Retranscription Séminaire de lancement Tours - 29 et 30 mars 2012
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- Alain Croteau
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1 Retranscription Séminaire de lancement Tours - 29 et 30 mars /06/2012
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3 Participants Nom Prénom Organisme AMBROISE Régis MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, DE L'ALIMENTATION, DE LA PÊCHE ET DES AFFAIRES RURALES ANTROP Marc UNIVERSITÉ DE GHENT BAILLY Emeline CSTB BELANGER Laurent MEDDTL BERCOVITZ Rémi CEPAGE DE BORDEAUX BERRY Lucas OREALM BERTRAND Etienne BUREAU D'ÉTUDES DE GALLY BLOUIN Claire CEPAGE DE BORDEAUX CABRIT Jean-Luc DIREN ILE DE FRANCE CHAMPRES Jérôme CERTU CLEMENT Denis CGEDD COHEN Marianne LADYSS DAUTEL Christian ECOLE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS DAUVERGNE Pierre OREALM DEGUET Gilles CONSEIL RÉGIONAL CENTRE DERIOZ Pierre UNIVERSITÉ D'AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE DERVIEUX Alain DESMID - CNRS DURET Hervé CSTB GERMAINE Marie-Anne UNIVERSITÉ PARIS OUEST-NANTERRE-LA DÉFENCE, GECKO GERNIGON Christèle OFFICE NATIONAL DES FORÊTS GUILLAUMIN Gérard MEDDTL GUILLERME Sylvie GEODE GUITTET Caroline UNIVERSITÉ RENNES II GUTTINGER Philippe UNIVERSITÉ PARIS X Hervé DURET CSTB HOWARD Peter LANDSCAPE RESEARCH GROUP HOWARD Philipp PAYSAGE DURABLE LABORDE Julien ATELIER MNÉMOSIS LAIDET Myriam MISSION VAL DE LOIRE
4 LAZZERI Yvette UNIVERSITÉ PAUL LE NEVEZ Nicole CONSERVATOIRE DES RIVES DE LA LOIRE ET DE SES AFFLUENTS LEDU-BLAYO Laurence UNIVERSITÉ RENNES II LONGUET Isabelle MISSION VAL DE LOIRE LUGINBÜHL Yves CNRS PARIS LUGINBÜHL Antoine PAYSAGISTE D.P.L.G. DE L ENSAP BORDEAUX MASSON Jean-Pierre VILLE DE VILLANDRY MENOZZI Marie-Jo CONSULTANTE INDÉPENDANTE MERIGAULT Julie PROVALTIS MILANI Raffaele UNIVERSITÉ DE BOLOGNE MILIAN Johan LADYSS MOIGNEU Thierry DREAL CENTRE MONTEMBAULT David AGROCAMPUS OUEST ORLIAC Danièle CAUE PYRÉNÉES ORIENTALES ORSINI Amandine MEDDTL PARDO Corinne IRSTEA PEDROLI Bas ALTERA POIROUX Mickaël MISSION VAL DE LOIRE QUENIOT Pascal PARC NATUREL RÉGIONAL LOIRE ANJOU TOURAINE RAYMOND Richard LADYSS ROMAIN Fanny AGROCAMPUS OUEST RUELLAN Stéphane PROVALTIS SALANIE Julien AGROCAMPUS OUEST- GRANEM SOUFFLET Elise MEDDTL TOUBLANC Monique ENSP VAUTIER Francis MISSION VAL DE LOIRE 4
5 Sommaire Participants... 3 Programme du séminaire... 7 Jeudi 29 mars Vendredi 30 mars Présentations des projets et débats Allocution d ouverture Dynamiques des Évolutions paysagères, gestion participative Et Perceptions du paysage en Camargue (DEEP-CAM) Dynamiques paysagères et perceptions des interfaces arborées : quels enjeux pour la mise en place de la Trame Verte et Bleue? (INTERFACE) Paysage et développement durable : à la recherche d une participation créative Participation des populations et renouvellement des pratiques paysagistes. Une recherche-action par l expérimentation et la comparaison des méthodes L enjeu du paysage commun Paysage et étalement urbain : dynamiques physique et culturelle et modélisation (PAYTAL) Paysages des Franges Périurbaines Représentations, Indicateurs, Outils (PFP-RIO) Dynamiques des modèles paysagers dans les villes nouvelles, cultiver des paysages durables Le Paysage dans l aménagement du Val de Loire Ouverture La composante paysage dans le projet de Métropole Jardin de l'orealm et ses suites à l'oreac et au SGAR La prise en compte du paysage dans le Conservatoire des Rives de la Loire et de ses Affluents Le paysage dans le Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine L inscription du paysage du Val de Loire au patrimoine mondial de l UNESCO Discussion : Le paysage aujourd hui dans le Val de Loire Clôture
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7 PDD2 Programme du séminaire 7
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9 Jeudi 29 mars 2012 Yves LUGINBÜHL (CNRS) Président du Conseil Scientifique du PDD2 Gérard GUILLAUMIN (MEDDTL) Responsable et animateur du PDD2 Stéphane RUELLAN (Provaltis) Assistance à l animation du PDD2 9h00 : Accueil des participants 9h30 : Allocutions d ouverture 10h00 : 1ere Session de présentation des recherches Présidée par Christian DAUTEL 10h00 Dynamiques des Evolutions Paysagères, gestion participative et perceptions du paysage en Camargue Alain DERVIEUX DESMID - CNRS 10h20 Discussion avec la salle Monique TOUBLANC, discutante 10h30 Dynamiques paysagères et perception des interfaces arborées : quels enjeux pour la trame verte et bleue? Sylvie GUILLERME GEODE 10h50 Discussion avec la salle Peter HOWARD, discutant 11h00 Paysage et Développement Durable : à la recherche d une participation créative Yvette LAZZERI Université Paul Cézanne 11h20 Discussion avec la salle Bas PEDROLI, discutant 11h30 Participation des populations et renouvellement des pratiques paysagistes, une approche par l expérimentation et la comparaison des méthodes David MONTEMBAULT AGROCAMPUS OUEST 11h50 Discussion avec la salle Marianne COHEN, discutante 12h00 Discussion générale et clôture de la session Président de séance 12h30 : Pause déjeuner (Buffet) 14h00 16h30 13h45 : Visite de site : Lignières de Touraine & Villandry Parcours commenté autour des sites de Lignières de Touraine et de Villandry Accueil à la mairie de Villandry Point de vue de la collectivité et débat 17h00 : Vin d honneur 17h30 : Départ pour Tours David MONTEMBAULT AGROCAMPUS OUEST David MONTEMBAULT AGROCAMPUS OUEST Jean-Pierre MASSON 1 er Adjoint au Maire de Villandry 9
10 10h00 Vendredi 30 mars 2012 L enjeu des paysages communs 9h30 : Accueil des participants 10h00 : 2nde Session de présentation des recherches Présidée par Marianne COHEN Emeline BAILLY CSTB 10h20 Discussion avec la salle Christian DAUTEL, discutant 10h30 Paysage et étalement urbain : dynamique physique et culturelle et modélisation Julien SALANIE AGROCAMPUS OUEST- GRANEM 10h50 Discussion avec la salle Bas PEDROLI, discutant 11h00 Paysage des franges Périurbaines - Représentations, Indicateurs, Outils Richard RAYMOND LADYSS 11h20 Discussion avec la salle Philippe GUTTINGER, discutant 11h30 Dynamiques des modèles paysagers dans les villes nouvelles, cultiver des paysages durables Marie Jo MENOZZI Consultante indépendante 11h50 Discussion avec la salle Raffaele MILANI, discutant 12h00 Discussion générale et clôture de la session Président de séance 12h30 : Pause déjeuner (Buffet) 13h45 14h05 14h25 14h45 15h20 13h45 : Session «Le Paysage dans l aménagement du Val de Loire» Présidée et animée par Yves LUGINBÜHL (CNRS) Des années 60 à aujourd hui La composante paysage dans le projet de Métropole Jardin de l'orealm et ses suites à l'oreac et au SGAR La prise en compte du paysage dans le Conservatoire des Rives de la Loire et de ses Affluents Le paysage dans le Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine Pierre DAUVERGNE OREALM Lucas BERRY OREALM Nicole LE NEVEZ Directrice du conservatoire Pascal QUENIOT Directeur adjoint du parc L inscription du paysage du Val de Loire au patrimoine Isabelle LONGUET mondial de l UNESCO Directrice de la mission 15h05 : Pause-Café Le paysage aujourd hui dans le Val de Loire Intervenants précédents Gilles DEGUET, Conseiller régional de la Région Centre Thierry MOIGNEU, DREAL Centre Un représentant d une collectivité locale (à définir) 16h30 : Allocution de clôture Yves LUGINBÜHL (CNRS) Président du Conseil Scientifique du PDD2 10
