POLITIQUE ECONOMIQUE LOCALE ET INFLATION EN CHINE
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- Valentine Charles
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1 POLITIQUE ECONOMIQUE LOCALE ET INFLATION EN CHINE Genevève Boyreau-Debray * Depus 1978, les provnces chnoses connassent des dfférences d nflaton mportantes. Cet artcle rele cette observaton à la lttérature théorque exstante sur le rôle joué par la poltque économque locale sur la crossance du crédt et l nflaton en Chne. Un modèle présente la crossance du crédt et l nflaton provncales comme des fonctons crossantes de l autonome macroéconomque des gouvernements locaux. Ces propostons sont ensute testées à l ade d une analyse économétrque utlsant un panel de provnces chnoses. LOCAL POLICY AND INFLATION IN CHINA Important nflaton dfferences have been exstng snce 1978 across the Chnese provnces. Ths paper ntends to connect ths observaton wth the lterature that emphasses the role of local governments n the process of excess credt supply and nflaton n Chna. A model presents provncal credt growth and nflaton as a postve functon of the macroeconomc autonomy enjoyed by local authortes. The proposton s supported by a panel-data analyss appled to the Chnese provnces. Classfcaton JEL : H73, E31, C33, O53 INTRODUCTION Il exste entre les provnces chnoses des écarts annuels mportants d'nflaton, dont l ampltude a varé de 3% jusqu à 3% entre 1978 et Sur cette même pérode, la plus forte nflaton provncale a été de 45% (Guangdong) et la plus fable de 68% (Henan). Ce constat, en opposton avec la théore qu prédt la convergence des taux d nflaton au sen d une unon monétare, peut s explquer par le fable degré d ntégraton économque des provnces 1. D autre part, pluseurs travaux ont ms en évdence l nfluence des agents locaux sur l nflaton en Chne, mas reposent toutefos sur l hypothèse d un taux d nflaton unque et ne sont pas confrontés à une analyse quanttatve. Cet artcle a pour objectf d explquer les dfférences d nflaton dans les provnces chnoses par le degré d autonome macroéconomque des autortés locales vs à vs des autortés centrales. Il est organsé comme sut : à l ade de fats stylsés, les cycles d nflaton sont explqués par la décentralsaton économque et la centralsaton poltque pendant la pérode de transton (1 ère secton). Pus nous construsons un modèle selon lequel la crossance du crédt et l nflaton provncales dépendent postvement de l autonome de poltque économque locale ( ème secton). Dans la trosème et dernère secton, une applcaton économétrque teste ces deux propostons. CERDI-IDREC, CNRS - Unversté d Auvergne, 65, boulevard Franços Mtterrand, Clermont-Ferrand. Ce traval a bénéfcé des commentares et suggestons de Mme S. Gullaumont Jeanneney que je remerce vvement. Je remerce également Mme M. F. Renard et les partcpants de la sesson «Le rôle du marché dans l économe de la Chne» du Congrès 1999 de l AFSE pour leurs crtques constructves. Je reste néanmons seule responsable des éventuelles erreurs et nsuffsances. 1 Vor l étude de la Banque mondale (1994) sur l ntégraton des marchés régonaux en Chne. 1
2 FAITS STYLISES Les pérodes nflatonnstes en Chne ont pour prncpale orgne la crossance du crédt, pourtant offcellement planfée. Le processus nflatonnste dans les provnces chnoses est c présenté comme le résultat de la poltque économque ntée au nveau local et des reprses en man macroéconomques du gouvernement central. Objectfs et nstruments de la poltque économque locale La décentralsaton fscale ntée au début des années 80 a défn le partage des revenus entre autortés locales et centrales selon le type d entreprse. Les grandes entreprses d Etat demeuraent sous la responsablté de l Etat central, alors que le revenu des gouvernements provncaux provenat d