Traversée La Fouly Gd St-Bernard Verbier (61 km et 4000 m D+) Récit de course de Vincent BELIN

Transcription

1 Traversée La Fouly Gd St-Bernard Verbier (61 km et 4000 m D+) 11h18 (149 ème 18 ème HV2) Récit de course de Vincent BELIN Préambule J ai choisi de courir cet ultra-trail de Verbier pour plusieurs raisons. Tout d abord c est un ultra-trail qui se déroule en environnement «montagne» dans le cadre magnifique des Alpes du Valais suisse. Le départ de la course, La Fouly, est une étape de la CCC et de l UTMB que j ai couru en 2008 et 2009 et je garde un excellent souvenir de cette vallée du Ferret! De plus ce trail arrive à Verbier, station de sport d hiver que j apprécie particulièrement mais où je n étais encore jamais allé l été. Enfin la date de la course, début juillet, correspondait parfaitement à mon calendrier de course 2010 entre l Eco-trail de Paris (50 km) en avril et l ultra-trail des Templiers (70 km) en octobre. Inscrit en janvier j ai eu la bonne surprise suite mon podium en HV2 à l Eco-Trail de Paris d apprendre que j avais gagné une inscription pour le Trail Verbier St-Bernard!! Tout allait bien dans le bon sens! Avant-course Partis vendredi matin de Paris en voiture avec Nathalie, nous sommes arrivés vendredi soir à Verbier au moment ou un orage violent se déclenchait et faisait chuter la température de 30 C à 15 C (frais après une journée de grosse chaleur). Drôle de découvrir cette station pour la 1 ère fois sans la neige! Passage à l hôtel pour déposer les affaires puis récupération du dossard après contrôle du sac à dos de course et de la présence du matériel obligatoire. J ai le plaisir de me faire rembourser mon inscription de course (cf ci-dessus). Après une semaine stressante au niveau du boulot, une journée de voiture sous la chaleur, j ai un mal de tête terrible qui m empêche même de diner C est pas bon! Même pas pu avaler le plat de spaghettis «offert» par la course! Je me couche tôt «à jeun»! Notre hôtel étant à 50 m du départ, nous serons réveillés vers 5h du matin à cause du départ de la Boucle (Verbier St Bernard Verbier 110 km 6000 m D+). Je suivrai donc ce départ depuis mon lit entre 2 sommeils avec une certaine émotion et nostalgie de mon départ de l an dernier à l UTMB. 8h. Bon maintenant c est à nous! Le mal de tête est parti. Grand beau temps. La montagne est belle. Petit-déjeuner. Préparatifs du sac. 9h15 départ en voiture vers la Fouly (j ai vraiment failli laisser le dossard dans la chambre d hôtel!). 45 min plus tard après une très belle route qui remonte le long du Val Ferret (sous Champex qui me rappelle tant de souvenirs CCC et UTMB). L attente avant le départ passera rapidement. Derniers préparatifs (notamment la fameuse séance de pommadage des pieds!). On encourage les concurrents de la Boucle qui passent à la Fouly (les 1ers sont déjà passés il y a longtemps). L aire de départ est en plein soleil et il fait très chaud, alors tout le monde attend pour y rentrer. Concert de cor des Alpes (super vuvuzellas!).