11 PDD2 Présentations des projets et débats 11
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13 Allocution d ouverture Yves LUNGINBÜHL Je vous remercie pour votre présence et vous souhaite la bienvenue à ce séminaire de lancement du programme PDD2. Je souhaiterai pour cette allocution d ouverture, rappeler les axes du programme PDD2. Le premier s intitule «Qualification des processus d évolution des paysages». Le comité scientifique a envisagé cette problématique car nous nous sommes aperçus qu en réalité les dynamiques du paysage avaient du mal à être qualifiées, que nous avons très peu de vocabulaire et de modèles pour qualifier ces processus d évolutions, et que ce vocabulaire reste très banal et peu explicite. Il est vrai aussi que pour représenter ces dynamiques du paysage, l expression cartographique est pauvre (on a peu de manières de traduire ce qui se passe sur le terrain) car on se retrouve souvent dans des situations complexes avec de nombreux facteurs qui interviennent, et il assez difficile d arriver à traduire cette complexité. Le MEDDTL a engagé une grande opération qui s intitule «Système d information sur la nature et les paysages». Il est en pleine réflexion sur les indicateurs et descripteurs. En ce qui concerne ceux relatifs au paysage, on a déjà exploré ceux des dynamiques mais qui ne nous satisfont pas complètement car ils ne traduisent que des dynamiques sectorielles (ex : la dynamique de logement, celle du passage des prairies aux cultures, etc.) or l articulation de ces différentes évolutions demandent à ce qu on se penche sur la question des indicateurs pour essayer de traduire ces évolutions. Enfin, nous savons que les représentations que se construisent les acteurs ou les habitants de ces paysages interviennent fortement (on sait aujourd hui que les représentations sociales sont ce qui motive l action) donc il nous semble important de préciser encore plus la place que prend ces représentations sociales dans les dynamiques. Le second axe de travail porte sur «Le paysage, produit de l économie, services rendus par les paysages». Il y a un grand débat sur les concepts économiques employés pour comprendre les questions environnementales et a fortiori la question du paysage, que l on a exploré notamment lors du dernier programme PDD avec un consortium européen d économie du paysage. Cependant nous n avons pas fini de nous y pencher car il y a divergence entre l économie «classique» qui raisonne à la fois en termes d offre et de demande, et de monétarisation des processus, et ceux qui s opposent à la conception que le paysage a une valeur précise et peut être monétarisé. On s est donc demandé s il ne fallait pas repenser cette approche économique, car finalement un paysage est, d un point de vue historique, aussi le produit de processus économiques, le résultat de processus de transformation ou de production de biens qui s importent et s exportent, de production de travail (ou non), mais aussi de production de bien-être pour les habitants qui y vivent. Il s agit donc d un paysage qui rend des services à la société. Or il y a eu un débat sur la relation entre le PIB et le bien-être (voir publication du Conseil de l Europe (2006) : Paysage et développement durable : les enjeux de la Convention européenne du paysage). Donc après l expérience de PDD1 nous avons souhaité relancer cette thématique, et nous avons aujourd hui la chance d avoir un programme qui s inscrit dans cette nouvelle manière de concevoir l économie, ou en tous cas la relation entre économie et paysage, et qui essaie de traduire l idée qu un paysage est aussi le produit d une économie et qu il peut produire du bien-être. La troisième thématique de notre programme de travail «Changements climatiques, politique énergétique et paysage» a malheureusement été très peu abordée dans cette deuxième phase du programme (il avait été abordé dans PDD1 via des recherches sur l éolien), et nous souhaitions ici pouvoir éclairer les contradictions entre paysage et politiques énergétiques (notamment avec les éoliennes qui produisent de l énergie renouvelable mais posent des problèmes de paysage). 13
14 Il nous a semblé important également de pouvoir mesurer les écarts entre échelles nationale, régionale, planétaire et revenir à ce qui, localement, pose la question de l énergie, et en particulier explorer les échelles de production d énergie renouvelable, et notamment l échelle domestique. C est un véritable enjeu dont on parle beaucoup dans le milieu politique, mais l'échelle domestique est bien plus développée dans d'autres pays, alors qu'elle est porteuse d'innovation. La question revient donc à se demander : qu est-ce que la qualité du paysage et la production d énergie? Notre dernier axe de travail est «Paysage et la participation». La participation est vue comme l action qui peut peser sur la décision politique à échelle locale (ce qui est beaucoup plus délicat à plus grande échelle). On observe là une première contradiction entre les approches scientifique et professionnelle sur l implication des populations ; et puis on sait aussi qu il y a de grandes contradictions entre participation, consultation, information, sensibilisation, etc. On avait commencé à soulever la question dans le précédent programme avec le problème des éoliennes sous le terme d acceptabilité sociale. Il faut clairement revenir sur cette question qui renvoie à celle de la démocratie locale, débat qu on entend beaucoup aujourd hui, y compris dans les médias. Pour conclure je dirai que ces quatre axes ont été très inégalement traités, et celui qui a le plus de succès est «la participation», ce qui révèle la pertinence de cette question. Malheureusement sur le thème de l énergie nous n avons pas d étude une seule nous a été présentée mais elle ne fut pas acceptée