MUSÉE DE LA PRINCERIE. Civilisation mérovingienne. Fiche du maître

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1 MUSÉE DE LA PRINCERIE Civilisation mérovingienne Fiche du maître

2 Fiche 1 La civilisation mérovingienne PROBLEMATIQUE Succédant à la riche de la civilisation gallo-romaine, la civilisation mérovingienne, issue de la lente pénétration des peuples barbares, a longtemps été considérée comme une période de déclins (déclin de l agriculture, de l industrie, du commerce, déclin des arts et des lettres). Ne devrait-on pas parler plutôt de «mutations» dans l évolution de la Gaule et le passage de l Antiquité au Moyen-Age? Le peuple des Francs, qualifié de «Barbares» (par les Romains), tout en conservant ou modifiant des éléments de l Antiquité, a aussi apporté des caractères originaux. Peut-on véritablement parler de déclin, ne serait-ce qu en découvrant l originalité de la civilisation mérovingienne à travers les collections du musée? DEMARCHE Dans un premier temps, avec son enseignant, l élève, guidé par le dossier, découvre les collections du musée consacrées à la période et essaye d en dégager les principaux éléments qui en font son originalité, en particulier sur le thème de la parure. OBJECTIFS Cycle 2 - Faire découvrir aux enfants une civilisation et un mode de vie anciens en utilisant les collections du musée. OBJECTIFS Cycle 3 - Sensibiliser les enfants à une civilisation en leur montrant ce qui en fait son originalité, sa richesse. Situer sur une frise chronologique la période concernée.

3 Fiche 2 La civilisation mérovingienne LES INVASIONS Dès la seconde moitié du III ème siècle, les peuples germaniques voisins de la Gaule (Alamans, Francs, Saxons), ravageaient par de nombreuses incursions, le nord de la Gaule. L installation de Barbares en Gaule s effectua très tôt et de façons diverses ; la majorité d entre eux fut d ailleurs établie par l administration romaine : prisonniers germaniques devenus résidents forcés, germains incorporés en grand nombre dans les armées romaines ou ils parvenaient aux plus hauts grades. Dans la deuxième moitié du IV ème siècle, une branche des Francs passés au service de l Empire fut cantonnée sur la rive gauche du Rhin, dans une région déjà dévastée, localisée dans la partie occidentale de la Belgique et des Pays-Bas actuels. Peu avant 400, l arrivée brutale en Europe des nomades asiatiques, les Huns, provoqua «les grandes migrations». Les peuples d Europe occidentale, Wisigoths et Ostrogoths, Vandales et Alains furent ébranlés. En 406, Vandales et Alains, en mouvement vers l ouest atteignirent le Rhin, qu ils franchirent, puis parcourent la Gaule, pillant et brûlant sur leur passage, avant d atteindre l Espagne en 409. Les Wisigoths demandèrent protection à l Empire et furent cantonnés dans la région de Toulouse. En 443, un autre peuple germanique oriental, les Burgondes, fut installé par traité dans la région de Genève, pour s opposer aux incursions des Alamans. Ces peuples contribuèrent d abord efficacement au maintien de l ordre ; c est grâce à leurs contingents que l armée romaine fut victorieuse des Huns d Attila en Champagne en 451.

