La responsabilité particulière de la France dans l exploitation et la préservation des forêts tropicales du Bassin du Congo

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2 2 La responsabilité particulière de la France dans l exploitation et la préservation des forêts tropicales du Bassin du Congo La plus grande partie du bois industriel produit en Afrique Centrale est exportée vers les pays européens, et la France en est le plus grand importateur. Sensibiliser les consommateurs de ce bois aux enjeux de la gestion durable des forêts du Bassin du Congo et à la nécessité d acheter du bois certifié est un moyen d encourager les concessionnaires dans leurs efforts pour une bonne gestion et une certification crédible des forêts. C est pourquoi, la sensibilisation des consommateurs Français est indispensable pour améliorer les pratiques de gestion forestière. Les activités illégales 39 % des importations françaises de bois tropical sont présumées d origine illégale. On estime qu environ la moitié des transactions internationales de bois serait issues de l exploitation forestière illégale et du commerce lié. Ce chiffre se base sur la comparaison entre les volumes de bois déclarés à l exportation par les pays producteurs et ceux déclarés à l importation par les pays importateurs. Selon l étude de la Commission économique pour l Europe des Nations unies («Le marché du bois en France : Situation actuelle et perspectives à court terme», septembre 2006), les données issues des statistiques douanières, relatives au commerce des espèces tropicales sont malheureusement trop peu fiables, absentes ou inutilisables. Ainsi, certains pays d une importance prioritaire tels que la RCA et la RDC (pour les pays producteurs) et la Chine (pour les pays consommateurs) n ont fourni aucune réponse sur leurs importations et leurs exportations. Les pratiques contraires aux réglementations nationales ont lieu tout au long de la filière : de l exploitation à la commercialisation en passant par la transformation et le transport. Elles se traduisent par des coupes dans des zones protégées ou en dehors des concessions, l abattage d espèces protégées, des coupes d arbres n ayant pas atteint le diamètre minimal d exploitation, le non paiement des taxes d exportation, la falsification de permis CITES et le non-respect du quota d exportation. Ces pratiques illégales sont renforcées par l insuffisance des contrôles due au manque de moyens financiers et matériels, par la corruption et la pauvreté. Les sociétés étrangères, notamment celles implantées depuis des décennies dans le Bassin du Congo, ont un rôle moteur à jouer dans la diminution des pratiques frauduleuses ainsi que dans l application d une gestion plus durable des forêts africaines. Dans le secteur forestier où la transparence fait cruellement défaut, seul le label FSC permet de lutter efficacement contre l exploitation forestière aveugle et le commerce de bois illégal. Car cette certification repose sur une chaîne de traçabilité qui permet de vérifier jusqu à l achat final que bois est bien issu d une forêt certifiée. La France a ratifié en 1998 l Accord International sur les bois tropicaux selon lequel, depuis 2000, toutes les exportations de bois et de produits dérivés des bois tropicaux doivent provenir de sources gérées de façon durable. Cet accord n est cependant pas appliqué, comme en témoigne l afflux de produits en bois tropicaux d origine illégale sur le marché français venant principalement d Afrique et du Brésil. Au Cameroun, 50 % du bois était exploité illégalement au début des années 2000 (rapport WWF, 2002 «The timber footprint of the G8 and China»). En 2006/2007, le WWF estime que ce taux serait de 30%, notamment grâce à la mise en place d un nouveau système d adjudication des concessions forestières bien plus transparent.. CITES, convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d extinction.