ce qui est tout de même dommage vu l enjeu considérable que cela représente. Il faudra espérer que l avenir nous permettra d y revenir. Il y a là aussi un intérêt clair pour la question des indicateurs permettant d appréhender les dynamiques, une ouverture prometteuse sur la question du rapport économie/paysage, et également un apport du paysage à la compréhension de la biodiversité. Les recherches se lancent donc officiellement aujourd hui, et je suggérerais de revenir à une pensée plus sociale du paysage, de ne pas considérer les théories admises comme définitives, de penser interaction et complexité bien sûr (admettre que contradictions, flou et ambiguïtés font partie de l univers humain), et d admettre que le paysage est autant un sentiment collectif qu individuel. Gérard GUILLAUMIN On a tendance à dire que les programmes de recherche du ministère ont deux objectifs : l un est de produire de la connaissance et c est prioritaire et l autre de venir en appui aux politiques publiques, et c est plutôt ce dernier point que nous allons maintenant développer. Selon la manière dont c est présenté, on pourrait penser qu il s agit là d une suite logique : c est-à-dire faire des recherches, créer de la connaissance, pour ensuite la transformer en politiques publiques sous forme de décrets, de procédures, de guides techniques, or l expérience nous montre que ce n est pas aussi simple. Il semble que les meilleurs résultats sont obtenus quand un dialogue a été installé tout au long du programme entre les porteurs des projets de recherche et les porteurs des politiques publiques. Tout d abord pour chacun des projets, les chercheurs sont déjà amenés à discuter avec les acteurs locaux car ils s appuient sur des territoires précis. Il y a un autre endroit aussi où le dialogue entre la recherche et l action a lieu, et c est le Comité d orientation du programme. Il s agit d un ensemble de représentants des administrations centrales des ministères ou des services déconcentrés, mais aussi d autres organismes tels que l Office national des forêts, les paysagistes conseil de l état, les parcs naturels régionaux, les CAUE (Conseils d Architecture, d Urbanisme et de l Environnement), etc. Le Comité d orientation participe à l ensemble du programme dès le départ, y compris dans le choix des thèmes prioritaires des appels à proposition de recherche, dans la sélection des projets, et il suit tous les principaux évènements d animation du programme et de valorisation merci d ailleurs aux membres du CO présents aujourd hui. Le ministère a besoin de financer la recherche pour être nourri de réflexions et être éclairé sur certaines thématiques le titre même du programme PDD représente une question : quel est le lien entre paysage et développement durable? On a besoin d éléments de réflexion sur cette question, bien qu on puisse penser que le paysage est directement en lien de par sa nature avec le développement durable. En effet, par ses composantes bio-géophysiques, ses dimensions culturelles, économiques et sociales, le paysage apparaît 14
15 comme un outil, une démarche et un support du développement durable, notamment pour les diagnostics et les projets de territoire. C est une idée que nous souhaiterions voir confirmée. Une autre question intervient : y a-t-il une différence entre territoire et paysage? S il n y en a pas, cela voudrait dire que les politiques et les procédures liées au territoire seraient les mêmes que celles liées au paysage. En effet, territoire et paysage semblent bien avoir un socle commun (composante matérielle et socioéconomique). Mais est-ce pour autant la même chose? Ou le paysage aurait-il une dimension supplémentaire, qu on pourrait appeler dimension «méta», dans laquelle on retrouverait tout ce qui est culturel : l esthétique et la perception du territoire par les populations (tous ces aspects de représentation sociale)? Le paysage serait-il donc un territoire plus à dimension méta, ou le paysage serait-il uniquement cette dimension méta auquel cas il n y aurait plus rien à voir avec le développement durable? Autre thématique d intérêt : tous les aspects de la gouvernance. Comme nous l avons vu, le paysage est complexe et ne peut être abordé uniquement par des techniciens, aussi généralistes soient-ils. C est donc toute une organisation partenariale entre les différents acteurs, que ce soit les élus, les techniciens, les experts, et les acteurs économiques, qu il est nécessaire de mettre en place pour traiter le paysage sans oublier bien sûr la population, comme le recommande la Convention européenne du paysage ratifiée par la France en Car c est un peu le paradoxe du paysage : même si on évoque cette complexité, on se rend compte que tout le monde peut parler du paysage, avec son langage, avec sa culture. Le paysage devient alors un véritable outil de communication, de médiation, et de participation pour les politiques publiques territoriales. Voilà un autre axe qui mérite d être creusé. Toutes ces questions et d autres comme celles liées aux axes du programme (comme l économie et le paysage, la dynamique des paysages, le paysage urbain ), se retrouvent dans les huit projets de PDD2. Et toutes ces recherches ont déjà un lien avec les politiques publiques puisque les terrains d étude choisis font l objet euxmêmes de politiques territoriales précises que ce soit les parcs naturels, la rénovation urbaine, les villes nouvelles, la trame verte et bleue, le patrimoine mondial de l UNESCO, etc. Les projets proposent aussi des outils utiles aux politiques publiques, telles les méthodes de démarche participative, ou des outils d interprétation des paysages liés aux formes d étalement urbain par exemple. J ai beaucoup d espoir pour que ce programme PDD2 aille plus loin que le programme précédent dans l aide à la décision des acteurs des politiques publiques. Enfin, l intérêt d un tel programme n est pas uniquement d obtenir un ensemble de recherches aussi varié et riche soit-il, mais aussi de favoriser une réflexion collective, une culture commune, notamment sur la problématique générale qui nous intéresse : celle du paysage et du développement durable. Le conseil scientifique, sous la direction d Yves Luginbühl, a déjà beaucoup travaillé dans ce sens lors du programme précédent, avec un important investissement dans la valorisation que ce soit pour les séminaires, colloques, ouvrages, fiches de réflexion, etc. j en profite pour remercier le conseil scientifique aujourd hui aussi. Mais cette culture commune ne doit pas se construire uniquement à l intérieur du conseil scientifique ; il faut qu elle soit aussi le fruit des échanges lors des évènements des programmes comme aujourd hui entre les chercheurs, les membres du conseil scientifique et du comité d organisation d où l intérêt d une bonne coordination et animation du programme. Stéphane RUELLAN Provaltis et son partenaire Polynome communication ont été retenus pour accompagner le MEDDTL à l animation du PDD2. Provaltis a pour principal activité : L animation réseaux et de programmes S&T : Predit, Beep, PNRPE, PARENE, La gestion de l information (veille, indexation, bases de données documentaires) : I-Ville, Eukn, centre de doc ADEME La communication et l édition techniques : conception, rédaction, fabrication de sites Internet, guides, brochures à contenus S&T 15