4 Fiche 3 LA DYNASTIE MEROVINGIENNE Il ne subsistait plus au dernier quart du V ème siècle qu une enclave romaine entre Somme et Loire, le royaume de Syagrius. Ainsi, la Gaule se trouvait partagée entre plusieurs entités prêtes à engager la lutte pour le pouvoir. Ce fut un roi d un dynastie franque qui sut tirer partie de la situation, en fondant un nouveau royaume. Clovis est le fondateur de la dynastie mérovingienne dont le nom dérive de celui de Mérovée, ancêtre sans doute mythique du nouveau monarque. Le tombeau de Childéric ( ), fils de Mérovée et père de Clovis, a été découvert à Tournai. Il a été identifié grâce à un anneau sigillaire portant la légende «Childéric régis» (Childéric roi). Le règne de Clovis est connu par «l histoire des Francs» de Grégoire de Tours qui écrivit près d un siècle plus tard. Clovis, après avoir soumis les autres rois saliens, prit le pouvoir à la place de Syagrius (486) et porta ainsi la frontière de son royaume à la Loire. A la fin du V ème siècle, il consolida ses positons à l est par des opérations contre les Alamans (Victoire à Tolbiac). Baptisé à Reims par Saint Rémi (496), Clovis gagna par sa conversion le soutien de l Eglise face aux royaumes barbares des Burgondes et des Wisigoths. Après la bataille de Vouillé, il rejeta les Wisigoths de la presque totalité de leurs possessions de Gaule. Il choisit Paris comme résidence. Après sa mort (511), ses descendants se partagèrent et s entredéchirèrent dans des luttes fratricides, tout en poursuivant l expansion franque (conquête du royaume burgonde en 534). A la faveur de ses partages renouvelés à chaque succession, de grandes régions tendirent à s individualiser. Au nord de la Loire, la région d origine de la monarchie franque, parfois désignée sous le nom de Francie, est divisée en Austrasie («pays à l est»), et Neustrie («pays à l ouest»). Au sud de la Loire se trouvent l Aquitaine et la Burgondie, aux traditions bien différentes et qui perdureront durant tout le Moyen-Age. Après le règne brillant de Dagobert ( ), la puissance royale et l importance de la Neustrie déclinèrent au profit de l aristocratie austrasienne. Les ancêtres de Charlemagne, grands propriétaires dans l est de la Gaule, accaparèrent la charge de maire du palais («premier ministre») avant que l un d entre eux, Pepin le Bref, se fasse élire roi en 751.

5 Fiche 4 CIVILISATION MATERIELLE ET ARTISTIQUE 1- Le travail des métaux Le principe fondamental de la métallurgie mérovingienne consista, pour la fabrication d un objet donné, à juxtaposer des métaux de nuances différentes par un travail de forge. Ainsi l épée damassée résulte d un long travail. 1. Le forgeron soude entre elles quatre bandes de fer pur, trois bandes d acier. 2. Il les pince et les tord pour obtenir une barre torsadée qu il martèle à chaud pour l aplatir. 3. Il soude trois barres torsadées ensemble et les façonne en lame pointue. 4. Il ajoute des bords tranchants à l épée et la polit avec la meule. Les éléments de parure en fer, en particulier les plaques-boucles son souvent «plaquées d argent», ou «damasquinées». L objet damasquiné était réalisé en insérant par martèlement des fils d argent, d or ou de laiton dans des sillons préalablement tracés sur une plaque de fer. Les boucles et les plaques-boucles de bronze, les fibules en basargent ou bronze, la plupart du temps dorées, étaient réalisées par moulage. Certaines fibules et autres objets de parure ont été décorés par estampage (impression d une feuille métallique épousant les reliefs d un modèle, la matrice).

6 Fiche 5 L orfèvrerie a tenu une place considérable dans l activité artistique et artisanale. De nombreuses pièces d orfèvrerie figuraient dans le mobilier des églises, mais cette orfèvrerie est surtout connue par de nombreux bijoux, dont le nombre et la variété sont caractéristiques de l époque mérovingienne. Les quantités d or et d argent tendaient à diminuer et il fallait par conséquent ménager les métaux précieux. Pour cette raison, les orfèvres firent souvent appel à des produits de substitution qui imitaient la couleur et l aspect de l or ou de l argent (laiton, alliages blancs, bronze). C est pour la même raison qu au métal précieux fondu, on préféra l or et l argent battus en feuilles minces ou étirés en fils. Les procédés les plus utilisés furent la taille biseautée, l estampage, les filigranes soudés, les pierres précieuses montées en chatons ou, plus souvent dans un réseau de cloisons, les émaux champlevés et surtout les diverses formes de la damasquinure (voir plus haut). 2- L industrie du verre Au cours du Bas-Empire ( ), elle était devenue une spécialité de la région de Cologne. Elle continua de produire, sans retrouver pourtant l importance, ni la qualité de la verrerie antique. Ces verres sont d une grande minceur grâce à la fluidité de la pâte. Les formes qui dérivent en général de celles du Bas-Empire, sont cependant moins variées, les plus caractéristiques étant des bols ou des gobelets. Les couleurs sont peu variées (bleuâtre, verdâtre, jaunâtre). Les gobelets peuvent être décorés de verre blanchâtre, soit fondu en guirlandes, soit enroulé en filets. Certaines pièces ont été soufflées dans des moules (bols à côtes), ou décorés d épais fils de verre rapportés. 3- La céramique L industrie céramique ne disparaît pas brusquement. Depuis la fin du III ème siècle, des ateliers méridionaux fabriquaient une céramique dérivée de la sigillée, ornée de motifs juxtaposés, estampés à l aide d un poinçon. Les ateliers de l Argonne qui au cours du Bas-Empire avaient diffusé un sigillée rouge décorée à la roulette, ont disparu au cours du V ème siècle mais ils furent alors relayés par de nouveaux centres de production qui fabriquaient une céramique grise ou noire cuite à faible température. Les vases étaient décorés soit de motifs juxtaposés estampés, soit de bandes de motifs géométriques simples (triangles, carrés) obtenus à l aide d une roulette. 4- Parures et ornements a- Bijoux et parures féminines A l époque de Clovis, la Mérovingienne fortunée du nord de la Gaule accroche ses vêtements avec une paire de grandes fibules allongées à large anse et munies d une aiguille fixée au revers. Elle est portée au niveau de la ceinture ou de la hanche, les têtes sont tournées vers le bas.