3 Dans un tel contexte, il est impératif de promouvoir, d appliquer et de renforcer les réglementations en vigueur. Le WWF demande notamment qu une loi soit votée, rendant illégale l entrée sur le territoire européenn des bois issus de l exploitation frauduleuse. Les accords internationaux destinés à améliorer la gestion des forêts tropicales étant peu efficaces à ce jour, une responsabilité importante revient aux acheteurs et aux consommateurs. Le marché des bois tropicaux africains Origine des bois tropicaux importés en France Bois d œuvre tropicaux (2004) Sciages tropicaux (2004) m3 (x 1000) % m3 % Bel gique Europ e (autres) Camero un Congo Gabon RCA Guiné e éq uator iale Afrique (autres) (tota l A frique) Asie Camero un Congo Brazzavi lle Gabon Côt e d'iv oire Mada gascar 1.4 Ghana Afrique (autres) tota l Afr ique Mya nmar Indoné sie Mal aisie Asi e (autres) tota l As ie Brésil Autres tota l A mé r iq u es Autres TOT A L Source : ITTO, Review of the French timber Market, novembre 2005

4 4 L appellation commerciale et le nom scientifique des essences de bois Pour faire son choix en toute connaissance de cause et en toute responsabilité, il est indispensable que le consommateur, public et privé, puisse clairement identifier l essence qui compose le produit, grâce à la mention de son nom scientifique. Certaines essences, telles que l Ayous (particulièrement présente sur le marché français, actuellement classée comme «Menacée» sur la liste rouge de l UICN du fait de sa surexploitation), possèdent plusieurs noms commerciaux selon le pays producteur et/ou consommateur (cf tableau). Le risque avéré est alors d acheter un produit en «Abachi» ou en «Wawa», sans savoir qu il s agit en réalité d Ayous. Pays Allemagne Cameroun Côte d Ivoire France Ghana Guinée Nigéria RCA Royaume Uni Appellation(s) courantes ABACHI AYOUS / AYUS SAMBA AYOUS / SAMBA WAWA AYOUS / AYUS ARERE / OBECHE BADO / M BADO AYOUS / OBECHE / WAWA Le WWF a pu constater que la dénomination scientifique des essences est absente dans 90 % des cas, après enquête auprès des principaux distributeurs de produits en bois tropicaux issus d Afrique centrale (Cf résultats de l enquête). La Campagne «Je dis non au bois illégal, en achetant du bois faites le bon choix» Son parrain, Yannick Noah pour nous aider à véhiculer les messages clés : Ne bâtissons pas notre rêve sur le cauchemar des autres! Adoptons les bons réflexes dans nos actes d achat de bois et vérifions l origine des bois, les garanties de légalité et de bonne gestion, en particulier le label FSC. Pingouin

5 Résultats de l enquête sur la distribution des produits en bois tropicaux en provenance d Afrique Centrale dans les principaux magasins de bricolage Ces bois tropicaux sont principalement utilisés dans la construction et la menuiserie : charpentes, aménagements intérieurs, mobilier urbain, portes, fenêtres, volets, moulures, escalier, parquets (Cf tableau des essences tropicales). Méthodologie Une analyse des produits en bois en provenance d Afrique centrale a été menée dans les enseignes Casa, Castorama, Ikea, Leroy Merlin, Bricorama, Bricomarché, Habitat et Point P, par des bénévoles du WWF. Considérant, d une part, l impossibilité à obtenir les volumes par produit et, d autre part, l hétérogénéité des produits proposés selon les enseignes, les distributeurs ont été évalués sur 3 critères principaux :. le nombre de produits FSC. la mention de l origine du bois sur le produit. la mention du nom scientifique de l essence WWF-France/Phillippe Delétain