16 Polynôme intervient sur trois domaines de la communication : L évènementiel (colloques et symposiums, forums, assemblées générales ) L audiovisuel (reportages institutionnels, de sensibilisation, de promotion de produits, de formation.. ) L édition (identité visuelle et charte, plaquettes institutionnelles, catalogues produits) Les trois volets de notre mission d assistance à l animation de PDD2 sont les suivants : Aider à la gestion quotidienne du programme PDD2 : Secrétariat des projets et suivi des conventions de recherche Secrétariat des réunions du conseil scientifique et du comité d orientation (préparation des documents de séance ; animation des réunions ; gestion des aspects logistiques ; rédaction des comptes-rendus et relevés de décisions) Organiser les séminaires de valorisation du programme : Prise en charge des aspects logistiques Elaboration des programmes et des dossiers participants Rédaction des comptes-rendus Concevoir les éléments de communication et diffuser les résultats du programme Logo du programme Plaquette de présentation Brochure de valorisation Amélioration et webmastering du site internet Pour finir je rappellerai les échéances de notre mission : Dans les prochains mois : plaquette, brochure de valorisation et site PDD2 A la mi-2013 : séminaire mi-parcours Jusqu à février 2015 : Suivi des conventions Mise à jour du site Internet Organisation de 3 Conseils scientifiques et 3 Comités d Orientation 16
17 Dynamiques des Évolutions paysagères, gestion participative Et Perceptions du paysage en Camargue (DEEP-CAM) Axes de recherche (i) Qualification des processus d évolution des paysages (iv) Paysage et participation Coordinateur scientifique Alain DERVIEUX, Ingénieur écologue, DESMID-CNRS ; UMR ESPACE 6012, 1 rue Parmentier, Arles, +33(0) fax , alderv.desmid@wanadoo.fr Responsable scientifique Laurence NICOLAS, Chargée de recherche, anthropologue ; RESSOURCE, 2 rue des sarcelles Albaron, l.nicolas@ressource-sciences-sociales.net Résumé de la proposition L objectif appliqué de la proposition est d apporter au Parc Naturel Régional de Camargue une aide à la réflexion sur la politique paysagère de la Camargue, de contribuer à la production de la charte paysagère que le Parc s est engagé à produire dans le cadre du renouvellement de son classement, d éclairer les conditions et moyens d une gestion participative des paysages et enfin d intégrer la question des paysages des Salins et de Beauduc à la gestion globale du paysage Camarguais (en partenariat avec le Conservatoire du Littoral). On contribuera aussi à favoriser l inscription de la question paysagère sur les territoires compris dans la nouvelle extension du périmètre de Parc en partenariat avec les gestionnaires des Marais du Vigueirat. L objectif scientifique est de développer une approche expérimentale interfaçant une expérimentation d ateliers participatifs, supports à la production de la Charte Paysagère du Parc Naturel Régional de Camargue et plus largement à la réflexion sur coordination d une politique paysagère au regard des différentes politiques sectorielles (notamment économiques), avec la production de connaissances relatives aux dynamiques d évolutions paysagères, à la caractérisation des paysage, aux représentations sociales et aux modes sociaux d appréhension et d explication du paysage en situation de débat public. On mettra ainsi à l épreuve les conditions d utilisation des connaissances scientifiques, en contexte de gestion participative des paysages, avec pour idée forte d utiliser des ateliers autant comme connaissances produites dans ce programme que comme matériau empirique pour l étude de la participation publique à la gouvernance des paysages. Les politiques publiques concernées, en considérant leurs concrétisations dans les actions du Parc de Camargue, sont aussi bien la mise en oeuvre à l échelle locale des principes de la Convention Européenne du Paysage que celle de la convention d Arrhus (à partir du thème de l association des habitants à la gestion de leur cadre de vie). Le projet ambitionne également une contribution à l application de cadre défini par la Loi «Paysage» et la Loi «Barnier» par la recherche d indicateurs paysagers et des facteurs d évolutions des paysages, apte à venir en appui aux démarches de type «Observatoire Photographique des Paysages» et «Atlas des paysages». Les hypothèses formulées se rassemblent autour d une hypothèse pivot : (H1) le statut occupé par le paysage dans les politiques publiques locales et la place qu il tient dans le corps social, notamment dans les représentations, peut s expliquer en partie par une dimension commune à ces deux problématiques et qui relève de dynamiques propres au paysage. Plusieurs se déploient autour de cette dernière : (H2) l existence de jeux d échelles limitant l inscription d un paysage en une politique unifiée et offrant peu de possibilités d implication aux individus ; (H3) les logiques de production et de composition du paysage (notamment à partir de la gestion) conduisent tendanciellement à disperser la gestion du paysage dans les différentes politiques et interposent entre les représentations sociales et les éléments matériels du paysage des modèles explicatifs du 17