2 La Fouly Col de Fenêtre (10 km 1128 m D+ - 1h36) Le départ est donné à 12h! Ambiance comme d habitude très bonne! Je suis bien placé sur la ligne de départ (à côté de celui qui finira 2 ème et qui avait effectivement un sac à dos très léger!!). Le début est un faux-plat sur route qui remonte le Val Ferret! La fréquence cardiaque est très forte (> 160 bpm). Il faut se mettre dans le rythme de la course! J essaye de trouver le bon rythme. Il fait très chaud mais rapidement des nuages arrivent et même la pluie et l orage! Ca commence!! Au bout d une trentaine de minutes la route se transforme en sentier et nous attaquons la «vraie» montée. Le tonnerre, les éclairs,..ambiance!!! Au moment où je rejoins Michel Poletti (organisateur de l UTMB) je suis en face de la vallée qui mène au col du Gd Ferret et que j ai eu l occasion de descendre deux fois lors de la CCC et de l UTMB. Arrivé au niveau du «plateau» des lacs, c est la neige. Avec la pluie et le vent il fait vraiment froid et je sors l imper. La dernière montée vers le col se fait vraiment dans la neige. Passage du col sans arrêt car il fait vraiment froid. On bascule sur l Italie. Col de Fenêtre Col Gd St-Bernard (3 km 370 m D- puis 140 m D min) De l autre côté du col, pas de neige! Descente rapide jusqu à la route du col du Gd St-Bernard (sous la pluie battante) puis remontée courte et rapide sous la route pour atteindre le fameux col! Surprenant ce petit lac, cette statue au sommet d une colonne qui le domine et ces quelques bâtiments massifs à l autre bout. J essaye d appeler Nathalie pour la prévenir que j arrive.mais ça ne passe pas! J arrive au 1 er ravitaillement. Accueil chaleureux! Pas de Nathalie. Je bois, je mange un peu et m apprête à repartir déçu quand je vois Nathalie arriver. Je reste qq minutes de plus mais il faut repartir. Deux chiens St-Bernard sont là à nous encourager! Col Gd St-Bernard Col des chevaux (2,5 km 275 m D min) Remontée vers le col des chevaux. Les chemins sont vraiment trempés. Montée sans problème. Le soleil revient quand j atteins le col. Col des chevaux Bourg St-Pierre (12 km 1200 m D- 1h24) Ils nous avaient prévenus, mais c est vrai que la descente est très raide au début. D abord dans les rochers puis dans la neige. Des cordes fixes ont été installées pour plus de sécurité.et elles sont utiles. Ensuite c est le grand couloir de neige (500 m) à descendre tout droit en short et en basket en essayant de ne pas tomber. Toutes les techniques sont bonnes. Certains sur les fesses en toboggan. Pour ma part je préfère la technique de la ramasse avec les bâtons. Plutôt sympa cette section. Et en plus maintenant c est le grand beau temps! Au bas du toboggan, passage de torrent. J enlève l imper, je range les bâtons et c est parti pour une descente au petit trot. J ai bien la forme. Je double pas mal de gens. On descend d abord jusqu au niveau de Bourg St- Bernard : plateforme impressionnante qui correspondant à l entrée du tunnel du Col du Gd St-Bernard. Puis on longe le lac et le barrage avec vue sur la route qui monte au col et le bruit impressionnant des camions Page 2/5