entreprses dtes locales. Ces derners ont par conséquent été fortement nctés à développer les secteurs susceptbles de créer la plus forte crossance, afn d accroître leurs ressources fscales. La décentralsaton crossante de la geston de l nvestssement étatque pendant les années de réforme a fourn aux autortés locales l nstrument de poltque économque leur permettant la recherche de la crossance 3. La part de l nvestssement local dans l nvestssement étatque total au nveau natonal est ans passée de 7% en 1975 à 65% en 1995, sot 1% de l nvestssement fxe total. Il exste également des dfférences spatales mportantes : en 1995, la part de l nvestssement local dans la provnce du Fujan état de 81%, alors qu elle n état que de 35% dans la régon autonome du Xnjang. Le partage des responsabltés des projets d nvestssement s établt selon une base sectorelle. Les secteurs ncorporant de fortes externaltés sont lassés à la charge des autortés centrales (nfrastructures, énerge, transports, matères premères). L nvestssement placé sous la responsablté des autortés locales est orenté vers les secteurs les plus dynamques (ndustre légère, textle, constructon, commerce). Il exste pluseurs moyens pour les autortés locales d obtenr l autorsaton d nvestr : d une part, seuls les projets d nvestssement dont le montant est supéreur à un certan seul requèrent une autorsaton centrale. Dvser les projets d nvestssement de grande talle en pluseurs projets permet donc d échapper à l autorsaton centrale. Un second moyen est de surestmer le bénéfce économque des projets. La probablté d autorsaton est ans accrue. La mse en place d un projet d nvestssement local requert également d en assurer le fnancement. Le crédt bancare est devenu pendant la pérode de transton une source mportante de fnancement des nvestssements (en moyenne de 5%). Le système bancare est domné par les banques d Etat, dont l actf représentat 70% du secteur bancare en Offcellement, la poltque de ces dernères est défne par le plan de crédt, et contrôlée par les branches Ce système fscal a eu également pour effet d ncter les gouvernements locaux à dssmuler la rchesse de leurs entreprses, afn de mnmser le transfert de ressources au gouvernement central. Le système de «contrat fscal», nstauré en 1988, a renforcé ce comportement de passager clandestn, en établssant des règles de partage défavorables aux provnces les plus effcaces dans la collecte de fonds. 3 Un nvestssement est «central» s le projet est supervsé par une agence du gouvernement central. Snon, l est classé sous la catégore «locale». La supervson d un projet d nvestssement sgnfe que l autorté désgnée formule le projet, le soumet à autorsaton ou l autorse et est responsable de son fnancement et de la fournture des bens de producton (cf. Huang (1996)).
3 locales de la banque centrale. Cependant, les drgeants des branches locales des banques d Etat et de la banque centrale ont de fortes nctatons à poursuvre les objectfs des gouvernements locaux, dont ls obtennent des avantages fnancers et matérels, plutôt que de suvre les recommandatons de leurs supéreurs hérarchques 4. Les gouvernements locaux bénéfcent donc d une poltque de crédt accommodante de la part des nsttutons bancares locales. En résumé, parce que leur revenu est ntmement lé au développement économque de leur provnce, les autortés locales cherchent à maxmser la crossance locale, au travers d une course à l nvestssement dans les secteurs les plus proftables. Cette course est rendue possble par une poltque de crédt accommodante des banques présentes au nveau local. Par conséquent, la crossance «excessve» du crédt entraîne une montée de l nflaton provncale. Le contrôle de l nflaton L objectf de crossance à court terme des autortés locales a pour corollare leur