18 territoire (H4). De tels modèles sont cruciaux dans la gouvernance notamment pour relier les dimensions matérielles et idéelles du paysage au sein du débat public (H5). Les résultats attendus et les méthodologies mises en œuvre sont en premier lieu relatives à une amélioration de la caractérisation physique des paysages notamment par la morphologie intra-thématique, la disposition et la forme des différentes tâches paysagères ou encore en se donnant pour tâche d inventorier précisément et de hiérarchiser les objets paysagers par l analyse paysagère (photo-interprétation). On produira une connaissance des représentations sociales et culturelles du paysage à la fois pour sa nécessité mais également pour la croiser avec l approche physique et évaluer des caractéristiques communes ou contrastées. Le résultat de cette démarche alimentera les ateliers participatifs pour tenter de produire des indicateurs paysage utilisables dans une gestion participative. Une même démarche permettra une connaissance analogue des dynamiques d évolution du paysage et la constitution d une démarche prospective multiscalaire apte à rendre compte du moment à partir duquel un phénomène observé à l'échelle locale est visible à l'échelle régionale ou inversement. Les ateliers participatifs contribueront à l investigation de modèles sociaux d explication du paysage conditionnant l intersubjectivité et la participation des acteurs à la gouvernance des paysages. Enfin l analyse des ateliers participatifs et des réunions publiques de la Commission «paysage» du PNRC éclaireront des modalités d intégration des différentes politiques sectorielles dans la gestion globale du paysage. Articulation avec d autres programmes La problématique du paysage apparaissait dans le programme Politiques Territoriale et Développement Durable mais méritait plus de développement. Aujourd hui, divers programme en cours ou en voie d achèvement permettront en apportant des connaissances connexes à la question paysagère de porter pleinement celle-ci dans le présent projet. Ainsi les acquis du programme eaux et territoire I 1 permettront de porter la problématique du lien entre paysage et gestion de l eau sur le Plan du Bourg, périmètre nouvellement acquis par le Parc Naturel Régional de Camargue. Ce programme ainsi que le programme régional DIGSURE 2 ont permis la constitution d un premier corpus de textes (XIXe s. et XXe s.) relatif à l occupation des sols et à l aménagement qui sera mobilisé dans le projet sous l angle du paysage. Le programme Liteau III «Camadapt 3» s articulera au projet en apportant une connaissance essentielle sur les problématiques liées au littoral et de leurs liens avec la gestion du système lagunaire des étangs centraux de la Camargue afin de mieux mettre en perspective la gestion du paysage avec l ensemble des problématiques du territoire. Le programme MEEDDM Eaux et territoires II 4 apportera une dimension comparative de fond grâce à un travail d analyse du paysage sur les marais des Baux, soumis actuellement à une renaturation du site. Ce programme est porteur d une prospective quant à la gestion de la renaturation du site des Marais du Vieux Rhône (8000 ha) acquis de 2009 à aujourd hui par le Conservatoire du Littoral, mais la dimension paysagère demeurait assez absente pour ce territoire. La mission Doñana pour le PNRC 5 permettra d assigner comme finalité à ce projet une thématique clef à la collaboration scientifique à l analyse croisée Doñana-Camargue, sur laquelle le PNRC et les Parcs naturel et national de Doñana appuient en partie leur rapprochement à la suite du jumelage de la Région Andalouse et de la Région PACA. D autre part, l implication de la Tour du Valat dans le programme RhoMeo ( ), qui associe gestionnaires et chercheurs afin de développer les méthodologies nécessaires à la construction d un observatoire de l évolution du bon état des zones humides du bassin Rhône Méditerranée, est de nature à nourrir le projet d une réflexion épistémologique sur l utilisation d indicateurs. Même si les thématiques de ces deux programmes sont clairement différentes, l utilisation d indicateurs appelle toujours des précautions épistémologiques et méthodologiques. 1 projet CAMPLAN «Gestion Intégrée d un hydrosystème : Camargue et Plan du Bourg» ( ). Equipes du projet participant à ce programme : DESMID, RESSOURCE, Tour du Valat 2 vulnérabilité au risque inondation dans le Rhône aval ( ). Equipes du projet: DESMID, RESSOURCE 3 «Adaptation aux changements globaux dans la Réserve de Biosphère «Camargue Grand delta» ( ). Equipes du projet : DESMID, RESSOURCE, Tour du Valat 4 «D un marais à l autre, marais en mutation (marais des Baux Salins) - Exercice de réflexivité au sein du système eaux et territoires : renaturation/restauration de zones humides». Equipes de ce projet participant à ce programme : DESMID, RESSOURCE, TDV 5 Mission PNRC dans le cadre du programme de recherche CAMPLAN et du jumelage des régions PACA et Andalouse. Equipes de ce projet: DESMID, RESSOURCE 18
19 9 paysages parmi les sites de l'observatoire Photographique du Paysage de Camargue Questions Christian DAUTEL : C est un projet très ouvert, très généraliste, et qui doit, à un moment donné, se recentrer sur la question du programme (PDD) autour des thèmes de l eau et du participatif, tout en reconstruisant une histoire et une appropriation de ce paysage. On en recouvre des fragments par la méthode qui recourt à l observatoire photographique, et pour l instant on attend avec beaucoup d impatience le recollement de toutes ces pièces. Q (Monique TOUBLANC) : 1. Cette recherche semble présenter deux points forts : La collaboration étroite avec le PNR même si le projet de charte paysagère peut ne pas aller jusqu à son terme, Les ateliers participatifs qui feront émerger une vision et une politique globale sensées dépasser cette approche sectorielle souvent critiquée. 2. Vous partez d une définition riche du paysage comprenant la dualité matérielle et immatérielle et vous évoquez un modèle paysager innovant en situation de participation et non pas d analyse des représentations. Cette approche méthodologique mériterait d être creusée. 3. Vous avez organisé votre projet en deux temps : vous mobilisez la communauté de chercheurs qui participent à votre projet pour produire de la connaissance, puis vous «livrez en pâture» cette connaissance aux ateliers participatifs pour faire émerger les représentations des habitants et ainsi infirmer ou confirmer le résultats. C est un parti pris méthodologique et théorique qui est intéressant mais qui ne va pas de soi, et qui pose la question du rapport entre savoirs savant et profane. Il y a là un 19