3 dans les tunnels. Quelques faux-plats ou petites montées. Il recommence à faire chaud. Arrivée à Bourg St-Pierre sans problèmes. Deuxième ravitaillement. Je me fais contrôler mon sac. Je remplis le camelback, me ravitaille et repart. Bourg St-Pierre Cabanes de Mille (12 km 1050 m D+ - 2h30) Ca repart en montée mais j ai plus de mal et n arrive pas à trouver mon rythme. En plus il fait vraiment très très chaud. Je dégouline de sueur. Et la montée est vraiment très longue. Pas trop dure mais très longue. Heureusement j avais bien repéré l itinéraire sur Google Earth et j avis bien vu qu il y avait 3 grandes combes à passer avant l arrivée, donc je ne me laisse pas surprendre comme beaucoup qui croient qu on est arrivé au bout de chaque combe. La pluie et l orage nous rejoignent à nouveau à mi-montée ce qui fait vraiment du bien. Je fais montée commune avec un compagnon derrière moi. C est un suisse sympathique avec qui on parle pas mal! Au moins 3 ou 4 traversées de torrent à gué qui certes rafraichissent les pieds mais les trempent complètement (cf effet plus tard). L arrivée aux cabanes de Mille est très sympathique! Ravitaillement sous la pluie. Cabanes de Mille Lourtier (11 km 1500 m D- 1h48) La descente est raide raide! Les cuisses en prennent un sacré coup. Je descends plutôt bien. Le soleil revient. En bas tout en bas on voit très bien Lourtier. En face Verbier sur son écrin. Magnifique. La descente est interminable. Je commence à sentir des échauffements aux pieds (ça ne m étais jamais arrivé dans les trails précédents). Même si j étais bien en forme au début de la descente je dois dire qu à la fin je n en pouvais plus! Interminable! Dans les échanges entre coureurs on ne parle que de la terrible montée de la Chaux qui nous attend en face!!! Arrivée à Lourtier sous le soleil de fin de jour. Ravitaillement et accueil sympathique. Lourtier - La Chaux (5 km 1150 m D+ - 1h17) C est le soir. La température redevient meilleure. Le ciel s est dégagé. La montée est tout de suite très raide mais je sens que je suis très en forme. J adore ces montées raides!! Alors je pars à un bon rythme (800 à 1000 m /h) et je trace. Je double et décourage pas mal de concurrents, dont mon compagnon de montée précédente qui l a un peu mauvaise de se faire doubler en montée par un parisien!! Vraiment je prends mon pied dans cette montée très belle. C est le calme du soir et des montées ou chacun est concentré sur son propre rythme et économise au maximum chaque pas. J apprécie à fond ces moments privilégiés d effort en milieu si beau. La nuit tombe et j allume la frontale peu avant La Chaux (dommage que je ne la verrais pas de jour). Au ravitaillement de La Chaux il commence à faire froid. Je ne traine pas. Lourtier - Verbier (7 km 780 m D- 1h05) On commence par un footing sur le plat. Venus brille à l horizon. Des éclairs illuminent le ciel au loin au dessus du Mont-Blanc. Les lumières des frontales des autres concurrents derrière moi forment un fin serpentin. Je cours le long de la bisse qui relier La Chaux à Ruinettes. C est beau de courir la nuit avec le rond de lumière derrière soi. Par contre il me faut être vigilant car nous sommes maintenant Page 3/5

4 très espacés entre concurrents et il ne faut se tromper de chemin. Je ne loupe pas le chemin de descente vers Verbier. De grands moments ou je suis tout seul à courir dans la nuit. Je vais toujours très bien. Je connais plus ou moins le chemin pour l avoir fait en hiver à l entrainement. Bientôt dans la nuit j entends les bruits de l arrivée à Verbier. C est un moment spécial ou se confrontent le plaisir d arriver et la tristesse de devoir sortir de cet état très spécial, seul dans sa bulle à courir depuis des heures. Il est 23h passé à Verbier quand j arrive à Médran (méconnaissable avec les travaux) et que je descends les rues vers l arrivée. Toujours se rappeler que ce moment de l arrivée est le plus intense mais qu il dure trop peu de temps. Ralentir pour mieux en profiter. Les applaudissements. Les bras en l air. La ligne franchit. C est finit! Quelle course magnifique. Quel bonheur de pouvoir vivre cela dans ces conditions! FINISHER!!! Après course Il est toujours un peu dur de «décrocher». Arrêter de courir! Se changer rapidement pour ne pas avoir froid. Manger? Pas trop faim. Se coucher? Pas évident mais vu l heure d arrivée difficile de faire autre chose. Sous la tente d arrivée super ambiance avec tous ceux qui sont déjà arrivés, tous ceux qui attendent leurs amis. La son à fond et régulièrement les applaudissements et encouragements pour les arrivées qui se succèdent sans fin. Je vais quand même me coucher (un peu raide). Nuit sans sommeil profond à cause de la fatigue et du bruit de la sono qui n arrête pas de la nuit et du matin suivant pour accueillir comme il se doit tous les concurrents qui passent la ligne d arrivée. Page 4/5

5 Temps et classements intermédiaires : Mon roadbook avec mes prévisions de temps de course : Page 5/5