6 6 Tableau récapitulatif de l analyse des produits en magasin Produit Origine Bois Nom latin Parquet? Acajou Plinthe? Wengé Plinthe? Acajou Profilé Congo Wengé FSC TFT Autres Parquet stratifié? Wengé CE Porte/Fenêtre? Moabi Parquet contrecollé Tasseau? Doussié PEFC 2 Afrique de l ouest et du nord Samba Déco porte Afrique de l ouest Obeche Bloc porte? Obeche Portail? Sapelli Tringle? Wengé Tringle Afrique occidentale Ayous oui Contreplaqué? Okoumé Parquet? Doussié PEFC Parquet? Wengé/merbeau Parquet? Bubinga Parquet? Iroko / Wengé PEFC Plinthe? Wengé Parquet? Wengé Porte / Fenêtre? Ayous Porte / Fenêtre? Movingui Porte / Fenêtre? Iroko Portail? Sapelli Table?? Statue?? Placage? Ayous Plinthe? Ayous Mobilier Ghana bois «exotique» Parquet? Doussié PEFC Parquet? Iroko PEFC Placage Ghana Ayous Porte / Fenêtre Ghana Ayous Mobilier? Ayous Plinthe Ghana Ayous

7 Produit Origine Bois Nom latin Chant plat (menuiserie) Ghana Obéché Corniche? Ayous Bloc porte? Ayous Porte / Fenêtre Gabon movingui Porte / Fenêtre Gabon Okoumé FSC TFT Autres Panneau de fi bre? Wengé PEFC Plinthe? Wengé Seuil de porte? Wengé Plinthe placage? Iroko Lame latté? Iroko / Sapin Store Gabon Okoumé Tasseau? Ayous Plinthe? Ayous PEFC Plinthe Cameroun / Gabon Obéché Store Côte d ivoire Koto Cadre photo Côte d ivoire Wengé / Obéché Mobilier? Wengé Tablette? Wengé Parquet? Sapelli Porte Côte d ivoire / Ghana / Cameroun / Gabon Sapelli Tringle Côte d ivoire Samba Store Gabon Okoumé Tasseaux? Ayous Carrelets? Samba Encadrement? Ayous Tringle? Ayous 1 oui 2. PEFC : Ce label ne s applique pas actuellement en Afrique. Le logo indique que la part de bois tempéré qui compose ce produit est certifi ée PEFC. Il n apporte aucune garantie sur le bois tropical. Plus de 70% des produits ne présentent pas d indication de leur origine Plus de 90% des produits n ont pas d indication sur le nom scientifique de l essence Seulement 13% des produits possèdent le label FSC

8 8 Les essences forestières menacées du Bassin du Congo (liste non exhaustive) Source : Liste Rouge de l Union Internationale de la Conservation de la Nature, 2007 L union Mondiale pour la Nature est le plus important réseau de consevation. La liste rouge de l UICN constitue l inventaire mondial le plus complet de l état de conservation global des espèces végétales et animales, basé sur une série de critères précis pour évaluer le risque d extinction de milliers d espèces et sous-espèces. Nom commun Acajou d afrique Nom latin Khaya ivorensis Principales utilisation Ebenisterie, placage, lambris, contreplaqué Afrormosia Pericopsis elata Parqueterie, menuiserie, ébénisterie, placage Ayous / Samba Triplochiton scleroxylon Moulure, emballage, placage, contreplaqué Azobe Lophira alata Traverses, menuiserie, escalier, charpente, parquets Bilinga Nauclea diderrichii / Nauclea gilletii Menuiserie, escalier, parqueterie, placage, charpente, poteaux Bosse Guarea cedrata menuiserie, lambris, contreplaqué Dibetou Lovoa trichilioides Menuiserie, agencement, rampes d escaliers Doussie Afzelia africana Menuiserie, ébénisterie, charpente, escalier, parqueterie, bardage Ebene Framire Diospyros crassiflora Terminalia ivorensis Décoration, tournage, insturments de musique Menuiserie, moulure, placage, contreplaqué Liste rouge UICN En danger, CITES annexe II Menacé En danger Causes de la menace Le niveau d exploitation est très élevé et le potentiel de régénération faible. Le niveau d exploitation est très élevé et le potentiel de régénération faible. Surexploitation aussi bien pour le commerce international que pour les marchés locaux. C est l essence la plus exploitée d afrique de l Ouest. Le niveau d exploitation est très élevé et le potentiel de régénération faible. Cette essence est très exploitée. Son potentiel de régénération est bon en forêt mais très peu compétitif face au espèces pionnières. Cette essence souffre de sa ressemblance avec Entandrophragma angolense qui est très exploitée. Niveau d exploitation elévé, une des deux principales essences du Congo. Exploitation pour le marché international du bois La quasi totalité des grands arbres de cette espèce ont été abattus pour le bois d ébène L exploitation est modérée. La faible régénération est liée aux graines.