20 nœud qu il serait bien d approfondir. Il ne s agit pas de remettre en cause ce parti pris mais il serait intéressant de s interroger sur l impact de la vision scientifique sur les habitants. 4. Cela pose par ailleurs la question plus globale de l implication et du rôle du chercheur dans les dispositifs participatifs. R (A.D.) : 1. J ai la chance d être un habitué de ces arènes car je préside la commission gestion de l eau du Parc depuis dix ans. C est une expérience qui peut favoriser les échanges dans les ateliers. Le choix a été fait de montrer aux gens où l on en est, ce qu on a fait jusqu à présent (au risque de ne pas être forcément compris), et d entendre puis analyser les réactions face à ce travail. L objectif du sociologue c est de voir quels sont les modèles explicatifs du paysage pour les acteurs et les habitants, qu est-ce qu ils mobilisent comme connaissance pas forcément celles qu on va leur proposer d autant que dans de tels ateliers on sera forcé de proposer une connaissance relativement peu théorique. Et avec d autant plus de sens que cela se pratique régulièrement dans les commissions du Parc. C est complexe mais on ne voit pas comment faire autrement sachant que l une des missions du parc est que les habitants s emparent des questions sur les enjeux du territoire, notamment de la charte paysagère. 2. Des analyses des représentations seront produites au travers de ces ateliers. 3. Nous pourrons envisager cette question mais n étant pas porteur de ces aspects, je peux difficilement répondre, je m en excuse, à toutes vos questions. Ce type d impacts ne peut s envisager que sur le temps long. 4. Si c est à l aide à la décision à laquelle vous faite allusion, je pense que cela reste une énorme boite noire qu il serait bon d éclairer. Car c est un point essentiel et qui revient en permanence, mais qui est mal connu. Q (Régis AMBROISE, ministère de l agriculture) : Dans votre exposé vous abordez la question du paysage qui apporte un élément intégrateur par rapport aux autres systèmes et éventuellement aux approches sociales. Mais le programme concerne aussi le développement durable, comment donc allez-vous aborder cette question? R (A.D.) : C est un beau concept que le développement durable quoique parfois un peu nébuleux. La réalité est que je vais rester modeste par rapport à cela aujourd hui. En Camargue, le développement durable est en marche à travers des problématiques et des enjeux liés à l agriculture et au développement des espaces protégées, tous étant liés à la gestion des eaux. Il y a un impact de ces usages sur le paysage. La question se pose d un possible hiatus entre les espaces protégés et le reste du territoire? Il y a un risque que nous sommes en train de tenter d analyser. L élévation du niveau marin est également un enjeu important et qui aura tôt ou tard des répercutions sur le paysage. Q (Elise SOUFFLET, Bureau des Paysages et Ministère de l Ecologie) : Ma question porte sur l outil de l observatoire photographique du paysage : comment le liez-vous à l approche participative (à la fois dans l élaboration, le choix des points de vue, et aussi dans la partie analyse des dynamiques)? R (A.D.) : Il n y a pas vraiment eu de participation avec les habitants pour cela sinon en commission. J ai simplement travaillé avec différents chercheurs sur des études connexes et avec les agents du parc. Cependant l Observatoire du paysage va être présenté dans les ateliers, ce qui est très important. Il est plus facile pour les habitants de se faire une idée de la question du paysage avec des images photographiques au sol plutôt que de télédétection. Nous avions au départ décidé de proposer 35 sites pour l observatoire, pas plus, au risque d avoir un trop grand nombre d images à traiter dans vingt ans. Au final, nous avons conservé 51 sites, ce qui est beaucoup, représentatifs de l ensemble de ce que l on peut rencontrer en Camargue et susceptibles d aider à l analyse des changements. Il y a des réflexions engagés sur la mise à disposition du public à travers un site Internet régional (SIT : système d information territorial) et possiblement un trajet liant des photographies de sites de l observatoire avec ce qui peut être vu sur le terrain. C est plutôt du ressort du Parc. 20
21 Dynamiques paysagères et perceptions des interfaces arborées : quels enjeux pour la mise en place de la Trame Verte et Bleue? (INTERFACE) Axes La nécessité de préserver l'environnement, le besoin de nature exprimé par les citoyens et les réflexions sur la biodiversité mettent les trames vertes au cœur de la gestion des espaces paysagers. Le choix d axer notre projet de recherche sur cet élément est donc en adéquation thématique avec les grandes orientations de l appel à projets PDD 2011, et concerne plus particulièrement les axes (i), (ii) et (iv) du programme. Coordinateur scientifique Sylvie GUILLERME, Docteur en géographie - Chargée de recherche (CR1) CNRS Laboratoire GEODE (UMR 5602), Université Toulouse Le Mirail, Maison de la recherche, 5 allée A. Machado, Toulouse cedex 9 Téléphone : Télécopie : sylvie.guillerme@univ-tlse2.fr Résumé de la proposition Ce projet entend, via une réflexion sur diverses interfaces liées à l élément arboré dans les paysages en lien avec la mise en place des trames vertes et bleues (TVB), porter un nouveau regard sur les dynamiques territoriales associées aux politiques de développement durable, en mettant l'accent sur les liens qui unissent ressources, patrimoine et territoires. Le lien entre TVB et paysages est étroit car le paysage est un facteur d attractivité et d identification des territoires. L arbre, champêtre ou forestier, est un marqueur des paysages mais aussi un élément stratégique des corridors écologiques. L arbre hors forêt (AHF) occupe donc une place primordiale dans le cadre de la mise en place des TVB, qui entendent rendre des services éco-systémiques et se veulent au cœur d un cercle vertueux qui vise à diminuer les risques et les vulnérabilités de toute nature. Les liens qui unissent la composante arborée et les systèmes agricoles sont même affichés comme une priorité de recherche (Le Roux et al, 2008). Dans la multiplicité des collectivités territoriales et territoires de projet concernés par la mise en place de la TVB, ce projet s attachera au rôle que l AHF en particulier peut jouer en tant qu élément structurant du paysage, et comment cet élément d interface peut apparaître comme un révélateur de multiples enjeux territoriaux liés à la biodiversité, mais aussi comme un facteur potentiel d acceptabilité sociale de la TVB. Objectifs : Bien qu elle relève de multiples fonctions, la principale finalité affichée de la TVB est écologique. Pourtant sa mise en place, par les choix qui seront faits, est un instrument d aménagement du territoire. Les structures paysagères (et non écologiques) peuvent-elles être utilisées pour mettre en œuvre une trame à finalité écologique (et non paysagère)? Comment l argument écologique peut-il être approprié par certains acteurs, et permettre de repenser l aménagement du territoire? L intérêt du projet consiste notamment, en abordant la question