Concevoir la stratégie économique de l ACI : Lire et analyser un bilan

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1 Concevoir la stratégie économique de l ACI : Lire et analyser un bilan Le bilan = l état du patrimoine à un instant T. Une photographie de ce que la structure a comme ressources et de l utilisation qu elle en fait depuis sa création. Le bilan s actualise d année en année mais ne s achève qu à la disparition de la structure. Présentation simplifiée : Le bilan se compose de deux parties : l actif et le passif. Elles sont constituées de rubriques agrégeant les montants financiers selon leur usage ou leur provenance. ACTIF Immobilisations incorporelles Immobilisations corporelles Immobilisations financières Total Actif immobilisé Stocks et encours PASSIF Capital social/ Fonds associatifs Subventions d'investissement Réserves ou provisions réglementées Report à nouveau Résultat Autres Fonds Propres Total Fonds propres/fds asso. Provisions pour risques et charges Créances clients Dettes financières (2) Subventions à recevoir Autres créances Disponibilités et VMP (1) Total Actif circulant Charges constatées d'avance et à répartir Total Actif Dettes fournisseurs Dettes fiscales et sociales Autres dettes Total Dettes et provisions Produits constatés d'avance & Fonds dédiés Total Passif (1) Dont cessions de créances (2) Dont concours bancaires courant 1

2 LE PASSIF Il regroupe l ensemble des ressources de la structure, c est-à-dire : de l argent qu elle a reçu pour et par son activité : o Capital social/ Fonds associatifs = les fonds apportés à l association pour son développement par les fondateurs, des adhérents, des mécènes. Ces fonds ne peuvent être repris (sauf si cela est expressément spécifié) ni donner lieu à une rémunération (à l inverse d une entreprise). o Subventions d investissement : les subventions apportées par un partenaire public ou privé pour l investissement de la structure. Elles s amortissent au même rythme que l investissement lui-même. o Réserves ou provisions règlementés : sommes provenant des bénéfices que l association peut, sur décision de l AG, mettre en réserve pour les affecter à un objet précis, (investissement, développement du projet associatif ). o Report à nouveau : exceptées les sommes mises en réserves, cumul des résultats, positifs comme négatifs, des années précédentes. Le report à nouveau de l année N est ainsi égal au report à nouveau de l année N-1 + le résultat de l année N-1. o Résultat : pertes ou excédents réalisés par la structure sur l année, issu du compte de résultat. = CAPITAUX PROPRES. de l argent qu elle doit à ses fournisseurs, financeurs et à l Etat mais qu elle n a pas encore versé : o Dettes financières : montant encore dû aux organismes financiers (emprunts bancaires dont découvert). o Dettes fournisseurs : montant encore dû aux fournisseurs. o Dettes fiscales et sociales : montant encore dû à l Etat (charges patronales, impôt ) et aux salariés (congés payés ). Une dette est donc considérée comme une ressource : tant qu elle n a pas été acquittée, il s agit d une somme dont la structure a pu disposer pour générer son activité et peut encore disposer. C est à partir de ses ressources et donc du passif que la structure peut mettre en œuvre son activité. 2

3 L ACTIF Autrement appelé «emplois», il retrace l utilisation des ressources acquises, ce que la structure a fait de son argent. Le patrimoine qu elle a acquis pour une certaine durée : o Immobilisations corporelles : investissement dans des machines, bâtiments o Immobilisations incorporelles : achat de logiciels, brevets o Immobilisations financières : titres, cautions... Le volume d activité qu elle a généré, à travers ses résultats encore à percevoir : o Les stocks et encours : la valeur des marchandises qu elle n a pas encore vendu au moment de l établissement de son bilan. o Les créances clients : le montant de ventes restant à payer par les clients au moment de l établissement du bilan. o Les subventions à recevoir : le montant de subventions restant à verser par les financeurs au moment de l établissement du bilan. Le résultat déjà perçu de l activité est comptabilisé au passif, dans les capitaux propres sous la ligne «résultat». Il s agit donc bien ici de la valeur encore à percevoir de l usage que l on a fait des ressources : on a utilisé les ressources pour produire. - Une partie de ce qui a été produit a déjà été vendu et constitue le résultat, devenu une ressource. - Une autre partie n a pas encore été vendue ou son paiement, encaissé : cela reste un emploi, ressource pour l instant virtuelle. Et selon la présentation ici (peut être «écrit» autrement, de manière isolée ou au passif), l argent perçu et disponible : o Disponibilités et valeurs mobilières de placement : l argent immédiatement disponible en banque ou placé au moment de l établissement du bilan. Relations actif/passif, le bilan équilibré : Le passif représente donc les ressources captées pour son projet et son activité par la structure et le passif, les emplois qu elle a faits de ses ressources. Le bilan est nécessairement équilibré, avec donc : actif = passif. Cela traduit le principe suivant : on n utilise que ce l on a et on n a que ce dont on a besoin pour réaliser l activité. Lire le bilan : On va lire le bilan selon deux axes, un vertical et un horizontal. 1. Axe vertical : on retrouve la distinction immédiatement apparente entre «actif» et «passif» : d où proviennent les ressources de la structure et à quoi les affecte-t-elle. 2. Axe horizontal : on s intéresse cette fois aux éléments du passif et de l actif en fonction de leur caractère de permanence. On sépare alors l actif et le passif en deux : 3