9 Nom commun Kosipo Moabi Okoume Sapelli Sipo Tiama Tola Nom latin Entandrophragma candollei Baillonella toxisperma Aucoumea klaineana Entandrophragma cylindricum Entandrophragma utile Entandrophragma angolense Menuiseries, placages Une des principales sources d acajou d Afrique. Souffre d érosion génétique. Gossweilerodendron balsamiferum Principales utilisation Menuiserie, ébenisterie, lambris, contreplaqué Portes, fenêtres, bancs, mobilier urbain, parquets, escalier, placage, tournage menuiserie intérieure (cuisine), contreplaqués, moulures Portes, fenêtres, ébénisterie, placage, contreplaqué, lambris Menuiserie, ébénisterie, escalier, placage, contreplaqué, tournerie Liste rouge UICN Causes de la menace Une des principales sources d acajou d Afrique Cette essence surexploitée est le deuxième bois le plus exporté du Gabon L essence commerciale la plus importante du Gabon. La surexploitation menace le patrimoine génétique de l espèce. Essence largement exploitée qui souffre d érosion génétique. Essence largement exploitée qui souffre d érosion génétique. Contreplaqué, lambris, charpentes, emballages Wenge Millettia laurentii Menuiserie, ébénisterie, parqueterie, placage, tournerie. En danger En danger Surexploitation et perte d habitat Surexploitation WWF-France/Phillippe Delétain WWF-France/Phillippe Delétain

10 10 A travers cette campagne, trois cibles sont visées - les consommateurs, en les incitant à acheter des produits en bois tropicaux de provenance légale et issus d une gestion forestière durable. Les bons conseils sont repris dans un Consoguide distribué notamment auprès des enseignes partenaires du WWF (Castorama et Leroy Merlin). - les distributeurs de bois afin qu ils s engagent à s approvisionner auprès de fournisseurs dont les exploitations sont gérées durablement et donc à vendre davantage de produits labellisés FSC. - les acheteurs publics (gouvernement, collectivités) car ¼ des importations françaises de bois africain est utilisé dans les marchés publics. Le gouvernement français s est engagé (document en annexe), en 2005, à ne plus utiliser que du bois et des produits dérivés issus d une exploitation durable. A ce jour, aucun résultat concret n est encore visible. Des villes comme Bonn, Barcelone ou Genève se sont engagées à privilégier dans leurs appels d offres le bois labellisé. Paris, Lille, Lyon ou Calais se sont déjà engagées dans une démarche similaire visant à favoriser l achat de bois issu de forêts gérées durablement, c est-à-dire certifié FSC. Un des partenaires du Club ProForêts, le Conseil Régional du Nord Pas-de-Calais, s est engagé à privilégier le bois certifié FSC dans ses approvisionnements. Dans une délibération de mai 2005 (Cf document en annexe), le Conseil Régional s engage notamment : - à veiller au strict respect de la convention CITES sur le commerce des espèces menacées, - à s assurer de la traçabilité de tous les achats financés par la région en termes d appellation de l essence, de mode d exploitation des forêts et de pays d origine, - à éviter l utilisation de bois tropicaux issus de forêts gérées non durablement. Les recommandations du WWF aux acheteurs de produits tropicaux Acheter en priorité des produits portant le label FSC. Il garantit la légalité des bois qui entrent dans sa composition ainsi que la réelle prise en compte des aspects écologiques et sociaux dans la gestion forestière. A défaut, vérifier que l espèce n est pas menacée (Cf tableau des espèces menacées), que le bois ne provient pas d un pays à risque et qu il présente des garanties de traçabilité et de légalité (logo TFT, ou démarche de l entreprise membre du réseau Forêt et Commerce du WWF : Cf document en annexe). Sans ces garanties minimales (légalité, traçabilité), le risque de contribuer à la destruction des forêts tropicales est grand.