fable averson à l nflaton. A l ntéreur d une provnce, l accrossement des capactés de producton, de l emplo, des salares sont vus comme autant de sgnaux du dynamsme local. Au contrare, l nflaton est perçue comme un phénomène natonal. Les mécontentements socaux nés de l nflaton se drgent plus naturellement vers les autortés centrales, qu symbolsent le pouvor poltque. Ces dernères jouent donc le rôle de «stablsateur de derner ressort» : s elles ne se chargent pas du contrôle de l nflaton, nul ne le fera 5. Du fat de l asymétre nformatonnelle auxquelles elles font face, les autortés centrales ne peuvent coordonner les poltques économques locales. Lorsqu elles constatent la dégradaton de la stuaton macro-économque au nveau natonal, les autortés centrales décrètent la mse en place d une poltque d austérté pour l ensemble des provnces. Parce que le système d avancement bureaucratque est ntmement lé au système poltque qu demeure extrêmement centralsé, les drgeants locaux ont alors ntérêt à suvre les recommandatons centrales, afn de ne pas mettre en pérl l avancement de leur carrère. En pratque, le volume total d nvestssement est restrent par un resserrement du fnancement bancare ans que par la centralsaton des procédures d autorsaton des projets. La structure de l nvestssement est de plus modfée : une parte des ressources consacrées aux nvestssements locaux dot être transférée vers les projets du gouvernement central. Le graphque 1 trace les évolutons parallèles de l nflaton, du rato de l nvestssement étatque local sur l nvestssement étatque central, et de la crossance réelle. L accélératon de la crossance réelle est précédée d une augmentaton relatve de l nvestssement local llustrant la prédomnance de poltque économque locale. L augmentaton concomtante de l nflaton condut les autortés centrales à re-centralser l nvestssement. Graphquement, la part relatve de l nvestssement local dmnue ans que l nflaton. Les poltques de stablsaton ont cependant un coût mportant en terme de crossance. Une fos l nflaton maîtrsée, les autortés centrales, sous la presson des gouvernements locaux, assouplssent les contrantes de crédt. Commence alors un nouveau cycle de crossance et d nflaton 6. 4 Vor Ma (1995). 5 Vor Huang (1996) pour une explcaton de dvergences de préférences locales et centrales. 6 Le processus nflatonnste est c agrégé au nveau natonal pour demeurer synthétque. L ampltude des cycles d nflaton peut cependant varer selon les provnces, en partculer s l on 3
4 Graphque 1. Inflaton, crossance réelle et nvestssement Inflaton et crossance réelle 30% 5% 0% 15% 10% 5% 0% Investssement étatque local/central Inflaton Crossance réelle du PIB Investssement étatque local/central source : Chna Statstcal Yearbook, dfférentes années. A partr de ces fats stylsés, un modèle de détermnaton de la crossance du crédt et de l nflaton provncales est développé, après avor rappelé les prncpaux résultats des travaux antéreurs réalsés sur le sujet. MODELISATION Pluseurs études récentes se sont ntéressées à l nfluence des agents locaux sur la crossance du crédt et l nflaton en Chne. Le dépassement des quotas planfés y est explqué par l engagement des autortés centrales à fnancer les projets ou les entreprses jugés prortares. Le modèle de Ma (1995) met en présence une banque locale et la banque centrale 7. La banque locale sousnvestt volontarement dans les projets prortares de l Etat, dont le rendement perçu est mons élevé que celu des projets locaux. La banque centrale est donc condute à révser le plan de crédt à la hausse afn de garantr le fnancement des projets centraux, ce qu génère de l nflaton. Autrement dt, l ncohérence temporelle de la poltque économque centrale semble ssue de l ncompatblté de deux objectfs : le non dépassement des