de la découverte : Nom de l inventeur (et du rédacteur si différent) : LOCALISATION Commune : A fournir : Un extrait de carte IGN e et, si possible, un extrait cadastral avec pointage. Année Cadastre : section : parcelles : Lieu-dit cadastral : Appellation courante du site : Coordonnées UTM : X = Y = Altitude : Nom et adresse du propriétaire du terrain : Protection juridique : Circonstances de la découverte : Date : DESCRIPTION Description du site : Nature du site : En surface Enfoui : Type : Plein air Grotte ou abri Immergé Occupation du sol : Cordon littoral Savane Pripri Forêt Culture Bâti Crique Autre Description générale : 6

7 Mobilier ou structure (description sommaire) : Renseignements oraux Recueillis le : Auprès de : Information : Annexes jointes : extrait e - extrait cadastre - figures - photos Nombre de documents en annexe : N EA Patriarche : Cadre réservé carte archéologique 7