7 Fiche 6 Dans le prolongement de ces fibules, à hauteur des genoux, se trouvent souvent un pendant : large perle décorée ou facettée en verre, en lignite ou en cristal de roches, boule de cristal ou pyrite enserrée dans une monture métallique, médaillon en bois de cerf ou coquille de cyprée. Le haut du vêtement est agrafé au niveau du cou ou de la poitrine par une deuxième paire de petites fibules qui peuvent être soit rondes cloisonnées, soit en forme d oiseaux, d animaux ou de «S». La coiffure ou le voile étaient maintenus par une épingle. Des perles de verre multicolores, parfois d ambre, constituaient des colliers et des bracelets. Les boucles d oreilles les plus courantes sont des anneaux ouverts dont une des extrémité est garnie d un cube quelquefois doré de grenats. Vers la fin du VIème siècle, la mode féminine évolue. Les paires de fibules disparaissent au profit de la fibule unique ronde ou polylobée. Divers éléments, plaques-boucles, contre-plaques, garnissent la large ceinture de cuir qui serre le costume au niveau de la taille. Une autre plaque peut être suspendue au côté gauche de la ceinture. Elle est munie de deux ardillons d où pendent des lanières de cuir auxquelles est accroché une rouelle. Les extrémités des lanières sont pincées dans des ferrets. Des courroies fermées par des plaques-boucles miniatures et terminées par des ferrets maintiennent les bas en dessous des genoux et attachent les chaussures Boucle, rouelle et ferrets de châtelaine Coquille de cyprée, amulette destinée à susciter la fécondité.

8 Fiche 7 b- Armement et costume de l homme Le guerrier est enterré en grande tenue avec ses armes. On retrouve à Lavoye comme à Tournay, l épée longue à poignée enveloppée de tôle d or et à éléments de fourreau en orfèvrerie cloisonnée (couverts d un réseau de minces cloisons métalliques dans lesquelles sont insérées principalement des grenats). En usage également, le bouton cloisonné ou la large perle (tombe de Lavoye) attachés par une lanière à la poignée de l épée. Poignée d épée de Childéric Ier. Orfèvrerie cloisonnée mérovingienne. Bibl. nat., cabinet des Médailles. Au VIème siècle, l armement comprend l épée longue, à deux tranchants parallèles sur toute leur longueur, le bouclier rond en bois, dont seule la partie centrale en fer (umbo) subsiste, l angon (sorte de grand javelot destiné à arracher le bouclier de l adversaire). Les lances, les arcs, les flèches, les haches dont la francisque (arme de jet à un seul tranchant et à emmanchement oblique) sont les armes les plus fréquentes. Le scramasaxe, en forme de long couteau à dos d abord droit, se répand progressivement. Au temps de Clovis et ses fils Au temps de Dagobert

9 Fiche 8 Accrochée à l arrière de la ceinture, un petit sac de cuir allongé comportait parfois un fermoir à bouclette central et extrémités en forme de têtes d oiseaux. Cette aumônière contenait tout l attirail du défunt (couteau, pince à épiler, peigne ). L armement et la mode ont beaucoup évolué entre l époque de Clovis et celle de Dagobert. Au VIIème siècle, le scramasaxe est presque la seule arme rencontrée dans les tombes. Il est souvent porté associé au couteau dans un fourreau de cuir décoré de pièces de bronze. La ceinture à laquelle ce fourreau est suspendu peut comporter une garniture à plusieurs éléments : plaqueboucle, plaque dorsale. La simple boucle de ceinture en bronze disparaît tandis que la boucle de fer se maintient surtout dans les tombe à mobilier pauvre. Epée longue, scramasaxe, poignard