plafonds de crédt et d nvestssement fxés par le plan et l engagement central à fnancer certans projets ou entreprses prortares. Parce que les agents locaux prennent en compte ce deuxème objectf dans leur programme d optmsaton, ls sont en mesure d nfluencer la crossance du crédt. Notre modèle part de l hypothèse que les agents locaux sont en mesure de fare varer la crossance du crédt dans leur provnce 8. L hypothèse d un taux d nflaton unque est de plus abandonnée, pusqu l exste des dfférentels d nflaton mportants entre les provnces chnoses. Nous reprenons la foncton de producton utlsée par Ma (1995) : le nveau de produt Y de la provnce consdère que le gouvernement central exerce un contrôle macro-économque dfférencé pendant les pérodes d austérté. Cet élément sera en prs en compte dans ce qu sut. 7 Les modèles de Wang (1991) et Jn (1994), non présentés c, suvent la même logque. 8 Lew (1994) fat également l hypothèse d un pouvor de créaton monétare décentralsé en Chne. 4
5 dépend postvement du crédt L. Son taux d nflaton π est égal à la crossance du crédt l mons la crossance du produt y. Y = L α, 0<α <1 (1) π = l - y = (1-α ).l () Au nveau de la provnce se trouvent en présence un gouvernement et les branches respectves des banques d Etat et de la banque centrale. Ces dernères étant plus enclnes à suvre les prortés des gouvernements locaux que les drectves de leur mason mère, nous consdérons qu un seul agent peut représenter la provnce : l «autorté locale». De même, nous appelons «autorté centrale» le gouvernement central et la banque centrale, pusque la Banque Populare de Chne est subordonnée par ses statuts au gouvernement central. Les arbtrages respectfs de l autorté locale (loc) et centrale (c) entre contrôle de l nflaton et objectf de crossance réelle y * sont représentés par les fonctons objectf suvantes : A * ( y y ) loc, π + Ac et ( y y ) * π +, y * > y >0 (3) L autorté locale accorde une plus grande mportance à la crossance qu à l nflaton par rapport à l autorté centrale, ce qu est représenté par l négalté A loc, > A c. Sot δ un paramètre comprs entre 0 et 1 qu mesure le degré d autonome de l autorté locale vs à vs de l autorté centrale. On suppose en partculer que, étant donné δ, le chox effectf de poltque économque peut être représenté par une moyenne pondérée des fonctons objectfs des autortés centrale et locale 9 : A ( y y ) * π +, A = (1-δ )A c + δ A loc,, 0 < δ <1 (4) Les autortés maxmsent leur foncton objectf sous la contrante () et étant donné le partage du pouvor monétare δ. La condton de premer ordre est : α A l = α A + (1 α ) y * (5) α A (1 α ) π = α A + (1 α ) y * (6) La crossance du crédt et l nflaton provncales sont des fonctons crossantes de A, la préférence relatve pour la crossance 10, donc de δ, le degré d autonome locale dans la provnce, pusque que A loc, > A c 11. Les dvergences de préférences en terme d arbtrage nflaton/crossance entre autorté centrale et autorté locale condusent donc à la proposton suvante : plus l autonome de 9 Nous nous nsprons c de Cukerman (1995). 10 Laffont (1997) aboutt à un résultat smlare : la décentralsaton est nflatonnste, car elle accroît la préférence des autortés centrales pour la crossance. 11 Le sgne des dérvées de l nflaton et du crédt par rapport α est ndétermné. Il est postf (négatf) s la productvté margnale du crédt α est fable (forte) et que la préférence pour la crossance A est forte (fable). 5