4 ACTIF Immobilisations incorporelles Immobilisations corporelles Immobilisations financières Total Actif immobilisé Stocks et encours Durable PASSIF Capital social/ Fonds associatifs Subventions d'investissement Réserves ou provisions réglementées Report à nouveau Résultat Autres Fonds Propres Total Fonds propres/fds asso. Provisions pour risques et charges Créances clients Dettes financières (2) Subventions à recevoir Circulant Dettes fournisseurs Autres créances Disponibilités et VMP (1) Total Actif circulant Charges constatées d'avance et à répartir Dettes fiscales et sociales Autres dettes Total Dettes et provisions Produits constatés d'avance & Fonds dédiés Total Actif Total Passif (1) Dont cessions de créances (2) Dont concours bancaires courant Le «durable» : Actif : Le patrimoine acquis pour une certaine durée = total actif immobilisé Passif : L argent qu elle a reçu pour et par son activité = total des Fonds propres + Les emprunts bancaires à long terme (1 an et +) = dettes financières. Le «circulant» : Analyse : Actif : Le volume d activité qu elle a généré, à travers ses résultats encore à percevoir = total actif circulant + Les charges constatées d avance Passif : l argent qu elle doit à ses fournisseurs, financeurs (dont le concours bancaire courant) et à l Etat mais qu elle n a pas encore versé = total dettes et provisions. + Les produits constatés d avance et fonds dédiés. 1. Le «durable» correspond ainsi au rapport entre les capitaux propres, ressources dont la structure est sûre de disposer à plus d un an et les immobilisations, emplois dont la valeur porte sur plusieurs années, en fonction de la durée de leur amortissement. Par conséquent, il est essentiel de disposer de ressources durables suffisantes pour pouvoir assumer la valeur des immobilisations, donc d être sûr de disposer de suffisamment de capitaux durables pour faire face aux sommes restant à amortir : on dira que les immobilisations doivent être financées par les capitaux propres. 4

5 L amortissement est une écriture comptable représentant la dépréciation d un bien liée à son usure : chaque année, le bien perd une partie de sa valeur. Cette perte de valeur est signifiée dans le compte de résultat par «les dotations aux amortissements», somme comptable passée en charges d exploitation et dans le bilan, par la baisse de la valeur des immobilisations nettes, baisse du montant des dotations aux amortissements. Lorsque l on investit, achète une machine par exemple, la dépense est réalisée «cash» ou dans l année mais comptablement, elle va être assumée sur plusieurs exercices, via les dotations aux amortissements. D une certaine manière, le montant des immobilisations nettes représente la valeur encore à amortir et donc à supporter pour la structure. Dans le cas contraire, l association devrait recourir à des ressources «immédiates» supplémentaires, tel le découvert bancaire. Le montant des ressources durables restant une fois les immobilisations financées constitue le Fonds de Roulement Net Global. Le Fonds de Roulement Net Global représente ainsi une somme de capitaux dont la structure dispose. ACTIF : immobilisations Immobilisations incorporelles Immobilisations corporelles Immobilisations financières Fonds de Roulement Net Global = Fonds propres - immobilisations nettes. PASSIF : Fonds propres Capital social/ Fonds associatifs Subventions d'investissement Réserves ou provisions réglementées Report à nouveau Résultat Autres Fonds Propres 2. Le «circulant» représente donc les ressources dont l association dispose temporairement, puisqu il s agit des dettes qu elle n a pas encore payées, et les emplois en cours, créances diverses et stocks amenés à être perçus durant l exercice suivant. Autrement dit, on retrouve ici les sommes que l association a virtuellement engagé pour démarrer son activité et les produits virtuels des ventes (et subventions) de cette même activité. La logique traduite comptablement est celle du cycle d exploitation. 5