de la TVB par le prisme de l arbre hors forêt comme élément d interfaces multiples, à mettre en évidence le jeu des acteurs et la diversité des perceptions et des discours. A travers l exemple de l AHF, il s agit d analyser comment les acteurs locaux s approprient les directives liées à la TVB en matière de biodiversité et paysage, ou tentent de les instrumentaliser au nom de l aménagement du territoire ou du développement durable. Dans le cadre de ce projet scientifique, nous rechercherons à enrichir la réflexion collective sur la place des interfaces, marges et limites, dans les dynamiques d organisation des territoires et ainsi contribuer à appréhender la mise en place de la Trame Verte et Bleue par une approche intégrant non seulement la biodiversité mais aussi la perception des différents acteurs du territoire impliqués dans cette démarche (acteurs ayant des visions parfois opposées, notamment entre les agriculteurs qui sont producteurs de biens alimentaires mais aussi de paysages, et les utilisateurs de ces paysages). 21
22 Ce projet de recherche-développement entend favoriser les pratiques et savoir-faire locaux pour une gestion durable des paysages et de la biodiversité en relation avec l AHF, en s attachant à : identifier et caractériser les interfaces entre producteurs de paysage et biodiversité et usagers du paysage et de la biodiversité les plus pertinentes à remplir l objectif de lier développement économique et gestion de la biodiversité, dans des situations contrastées (articulation rural/urbain, agricole/forestier) analyser quels sont les processus, règles, et pratiques les plus efficaces au sein de ces interfaces analyser les capacités de ces dispositifs à lutter pour la préservation de la biodiversité proposer un accompagnement aux acteurs locaux pour la mise en place de la TVB en vue de son acceptabilité sociale analyser les relations qui se forment entre les producteurs et les utilisateurs de biodiversité et de paysage, entre le discours et les pratiques, entre les institutions et les communautés locales, entre la théorie et la pratique qui organisent et répartissent les principes, normes, règles en les générant et en les réinterprétant. Hypothèses formulées : Quatre hypothèses sont à la base de notre travail : 1. La connaissance spatiale actuelle de la biodiversité, et en particulier de la couche arborée, ne favorise pas la mise en place de la TVB et la concertation territoriale. Etablir une cartographie plus précise de la trame verte et bleue serait un outil essentiel pour accroître les cohérences des futures politiques agroenvironnementales et diminuer la vulnérabilité des paysages ; 2. Les perceptions et représentations de la biodiversité, et des arbres hors forêt en particulier, opposent les producteurs de paysage aux «utilisateurs» de biodiversité et paysage et constituent une menace pour une gestion future harmonieuse de la TVB ; 3. La trame verte ne fonctionnera que si, dans le schéma contractuel, les agriculteurs sont mis à contribution, si cette trame contribue à assurer la pérennité économique de leur exploitation, et si elle est utilisée pour faire cesser la perte d'espace agricole face à l'urbanisation ; 4. L arbre hors forêt, à l interface agriculture/foresterie, rural/urbain, biodiversité ordinaire/remarquable est un élément de dialogue et de réflexion favorable à la mise en place de la TVB. Méthodes : Le projet s articulera autour de 7 tâches, incluant : une tâche T0 de coordination et suivi ; une tâche T1 de réflexion théorique et méthodologique pour permettre de réaliser une typologie des interfaces qui fasse sens du point de vue des continuités/discontinuités. C est aussi une réflexion sur «ce qui relie» et «ce qui sépare ; une tâche T2 sur le cadre réglementaire, juridique et le contexte des politiques publiques en lien avec la TVB, afin d analyser la façon dont les instruments de gestion et/ou de protection de la biodiversité sont mis en place, quelles sont les différentes stratégies territoriales en lien avec la TVB ; une tâche T3 de cartographie dynamique des interfaces arborées, afin de réaliser une cartographie à très haute résolution de l AHF utilisable pour la TVB, et faire le bilan des représentations spatiales utilisées actuellement par les acteurs ; une tâche T4 d analyse des perceptions de l AHF comme élément paysager et de biodiversité, afin de mettre en évidence le jeu d acteurs et les conflits potentiels ou avérés, ainsi que la diversité des perceptions des acteurs locaux sur les services éco-systémiques liés aux AHF et la vulnérabilité paysagère ; une tâche T5 de transfert et d accompagnement pour les acteurs de terrain. Cette tâche, transversale, sera alimentée par les autres tâches et le travail de terrain, et a pour objectif de favoriser les échanges avec les acteurs sur le terrain et leur proposer des outils d aide à la décision ; une tâche T6 de synthèse et valorisation des résultats et connaissances acquises au cours du projet. Terrains concernés : Les terrains d étude retenus, au nombre de trois, se localisent le long d un transect Nord-Est Sud-Ouest, depuis l agglomération toulousaine jusqu au massif pyrénéen, offrant différents types d interface. Il s agit de territoires dynamiques, où les enjeux en termes d aménagement, de paysage et d environnement s avèrent 22
23 particulièrement importants : aire urbaine toulousaine, Parc Naturel Régional de l Ariège récemment créé, Parc National des Pyrénées dont la nouvelle charte est en cours d élaboration. Résultats attendus : revisiter le concept d interface au prisme de l arbre hors forêt, dans une perspective de développement durable, pour aborder les interfaces nature/culture, rural/urbain, forêt/agriculture, biodiversité remarquable/ordinaire, paysage vécu/perçu. appréhender les interfaces d un point de vue temporel permettra de cerner différemment les évolutions des territoires et de leurs paysages. développer une analyse «interfaces multi-niveaux» encore peu développée. L entrée proposée par le projet (biodiversité, paysage et développement durable, en lien avec la mise en œuvre de la TVB) est innovante. développer une collaboration entre chercheurs, institutionnels et acteurs de terrain favorisant la production et l intégration des connaissances scientifiques dans la conduite des politiques régionales d aménagement durable des territoires. offrir un prolongement des actions et orientations engagées pour l intégration de la TVB dans les politiques d aménagement du territoire. réaliser une cartographie à haute résolution de la «couche arbre», qui pourrait être une clé importante