Discours du Président du Département de l'eure, Sébastien Lecornu

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1 16 novembre 2015 Discours du Président du Département de l'eure, Sébastien Lecornu Mesdames, Messieurs les Conseillers Départementaux, Nous nous retrouvons ce matin parce que la France a été une nouvelle fois meurtrie par le terrorisme islamiste. Vendredi soir, vers vingt- et- une heure, alors que Paris était pleine d effervescence, de joie et de partage, trois équipes de kamikazes ont attaqué la population. Le bilan des pertes humaines est considérable et s accroît malheureusement d heure en heure. Nous avons été touchés en plein cœur. Le terrorisme s est attaqué à une population sans défense, une population de jeunes gens, de jeunes parents en train de célébrer le plaisir de la vie. Nous sommes tous touchés. Les victimes auraient pu être n importe lequel d entre nous, n importe lequel de nos proches. Nous pensons à tous ceux qui ont vécu l'horreur simplement parce qu'ils étaient attablés un vendredi soir à une terrasse de café ou qu'ils étaient venus à un concert. Nous pensons au traumatisme de tous ceux qui ont vécu le carnage du Bataclan et qui ont vu ces morts, ces hommes et ces femmes déchiquetés. Nous pensons aux familles qui sont encore dans l'attente de nouvelles de leurs proches au terme d'une attente interminable. Nous pensons à tous ceux qui, en ce moment même, dans les hôpitaux parisiens, luttent entre la vie et la mort. Je veux dire que nous sommes tous à leurs côtés, avec une pensée particulière pour les victimes euroises qui nous sont connues de Val- de- Reuil, avec son jeune Commissaire, de Gaillon et de Vernon. Je veux leur dire notre soutien et notre affection. Je veux dire à toutes les forces de l'ordre, à toutes les forces de sécurité, notre immense admiration pour leur dévouement, pour leur abnégation, pour le courage sans pareil dont elles font preuve 1

2 depuis des mois, pour assurer la sécurité des Français, dans des conditions difficiles et parfois dans un climat de tension. Je veux leur dire que nous sommes fiers de pouvoir compter sur eux. Permettez- moi ici d'avoir une pensée particulière pour ce policier du SPHP, Franck Brinsolaro, résidant à Bernay et assassiné en mission en Janvier dernier dans les locaux de Charlie Hedbo. Ce n'était malheureusement pas la première fois que l'eure payait un lourd tribut au fanatisme islamiste. Le 28 Avril 2011, une de nos jeunes euroises, Angélique Gautier, fille d'un collègue maire de St- Germain- sur- Avre, était assassinée, avec 7 autres de nos compatriotes, dans un attentat à la bombe d'une rare violence dans un café de la place Jamaa El Fna de Marrakech. Elle était partie quelques jours en vacances avec son compagnon. Ils étaient dans l'insouciance, dans la joie de vivre. Ils préparaient leur mariage qui devait être célébré par son papa seulement cinq semaines plus tard. Angélique avait 29 ans, et elle a laissé derrière elle un bébé de 4 mois. Cette histoire me lit avec la famille Gautier. Je n'oublierai jamais ce 29 avril au soir où j'ai dû annoncer à ses parents, avec la Préfète Buccio, l'assassinat de leur fille. * Le temps est à la douleur, au Deuil et à la souffrance. Les jours à venir vont être ceux des adieux aux êtres tant aimés. Mais face à ces actes de guerre, vient le temps de la prise de conscience pour chacun d'entre nous. Ce combat contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Il durera. C'est notre combat à tous. C'est le combat de notre génération. Il demandera de la force, du courage, de la part de chacun d'entre nous. Nous ne pouvons plus fermer les yeux. Nous ne nous sommes pas suffisamment indignés en 2012 à Toulouse et à Montauban lorsque des militaires ont été assassinés parce qu'ils étaient musulmans et des enfants massacrés parce qu'ils étaient juifs. Nous nous sommes pour le coup indignés et nous avons célébré la République en Janvier dernier en montrant au monde entier que nous étions debout face au terrorisme. Mais, aujourd'hui, l'indignation ne suffit plus. Nous ne pouvons plus rester sourds face aux propos ou provocations inacceptables qui sont tenus depuis des années sur le territoire de la République contre la France. Nous ne pouvons plus continuer à tolérer des comportements qui sont contraires à 2