11 Les forêts d Afrique centrale Un réservoir de biodiversité et d habitats pour l Homme et la faune WWF-Canon/M.Harvey WWF-Canon/M.Harvey Le Bassin du Congo qui s étend sur le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine (RCA) et la République Démocratique du Congo (RDC) est le deuxième plus grand massif de forêt tropicale au monde après l Amazonie. En 2006, les forêts d Afrique Centrale couvraient environ 180 millions d hectares millions (Source : «Etat des forêt 2006» PFBC). Intérêts biologiques majeurs : à l échelle planétaire, les forêts du Bassin du Congo représentent près de 20 % de l ensemble des forêts tropicales humides. Elles abritent près de 400 espèces de mammifères, y compris la plus grande population mondiale de gorilles, chimpanzés, et bonobos, et 50 % des éléphants de la forêt d Afrique. Sur 655 espèces d oiseaux, 36 % sont endémiques, et sur plantes, sont spécifiques à la région. Les forêts jouent un rôle important dans la régulation du climat local et régional : plus de 50 % des pluies qui s abattent sur la Cuvette congolaise proviennent de l évaporation locale.

12 12 30 % des forêts de la région pourraient être fortement dégradées d ici à 2030 Les forêts du Bassin du Congo perdent environ 800 mille hectares chaque année. L agriculture constitue la menace principale : les forêts sont rasées et remplacées par des plantations de cacao, de café et d huile de palme. Viennent ensuite l extraction minière qui dégrade la ressource bois, la faune et les conditions de vie des populations. Mais un impact plus fort et moins visible est la dégradation de la forêt. Celle-ci se fait par l exploitation du bois non durable, et la chasse. En effet la construction anarchique de routes forestières favorise le commerce de viande de brousse et l accès pour les braconniers et les exploitants illégaux. Ces activités ont des conséquences d autant plus désastreuses qu elles ont lieu dans des contextes socio-économiques ou politiques extrêmement précaires. Près de 30 % de cette forêt est exploitée pour le bois (Etude du centre américain Woods Hole Research, publiée dans la revue Science du 8 juin 07). Or seules 10 % ont un plan de gestion (Source : «Etat des forêt 2006» PFBC), et seules 2 entreprises forestières sont certifiées FSC. Il est donc urgent de promouvoir la bonne gestion des forêts. Les hommes de la forêt Près de 30 millions d humains qui se répartissent en 150 groupes ethniques vivent dans les forêts d Afrique centrale. Elles sont le lieu de vie de Pygmées installés sur ces terres depuis près de ans. La grande majorité de ces populations vit encore aujourd hui de chasse, de cueillette et d agriculture itinérante et dépend donc encore très largement des ressources de la nature. L importance économique des forêts du bassin du Congo Aux fonctions environnementales essentielles de ces forêts s ajoutent, pour les pays du Bassin du Congo, des enjeux économiques et socioculturels considérables pour les 10 millions de personnes qui résident dans le bassin du Congo. Elles sont des sources d approvisionnement indispensables pour près de 80 % des habitants qui y trouvent de multiples produits d utilisation courante comme le bois, dont ils dépendent en tant que source d énergie, et les protéines animales. La viande de brousse issue de la forêt représente la principale source de protéines pour l Afrique Centrale. Plusieurs millions de tonnes de viande sont prélevées annuellement sur les espèces chassées, qui pour les deux tiers sont sur-consommées. Les exportations de bois d œuvre A l échelle des Etats africains, les ressources forestières constituent une part importante des échanges internationaux. Ainsi, dans la plupart des régions, le chiffre d affaires généré par les produits forestiers se situe au deuxième rang après celui du pétrole : la contribution du secteur bois au PIB est de 6 % au Cameroun, 2 % au Congo, entre 3 et 4 % au Gabon, 6 % en Guinée équatoriale et 10 à 13 % en RCA Jusque dans les années soixante, les pays producteurs n exportaient que des grumes. Depuis, ils vendent à l étranger des produits de première transformation : planches, contreplaqués, bois de placage ou meubles. Ces exportations de bois d œuvre d Afrique de Centrale ont engendré un revenu de plus de 1,2 milliards d euros en Le Gabon, le Congo et le Cameroun totalisent près de 85 % des exportations d Afrique centrale. Au Gabon, la filière bois emploie 28 % de la population active. Toutefois, les retombées économiques de l exploitation forestière sont extrêmement faibles pour les populations locales. Au regard des enjeux multiples et du rôle des forêts tropicales dans la préservation de l environnement mondial, la responsabilité de leur gestion durable doit être globale et ne saurait par conséquent incomber aux seuls pays abritant celles-ci. La communauté internationale doit se montrer solidaire des pays du Bassin du Congo, dont elle dépend pour ses ressources en bois, et renforcer son engagement en faveur d une gestion durable de ces forêts.