6 l autorté locale est grande, plus la crossance du crédt est élevée, et plus l nflaton provncale est élevée, toutes choses égales par alleurs. APPLICATION ECONOMETRIQUE Pour tester la proposton précédente, le taux de crossance du crédt est explqué dans un premer temps par l autonome macroéconomque relatve locale. Dans un second temps, l nflaton provncale est exprmée en foncton du taux de crossance du crédt. Nous utlsons un échantllon de 4 provnces chnoses sur la pérode pour le taux de crossance du crédt, et pour l nflaton 1. Les données provennent de l annuare du «Chna Statstcal Bureau» (1996). Explcaton du taux de crossance du crédt La varable dépendante est la crossance du crédt bancare dans chaque provnce (l,t ) 13. Comme ndcateur d autonome locale (δ,t ), nous utlsons le rato de l nvestssement étatque local sur l nvestssement étatque central dans la provnce consdérée. Les autortés locales utlsent l nvestssement local pour condure leur propre poltque économque. Cependant, le centre contrant les provnces à substtuer l nvestssement central à l nvestssement local pendant les pérodes d austérté. L ndcateur retenu, mesuré dans chacune des provnces, tent donc compte des varatons de l autonome locale dans le temps et entre les provnces tolérées par les autortés centrales. Il n exclut donc pas un tratement dfférencé des provnces par les autortés centrales. Nous ntrodusons également le défct budgétare local au sens large (def,t ), c est-à-dre comprenant les chaptres budgétares et les chaptres extrabudgétares, rapportés au PIB provncal. En 1995, ces derners représentaent plus d un ters du budget. Le défct des gouvernements locaux peut être un détermnant mportant du taux de crossance du crédt dans les provnces, étant donnée la forte mplcaton des banques dans la poltque économque locale, au travers d actvtés quas-fscales. L analyse sur données de panel nécesste de prendre en compte la double dmenson de l échantllon afn d évter les bas d estmaton lés aux varables omses. Des effets fxes ndvduels captent les spécfctés structurelles des provnces. La dmenson temporelle est prse en compte par l ntroducton de la crossance du crédt au nveau natonal en excluant de la tendance natonale la contrbuton de la varable endogène. La varable (l.,t ) ans construte représente la stuaton macroéconomque de la Chne commune à l ensemble des provnces. Les résultats de l estmaton sont reproduts dans l équaton qu sut 14 : l,t = 0,45.def,t + 0,0. δ,t + 0,89.l.,t r= 0,5 (7.1) (3,10)** (,94)** (6,07)** n = A cause de l ndsponblté de certanes statstques, les provnces du Guangx, de Hube, et de Shandong ans que la vlle de Bejng ont été exclues de l échantllon. Les provnces de Guangdong et de Hanan sont aggrégées. 13 Il comprend les prêts des banques d Etat à court et à long terme aux entreprses d Etat, ndvduelles et collectves. 14 Les t de Student sont ndqués entre parenthèses : ** (*) sgnfcatf au seul de 5% (10%). 6
7 La tendance natonale apparaît fortement sgnfcatve et reflète l nfluence de l envronnement macroéconomque commun à l ensemble des provnces, et en partculer, le resserrement admnstratf des quotas de crédt par les autortés centrales pendant les pérodes d austérté. L nfluence postve du défct du gouvernement local suggère le fnancement par le crédt des besons de fnancement des gouvernements locaux. D autre part, plus l nvestssement local est domnant, plus le taux de crossance du crédt dans la provnce est élevé, ce qu vent à l appu de notre proposton. Pusque le crédt fnance l nvestssement local, la causalté peut cependant être nverse. Pour tester l exogénété fable de la varable d autonome, nous utlsons la méthodologe d Hausman (1978), qu évalue l hypothèse nulle de bonne estmaton du modèle par la méthode des MCO contre l hypothèse alternatve de melleure estmaton du modèle par la méthode des varables nstrumentales 15. La statstque de test, qu sut un χ à un degré de lberté, est sgnfcatve au seul de 10%. Par conséquent, nous ne rejetons pas le modèle estmé par la méthode des varables nstrumentales, dont les résultats sont smlares (régresson 7.). l,t = 0,41.def,t + 0,03. δ,t + 0,88.l.,t r= 0,35 (7.) (,53)** (,07)** (5,94)** n = 178 La robustesse du modèle est évaluée à l ade de pluseurs tests de Chow, permettant de détecter les éventuels changements structurels non prs en compte par le modèle. Nous testons d une part la stablté des coeffcents dans leur dmenson temporelle, en comparant les coeffcents estmés sur la pérode aux coeffcents estmés sur l ensemble de la pérode. La statstque de test (F 1991 =1.11) n est pas sgnfcatve au seul de 5%, ce qu condut à accepter l hypothèse de constance des coeffcents entre les deux pérodes. La stablté du modèle dans sa dmenson transversale est également évaluée, en scndant les provnces en 3 régons (côtère, centrales, de l ouest) 16. L estmaton du modèle sur l ensemble des provnces est comparée aux estmatons excluant successvement une régon de l échantllon. De nouveau, l hypothèse de constance des coeffcents ne peut être rejetée au seul de 5% (F côtères = 0,71 ; F centre = 0.56 ; F ouest = 0.86). Le modèle conserve donc dans sa double dmenson une relatve stablté 17. Explcaton des dfférences d nflaton entre provnces Le mécansme de transmsson de l autonome locale sur l nflaton passe au travers du taux de crossance du crédt. L nflaton par provnce (π,t ) est donc explquée dans un premer temps par ce derner, retardé d une pérode ( l,t-1 ). Le rato de la producton ndustrelle non étatque sur la producton ndustrelle étatque (T,t-1 ) est ntrodut pour tenr compte de la transton économque plus ou mons rapde selon les provnces. En effet, les études des 15 Les nstruments sont l ouverture provncale et le rapport du réseau de transport ferrovare et router sur la superfce de la provnce, retardées d une pérode. La premère varable est un ndcateur du beson en nvestssement local, la seconde du beson en nvestssement central. 16 Cette classfcaton géographque répond également à un crtère économque et structurel : les provnces côtères sont les plus développées et ont la plus forte crossance réelle, au contrare de celles de l ouest. Les provnces du centre se stuent à m-chemn. 17 La stablté de l estmaton nous permet également de justfer l hypothèse mplcte selon laquelle la sensblté de la crossance du crédt à l autonome locale peut être consdérée comme globalement constante dans l ensemble de l échantllon. 7
8 dfférences d nflaton dans les économes en transton utlsent des ndcateurs d avancée dans les réformes sous l hypothèse suvante : plus une économe est avancée dans sa transton vers le marché, plus elle est concurrentelle, plus la qualté de la poltque économque est bonne, donc mons l nflaton est élevée 18. A taux de crossance du crédt donné, une augmentaton de l épargne réelle des ménages dmnue l nflaton, et nversement. Les dépôts d épargne bancare étant quasment les seuls placements fnancers accessbles aux ménages, nous ntrodusons leur crossance réelle (d,t-1 ) comme ndcateur du comportement d épargne des ménages. Enfn, la tendance natonale de l nflaton (π.,t ) tent compte de la stuaton macroéconomque courante de la Chne 19. Les spécfctés provncales nobservées sont mesurées au travers d effets fxes ndvduels. Les résultats de l estmaton sont reportés dans l équaton (8.1) : π,t = 0,08.l,t-1-0,08.d,t-1-0,01.T,t-1 + 0,88.