pour accroître les cohérences des futures politiques agro-environnementales et diminuer la vulnérabilité des paysages. Le projet présente : un aspect comparatif à portée nationale par sa possibilité de reproductibilité à d autres territoires un aspect normatif, par sa volonté de revisiter les concepts liés aux interfaces (réseaux, corridors, continuités/discontinuités ) un aspect interdisciplinaire, grâce aux échanges qui seront engagés par des séminaires spécifiques et les liens avec d autres projets, ainsi que grâce à la diversité du comité scientifique qui sera constitué un aspect international grâce aux travaux entrepris par l équipe dans d autres pays et les contacts développés à l international enfin un lien étroit avec les politiques publiques, par le choix de s investir sur la TVB, porteuse de nombreux enjeux à l heure actuelle. Questions Christian DAUTEL : On avait déjà eu une précédente étude sur l arbre comme marqueur du paysage ; cette sorte de suite donne vraiment la dimension du programme (PDD 1 et 2) qui se succède. Q (Peter HOWARD) : 1. Vous parlez de la spécificité du site, mais vous ne dites exactement pas de quel arbre vous traitez, de quel sol, ou de quelle communauté s agit-il seulement des agriculteurs? 2. La fragmentation de l habitat : pour les écologistes ce n est pas une bonne chose, mais peut-être estce une bonne chose pour les paysagistes? 3. Serait-ce possible qu il y ait en France une mésalliance entre les développeurs et les conservateurs, ce qui représenterait alors une grande menace pour les paysages ordinaires? R (S.G.) : Il est clair que les acteurs ne sont pas uniquement les agriculteurs, mais ceux-ci tiennent une place importante dans notre réflexion. Car justement, par rapport au jeu d acteurs entre les développeurs et les conservateurs, la question émerge sur «comment ces paysages peuvent-ils être productifs», et donc l espace agricole est là très important. On commence à peine le projet, mais il s avère que pour les acteurs de terrain, les agriculteurs sont des acteurs qui posent déjà problème car ils se demandent l effet que la trame verte et bleue aura sur eux. Les agriculteurs sont donc des acteurs clefs qui sont révélateurs de par leurs inquiétudes, leurs discours et leurs pratiques, de choses à différentes échelles. 23
24 Q (Yves LUGINBÜHL) : À propos de l arbre en tant que représentant d un fonctionnement écologique : vous vous attaquez à la question importante de la mise en place de la trame verte et bleue, qui est censée être ce qui permettra de préserver la biodiversité. On a déjà eu des questionnements sur ce problème et sur la conception d un fonctionnement linéaire de la biodiversité le long de corridors, de trames, etc. par rapport à un fonctionnement qui serait d avantage surfacique et que pourrait assurer davantage le paysage. L arbre pourrait-il être l indicateur du milieu ou ne pourrait-il pas aussi être un emblème très connoté symboliquement et esthétiquement, ce qui du coup décale ou écartèle sa fonction symbolique de sa fonction écologique? R (S.G.) : Je suis entièrement d accord : en effet, pour certains l arbre représente une fonction écologique, pour d autres une fonction productive, et d autres encore un aspect esthétique et emblématique. C est donc ce jeu d acteurs qui va être particulièrement important à mettre en évidence et voir comment cela se traduit réellement ensuite sur les territoires. Q (intervenant) : Par rapport à ce jeu d acteurs : ces acteurs ne sont-ils pas chacun dans un rôle bien déterminé, ce qui amène à des linéaires de pensée sûrement difficiles à gérer dans l aspect «trame verte et bleue»? Je suis frappée moi-même, pour y travailler, de voir que la haie bocagère est un «bon» linéaire de biodiversité ce qui n est pas aussi évident que cela, un linéaire étant à la fois un corridor pour certaines espèces et un obstacle infranchissable pour d autres. Ne l ayant pas entendu dans votre présentation, je souhaiterais savoir si c est un sujet dont vous traitez ou pas. R (S.G.) : Justement, c est ce que je mentionnais précédemment : les arbres en forêts par exemple peuvent être utiles pour certaines espèces et des barrières pour d autres, donc il faut «casser le moule» des arbres en forêts qui sont forcément bien pour la biodiversité, et voir de quelle biodiversité on parle, mais aussi de quels acteurs on parle. Chaque acteur a de multiples casquettes, donc en quel nom les gens s expriment-ils? Un agriculteur peut aussi être un élu, etc. Les choses ne sont donc pas simples, et c est bien cette diversité qu il me semble importante à mettre en évidence. Q (intervenant) : Plusieurs questions s articulent avec la tâche cartographique : dans votre exposé vous avez montré qu il y avait une certaine ambiguïté entre une fonction paysagère de la trame verte et une fonction écologique ; également que toute structure linéaire n est pas forcément utile à toutes les espèces, ce qui lève la question des perceptions mais aussi des choix des espèces jugées importantes par une société. Cela rejoint finalement le débat qui était en cours au sujet de la cartographie des trames vertes, puisqu on emploie souvent un indicateur structurel de cette trame verte (pour, notamment, l existence d une continuité, et tel que vous en avez parlé la détection des arbres avec une résolution fine, etc.) et cette approche structurelle est aussi pointée comme insuffisante parce qu elle ne prend pas en compte la dimension fonctionnelle de la trame verte. Il est vrai que dans ce débat on insiste beaucoup sur la dimension fonctionnelle en termes de biodiversité mais votre projet pourrait peut-être permettre d aller un peu plus loin et d intégrer aussi cette notion de fonctionnalité sociale. Comment concevez-vous l articulation entre ces différents questionnements et votre tâche cartographique? R (S.G.) : Il s agit-là d un défi important. Il est vrai que ce n est pas une question simple à aborder car l idéal serait effectivement d aller au-delà de la simple spatialisation. En revanche on concevait cet aspect-là dans l idée d être en articulation avec les acteurs et que la carte puisse être aussi un moyen de discuter et peut-être de faire émerger ces différentes conceptions de l arbre, les problèmes que cela peut susciter d un acteur à l autre, et donc le concevoir comme un outil de dialogue. Remarque (Peter Howard) : Pour conclure, il est important que nous trouvions un mot européen/international pour les arbres hors forêt : «non woodland trees» en anglais, mais ce n est pas un équivalent exact 24
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