13 Le WWF et la gestion durable des forêts camerounaises Depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992, la prise de conscience des enjeux des forêts tropicales du Bassin du Congo s est nettement accélérée, sous la pression des ONG et des bailleurs de fonds. Sur un plan régional, le WWF a facilité la rencontre des chefs d Etats d Afrique Centrale lors de deux Sommets historiques (Cf encadré historique) qui ont donné naissance au premier traité de conservation régionale en Afrique et ont permis la création de plusieurs millions d hectares de zones protégées. Historique En 1999 s est tenu à Yaoundé un premier Sommet sur les forêts, au cours duquel les chefs d Etat africains ont adopté la «Déclaration de Yaoundé» exprimant leur engagement pour la conservation et la gestion durable de leurs forêts. Lancé en septembre 2002 lors du Sommet Mondial sur le développement durable à Johannesburg, le «Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo», soutenu par plus de 29 institutions, organismes internationaux et ONG est la plus importante initiative pour les forêts. Ce partenariat a pour objectif de contribuer à la gestion durable des ressources naturelles du Bassin du Congo et de promouvoir le développement économique, la réduction de la pauvreté et des inégalités et l amélioration de la gouvernance en faveur des populations dépendantes des ressources naturelles. Puis, à l issue du deuxième Sommet sur les forêts à Brazzaville en 2005, le Traité relatif à la conservation et la gestion durable des forêts d Afrique Centrale a vu le jour. A travers ce traité, les pays ce sont de nouveau engagés à prendre des mesures en faveur de la création d aires protégées, de la lutte contre le braconnage, le commerce de viande de brousse et l exploitation illégale et la promotion de la gestion durable des forêts. Une étape décisive a été franchie avec la signature d un Accord de Coopération entre le Cameroun, la RCA et la République du Congo pour l établissement et la gestion d un complexe forestier transfrontalier, dénommé le Tri-national de la Sangha, s étendant sur km2. C est une des plus importantes aires de conservation en Afrique centrale. Jengi, «l Esprit de la Forêt» est un programme situé au sud-est du Cameroun, sur une zone abritant une abondance d espèces de plantes et d animaux : une cinquantaine de mammifères, pour la plupart des espèces menacées de disparition (éléphants, gorilles et chimpanzés), 300 espèces d oiseaux endémiques et des centaines d espèces de poissons. Cette région compte également plus de 211 essences de bois. Nombre d ethnies autochtones, dont les Baka, ont pour refuge cette forêt dont elle dépendent pour leur subsistance et leurs activités de pêche, chasse de subsistance, cueillette et cultures vivrières. Toutefois l exploitation forestière aux pratiques non durables, la sur-exploitation des ressources fauniques, l expansion des activités agricoles industrielles et l exploitation minière non durable constituent des menaces directes pour la forêt et les populations qui y vivent. Elles engendrent la destruction massive d espaces forestiers -habitat naturel de nombreuses espèces - et la construction non autorisée de kilomètres de routes d exploitation forestière. Grâce au programme Jengi lancé dans les années 90, le WWF assure la gestion durable de la biodiversité dans cette région et contribue à l amélioration des moyens d existence des populations locales. Jengi sur le terrain, c est : la mise en place de suivi de l exploitation forestière une plus grande implication des populations locales dans la gestion transparente des revenus issus des forêts communautaires la signature d une convention de partenariats pour la gestion durable et la certifi cation entre le WWF et 3 exploitants forestiers la formation du personnel des compagnies forestières le classement de 3 parcs nationaux