6 Schéma simplifié du cycle d exploitation Achats des matières premières Production des biens Commercialisation et vente Charges Encaissement par les fournisseurs Paiement des salaires + charges externes Produits Paiement par les clients a) Au démarrage du cycle d exploitation, la structure doit acheter matières premières et matériel indispensables à la production des biens. Elle en paie une partie «cash», une partie plus tard (30, 60, 90 jours). b) Une fois l ensemble des matériaux réunis, la production du bien démarre. c) Durant le temps nécessaire à la production du bien et à sa phase de commercialisation et vente, la structure doit achever de payer ses fournisseurs mais aussi, payer les salaires et les charges externes (électricité ). d) Lors de la vente, une partie des clients va payer «cash», une autre va payer ultérieurement (30, 60, 90 jours ). La structure doit pour produire engager des dépenses alors qu elle n a pas encore perçu les recettes dégagées par la vente de cette production. Autrement dit, il y a un décalage temporel entre le moment où elle paie ceux qui lui ont permis de produire et le moment où les clients de cette même production la paient. Elle a un Besoin en Fonds de Roulement : elle doit disposer d autres revenus que ceux de sa production pour réaliser cette même production. Composition du Besoin en Fonds de Roulement : BFR ACTIF : actif circulant Stocks et encours Créances clients Subventions à recevoir Autres créances Charges constatées d'avance et à répartir PASSIF : dettes et provisions Dettes financières à moins d un an Dettes fournisseurs Dettes fiscales et sociales Autres dettes Produits constatés d'avance & Fonds dédiés BFR = actif circulant - dettes et provisions 6

7 Le niveau du BFR varie selon le type d activité, la durée du cycle d exploitation et les relations avec les clients et fournisseurs. Le BFR peut être négatif : cela signifie que les recettes que dégage son activité couvrent immédiatement les dépenses nécessaires à l exploitation de l activité. Au cours du cycle d exploitation (de l achat des marchandises et matières premières à l encaissement), il n y a pas besoin de financement autre que le produit des ventes. Exemple : la grande distribution est payée comptant par ses clients et paie ses fournisseurs le plus tard possible. Relation Fonds de Roulement/Besoin en Fonds de Roulement et trésorerie : Lorsqu une structure a un BFR, elle a donc besoin de sources de financement pour couvrir les coûts liés à l exploitation, en attendant que le produit des ventes soit perçu. Il va s agir des capitaux propres encore disponibles : le Fonds de Roulement Net Global va prendre en charge le Besoin en Fonds de Roulement. Ainsi, les ressources durables doivent permettre de couvrir les immobilisations mais également, dans un second temps, le Besoin en Fonds de Roulement. Le Fonds de Roulement n a alors de sens qu au regard du Besoin en Fonds de Roulement. Si le Fonds de Roulement est supérieur au Besoin en Fonds de Roulement, la structure ne consomme pas la totalité de ses ressources et dispose d une trésorerie : elle a de l argent disponible qu elle peut placer. Dans le cas inverse, la structure a besoin de financements extérieurs pour couvrir son Besoin en Fonds de Roulement. Elle va recourir à des solutions financières à très court-terme (découvert par exemple). Sa trésorerie sera négative : elle devra compenser ses pertes par son activité. Exemple 1 : situation saine ACTIF : Immobilisations PASSIF : ressources durables BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT = actif circulant - dettes et provisions FONDS DE ROULEMENT NET GLOBAL = Fonds propres - immobilisations nettes. TRESORERIE POSITIVE Disponibilités et Valeurs Mobilières de Placement Les capitaux propres sont supérieurs aux immobilisations : il existe donc un Fonds de Roulement Net Global. Ce fonds de Roulement Net Global est supérieur au Besoin en Fonds de Roulement : il reste des capitaux propres, disponibles et pouvant être placés, la trésorerie est positive. 7