3 ce que nous sommes. Il ne doit plus y avoir de paix en France pour tous ceux qui détestent ou qui méprisent la France. Cela suffit. Et cela doit cesser. Ce combat passe par des actions fortes. Je soutiens les mesures annoncées par le président de la République et le gouvernement. Mais notre combat contre le terrorisme et l islamisme radical doit aller encore plus loin. Il faut expulser tous les ressortissants étrangers, en particulier certains prédicateurs, qui tiennent des propos contre la Nation française. Nous devons interpeller tous les individus sous fiche S qui peuvent représenter une menace, y compris par des mesures d exception. Nous ne pouvons plus attendre que des attentats soient commis pour agir. A ce combat national pour la sécurité s ajoute un combat culturel. Nous ne pouvons plus tolérer les mots et les actes contraires aux principes de la République. Au salon de la femme musulmane de Pontoise, des propos inacceptables ont été tenus sur la place des femmes : comment le tolérer? Le phénomène de communautarisation dans les universités ou dans certains quartiers est connu et dénoncé : quelle réponse apportons- nous? La radicalisation dans les prisons, y compris dans l'eure, est un phénomène connu : quelles mesures concrètes ont été prises? Depuis des années, la République recule face au salafisme et à la radicalisation. Elle doit désormais faire face avec fermeté. Je le redis : il ne doit pas y avoir de paix en France pour ceux qui méprisent et combattent la France. Au- delà du renforcement des mesures de sécurité et du combat culturel sur notre territoire, nous devons tout faire pour éliminer Daech. L'Etat Islamique est une menace mondiale, qui nous concerne tous. Comme le réclame Bruno Le Maire depuis des mois, il faut que la France change sa stratégie militaire et clarifie ses choix diplomatiques. Le président de la République doit exiger des Etats du Golfe qu ils lèvent toutes les ambiguïtés sur leurs relations avec les mouvances islamistes. Enfin, et parce que la France est la première cible des islamistes, parce que nous avons payé le prix du sang, la France est légitime à demander la mise en place d une coalition internationale la plus large possible associant des États de la région, des États européens et les membres de l Otan pour intervenir à la source du problème, c'est à dire en Syrie et en Irak. * Vous l'avez compris, après la tragédie de vendredi, je fais parti de ceux qui considèrent que les Français n attendent pas de la compassion de la part de leurs responsables politiques, y compris 3

4 locaux. Les Français veulent - ils exigent - la force et la sécurité. L'union Nationale, ce n'est pas le silence, ce n'est pas l'angélisme. Aussi, en tant qu'élus locaux, nous avons un rôle à jouer. "Nous sommes en guerre" ont dit le Chef de l'etat et le Premier Ministre. "Il faut entrer en résistance", selon les mots prononcés il y a quelques semaines par le Chef d'etat- Major de l'armée de Terre. Mais ce combat doit être aussi le combat des collectivités locales. L'apprentissage des valeurs de la République doit être notre priorité, notamment dans les collèges. J'écrirai dans les jours qui viennent aux Principaux pour leur signifier que le Département soutiendra les projets éducatifs en lien avec le devoir de mémoire et la citoyenneté. Je le dis ici avec force, je n'ai pas accepté que certains collégiens refusent en janvier dernier de rendre hommage aux victimes du terrorisme. Prenons au sérieux ce révisionnisme nouveau, cette banalisation du mal. Il n'y a pas de fatalité. Des jeunes éduqués seront toujours moins vulnérables. Si nous ne faisons rien, nous serons responsables. Mais nous devons aller encore plus loin. Aux services de l'etat appartient le traitement sécuritaire et judiciaire du problème mais cela ne suffit plus. La radicalisation de certains esprits fragiles doivent retenir toute notre attention. La Prévention de la radicalisation doit être l'affaire de tous. La détection de certains changements de comportements, parfois précurseurs d'une volonté d'un départ en Syrie ou en Irak, est primordiale. Aucun de nos territoires n'est à l'abri, nous en savons quelque chose dans l'eure car nous avons en tête le traumatisme de nos concitoyens de Bosc- Roger- en- Roumois. Le Département est la collectivité territoriale qui est le plus au contact des personnes les plus fragiles : agents dans les collèges, psychologues, infirmiers scolaires, travailleurs sociaux dans leurs diversités dans les Unités Territoriales d'action Sociale, éducateurs de préventions spécialisés, agents de l'aide sociale à l'enfance, réseau de la Protection Maternelle et Infantile, etc. Aussi, je souhaite qu'un cycle de formation obligatoire soit organisé dans les semaines à venir pour l'ensemble de nos agents qui travaillent en contact avec les populations à risque. Pour aller encore plus loin, je souhaite que les agents municipaux des CCAS et des Polices municipales puissent y être associés. Ainsi formés, ils sauront prévenir la radicalisation et faire le lien avec les autres acteurs de la puissance publique. 4

5 * Nous sommes rassemblés aujourd hui parce que nous voulons que notre voix s élève avec force. Les Islamistes veulent nous faire croire que la vie humaine n a pas de valeur. Les personnels soignants, les pompiers, la police se sont tous mobilisés. On veut nous faire croire que la religion est meurtrière. On prie dans toutes les langues les dieux que nous honorons pour les morts de ces attentats. On veut nous faire croire que la France est faible. Le drapeau tricolore s illumine sur les édifices partout dans le monde, sur chacune de nos photos de profil sur les réseaux sociaux. On attaque nos valeurs républicaines. Dans la rue, tous, nous descendons donner notre sang, aider et soutenir. Nous nous donnons la main. Nous n avons pas peur de nous montrer et de vivre librement. Liberté, égalité, fraternité. En ce lundi matin/midi, comme partout en France, nous sommes rassemblés pour rendre hommage à toutes les victimes de ces attentats. Mais plus encore car c'est ce que nous devons aux victimes, nous sommes là pour dire ici que nous sommes fiers d être Français et que cet hommage est le signe de notre résistance! Nous serons toujours plus fort. La France a connu des épreuves, des drames. Mais la France a derrière elle un grand peuple, qui porte avec force des valeurs immuables. Le projet politique défendu par les islamistes ne nous fera pas plier. Nous vaincrons. Vive la République! Vive la France! 5