14 14 Le Réseau «Forêts et Commerce d Afrique Centrale» (CAFTN, Central Africa Forest & Trade Network) : pour une gestion forestière responsable Ce réseau a été mis en place par le bureau régional du WWF pour promouvoir la gestion responsable et le commerce légal des produits issus des forêts du Bassin du Congo. Il est destiné à appuyer les opérateurs forestiers (entreprises et communautés) qui souhaitent travailler de manière responsable et se fonde sur une démarche de partenariat et de concertation avec l ensemble des acteurs clés de la gestion forestière (ONG, acteurs gouvernementaux, nationaux et internationaux, communautés locales). Le CAFTN est affi lé au Global Forest and Trade Network (GFTN), une initiative globale du WWF pour renforcer les interactions entre les opérateurs forestiers responsables et les acheteurs désireux de commercialiser des produits bois certifi és. La gestion forestière responsable et la commercialisation des produits du bois peuvent et doivent jouer un rôle majeur dans le développement économique des pays forestiers d Afrique Centrale, en contribuant notamment à réduire sensiblement la pauvreté des populations dépendantes de leur environnement forestier. MEMBRES ACTUELS DU CAFTN Cameroun 4 membres Volume total de bois vendu chaque année : m3 Surface totale des UFA (Unité Forestière d Aménagement) des membres : hectares Surface certifi ée FSC : hectares (Groupe SEFAC) + une certifi cation (suspendue en juin 2007) sur hectares (Groupe WIJMA) Congo 1 membre Volume total de bois vendu chaque année : m3 Surface totale des UFA des membres : hectares Surface certifi ée FSC : hectares (Groupe CIB) Ghana 5 membres Volume total de bois vendu chaque année : m3 Surface totale des UFA des membres : hectares

15 Les demandes du WWF sur les forêts tropicales dans le cadre du Grenelle de l Environnement 1 Modifier la circulaire sur les achats publics de bois pour demander aux acheteurs publics de viser l excellence environnementale tel le label FSC et non pas la simple mention de «bois certifié», dès 2008 pour les bois exotiques, en 2010 pour les autres bois. 2 Renforcer les statistiques douanières d importation de bois et produits dérivés, les élargir aux produits transformés contenant du bois, pour pouvoir quantifier précisément le volume de bois exotiques qui pénètre sur le marché français. 3 Créer le délit de recel de bois illégal et mettre en oeuvre le programme européen Forest Law Enforcement on Governance and Trade (FLEGT) avec un dispositif législatif pour sanctionner le commerce illégal de produits bois. WWF WWF-France/Phillippe Delétain Contact presse : Béatrice Jouenne - Tél bjouenne@wwf.fr

16 16 Maquette : Département de la communication WWF-France. Document éco-conçu sur papier recyclé. WWF CARPO/Peter Ngea WWF-France 1, carrefour de Longchamp Paris Tel : Fax :