8 Exemple 2 : situation dégradée. ACTIF : Immobilisations PASSIF : ressources durables BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT FONDS DE ROULEMENT TRESORERIE NEGATIVE Disponibilités et Valeurs Mobilières de Placement Les capitaux propres sont supérieurs aux immobilisations : il existe donc un Fonds de Roulement Net Global. Ce Fonds de Roulement Net Global est inférieur au Besoin en Fonds de Roulement : un financement supplémentaire est nécessaire, la structure a recourt au découvert bancaire, sa trésorerie est négative. Quelle conséquence pour une structure? 1. En faisant appel au découvert bancaire, la structure va s imposer des frais financiers. 2. Ces frais vont peser sur le résultat, le diminuant. 3. Un résultat négatif va amener les fonds propres de la structure à diminuer, faisant courir le risque d une baisse du Fonds de Roulement. 4. Sans évolution du BFR, l insuffisance du Fonds de Roulement va donc s accroître et par conséquent, la trésorerie devenir d autant plus négative, générant des frais financiers supplémentaires. 5. A terme, ce cercle vicieux va entraîner une trésorerie de plus en plus négative, pouvant amener la structure à une situation de cessation de paiement. Il est donc essentiel de prendre en compte le bilan dans l élaboration de la stratégie économique de la structure : une structure peut très bien se retrouver en difficulté malgré une activité rentable, pour peu que son BFR soit insuffisamment couvert. Le développement d activité représente ainsi une menace potentielle : si une structure a, par nature, un BFR, le développement de son activité va entraîner un accroissement du BFR global. Si en parallèle le Fonds de Roulement n augmente pas, la trésorerie va se retrouver sous tension, avec les risques évoqués précédemment. Se développer peut mettre en danger la structure si ses fonds propres s avèrent insuffisants. On parle de l effet «ciseau». Les Ratios financiers Plusieurs ratios peuvent être calculés à partir des données du bilan pour évaluer la situation de la structure, au regard de deux axes : sa liquidité : sa capacité à couvrir des échéances immédiates sa solvabilité : sa capacité à répondre à des échéances financières pour assurer l avenir à relativement long terme, sans courir le risque d être en défaut de paiement. 8

9 Les ratios de liquidité : a) La liquidité générale = actif à moins d un an/dettes à moins d un an. Il traduit la capacité de la SIAE à honorer ses dettes à court terme, avec les éléments d actifs rapidement disponibles. Idéalement, ce ratio est supérieur à 1. S il est inférieur, la structure est proche de la cessation de paiement : elle n a pas, dans la totalité de son actif, des moyens immédiatement disponibles pour régler ses dettes rapidement exigibles. b) La liquidité restreinte = créances à moins d un an + disponibilités/dettes à moins d un an Il traduit la capacité de la SAIE à honorer ses dettes rapidement exigibles avec sa trésorerie disponible et le montant des créances qu elle devrait percevoir rapidement. Idéalement, ce ratio est proche de 1. c) Liquidité immédiate : disponibilités/dettes à moins d un an. Il traduit la capacité de la SIAE à payer immédiatement ses dettes exigibles rapidement, avec certitude donc en ne mobilisant que sa trésorerie disponible, c est-à-dire les sommes sur son compte en banque, sans inclure des créances qui peuvent ne pas être payées. Il doit être égal à 1 dans l idéal. Les ratios d endettement : a) Indépendance financière à long terme = capitaux propres/capitaux permanents Il traduit la capacité de la SIAE à se financer elle-même, par ses propres moyens en observant le poids des capitaux que la SIAE a généré par elle-même (résultat, report à nouveau, réserve, fonds associatifs) dans le total de ses ressources durables (+ emprunt à plus d un an, subvention d investissement). Au-dessus de 50%, la situation est acceptable, en-dessous, plus inquiétante ; b) L autonomie financière = capitaux propres/total du bilan. Il traduit l autonomie de la SIAE, c est-à-dire le poids que représentent ses capitaux propres tels que définis ci-dessus dans le total de ses ressources. Il pose donc l équilibre entre ce que la structure a «acquis par elle-même» et dont elle dispose durablement et les ressources qu elle va devoir rembourser (emprunt, dettes) ou qu elle va voir s éteindre (subvention d investissement) On considère la situation correcte à partir de 20% c) Capacité de remboursement = Capacité d autofinancement/échéance annuelle de la dette financière. Il traduit la capacité de la SIAE à rembourser ses emprunts avec l argent disponible, que représente la capacité d autofinancement. Il doit être égal ou supérieur à 1, pour montrer que la structure n a pas à rechercher en urgence de nouveaux produits financiers pour assumer le remboursement de ses dettes. L analyse détaillée du bilan et l accompagnement à l élaboration d une stratégie économique et financière peuvent être mis en œuvre dans le cadre de l autodiagnostic financier, accompagnement individuel gratuit de deux jours. Pour plus de précisions, vous pouvez contacter votre association régionale FNARS ou le CNAR IAE : Jihane Jomni-Coton - Chargée de mission IAE - tél. : jihane.jomni@avise.org Cette action est soutenue par : Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle 9