π.,t r = 0,87 (8.1) (1,75)* (-4,04)** (-1,71)* (31,54)** n = 194 La tendance natonale de l nflaton est fortement sgnfcatve. En d autres termes, les provnces connassent des cycles d nflaton dont l orgne est un mécansme commun à l ensemble de la Chne. Cette tendance capte en partculer les réformes mses en place au nveau natonal, dans les domanes des prx, des échanges extéreurs, du taux de change ou encore dans le domane fnancer. Etant donné le seul élevé de sgnfcatvté de la tendance natonale, l hypothèse de nullté des coeffcents des autres varables explcatves est testée. La statstque de test (F(3,166)=5,59) étant sgnfcatve au seul de 0,1%, le modèle ntal est conservé. Il exste donc des caractérstques propres à chacune des provnces : d une part, la varable de transton montre au travers de son sgne négatf que plus une provnce est avancée dans le processus de transton, mons son nflaton est mportante. Ce résultat rejont ceux des études sur les dfférences d nflaton dans les pays en transton. La crossance réelle des dépôts d épargne des ménages dmnue l nflaton dans la provnce, alors que la crossance nomnale du crédt l accroît 0. Pour un taux de crossance donné du crédt, un accrossement du volume réel de l épargne monétare des ménages rédut l nflaton, et nversement. Ans, en , les retrats massfs de dépôts bancares par les ménages ont provoqué une accélératon de l nflaton. La stablté globale du modèle est évaluée de nouveau d une part en scndant la pérode à partr de 1991, et d autre part en classant les provnces selon leur groupe d appartenance géographque. Les statstques de Fsher ne permettent pas de rejeter la stablté globale du modèle 1. L nfluence postve de la crossance totale du crédt sur l nflaton trouvée dans la régresson (8.1) ne permet cependant pas de conclure quant à l effet de l autonome provncale sur l nflaton. L effet postf du crédt sur l nflaton peut en effet passer par d autres canaux que celu du pouvor monétare local, en partculer au travers de la parte résduelle de la régresson de crédt. Pour évaluer le rôle de l autonome locale sur l nflaton, la valeur explquée (l e,,t ) et la valeur résduelle (l r,,t ) du crédt (régresson 7.) sont substtuées au taux de 18 Cf. Cottarell et al (1998), Fsher et al. (1998), Lougan et Sheets (1997). L ouverture extéreure a été également ntrodute, mas est apparue fortement colnéare avec la varable de transton. 19 La contrbuton de la varable endogène à la tendance natonale est de nouveau exclue, en utlsant comme pondératon le PIB réel. 0 L applcaton à ces deux varables de la règle de Klen (196) ne permet pas de détecter de problème de colnéarté. 1 F 1991= 0,59 ; F côtères = 0,78 ; F centre = 0,97 ; F ouest = 0,6. 8
9 crossance observé du crédt. Au préalable, la valeur explquée de la crossance du crédt est purgée de sa tendance natonale (l.,t ) que l on ntrodut séparément. En effet, l effet nflatonnste de cette dernère est probablement capté par la tendance natonale de l nflaton (π.,t ) (équaton 8.) : π,t = 0,30.l e,,t-1 +0,01.l.,t-1 +0,08. l r,,t-1-0,08.d,t-1-0,01.t,t-1 + 0,86.π.,t (8.) (,36)** (0,0) (1,54) (-3,55)** (-,0)** (8,43)** r = 0,86 n = 194 π,t = 0,01.δ,t-1 + 0,08.def,t-1-0,01.l.,t-1 +0,07. l r,,t-1-0,07.d,t-1-0,01.t,t-1 + 0,86.π.,t (8.3) (1,97)** (1,0) (-0,09) (1,50) (-3,30)** (-,1)** (7,93)** r = 0,87 n = 194 La tendance natonale du crédt n apparaît pas sgnfcatve, conformément à nos attentes. La valeur du crédt explquée par l autonome et le défct agt postvement sur l nflaton au seul de 3%. Le crédt est également remplacé par l ensemble de ses détermnants et par sa valeur résduelle (équaton 8.3). Seule la varable d autonome apparaît avor un effet sgnfcatf sur l nflaton provncale. La tendance natonale du crédt, le défct budgétare et la crossance du crédt résduelle n apparassent pas conjontement sgnfcatfs (F(3,163)=1,07), et sont donc exclus du modèle (équaton 8.4). π,t = 0,01.δ,t-1-0,07.d,t-1-0,01.T,t-1 + 0,86.π.,t (8.4) (,10)** (-3,70)** (-,06)** (8,89)** r = 0,88 n = 194 La varable d autonome locale demeure sgnfcatve et contrbue à hauteur de 0% envron à l explcaton des taux d nflaton provncaux par le modèle 3. Les provnces avec un volume d nvestssement local domnant ont davantage d nflaton, au travers d une crossance du crédt plus mportante. CONCLUSION Les dfférences d nflaton entre les provnces chnoses peuvent être explquées par l émergence d une vértable poltque économque locale pendant la pérode de transton. Parce que les autortés locales favorsent davantage la crossance que le contrôle de l nflaton et qu elles sont en mesure d nfluencer le taux de crossance du crédt, la poltque locale est nflatonnste. Un modèle théorque présente la crossance du crédt et l nflaton comme des fonctons postves de l autonome macroéconomque locale. L applcaton économétrque sur un panel de 4 provnces chnoses vent à l appu des propostons du modèle : l autonome locale contrbue sgnfcatvement à explquer les dfférences d nflaton entre les provnces chnoses. L ncluson de la tendance natonale du crédt condut à un nveau de sgnfcatvté de 13% de la valeur explquée du crédt. 3 Cet ordre de grandeur est calculé en moyenne sur l ensemble de l échantllon par le produt de la varable autonome δ,t et de son coeffcent assocé, rapporté à la valeur explquée de l nflaton provncale. Sous l hypothèse alternatve de Brandt et Zhu (1999) que l engagement des autortés centrales à fnancer les entreprses d Etat est à l orgne de l nflaton, le rato de l nvestssement des entreprses d Etat par rapport à celu des entreprses non étatques a été ntrodut, mas n est pas apparu sgnfcatf. 9
10 Nous n nterprétons cependant pas ce résultat comme le sgne d une trop forte décentralsaton, mas comme le beson de réformes nsttutonnelles lmtant l nfluence des gouvernements locaux sur la crossance du crédt. La récente réforme de la Banque Populare de Chne consttue une premère réponse à ce beson, par la réducton du nombre de branches de la banque centrale présentes au nveau local. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES BRANDT L. et ZHU Xaodong, 1999, Redstrbuton n a Decentralzed Economy: Growth and Inflaton n Chna under Reform, Journal of Poltcal Economy, à venr, CHINA STATISTICAL BUREAU, 1996, Chna Regonal Economy, a profle of 17 years of reform and openng-up, Chna Statstcal Bureau, Bejng, CHINA STATISTICAL BUREAU, Chna Statstcal Yearbook, dfférentes années, Chna Statstcal Bureau, Bejng, COTTARELLI C., GRIFFITHS M. et MOGHADAM R., 1998, The Nonmonetary Determnants of Inflaton: a Panel Data Study, IMF Workng Paper, 3, CUKIERMAN A., 1995, Central Bank Strategy, Credblty and Independence: Theory and Evdence, MIT Press, London, 496 p., FISCHER S., SAHAY R. et VEGH C., 1998, From Transton to Market: Evdence and Growth Prospects, IMF Workng Paper, 5, GIRARDIN E., 1997, Réforme du système bancare et encadrement du crédt en Chne, Etudes du Centre de Développement, OCDE, Pars, 139 p., HAUSMAN J.A., 1978, Specfcaton Tests n Econometrcs, Econometrca, 46, 6, pp , HUANG Yasheng, 1996, Inflaton and Investment Control n Chna, Cambrdge Unversty Press, Cambrdge, 371 p., JIN Leroy, 1994, Monetary Polcy and the Desgn of Fnancal Insttutons n Chna, , St.Martn Press, New York, 55 p., KLEIN L. R., 196, An Introducton to Econometrcs, Englewood Clffs, N.J. : Prentce-Hall, LAFFONT J.J., 1997, Contrôle des prx et économe des nsttutons en Chne, Etudes du Centre de Développement, OCDE, Pars, 147p., LIEW L.H., 1994, Compettve Money Creaton n Chna and n the Sovet Unon, Metroeconomca, 45, 1, pp.1-16, LOUGANI P. et SHEETS N., 1997, Central Bank Independence, Inflaton and Growth n Transton Economes, Journal of Money, Credt and Bankng, 9,3, pp , MA Jun, 1995, Chna: Central Government Gredblty and Economc Overheatng, Economc System, 19, 3, pp , WANG Yjang, 1991, Economc Reform, Fxed Captal, Investment Expanson, and Inflaton: a Behavoral Model Based on the Chnese Experence, Chna Economc Revew,, 1, pp. 3-7, WORLD Bank, 1994, Chna Internal Market Development and Regulaton, World Bank Country Study, Washngton D.C., 45 p.. 10
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